« La crise sanitaire
actuelle a montré les limites de notre modèle de
développement »
Ce
préambule qu’on nous présente comme l’idée à
l’origine de cette « consultation » devrait être,
pour chacun d’entre nous, le premier signal d’alerte
et en même temps le symptôme incontestable d’une
fraude intellectuelle. D’une sorte de populisme
sournois, insidieux. Qui nous ronge comme un virus.
Mais que nous portons en nous depuis des décennies.
Comme
d’autres l’ont pointé, mettre en avant, sans
complexe, le pouvoir décisionnel d’une faillite
sanitaire quand très récemment, par ailleurs, des
milliers de voix ont été, dans le meilleur des cas,
ignorées, et dans le pire, réprimées avec une
violence des plus pures [1], c’est admettre que le
système ne s’ébranle précisément que lorsqu’il a
ouvertement et morbidement failli.
Que la
démocratie est une façade. Que seule la survie de ce
« modèle de développement » compte. Cette plateforme
est-elle preuve qu’il existe un pouvoir du peuple,
ou n’est-elle que cette ombre nouvelle au fond de la
caverne qui de ses doux contours veut nous rassurer
en nous promettant une nouvelle dystopie ?
Mais
c’est bien pis encore. Cette déclaration est une
ineptie logique, historique et scientifique. Une
insulte à notre raison. Il ne faut pas remonter bien
loin pour trouver un exemple de crise d’échelle
mondiale de laquelle « nous » devions sortir plus
sages et plus forts : la crise économique de 2008.
Nous devions apprendre que l’économie virtuelle
mettait au bord du précipice l’économie réelle.
Qu’en dépit de nos conforts de puissances
impérialistes, nous rêvions de rêves miroités par
les (malins) génies de la finance. Nous devions
apprendre ce que beaucoup d’entre nous savaient
déjà, quand ceux qui auraient dû changer ne l’ont
pas fait d’un iota. Pour que cette illusion d’une
« fin de l’histoire » perdure, une seule leçon,
terriblement asymétrique et dont beaucoup finissent
aussi par payer de leur vie, même si de manière
moins dramatique : « l’austérité ».
En
vérité, si, changement il y a eu. Les revenus des 1%
les plus riches dans le monde ont augmenté de 60%
dans les deux dernières décennies, quand ceux de la
moitié des plus pauvres a diminué symétriquement
[2].
Pendant
ce temps, la France s’est propulsée comme l’un des
premiers vendeurs d’armes dans le monde [3]. Un
progrès de toute beauté, si ce n’est que le
coronavirus se rit bien des missiles et encore plus
des porte-avions, qu’il utilise pour sa propre
conquête. Pleurons donc les victimes du coronavirus,
mais propageons du reste la mort sans ressentiment.
Avec un joli profit, même.
Depuis
quand savons-nous les méfaits de l’utilisation des
énergies fossiles ? De la déforestation ? De la
monoculture ? Là encore, nous ne sommes exhortés au
changement que lorsque que le monstre à profits de
l’industrie mondiale est jugé mûr pour la
transition. J’ai vu un nombre de références à
l’environnement et au changement climatique ailleurs
sur ce site. Ne voit-on pas qu’à l’instar de
l’épidémie de coronavirus, nous ne faisons que
sauter de précipice en précipice ?
À quoi
peut bien servir de séparer le verre du plastique
quand des dizaines de millions de téléphones
portables sont jetés chaque année [4] ?
À quoi
peut bien servir un régime végétarien quand le soja
est aujourd’hui une des premières commodités
mondialisées et contribue à des séries de
catastrophes écologiques en Amérique du Sud [5] ?
Et
cætera. Et cætera. Et cætera.
« Nous
sommes en guerre » a-t-on entendu. La guerre la plus
longue et la plus répandue, c’est la guerre sociale
(à défaut de l’appeler guerre des classes, qui
risquerait de se faire affubler d’atavisme), entre
hordes dirigeantes et masses obédientes, celle qui
aujourd’hui met en œuvre deux armes dévastatrices :
la peur et l’oubli.
Le
« modèle actuel de développement » a un nom, qui
volontairement a été omis : c’est le néolibéralisme.
Une façon, si l’on veut, de faire du capitalisme non
seulement un modèle économique, mais aussi
politico-social. Ce modèle s’est effondré de manière
catastrophique dans son histoire, des douzaines de
fois [6]. L’a-t-on changé ? Oui, en quelque sorte :
on l’a fait plus prévalent que jamais.
Capitalisme n’est pas un mot magique, mystique que
brandissent certains politiciens pour faire peser
une menace abstraite sur la société (bien que
beaucoup semblent l’employer de cette manière). Il
est également mensonger de faire croire que
l’économie néo-libérale est la seule viable (d’où
cet inconfort évident dans le fait d’utiliser
l’expression « modèle de développement »). En son
sein, le capitalisme porte la contradiction que la
valeur du travail ne peut pas être une valeur
sociale. Que l’effort de tout un chacun a pour but
le succès de certains au détriment des autres. La
société néolibérale sacrifie le bien-être de la
majorité au nom d’une compétition universelle pour
l’écrasement de son voisin. On peut la tordre dans
tous les sens, la coiffer et la maquiller de belles
rhétoriques solidaires (on appelle ça du «
révisionnisme » dans le jargon [7]), mais elle
restera ce qu’elle est. Le temps est même passé de
prétendre que le néo-libéralisme, malgré ses
défauts, « conduit à l’enrichissement général de la
population » : non, il conduit bien à son
appauvrissement, mais ce ne sont finalement que des
données à ajuster sur des chartes de production [8].
Tout le monde vit avec. Jusqu’à ce que la mort ne
frappe plus seulement figurativement. Et, non, la
France n’est pas une espèce d’île paradisiaque (dans
l’archipel européen) qui est en dehors de tout ça,
parce que… parce que nous sommes Français, nom d’une
pipe !
Aussi
terrible soit-il, le coronavirus du Covid-19 n’a
rien montré qui ne fût déjà apparent, pour peu que
l’on eût fait l’effort d’y faire attention lorsqu’il
était encore temps. Plutôt que de mitrailler la
gueule des gens à coups de LBD 40 et de gaz
lacrymogène.
Non, il
n’y aura pas de consultation de souverain à sujets.
De diversion, de digression. D’altérations
cosmétiques avec lesquelles une illusion de
multipartisme politique jonglera à sa guise.
L’environnement politico-médiatique nous prend tous
pour des éternels enfants. Nous sommes destinés à en
être. Des enfants en besoin d’être constamment
guidés, à qui l’on dit quoi vouloir et quoi aimer.
Voici donc des déclarations d’enfants, pleins de
rêves utopiques, résolus à en finir avec le joug
parental :
>> Ce
sera la fin des oligarchies : La valeur du travail
sera retournée à ceux qui travaillent. Le travail ne
doit plus être une fin en soi. Il doit être
réintégré à son rôle social. L’accumulation des
richesses sera abolie. Les ressources seront
prioritairement canalisées vers les moteurs de la
société : la recherche, l’éducation, la santé. Ce
qui a été promis mille fois, mais qui est
pratiquement impossible sans mettre fin au
néo-libéralisme.
>> Ce
sera le retour à la démocratie : Plus de
représentants qui ne sont que de mauvais acteurs à
temps plein (avec des salaires bien meilleurs que ne
prévoit la rémunération des intermittents !). Les
élus doivent être des gens informés qui recouvrent
non seulement le champ des orientations idéologiques
mais aussi celui des professions. Surtout, la
politique ne doit pas être « confiée » à une école
de privilégiés en nourrissant l’idée que cela
débarrasse le peuple d’y réfléchir autrement
qu’autour d’une pression à une heure et quart.
Vouloir la démocratie, c’est être prêt à la
construire. Il est important de préciser que ceci
n’est pas possible sans repenser le travail dans son
ensemble – pour créer les conditions physiques et
psychologiques mêmes de s’immiscer dans les affaires
politiques – et de la fin de la société aliénante.
Il faudra en revenir à démocratie « à la Tocqueville
», même s’il a plus qu’échoué aux États-Unis. Le «
vote blanc » ne sert à rien sans (1) alternative
idéologique, (2) se défaire de la sous-classe
bourgeoise qu’on appelle la « classe politique ».
>> Ce
sera la fin de la surproduction et de la
surconsommation : N’en déplaise à cette terminologie
anglo-saxonne nauséabonde, nous ne sommes pas des
consommateurs (ni d’abord, ni ensuite, ni jamais).
Nous sommes des personnes. Nous n’avons pas besoin
de « pouvoir d’achat », car l’achat n’est pas un
pouvoir : c’est une servitude.
>> Ce
sera la fin de la « société du spectacle » : Dans le
jargon, c’est ce qu’on appelle le situationnisme. Ça
ne signifie évidemment pas qu’on arrêtera le cinéma
ou le théâtre, ça n’a rien à voir. Il s’agit
d’arrêter la mise en scène des espaces social et
politique. Il n’y a pas plus trompeur que cette
expression désormais ubiquitaire de
« l’expérience », qu’on doit évidemment encore aux
maîtres à penser de l’esclavage mental anglo-saxons.
L’image, l’illusion, les dieux-icônes nous
gouvernent : il faut s’en séparer [9].
Nous ne
serons plus des commodités ambulantes.
Ce sera
la fin de l’aliénation.
Si vous
n’êtes pas prêts à entendre ces demandes, inutile de
nous déranger. Nous pouvons nous en retourner à
notre castration mentale [10].
Kilapan, Chercheur français, 04/04/2020
Source
:
https://skepsisteme.noblogs.org/post/2020/04/04/nouvelordre/
Liens et références :
[1] Autre forme de
« consultation » gouvernementale en période de
crise : https://desarmons.net/index.php/2019/01/04/recensement-provisoire-des-blesses-graves-des-manifestations-du-mois-de-decembre-2018/
[2] https://www.oxfam.org/en/press-releases/62-people-own-same-half-world-reveals-oxfam-davos-report
[3] https://www.challenges.fr/entreprise/defense/la-france-championne-des-ventes-d-armes_473623
[4] https://planetgreenrecycle.com/fundraising/e-waste/the-electronic-waste-crisis-cell-phones-facts-and-figures
[5] https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/03066150.2016.1146705
[6] https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_economic_crises
[7] http://www.marxisme.fr/marxisme_et_altermondialisme.htm
[8] https://www.businessinsider.com/the-pauperization-of-europe-2012-8?IR=T
[9] https://libcom.org/library/spectacular-times-larry-law
[10] Encore et toujours
– la castration mentale : https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/bernard-noel-1ere-diffusion-11061997
Le monde d'avant et
le monde d'après
Site des prolétaires
de fer, 18 juin 2017
Il paraît
que Churchill a dit : "Les hommes trébuchent
parfois sur la vérité, mais la plupart se redressent
et passent vite leur chemin comme si rien ne leur
était arrivé."
Pour ceux qui suivent un peu l'actualité économique
ou mon site, l'idée d'un crash financier n'a rien de
surprenante. La plupart des gens semblent parfois
vivre dans un monde parallèle où la réalité n'existe
pas, ils s'imaginent que si quelque chose de grave
devait se produire, bfm-tv nous tiendrait au courant
immédiatement. Nul doute que si l'apocalypse devait
arriver demain matin à 8h, le quidam de base
s'attend à ce qu'à 8h15 ruth el krief nous fasse un
direct avec un plateau d'expert et un joli bandeau
rouge "alerte" floterrait sur nos écrans, tandis que
toutes les chaînes interrompraient leurs diffusion
pour nous informer en direct du cataclysme.
Mais l'économie est bien différente du show-terroristo-médiatique
auquel nous avons été habitués avec les attentats,
avec leur sempirternel cycle
alerte-choc-émotion-explications bidons-minute de
silence-état d'urgence. L'économie se joue sur le
temps long, un temps qui se comprend dans une
dimension inaccessible à celui qui réduit la réalité
à une série d'évènements médiatisés.
Pourtant la plupart des gens continueront à croire
que la société fonctionne normalement jusqu'au jour
J. Il n'y aura ni plateau télé, ni experts, ni
reportages, ni interview, ni séquence émotion-explitcations-minute
de silence, ni journalistes, ni hélicoptère, ni
camions de police. La plupart des gens continueront
leur petite vie tranquille comme si de rien était,
sans avoir la moindre idée de ce qui se déroule. Et
d'ailleurs, depuis la crise de 2008, ne nous dit-on
pas, le peu de temps qu'on en parle, que la
"reprise" est là ? que l'économie est repartie ? que
le chômage américain est à 5% et que l'économie
mondiale se porte à merveille ?
Avec l'écervellement continu de générations
d'esclaves passées par le système de "l'éducation",
la plupart des gens ont perdu toute capacité à
raisonner sur le temps long, à penser le monde en
quatre dimensions (l'espace et le temps), à
comprendre l'évolution du monde. Il faut dire aussi
que la psychologie humaine a tendance, chez la
plupart des gens, à favoriser spontanément l'idée
que si quelque chose est là aujourd'hui, alors il
sera là demain, et après-demain, et pourquoi pas
dans 5 ans (et pourquoi pas pour l'éternité).
La réalité est tout autre. Rien de ce que nous
connaissons à l'heure actuelle ne survivra à la
prochaine crise économique mondiale, alors même que
le système s'est à peine remis de la crise
précédente (et dans quel état !).
L'erreur de la plupart des gens est de croire que
l'effondrement économique est un évènement
médiatique, alors que c'est un long processus, avec
des phases de longs changements quantitatifs sur des
années qui débouchent sur des sauts qualitatifs qui
peuvent s'étaler, quant à eux, sur des semaines ou
des mois. Le crash des indices boursiers n'est en
fait qu'un minuscule évènement. Il n'a de réelle
importance que parce que la plupart des gens
resteront convaincus que "tout va bien" tant que le
prix des actions n'aura pas dévissé de 50% un lundi
matin. Ce jour là, effectivement, les gens
comprendront que "quelque chose ne va pas", et que
les gens qui prédisaient depuis des années la
catastrophe n'étaient peut-être pas si stupides et
fous que ça.
Mais en attendant, il est difficile de faire prendre
conscience aux gens de l'effondrement qui s'annonce,
parce qu'il est difficile d'expliquer un phénomène
inédit à des gens dont l'imagination a été cultivée
par les films catastrophe hollywoodiens. Mais
surtout parce que tant que bfm ne dit rien, c'est
qu'il ne se passe rien (du moins c'est ainsi que la
plupart des gens raisonnent).
Là encore, la réalité est tout autre. Depuis 2008,
il n'y a pas eu la moindre "reprise" de l'économie.
En dépit du barratin médiatique, il n'y a pas eu non
plus d'amélioration dans quel que domaine que ce
soit. Nous vivons depuis 2008 suspendus à
l'impression frénétique de monnaie des banques
centrales qui innondent les marchés financiers de
liquidités afin de faire tenir à bout de bras ce
chateau de carte qu'est l'économie mondiale. Même la
Chine s'y est mise. Le pays, très peu endetté au
moment de la crise précédente il y a 9 ans a produit
depuis des dettes publiques et privées dans des
ordres de grandeur de dizaines de milliers de
milliards de dollars.
Et malgré ces efforts obstinés pour faire léviter
l'économie, la situation ne s'est nullement
améliorée pour les petites gens, ceux d'en bas, les
"sans dents", ceux qui ne peuvent pas "s'acheter un
costard", car leur usine a fermé, ou ils n'ont
toujours pas trouvé un emploi stable, ou alors parce
que les prix de base pour survivre resserrent chaque
jour l'étau de vies suspendues à un fil. C'est donc
sur un terrain bien fragile que la prochaine crise
économique va déferler cette année.
Déjà les premiers effets peuvent se sentir depuis
l'année 2015, date à laquelle les premiers
soubresauts ont menacé l'édifice financier mondial
(on se souvient du crash des places financières du
monde entier au mois d'août 2015, vite enrayé par
l'action des banques centrales). En effet, dans ce
système financiers de dettes, il est toujours
possible de remettre en permanence une couche de
dette, de faciliter le crédit. En europe par
exemple, la banque centrale européenne (BCE) crée
chaque mois 60 milliards d'euros de dettes afin de
soutenir le système financier, elle a ainsi pris la
relève de la réserve fédérale américaine (FED) et de
la bank of Japan (BOJ).
Il est également très facile pour les banques
centrales de jouer sur le cours de l'or (qui est en
fait manipulé) ainsi que sur le prix des actions,
afin de maintenir le quidam de base dans l'illusion
que "tout va bien", et donc d'empêcher de facheuses
conséquences. En effet la peur du public est la pire
des choses qui soit dans ce système financier,
entièrement bâti sur la dette, donc des promesses,
et donc la confiance. Entretenir dans la tête des
gens la confiance est tout l'enjeu de cette
mascarade, qui sera pourtant bien vite rattrapée par
la réalité. En effet l'économie réelle, elle, ne
saurait voir la couleur de ces masses de liquidités
et de "quantitative easing" (pour ceux qui ne
suivent pas l'actualité économique, il s'agit en
fait de planche à billet...).
Regardons un peu l'état de l'économie réelle, et il
ne nous faudra pas de très longues analyses pour
voir que le scénario de "reprise" n'a rien de réel.
Les barratins de "reprise" économique qui nous sont
servis depuis 2008 ne résistent pas à quelques
minutes d'analyse sérieuses, ce qui n'empêchent pas
la presse et les plateaux télés de nous inonder de
ces contre-vérités à chaque fois qu'ils en parlent
(le peu de temps qu'ils en parlent).
Les petits commerces sont de plus en plus en
difficulté. Ce n'est pas seulement à cause la
pression fiscale (qui certes s'est beaucoup aggravée
pour eux depuis 2008), mais tout simplement la
baisse de la demande, les clients n'ont plus
d'argent ! Enfin, en tout cas, plus assez pour des
dépenses jugées secondaires, et ça se voit à l'état
des rues de certains quartiers : panneau de location
à la place de commerces, centres commerciaux déserts
(si vraiment), mais ce n'est pas tout. Car la
situation ne se limite pas à la France. Aux
Etats-Unis, pays des "5% de chômage" (en fait sans
doute entre 30% et 40%), le commerce de détail a
chuté considérablement ces dernières années. En
fait, depuis 2008, on ne compte plus les faillites
de magasins, de commerces, et surtout dans la
période récente. Et depuis 2008, le prix du fret
maritime (l'indice baltic dry) s'est littéralement
effondré. Or le commerce mondial est basé sur le
transport maritime, par exemple entre l'Asie et
l'Europe, ou entre l'Asie et l'Amérique. S'il y
avait eu la moindre "reprise" de l'activité
commerciale, alors le prix du fret maritime
n'aurait-il pas du remonter ? Si, bien sur, mais ce
n'est pas du tout ce qu'on observe. Bien au
contraire, les sociétés de fret maritime sont en
grande difficulté au point que le nombre de
faillites dans ce secteur ont augmenté encore
l'année dernière et cette année. Information que se
gardent bien de vous fournir les journalistes de la
télé, payés à vous raconter la pluie et le beau
temps (alors que pour ça il suffit de sortir la tête
dehors !).
A-t-on évoqué la chute de l'activité industrielle
partout dans le monde, la croissance mondiale
anémique ? On pourrait développer cet aspect, sans
oublier le nombre de catastrophes bancaires qui nous
pendent au nez. Rien que ces deux dernières années,
le monde financier a été hanté par le spectre
(toujours plus "terrifiant") de la faillite de la
célèbre Deutsche Bank, mastodonte du système
financier mondial, ainsi que l'autre allemande
Commerzbank. Deutsch qualität ? Pas tant que ça, les
banques allemandes sont même passées dans le
colimateur de la justice pour avoir trafiqué le
cours de l'or depuis 2008, avec à la clé de lourdes
amendes, au moment-même où la DB est à la limite
d'être en faillite. Effondrement à côté duquel la
faillite de la Lehman Brothers passerait pour un
pic-nic le dimanche en famille. D'ailleurs l'action
de la DB a suivi le même parcours que celle de la
Lehman avant sa faillite, autant dire que cela ne
présage rien de bon pour le système financier
mondial. A vrai dire, ce n'est pas tout. Dans le
genre "catastrophe apocalyptique", on peut citer le
système bancaire italien bien sur, ainsi que les
banques espagnoles avec la récente affaire "banco
popular". La 6ème banque espagnole a été rachetée
récemment pour 1€ symbolique et étrangement sauvée à
la dernière minute sans recourir au terrible
"bail-in" (renflouement par les épargnants). Reste
que l'action de la dite banque est maintenant
elle-même proche de 1€... et le reste du système
financier mondial, que ce soit en Europe, en Asie ou
en Amérique, est entièrement pourri et prêt à
s'effondrer.
Le système a produit jusqu'à 250 000 milliards de
dollars d'argent-dette, la plupart du temps cette
dette sert elle-même à refinancer la dette déjà
existente. Depuis des décennies, le système
financier ne fait qu'arroser des bulles de prêts
non-remboursables (les fameux "subprimes", vous avez
aimé ? j'espère que oui, car vous en aurez encore) :
bulles des crédits immobiliers, bulles des prêts
étudiants (surtout aux Etats-Unis, mais pas
seulement), bulles des crédits automobiles, bulles
des systèmes de retraites, bulles partout, bulle de
tout. Bref, tout ça n'attend que de péter et il est
tout à fait certain que c'est un "miracle" si tout
ça ne nous a pas encore pété à la figure !
Les états et les banques centrales servent de
garantie à ce système (c'est à dire qu'en gros si ça
va mal, c'est vous qui payez). Car oui, on ne vous
l'a pas dit non plus (merci TF1), mais depuis le 1er
janvier 2015, une loi européenne autorise les
banques à se renflouer directement dans vos comptes
en cas de pépin. Ne vous inquiétez pas, ça a déjà
été testé (en Autriche), et là non plus personne
n'en a parlé, du coup tout va bien ! Mais ce qui est
génial, voyez-vous, c'est que la banque ne pourra
pas faire descendre votre compte en dessous de 100
000€, c'est garanti hein. Du moins, en théorie. Car
dans les faits, le fond qui sert de garantie couvre
autant votre compte en banque qu'une feuille de
vigne n'habille Adam. Autant vous dire tout de
suite, c'est vous qui allez payer, il n'y a qu'à
voir la Grèce pour se faire une idée (et encore ça
n'est pas grand chose par rapport à ce qui va
arriver chez nous). Car on ne vous l'a pas dit non
plus mais l'état français est endetté, mais vraiment
très très endetté. Et chaque français a sur sa tête
plus de dette publique qu'un grec, alors il va
falloir payer, et puis devinez quoi, c'est vous qui
allez devoir payer, même si vous n'avez rien, on
trouvera bien un moyen.
Dans un de mes précédents articles (datant de début
mai 2017), j'avais cité un rapport du sénat français
lui-même, qui alertait alors sur l'imminence
probable d'un nouveau cataclysme économique et
financier, précisant que tous les ingrédients
étaient déjà réunis et que ce n'était qu'une
question de temps avant que la tempête se déchaîne.
Bien sur ne comptez pas sur bfm-tv ou le JT de 20h
de TF1 ou france 2 pour vous dévoiler ce genre
d'informations sensibles. Parlons plutôt de la
canicule, d'un vieux fait divers, ou de quoi que ce
soit, mais surtout pas de la crise (les français
détestent ça vous savez bien).
J'avais même annoncé dans cet article que l'élection
présidentielle de mai 2017 serait la dernière de
l'histoire de France. Si la catastrophe que
j'annonce se produit (et je suis très loin d'être le
seul à l'annoncer), notre cher président Macron n'a
aucune chance de tenir en place jusqu'en 2022. Nul
ne sait ce que ses confrères mafieux décideront
alors de faire du masque "démocratique" qui était
resté jusque là bien en place, trônant au-dessus du
cadavre puant de la république bourgeoise pourrie
jusqu'à l'os (depuis bien longtemps déjà, sans doute
depuis le début). Je vous le donne en mille, ce sera
quelque chose comme "allez vous faire foutre", mais
en mode "démocratique", donc en gros vous n'avez pas
voté pour ça mais on va bien vous le mettre parce
que sinon c'est la vilaine "menace fasciste des
heures sombres" avec Marine Le Pen qui voulait
envahir la Pologne (ou un truc comme ça).
Alors, à quoi ressemblera le monde d'après ? Eh
bien, pour s'en faire une petite idée il suffit de
regarder déjà un peu la situation actuelle. Pour
l'instant, sauf quelques zones économiquement très
bien intégrées (comme les quartiers très dynamiques
en région parisienne), la réalité économique pue la
mort, les commerces ferment, les chômeurs sont de
plus en plus nombreux. Mais ça vous ne le saurez
plus car Macron a décidé qu'on allait arrêter la
diffusion mensuelle des statistiques du chômage.
Vous ne pourrez plus admirer le magnifique travail
d'enfumage statistique de l'INSEE qui nous fait
prendre des 10 millions pour 3 millions, entre
autres. Mais qu'importe puisque tout ça c'est du
passé ! Désormais, ça n'existe pas, puisque bfm n'en
parle pas.
On ne peut pas savoir exactement ce que feront les
banques centrales avant l'effondrement, pour
l'empêcher ou pour le provoquer d'une façon qui les
arrange. Ce qui est certain est que cet effondrement
est déjà en grande partie réalisé et que ce à quoi
nous allons assister est simplement l'achèvement de
ce processus, le saut qualitatif. Préparez-vous donc
à voir des choses que la plupart des gens n'ont pas
idée ou refusent de voir, soit par fainéantise
intellectuelle, soit par refus d'accepter la
réalité. Il est en effet bien plus facile de
s'enterrer la tête dans le sable en s'imaginant que
le monde est une espèce de mécanique où rien ne
change et où rien ne semble pouvoir arrêter la
routine.
Simplement, le saut qualitatif est bien plus profond
qu'on l'imagine. Tout ce qui fait la vie d'une
société moderne va probablement cesser de
fonctionner à plus ou moins court terme.
Un beau matin, les indices boursiers seront dans le
rouge, quelque chose comme une chute sévère dans
l'escalier, un truc qui fait mal. -30% ou -50%,
quelque chose comme ça. Ce sera peut-être étalé sur
plusieurs jours. A ce moment là, peut-être que bfm
se sera réveillé. La plupart des gens verront
défiler sur les écrans des mots comme "CAC 40",
"Nasdaq", "Dow jones", des courbes, des trucs
vraiment flippants auxquels les gens ne sont pas
habitués vous voyez. On aura quelques experts en
cravate nous expliquer que tout va bien et qu'il ne
faut surtout pas s'inquiéter et que vous pouvez
avoir confiance. Sauf que là il sera trop tard, car
tout sera déjà joué depuis longtemps, depuis très
longtemps. A ce moment là, vous n'aurez que le temps
de voir la fin du processus, mais tout se sera passé
à votre insu des années et des mois durant sans que
vous ne voyiez rien (à moins que vous ne suiviez la
véritable actualité économique internationale).
Bien sur, peu importe le niveau de connerie débitée
par les pseudos-experts sur les plateaux d'i-télé
envoyés spécialement pour rassurer les moutons
(avant la tonte), sachez qu'au bout d'un certain
temps un déclic se fera dans la conscience des gens
tout simplement parce qu'il sera devenu impossible
de cacher l'éléphant assis dans le salon.
Dans la logique de l'effondrement, ce qui s'agitera
en premier, ce seront les DAB, les distributeurs
automatiques à billet. Vous me demandez comment je
le sais ? Tout simplement parce que c'est ce qui
s'est produit en 2008, mais aussi en Grèce un peu
plus tard. Face aux nouvelles de crise financière
qu'il n'était plus possible de cacher au public, les
gens se sont rués sur les ditributeurs de billets
histoire de retirer de quoi acheter le nécessaire,
ou plus, leurs économies tout entières (naïfs que
vous êtes si vous croyez que vous aurez la moindre
chance de retirer plus que quelques billets, et
encore, s'il en reste !). En Grèce par exemple, le
gouvernement avait mis en place le contrôle des
capitaux (pour les pauvres hein), pas plus de 60€
par jour et par personne.
Mais ça, ça n'est que la première étape. La suite,
c'est la faillite des banques partout dans le monde.
Et là ce ne sera pas de la tarte. Ce qui aurait du
se produire en 2008 va se produire, en pire, en
beaucoup pire, tout simplement parce qu'au lieu de
laisser l'effondrement se faire en 2008, les banques
centrales et les états ont acheté du temps. Nous
sommes en 2017, soit 9 ans plus tard, et tout a bien
lévité jusque là, en tout cas on ne s'est pas encore
écrasé. Mais le prix, c'est que la situation n'a pas
été résolue, bien au contraire elle a été aggravée,
et cette fois le système n'a plus aucune munition
pour contenir la prochaine crise. C'est bien simple,
plus rien ne peut être fait pour sauver le système
financier mondial. La fin de l'ordre impérialiste
actuel, du dollar, de l'euro et de tout le partage
du monde qui soutient l'existence économique de
"nos" pays n'en sera que plus douloureuse.
La plupart des institutions que nous connaissons,
des entreprises (autant le petit commerce du coin
que la multinationale chez qui ont fait ses courses)
auront à terme soit disparu totalement ou au moins
partiellement. Les universités, les hopitaux, même
l'approvisionnement de denrées de bases pourraient
être perturbées pour une durée difficile à prédire.
Je ne pense pas que nous connaîtrons une famine
comme celles qui existaient au moyen-âge, mais si on
regarde la crise de 1929, c'est bien souvent la faim
au ventre qui poussait les prolétaires de la côte
est à s'aventurer dans la campagne de l'ouest dans
l'espoir ne serait-ce que de survivre.
Les services publics les plus basiques disparaîtront
(pour ce qu'il en reste), y compris et surtout le
versement des aides sociales, des rembrousements en
tout genre. Pourquoi ? Mais parce que l'état est
littéralement EN FAILLITE totale, il n'y a rien qui
puisse tenir debout face au tsunami qui s'approche,
et surement pas notre état surendetté. Il va sans
dire que si les fonctionnaires ne sont plus payés,
si les employés de grandes entrepreprises ne se
voyent plus leurs salaires versés plusieurs mois de
suite, ni l'école, ni l'hôpital, ni même
l'électricité n'ont de raison de fonctionner, sauf
par endroit, et encore. Je veux bien croire que la
maîtresse d'école accepte de faire cours
bénévolement quelques semaines dans une petite école
dans un village peaumé. Par contre dans la grande
fourmillière cosmopolite individualiste parisienne,
autant dire que chacun préfèrera rester
tranquillement chez soi que de risquer un
affrontement avec les hordes de pillards qui
profiteront du chaos pour être de façon éphémère les
rois de la rue. Sauf qu'on ne peut tenir
éternellement terré chez soi si on a pas de
provisions.
Il va de soi que cette période de pénurie ne sera
pas éternelle et qu'il est sans doute exagéré de
vivre en autarcie complète pour passer cette période
(il est de toute façon déjà trop tard pour s'y
préparer). En revanche une période de plusieurs
semaines à plusieurs mois causeront de nombreuses
difficultés pour se procurer ne serait-ce que les
biens de base. Si vous ne croyez pas à la
possibilité d'un tel scénario, allez voir ce qui se
passe en ce moment au Vénézuela, et vous verrez
qu'un pays relativement développé peut sombrer
rapidement dans un chaos total si l'économie
s'effondre.
Nous pourrons goûter aux joies des coupures d'eau et
d'électricité, des déchets qui jonchent les rues,
des spectacles de chaos urbain, des scènes les plus
diverses en tout genre. La plus grande difficulté
pour le quidam de base sera de se passer de sa carte
de crédit. Car n'imaginez pas que qui que ce soit
acceptera de se faire payer par carte. Dans un
premier temps les commerçants (surtout les petits),
n'accepteront que les paiements en espèce. Et très
vite, même l'argent liquide ne sera plus un moyen
d'échange parfaitement fiable.
Si vous vivez dans un logement qui vous appartient,
sachez que, comme disait Salluste "ça c'est pour le
roi, ça c'est pour moi". Voilà ce que se diront les
banquiers qui ont à gérer l'immense cartel du crédit
immobilier. Or on sait que beaucoup de français
propriétaires de leur logement sont en fait en train
de rembourser leur crédit. Bref, vous êtes chez
vous, pour l'instant. Il ne sera pas rare à l'avenir
de voir quelqu'un chassé de chez lui et jeté à la
rue sans autre motif que les petites astérisques en
bas de son contrat de prêt permettent à la banque de
saisir le bien immobilier pour sauver son bilan
(avant de faire finalement faillite rassurez-vous).
Enfin, la période qui va suivre sera celle plus ou
moins longue de redémarrage. Redémarrage de l'état,
de l'économie, sur des bases difficiles à prévoir.
Mais ce qui est certain c'est qu'en fait rien ne
redeviendra comme avant. Passées les premières
scènes d'évènements urbains apocalyptiques, tout ça
se sera banalisé. La vie après ne sera plus comme la
vie avant.
Dans les années 1930, on a connu la grande
dépression, puis les pays se sont relevés. Mais
comment ? Grâce à la guerre, pas au new deal
keyenesien (qui a échoué autant en amérique qu'en
Allemagne nazie). En 1937, aucun pays n'était sorti
d'affaire, et il aura fallu plusieurs années de
guerres pour que l'économie reprenne des couleurs
sur le sang de millions de morts dans une guerre
dont la violence fut sans précédent dans toute
l'histoire de l'humanité. Et même, à l'époque, l'amérique
émergeait encore (ce n'était pas la grande puissance
de l'après-guerre). Il y avait encore des morceaux
de papier autour du rouleau de PQ. Avec le taux de
profit moyen actuel dans le monde, et surtout la
place que vont prendre les impérialismes occidentaux
dans la pyramide mondiale (c'est à dire qu'ils vont
maintenant être à la botte de l'impérialisme chinois
si celui-ci s'y prend correctement), bref avec une
telle situation, s'en sera bien sur fini
complètement du "mode de vie occidental", des
"acquis sociaux" en tout genre, DEFINITIVEMENT, il
n'y aura aucun retour en arrière possible, quand
bien même une grande partie de la population y
serait favorable. C'est un aller simple pour une
destination que vous n'avez pas choisi.
Cependant cette destination nous réserve quelques
bonnes surprises. D'abord, si vous survivez à la
période de chaos que j'ai décrite (bon à priori ça
ne devrait pas être trop difficile et puis avec un
peu de chance vous perdrez vos kilos en trop), bref
si vous êtes encore en vie après ce koh lanta à
l'échelle mondiale, vous aurez face vous un monde à
la physionomie radicalement différente de celui que
vous avez connu. Dans ce monde il n'y aura
évidemment ni "démocratie" (en fait, de masque
démocratique je veux dire, les choses seront plus
claires), ni "modèle social", ni "code du travail",
ni sécurité sociale, ni état clairement défini, ni
pleins de trucs auxquels vous étiez habituez comme :
l'essence à prix abordable (même c'est déjà cher),
la nourriture à prix abordable (faire la queue
pendant 2h devant auchan pour avoir trois paquets de
pépito sera le lot de millions de gens certains
jours), il n'y aura plus non plus de services
publics ou privés réguliers, donc oubliez les
sorties au restaurant, oubliez vos soirées sur
internet (vous croyez vraiment que ça peut
fonctionner sans électricité ?), oubliez vos longues
douches et oubliez aussi le dernier iPhone (et
évitez aussi d'aller en voler un dans la pagaille,
ça ne sert à rien d'ajouter la merde à la merde, je
dis ça on sait jamais, ça va sans dire mais c'est
mieux en le disant).
Bref, dans ce monde nouveau, il est tout à fait
possible que notre oligarchie déménage de la défense
(le quartier d'affaire à Paris) pour des ghettos
financiers plus surs à l'abri de la vindicte
populaire. Mais peut-être que la Suisse ne voudra
pas d'eux alors on ne sait pas. Paris deviendra ce
qu'elle est déjà depuis un moment, un gros sac à
merde puant. La ville va changer, mais surtout le
travail va changer. Sans code du travail et sans
protections sociales, le prolétaire français
redeviendra rentable et attendez-vous dans quelques
années à avoir des offres d'emplois dans l'usine
apple du coin pour fabriquer les smartphones que les
petits chinois pourront consommer dans leurs super
centres commerciaux à 5 étages (pendant que chez
nous ils seront reconvertis en villes fantômes
occupées par les pauvres qui n'auront d'autre
endroit au chaud pour habiter). Il ne serait pas
surprenant qu'à l'avenir on voit pousser des usines
un peu partout.
Les emplois industriels vont revenir ici, tout
simplement parce que la division internationale du
travail va changer. L'impérialisme de demain, c'est
la Chine, et l'Inde. Ils vont connaître leur âge
d'or, tout comme nous à une autre époque, lorsque
nous étions les plus forts dans l'exploitation du
monde. Certes nous exploiterons encore le monde,
l'impérialisme français et américain par exemple,
seront toujours dans la partie. Mais pas à une place
de choix. C'est un peu comme un étang où l'on pêche.
Le grand marais sera réservé aux tous puissants
financiers sino-indiens tandis que les petits
américains, anglais et français, jadis seigneurs du
lacs, seront désormais cantonnés à une petite
flaque.
Clairement, il n'y aura plus ici de surprofit
impérialiste, plus de quoi financer la moindre
augmentation de salaire, le moindre "acquis social",
cette époque-là est définitivement révolue. Comme la
carotte sera trop chère à payer, la bourgeoisie aura
de plus en plus recours à l'état (le bâton) pour
faire tenir ce système bancale. Et pourquoi pas
sous-traiter la violence à des mafias déjà plus
implantées sur notre territoire, grâce à complicité
d'ailleurs de ce même état, qui y voit une source
inépuisable de forces pour la réaction.
Bref la société de "l'après" sera très différente de
celle de l'avant. Demain sera très dur pour beaucoup
de gens, il y aura de la souffrance, c'est certain.
Je suppose qu'il est difficile d'imaginer un tel
scénario, que certains trouveront cela nébuleux,
incertain, et je suis presque sur que beaucoup de
gens préfèrent ne même pas imaginer une telle
situation, se réfugiant derrière des arguments
bidons pour justifier leur peur du lendemain et se
persuader que rien de ce que je dis n'est vrai. Et
beaucoup de gens doivent se dire, "tout cela est
vraiment horrible, demain sera moche". Mais c'est en
fait une bonne chose, car la prolétarisation de la
société va accélérer durant cette période. Or c'est
ce dont nous avons besoin pour renverser le
système... S'en sera fini des verrous sociaux (la
classe moyenne, l'embourgeoisement) qui bloquaient
depuis des décennies ne serait-ce que l'émergence
d'un véritable mouvement révolutionnaire communiste.
Ce qui va naître, sera un prolétariat industriel
également (certes moins nombreux qu'avant à cause
des machines) mais tout tournera autour de la
production. S'en sera fini de notre situation de
peuple consommateur parasite et complice de
l'impérialisme (eh oui trop pauvre pour corrompre le
peuple), donc terminé aussi la sphère parasitaire
des métiers improductifs et liés justement à ce mode
de vie de consommateurs parasitaires propres à
l'impérialisme. Bref, toutes les conditions pour
détruire cet ordre capitaliste moribond, c'est cet
ordre capitaliste moribond qui va nous les offrir
sur un plateau d'argent.
Reste bien sur à s'organiser dès maintenant pour
déjà, ne serait-ce qu''éclairer les consciences déjà
un peu éveillées (bien trop de gens sont encore à
mille lieues d'en arriver à comprendre tout ça). Et
puis surtout être capables de construire à l'avenir
l'organisation de combat pour démolir de fond en
comble ce système qui montre chaque jour à quel
point il est dépassé, à quel point sa crise générale
appelle qu'on le remplace par un autre système. Ce
que nous souhaitons, c'est un système réellement
démocratique, car c'est finalement ce que ce système
ne peut empêcher, comme il crée partout les forces
qui demain lui porteront le coup fatal. A nous de
réunir et d'éduquer les gens qui seront demain les
forces conscientes, en commençant par travailler
d'abord à nous instruire nous-mêmes. Il y aura
clairement un avant et un après. Si nous nous
montrons à la hauteur des enjeux, alors peu importe
la violence de la tempête, nous saurons où aller.
Ceux qui voyaient le communisme comme dépassé,
comprendront que notre ère ne fait que commencer.
« Vous voulez les misérables
secourus, moi je
veux la misère supprimée. »
(Victor Hugo)
« Ce
n’est pas une miette de
pain, c’est la moisson du
monde entier qu’il faut à la
race humaine, sans
exploiteur et sans
exploité. » (Louise
Michel)
Réforme ou
révolution ? En ces temps de
crise et d’austérité la question
mérite d’être posé, et j’y
tenterai d’y répondre.
En régime
capitaliste la crise systémique
commence habituellement par la
surproduction de marchandises.
Pendant ce temps une quantité de
personnes manquent de
l’essentiel ou du minimum vital,
mais par définition ils ne
forment pas un marché : ils
n’ont pas de pouvoir d’achat
suffisant. Le marché solvable se
rétrécit par les prélèvements de
l’Etat (taxes, impôts…) et la
baisse des dépenses publiques
destinées aux désœuvrés, les
entreprises parviennent de moins
en moins à écouler leurs
marchandises.
Le
capitaliste s’engage à augmenter
la productivité du travail
seulement lorsqu’il s’agit de
diminuer le coût du capital
variable (masse salariale),
produire plus, abaisser les
coûts et espérer capter des
parts de marché, mais le
concurrent ne voulant pas se
laisser dominer est obligé de
faire pareil pour pouvoir rester
sur pieds, les conséquences sont
une baisse du taux du profit car
les machines sont payés dans
leur intégralité alors que les
travailleurs ne sont rémunérés
que partiellement par rapport à
la valeur qu’ils créent, la
plus-value que génère le
travailleur et qui est
appropriée par le capitaliste,
source du profit, baisse et ce
faisant une partie des
ouvriers sont rendus superflus
du fait de leur trop grande
productivité, d’où les
licenciements, et dans l’usine
concurrente c’est au contraire
la trop faible productivité de
l’ouvrier qui le congédie.
La hausse de la productivité du
travail implique la hausse de la
composition organique du capital,
ce qui équivaut à une baisse du
taux de profit. Au final on se
retrouve avec une quantité
globale de production accrue
avec en face une demande
réduite, ou dans le meilleur des
cas qui n’a pas augmenté aussi
rapidement, le travail étant
perçu comme un coût à réduire
plutôt que comme acheteur
potentiel. On assiste à un effet
amplificateur : les entreprises
ne vendent plus, les profits
chutent, les salaires baissent,
les entreprises font faillite,
le chômage augmente ce
qui réduit à son tour la
demande… C’est la crise de
surproduction au milieu des
privations et la loi de la
baisse tendancielle du taux de
profit. Le problème avec le
capitalisme c’est qu’il a un
fonctionnement anarchique,
sans autorité planificatrice,
guidé par la « main invisible »
sensible au profit individuel,
maximum et immédiat.
Pour tenter
de dépasser ces problèmes de
surproduction les
entrepreneurs misent alors sur
les exportations et la conquête
des marchés extérieurs (par la
guerre s’il le faut), la hausse
de la demande liée à la
consommation parasitaire des
riches et les dépenses
improductives telles que
l’armement, utiles autant pour
diminuer la proportion des biens
de consommation en surproduction
que pour dynamiser la demande
car engage de la main d’oeuvre.
Une part croissante du revenu
national est ainsi consacré aux
branches non-productives comme
les services au détriment du
volume d’accumulation
sous-dimensionné par rapport aux
besoins de la société.
Exemple du
Japon, représentatif de
l’ensemble des pays capitalistes
occidentaux :
Source
:
blog de Michael Roberts
Contrairement à ce que disent
les médias la crise de 2008-2009
n’est pas née d’un simple
« accident » financier sans lien
avec l’économie « réelle », elle
est fondamentalement liée au
capitalisme. On a affaire à un
capital ne parvenant plus à
produire de la plus-value, du
fait de la surproduction
caractérisée par la forte hausse
de la productivité, qui se
transforme et se retrouve dans
la sphère financière,
improductive, et tente de se
valoriser en s’appropriant une
plus grande partie de la
plus-value produite dans la
sphère industrielle. Il était
devenu bien plus rapide, simple
et nécessaire de faire marcher
la planche à billet que de
démarrer un nouveau cycle
économique à l’usine. Or, ce
capital financier spéculatif
n’est pas basé sur la création
de richesses réelles
(marchandises) et n’a pas de
véritable valeur commerciale, ce
qui est mis au goût du jour lors
de l’éclatement de la bulle
financière, une autre preuve que
seul le travail crée la
richesse. Ce n’est qu’un immense
tas spéculatif qui est parti en
fumée lors du dernier krach
financier et qui partira
également en fumée lors du
prochain krach avec des dégâts
dramatiques.
La
financiarisation de l’économie
s’est accompagnée d’une large
augmentation de la masse
monétaire en circulation au
point qu’aujourd’hui l’argent
produit l’argent sans passer par
le circuit de production, ce qui
n’est pas viable à terme. Trop
d’argent se trouve à suivre
(représenter) trop peu de
marchandises réelles (qui sont
en plus en état de
surproduction) ce qui dévalue
cette marchandise particulière
qu’est l’argent. Au final ce qui
nous attend c’est l’Allemagne
des années 1920 et la fameuse
brouette…
Si une
telle méthode était payante à
long terme on se demande
pourquoi les capitalistes
continueraient de produire des
marchandises à vendre, il est
infiniment plus facile de
spéculer sur les marchés
financiers que de faire produire
des marchandises. Et c’est ce à
quoi nous assistons aujourd’hui,
ce qui prépare les conditions
pour le prochain krach boursier
car il n’y a aucune production
de valeur supplémentaire en
contrepartie et les économistes
en herbe n’y peuvent rien.
Quand les
banques centrales auront
totalement submergé les marchés
de monnaies fictives il sera
temps de dévaluer plus fortement
cette monnaie de singe voir
d’émettre de nouvelles monnaies
afin de recommencer ce cycle
vicieux d’accumulation sans
reproduction élargie du capital.
Une partie des capitalistes
auront déjà quitté nos pays avec
leurs moyens de production et,
le capital monnaie n’ayant plus
de valeur, les
travailleurs auront tout perdus.
Le cycle reprendra jusqu’à ce
que vous ayez décidé de
renverser ce système qui fait
son temps.
Nous sommes
actuellement dans la phase
impérialiste du capitalisme,
c’est-à-dire l’économie
capitaliste mondialisée et
financiarisée, lorsque les
banques s’approprient tout le
tissu économique, Lénine avait
déjà tout prévu il y a un
siècle. Le capital se concentre
dans les mains des capitalistes
toujours moins nombreux ce qui
ajoute une justification
supplémentaire à sa
collectivisation.
Il faut
comprendre que l’objectif
fondamental du
capitalisme n’a jamais été de
satisfaire des besoins mais
d’accumuler du profit, peu
importe les moyens et les
conséquences.
L’économiste italien Domenico
Moro s’est penché sur la
question de la surproduction au
moment de la crise, depuis les
années 1980 les pays dits
développés ont enregistré un
déplacement des salaires vers le
profit dans le partage de la
« valeur ajoutée » et la
productivité du travail s’est
considérablement accru.
L’automobile est un cas
emblématique, dans lequel, selon
les mots de l’administrateur
délégué de Fiat « la surcapacité
productive est un problème
général ». En 2009 la production
automobile américaine
fonctionnait à à peine 45% de sa
capacité productive… C’est aussi
pour cette raison que l’Etat
fédéral et la Fed avaient incité
les ménages, mêmes les plus
pauvres réputés non-solvables, à
emprunter avec des taux
d’intérêts très faibles,
notamment pour l’acquisition de
maisons car la propriété
immobilière fournissait une
garantie pour l’achat de biens
de consommation comme
l’automobile, et cela a
effectivement dopé la demande de
biens de consommation, mais n’a
fait que déplacer temporairement
le problème sans le régler.
Comprendre
la source réelle de la crise que
nous vivons permet de mieux
appréhender la question de
départ.
Dans une
économie capitaliste les
revenus des salariés
n’augmentent jamais aussi vite
que la productivité et le niveau
de production. Au contraire,
dans une société socialiste les
niveaux de production et de
consommation évoluent
mécaniquement en harmonie.
Des
exemples contemporains il y en a
à n’en pas compter, l’exemple de
l’automobile est
particulièrement frappant ; on
rapportait en avril 2013
l’existence dans plusieurs pays
du Nord d’énormes « cimetières »
clairement visibles sur Google
maps composées de millions
de voitures presque neuves qui
n’ont pas été vendus [1]. On
peut aussi parler de la
nécessaire coordination entre
les différences unités de
production interdépendantes dont
le manque peut provoquer des
instabilités locales ou des
crises systémiques en régime
capitaliste. L’essentiel
des maux du capitalisme viennent
de l’absence de planification et
de coordination d’ensemble.
Avec la
prise en considération de ces
défauts évidents il est étonnant
que les capitalistes
accusent d’irrationnelle la
production socialiste. Ce genre
de déséquilibres n’ont plus lieu
d’être dans une économie
planifiée.
La
portée de la social-démocratie
Aujourd’hui
il est indéniable que les
conditions de vie difficiles et
précaires explosent dans les
pays dits développés et que les
travailleurs sont soumis à une
paupérisation absolue tandis que
de l’autre côté les riches ne
finissent plus de s’enrichir.
L’ont-ils mérité ? Absolument
pas, tout est basé sur
l’exploitation du travail
salarié, véritable producteur de
richesses, et les « profits »
financiers tout aussi
parasitaires. 10% de la
population possède 86% des
richesses mondiales, parmi ces
sur-privilégiés quelques
individus (85) qui rentreraient
dans un bus à deux étages
sont aussi riches que la moitié
de la population mondiale et
certains Etats, le chiffre
d’affaire de la tristement
célèbre firme de distribution
Wal-mart est équivalent au PIB
de la Norvège, et bien sûr seule
la poignée d’actionnaires de
cette entreprise profite du
travail collectif qui l’a fait
tourner, tout en versant des
salaires de misère à ses
esclaves-salariés. Qui oserait
justifier cela sérieusement ?
Aujourd’hui dans le pays du
capitalisme, les Etats-Unis, des
images de milliers de
nord-américains sans
issue faisant la queue pendant
des heures pour avoir un peu de
nourriture gratuite sans la
garantie qu’il reste quelque
chose pour les derniers
n’étonneront plus (au moins 35%
des américains sont sous aide
sociale) [2]. Dans le pays du
capitalisme le revenu médian a
baissé de 5% entre 2010 et 2013
et 5% de sa population vit avec
moins de deux dollars par jour
[3], et une étude publiée en
juin 2013 par l’Associated Press
révélait que le chômage, la
précarité et la dépendance aux
indemnités sont des problèmes
pour 80% des adultes des USA
pendant au moins une partie de
leur vie (naturellement les
classes populaires, mais aussi
une grande partie de la « classe
moyenne » déclinante) [4], en
France pour les 20% des ménages
les plus pauvres les « dépenses
contraintes » (logement,
énergie, transport)
représentent 75% du budget et
selon un sondage de 2014 66% des
français disent connaître au
moins une personne en situation
de pauvreté dans leur famille ou
dans leurs connaissances, un
chiffre en hausse de 10 points
par rapport à 2007 [5]. Le
chômage dépasse les 10% et il y
en a toujours pour dire que « le
capitalisme marche »… en
attendant les inégalités sont
spectaculaires et n’ont jamais
été aussi élevées, à titre
d’indication les revenus des
PDG ont augmenté de près de
1000% depuis la fin des années
1970 et l’Etat-Providence s’est
montré impuissant, les
dividendes versés par les
entreprises ont quasiment
doublés entre 2000 et 2012, la
crise n’existe pas pour tout le
monde, on a récemment révélé que
les surgelés Picard allaient
augmenter leur dette de 88% pour
payer un dividende de 600
millions d’euros. Le
capitalisme marche sur la tête
et ne permet pas une hausse
durable du niveau de vie pour le
grand nombre.
Les
keynésiens et les libéraux ne
sont qu’une fausse opposition,
ce sont deux faces d’une même
pièce. Denis Clerc, le fondateur
de la revue très faussement
nommée Alternatives
économiques, écrit : «
Depuis l’écroulement du
socialisme, nous n’avons plus le
choix, si tant est que nous
l’avons jamais eu. Il nous faut
vivre avec le capitalisme. Donc
tenter de le rendre plus
acceptable et plus juste, moins
gaspilleur et moins pollueur ».
Il s’agit « non pas de
révolutionner le monde, mais de
l’humaniser partout où c’est
possible » [6].
Ce sont les
fameuses « alternatives » que
nous préparent nos keynésiens…
Plus clairement formulé cela
donne ni plus ni moins : «
Contentez-vous du capitalisme et
ne revendiquez pas la fin de
l’exploitation » ! Les
sociaux-démocrates ne peuvent
aller au-delà du fameux TINA
(« There is no alternative ») de
Tchatcher : pas d’alternative à
la loi du profit, au marché, au
capitalisme… Même si on peut
saluer le minimum d’honnêteté de
Clerc à propos de sa nette
volonté de conserver
le capitalisme, car d’autres
comme lui s’imaginent tant bien
que mal œuvrer pour une
« troisième voie » imaginaire
entre capitalisme et socialisme
(Hitler, Mussolini, De Gaulle…),
qui n’est toujours qu’un trip de
capitalistes qui ne s’assument
pas, là où les
sociaux-démocrates sont très
critiquables c’est qu’ils
réduisent le capitalisme à un
simple problème de répartition
des richesses (sans trop forcer
sur la « répartition » non plus
!) et qu’il est illusoire de
prétendre « humaniser » la
société sans en changer les
bases sociales et toucher aux
rapports de production
capitalistes actuels, pour faire
disparaître les inégalités et
les instabilités du système
capitaliste on agit à la
source : on abolit la propriété
privée des moyens de production.
Sinon on entre dans l’idéalisme
et les thèses des
socialistes-utopiques du XIX°
siècle comme Proudhon qui rêvait
d’un « socialisme » d’artisans
! En 1982 les
marxistes-léninistes
français observaient :
« Dans
une vieille société
capitaliste comme la notre,
la classe ouvrière a
accumulé une riche
expérience dans la lutte
contre le capital et il
n’est pas facile de la
tromper sur la nature du
système capitaliste. La
propagande de la bourgeoisie
sur les mérites et les
bienfaits du capitalisme
n’influence qu’une fraction
insignifiante de la classe
ouvrière. C’est la raison
pour laquelle les efforts
principaux des sycophantes
du capital sont destinés à
jeter le discrédit sur
le socialisme, à convaincre
le prolétariat que le
système capitaliste, même
s’il n’est pas bon, est
pourtant le meilleur et
qu’il est vain de lutter
pour un système « encore
pire », le socialisme. » [7]
Pour les
réformistes l’Etat tel que nous
le connaissons peut se mettre au
service des travailleurs et des
capitalistes en même temps, sans
distinction. Dire cela c’est
d’abord ne pas connaître quels
sont les véritables intérêts de
la classe ouvrière mais c’est
aussi ignorer les mécanismes
même de l’Etat capitaliste, par
exemple on sait que pendant les
crises l’Etat met en oeuvre
d’énormes subventions en tout
genre pour essayer de sauver les
banques et les grandes
entreprises de la faillite,
c’était le cas au début des
années 1930 comme en 2009 et
c’est bien sûr les travailleurs
et les gens ordinaires qui
payent l’addition, seuls les
« libéraux » font mine de
s’opposer à cette politique
(tout en sachant qu’ils ne
peuvent pas se permettre de ne
pas agir dans la réalité). Mais
heureusement les
sociaux-démocrates sont là pour
sauver l’honneur ; ce n’est pas
un Etat de classe, bourgeois,
c’est « l’Etat de tout le peuple
» !
Les
adoucissements à l’exploitation
sont depuis un certain nombre
d’années perçues comme inutiles
par la bourgeoisie et son Etat,
le danger communiste ayant
disparu il n’y a plus de raisons
de les conserver, ils ne
« servent » désormais plus qu’à
endommager la compétitivité et
les précieux profits des
capitalistes. Emmanuel Macron,
le nouveau ministre de
l’Economie et banquier
d’affaires chez Rothschild,
avait dit lors d’un entretien en
octobre 2014 : « C’est le moment
pour la France de repartir à
l’offensive. L’Europe a besoin
d’un New Deal : la France
s’engage à poursuivre et même à
intensifier ses réformes
[…]. Demandez aux entreprises si
rien n’a changé ! Beaucoup de
réformes ont été votées et
engagées : le Cice (Crédit
d’impôt compétitivité emploi,
NDR), le pacte de responsabilité
et de solidarité, l’accord de
janvier 2013 sur la sécurisation
de l’emploi. L’Etat, la sécurité
sociale et les collectivités
font des efforts considérables
pour réduire nos dépenses
publiques de 50 milliards en
trois ans… C’est historique !
Faire changer les choses, c’est
toujours prendre un risque.
C’est comme rentrer dans la
vallée de la Mort : jusqu’au
dernier moment, on ne sait pas
quand on va en sortir ; mais la
pire des erreurs est de faire
marche arrière. Nous avons six
mois pour créer une nouvelle
donne en France et en Europe.
» [8]
Macron
en compagnie de Montebourg
C’est
officiel, le gouvernement
« socialiste » d’Hollande, qui
était censé lutter contre les
« riches » et le « monde de la
finance », fait pire que son
prédécesseur en matière
d’écroulement social et de
cadeaux au patronat et contribue
à montrer que le classement
gauche/droit n’a aucun sens. Un
Etat impuissant face aux
délocalisations de l’industrie
(qui n’a jamais été
« nationale » en régime
capitaliste), un Etat qui
préfère intensifier
l’exploitation des travailleurs,
baisser les indemnités, les
adoucissements à l’exploitation,
pointer du doigts les fraudes
des individus aux prestations
sociales alors que les fraudes
des entreprises (fraude fiscale
ou fraude aux cotisations
sociales) représentent… 6 fois
plus ! Mais ça il ne faut pas
toucher !
Et bien
vous l’avez votre « le
changement c’est maintenant »
tant promis ! Travailleurs,
salariés, vous n’avez rien à
attendre de ces « élus »
corrompus qu’ils soient de
gauche ou de droite, ils ne sont
rien de plus que des employés
des capitalistes faisant mine de
vous représenter.
Dans les
années de guerre froide les
« lois sociales » et les
« avantages » financés par
l’exploitation coloniale de
l’Afrique et faites sous l’aval
du patronat n’ont jamais été
contesté, le but était
de garantir un niveau de vie
plus attrayant qu’à l’Est. Ce
n’est qu’à partir des années
1980, avec la décomposition de
plus en plus visible des pays se
réclamant du communisme,
qu’elles ont été rejetées. Et
une fois l’URSS officiellement
liquidée, c’est le début de la
dégringolade, l’exemple le plus
frappant est l’Allemagne : 25
ans après la chute du mur de
Berlin on a assisté à une baisse
drastique des revenus à l’Ouest
et la disparition des
protections collectives à l’Est,
notamment traduites par une
baisse générale de l’espérance
de vie. Mais les capitalistes
sont conscients qu’il faut
procéder le plus minutieusement
possible. En 1996 un rapport de
l’OCDE, au départ confidentiel,
affirmait qu’il était
effectivement temps pour les «
pays développés » d’accélérer la
libéralisation financière et la
destruction des adoucissements à
l’exploitation et soulignait
qu’il fallait dans la mesure du
possible privilégier les
ajustements structurels (sur le
long terme) aux mesures de
stabilisation (brutales) afin de
limiter le mécontentement social
: « Cette distinction entre la
stabilisation et l’ajustement
structurel est politiquement
importante. En effet, le
programme de stabilisation a un
caractère d’urgence et comporte
nécessairement beaucoup de
mesures impopulaires puisque
l’on réduit brutalement les
revenus et les consommations des
ménages en diminuant les
salaires des fonctionnaires, les
subventions ou l’emploi dans le
bâtiment. En revanche, les
mesures d’ajustement structurel
peuvent être étalées sur de
nombreuses années et chaque
mesure fait en même temps des
gagnants et des perdants, de
telle sorte que le gouvernement
peut s’appuyer facilement sur
une coalition des bénéficiaires
pour défendre sa politique.
» [9]
La loi de
la baisse tendancielle du taux
de profit décrite par Marx
motive aussi ce processus. Les
profits des entreprises ont
baissé structurellement (effet
amplifié par la crise), elles
dépendent essentiellement des
renflouements des banques, qui
dépendent elles-mêmes des
perfusions de l’Etat. On ne peut
pas forcer les capitalistes à
partager, cette politique n’est
pas valable et ne l’a jamais
été.
Aujourd’hui
la masse salariale ne représente
qu’une petite partie du coût de
production total, il devient de
plus en plus difficile
d’accroître la plus-value
relative (mécanisation)
conformément à la loi de la
productivité décroissante, il ne
reste donc plus qu’à accroître
la plus-value absolue (baisse
des salaires, allongement du
temps de travail,
intensification du travail) mais
celle-ci se heurterait à des
problèmes sociaux.
Les faibles
hausses de la productivité des
dernières décennies, la baisse
des taux de profit, la
quasi-stagnation des salaires et
l’inflation ont fait chuter les
revenus de l’Etat bourgeois,
d’où la nécessité de l’austérité
pour suivre la baisse des
revenus publics et restaurer les
taux de profit mis à mal par la
crise de surproduction.
L’austérité
n’est pas la cause de la crise
mais la conséquence, c’est le
stade incontournable où le
capitalisme contemporain devient
encore plus dur avec les
travailleurs et où
l’Etat-Providence se transforme
en Etat-Policier.
Le
nouveau visage de la Grèce. Tant
de misères dans ce monde…
Depuis la
seconde moitié du XIX° siècle
les actionnaires des grandes
entreprises confient même leur
tâche de gestion de l’entreprise
à des salariés que sont les
managers et prennent de moins en
moins de « risques » (même si
l’entreprise ne fait pas de
profit et que les
investissements sont en baisse
les dividendes sont toujours
versés, voir augmentés) et
provoquent des effets négatifs
pour la société (ainsi on
délocalise, on licencie, on
presse les salaires et les
travailleurs comme des citrons).
Les propriétaires du capital et
les banquiers font littéralement
de l’argent en respirant et les
managers sont toujours plus
grassement payés. Le plus
« étonnant » est que, selon une
étude américaine, les patrons
les mieux rémunérés sont
également les moins performants
[10]. Pendant ce temps-là les
ouvriers sont exploités et
privés du droit au contrôle du
fruit de leur labeur, mais cela
n’intéresse pas les réformistes.
Ce ne sont
pas les sociaux-démocrates qui
pourront s’occuper de cette
situation déplorable et encore
moins fournir une
« alternative », ils n’ont pas
les moyens (ni la volonté) de
surmonter les contradictions du
capitalisme, ils ne peuvent
permettre une lutte efficace
contre les inégalités de tous
types. Ils se posent
en défenseurs des travailleurs,
ils cherchent en réalité à
perpétuer leur asservissement en
prônant la collaboration de
classes, en
souhaitant harmoniser des
intérêts par nature
contradictoires, le but est de
faire croire que le capitalisme
peut être « modéré » et «
planifié », que les
ouvriers privés du produit de
leur travail ne sont plus
exploités car ils ont reçu
quelques miettes de plus. Les
fascistes, en plus des méthodes
social-démocrates classiques,
ont également tenté de balayer
la lutte des classes en mettant
en avant la lutte des « races »
(ou du moins des cultures) ainsi
que le culte de la patrie et/ou
de la religion afin de
dresser les travailleurs les uns
contre les autres et faire
oublier leurs véritables ennemis
communs, aujourd’hui c’est la
théorie du choc des
civilisations qui entre en jeu,
entretenue par les élites et les
mouvements d’extrême-droite.
Ils
omettent le fait que la
mondialisation et la
financiarisation de l’économie
capitaliste sont des processus
intrinsèques du développement
capitaliste et ne sont pas des
inventions de quelques
théoriciens. C’est pour évacuer
les problèmes de surproduction,
la recherche de profits accrus
et plus simples, les difficultés
structurelles accrues à
valoriser le capital productif
et à produire de la plus-value
qui ont conduits à ces
phénomènes. Comme le montre par
exemple l’économiste marxiste
québécois Robert Bibeau ces
phénomènes, notamment la
financiarisation, sont inscrits
dans les gênes du capitalisme et
le seul moyen de se débarrasser
de leurs maux est une sortie
pure et simple du capitalisme,
dans son livre
Le déclin de l’impérialisme
contemporain (2014) il
résume :
« Contrairement à ce que
prétend la pseudo-gauche
réformiste, cet
aboutissement n’est pas
voulu ni souhaité par les
banquiers. Ce résultat
inespéré est la conséquence
des lois de fonctionnement
obligées de l’économie
capitaliste tétanisée – la
loi de la propriété privée
des moyens de production –
la loi de la recherche du
profit maximum – la loi de
la dégradation de la
composition organique du
capital – la loi de la
baisse du taux social moyen
de profit – et la loi de
l’enrayement du processus de
valorisation du capital et
de sa reproduction élargie.
Nul économiste, ni chef
politique, ni capitaliste,
ni pseudo-socialiste ne peut
empêcher ces lois d’orienter
l’économie
capitaliste-impérialiste
vers la crise dont les
capitalistes chercheront un
jour à s’extirper en
engageant la destruction de
forces productives et de
moyens de production par une
crise systémique qu’ils ne
maîtriseront pas, ou pire,
par une guerre
génocidaire. »
Il est
important de s’en rendre compte
: il n’y a pas de « bon » et de
« mauvais » capitalisme, c’est
se voiler la face que de parler
de « capitalisme financier »
(donc sous-entendre qu’il y
aurait un capitalisme qui ne le
serait pas). Le capitalisme en
est arrivé là naturellement et
il est impossible de faire
marche arrière.
Comme l’a
bien résumé le KKE à propos de
Syriza, « en limitant sa
critique au soi-disant
« capitalisme néolibéral »,
SYRIZA encourage la création des
illusions parmi les travailleurs
qu’il peut y avoir un autre
« bon » capitalisme » [11] et
ainsi sauver le capitalisme en
général. Son « voisin » turc du
Front Populaire (Halk Cephesi)
commentait sa victoire récente
comme-ci : « Le réformisme,
c’est ce qu’on appelle
intégrer les masses
travailleuses au système en
jouant avec leurs espoirs et
en sapant leurs rêves »
[12], c’est rendre inoffensive
la colère populaire.
Contrairement aux idées reçues
ce n’est pas le CNR qui a
introduit les « acquis sociaux »
mais cela a clairement commencé
sous le régime de Pétain dans
l’optique fidèle aux fascistes
de réconciliation des
travailleurs et des patrons pour
briser la lutte des classes. Ces
« acquis sociaux » ont été
décrété par l’oligarchie
elle-même comme l’a fait
Bismarck en son temps pour
contrer la montée du mouvement
ouvrier en Allemagne, selon ses
propres mots : « Mon idée était
de persuader – ou devrais-je
dire de corrompre
– la classe prolétarienne pour
qu’elle voie en l’État une
institution sociale érigée pour
elle et veillant à son
bien-être. » [13]. La
social-démocratie a été un
produit de la bourgeoisie
libérale pour continuer à
dominer la classe laborieuse,
pour l’empêcher d’aller vers le
communisme et la libération
sociale, en leur distribuant des
aides diverses comme on donne le
sucre à son chien. Les
capitalistes pouvaient ainsi
continuer à faire fructifier
leur capital et leurs privilèges
en toute tranquillité, en
achetant le calme des pauvres.
Lloyd Blankfein, le PDG de
Goldman Sachs, l’a compris
lorsqu’il appelait à réduire les
inégalités qu’il juge «
responsables des divisions dans
le pays » (comprenez
intensification de la lutte des
classes !)… ou quand les grands
capitalistes appellent
explicitement la « vraie
gauche » (les marionnettes de
type Montebourg ou Mélenchon)
afin d’affermir l’ordre
capitaliste en calmant les
tensions sociales et
embrouiller les travailleurs
[14]. Blankfein adopte ici la
méthode prudente et subtile, qui
est loin d’être partagé par tous
les capitalistes, qui ont au
contraire une tendance de plus
en plus poussée à favoriser la
répression d’Etat pour éviter
à devoir faire quelques
compromis, le traité de Lisbonne
(2007), par exemple, intervient
à cet égard en légalisant le
meurtre des manifestants [15].
L’étatisation de l’économie de
marché n’a jamais eu pour but de
l’affaiblir mais de la
renforcer, dans le modèle
social-démocrate les entreprises
d’Etat sont subordonnés aux
entreprises privées, elles ont
pour but de catalyser le
commerce privé, par exemple en
France EDF distribue sa
production à un prix inférieur
aux trusts. Il n’y a pas
d’entreprises et de sociétés
« mixtes » à moitié socialiste à
moitié capitaliste, ce qui fait
d’une entreprise son caractère
socialiste ou capitaliste c’est
l’environnement sociétal dans
lequel elle est, s’il s’agit
d’une dictature du prolétariat
ou pas…
Une
nationalisation bourgeoise n’a
évidemment rien à voir avec une
nationalisation socialiste, les
revenus de la première vont à
cet Etat qu’est l’organe
exécutif des capitalistes
endetté auprès du capital
privé, donc à la bourgeoisie,
elles sont opérées pour deux
raisons principales ;
premièrement lorsque les
entreprises capitalistes sont en
difficulté, il s’agit alors pour
l’Etat de les nationaliser (avec
de grasses indemnisations), les
réorganiser, les désendetter et
les rentabiliser aux frais du
contribuable et ensuite les
rendre aux capitalistes
(reprivatisation), c’est ce qui
s’est passé, par exemple, en
Allemagne dans les années 1930
ou aux Etats-Unis avec la
nationalisation de General
Motors en 2009 pour éviter sa
faillite, et puis, une fois
restructurée, sa reprivatisation
progressive en cédant des
millions de dollars de parts de
capital aux acteurs privés ; la
deuxième raison est de calmer
les tensions de classes et faire
plaisir aux influents partis «
communistes » et « socialistes »
réformistes, c’est ce qui s’est
passé dans les pays
capitalistes au cours des années
1940, particulièrement en France
et en Italie. Au contraire, ce
qui caractérise l’émergence du
nouveau modèle économique et la
nationalisation socialiste c’est
son caractère général, immédiat
et sans indemnisations par le
prolétariat en la personne de
son Etat, comme c’était le cas
en Albanie entre les années
1945-1947. La nationalisation
socialiste se fait dans
l’intérêt de la construction du
communisme, vers une
socialisation toujours accrue.
Le
millionnaire Keynes disait
lui-même qu’il proposait les
interventions étatiques pour la
raison que cela constituait le «
seul moyen d’éviter la complète
destruction des institutions
économiques actuelles » et la «
condition nécessaire d’un
fructueux exercice de
l’initiative individuelle »
[16], l’interventionnisme devait
donc servir de béquille au
capital. En un peu plus direct,
en parlant d’un parti socialiste
: « C’est un parti de classe, et
cette classe n’est pas ma classe
[la classe ouvrière]. Si je dois
revendiquer des avantages pour
une fraction de la société, ce
sera pour celle à laquelle
j’appartiens. […] Je peux être
sensible à ce que je crois être
la justice et le bon sens ; mais
la lutte des classes me trouvera
du côté de la bourgeoisie
cultivée » [17]. Keynes,
revendiqué par tous les
mouvements de gauche, était un
aristocrate anticommuniste
viscéral qui, on ne le répétera
jamais assez aux gauchistes qui
se croient contestataires, n’a
jamais eu d’autre objectif que
d’assurer la pérennité de la
domination capitaliste, il était
parti du libéralisme pour finir
dans l’étatisme avec la crise
systémique, une évolution tout à
fait naturelle. Malgré
ses sérieuses lacunes Keynes
avait remarqué que le
capitalisme était instable et
qu’il provoquait des crises,
c’est donc pour sauver les
profits que l’Etat devait
intervenir et s’endetter.
Pour
Keynes « les salaires réels et
le niveau de la production (et
donc de l’emploi)
[étant] inversement corrélés »
en économie de marché, il
préconisait la montée générale
des prix (l’inflation) afin de
faire
baisser les salaires et les
taux d’intérêts réels, car il
savait qu’il est plus
difficile pour les ouvriers de
résister à une hausse des prix
qu’à une baisse des salaires
nominaux, cela devait permettre
d’équilibrer l’épargne et
l’investissement et d’accroître
la « rentabilité du capital »
afin d’augmenter le niveau
d’emploi et de créer les
conditions pour le développement
« normal » du capital, l’Etat
devait aussi étatiser des
branches économiques entières
(comprenant bien que les
interventions de l’Etat
capitaliste servent les intérêts
privés), mettre en oeuvre
d’importantes subventions et
investissements publics, qu’ils
soient utiles ou pas (armement…)
afin de soutenir l’économie.
Occultant les causes réelles des
crises et le mécanisme pervers
du capitalisme,
pour Keynes l’insuffisance de la
demande était due à des raisons
« psychologiques », en réalité
cela était due à la
paupérisation relative (si ce
n’est pas absolue) des
travailleurs, et cette baisse
des salaires réels allait encore
plus appauvrir la demande
intérieure des classes
populaires.
Même un
keynésien comme Denis Clerc
avait admis : « Partout où elles
étaient tentées (sauf aux
Etats-Unis), les politiques
keynésiennes de relance ont
échoué, ou n’ont réussi qu’en
provoquant des déséquilibres
intolérables à terme (déficit
commercial extérieur,
inflation) » [18]. On notera que
le New Deal américain a
également échoué à retrouver le
niveau de 1929, il est à
l’origine de la récession de
1937 et ce n’est que la Seconde
guerre mondiale qui a vraiment
sortie le pays de la crise.
Entre 1939 et 1944 le PIB des
USA a connu un bond de 154% ! On
comprend désormais le goût des
capitalistes pour la guerre, que
les politiques keynésiennes
alimentent.
Les
keynésiens d’aujourd’hui
estiment que la hausse des
dépenses publiques et des
salaires suffiraient à régler
les maux du capitalisme et à
« relancer la croissance », des
décennies d’endettement public
et privé délirant pour pas grand
chose n’ont pas réussi à
enterrer ce refrain.
Aujourd’hui
le contexte n’est plus le même
qu’après la Seconde guerre
mondiale, le mythe des « 30
glorieuses » était le fruit de
circonstances exceptionnelles
qui n’aurait sans doute pas pu
voir le jour sans les immenses
dépenses en armement et en
reconstructions due à la plus
dévastatrice des guerres (qui
marque ainsi la fin de la crise
des années 1930), une tentative
de remake de son aspect
« social » engendrerait une
fuite massive de capitaux ou
des grèves de l’investissement
car la peur permanente du
communisme (à l’extérieur aussi
bien qu’à l’intérieur) n’est
plus là pour justifier la
générosité de la bourgeoisie, et
constatant leur échec les
réformistes devront faire
lamentablement marche arrière
comme ce fut le cas avec le
« Tournant de la rigueur » de
Mitterrand en 1983… et même avec
Hollande de nos jours qui avait,
avant son élection, promis une
taxe sur les riches suffisamment
« forte » pour susciter
l’indignation du MEDEF… Une fois
élu il a proposé une forme très
atténuée de cette taxe devant la
Cour constitutionnel pour
finalement se coucher totalement
devant les exigences des
capitalistes, Forbes
titrait à ce propos : « Hollande
converti, propose l’austérité et
une baisse des taxes pour
renforcer la croissance en
France » [19], le capitalisme ne
peut pas être réformé, la
pseudo-« révolution
bolivarienne » au Venezuela
nous le montre d’ailleurs tous
les jours. Et de toute façon
les Etats sont massivement
endettés, ruinés par le
capitalisme, en France la moitié
des recettes publiques servent à
rembourser la dette et les
intérêts. Les travailleurs et
les capitalistes ne
supporteraient de nouvelles
hausses d’impôts, les uns
devront resserrer leur
consommation, les autres
réagiront par des grèves de
l’investissements ou pire.
Intensifier l’austérité
réduirait la consommation
intérieure mais creuser
davantage la dette nous ferait
plonger dans le même marasme que
la Grèce. Que ce soit
l’austérité ou la relance
keynésienne on fonce vers le
même désastre économique,
la solution se trouve
définitivement hors-système.
« Nous savons où se trouvent les
ressources matérielles dont nous
avons besoin. Les travailleurs
les produisent, mais ce sont les
capitalistes qui les possèdent.
L’expropriation des capitalistes
doit retrouver sa place au cœur
de nos revendications. Et s’il
faut rattacher un nom au
programme dont nous avons
besoin, ce ne doit pas être
Keynes, mais Marx. » [20]
En France
la social-démocratie est
puissante depuis qu’au sein des
forces socialistes les
réformistes conduits par Jaurès
sont sortis vainqueur de la
lutte interne contre les
révolutionnaires représentés
par Sorel. La lutte pour le
changement de société a
progressivement laissé place à
l’amélioration des conditions
d’esclavage et du pouvoir
d’achat. Mais, comme le disait
Marx, le salaire peut augmenter
en terme absolu dans les
conditions favorables du
capitalisme mais cela suppose
une polarisation accrue des
richesses et sera accompagné
d’une paupérisation relative des
travailleurs : « Lorsque le
capital s’accroît rapidement, le
salaire peut augmenter, mais le
profit du capital s’accroît
incomparablement plus vite. La
situation matérielle de
l’ouvrier s’est améliorée, mais
aux dépens de sa
situation sociale. L’abîme
social qui le sépare du
capitaliste s’est élargi [21] ».
Au contraire, dans les
conditions défavorables, Marx
montre que le capitalisme
conduit à la paupérisation
absolue des travailleurs et des
plus pauvres, comme on le
constate de nos jours.
Time Magazine a publié un
long article de Michael
Schuman le 25 mars 2013 dans
lequel il écrit : « Marx a
théorisé le fait que le système
capitaliste appauvrissait les
masses et concentrait les
richesses entre les mains de
quelques-uns, provoquant des
conflits sociaux et des crises
économiques. Il avait raison.
C’est si facile de trouver des
statistiques qui montrent que
les riches s’enrichissent et les
pauvres s’appauvrissent. » [22]
« Le
marxisme est mort » dit-on… Bien
sûr,
c’est ce qu’on disait également
au moment de la révolution
bolchevique et de la crise des
années 1930. En réalité Marx
est plus que jamais d’actualité
aujourd’hui, et le fait qu’on
continue à s’acharner sur lui
malgré la prétendue « fin du
communisme » est un bon signe.
Autant le dire d’emblée : le
capitalisme n’est pas naturel,
il suppose des comportements et
un système politique
spécifiques, il a existé
autrefois des sociétés qui ont
vécu sans marché et sans
marchandises, il a existé des
peuples qui ont remarquablement
entrepris la construction d’une
autre société, supérieure,
contre vents et marées. Le
capitalisme a été un progrès
évident pour l’humanité,
aujourd’hui il joue le rôle
contraire, comme d’autres modes
de production avant lui le
capitaliste disparaîtra, ce
n’est qu’un point passager de
l’histoire de l’humanité.
Il s’agit
en premier lieu d’abolir la
contradiction intrinsèque au
capitalisme entre les rapports
sociaux de production (privés,
bourgeois) et le caractère de la
force de travail (collectif), ce
qui explique également les
déséquilibres de l’économie
capitaliste ; le contrôle
collectif des richesses générées
par la collectivité et notamment
la classe ouvrière, c’est la
base du socialisme. Leur travail
n’est plus le symbole de son
asservissement mais devient la
condition de sa libération
économique, sociale et
politique. Il n’y a plus
d’exploitation car la moitié de
son temps de
travail effectué n’est
plus donné « gratis » à son
patron mais lui revient sous une
forme ou une autre ainsi qu’à la
collectivité entière ; il n’y a
plus de bourgeoisie mais
seulement des producteurs
socialistes associés dans
l’État et les coopératives. Le
capital du monde est soit un don
de la nature, soit le fruit du
travail collectif de
nombreuses générations, dans
tous les cas il est utile à
tous, pourquoi certains auraient
le droit d’en détenir la
propriété exclusive ? Ce capital
revient de droit à la
collectivité et particulièrement
aux ouvriers dont la force
produit tout.
Débarrassée
des contradictions du
capitalisme une société
socialiste peut développer
largement la production et
diffuser plus amplement le
progrès technique, de nombreux
emplois inutiles dans les
services seront supprimés
(finance, marketing…) au profit
des emplois réellement
productifs dans les usines, ce
qui aura également pour
conséquence de faire baisser le
temps de travail individuel. Il
arrivera peut-être un jour où le
progrès technique et
scientifique aura tellement
avancé que les machines et les
robots pourraient travailler
pour nous. Au fur et à
mesure du développement
socialiste des forces
productives on profitera d’une
production énorme, qui pourra
finalement être écoulée
gratuitement, avec un temps de
travail minime. Dans le
système capitaliste le progrès
technique maximal ne serait pas
souhaitable et possible étant
donné que le taux de profit
serait érodé et que tout le
monde serait simplement au
chômage. Seul le communisme peut
désormais faire de ce monde un
jardin.
Par la
diffusion du progrès technique
le temps de travail sera réduit
en proportion. Au début des
années 1950 Staline avait
proposé la journée de travail de
5 heures [23], rendue possible
par un nombre croissant
d’ouvriers et le progrès
technique dans la « patrie du
socialisme », en tant que base
pour effacer les différences
entre le travail manuel et le
travail intellectuel et pour
développer le temps de loisirs,
dans la société socialiste la
reproduction simple et élargie
provoque la baisse du temps de
travail individuel ou le
transfert de la main d’oeuvre
rendue superflue directement
dans d’autres branches dans
le besoin sans connaître le
chômage. Comme le disait Staline
(âmes sensibles s’abstenir),
« nulle part les machines ne
sont employées aussi volontiers
qu’en URSS, puisqu’elles
économisent le travail à la
société et facilitent la peine
des hommes. Et comme le chômage
n’existe pas en URSS, les
ouvriers emploient très
volontiers les machines dans
l’économie nationale » [24]. Au
contraire dans l’économie
capitaliste cela se traduit par
les licenciements… ou par
l’augmentation du temps de
travail (pour faire marcher les
machines plus longtemps),
c’était le cas pendant une
partie de la révolution
industrielle avant que l’Etat ne
décide d’imposer progressivement
un certain plafond pour éviter
de pousser les ouvriers à la
révolte. De nos jours le chômage
augmente, le temps de travail
augmente, l’âge de départ à la
retraite augmente, la pauvreté
augmente alors que dans une
société fonctionnant
correctement, socialiste, la
tendance devrait être le
contraire, le mécanisme inhérent
au capitalisme l’en empêche.
Le
socialisme ce n’est pas
« travailler pour les autres »,
cet adage irait d’ailleurs bien
mieux au capitalisme,
ni l’assistanat, ce n’est pas
non plus l’égalité en soi, c’est
avant tout le prolétariat au
pouvoir. Il n’y rien d’utopique
là-dedans, il suffirait d’y
croire.
Ce que
doivent chercher les communistes
ce n’est pas l’augmentation des
salaires dans le cadre du
capitalisme, ce n’est pas
pleurnicher sur l’austérité,
mais l’abolition du salariat
comme l’a affirmé Marx à propos
du rôle conservateur, voir
réactionnaire, de
certains syndicats qui ont
tendance à répandre cette
mentalité de réformistes parmi
les ouvriers :
« Au
lieu du mot d’ordre
conservateur : «Un salaire
équitable pour une journée
de travail équitable», ils
doivent inscrire sur leur
drapeau le mot d’ordre
révolutionnaire : «Abolition
du salariat». […] Les
syndicats agissent utilement
en tant que centres de
résistance aux empiétements
du capital. […] Ils manquent
entièrement leur but dès
qu’ils se bornent à une
guerre d’escarmouches contre
les effets du régime
existant, au lieu de
travailler en même temps à
sa transformation et de se
servir de leur force
organisée comme d’un levier
pour l’émancipation
définitive de la classe
travailleuse, c’est-à-dire
pour l’abolition
définitive du salariat. » [25]
Les
communistes russes ont pris le
pouvoir dans un pays arriéré,
encore féodal, avec une
industrie absente ou détruite
par la guerre, une population
essentiellement paysanne et
culturellement arriérée. Le
prolétariat industriel était
minuscule et n’avait pas
d’expertise dans la mécanisation
et l’industrie lourde. Sans
oublier l’hostilité du monde
capitaliste agressif qui n’a pas
hésité à envoyer 165 000
soldats dans la Russie
socialiste et à décréter
le blocus. Il fallait d’abord
industrialiser le pays le plus
rapidement possible, à n’importe
quel prix, et améliorer le
niveau culturel de la population
avant de pouvoir
développer plus largement les
rapports de production
socialistes et la démocratie
populaire. Aujourd’hui la grande
majorité des pays du monde
disposent d’une certaine base
industrielle, le cours des
événements ne saurait donc pas
être tout à fait le même,
surtout dans des pays dits
développés comme le nôtre où les
rapports de production
socialistes peuvent être
aisément instaurés.
Le
socialisme se chargerait
d’améliorer largement le
bien-être culturel des
travailleurs afin de leur donner
l’envie et la capacité de
participer directement aux
affaires d’Etat et à la
direction de toute l’économie.
C’était le plan de Staline
lorsqu’il voulait former une
classe ouvrière très hautement
qualifiée capable de
s’affranchir des différences
entre le travail manuel et le
travail intellectuel. Cette
participation générale à la
politique du pays est facilité
aujourd’hui par l’existence
d’Internet, en plus des conseils
populaires (soviets).
Mais malgré
tout ce qu’on peut reprocher à
l’URSS, l’expérience soviétique
a le mérite de montrer de quoi
une économie planifiée est
capable. Aujourd’hui la
propagande accélérée en
faveur du système capitaliste
colonise les esprits, largement
facilitée par la
sous-information de ce qu’est
réellement le communisme et
l’URSS, malheureusement
prépondérant de nos jours. Des
économistes orthodoxes de
l’époque reconnaissaient ainsi
la rationalité de l’économie
planifiée, par
exemple l’économiste américain
J. Berliner déclarait devant une
commission du Congrès en 1959 :
« Je tiens pour démontré que
l’économie socialiste est
suffisamment efficace, et le
problème se résume à mesurer
cette efficacité » [26] ou
Arthur Cecil Pigou, autrefois
sceptique, qui dans
Capitalism versus socialism
(Londres, 1954), admettait
remarquablement des arguments
puissants en faveur de
l’économie planifiée.
Deux
mondes, deux résultats, Affiche
soviétique, 1955
Par
exemple, en 1960 un rapport pour
le Congrès américain constatait
dans la conclusion : « Il semble
clairement établi que l’output
industriel soviétique ait
augmenté au moins deux fois plus
que le taux US moyen pendant la
dernière décennie » [27].
Et aucune comparaison de
périodes n’est possible, même
par rapport à
l’industrialisation rapide qui a
suivie la Guerre de Sécession le
taux de croissance soviétique
demeurait supérieur. C’est un
phénomène historique, entre les
années 1918-1960 le taux de
croissance annuel moyen en URSS
a été de 10,1% (et encore plus
dans les années 1930), contre
3,3% pour les USA, si l’on prend
pour ces derniers la période
plus favorable de 1870-1913 le
chiffre ne monte qu’à 5% [28].
Bien entendu ce développement
n’a pas été entrecoupé de crises
comme ce fut le cas pour tous
les pays capitalistes.
Au total la
planification soviétique a
produit des résultats tels que
même Hitler, l’ennemi mortel du
bolchevisme, a été obligé
d’applaudir (en privé), en
1942 :
« Si
Staline avait eu 10 ou
15 ans de plus, la Russie
serait devenu le plus
puissant pays du monde, et
deux ou trois siècles
auraient été nécessaires
pour faire changer cela.
C’est un phénomène unique !
Il a augmenté le niveau de
vie — cela ne fait aucun
doute. Plus personne ne
meurt de faim en Russie. Ils
ont construit des usines là
où il y a deux ou trois ans
il n’y avait que des
villages inconnus — et des
usines, tenez-vous bien,
aussi grandes que les
Hermann Göring Works. Ils
ont construit des lignes de
chemin de fer qui ne sont
même pas encore sur nos
cartes. En Allemagne nous
nous disputons sur la
fixation du prix des billets
avant même de commencer à
construire la ligne ! J’ai
lu un livre sur Staline ; je
dois admettre que c’est une
personnalité immense, un
ascète qui a pris l’ensemble
de ce pays gigantesque
fermement dans sa poigne de
fer. » [29]
En mettant
l’accent sur le développement
prioritaire de l’industrie
lourde (industrie mécanique,
sidérurgie, production de moyens
de production), impossible sous
le capitalisme car le profit y
est plus faible que dans
l’industrie légère, cela
signifie certes arrêter la
croissance de la production de
biens de consommation, voir la
réduire, à court terme mais
c’est l’accroître largement à
moyen-long terme, c’est
appliquer ce qu’on a appelé le
principe des chaînons décisifs,
car c’est de l’industrie lourde
que dépend le développement
économique général. Mais cela ne
suffit pas, il faut aussi que
les ouvriers, sources de toute
richesse, soient motivés et ils
le seraient beaucoup plus s’ils
avaient conscience qu’ils
travaillaient, directement ou
indirectement, pour eux-mêmes et
pour la future société
communiste.
Aujourd’hui
les moyens de la planification,
malgré un plus grand nombre de
produits à maîtriser, sont
largement supérieurs
grâce à l’informatique moderne
comme l’ont montré les
chercheurs britanniques Paul
Cockshott et Allin Cottrell dès
les années 1990, ce qui affiche
toute l’actualité de l’économie
planifiée.
Mais si les
capitalistes ont finalement
vaincu la Guerre froide, c’est
que le capitalisme n’avait pas
encore dit son dernier mot, or
cette situation ne peut pas être
éternelle. Aujourd’hui le
capitalisme est plus instable
que jamais.
Les
travailleurs ne doivent pas se
laisser endormir par la
démagogie sociale-démocrate et
fasciste. De Bernstein et Keynes
à Mélenchon, les
sociaux-démocrates de tous
genres doivent être considérés
comme des ennemis des
communistes et de la classe
ouvrière. Ceux qui les
identifient comme des « amis
politiques » comme le PRCF ou le
PCOF ne sont tout simplement pas
communistes.
L’écrivain
marxiste français Vincent
Gouysse écrit à juste titre :
« Jamais donc, la nécessité
du renversement du
capitalisme n’a été aussi
aigüe. Et pourtant, jamais
les forces sociales capables
de s’acquitter de cette
mission n’ont paru aussi
réduites ou pour le moins
divisées. Forte de sa
domination économique et
idéologique, la bourgeoisie
parvient pour le moment à
anéantir et à empêcher
l’émergence de toute
opposition organisée à sa
domination. » [30]
Face à ce
capitalisme sauvage et instable
il n’y a pas plusieurs solutions
: il faut le renverser et
construire l’avenir communiste,
encore inconnu, sous la
direction du prolétariat !
Socialisme ou barbarie !
Abolition du salariat !
Notes :
[1] : Express.be,
Un cimetière de voitures
« presque neuves », 30 avril
2013 • [2] : CBS. Miami,
22/08/2014, vidéo publiée par
Dailymotion le 23/08/2014 •
[3] : Vivre avec deux dollars
par jour aux États-Unis,
Argent.canoe.ca,
27/08/2014 • [4] : Press TV, 80%
of US adults face near-poverty,
no jobs, 28/06/2013 • [5] : http://www.ipsos.fr/decrypter-societe/2014-09-11-pauvrete-plus-qu-crainte-realite-pour-nombreux-francais
• [6] : Denis Clerc,
Déchiffrer l’économie, éd.
La découverte (17°), 2011, pp.
420-422 •
[7] : L’Emancipation,
n° 1-8 (1979-1983),
édition numérique, p. 151
•
[8] : E. Macron,
entretien avec Le JDD,
11/10/2014 •
[9] : Cahier de politique
économique n° 13, « La
faisabilité politique de
l’ajustement », par Christian
Morrisson, 1996 •
[10] : Forbes,
The Highest-Paid CEOs Are The
Worst Performers, New Study Says,
16/06/2014 •
[11] : http://inter.kke.gr/fr/articles/SYRIZA-la-force-de-reserve-de-gauche-du-capitalisme/
•
[12] : Yürüyüs (La
Marche, revue du Front
Populaire),
n° 455 du 8 février 2015, p.
20 •
[13] : O. von Bismarck,
Gesammelte Werke 1924/1935,
volume 9, pp. 195-196 •
[14] : CBS News,
Goldman Sachs CEO: Income
inequality is « destabilizing »,
10/06/2014 •
[15] : Nicolas Bourgoin, Rémi
Fraisse, tué pour l’exemple ?,
29/10/2014 •
[16] : Cité par Paul Mattick
dans Marx et Keynes,
éd. Gallimard, 1972, p. 13
•
[17] : Keynes, Suis-je un
libéral ? (1928), cité par
Mattick, op. cit, p. 33 •
[18] : Denis Clerc,
Déchiffrer l’économie, La
Découverte, édition de 1994, p.
358. Ce passage a disparu des
nouvelles éditions du livre
cité. •
[19] : Site du
CIO ivoirien, Thomas Piketty
: le nouveau Marx ?, 09/07/2014
•
[20] : La Riposte, Qui était
John Maynard Keynes ?,
14/02/2012 •
[21] : Karl Marx, Travail
salarié et capital (1849), édition numérique, p.16
•
[22] : http://www.legrandsoir.info/la-revanche-de-karl-marx.html
•
[23] : Staline, Les
problèmes économiques du
socialisme en URSS, 1952,
édition numérique, p. 32
•
[24] : Idem, p. 21 • [25]
: Karl Marx, Salaire, prix
et profit, 1865,
édition numérique, p. 31 •
[26] : « A comparison of United
States and Soviet Union economics », novembre
1959, cité par Bronislaw Minc,
L’économie politique du
socialisme [1963], éd.
Maspero, 1974, p. 321 • [27]
: Cité par Minc, op. cit, p. 187
• [28] : Minc, op. cit, p.
187-188 • [29] : Hitler, cité
dans Hugh Trevor-Roper,
Hitler’s Table Talk 1941-1944.
His Private Conversations,
éd. Enigma Books, 2000, p.
661-662 • [30] : Vincent Gouysse,
Contre-offensive idéologique,
2014,
édition numérique, p. 218