Fragments philosophiques |
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« Dans une période où tout est séparé, l'art de penser peut lui-même former un métier à part ». (A. Ferguson, Essai sur l'histoire de la société civile, 1783.) |
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Page de présentation : La philosophie matérialiste dialectique |
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« L'homme est intelligent parce qu'il a une main. » Anaxagore ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter à philosopher, et quand on est vieux, il ne faut pas se lasser de philosopher. Il n’est jamais ni trop tôt, ni trop tard pour prendre soin de son âme. Celui qui dit qu’il n’est pas encore ou qu’il n’est plus temps de philosopher, ressemble à celui qui dit qu’il n’est pas encore ou qu’il n’est plus temps d’atteindre le bonheur. » « Habitue-toi à te dire que la mort ne nous est rien, puisque tout bien et tout mal est dans une sensation, et que la mort est privation de sensation. (...) Car il n'est rien de terrible dans le vivre pour qui a réellement saisi qu'il n'est rien de terrible dans le non-vivre. De sorte qu'il est frivole, celui qui dit redouter la mort, non parce qu'il se chagrine quand elle sera là, mais parce qu'il se chagrine de ce qu'elle est à venir. Ce qui est présent ne trouble point, ce qui est attendu chagrine en vain. Donc le plus effrayant des maux, la mort, ne nous est rien, puisque quand nous, nous sommes, la mort n'est point là ; quand la mort est là, alors nous, nous ne sommes point. Donc elle n'existe ni pour les vivants, ni pour les défunts, puisque pour les uns elle n'est pas, et que les autres ne sont plus. » Epicure ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Il faudrait pour le bonheur des États que les philosophes fussent rois ou que les rois fussent philosophes. » Platon ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « L'homme est naturellement un animal politique. » Aristote ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Le sage professera des certitudes et non des doutes. » Diogène Laërce ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « La durée de la vie humaine ? Un point. Sa substance ? Fuyante. La sensation ? Obscure. Le composé corporel dans son ensemble ? Prompt à pourrir. L'âme ? Un tourbillon. Le sort ? Difficile à deviner. La réputation ? Incertaine. Pour résumer, au total, les choses du corps s'écoulent comme un fleuve ; les choses de l'âme ne sont que songe et fumée, la vie est une guerre et un séjour étranger ; la renommée qu'on laisse, un oubli. Qu'est-ce qui peut la faire supporter ? Une seule chose, la philosophie. » Marc Aurèle ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Suis ton chemin et laisse dire les gens ! » Machiavel ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « L'homme est un loup pour l'homme. » Hobbes ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Il y a deux genres de corruption, l'un lorsque le peuple n'observe pas les lois, l'autre lorsqu'il est corrompu par les lois : mal incurable parce qu'il est dans le remède même. » Montesquieu ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! » Kant ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Tel a une langue et ne parle pas, Tel a une épée et ne se bat pas, Qu'est-il en vérité, si ce n'est un maroufle ? » F. Rückert ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n'ont rien. » « L'homme est né libre et partout il est dans les fers. » « Qu'est-ce, en effet, qu'une société où l'on trouve la solitude la plus profonde au sein de plusieurs millions d'âmes ; où l'on peut être pris d'un désir implacable de se tuer sans que qui que ce soit nous devine ? Cette société là n'est pas une société ; c'est un désert peuplé de bêtes féroces. » Rousseau ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Dans toutes les guerres, il ne s'agit que de voler. » Voltaire ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Lorsque par une suite de rapines et de brigandages, par l'avarice des uns et la prodigalité des autres, les fonds de terre sont passés en peu de mains, ces rapports changent nécessairement : les richesses, cette voie sourde d'acquérir la puissance, en deviennent une infaillible de servitude ; bientôt la classe des citoyens indépendant s'évanouit, et l'état ne contient plus que des maîtres et des sujets. » « Un moyen de soumettre le peuple, c'est de le faire vivre dans l'oisiveté, et de ne point contrôler ses goûts. Alors, sans sollicitude pour la liberté, il ne prend plus de part aux affaires publiques, il ne songe qu'à ses besoins et à ses plaisirs. Une fois affectionné à l'argent, faut-il pour s'en procurer renoncer à ses droits ? il présente sa tête au joug, et attend tranquillement son salaire. Si d'ailleurs les princes prennent soin de le fêter, il va même jusqu'à bénir ses tyrans. » Marat ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « L'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire. » Hegel ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Ne veuille pas être philosophe par contraste avec l'homme, sois rien d'autre qu'un homme pensant, ne pense pas comme penseur, savoir dans une faculté arrachée à la totalité de l'être humain réel, et isolée pour soi ; pense comme un être vivant, réel, tel que tu es exposé aux vagues vivifiantes et réconfortantes de l'océan ; pense dans l'existence, dans le monde comme un membre de ce monde, et non dans le vide de l'abstraction, telle une monade esseulée, tel un monarque absolu, tel un Dieu indifférent, extraterrestre - et c'est alors que tu peux espérer que tes idées forment un tout où s'unissent l'être et le penser. » Feuerbach ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « L'Etat, c'est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : "Moi, l'Etat, je suis le peuple." » « La croyance que rien ne change provient soit d'une mauvaise vue, soit d'une mauvaise foi. La première se corrige, la deuxième se combat. Quel argument ? demandez-vous : simplement le goût de l'existence à critiquer, la dure joie des vérités à déceler et la nécessité impérieuse du monde à repeindre. Si vous ne pouvez être des saints de la connaissance, soyez-en au moins les guerriers. » Friedrich Nietzsche |
Karl Marx : « La philosophie, et plus particulièrement la philosophie allemande, a un penchant pour la solitude, pour l'isolement systématique, pour l'austère introspection qui d'emblée l'oppose et la rend étrangère aux journaux, prompts à la riposte et au tapage, passionnés de la seule information. Saisie dans son élaboration systématique, la philosophie est impopulaire ; son tisser intime apparaît au regard du profane comme un exercice aussi peu sensé que peu pratique. On voit en elle une maîtresse de magie, dont les incantations prennent un ton de solennité du fait qu'on ne les comprend pas. Fidèle à son caractère, la philosophie n'a jamais fait le premier pas pour troquer l'ascétique soutane contre la mise légère et conventionnelle des journaux. Seulement, les philosophes ne sortent pas de terre comme des champignons ; ils sont les fruits de leur temps, de leur peuple, dont la sève la plus subtile, la plus précieuse et la plus secrète circule dans les idées philosophiques. Le même esprit qui construit les systèmes philosophiques dans les cerveaux des philosophes construit les chemins de fer avec les bras des ouvriers. » (L'article de tête du numéro 179 de la « Kölnische Zeitung », Rheinische Zeitung, juillet 1842) « De nos jours, chaque chose paraît grosse de son contraire. Nous constatons que les inventions mécaniques douées du merveilleux pouvoir de réduire et de féconder le travail humain ne font que l'exténuer et le surcharger. Par un étrange sortilège du destin, les sources de richesse nouvellement découvertes se changent en sources de détresse. C'est comme si les triomphes des arts industriels devaient s'acheter au prix de la déchéance morale. À mesure que l'humanité parvient à maîtriser la nature, l'homme semble se laisser asservir par d'autres hommes ou par sa propre infamie. La pure lumière de la science elle-même semble incapable de rayonner autrement que sur le fond obscur de l'ignorance. Toutes nos inventions et tous nos progrès paraissent conduire à un seul résultat : doter de vie et d'intelligence les forces matérielles et rabaisser la vie humaine à l'état de force brute... » (People's Paper, 19 avril 1856) « Avec la valorisation du monde des choses, la dévalorisation du monde des hommes s'intensifie dans un rapport directement proportionnel. » (Manuscrits de 1844)
« Le jugement absurde des philosophes,
que l'homme réel n'est pas l'homme, est tout simplement, à l'intérieur de
l'abstraction, l'expression la plus universelle, la plus ample de la
contradiction universelle existant en fait entre les conditions sociales et les
besoins des hommes. » « Une des tâches les plus difficiles, pour les philosophes, c'est de descendre du monde de la pensée dans le monde réel. La réalité immédiate de la pensée, c'est le langage. De même que les philosophes ont érigé le penser en sujet indépendant, de même il leur a fallu ériger le langage en royaume indépendant. Voilà le secret du langage philosophique où les pensées possèdent, en tant que mots, un contenu qui leur est propre. Le problème de descendre du monde des pensées dans le monde réel se change en cet autre problème : sortir du langage pour descendre dans la vie. » (L'Idéologie allemande) « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières ; mais ce qui importe, c'est de le transformer. » (Thèses sur Feuerbach) « De même que la philosophie trouve dans le prolétariat ses armes matérielles, de même le prolétariat trouve dans la philosophie ses armes spirituelles, et dès que l'éclair de la pensée se sera profondément enfoncé dans ce terrain vierge qu'est le peuple, l'émancipation des [..] hommes sera accomplie. [...] La tête de cette émancipation, c'est la philosophie, son coeur le prolétariat. La philosophie ne peut devenir réalité sans l'abolition du prolétariat, le prolétariat ne peut s'abolir sans que la philosophie ne devienne réalité. » (Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel, 1843) « Ce qui caractérise la division du travail à l'intérieur de la société moderne, c'est qu'elle engendre les spécialités, les espèces et avec elles l'idiotisme du métier. ''Nous sommes frappés d'admiration, dit Lemontey, en voyant parmi les anciens le même personnage être à la fois dans un degré éminent, philosophe, poète, orateur, historien, prêtre, administrateur, général d'armée. Nos âmes s'épouvantent à l'aspect d'un si vaste domaine. Chacun plante sa haie et s'enferme dans son enclos. J'ignore si par cette découpure le champ s'agrandit, mais je sais bien que l'homme se rapetisse.'' » (Misère de la philosophie, 1847) « L’indépendance acquise par les pensées et les idées est une conséquence de l’indépendance acquise par les conditions et les relations personnelles des individus. (…) l’intérêt exclusif et systématique que les idéologues et les philosophes portent à ces pensées, donc la systématisation de celles-ci, est une conséquence de la division du travail (...). Il suffirait aux philosophes de dissoudre leur langage dans le langage ordinaire dont il est abstrait pour reconnaître en lui le langage truqué du monde réel et pour comprendre que ni les idées ni le langage ne forment un univers indépendant : ce ne sont que les expressions de la vie réelle. » (L’idéologie allemande) « La lutte des philosophes contre la « substance » et leur totale négligence de la division du travail, base matérielle dont est issu le fantôme de la substance, prouve simplement que ces héros ne se préoccupent que d’anéantir des phrases, et nullement de changer les conditions sociales qui sont forcément à l’origine de cette phraséologie. » (L’idéologie allemande) « La philosophie est à l’étude du monde réel ce que l’onanisme est à l’amour sexuel. » (L’idéologie allemande) « La réforme de la conscience consiste uniquement à rendre le monde conscient de lui-même, à le réveiller du sommeil où il rêve de lui-même, à lui expliquer ses propres actions. Tout notre but ne peut consister qu'à faire en sorte que les questions religieuses et politiques soient formulées de manière humaine et consciente. » (Lettres à A. Ruge, 1843) « Nous avons la ferme conviction que ce n'est pas l'expérience pratique, mais la réalisation théorique des idées communistes qui constitue le véritable danger, car aux expériences pratiques, fussent-elles tentées massivement, on peut répondre avec des canons, dès qu'elles deviennes dangereuses ; alors que des idées que notre intelligence a maîtrisées, que notre raison a soudées à notre conscience, ce sont des chaînes dont on ne s'arrache pas sans briser son coeur, ce sont des démons que l'homme ne peut vaincre qu'en se soumettant à elles. » (Rheinische Zeitung, 16 octobre 1842)
« Il s'agit de faire le tableau d'une sourde oppression que toutes les sphères sociales exercent les unes sur les autres, d'une maussaderie générale mais inerte, d'une étroitesse d'esprit faite d'acceptation et de méconnaissance, le tout bien encadré par un système de gouvernement qui, vivant de la conservation de toutes les vilenies, n'est lui-même que la vilenie au gouvernement. (...) Il faut rendre l'oppression réelle encore plus oppressive, en lui ajoutant la conscience de l'oppression, rendre la honte plus honteuse encore, en la divulguant. Il faut dépeindre chaque sphère de la société (...) comme la partie honteuse de cette société. » (Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel, 1843) « Dans l'activité révolutionnaire, la transformation de soi-même coïncide avec la transformation des circonstances extérieures. » (L’idéologie allemande)
••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• « Il n'y a pas de route royale pour la science, et ceux-là seulement ont chance d'arriver à ses sommets lumineux qui ne craignent pas de se fatiguer à gravir ses sentiers escarpés ». (Karl Marx, Lettre à Maurice Lachatre, 18 mars 1872.) |