Bourdonnement
Je possède
Tu possèdes
Il possède
Nous possédons
Vous possédez - Ils volent
Je caresse
Tu caresses
Il caresse
Nous caressons
Vous caressez - Ils frappent
Je marche
Tu marches
Il marche
Nous marchons
Vous marchez - Ils écrasent
Je parle
Tu parles
Il parle
Nous parlons
Vous parlez - Ils ordonnent
Je t'embrasse
Tu m'embrasses
Il t'embrasse
Nous nous embrassons
Vous vous embrassez - Ils étranglent
Je contemple
Tu contemples
Il contemple
Nous contemplons
Vous contemplez - Ils surveillent
Je t'aime
Tu m'aimes
Il t'aime
Nous nous aimons
Vous vous aimez - Ils violent
Je vis
Tu vis
Il vit
Nous vivons
Vous vivez - Ils tuent
Je
me révolte
Tu te révoltes
Il se révolte
Nous nous révoltons
Vous vous révoltez
ILS DISPARAISSENT !
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Millénaire
Millénaire décuplé
Siècles d'espérances
Millénaire découpé
Siècles de souffrances
Enfant des inventions
Découvrant l'espace
Dévorant générations
Anéantissant les races
Développant les industries
Les marteaux deviennent des sabres
Les canons remplacent la soie
Un mousquet pour un candélabre
Labourant
la terre
Succédant aux charrues
Labourant les chairs
Tombent les obus
Peuple immense perdu
Troupeau de moutons
Peuple immense vendu
Suivant ses patrons
Là où tombe la terre en mottes
Commence la valse des despotes
Imbus de leur puissance
Gonflant le tors ils tonnent
Prétextant des idées
Pour envoyer leurs armées
Ils se donnent pour tâche
De remettre le peuple en marche
Guignols, ils encensent la
Nation
La consolident comme une maison
Le mensonge est d'autant plus grand
Que la haine en est le ciment
Labourant
la terre
Succédant aux charrues
Labourant les chairs
Tombent les obus
Existe-t-il une île
Dans cette foule mercantile ?
Y aurait-il une main
Pour me mener à l'humain ?
Femmes ! Hommes !
Relevez-vous !
On ne voit le monde que debout
Il n'est pas de forêt sans clairière
Il n'est pas de monde sans lumière !
Labourant
la terre
Succédant aux canons
Réparant la chair
Dites enfin NON !
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L'économie
politique
De tous les droits que l'homme exerce
Le plus légitime au total
C'est la liberté du commerce
La liberté du Capital
La loi c'est "l'offre et la demande"
Seule morale à professer
Pourvu qu'on achète et qu'on vende
Laissez faire, laissez passer !
Et que rien ne vous épouvante
Car y glissa-t- il du poison
Si le marchand triple sa vente
Il prouve net qu'il a raison
Que ce soit morphine ou moutarde
Truc chimique à manigancer
C'est l'acheteur que ça regarde
Laissez faire, laissez passer !
Les travailleurs ont des colères
Dont un savant n'est pas touché
Il faut bien couper les salaires
Pour arriver au bon marché
Par un rabais de deux sous l'heure
Des millions vont s'encaisser
Et puis croyez-vous qu'on en mesure
Laissez faire, laissez passer !
Pour le bien des corps et des âmes
Doublons les heures de travail
Venez enfants filles et femmes
La fabrique est un grand bercail
Négligez marmots et ménage
Ca presse pour vous prélasser
Vous aurez des mois de chômage
Laissez faire, laissez passer !
L'étranger a l'article en vogue
Trouve un rapide écoulement
N'écoutons pas ce démagogue
Qui nous prédit l'engorgement
Il faut bravant ces balourdises
En fabriquant à tout casser
L'inonder de nos marchandises
Laissez faire, laissez passer !
Par essaims, le chinois fourmille
Ils ont des moyens bien compris
Pour s'épargner une famille
Et travailler à moitié prix
Avis aux ouvriers de France
Dans leur sens, il faut s'exercer
Pour enfoncer la concurrence
Laissez faire, laissez passer !
Sous le Siège dans la famine
J'ai défendu la liberté
Voulant fidèle à la doctrine
Rationner par la cherté
Chaque jour et sans projectile
Par vingt mille on eut vu baisser
Le stock des bouches inutiles
Laissez faire, laissez passer !
Qu'on accapare la denrée
Qu'on brûle greniers magasins
Que pour régler des droits d'entrée
On se bombarde entre voisins
Que le faible soit la victime
Bonne à tromper piller sucer
L'économie a pour maxime
Laissez faire, laissez passer !
29
juillet 1880 |
La
charogne
Je
vis une charogne abjecte,
Foyer de miasmes corrompus,
Empire normal de l'insecte,
Tas fourmillant de vers repus.
Chacun d'eux se gorgeait de pus
Comme un viveur qui se délecte.
Fourche en main, du mieux que je pus
J'éloignai cette masse infecte.
Mais alors, dans leurs puanteurs,
Les asticots conservateurs
Hurlent en choeur la même phrase :
" Respect à la propriété !
Venez-vous saper par la base
L'éternelle Société ? "
New York, 1875
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L'Internationale
C'est la lutte finale :
Groupons-nous, et demain,
L'Internationale
Sera le genre humain.
Debout ! les damnés de la terre !
Debout ! les forçats de la faim !
La raison tonne en son cratère,
C'est l'éruption de la fin.
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !
Il n'est pas de sauveurs suprêmes:
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l'esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !
L'État comprime et la loi triche ;
L'Impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s'impose au riche ;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C'est assez languir en tutelle,
L'Égalité veut d'autres lois ;
"Pas de droits sans devoirs," dit-elle,
"Égaux, pas de devoirs sans droits !"
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail :
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu'il a créé s'est fondu.
En décrétant qu'on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.
Les rois nous soûlaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l'air et rompons les rangs !
S'ils s'obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balle
Sont pour nos propres généraux.
Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n'appartient qu'aux hommes,
L'oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais, si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins, disparaissent,
Le soleil brillera toujours !
C'est la lutte finale :
Groupons-nous, et demain,
L'Internationale
Sera le genre humain.
Juin 1871
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HEGEL. ÉPIGRAMME
(1837)
I
Weil ich das Höchste entdeckt und
die Tiefe sinnend gefunden,
Bin ich grob,
wie ein Gott, hüll' mich in Dunkel, wie er.
Lange forscht' ich und trieb auf
dem wogenden Meer der Gedanken,
Und da fand
ich das Wort, halt' ich am Gefundenen fest.
II
Worte lehr'
ich,gemischt in dämonisch verwirrtem Getriebe,
Jeder denke
sich dann, was ihm zu denken beliebt.
Wenigstens
ist er nimmer geengt durch fesselnde Schranken,
Denn wie aux
brausender Flut, stürzend vom ragenden Fels,
Sich der
Dichter ersinnt der Geliebten Wort und Gedanken,
Und was er sinnet, erkennt, und
was er fühlet, ersinnt,
Kann ein
jeder sich saugen der Weisheit labenden Nektar,
Alles sag' ich euch ja, weil ich
ein Nichts euch gesagt !
III
Kant und Fichte gern zum Aether
schweifen,
Suchten dort
ein fernes Land,
Doch ich such' nur tüchtig zu
begreifen,
Was ich
—
auf der Strasse
fand !
IV
Verzeiht uns
Epigrammendingen,
Wenn wir fatale Weisen singen,
Wir haben uns nach Hegel
einstudiert,
Auf sein' Aesthetik noch nicht
—
abgeführt. |
HEGEL. ÉPIGRAMME
Traduction
I
Puisque j'ai découvert le sublime
et trouvé, en méditant, la profondeur,
Je suis grossier, tel un Dieu et,
comme lui, je m'enveloppe de mystère.
Longtemps j'ai cherché et erré sur la
mer démontée des pensées,
Lors j'ai trouvé le Verbe, et me
tiens ferme à ma trouvaille.
II
J'enseigne des mots, pris dans une
agitation, dans un pêle-mêle démoniaque ;
Que chacun pense alors ce qu'il lui
plaît de penser.
Jamais, du moins, il n'est gêné par
des limites, par des chaînes,
Car, tel le poète devant le torrent
mugissant qui se précipite du rocher escarpé,
S'imagine la parole et la
pensée de sa bien-aimée,
Et reconnaît ce qu'il imagine, et
invente ce qu'il ressent,
Chacun peut à son gré sucer le nectar
bienfaisant de la sagesse :
Sachez que je vous dis Tout, puisque
je vous ai dit un Rien !
III
Kant et Fichte voguent volontiers
vers l'éther,
Ils y ont cherché une Terre
lointaine,
Mais moi, je cherche seulement à
comprendre
Ce que j'ai trouvé... dans la rue !
IV
Pardonnez-nous ces méchantes
épigrammes,
Et de chanter des airs funestes ;
Nous nous sommes instruits selon
Hegel,
Et grâce à son Esthétique nous
voulons encore nous —
purger. |
Lied der
Partei
(1950)
Sie hat
uns alles gegeben.
Sonne und Wind und sie geizte nie.
Wo sie war, war das Leben.
Was wir sind, sind wir durch sie.
Sie hat uns niemals verlassen.
Fror auch die Welt, uns war warm.
Uns schützt die Mutter der Massen.
Uns trägt ihr richtiger Arm.
Die Partei, die Partei, die hat immer Recht !
Und, Genossen, es bleibe dabei ;
Denn wer kämpft für das Recht,
Der hat immer recht.
Gegen Lüge und Ausbeuterei.
Wer das Leben beleidigt,
Ist dumm oder schlecht.
Wer die Menschheit verteidigt,
Hat immer recht.
So, aus Leninschem Geist,
Wächst, von Stalin geschweißt,
Die Partei - die Partei - die Partei.
Sie hat uns niemals geschmeichelt.
Sank uns im Kampfe auch mal der Mut,
Hat sie uns leis nur gestreichelt,
zagt nicht und gleich war uns gut.
Zählt denn noch Schmerz und Beschwerde,
wenn uns das Gute gelingt.
Wenn man den Ärmsten der Erde,
Freiheit und Frieden erzwingt.
Die Partei, die Partei, die hat immer Recht !
Und, Genossen, es bleibe dabei ;
Denn wer kämpft für das Recht,
Der hat immer recht.
Gegen Lüge und Ausbeuterei.
Der das Leben beleidigt,
Ist dumm oder schlecht.
Wer die Menschheit verteidigt,
Hat immer recht.
So, aus Leninschem Geist,
Wächst, von Stalin geschweißt,
Die Partei - die Partei - die Partei.
Sie hat uns alles gegeben,
Ziegel zum Bau und den großen Plan.
Sie sprach Meistert das Leben,
Vorwärts Genossen packt an.
Hetzen Hyänen zum Kriege,
Bricht euer Bau ihre Macht,
Zimmert das Haus und die Wiege,
Bauleute seid auf der Wacht.
Die Partei, die Partei,
die hat immer Recht !
Und, Genossen, es bleibe dabei ;
Denn wer kämpft für das Recht,
Der hat immer Recht.
Gegen Lüge und Ausbeuterei.
Der das Leben beleidigt,
ist dumm oder schlecht.
Wer die Menschheit verteidigt,
Hat immer recht.
So, aus Leninschem Geist,
Wächst, von Stalin geschweißt,
Die Partei - die Partei - die Partei.
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