Avant-propos
On sait que le thème de la « lutte contre
l’insécurité et l’immigration » est le leitmotiv du Front National1,
et ce depuis sa création en 1972. On sait également depuis
longtemps que le propre de tous les partis fascistes — dits « d’extrême
droite » — est de focaliser leurs discours sur ces prétendus « problèmes
d’insécurité » et « d’immigration » afin de s’en servir pour tenter de
détourner l’attention des travailleurs : il a toujours été commode de
désigner comme « responsables de la crise » les populations d’origine
immigrées, souvent ghettoïsées parce que rejetées et marginalisées par le
système — nous verrons comment ensuite —, et d’en faire les boucs émissaires
« idéaux » de tous les problèmes qui émergent de la société bourgeoise.
Or de plus en plus, ces discours ne sont
plus uniquement l’apanage des partis reconnus comme fascistes. Les discours
démagogiques sur « l’insécurité » ou « l’immigration » dépassent aujourd’hui
largement le cadre de l’extrême droite « classique » : ils relèvent d’un
véritable « phénomène de société » dans lequel s’engouffrent volontiers les
politiciens bourgeois dits « libéraux » ou même social-démocrates « de
gauche ». Ces derniers seront nécessairement de plus en plus obligés de se
plier à cette « mode » au fil des revers électoraux. Depuis plusieurs années
déjà les thèmes de campagne les plus en vogue, certainement parce que les
plus « porteurs », sont ainsi ceux traitant de « l’insécurité » et du «
problème de l’immigration ».
On parle donc beaucoup dans les milieux
politiciens (tout autant que dans ceux des médias à leurs bottes !) du «
fléau de l’insécurité » qui « sévit », disent-ils, dans les cités et les
banlieues des grandes agglomérations. De droite à « gauche » la condamnation
semble être unanime en face de jeunes qui sont montrés cassant et brûlant
quasi quotidiennement des voitures dans des cités regorgeant de délinquants
et de dealers de drogue. De droite à « gauche », tous semblent être
également d’accord sur la nécessité de refouler les « immigrés clandestins
», d’ « encourager » leur retour ou tout au moins limiter sérieusement
l’immigration : « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde,
elle a ses propres problèmes. »
Telle est en substance le fond de la pensée
dominante qui propose « au mieux » pour régler tous ces problèmes : 1° au
niveau national de promouvoir une « meilleure intégration » de la jeunesse
des cités ; 2° au niveau international de renforcer la « coopération
économique avec le tiers monde », en vue bien entendu du « développement
économique et social » de ce dernier.
Tout esprit critique non imbus d’idéalisme
béat aura déjà compris que si ces « solutions » (qui relèvent du « bon
sens ») sont aujourd’hui loin de porter leurs fruits, c’est peut-être parce
que des mécanismes plus profonds de la société s’y opposent.
Voyons donc quels sont ces mécanismes
fondamentaux qui font de ces « idées »
« des
phrases creuses et idéalisantes, illusion consciente, hypocrisie
délibérée ». En bref des idées qui « plus elles sont démenties par la vie,
et moins elles valent pour la conscience elle-même, plus elles sont
invoquées énergiquement et plus le langage de cette société normale se fait
hypocrite, moral et sacré. »2
Les causes économiques de l’immigration
Nous avions démontré en quoi consistait
l’exploitation du travail salarié et comment l’employeur accaparait une
partie du produit du travail à travers la production marchande.3
On comprend aisément comment un pays « riche » ou «
industrialisé » (c’est-à-dire impérialiste) devient nécessairement toujours
plus puissant relativement aux pays « sous développés » ou « en voie de
développement » qu’il exploite.
Dans les pays dépendants, l’économie était jusque
récemment (19ème siècle), pour des raisons principalement
géographiques et historiques, en retard par rapport au développement
économique de l’Europe de l’ouest, des Etats-Unis et du Japon. Avec la
révolution industrielle, cet écart s’est encore accentué. Du 18ème
au 20ème siècle, des sociétés industrielles ont ainsi cohabité
avec des sociétés féodales (Asie, Maghreb) ou même n’ayant pas dépassé le
stade de la commune primitive (Afrique noire, Australie, continent
américain). Sur la base des lois de la production marchande, la «
cohabitation » entre pays industriels et les pays économiquement
retardataires ne put bien entendu se faire que sous la forme de
l’asservissement des pays retardataires.
Avec le développement du capitalisme, à la
ville (grande industrie) comme à la campagne (grandes exploitations
mécanisées) dans les pays industriels au 19ème siècle, avec la
ruine de la paysannerie pauvre qui allait grossir les contingents du
prolétariat urbain, les lois économiques de la production marchande
donnèrent toute la mesure de leur force. Elles ne tardèrent naturellement
pas à s’exprimer également dans les crises économiques de « surproduction »
et des conflits de classes intenses dont tout le 19ème siècle fut
marqué.
La bourgeoisie ressentait ainsi de plus en
plus la nécessité économique et politique de trouver de nouveaux débouchés
pour les marchandises invendues et de nouvelles sphères d’influence où
investir les capitaux « excédentaires » (qui, provenant de l’exploitation
salariée, ne pouvaient tous être écoulés sur le marché national). Au cours
du dernier tiers du 19ème siècle, en même temps que la
concentration des capitaux au sein d’entreprises monopolistes, se développa
ainsi la tendance impérialiste — caractérisée par l’exportation de capitaux
— du capitalisme moderne. Les colonies, de « meules » pendues au cou de la
bourgeoisie occidentale devinrent ainsi une manne économique de premier
choix et l’enjeu de nations bourgeoises rivales non seulement sur le plan
commercial, mais également de plus en plus sur le plan militaire. La
militarisation de l’économie marqua donc également cette période, comme
moyen de dépenser les richesses sociales « excédentaires » qui ne pouvaient
être achetées par les esclaves salariés, ainsi que comme moyen d’étendre les
débouchés coloniaux (en vue de l’exportations de marchandises et de
capitaux).
« Nous
avons fait voir ce que c'est que la fraternité que le libre-échange fait
naître entre les différentes classes d'une seule et même nation. La
fraternité que le libre-échange établirait entre les différentes nations de
la terre ne serait guère plus fraternelle. Désigner par le nom de fraternité
universelle l'exploitation à son état cosmopolite, c'est une idée qui ne
pouvait prendre origine que dans le sein de la bourgeoisie. Tous les
phénomènes destructeurs que la libre concurrence fait naître dans
l'intérieur d'un pays se reproduisent dans des proportions plus gigantesques
sur le marché de l'univers. »4
La première et la deuxième
guerres mondiales furent ainsi le résultat des affrontements de puissances
impérialistes rivales pour le repartage du « gâteau colonial » au détriment
du voisin. Le second conflit impérialiste mondial eût ainsi pour prélude
l'invasion de l'Éthiopie par l'impérialisme Italien en 1935, de la Chine par
l'impérialisme japonais à partir de 1931 et l'annexion de la
Tchécoslovaquie, de l'Autriche et de la Pologne par l'impérialisme allemand
à partir de 1938. Après 1945, le développement des luttes de libération nationales
obligea les pays impérialistes à changer de stratégie pour conserver leurs
sphères d’influence. Certes, les pays impérialistes ne renoncèrent jamais aux
agressions militaires brutales (en Indochine et en Algérie par exemple), mais ils leur préférèrent quand c’était
possible le don d’une indépendance politique formelle qui ne
remettait de toute façon pas en cause la plupart du temps les traités et
accords économiques et assurait donc la continuité de l’asservissement
économique de leurs « sphères d’influence » : le néo-colonialisme se
substitua ainsi souvent au colonialisme. Cette forme néocoloniale avait en
effet l’avantage, outre le fait de préserver les liens économiques avec les
métropoles impérialistes, d’apparaître comme étant plus « démocratique » et
donc d’entraver la lutte radicale pour l’indépendance nationale, lutte qui
risquait de frayer la voie au socialisme et ainsi de détacher ces pays du
système impérialiste mondial. C’est aujourd’hui encore, en ce début de 21ème
siècle, la forme néocoloniale qui est la plus souvent employée, ce qui ne
veut évidemment pas dire que l’usage de la forme coloniale ne soit plus
d’actualité : les dernières interventions armées de l’impérialisme en Irak,
en Yougoslavie ou en Afghanistan sont là pour le démontrer. « L'ingérence »
armée de l'impérialisme français en Côte d'Ivoire est également là pour le
prouver.
Sur le plan économique, l’exploitation des
pays économiquement retardataires par les puissances impérialistes se
réalise
de deux façons : 1° par le commerce international ; 2° par l’exportation de
capitaux.
- On doit d’abord rappeler qu’il n’existait
pas dans la plupart des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du sud
d’industrie moderne et l’agriculture était encore souvent une agriculture de
subsistance. Dans toutes les branches de l’économie de ces pays la
productivité du travail était donc particulièrement faible, le plus souvent
tout juste capable d’assurer la simple subsistance.
« Commercer » dans ces conditions, est
nécessairement désavantageux pour ces pays, incapables de soutenir la
concurrence face aux pays disposant d’une puissante base industrielle et
d’une agriculture avancée. La loi de la valeur se charge de ruiner
rapidement le développement de branches naissantes de l’industrie et de
l’agriculture jugées « non rentables » dans des pays économiquement arriérés
qui n’ont ni les moyens financiers ni la possibilité politique d’adopter des
mesures protectionnistes, les pays impérialistes leur déniant ce droit au
nom du « libre-échange ». Ces pays, imbriqués dans une asservissante
division internationale du travail sont donc condamnés à faire office «
d’ateliers » pour les métropoles impérialistes.
C’est ainsi que le simple commerce entraîne
l’asservissement économique de ces pays : quand bien même le capitalisme
s’abstient d’asservir militairement ces territoires, ils deviennent débiteur
des nations industrialisées du seul fait des échanges marchands.
- A travers l’exportation de capitaux,
c'est-à-dire les investissements directs de la bourgeoisie impérialiste dans
l’économie des pays dépendants, le rôle des populations de ces pays est
réduit à celui de fournir une main d’œuvre abondante et bon marché.
Quand l’impérialisme s’empare de ces pays,
il y exploite en effet une force de travail dont la valeur est le plus
souvent très proche de son seuil physiologique minimal (celui de la simple
survie). La différence entre la très faible valeur de la force de travail et
le fort potentiel productif de celle-ci assure donc les capitalistes
étrangers d’y engranger des surprofits fabuleux, s’il y font des
investissements.
C’est cette possibilité d’y réaliser le «
maximum de profit » qui amène les entreprises monopolistes à y investir
prioritairement, y compris au prix de la délocalisation d’une partie de
l’appareil productif des métropoles au sein de ces régions. Ces
délocalisations provoquent évidemment les plaintes du petit et du moyen
Capital « national », qui eux se satisfont de l’exploitation de la main
d’œuvre locale (« indigène ») mieux rémunérée, et donc d’un taux de profit
inférieur. Ces plaintes de certaines couches de la bourgeoisie sont d’autant
plus aiguës que les délocalisations et les fermetures d’entreprises qui les
accompagnent provoquent l’augmentation du taux de chômage dans les
métropoles impérialistes (flagrante depuis les années 1970), ce qui a
évidemment des répercussions négatives (pour la bourgeoisie « nationale »)
sur la stabilité du « pacte social ». Selon les chiffres officiels du
chômage, le nombre de chômeurs en France est passé de 450 000 en 1974 à plus
de 3 millions à la fin des années 1990.
Dans les pays dépendants ces délocalisations
provoquent une véritable industrialisation accélérée : ex-pays de l’est,
sud-est asiatique, Amérique centrale, Maghreb, etc. Les modes de production
antérieurs cèdent ainsi la place aux rapports capitalistes. Ce développement
n’exclut pas un chômage massif, car le développement industriel reste de
toute façon sous dimensionné par rapport à la forte disponibilité de main
d’œuvre et à la capacité d’absorption du marché intérieur.
En 2005,
sur les 2,8 milliards de travailleurs que comptait le monde, 1,4 milliard ne
gagnaient pas suffisamment pour se hisser eux et leur famille au-dessus du
seuil de pauvreté de 2 dollars par jour par personne, soit autant qu'il y a
dix ans, affirme le Bureau International du Travail. Toujours selon
le BIT, le chiffre
officiel des chômeurs dans le monde (évidemment très largement sous-estimé)
était de 140 millions en 1994, de 170 millions en 1999 et de 192 millions en
2005. On est bien loin du tableau idyllique d’une situation « en progrès »
tel que cherche à la présenter la bourgeoisie impérialiste !
Le développement économique de ces pays ateliers se heurte ainsi 1° à
l’étroitesse des débouchés fournis par le marché intérieur, vu les efforts
que fait la bourgeoisie (« nationale » comme impérialiste) pour limiter la
hausse des salaires et ainsi maintenir un taux de profit maximal, et 2° au
fait que les marchandises produites ont toujours du mal à trouver acquéreur
sur le marché national comme international : ce ne sont pas les centaines de
millions de travailleurs précaires ni les dizaines de millions de chômeurs
des métropoles impérialistes qui peuvent arriver à absorber le trop plein de
marchandises produites malgré la forte différence de la valeur de la force
de travail dans ces deux groupes de pays.
C’est pourquoi
face à cette mévente et à cette « surproduction » chroniques, la fin du 20ème
siècle a vu ces pays « ateliers » être touchés par une grave crise
économique, la fameuse « crise asiatique » qui a été durement ressentie en
Asie du sud-est (Chine comprise), puis en Russie et en Amérique latine.
Dans les pays dépendants, le Capital
étranger développe principalement l’industrie légère, l’industrie lourde et
l’agriculture restant arriérées.
L’absence d’un développement important de
l’industrie lourde et de l’agriculture est d’abord le résultat des lois de
la production marchande, même prise dans son cadre strictement « national
» : nous avions démontré pourquoi on ne peut espérer retirer de ces deux
secteurs de l’économie extrêmement gourmands en investissements des profits
fabuleux à court terme.3 On ne
peut donc s’attendre à ce que l’industrie lourde se développe à un rythme
élevé aussi longtemps qu’elle reste soumise aux limitations que lui
imposent le jeu de la loi de la valeur. L’industrialisation des pays
capitalistes est là pour le démontrer : outre le fait que le développement
de l’industrie lourde était en retard par rapport au développement de
l’industrie légère, elle avait eu besoin de l’Etat bourgeois (mines, chemin
de fer, énergie, ect.) pour centraliser le Capital suffisant que ne
détenaient alors pas encore les actionnaires privés, ainsi que de « l’aide »
des impôts payés par les travailleurs à cet Etat… Ce retard est donc d’abord
un retard inhérent au mode d’industrialisation capitaliste lui-même. Seul le
mode de production socialiste qui envisage le développement harmonieux à
long terme est capable de donner d’emblée la priorité à l’industrie de
production des moyens de production et de stimuler ainsi le développement
équilibré de l’ensemble des branches de l’économie.5
Ce retard est ensuite le
résultat en quelque sorte « entretenu » par le commerce international :
c’est le slogan libéral bien connu de la « division internationale du
travail » (repris par les sociaux-impérialistes). Chaque pays doit se
spécialiser dans telle ou telle production pour être le plus efficace. Tel
ou tel pays doit se concentrer sur le développement de l’industrie
d’extraction ou de transformation, ou sur la production de telle ou telle
denrée agricole. Ainsi concernant les pays dépendants, les impérialistes «
conseillent » le plus souvent de laisser de côté l’industrie lourde et
particulièrement l’industrie de production des moyens de production. C’est
une manière comme une autre de perpétuer la dépendance économique et
d’assurer que la dette extérieure se creuse toujours plus, offrant un
débouché sans cesse renouvelé pour l’impérialisme.
C’est pourquoi, comme le soulignait si justement Staline dès 1925, le
développement prioritaire de l’industrie de production des moyens de
production est fondamental pour le développement de l’économie et la
construction de la société socialiste, sous peine de voir se transformer en
un appendice du système colonial, dépendant économiquement et donc
politiquement.6
Ce retard relève enfin d’une
nécessité stratégique de l’impérialisme. L’arme de l’embargo commercial —
pas seulement l’arme de la faim — mais surtout la pénurie en moyens de
production ne pouvant être produits dans le pays, « assure » les puissances
impérialistes de la pérennité de leur système esclavagiste : aussi longtemps
que ces pays ne peuvent produire eux mêmes les moyens de production
nécessaires à leur économie, ils sont condamnés à en importer les produits.
Importer ces machines, c’est acheter des marchandises produites dans un pays
impérialiste contre des marchandises fabriquées dans un pays dépendant où la
valeur de la force de travail (et donc des marchandises produites) est
considérablement réduite. C’est donc en définitive cet échange marchand
obligatoirement inégal qui constitue le moteur principal de
l’endettement des pays dépendants. Ces pays en arrivent rapidement à une
situation comparable à celle des ménages surendettés, n’arrivant même plus à
rembourser les intérêts à leurs créanciers !7
C’est ce mécanisme
fondamental du capitalisme actuel qui constitue la base du néo-colonialisme
: les pays dits « indépendants » n’ont en fait qu’une indépendance formelle,
car ils sont économiquement asservis et leur développement est donc pour une
large part conditionné par les investissements du Capital étranger.
De même que la production marchande dans son
cadre national reproduit le capitaliste comme capitaliste et le prolétariat
comme prolétariat, de même le commerce international reproduit un pays
impérialiste comme pays impérialiste et un pays dépendant comme pays
dépendant. C’est une règle qui connaît peu d’exceptions (nous verrons dans
un prochain travail que la Chine est l’une de ces exceptions et comment elle
a pu passer du statut de pays dépendant à celui d’un pays en passe de
devenir aujourd’hui une superpuissance impérialiste de premier plan).
Ce mécanisme reproduit donc en définitive
sous une forme à peine modifiée la propriété privée des moyens de
production, mais cette fois appliquée à l’échelle internationale : un
pays impérialiste est un pays possédant une industrie de production des
moyens de production et usant de cette suprématie pour prolétariser des
pays entiers qui en sont dépourvus !
Nous pouvons maintenant nous pencher sur la
signification réelle de ce que la bourgeoisie nomme hypocritement « le
problème de l’immigration ».
Les pays dépendants, s’ils sont certes « en
voie de développement », ne peuvent donc être dans la plupart des cas
qu’en voie de prolétarisation. Or on sait que la prolétarisation à
l’échelle nationale crée des flux de main-d’œuvre qui suivent les
oscillations de la loi de la valeur.
Les flux migratoires internationaux
illustrent la division entre pays impérialistes et pays dépendants
(coloniaux ou néo-coloniaux). Ils reflètent l’exploitation qui règne au sein
des pays dépendants, ainsi que l’exploitation de ces pays dépendants par
rapport aux pays impérialistes qui les exploitent. L’afflux de main d’œuvre
immigrée vers les métropoles est ainsi un résultat « nécessaire » de cette
exploitation. En 1965, le nombre de migrants dans le monde s’élevait à 45
millions de personnes, durant l’année 2000 il a dépassé le chiffre de 120
millions. Bien entendu ces 120 millions de migrants n’ont pas tous afflué
dans les métropoles impérialistes. D’après les chiffres fournis par le
Bureau International du Travail, l’analyse des flux migratoires
concernant 152 pays a montré que de 1970 à 1990 le nombre de pays classés
comme grands pays d'accueil de travailleurs migrants a augmenté de 39 à 67.
Pendant la même période, le nombre de pays appartenant à la catégorie des
pays d'émigration est passé de 29 à 55. Il n’est pas rare qu’un pays
appartienne à la fois à la catégorie des pays d'émigration et à celle des
pays d'accueil (4 pays en 1970, 15 en 1990), particulièrement dans le cas
des pays dits « émergeants » : par exemple en 1997, un manœuvre indonésien
gagnait 0,28 dollar par jour dans son pays contre 2 dollars ou plus par jour
dans la Malaisie
voisine. Le
sens des flux internationaux des migrants est ainsi fonction des différences
entre les valeurs de la force de travail.
En 1995, le coût horaire de la main-d'œuvre
de l'industrie manufacturière était par exemple de 0,25 dollar en Inde et en
Chine, 0,46 en Thaïlande, 0,60 en Russie, 1,70 en Hongrie et 2,09 en Pologne
contre 13,77 au Royaume-Uni, 14,40 en Australie, 16,03 au Canada, 17,20 aux
États-Unis, 19,34 en France, 23,66 au Japon et 31,88 en Allemagne.
Les flux migratoires importants s’observent
ainsi 1° des pays dépendants vers les pays impérialistes, 2° des pays
dépendants les plus pauvres vers les pays dépendants « ateliers » ou
investit l’impérialisme, et enfin 3° entre pays impérialistes (il n’est pas
rare que des travailleurs français choisissent de devenir des travailleurs
frontaliers en Allemagne ou en Suisse.)
Sous la domination de l’impérialisme, le
« libre trafic de soi-même » des esclaves salariés a donc pris des
proportions encore plus gigantesques comparé à celui des esclaves noirs qui
se chiffrait en dizaines de millions de personnes.
Comment pourrait-il en être autrement sur le
« libre marché » international ? Comment les milliards de chômeurs partiels
et complets — mais aussi ceux qui ont du travail et qui gagnent tout juste
de quoi ne pas mourir de faim — pourraient-ils ne pas espérer pouvoir vendre
ailleurs — c’est-à-dire là où il y a moins de chômage et où les conditions
de l’esclavage salarié sont plus adoucies — leur force de travail sur le
marché international du travail ? Sous le capitalisme, les perdants ne
disparaissent en général pas « par enchantement », ils tentent leur chance
ailleurs !
Pour éviter « l’égalisation » internationale
des conditions de l’esclavage salarié, la bourgeoisie impérialiste doit donc
s’efforcer « d’étanchéiser » les frontières de ses métropoles ! Sans quoi ce
serait véritablement le nivellement par le bas le plus radical : la
concurrence entre les travailleurs jouerait de la manière la plus totale,
la plus libre et ne tarderait donc pas à ramener le montant du salaire moyen
à son minimum physiologique. Ce serait évidemment signer l’arrêt de mort du
capitalisme !
Or, puisque
« … le trafic de soi-même à l'intérieur
entraîne nécessairement le trafic à l'extérieur »,8
la
bourgeoisie des pays impérialistes doit nécessairement ériger des barrières
protectionnistes à l’égard de la marchandise « force de travail » étrangère.
On connaît depuis longtemps le principe du
protectionnisme économique, c’est-à-dire les mesures restrictives prises par
la bourgeoisie impérialiste à l’égard des marchandises étrangères pour
éviter que ne se produisent des échanges marchands ou des rachats
d’entreprises jugés « défavorables ». Il y a peu de temps, on entendait
encore les gémissements du gouvernement impérialiste français sur
l’inondation du marché par les textiles chinois ou bien dernièrement encore
les médias bourgeois s’offusquer de l’OPA « sauvage » et « hostile » de
l’indien Mittal Steel lancée sur Arcelor !!!
Sous la domination impérialiste, ce
protectionnisme est également étendu au marché international de la force de
travail humaine : la « lutte contre l’immigration » est donc en définitive
une mesure protectionniste destinée à éviter le libre jeu de la loi de la
valeur à l’échelle du marché international du travail !
Pour les intérêts de la bourgeoisie
impérialiste, ce protectionnisme ne doit cependant pas être total : un
interprète lucide de ses intérêts, Kofi Annan, soulignait ainsi que sans
l’immigration la population de l’Europe des 25 déclinerait d’ici le prochain
demi-siècle, ce qui poserait des problèmes de main-d’œuvre pour faire
tourner certains services de l’économie et que ce problème se poserait
également pour le Japon et la Russie. Il concluait de ceci :
« L'immigration n'est
pas une panacée, mais toute solution à ces problèmes passera nécessairement
par elle. Il est certain que l'Europe restera un aimant pour les habitants
d'autres continents. »9
Il définissait ainsi en des
termes moins « crus » — c’est-à-dire plus hypocrites et donc moins prompts à
soulever l’indignation — ce que Nicolas Sarkozy appelle aujourd’hui
« l’immigration choisie » : une immigration régulée selon les besoins
spécifiques des métropoles impérialistes en main-d’œuvre.
Qu’est donc devenue la sacro-sainte «
liberté de circulation » des marchandises et des personnes si chère aux
propagandistes de la bourgeoisie ? Elle est devenue la liberté la plus
complète pour les impérialistes d’exploiter et de piller impunément leurs
« zones d’influences ». Par contre cette « liberté » s’est transformée pour
l’immense majorité des populations de ces pays dépendants en une
assignation à résidence, en une condamnation à vie à fournir le gros de
l’armée du travail de réserve. L’impérialisme doit en effet toujours avoir à
sa disposition un abondant réservoir de main d’œuvre pour maintenir la
pression sur le marché du travail et éviter que la valeur de la force de
travail ne s’élève « trop » au dessus du minimum vital !
La « liberté de circulation » a donc subi le
même sort que ces autres slogans du libéralisme « pur » que sont la défense
de la « propriété privée » et de la « liberté d’entreprise ». Le « droit à
la propriété privée » n’est rien d’autre que le droit d’une minorité
exploiteuse de posséder en propre les moyens de production de la société, ce
droit d’une minorité signifie donc que la majorité, elle, est lésée de ce
droit, lequel devient donc synonyme pour les travailleurs de condamnation à
vie à l’esclavage salarié. De même la « liberté d’entreprise » est la
liberté pour une minorité possédante d’exploiter comme bon lui semble la
main d’œuvre salariée, c’est donc en fait l’absence totale de droits et de
protections au travail pour les travailleurs forcés pour subsister de vendre
leur force de travail à cette classe d’exploiteurs !
On voit par là combien Lénine avait raison
de souligner qu’en définitive, la « démocratie » bourgeoise — qui a pour
fondements les trois libertés susmentionnées — était inévitablement un
paradis pour les riches, mais un leurre et un piège pour
les exploités !
Venir parler de « démocratie » aux exploités
et aux chômeurs des pays impérialistes relève déjà de la démagogie, mais que
dire des politiciens bourgeois des pays impérialistes qui prétendent amener
le « progrès » et la « démocratie » dans les pays qu’ils pillent ?
Discriminations, racisme et fascisme, inséparables
compagnons de route du capitalisme
Avant que ne s’ouvre l’époque des
révolutions prolétariennes et que ne soit mis à l’ordre du jour
l’expropriation de tous les exploiteurs
« … « il était admis » de penser que le monde
est divisé depuis un temps immémorial en races inférieures et supérieures,
en Noirs et Blancs, les premiers inaptes à la civilisation et voués à
l'exploitation, et les seconds, seuls agents de la civilisation, appelés à
exploiter les premiers. »10
C’est
ce que disaient sans détour les politiciens bourgeois il n’y a pas si
longtemps encore pour justifier le colonialisme :
« Si la France veut rester un grand pays,
elle doit porter partout où elle peut sa langue, ses mœurs, son drapeau, ses
armes et son génie. ... Il faut dire ouvertement que les races supérieures
ont un droit vis-à-vis des races inférieures… Elles ont le devoir de les
civiliser », affirmait ainsi Jules Ferry.
Depuis l’antiquité, les peuples dits «
barbares » ont ainsi fourni un contingent de main d’oeuvre à réduire en
esclavage. Le capitalisme ne fait pas exception, puisqu’il est né du
commerce « juteux » d’esclaves qui a rendu possible la mise en valeur de
territoires « vierges » — c’est-à-dire
d’où les populations indigènes avaient été chassées ou éliminés (Amérique,
Australie) — et ainsi étendu le commerce
international qui a permis l’accumulation de capitaux entre les mains d’un
nombre restreint de marchands qui les investissèrent dans les manufactures
naissantes. La traite des esclaves et le commerce triangulaire ont
assurément été pour le capitalisme un « engrais » qui en a prodigieusement
accéléré le développement.
Les révolutions bourgeoisies des 17ème
et 18ème siècles (en Angleterre et en France par exemple)
proclamèrent la fin du féodalisme et du servage pour la masse des paysans
serfs. En échange, elle fit des travailleurs surnuméraires qui quittaient
les campagnes (parallèlement à la différenciation de la paysannerie) des
travailleurs « libres », c’est-à-dire des esclaves salariés, « légalement »
émancipés, mais toujours économiquement asservis. En fait, au 19ème
siècle, la liberté restait toujours ouvertement la liberté des riches et des
propriétaires, y compris dans le domaine du droit juridique et politique
— ce qu’illustrait parfaitement le
suffrage censitaire. De la même façon, « les droits de l’homme » ne valaient
pas pour les « gens de couleurs » en Afrique, en Asie ou sur le continent
américain. La reconnaissance des « droits de l’homme » aux exploités des
pays industriels eût donc pour contrepartie l’esclavage le plus brutal des
peuples des colonies. Il fallut attendre la fin du 19ème siècle
pour que fût en général aboli l’esclavage. Il fallut attendre la deuxième
moitié du 20ème siècle pour que soient reconnues aux non-blancs
des libertés politiques et juridiques comparables aux exploités blancs.
Et pourtant, là encore, même dans ce domaine
il a subsisté tout au long du 20ème siècle des tendances lourdes
au racisme, à l’apartheid social. Ainsi, aux USA, durant la première moitié
du 20ème siècle, la population afro-américaine souffrait toujours
largement de la discrimination, par rapport au travail, à l’école, dans
l’armée. Aujourd’hui, rien n’est véritablement réglé : les communautés
noires et hispaniques vivent le plus souvent ghettoïsées et marginalisées.
Aujourd’hui encore aux USA, malgré le fait qu’une minorité afro-américaine
ait réussi à se faire une place dans les grandes administrations de la
société capitaliste, la discrimination persiste encore pour l’immense
majorité des latino et des afro-américains.
Comment expliquer cette persistance à la
travers les siècles ?
Ils nous faut d’abord marteler cette vérité
que le racisme apparaît et s’épanouit là où il y a exploitation ! Le
racisme sert par conséquent à « justifier » l’exploitation. Les nouveaux
esclavagistes ne parlent aujourd’hui plus de peuples « barbares » ou «
arriérés », tout juste bon à déporter et à coloniser. Ils préfèrent à ces
dénominations « crues », d’autres moins choquantes, qui tout en préservant
le contenu, savent le présenter sous une forme plus
acceptable. Les politiciens bourgeois ont ainsi préféré parler de la «
mission civilisatrice » de la « démocratie » et partant de là de la «
contribution » qu’elle apporte au « développement économique et social » de
ces pays.
Avec l’avènement du mode de production
capitaliste le racisme a pris des proportions gigantesques : le racisme est
avant tout le reflet de la stratégie (néo-)colonialiste de l’impérialisme.
Avec l’évolution du capitalisme à son stade impérialiste, le racisme est
devenu un article de foi de la bourgeoisie.
La bourgeoisie qui essaie parfois
d’amalgamer la lutte de classe révolutionnaire à une sorte de « racisme de
classe » à son égard n’a pas de leçons à nous donner, à nous jeunes
marxistes-léninistes, elle qui pratique quotidiennement à une échelle
planétaire un véritable apartheid qui permet certes de conserver
leurs « chaînes dorées » à quelques centaines de millions de ses esclaves
les plus privilégiés (de moins en moins nombreux dans l’actuelle période de
récession économique), tandis que des milliards d’autres n’ont aucune réelle
perspective d’avenir.
Nous ne demandons pas par là aux
travailleurs des pays impérialistes de « prendre sur leurs épaules toute la
misère du monde », ni même « une partie » à la manière des néo-colonialistes
honteux11,
mais seulement de soutenir la juste lutte de leurs frères
et leurs soeurs qui vivent dans la misère dans le monde à cause de la
domination de l’impérialisme. C’est ainsi que les travailleurs des pays
impérialistes doivent soutenir le combat des palestiniens contre
l’impérialisme Israélien ainsi que la résistance irakienne contre
l’occupation impérialiste coalisée. C’est ainsi que les travailleurs
français doivent soutenir les peuples d’Afrique occidentale placée sous la
tutelle de l’impérialisme français et des accords économiques asservissants
de la zone-franc.
«… à
l'opposé des proudhoniens, qui « niaient » la question nationale « au nom de
la révolution sociale », Marx mettait au premier plan, en considérant
par-dessus tout les intérêts de la lutte de classe du prolétariat des pays
avancés, le principe fondamental de l'internationalisme et du socialisme :
un peuple qui en opprime d'autres ne saurait être libre. »12
A l’opposé des anarchistes
et des trotskistes d’aujourd’hui dont le pseudo-internationalisme nie la
question nationale et coloniale (puisqu’ils nient la possibilité d’édifier
le socialisme dans un seul pays dans les conditions de l’encerclement
capitaliste), nous soutenons le droit de séparation des colonies en vue de
la rupture de la chaîne de l’impérialisme. Ainsi ces peuples opprimés auront
réellement les moyens de leur libération économique, sociale et politique et
retrouveront leur véritable dignité, ainsi ils pourront oublier le temps où
leurs politiciens corrompus mendiaient en esclaves les « aides »
internationales auprès des créanciers impérialistes. L’expérience de 40
années d’Albanie socialiste a démontré que ce point de vue était
parfaitement correct, même dans le cas de pays économiquement très arriérés.
C’est pourquoi notre mot d’ordre est « Libération des colonies de joug de
l’impérialisme » et « Impérialisme français hors de l’Afrique » !13
Comme Karl Marx, nous
affirmons qu’ « un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre ».
La libération des pays dépendants du joug de l’impérialisme sera un puissant
facteur pour hâter la révolution socialiste dans les pays impérialistes. Ce
soutien internationaliste des travailleurs des métropoles impérialistes aux
travailleurs des pays néo-coloniaux est en effet synonyme d’une lutte sans
concession contre notre propre bourgeoisie !
Dans ces conditions, les travailleurs
devront prendre garde au danger du fascisme, quand la bourgeoisie estimera
son pouvoir trop menacé pour s’autoriser à maintenir les libertés politiques
formelles qu’elle accorde en « temps de paix » à ses esclaves.
Le fascisme a pour fondations le
nationalisme, l’anticommunisme et l’antiparlementarisme :
il est la synthèse de la domination de l’impérialisme et des entreprises
monopolistes en même temps qu’il est l’expression la plus pure de la
tendance à la réaction de l’impérialisme.
Son nationalisme, c’est le
colonialisme ou l’expansionnisme à l’extérieur et le protectionnisme à
l’intérieur, résultats de la production marchande et du commerce
international.
Son anticommunisme provient de la
haine de classe : c’est la haine viscérale que la bourgeoisie a pour le
mouvement ouvrier et communiste, conséquence naturelle de sa position
sociale de propriétaire privée des moyens de production et donc de son
statut de classe exploiteuse.
Son antiparlementarisme, c’est ce qui
lui donne les moyens adéquats en vue de la répression du mouvement ouvrier ;
le rejet des libertés démocratiques formelles, devenues dangereuses pour la
survie du capitalisme en crise. Les exploiteurs ne quittent jamais la scène
historique sans livrer une résistance acharnée. Le fascisme lui donne les
moyens de maintenir sa domination dans les situations de crise. L’absence de
gouvernement fasciste dans les pays impérialistes depuis des décennies ne
prouve aucunement le caractère « pacifique » ou « démocratique » de la
bourgeoisie impérialiste : il n’est seulement là que pour prouver l’extrême
faiblesse du mouvement communiste marxiste-léniniste et l’inexistence d’une
véritable lutte de classe prolétarienne : le révisionnisme a su jusqu’alors
donner toutes les assurances au Capital que sa domination ne serait pas
remise en cause.
Quand la bourgeoisie opte pour le fascisme,
c’est avant tout comme le soulignait Staline, un aveu de faiblesse. C’est
l’aveu de son impuissance devant l’essor du mouvement anti-impérialiste et
anti-capitaliste qui pousse la bourgeoisie à la répression armée du
mouvement ouvrier.
A travers le fascisme, la bourgeoisie essaie
en fait de rétablir l’équilibre économique et social rompu, mais ce
rétablissement ne peut se faire que sur la base de nouveaux rapports de
classes plus en phase avec la base économique du capitalisme monopoliste. La
« trop grande » liberté politique concédée aux esclaves salariés, même
formelle, est en effet incompatible à long terme avec leur total
asservissement économique. Quand la crise économique et sociale est trop
exacerbée, quand le changement des attelages gouvernementaux ne parvient
plus à résoudre la crise politique qui vient s’entremêler à la crise
économique et sociale, alors il ne reste plus aux exploiteurs qu’à mettre en
accord l’esclavage économique des travailleurs avec le déni de leurs
libertés politiques ! (c’est un saut dialectique qui aboutit à un
affrontement dont l’issue ne peut être que la victoire de la réaction ou
bien celle de la révolution socialiste).
Pour les travailleurs, il n’est évidemment
pas de peu d’importance que la forme démocratique-bourgeoise du capitalisme
soit maintenue aussi longtemps que possible, tout au moins le temps de se
préparer à l’assaut contre les positions de la bourgeoisie. Il n’est pas
indifférent de savoir si les exploiteurs s’adressent au prolétariat sur le
ton « démocratique » du « cause toujours », ou bien sur le ton fasciste du
« ferme ta gueule » ! Assurément, il y a une différence !
La démocratie bourgeoise ne peut parvenir à
conserver son masque « démocratique » qu’aussi longtemps que les esclaves
salariés se désintéressent dans leur grande majorité de la politique,
qu’aussi longtemps que les discours républicains « pluralistes » et
démagogiques ont prise sur les masses exploitées, qu’aussi longtemps que les
travailleurs ne revendiquent pas ouvertement la nécessité de mettre
en adéquation les libertés politiques formelles gagnées avec les libertés
économiques qui leur font défaut et qui font de la « démocratie » bourgeoise
ce piège pour les exploités dont parlait Lénine.
Les partis ouvertement fascistes (comme le
FN en France) ne sont donc que la partie visible de « l’iceberg », leur
existence démontre la tendance constante du capitalisme à la réaction, en
même temps qu’il fournit un alibi à la « démocratie bourgeoise », à « l’Etat
de droit républicain ». Le risque est alors l’idéalisation de la «
démocratie » bourgeoise. Il ne faut pas oublier que le fascisme n’est pas
plus le fait d’un « fou enragé » que le fait d’un malheureux « accident » de
l’histoire : il est avant tout le produit de circonstances économiques et
sociales objectives, et plus important que tout, c’est une tendance qui
englobe potentiellement tous les Partis liés au Capital, et qu’on ne
peut donc réduire aux seuls partis reconnus comme fascistes, sans quoi on
reste prisonnier, qu’on le veuille ou non, de la conception
bourgeoise-républicaine du fascisme.
« A cet
égard, la victoire du fascisme en Allemagne, il ne faut pas la considérer
simplement comme un signe de faiblesse de la classe ouvrière et comme le
résultat des trahisons perpétrées contre elle par la social-démocratie qui a
frayé la route au fascisme. Il faut la considérer aussi comme un signe de
faiblesse de la bourgeoisie, comme un signe montrant que la bourgeoisie
n'est plus en mesure d'exercer le pouvoir par les vieilles méthodes du
parlementarisme et de la démocratie bourgeoise, ce qui l'oblige à recourir,
dans sa politique intérieure, aux méthodes terroristes de gouvernement ;
comme un signe attestant qu'elle n'a plus la force de trouver une issue à la
situation actuelle sur la base d'une politique extérieure de paix, ce qui
l'oblige à recourir à une politique de guerre. »14
La base sociale du
fascisme, c’est d’abord la domination du grand Capital monopoliste si
caractéristique de l'époque impérialiste, le capital financier : « Le
fascisme, c'est le pouvoir du capital financier lui-même », disait ainsi
Dimitrov.
C’est ensuite le soutien apporté par les
petits patrons et les petits commerçants qui craignent les travailleurs bien
plus que le grand Capital. En cas de crise économique, politique et sociale
majeure, c’est donc la bourgeoisie dans son ensemble ainsi que les
groupes sociaux ayant antérieurement profité des retombées de l'exploitation
du prolétariat dont elles s'étaient accommodées, qui sont susceptibles de se
tourner vers le fascisme, ce qui n'exclut pas que par la suite, certaines
couches petites-bourgeoises puissent être amenées à pâtir de la dictature du
Capital financier.
« Dépassant en cynisme et en hypocrisie toutes les autres variétés de la
réaction bourgeoise, le fascisme adapte sa démagogie aux
particularités nationales de chaque pays et même aux particularités des
différentes couches sociales dans un seul et même pays. Et les masses de la
petite bourgeoisie, voire une partie des ouvriers, poussés au désespoir par
la misère, le chômage et la précarité de leur existence, deviennent victimes
de la démagogie sociale et chauvine du fascisme. »15
Nous devons ensuite
insister sur le fait que les politiciens chevronnés de la bourgeoisie,
qu'ils soient les instruments de la démocratie bourgeoise ou du fascisme, ne
sont en fait que des pions et du menu fretin. Ceux qui tirent les ficelles
et qui disposent du véritable pouvoir décisionnel, ce sont ceux qui
détiennent entre leurs mains le pouvoir économique. Les politiciens
bourgeois ne sont pas « indépendants
», ni
« au dessus des conflits de classes
». Ils ne sont que les instruments dont use la bourgeoisie
pour gouverner sans avoir à trop s'exposer, pour faire croire que le pouvoir
se trouve dans les parlements alors que le pouvoir des parlements bourgeois
n'est que formel et qu'il n'a pour seule fonction le fait de donner
l'illusion aux travailleurs que les décisions prises sont l'expression de la
« volonté populaire
», alors qu'elles sont issues de directives données par le Capital —
ce qu'a prouvé récemment de manière particulièrement évidente l'acharnement
du gouvernement Sarkozy à défendre la directive Bolkenstein, tâche qui lui
avait été assignée par le MEDEF !
La directive Bolkenstein illustre la volonté
de la grande bourgeoisie monopoliste européenne de réaliser la libre
concurrence sur le marché du travail intra-communautaire. Cette recherche du
maximum de profit, qui est nécessaire pour renforcer les positions du bloc
impérialiste européen par rapport à ses concurrents les plus puissants,
notamment américains et japonais, aurait évidemment conduit à des attaques
tous azimuts contre les salaires et à la précarisation effrénée des
travailleurs. Ceci ne pourrait aboutir qu'à effriter et à fragiliser l'idée
de « modèle social français » si utile à la bourgeoisie dans sa
mystification des travailleurs. La mise en oeuvre de cette directive a été
défendue par les principaux partis de droite comme « de gauche ». Au sein du
PS, cette campagne a démontré la fracture béante entre le cercle dirigeant
(qui se fait l'écho du lobbying du Capital financier européen) et la base du
Parti davantage attachée à la préservation du « modèle social français ».
Le fait que le Capital financier ait
finalement décidé de reculer (de manière provisoire, nous tenons à le
souligner), a démontré qu'il n'est pas encore prêt à passer outre cet
avertissement, et qu'il estime finalement (à la vue de la fronde populaire
quasi-générale) que le passage en force de cette mesure peut lui apporter
bien plus de désagréments que d'avantages, notamment en décrédibilisant
totalement et de manière jugée certainement trop prématurée, les
institutions dites « représentatives » du parlementarisme bourgeois, puisque
mettant à nu de façon trop évidente le diktat du Capital financier (ce
risque a été évoqué à mots à peine voilés par certains politiciens bourgeois
« de gauche » ou « d'extrême gauche »). Le risque pour la classe bourgeoise
toute entière est en effet à terme de provoquer un essor important du
mouvement anti-capitaliste, danger que certaines couches de la petite et de
la moyenne bourgeoisie ont très bien compris et qui a motivé leur opposition
à cette mesure. La construction du bloc impérialiste européen constitue
comme on le voit un facteur important d'aggravation du danger fasciste.
En définitive, les politiciens bourgeois
sont le personnel politique donnant l'assurance aux exploiteurs de
l'efficacité des mystifications démocratiques et donnant le change aux
démocrates bourgeois qui prennent les apparences pour la réalité,
persuadés du caractère « démocratique
» du parlementarisme bourgeois. Quand le Capital financier décide que
le moment est venu de passer à la forme de gouvernement fasciste, le
parlement bourgeois est proclamé inutile et la bourgeoisie impérialiste
prend elle-même directement ses affaires en main, en se passant de ces
intermédiaires dans lesquels le peuple n'a plus confiance.
« Le
fascisme livre le peuple à la merci des éléments vénaux les plus corrompus,
mais se présente devant lui en revendiquant un « pouvoir honnête et
incorruptible ». En spéculant sur la profonde déception des masses à
l'égard des gouvernements de démocratie bourgeoise, le fascisme s'indigne
hypocritement contre la corruption (par exemple, les affaires Barmat et
Sklarek en Allemagne, l'affaire Staviski en France, et une série d'autres).
»16
Ce qui détermine en
définitive le caractère si putride et si précaire du fascisme, c'est qu'une
fois le parlementarisme supprimé, il n'est plus possible de longtemps
détourner la colère croissante des exploités en
« critiquant
» tel ou tel ministre ou tel ou tel
gouvernement. L'aggravation du chômage, de l'inflation, de la crise
économique, du joug militaire et policier sur toute la société, tels qu'ils
accompagnent inévitablement le fascisme, agissent en effet comme de
puissants facteurs de décomposition devant nécessairement amener la grande
masse des travailleurs à la remise en cause de la domination économique,
politique et militaire du Capital lui-même.
« Même
quand on veut démolir le progrès, on le fait avancer. », disait Henri
Barbusse.17
Dans la situation actuelle,
l'impérialisme français n'a pas encore opté pour la dictature terroriste,
mais les conditions objectives mûrissent : la récession économique
s'approfondit tandis que les crises sociales et politiques se multiplient.
Dans ces conditions, l'inexistence d'un Parti marxiste-léniniste authentique
fournit l'assurance au Capital que les travailleurs seront impuissants et
désarmés en cas de crise majeure. Dans ces conditions, notre progrès,
celui de la révolution socialiste, sera acquis au prix de souffrances bien
plus grandes que si les communistes sont suffisamment prêts.
Habituellement, en usant de la dictature
fasciste, les capitalistes
« s'efforcent de devancer la montée des forces de révolution en
écrasant le mouvement révolutionnaire ».18
Quand les communistes sont
inexistants sur le plan politique (ce qui est le cas à l'heure actuelle) ou
qu'ils ont insuffisamment préparé les travailleurs à la lutte contre le
fascisme (comme c'était le cas pour le PCF des années 1930), le risque est
de voir se reproduire la tragédie allemande où les
« milieux
impérialistes ont réussi, avant le tournant décisif des masses vers
la révolution, à infliger une défaite au prolétariat et à instaurer la
dictature fasciste. »19
Ayant bien en vue cet
avertissement, on comprend sans difficulté le danger qui existe à continuer
— comme le font actuellement les organisations
« marxistes-léninistes
» autoproclamées — d'essayer de se
faire plus grosses que le boeuf. Ceux qui sont aujourd'hui pleins de
suffisance devant la réalité (de délabrement !) du mouvement
marxiste-léniniste ou qui pensent pouvoir prendre leur temps de construire
bien tranquillement « étape par étape
» le Parti dont ont besoin les communistes, seront aussi les premiers
à se mettre la tête dans le sable quand la réalité sera celle de la victoire
de la dictature fasciste et de la totale impréparation des travailleurs et
des couches populaires face à ce danger. Cette attitude relève d'un crime
pur et simple commis envers les travailleurs car elle fournit une aide
importante à la bourgeoisie en empêchant le regroupement des forces
anticapitalistes. En outre, c'est laisser la grande masse des travailleurs
baigner dans l'apolitisme ou les soumettre à l'emprise de l'influence des
sociaux-démocrates, de la pseudo-«
extrême gauche » et des faux
mouvements alternatifs, symbolisés par ATTAC, les Verts et José Bové. En
conséquence, tous ceux qui refusent de faire de l'unification du mouvement
marxiste-léniniste c'est-à-dire du regroupement de tous les
marxistes-léninistes authentiques au sein d'un seul Parti la tâche
principale des communistes de notre époque, et donc de donner à ce travail
la priorité absolue sur toutes les autres tâches bornées que se sont
fixées chaque groupe, se trompent et trompent leurs militants. Les chefs de
ces groupes en porteront la responsabilité historique et ne pourront pas
dire « qu'ils ne savaient pas
» ou
« qu'ils ne pouvaient pas imaginer »
! Ils devront seulement reconnaître qu'ils n'étaient pas à la hauteur des
tâches exigées par les bouleversements de leur époque, bref, qu'ils
n'avaient de « marxiste-léniniste
» que l'étiquette politique ! Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si
ces mêmes « marxistes-léninistes
» autoproclamés, quand ils sont amenés à envisager le combat contre le
racisme et le fascisme, se « complaisent à ne pas dépasser le niveau
bourgeois » ! (dont nous allons voir ensuite en quoi il consiste).
«
L'antifascisme » des courants
démocrates-bourgeois est toujours circonscrit à ce qui est permis par
l'idéologie petite-bourgeoise. Cet «
antifascisme » est donc incapable de
comprendre le fascisme dans sa globalité économique, politique et sociale.
Cet « antifascisme
» est ainsi contraint de se traîner à la remorque du fascisme et il
est toujours incapable de s'y opposer efficacement puisque retardant
toujours d'une longueur sur la réaction. Cet
« antifascisme » ne peut pas
guider les travailleurs dans leur combat contre le fascisme, qui est en
définitive une partie intégrante du combat plus général contre
l'impérialisme et le joug du Capital. Cet «
antifascisme » ne peut donc en
définitive que servir la réaction, en refusant de mobiliser les forces
révolutionnaires. C'est dans ce sens qu'Henri Barbusse disait :
« Tout ce
qui n'est pas révolutionnaire est conservateur — même les réformistes sont
absorbés à mesure dans le bloc de conservation sociale — même les neutres et
les indifférents y pèsent de leur poids mort... Qu'on le répète pour
enfoncer le clou : S'il n'est pas révolutionnaire, le non-conservateur, quoi
qu'il dise ou fasse, est conservateur. Le juste milieu est une réaction qui
se voile la face. »20
Voilà ce qu’il en est des
traits essentiels du fascisme et des axes de lutte à développer contre ce
danger.21
Le racisme est une des composantes du fascisme, mais il ne lui est pas
réductible : le racisme est simplement ce paratonnerre dont use la
bourgeoisie pour affaiblir le mouvement ouvrier et l'engager plus aisément
sur la voie du fascisme.
Cela est si vrai qu’aujourd’hui la
social-démocratie reprend les thèmes de campagnes racistes d’ordinaire en
usage chez les fascistes, en essayant de les rendre plus présentables (ce
pourquoi il faut leur ôter leur vernis raciste). Les discours racistes
d’aujourd’hui ne sont plus ceux du racisme « grossier » d’un Hitler, tentant
de démontrer « biologiquement » la « supériorité » d’une race sur les autres
afin de justifier sa domination sur les autres peuples, c’est un racisme
plus « subtil », qui en revient aux racines sociales du racisme, dans
le sens qu’il n’est plus un racisme « noirs contre blancs », mais un racisme
qui met à nu de manière directe le lien social qui existe entre le racisme
et l’oppression sociale provenant de l’exploitation des immigrés en
métropole et du pillage des pays dépendants.
La bourgeoisie française n’est pas encore
suffisamment menacée aujourd’hui pour recourir aux méthodes fascistes de gouvernement, ce qui ne l’empêche nullement d’utiliser l’arme de la
discrimination pour entraver le regroupement de forces des
travailleurs.
Les discours des politiciens « insécuritaristes »
ont cet autre « avantage » qu’ils contribuent à préparer l’opinion à un
futur régime fasciste. C’est évident quand Nicolas Sarkozy coupe l’herbe
sous le pied au FN en se proposant de « passer au kärscher » la « racaille »
des banlieues.
Cette tendance profonde de la démocratie
bourgeoise sous l'impérialisme, c’est la tendance vers la réaction politique que soulignait
Lénine. Cette tendance révèle l’impossibilité pour la bourgeoisie d’apporter
une solution aux problèmes économiques et sociaux. Acculée face aux échecs
inévitables des réformateurs « de gauche » (qui veulent le capital sans le
prolétariat), elle doit trouver des boucs émissaires : en la personne des
immigrés ils sont tout trouvés ! Les discours racistes et fascistes se
ramènent en définitive à : « Les étrangers prennent le travail des français
et sont la cause de l’insécurité, sans compter ce qu’ils coûtent au
contribuable français » !
En France comme aux USA, la réaction va
ainsi jusqu’à « disserter » sur ce que coûte l’immigration clandestine à la
société. D’après le Congrès américain, elle concernerait 11 millions de
clandestins en 2005 (certains chercheurs parlent de 20 millions) et
coûterait annuellement aux services publics 20 milliards de dollars, mais
rapporterait également 7 milliards de dollars de taxes et impôts. Une étude
généralement acceptée, publiée en 1997 par le Conseil national de la
recherche, conclut que le séjour des immigrés, clandestins ou réguliers, a
un impact fiscal négatif sur les services locaux et régionaux mais qu'au
niveau fédéral ces personnes coûtent moins en services qu'elles ne
rapportent en taxes. Ces 13 milliards de dollars de déficit ne sont
évidemment qu’une broutille à côté de ce que la bourgeoisie américaine
retire de cette main d’œuvre et du pillage des pays dont elle provient. On
sourirait presque de savoir que « l’immigration clandestine » est également
un des thèmes qui préoccupe actuellement le plus les médias américains quand
on met en balance ces 13 milliards de dollars avec les centaines de
milliards de dollars dépensés annuellement pour étendre les zones
d’influence de l’impérialisme américain.
En France, en 1999, c’étaient 14 millions de
personnes qui avaient un parent ou un grand parent d’origine immigrée. En
1999, la population française comptait 4,3 millions d’immigrés (dont
seulement 1,5 millions avaient la nationalité française). Près de 40 %
d’entre eux étaient originaires d’Afrique occidentale, du Maroc et de
l’Algérie. En 2003, sur les 130 000 nouveaux arrivants, 90 000 venaient
d’Afrique — la grande majorité des immigrés provient donc des pays inclus
dans la sphère d’influence de l’impérialisme français.
Il n’y a pas si longtemps que l’on entendait
des voix (celle de Nicolas Sarkozy le premier, alors Ministre de l'Intérieur) s’élever au sein de la
bourgeoisie se proposant de remettre au débat les « aspects positifs de la
colonisation » dans l’enseignement de l’histoire ! Si la majeure partie des
politiciens bourgeois ont préféré remettre à plus tard ce débat sur la
révision des programmes scolaires concernant la colonisation, c’est parce
qu’ils connaissent trop bien le danger qu’il y a à vouloir réécrire
l’Histoire, surtout par les temps qui courent où s’exprime de plus en plus
la révolte de la jeunesse d’origine immigrée des banlieues.
Si Jacques
Chirac a proposé de remettre à plus tard cette discussion, ce n’est pas
parce qu’il la désapprouve, mais c’est avant tout pour éviter de rendre trop
apparents d’éventuels rapprochements entre le durcissement de la politique
discriminatoire et répressive de la bourgeoisie à l’encontre des nouveaux
arrivants et des populations d’origine immigrée et la réaffirmation de la
légitimité de la mainmise de l’impérialisme français sur ses zones
d’influence. Conclure sur un bilan « globalement positif » de la
colonisation française en Afrique, c’est porter aux nues le
néo-colonialisme « démocratique », tout en se réservant le droit de se
livrer ultérieurement à des interventions armées ouvertement coloniales en Françafrique quand le besoin s’en fera sentir !
L’hypocrisie de la bourgeoisie atteint donc
des sommets quand elle proclame que, certes, elle rejette les immigrés « en
situation irrégulière » (ceux auxquels elle n’a pas daigné accorder un titre
de séjour), mais qu’elle est par ailleurs prête à accueillir les immigrés «
en règle » : « l’immigration légale » est en effet l’immigration qui
rapporte à l’impérialisme, en monnaie sonnante et trébuchante !
Pour les immigrés qui ne remplissent pas ce
critère d’entrée, il est aujourd’hui quasiment impossible de se procurer un
titre de séjour, même dans le cas d’un conjoint de français.
Au moment où les pays exploiteurs durcissent
les mesures prises à l’encontre des immigrés en situation irrégulière et de
leurs enfants, les politiciens bourgeois cherchent à légaliser «
l’immigration choisie ». Ce que les pays impérialistes font depuis plus d’un
siècle en cachette, « sous le manteau » de procédures d’entrée sélectives et
restrictives, la bourgeoisie française cherche aujourd’hui à le faire au
grand jour, sans avoir à donner d’autre justification que « nous n’avons pas
besoin de cet immigré-là à l’heure actuelle, il ne nous apporte rien que
nous n’avons déjà en pagaille : de la main d’œuvre docile, peu qualifiée et
bon marché », sans avoir à risquer de se sentir complexée ni d’éprouver de
honte !
Le 19 mai 1985 sur TF1, Jean-Marie Le Pen
conseillait d’expulser plusieurs centaines de milliers d’étrangers, «
d'abord les immigrés illégaux, ensuite ceux qui sont actuellement chômeurs
ou délinquants. » Il ne se prononçait donc pas contre l’immigration en
général, mais en faveur d’une forme « d’immigration choisie » !
Fin 2005, soit un peu plus de 20 ans après,
Nicolas Sarkozy reprenait le programme du FN et demandait l’expulsion des
délinquants d’origine immigrée. Début 2006, avec le projet de réforme du
Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA),
Nicolas Sarkozy entendait durcir les conditions du regroupement familial
(ressources, logement, avis du maire sur l’« intégration » de la famille),
et annonçait déjà « l’immigration choisie » : ne sera « acceptable » que
l’étranger perçu comme rentable pour l’économie française.
En d’autres
termes, c’est le pillage des diplômés formés à grand-peine dans les
pays dépendants pour palier à des manques de main-d’œuvre sectoriels en
métropole ! Lors
de son voyage en Afrique au mois de mai 2006 pour présenter son projet de
réforme du CESEDA aux politiciens corrompus de la françafrique, Nicolas
Sarkozy a du affronter la colère justifiée d’africains venus lui dire que sa
« visite, elle, n’avait pas été choisie » et d’ajouter : « raciste »
« néo-colonialiste » ! A Cotonou au Bénin ou à Bamako au Mali, c’est cet
accueil lui a été réservé. Face à ce déluge de mesures discriminatoires, on
a entendu certains reprocher à Nicolas Sarkozy d’avoir « trahi », étant
lui-même « fils d’immigré », pourtant, l’incohérence n’est qu’apparente.
S’il est vrai que Sarkozy est effectivement un « fils d’immigré », il est
non moins vrai que ses origines sont celles d’une famille d’aristocrates
hongrois (des propriétaires terriens) ayant fui la Hongrie non pas en 1939
face aux nazis, mais en 1944 devant les victoires de l’Armée Rouge et donc
quand le spectre du communisme se profilait à l’horizon… La fuite de riches
dissidents « de marque » était alors pour la bourgeoisie occidentale
assimilable à une « immigration choisie ». On ne peut donc pas mettre dans
le même panier les immigrés « choisis » (riches ou diplômés et ayant donc le
souci de bien « faire leur nid » dans la société bourgeoise) avec les
immigrés n’ayant que leur force de travail à revendre (et donc intéressés au
renversement de l’oppression capitaliste) !
Dans la même veine réactionnaire et
sécuritaire, le 1er juin 2006, Ségolène Royal (présidentiable PS)
brisait le monopole sécuritaire du gouvernement Sarkozy-Villepin, soucieuse
de récupérer l’électorat de l’UMP en proposant « l’encadrement militaire »
des jeunes d’origine immigrée de plus de 16 ans « dès leur premier acte de
délinquance » et la mise sous tutelle des allocations familiales « dès la
première incivilité » des élèves !
Ainsi les droits fondamentaux des immigrés
sont bafoués et ces derniers légalement réduits à des « citoyens de
seconde zone » ! Comment les politiciens prétendant lutter contre le racisme
et l’intolérance peuvent-ils ensuite être crédibles quand ce sont les
premiers à institutionnaliser la discrimination des populations d’origine
immigrée ? Le Rapport annuel 2005 de l’Observatoire Européen des
Phénomènes Racistes et Xénophobes (EUMC) soulignait cet aspect
contradictoire de la politique officielle :
« Des
messages potentiellement contradictoires sont émis : d’un côté les
politiques de l’Union Européenne luttent contre toute manifestation de
racisme sur le marché du travail, et de l’autre les politiques de certains
Etats membres restreignent les droits des ressortissants de pays tiers ».
Mais bien sûr, comme nous l’avons vu
précédemment, cette contradiction n’est pas accidentelle : elle est
nécessaire pour donner le change aux naïfs et à leurs ONG « anti-racistes »
tout en poussant les travailleurs sur le chemin du racisme.
Ce même rapport de l’EUMC souligne que
partout en Europe, certains secteurs du marché du travail sont en train de
« s’ethniciser », l’immigration fournissant le gros de la main d’œuvre dans
les secteurs de l’économie les plus mal rémunérés et où les conditions de
travail sont les plus mauvaises — en bref, dans
les secteurs où l’exploitation de la main d’œuvre salariée est la plus
brutale. Que les esclaves les plus opprimés de la bourgeoisie doivent
également endurer et subir le racisme et les discriminations de la part
d’autres travailleurs, ce n’est pas non plus un accident, mais un de ces «
raffinements subtils » (propres au tortionnaire) dont est si friand le
Capital. Dans cette logique, la bourgeoisie sera peut-être amenée un jour à
légiférer sur un système de castes, avec des métiers réservés aux immigrés
et d’autres plus valorisants et mieux rémunérés réservés aux « bons
français » !
Il ne faudra alors plus faire que quelques pas pour en revenir aux méthodes
de l’esclavage antique !
Plus la société bourgeoise se développe,
plus le racisme perd son apparence d’un simple conflit de « races » (ou de
communautés), plus se dévoile son contenu de classe, son contenu
anti-prolétarien et plus apparaît évident cette vérité que la lutte contre
le racisme et les discriminations ne peut être menée en dehors de la lutte
générale contre le capitalisme.
Avec le développement de la « démocratie »,
c’est-à-dire du commerce international et de l’exploitation
capitaliste-impérialiste qui engendrent un important brassage des
populations, les nations tendent de plus en plus à apparaître comme des
sociétés divisées en deux grands camps antagonistes, non pas en fonction de la
couleur de peau, mais en fonction de l’appartenance à telle ou telle classe
sociale. On ne peut comprendre le racisme si l’on en reste à sa définition
bourgeoise, quant à le combattre sans comprendre…
S’il est vrai
que la science a depuis longtemps réfuté le concept de race appliqué à
l’espèce humaine, il est non moins vrai que
cette réfutation revêt la même valeur que la réfutation des dogmes
religieux :
« La lutte
antireligieuse ne peut se borner à des prêches d'idéologie abstraits, elle
ne peut pas se ramener à cela, elle doit être liée à la pratique concrète du
mouvement de classe, qui tend à supprimer les racines sociales de la
religion. Pourquoi la religion tient-elle encore dans les couches arriérées
du prolétariat des villes, dans la généralité des semi-prolétaires, et le
gros des paysans ? A cause de l'ignorance du peuple, répond le progressiste
bourgeois, le radical ou le matérialiste bourgeois. Donc : à bas la
religion, vive l'athéisme, la propagande des idées irréligieuses est notre
tâche principale. Le marxiste dit : ce n'est pas juste. C'est une vue
superficielle. C'est une façon bornée, bourgeoise de « répandre les lumières
». C'est une vue insuffisamment profonde, qui expose les causes de la
religion d'une manière idéaliste et non matérialiste. Actuellement, dans les
pays capitalistes, les racines de la religion sont surtout sociales.
L'écrasement des masses laborieuses dans la société, leur apparente
impuissance devant les forces aveugles du capitalisme, qui cause aux
travailleurs chaque jour, à chaque heure, des souffrances mille fois plus
terribles et des tortures mille fois plus sauvages que les catastrophes
comme les guerres, les tremblements de terre, etc..., voilà la racine la
plus profonde de la religion à notre époque. »22
Face au capitalisme, la
réfutation purement « scientiste » du racisme et la lutte sur le terrain
purement « idéologique » contre celui-ci est nécessairement
insuffisante, puisqu’elle fait fi des conditions économiques et sociales qui
engendrent et renforcent à chaque heure ces tendances racistes :
l’oppression que le capitalisme exerce sur toutes les sphères de la société
bourgeoise, la concurrence exacerbée entre les travailleurs qu’elle divise
et rend ennemis. Cette division est évidemment renforcée entre les
différentes communautés qui vivent sur un même territoire. La bourgeoisie ne peut
évidemment pas regarder en face ces causes économiques objectives du
racisme (un même obscurantisme règne concernant « l’explication »
bourgeoise-républicaine du fascisme). Pour tromper les travailleurs, elle
doit donc inventer une explication pas trop « abracadabrantesque » et c’est
là que les recettes subjectivistes miracles de la psychologie viennent à la
rescousse :
« Les
attitudes racistes combattues par de nombreuses organisations tiennent pour
une bonne partie à des raisons psychologiques. Elles se fondent sur des
réactions de peur face à l'altérité et à l'incompréhension de l'inconnu, qui
engendrent des sentiments de haine et une violence parfois mal maîtrisée.
C'est précisément la complexité du phénomène qui rend difficile le combat
contre le racisme. »23
De quel plus beau constat
d’impuissance peut-on rêver ? Autant dire qu’aussi longtemps que la lutte
contre le racisme est détachée de la lutte pour le renversement des
conditions économiques capitalistes qui engendrent quotidiennement le
racisme, donc de la lutte pour la révolution socialiste, le « combat
antiraciste » est condamné à demeurer un combat donquichottesque !
Evoquant les racines sociales des guerres et
du racisme, Staline soulignait très justement ce que tous nos « humanistes »
n’arriveront jamais à comprendre, c’est-à-dire le fait que
« La méfiance nationale, l'isolement
national, la haine nationale, les conflits nationaux, ne sont bien entendu
point stimulés ni entretenus par je ne sais quel sentiment « inné »
d'agressivité nationale, mais par la tendance de l'impérialisme à asservir
les nations étrangères et par la peur qu'éprouvent ces nations face à la
menace de l'asservissement national. Il est hors de doute que tant que
subsistera l'impérialisme mondial, subsisteront cette tendance et cette
crainte. Et, par conséquent, dans l'immense majorité des pays subsisteront
et la méfiance nationale, et l'isolement national, et la haine nationale, et
les conflits nationaux. »24
Les démocrates
petits-bourgeois s’imaginent naïvement que le racisme est une tendance
psychologisante subjective et que les simples lumières de la science ou de
la raison sont capables d’en venir à bout : tout
se ramène en définitive à la question « comment changer les
mentalités ? ». D’autres pensent que la
solution est dans des « modèles d’intégration » tels que le « modèle sportif
» et particulièrement celui du milieu du football, qui démontre soi-disant
que les immigrés peuvent aussi « réussir », comme si tous les jeunes des
banlieues pouvaient devenir des sportifs millionnaires ! D’autres naïfs
s’imaginent régler les problèmes sociaux par une simple « extension de la
démocratie » : « à quand des maires noirs ou beurs ? », demandent-ils. Telles
étaient les « idées neuves » qui circulaient (gisaient ?) sur le plateau
d’un débat télévisé récent.25
Ces « innovateurs »
feraient bien de jeter un coup d’œil outre-atlantique : non seulement les
américains ont une foule de sportifs de hauts niveaux, d’acteurs et de
chanteurs de couleurs, mais dès les années 1980, des maires noirs furent
élus à Chicago, Philadelphie, New York et d’autres villes de tout le pays.
En 2000, l’équipe gouvernementale de Bush fils comptait même parmi les plus
hautes fonctions pas moins de deux afro-américains : Colin Powell et
Condoleezza Rice ! De ceci, on devrait déduire selon cette « logique » que le
problème de la discrimination et du racisme est en bonne voie d’être
solutionné aux USA ! Bien sûr que non, évidemment : qu’une petite minorité
de « gens de couleur » privilégiés ou arrivistes ait pu se hisser aux plus
hauts sommets de la société bourgeoise n’empêche pas que pour l’immense
majorité des afro-américains et des hispaniques, c’est-à-dire ceux qui sont
prolétarisés, il faut quotidiennement affronter les discriminations !
D’ailleurs, les « Zidane », « Jamel Debbouze
», « Sami Naceri » et autres parvenus « d’origine immigrée » que la
bourgeoisie aime à exhiber devant la jeunesse des banlieues comme de
parfaits « exemples de réussite sociale et d’intégration » ne sont-ils pas
déjà assez nombreux pour prouver que le problème n’est pas celui du «
racisme biologique » bête et méchant, mais celui de l’appartenance à telle
ou telle classe sociale ?
Quels sont donc ces « débats » sur le
racisme qui nous sont présentés dans les médias bourgeois ? Ce sont des
pseudo-débats mettant en scène des bourgeois-démocrates qui discourent
gravement sur la nécessité de lutter contre les manifestations des
discriminations et du racisme, sans jamais bien sûr mettre le doigt sur
leurs causes économiques objectives. « On se complait à ne pas dépasser le
niveau bourgeois » pour reprendre le mot de Karl Marx !
En outre, mis à part quelques interviews
différées de jeunes d’origine immigrés bien « proprets » (c’est-à-dire
copieusement diplômés et ayant bien le souci de « l’intégration »), la
jeunesse prolétarienne des banlieues, celle qui souffre quotidiennement du racisme, des
discriminations et des provocations policières, celle qui ne se voit aucune
perspective d’avenir, n’était pas du tout représentée dans ce faux
débat qui n’a jamais été en mesure de dépasser le niveau des bondieuseries
bourgeoises-démocratiques. Les esprits les plus « critiques » n’ayant en
effet été capables que de souligner le décalage existant entre les «
principes d’universalité » de la « république démocratique »
— c’est-à-dire la proclamation de « la
liberté, de l’égalité et de la fraternité » pour tous
—, et la réalité quotidienne vécue, faite
de précarité, de discriminations et d’humiliations. Au mieux, on a vaguement
évoqué « l’égalité formelle », pas réelle et on a rattaché ce décalage non
pas au système capitaliste, mais à la « crise économique ». Un phénomène «
passager » en somme !
Rien de surprenant donc à ce que les
travailleurs d’origine immigrée se désintéressent massivement de ce jeu de
dupe organisé par les capitalistes que sont les élections : si les taux
moyens d’abstention sont généralement élevés aux élections dans les pays
bourgeois (de l’ordre de 50 % aux USA et de 30 % en France), ils le sont
encore bien davantage au sein de la population d’origine immigrée qui
n’attend plus rien de la politique officielle depuis bien longtemps ; et
cela d’autant plus qu’à droite comme à « gauche » s’instaure le consensus
sécuritaire parallèlement au fait que de l’extrême droite à « l’extrême
gauche » émerge un véritable consensus sur le « nécessaire » contrôle de
l’immigration. Les politiciens bourgeois font peu de cas du fait qu’il
n’existe aucune perspective réelle pour la jeunesse et les travailleurs des
pays néo-coloniaux et que pour la plupart des jeunes des banlieues, l’avenir
semble bouché.
Que peut concrètement faire la
« république universelle » pour donner une chance non pas à quelques-uns
de ces jeunes issus de l’immigration, mais à tous ces jeunes ? Rien,
puisque tant que durera le capitalisme, la majorité sera forcément exploitée
par une minorité ! Que la minorité esclavagiste compte quelques immigrés
comme « caution morale », peu importe, puisque l’esclavage restera le même pour
l’immense majorité de la population immigrée ! Peut-être pas tout à fait le
même, cependant, puisque la formation d’une élite d’origine immigrée ne peut
qu’aider la majorité exploitée des populations d’origine immigrée à
comprendre que le chômage, la précarité, les discriminations et le racisme
persisteront, cette minorité n’ayant que fait prendre place aux côtés des
exploiteurs.
De plus en plus, pour miner l’alliance
objectivement nécessaire de tous les travailleurs, indépendamment de leur
communauté d’origine, la bourgeoisie sera amenée à renforcer les mesures
discriminatoires visant à marginaliser tel ou tel groupe social afin
d’empêcher la formation de ce front uni contre le Capital.
Pour justifier la discrimination et la
répression, la bourgeoisie montre les banlieues comme des repaires de
casseurs et de délinquants. Mais faut-il s’étonner que dans des quartiers
concentrant de forts taux de chômage, le besoin de jeunes sans perspectives
favorise la délinquance ? Faut-il également s’étonner du fait que le vol des
biens d’autrui soit aussi commun dans une société ayant pour base la
propriété privée et donc le dépouillement institutionnalisé des
travailleurs ? Toutes les formes de vol ne sont pas « légales » sous le
capitalisme ! Quand bien même certaines formes de vol sont en théorie
« illégales », la pratique distingue toutefois des exceptions : les «
Clearstream » de Chirac, Villepin et Cie ainsi que les « affaires
» des autres magouilleurs du même type (Pasqua et Tapie en France ; Enron
aux USA) sont une forme de ce que la bourgeoisie considère habituellement
comme un « vol », pourtant, ce vol est « légal » ou tout au moins toléré,
puisqu’il se fait en toute impunité… En revanche, quand un jeune désoeuvré
et désabusé des banlieues vole un autoradio ou une moto, c’est un criminel
qu’il faut châtier sévèrement !
Qu'on ne se
méprenne pas sur ces paroles : elles signifient seulement que les
communistes sont autant les ennemis des formes « institutionnalisées » ou
tolérées de vol (esclavage salarié, fraude des classes possédantes), que des
formes « illégales » (grand banditisme, délinquance). Le banditisme et la
délinquance sont le fait du lumpenprolétariat. Le lumpenprolétariat est
littéralement, pour reprendre la définition donnée par Karl Marx, le
sous-prolétariat. Il est constitué par les éléments déclassés que la société
bourgeoise en décomposition a fait tomber si bas qu'ils ne trouvent pas
d'autres issues pour survivre que la violence, le vol, la drogue.
Depuis les
millénaires qu'existent des sociétés basées sur l'exploitation, s'épanouit à
une grande échelle le vol. Sous le socialisme, aucune forme
d'exploitation (vol légal) ou de vol illégal du travail d'autrui ne peut
être tolérée : chacun doit vivre de son propre travail !
Le vol est le
moyen auquel ont recours ceux qui n'ont pas la propriété des moyens de
production (à l'instar de la bourgeoisie), mais qui sont éblouis par le
clinquant du luxe dont les exploiteurs font étalage. Désireux de faire à
tout prix partie des « gagnants » du système capitaliste, ceux-là n'ont pas
d'autre choix que de recourir à d'autres formes de dépossession des
travailleurs, ou même des exploiteurs
— ce qui revient alors à aller chercher la
richesse là où elle est la plus concentrée !
Le
lumpenprolétariat, ce « prolétariat ruiné », est incapable de résister à la
pression de la bourgeoisie : le banditisme et la délinquance ne sont donc
nullement l'expression d'une révolte contre la société bourgeoisie. Le
banditisme et la délinquance constituent une sorte « d'échelle sociale »,
dont l'usage est certes fort risqué. Le banditisme et la délinquance sont
en somme les moyens d'enrichissement réservé aux lumpens ! Il est certain que l'impérialisme
amplifie le phénomène de lumpenprolétarisation et de criminalité qui
l'accompagne, particulièrement dans les banlieues où le chômage et la misère
sont exacerbés.
Le banditisme
et la délinquance non seulement ne remettent pas en cause la domination de
la bourgeoisie, mais elles lui fournissent même des armes idéologiques
supplémentaires pour renforcer l'arsenal (idéologique comme policier) de la
réaction.
Il y a une
différence de taille entre la perspective bourgeoise-individualiste des
trafiquants et les délinquants qui s'adonnent au trafic de drogue ou au vol
pour atteindre l'idéal du niveau de vie du bourgeois, et les communistes qui
à travers l'expropriation des exploiteurs, veulent rendre leur dû aux
exploités et donner à tous les travailleurs honnêtes les moyens de ne plus
avoir besoin de chercher à s'approprier le travail des autres. On voit que
les moyens et les buts diffèrent fondamentalement !
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les banlieues qui ont flambé fin 2005,
n'étaient pas celles où était installé le banditisme (grands trafiquants de
drogue, vente d’armes, prostitution, etc), comme l'ont établi des rapports
de la DST et des RG : ces jeunes délinquants et trafiquants ne voulaient en
effet pas voir leurs affaires parasitées par les heurts de jeunes révoltés
avec la police.
Toutes les
formes de dépossession (légale ou illégale) des travailleurs sont le
produit d'une société basée sur l'exploitation. Le capitalisme,
qui aime souvent à « crier au voleur », a d'ailleurs lui-même su user
habilement de ces deux formes de dépossession : les puissances colonialistes
ont ainsi volé impunément les terres appartenant à des peuples
économiquement retardataires.
Le banditisme
et la délinquance fournissent en outre à la bourgeoisie la possibilité de
faire campagne sur la « protection de la propriété des travailleurs »
acquise au prix de leur labeur, et permettent ainsi de renforcer le
sentiment de la propriété privée même au sein des masses exploitées qui en
sont dépossédées ! La bourgeoisie « confond » en effet allègrement comme on
le sait la propriété des moyens de production (qui lui confère sa puissance
économique et politique), avec la propriété des travailleurs sur les objets
de consommation courante (nourriture, habillement), propriété qui exclut la
propriété des moyens de la reproduction de leur existence et les voue à
l'exploitation. La propriété du logement est la seule exception : cette
propriété très limitée du travailleur sur les moyens de reproduction de sa
vie immédiate ne remet en effet pas en cause la propriété privée bourgeoise
sur les autres moyens de production. Pourtant, même cette propriété tend à
disparaître parallèlement avec la baisse du niveau réel des salaires qui
exclut l'achat (même à crédit) d'une maison (qui profite aux banquiers, c'est-à-dire
à la bourgeoisie usuraire). De plus en plus, la propriété du logement est
confiée à une autre catégorie d'exploiteurs : les propriétaires immobiliers.
La production de la force de travail humaine devient alors un investissement
productif comme un autre, et un moyen supplémentaire d'exploiter les
travailleurs, ce dont les propriétaires immobiliers profitent allègrement,
surtout au moment où les travailleurs sont de moins en moins en mesure de
faire eux-mêmes construire (ce qui provoque l'inévitable hausse des loyers
dont pâtissent actuellement les travailleurs qui voient ainsi leur situation
encore s'aggraver !).
En conclusion, le
développement du lumpenprolétariat fournit à la bourgeoisie un alibi de
choix 1° pour renforcer la discrimination légale de l'ensemble de la
population d'origine immigrée, 2° pour marginaliser davantage les
travailleurs d'origine immigrée vis-à-vis des travailleurs d'origine non
immigrée, excitant ainsi les haines entre communautés, 3° pour amalgamer les
actions de ce lumpenprolétariat avec le combat révolutionnaire, permettant
ainsi de justifier et d'accentuer les mesures de répression prises à
l'encontre de la jeunesse ouvrière et révolutionnaire des banlieues.
En usant des discriminations et des discours
sécuritaires, la bourgeoisie cherche à détourner la colère des travailleurs
en pointant du doigt de faux problèmes : le racisme consiste ainsi à rendre
responsable un groupe social de la crise économique, sociale et politique,
en l'accusant d’être l’élément perturbateur et destructeur. La
discrimination sécuritaire n’a pas d’autre but.
Il serait
dangereux de sous-estimer l’impact de ces idées véhiculées par les
exploiteurs, car ces idées sont susceptibles de
remporter un soutien massif parmi les travailleurs exploités et dépolitisés
: d'après un sondage mené en novembre 2005 par l'institut CSA, 1/3
des Français se déclare raciste, sans toutefois préciser dans quelle
acceptation du terme. Toujours selon la même enquête, 63 % de la population
pense que « certains comportements peuvent justifier des réactions
racistes ». En outre, 56 % des Français déclarent que la présence étrangère
est trop importante !
Cette tendance n’est pas « spécifique » au
capitalisme français, mais concerne l’ensemble des pays bourgeois et bien
entendu les grandes métropoles impérialistes. Des USA à l’Allemagne, de la
Grande Bretagne à l’Italie et à l’Espagne, le capitalisme divise les
travailleurs en tentant de marginaliser la couche la plus exploitée des
travailleurs.
L’histoire du développement des sociétés
humaines est donc là pour démontrer que le racisme
— sous ses formes « ouvertes » comme «
camouflées » — a toujours été une arme
idéologique « de choix » pour les exploiteurs.
Plus que jamais, les communistes doivent
donc aujourd’hui se focaliser sur la construction d’une véritable alliance
entre tous les travailleurs et il ne faudra tolérer aucune forme de
racisme ou de discrimination sous peine 1° d’obscurcir la conscience de
classe des travailleurs, donc 2° de les détourner de leur véritable combat
pour l’abolition de l’esclavage salarié, et ainsi 3° de renforcer
l’influence et la pénétration des idées chauvines, nationalistes et racistes
qui rompraient immanquablement le front prolétarien, ce qui à terme
fraierait inévitablement la voie au fascisme. Gardons bien à l’esprit le
fait que
« L'antisémitisme profite aux exploiteurs, comme paratonnerre pour que le
capitalisme échappe aux coups des travailleurs. L'antisémitisme est un
danger pour les travailleurs, car c'est une fausse route qui les égare hors
du droit chemin et les conduit dans la jungle. »26
L’antisémitisme est une
forme particulière du racisme auquel s’applique entièrement cette
définition. Les travailleurs doivent comprendre que ni les « problèmes
d’immigration » ni les « problèmes d’insécurité » ne sont les causes
de la crise économique, sociale et politique : ces problèmes ne sont que les
produits et les conséquences de la crise économique, sociale
et politique dans laquelle s’enfonce toujours plus la société bourgeoise en
face de laquelle la bourgeoisie n’a rien d’autre à proposer que des mesures
réactionnaires qui aggravent cette crise.
D’où vient la véritable insécurité ?
Par « insécurité », les médias bourgeois
entendent les manifestations de la révolte de la jeunesse issue des
banlieues. Quant à se demander si cette violence ne provient pas de son mal
de vivre et de son absence de perspectives, c’est une « toute autre question
». Au mieux on pointe du doigt les « inégalités sociales » et les «
discriminations injustes », sans évidemment en expliquer les causes et donc
sans jamais remettre fondamentalement en cause le système capitaliste.
Ce n’est évidemment pas la mise en place de
« foyers d’insertion » ou de « médiateurs » qui pourront solutionner
l’insécurité dont cherche à se débarrasser la bourgeoisie ! Pour la
bourgeoisie, ces mesures sont la panacée —
la « carotte » en quelque sorte.
Mais comme la carotte ne peut pas suffire —
il faut dire que trop de jeunes prolétaires se disputent la même carotte !
—, le chômage, la précarité et les discriminations ne disparaissent
pas, et il faut ainsi pour la bourgeoisie nécessairement en passer par le «
bâton » : c’est là qu’intervient le renforcement d’une « police de proximité
».
Les médias bourgeois montrent cette « police
de proximité » comme une police plus « humaine », connaissant bien la
réalité des « quartiers difficiles », « intégrée et appréciée » par la
jeunesse des quartiers. C’est le souhait des politiciens bourgeois, mais
c’est très loin d’être la réalité, car la jeunesse (et plus particulièrement
encore la jeunesse des banlieues) a bien compris que l’appareil policier
n’était que la trique dont use l’ordre social qui les marginalise. C’est ce
que prouve le nombre croissant de « bavures » policières à l’encontre des
jeunes des banlieues issus de l’immigration (Cf. Rapport annuel 2005
de l’EUMC).
Qu’a donc à proposer cette « police de
proximité » comme solutions positives aux problèmes quotidiens que
rencontrent les jeunes d’origine noire ou maghrébine ?
Cette « police
de proximité » peut-elle résoudre le problème du chômage et donner du
travail à la jeunesse des banlieues ? Cette « police de proximité »
peut-elle faire cesser le racisme ainsi que les discriminations à l’embauche
et dans la recherche d’un logement dont sont victimes ces jeunes ? Non, bien
sûr !
Même si cette police intégrait massivement
des jeunes d’origine immigrés, elle resterait impuissante et ne perdrait pas
son rôle uniquement répressif. Cela ne ferait que rendre plus évident
le fait que derrière la question des discriminations et du racisme, il y a
la question sociale, la question de savoir de quel côté se trouve telle ou
telle personne : du côté des prolétarisés ou du côté des exploiteurs, et de
ce fait que mettre à nu un peu plus évidemment la contradiction principale
sous le capitalisme.
« L’insécurité » dont nous rabâchent les
oreilles les médias et les politiciens bourgeois n’est pas l’insécurité qui
préoccupe le plus les travailleurs.
Il existe un véritable problème
d’insécurité en France, mais ce n’est pas l’insécurité dont font leurs choux
gras les médias et les politiciens bourgeois : la véritable insécurité,
c’est celle dans laquelle sont quotidiennement contraints de vivre les
travailleurs.
La véritable insécurité, c’est
d’abord celle de l’esclavage salarié, celle d’une vie de corvéable à merci…
remerciable dès que les corvées viennent à manquer ou qu’un autre exploité
se trouve mieux exécuter les corvées ! C’est donc le joug quotidien du
patronat omnipotent sur ses esclaves !
La véritable insécurité, c’est
ensuite les loyers qui flambent et qui grèvent encore le salaire des
travailleurs, c’est aussi la précarité, les petits boulots, l’intérim, le
chômage pour tous ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un exploiteur sur le
dos à temps complet !
Selon les chiffres officiels du chômage
(chiffres largement sous-estimés), le nombre de chômeurs en France était de
2,5 millions en 2005. Parmi ces chômeurs, la
moitié avait moins de 25 ans.
Si les politiciens bourgeois parlent à l’occasion de « baisses du
chômage », ils oublient qu’il s’agit toujours de baisses ponctuelles de
faible envergure, le plus souvent imputables à la trituration des
statistiques, et en tout cas bien incapables d’éradiquer le chômage
structurel massif…
En 2005, l’Europe des 15 comptait selon les statistiques officielles près de
12 millions de chômeurs, l’Europe des 25, un peu moins de 20 millions.
Ces chiffres officiels sont bien entendu largement sous-estimés : en France
par exemple le nombre réel de demandeurs d’emploi est plus proche de 5
millions que de 2,5 millions
—
ce qui représente 18 % et non 9 % de la
population active
—,
comme l’a démontré récemment un agent de l’ANPE en colère.27
Même chose aux USA, pourtant
hypocritement cités en exemple de pays à « bas chômage » par la
bourgeoisie impérialiste internationale : les USA ont connu une hausse du
taux de chômage officiel de 4,4 % à 6,4 % entre 2000 et 2004. Il faut savoir
que Reich, ministre du Travail sous Clinton, avait affirmé : « ces chiffres
sont très sous-estimés et en appliquant les mêmes critères qu’en France pour
décompter les chômeurs, il y en aurait plus de 12 % aux USA » !...
Pour les jeunes issus de l’immigration ou de
parents immigrés, cette insécurité est démultipliée par un autre facteur :
la discrimination raciale.
La jeunesse des banlieues doit
quotidiennement subir les discriminations à l’embauche. C’est un fait
incontestable quand on sait que le taux de chômage chez les jeunes d’origine
immigrée est le double ou le triple du taux de chômage moyen chez l’ensemble
des jeunes. Dans beaucoup d’entreprises, il existe un véritable racisme
latent à l’égard de jeunes ayant le « profil type » de « jeunes à
problèmes » : des tests ont démontré qu’à qualification et à expérience
égale, le CV d’un jeune d’origine noire ou magrébine avait beaucoup moins de
chance d’être retenu que les autres. Des tests de discrimination récents
menés dans plusieurs pays d’Europe (en Finlande, en France, en Espagne et en
Allemagne) on démontré qu’à qualification égale, le CV d’un jeune d’origine
immigrée avait deux à trois fois moins de chances de déboucher sur un
entretien que le CV référence d’un non-immigré. La discrimination à
l’embauche n’est pas l’exception, mais la règle ! Face à cette
discrimination, la « solution » est toute trouvée : pour certains, elle
consiste à cacher les noms de consonance étrangère sur le CV !
S’ajoute également la discrimination raciale
dans le cadre de la recherche d’un logement et donc la difficulté pour
trouver un logement ailleurs que dans les cités défavorisées qui sont un
facteur objectif favorisant la ghettoïsation et le repli communautaire. Un
peu partout dans les grandes agglomérations européennes, depuis Barcelone à
Rotterdam en passant par Chypre, on observe ainsi une forte ségrégation
territoriale des populations immigrées. Les pays d’ex Europe de l’est ne
sont pas épargnés : en République Tchèque, en Slovaquie, en Lituanie et en
Hongrie, c’est la population rom qui est victime de ces discriminations.
S’ajoute ainsi pour la jeunesse de ces quartiers un véritable « délit de
sale gueule » qui rend infiniment plus intense cette insécurité et qui rend
infiniment plus difficile toute tentative « d’intégration ». Parler
« d’intégration » alors que le chômage massif touche la jeunesse des
banlieues relève au mieux de l’aveuglement et de l’ignorance, plus
probablement de l’escroquerie. Quant à la source unique de cette
insécurité, c’est le capitalisme, la production marchande,
qui dépouille les esclaves salariés du produit de leur travail et les excite
les uns contre les autres. Mais pendant ce temps au moins, les classes
exploiteuses vivent tranquillement.
Les associations (comme SOS racisme —
association parachutée par les milieux proches du PS dans les années 1980)
prétendant « lutter » contre le racisme, tout en détachant son existence de
celle de l’exploitation capitaliste, sont en fait des auxiliaires de
la bourgeoisie qui n’ont pour seule fonction que de cacher la source
économique du racisme. Cette « lutte » est du même type que la « lutte »
pour la « démocratie », pour « l’égalité », la « fraternité », etc. Cette
« lutte contre le racisme » est un slogan creux qui n’a aucune chance
d’aboutir et de donner des résultats concrets : les « solutions » proposées
par ces associations ont la même valeur que les « futiles projets de
réformes » altermondialistes de surveillance des entreprises monopolistes et
des banques que dénonçait déjà Lénine.28
En somme, elles ont pour fonction de détourner la jeunesse
prolétarienne des banlieues de la lutte révolutionnaire. Objectivement, ces associations
ne sont donc qu’un leurre et un piège pour ceux qui subissent
au quotidien les discriminations et le racisme : elles ont en effet pour
fonction de détacher les revendications politiques de la jeunesse des
banlieues des revendications économiques nécessaires à sa libération
sociale, et c’est pour ceci que ces associations ont le soutien du grand
Capital, de ses politiciens et de leurs médias.
Il est donc
impératif d’affranchir le combat contre le racisme et les discriminations du
carcan démocratique bourgeois étroit dans lequel l’enserrent ces
organisations.
Quant aux organisations qui ne se satisfont
pas de ce consensus des exploiteurs et de leurs laquais autour du racisme et
des discriminations, et qui revendiquent l’égalité et la justice dans les
faits, elles sont rapidement cataloguées comme « dangereuses » et
« extrémistes ».
Dès lors qu’une organisation ne se satisfait
plus des « beaux discours anti-racistes », mais exige que l’on
aboutisse à des résultats pratiques dans la lutte contre le racisme,
les discriminations et la violence policière, elle est taxée
« d’extrémiste », non seulement par les partis politiques bourgeois, mais
également par leurs organisations « anti-racistes » satellites (SOS racisme,
MRAP). C’était déjà le cas du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues
(MIB), c’est aujourd’hui encore le cas avec Tribu Ka.
Le MIB est une organisation héritière des
combats politiques menés tant par l’Etoile Nord Africaine, par le MTA
(Mouvement des Travailleurs Arabes) et par le MTI (Mouvement des
Travailleurs Immigrés). Dans une interview à Radio Canal Sud en 1997, le MIB
remarquait au sujet des violences policières :
« Nos grands
frères qui ont 30, 40, 50 ans et qui ont milité avant nous ont toujours
protesté contre les violences policières, et ça continue. Ni la droite, ni
la gauche, ni aucun gouvernement fait en sorte d'arrêter cette situation. »
« Quand la droite est aux affaires, c'est pareil pour nous... »
Parlant d’SOS racisme, le MIB ajoutait :
« Notre message aux gamins, c'est de ne pas
se faire avoir par des mouvements financés par des partis politiques qui
sont au gouvernement aujourd'hui et qui ne font rien pour changer la
situation dans les quartiers. »
Nous ne saurions trop souligner l’importance
de ces éléments sains qui émergent du mouvement naissant de la jeunesse
prolétarienne des banlieues, et notamment cette claire conscience du danger
de récupération et de détournement des buts du mouvement de la part des
Partis politiques et des organisations bourgeoises, bien que celles-ci
soient davantage portées sur la condamnation de
« l’extrémisme
».
Du point de vue de la bourgeoisie, cette
accusation « d’extrémisme » n’est pas dénuée de fondements : tous les Partis
bourgeois et leurs organisations « non-gouvernementales » satellites sont
impuissantes face aux problèmes que rencontrent quotidiennement les
travailleurs et la jeunesse prolétarienne des banlieues. Se donner pour but
de s’attaquer réellement à la source du racisme, des discriminations et de
la violence policière nécessite que l’on s’attaque au chômage et à la
précarité. Cela ne peut donc conduire à terme qu’à la remise en cause du
système capitaliste lui-même. C’est dans ce cadre que sont menées les
campagnes d’excitation des insécuritaristes. Ces campagnes visent à isoler
le mouvement radical naissant des travailleurs d’origine immigrée vis-à-vis
des autres travailleurs en général et plus particulièrement du mouvement
marxiste-léniniste en reconstruction. La bourgeoisie est bien consciente de
ce danger de radicalisation provenant du renforcement des sentiments
anti-capitalistes, c'est pourquoi elle s'efforce de « veiller au grain » et
de tuer dans l’oeuf le développement de ces organisations.
L’organisation Tribu Ka a vu
récemment interdire son site web par le Ministère de l’Intérieur, parce
qu’excitant soi-disant à la « haine raciale » et à « l’antisémitisme ».
Cette
organisation est actuellement menacée d’interdiction.
On a
vu s’élever un véritable déluge de propagande et de calomnies contre
Tribu Ka, depuis la presse à grand tirage jusqu’à la télévision. Dans ce
déluge, les organisations « antiracistes » bourgeoises condamnaient bien
entendu « l’extrémisme ».
Cette organisation, contrairement aux
allégations mensongères de la propagande bourgeoise n’exigeait que
l’autodéfense face aux agressions provocatrices de sionistes anti-noirs et
anti-arabes (à défaut de la possibilité d’une poursuite judiciaire à
l’encontre des agresseurs). Ce qui effraie la bourgeoisie dans de telles
organisations, c’est leur discipline, leur cohésion et leur détermination
qui porte en germe les possibilités futures que renferme le mouvement de la
jeunesse ouvrière des banlieues, mouvement qui prendra des formes d’autant plus
radicales et organisées que cette jeunesse sera amenée à comprendre le lien
entre la question des discriminations et du racisme avec la question sociale
et la nécessité du renversement du capitalisme.
La limite d’organisations comme Tribu Ka
provient comme nous l’avons dit du fait qu’elles combattent malgré tout sur
le terrain désiré par la bourgeoisie : celui de l’opposition entre
communautés et non sur la base d’une opposition entre classes. La
bourgeoisie n’a alors aucun mal à faire passer cela dans l’opinion publique
pour une « excitation à la haine raciale » et de s’en servir pour attiser
davantage les rancoeurs et les haines entre ces différentes communautés.
Ainsi, les affrontements entre jeunes des banlieues et sionistes
« anti-beur » sur la question de l’occupation de la Palestine par les
sionistes israéliens sont ramenés à des heurts entre « juifs » (en fait
sionistes) et antisémites (ou prétendus tels). Ainsi, la bourgeoisie évite
que le conflit israélo-palestinien ne soit présenté pour ce qu’il est : la
colonisation de la Palestine par l’impérialisme israélien soutenu par
l’impérialisme américain en vue de la déstabilisation du Proche-Orient où
les intérêts impérialistes pour le pétrole sont si fondamentaux.
Ainsi, la révolte de la jeunesse des
banlieues se trouve assimilée par les médias bourgeois à une simple
« résurgence de l’antisémitisme ».29
Nous
devons souligner que le repli communautaire, le terrorisme et l’excitation
entre communautés religieuses (chrétiennes, juives et musulmanes)
—
qui s’exprime par exemple par le saccage de cimetières
juifs (faits qui sont copieusement relayés par la presse bourgeoise)
—, mènent le mouvement contestataire dans
une impasse et le conduisent inévitablement à son échec, car donnant des
armes à la réaction. Le grand conflit de l’époque bourgeoise n’est pas une
« guerre de religions », « de races » ou même « de civilisations », c’est
avant tout une guerre de classes, indépendamment des formes
que peut revêtir cette guerre !
Ce n’est ni par la
guerre entre communautés religieuses ni par la guerre entre immigrés et non-immigrés que l’on peut faire la guerre aux exploiteurs : faire la guerre
aux exploiteurs nécessite de surmonter ces clivages issus de la
société bourgeoise et reproduisant ou renforçant cette
société. Ces clivages religieux ou communautaires qui ne font que détourner
les exploités les plus conscients et donc les plus radicaux du véritable
combat qui est un combat de classe et non de race ou de
religion, font en fait les affaires de la bourgeoisie.
De même que
l’antisémitisme d’Hitler fut la chance des sionistes et évita à l’émigration
juive en Palestine de faire faillite, de même, le terrorisme islamiste
actuel (à la mode Ben Laden) est la chance de l’impérialisme, ce qui lui
fournit l’alibi idéal pour intervenir partout et perpétuer ses sales guerres
coloniales.
Prendre l’apparence
de ces formes pour la réalité, sans chercher à en pénétrer le
contenu, c’est tomber dans le jeu de la bourgeoisie qui a intérêt à voir
nier la réalité première de la lutte de classe menée par les travailleurs,
celle du combat pour le renversement des exploiteurs.
C’est dans cette
optique que Lénine soulignait déjà
« La
nécessité de lutter contre le panislamisme et autres courants analogues, qui
tentent de conjuguer le mouvement de libération contre l'impérialisme
européen et américain avec le renforcement des positions des khans, des
propriétaires fonciers, des mollahs, etc. »30
Cette lutte est rendue plus
complexe et ardue par la méfiance légitime que les travailleurs des pays
dépendants (ou les immigrés qui en sont originaires) ont vis-à-vis des pays
impérialistes. Cette méfiance s’étend souvent aux travailleurs des
pays impérialistes, ce qui se justifie quand cela concerne l’aristocratie
ouvrière, mais qui constitue un véritable handicap pour le mouvement ouvrier
s’il elle se transforme en un communautarisme « black » ou « beur » dans les
banlieues ou en un racisme anti-blanc dans les pays dépendants.
« L'oppression séculaire des peuples coloniaux et faibles par les puissances
impérialistes a laissé dans les masses laborieuses des pays opprimés non
seulement de la haine, mais également de la méfiance à l'égard des nations
oppressives en général, y compris à l'égard du prolétariat de ces nations. »31
Le prolétariat
d’origine non immigrée des pays impérialistes doit donc faire preuve d’une
grande prudence dans le traitement des problèmes liés aux discriminations et
au racisme, sous peine d’entretenir les divisions communautaristes entre les
travailleurs et donc de faire le jeu de la réaction bourgeoise dont c’est
l’intérêt de voir entretenue cette fracture. Cette fracture est en effet
pour les exploiteurs le signe de la faiblesse du mouvement révolutionnaire
et leur fournit la garantie d’une relative paix sociale.
Nous, jeunes marxistes-léninistes, rejetons
comme réactionnaires les mesures prises par les gouvernements impérialistes,
de droite comme de « gauche », en France ou ailleurs, pour limiter
l’immigration et renforcer les mesures discriminatoires à l’encontre des
travailleurs issus de l’immigration. Nous déclarons haut et fort que le «
problème de l’immigration » se ramène en fait au problème du pillage des
pays dépendants, et que la source véritable de ce problème ne pourra être
tarie qu’avec la libération économique et sociale des pays dépendants et
leur sortie du giron de l’impérialisme. Seuls les travailleurs conduisant la
révolution anti-impérialiste sont capables de mener ce combat à bien et de
le lier avec le combat pour le socialisme. Ceci réclame, comme Lénine le
soulignait, la solidarité la plus complète des travailleurs vivant dans les
pays impérialistes avec leurs frères des pays dépendants.
Nous, jeunes marxistes-léninistes, affirmons
qu’il ne peut y avoir de lutte véritable contre le racisme et les
discriminations en dehors de la lutte pour la libération économique et
sociale de tous les travailleurs, donc en dehors de la lutte pour
l’abolition de l’esclavage salarié et pour la révolution socialiste, qui
elle seule permettra de saper la base économique qui engendre
constamment le racisme. Pas de solution à ces problèmes en dehors de la
révolution socialiste !32
Aujourd’hui, les jeunes
chômeurs et travailleurs exploités qu’ils soient de « souche française »,
d’origine noire, maghrébine ou autre, ont tous un ennemi commun : le
patronat qui est l’unique source de leur oppression économique,
sociale et politique, ce même patronat qui cherche à les monter les uns
contre les autres dans le seul but de leur cacher à tous le fait qu’il est
le seul et l’unique responsable de leur précarité et de leurs
souffrances.
Dans ce combat contre les causes objectives
du racisme et pour le socialisme, les jeunes et futurs prolétaires d’origine
immigrée auront nécessairement à jouer un rôle d’avant-garde, eux qui
constituent les couches populaires les plus opprimées par le capitalisme.
Quand nous disons d’avant-garde, cela
ne signifie évidemment pas que la jeunesse prolétarienne des banlieues doive mener ce
combat en marge du mouvement plus général pour le socialisme,
englobant tous les exploités. Mener ce combat en marge ne pourrait
conduire qu’à l’isolement de cette jeunesse par rapport aux autres
exploités, qu’à son éloignement vis-à-vis des autres travailleurs et donc à
la division du mouvement prolétarien (c’est la cause majeure de l’échec du
mouvement des Black Panthers aux USA). Un parti prolétarien distinct
des immigrés conduirait inévitablement à renforcer la méfiance entre les
travailleurs provenant de l’immigration et les autres, ce qui ferait
inévitablement le jeu de la bourgeoisie et renforcerait les tendances
fascistes.33
D’avant-garde, car
moins portés à souscrire à la démagogie des discours bourgeois-républicains
et à souscrire à ses « prêches » « démocratiques » et « droit-de-l’hommiste »
abstraits, puisque subissant au jour le jour discriminations, vexations et
violences policières, puisque vivant le fossé qui sépare les
discours universalistes de la réalité discriminatoire.
D’avant-garde, car plus radicale dans
ses revendications et moins encline aux marchandages avec les exploiteurs,
puisque revendiquant la complète égalité de fait et non simplement
de jure avec les autres travailleurs d’origine non-immigrée, égalité
nécessitant l’abolition de l’esclavage salarié à l’origine les maux de
la société bourgeoise qui excitent la haine entre communautés.
Et enfin d’avant-garde, car capables
d’assurer la liaison la plus complète entre le prolétariat des pays
impérialistes et le prolétariat des pays dépendants, capable donc de barrer
la route à l’influence des tendances révisionnistes (sociales-chauvines et
réformistes) de conciliation avec la bourgeoisie impérialiste au sein du
mouvement ouvrier des pays impérialistes.
V.G., juin 2006.
Notes :
1.
Le Front National est l’héritier direct de groupes d’extrême droite.
Il rassemblait au moment de sa création d’anciens pétainistes, des membres
de l’ultra-colonialiste Organisation Armée Secrète (OAS), des
catholiques intégristes ainsi que des poujadistes. Ces derniers étaient les
membres de L’Union de défense des commerçants et artisans (UDCA),
crée en 1953 par Pierre Poujade et au sein de laquelle avait milité
Jean-Marie Le Pen dès 1956. L’UDCA était xénophobe et ouvertement
pro-colonialiste. Poujade comme Le Pen militèrent d’ailleurs également au
sein de L’union pour le salut de l’Algérie française.
(Retour.)
2.
Karl Marx, L’idéologie allemande, 1845.
(Retour.)
3.
Voir la page
http://www.communisme-bolchevisme.net/introduction_au_marxisme.htm
(Retour.)
4.
Karl Marx, Discours sur le libre-échange (1848), Edition numérique,
p. 7.
(Retour.)
5.
Il a fallu des décennies aux pays impérialistes pour édifier une puissante
industrie de production des moyens de production, il n’a fallu qu’un
quinquennat à l’URSS pour édifier la sienne !
(Retour.)
6.
Voir Staline : Sokolnikov et la « Dawisation » de notre pays,
Discours de clôture au XIVème Congrès du P.C.(b) de l'U.R.S.S.,
dans Les questions du léninisme, Tome I, Edition numérique, pp.
188-189.
(Retour.)
7.
En France, le taux d’endettement des ménages est passé de 49 % à 62 % du
revenu individuel moyen entre 1995 et 2005. En France en 2003, 5000 dossiers
de surendettement étaient déposés mensuellement devant les commissions de
surendettement. D’après l'UNAF, le surendettement de ces foyers est le plus
souvent consécutif à un « accident de la vie » : perte d’emploi, divorce ou
séparation, maladie. D’après le Bulletin de la Banque de France (n°144 de
décembre 2005), le taux d’endettement des ménages de la zone Euro est passé
de 65 % à 80 % du revenu individuel moyen entre 1995 et 2005. Aux USA, le
taux d’endettement des ménages est passé de 26 % à 40 % du revenu individuel
moyen entre 1985 et 2002.
(Retour.)
8.
Karl Marx, A propos du système national de
l'économie politique de Friedrich List (1845), Edition numérique, pp.
8-9.
(Retour.)
9.
Kofi Annan (Secrétaire
général de l'Organisation des Nations unies),
Immigration : pour une stratégie européenne, 29/01/2004.
(Retour.)
10.
Joseph Staline, Le marxisme et la question nationale et coloniale,
Edition numérique, p. 130.
(Retour.)
11.
En 1990 le « socialiste » Michel Rocard, alors premier ministre, déclarait
que « la France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais il faut
qu'elle y prenne sa part ».
(Retour.)
12.
Lénine, La question nationale et coloniale, Edition numérique, p. 6.
(Retour.)
13.
Dans cette esprit, voir par exemple : La voie du socialisme
(journal), Edition numérique : n°2 (1984) — Tchad : les fidélités
coloniales du gouvernement PC-PS.
(pp. 36-38) ;
n°3 (1984) — Les immigrés
face au
capitalisme.
(pp.
42-44) ; n°4
(1984) — Le PCF contre l'indépendance algérienne.
(pp. 57-60)
— Le PCF vote les pouvoirs
spéciaux.
(pp. 61-64)
— Le mouvement patriotique en Guadeloupe.
(pp.
65-67) ; n°5
(1984) — Immigrés : non aux discriminations.
(pp. 85-86)
—
Nouvelle-Calédonie : le plan colonial de Mitterrand.
(pp. 89-91) ;
n°9 (1985) — Droit de vote
pour les immigrés
(pp. 127-128) ;
n°12 (1986) : Afrique : le
domaine réservé
(pp. 149-151)
• La
voie du socialisme
(revue), Edition numérique :
n°2 (1987) —
Non aux lois xénophobes
(pp. 47-49) ;
n°3 (1988) —
Kanaky : une guerre qui ne veut
pas dire son nom
(pp.
96-101).
(Retour.)
14.
Staline, La crise continue du capitalisme
mondial et la situation extérieure de l'Union soviétique, Rapport sur
l’activité du C.C. présenté au XVIIème Congrès du P.C.(b) de
l'U.R.S.S. (26 janvier 1934), dans Les questions du léninisme,
Tome III, Edition numérique, p. 125.
(Retour.)
15.
Dimitrov, Oeuvres choisies,
Edition numérique, p. 30.
(Retour.)
16.
Ibidem.
(Retour.)
17.
Henri Barbusse,
Staline : Un monde nouveau vu à travers un homme, Edition numérique, p.
93.
(Retour.)
18.
Dimitrov, Oeuvres choisies, Edition numérique, p. 28.
(Retour.)
19.
Ibidem.
(Retour.)
20.
Henri Barbusse, Staline : Un monde
nouveau vu à travers un homme, Edition numérique, p. 94.
(Retour.)
21.
Sur l'analyse
plus détaillée du fascisme et les axes de la lutte à mener contre celui-ci,
voir le Rapport présenté par Dimitrov au 7ème congrès de
l'Internationale communiste, et notamment la partie consacrée à
L'Offensive du fascisme et les tâches de l'Internationale communiste dans la
lutte pour l'unité de la classe ouvrière contre le fascisme. (Georges
Dimitrov, Oeuvres choisies, Edition numérique, pp. 28-68.)
(Retour.)
22.
Lénine, De l'attitude du parti ouvrier à
l'égard de la religion dans Textes sur la religion, Edition
numérique, p. 6.
(Retour.)
23.
Cf. Article sur le racisme de Microsoft Encarta 2004.
(Retour.)
24.
Joseph Staline, Le marxisme et la question
nationale et coloniale, Edition numérique, p. 136.
(Retour.)
25.
FR3, 18/05/2006.
(Retour.)
26.
Staline, Sur
l’antisémitisme,
Réponse à une question de l'Agence
télégraphique juive d'Amérique, le 12 janvier 1931.
(Retour.)
27.
Il s’agit de
Fabienne Brutus dans son livre Chômage, des secrets bien gardés (La
vérité sur l’ANPE), publié en avril 2006.
Pour « baisser » le chiffre officiel des demandeurs d’emploi et circonvenir
aux instrumentalisation électoralistes des politiciens bourgeois, l’ANPE
fait migrer les chômeurs inscrits de la catégorie 1 vers l’une des autres
catégories de demandeurs d’emploi non prises en comptes dans la statistique
officielle du chômage ! D’après les chiffres globaux de l’ANPE, il y avait
en moyenne 3,9 millions de chômeurs inscrits en 2005 dans les catégories 1 à
3 et 6 à 7, chiffre auquel il faut ajouter environ 1 million de chômeurs non
inscrits ayant renoncé à trouver du travail.
Pour la France, il faut donc compter non pas 2,5 millions de
chômeurs, mais 5 millions de demandeurs d’emploi réels ! Si les politiciens
bourgeois peuvent se targuer d’observer (ponctuellement) des « baisses du
chômage » c’est donc uniquement grâce au trafic des statistiques !
« L'emploi est aussi rare que le travail est abondant », dit Fabienne Brutus
dans ce livre où elle dénonce également les
« bilans de compétence hors sujet », les
« ateliers bidons », les « formations inappropriées », le
« flicage » des chômeurs, les « radiations abusives », et
l’agent ANPE devenu un « robot » ou un « tortionnaire qui s’ignore ». Les
limites de ce livre proviennent du réformisme de l’auteur, désireux non pas
de changer de fond en comble le système, mais de voir l’Etat
(« providence ») donner « enfin » à l’ANPE les moyens de « bien faire son
travail ». Son idéal, ce n’est pas donc pas l’abolition du salariat, mais
« des CDI pour tous », comme le scandait ces derniers mois le PCF dans les
manifestations anti-CPE à Evreux : « NON au CPE, OUI au CDI ! »
Ce trafic des statistiques est loin d'être nouveau : Henri Barbusse en
parlait déjà de manière très explicite en 1935. (Henri Barbusse, Staline : Un monde
nouveau vu à travers un homme, Edition numérique, p. 77.)
(Retour.)
28.
Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, dans Oeuvres
choisies, Tome I, Edition numérique, p. 387.
(Retour.)
29.
Par rapport à la question de « l’antisémitisme » qui n’est en fait la
plupart du temps non pas un racisme anti-juif mais seulement l’opposition à
l’expansionnisme sioniste au Proche-Orient, les médias bourgeois sont très
tatillons, du fait des pressions exercées par le lobbying sioniste
(représenté en France par le CRIF et la LICRA et dont se font le relais BHL,
Glucksmann, Adler, etc.). Dieudonné, qui n’a pourtant rien d’un « dangereux
révolutionnaire », a ainsi les frais d’un véritable lynchage médiatique. Son
crime est d’avoir osé défendre le droit des palestiniens contre l’occupation
israélienne non pas par anti-impérialisme affirmé mais simplement « par
humanisme » et par « souci du respect du droit international » : il n’y a
qu’à « faire entendre la voix de la raison dans les rapports Nord-Sud et sur
l’occupation militaire illégale des territoires palestiniens et irakiens ».
(Dieudonné, Entretiens à cœur ouvert, EPO, 2004, p. 94.). Nous avons
bien peur que l’impérialisme ne reste sourd vis-à-vis de cette mystérieuse
« voix de la raison » ! La limite de ce type de contestation est évidemment
son aspect sentimental et droit-de-l’hommiste qui la circonscrit dans les
limites étroites du démocratisme bourgeois. C’est ce qui a par exemple
poussé l’humoriste à se désolidariser du combat de Tribu Ka.
(Retour.)
30.
Lénine, La question
nationale et coloniale, Edition numérique, p. 13.
(Retour.)
31.
Ibidem.(Retour.)
32.
L’URSS des années 1930 fut le premier Etat à
avoir supprimé les racines économiques et sociales du racisme. La propriété
socialiste des moyens de production et l’essor rapide et constant de son
économie permettaient à l’URSS de combattre victorieusement le racisme ainsi
que l’oppression nationale et la méfiance entre la multitude des
nationalités qui la composaient. Sur ce combat contre le racisme, voir par
exemple notre présentation du film soviétique « Le cirque »
disponible sur la page
http://www.communisme-bolchevisme.net/realisme_socialiste.htm
(Retour.)
33.
Staline remarquait ainsi, tirant les enseignements de l’expérience
malheureuse de la social-démocratie autrichienne dont le Parti ouvrier et
les syndicats avaient fini par éclater en plusieurs entités communautaires
distinctes et opposées, que
« l'agitation
séparatiste affaiblit chez les ouvriers le sentiment de la solidarité, en
les poussant souvent dans la voie des briseurs de grèves. » (Joseph
Staline, Le marxisme et la question nationale et coloniale, Edition
numérique, p. 31.)
(Retour.)
Complément :
L'IMMIGRATON CHOISIE DE NICOLAS SARKOZY,
UNE LOI REPRESSIVE, RACISTE ET MYSTIFICATRICE
COMITE CULTUREL POUR LA
DEMOCRATIE AU BENIN - (C.C.D.B.)
Section française de l'ODHP-Bénin
Le 17 mai 2006, l'Assemblée
Nationale française a adopté la 2ème
loi Sarkozy connue sous le nom de
loi CESEDA (Code de l'Entrée et du
Séjour des Etrangers et du Droit
d'Asile) dont l'objectif est de
régler définitivement le problème de
l'immigration en France. Il faut
remarquer que Sarkozy en est à sa 2ème
loi tandis que la République
française en est à sa 6ème
loi depuis 1986 ; chacune d'elle
ayant toujours eu la prétention de
régler définitivement le problème de
l'immigration. Comme par hasard, ces
lois arrivent toujours à la veille
d'élections. Au cours des débats, on
a entendu des déclarations abjectes
attentatoires à la dignité humaine
et méprisantes vis-à-vis des
Africains. Ainsi a-t-on pu entendre
le député sarkozyste Eric Raoult
déclarer : « Comme tous mes
compatriotes, en effet, je préfère
le plombier polonais aux marabouts
et autres laveurs de carreaux. »
(Africains apn) Ce qui veut dire, en
termes clairs, je préfère
l'émigration blanche à la noire. On
a entendu certains dire qu'il faut
accepter l'élite et refuser la
poubelle ; d'autres comme de
Villiers et même Sarkozy ne cessent
de nous rebattre les oreilles avec
le fait qu'il y aurait plus de
médecins béninois en France qu'au
Bénin, ce qui est faux. Tout ceci
appelle les mises au point suivantes
:
1) Depuis qu'il a vu le jour en
Afrique, l'homme a entrepris son
périple autour de la terre. Dès
qu'il se sent à l'étroit et
malheureux quelque part et présume
qu'il peut être mieux ailleurs, il
se met en route. Ni les montagnes,
ni la mer, ni les fleuves, ni les
rivières n'ont pu l'arrêter. Les
structures physiques ou symboliques
comme les murs, les barrières, les
barbelés, les lois non plus. En
outre, de toute l'espèce animale,
c'est celui qui s'adapte le mieux au
milieu naturel puisqu'il peut vivre
sous tous les climats. On comprend
pourquoi rien n'empêchera jamais les
hommes d'aller où ils veulent. Tant
qu'il y aura le déséquilibre qui
fait que sur la terre il y a des
endroits où il fait mieux vivre que
d'autres, ceux des régions moins
favorisées chercheront toujours à
les rallier. Au 16ème, 17ème,
18ème et 19ème
siècle, on a vu des centaines de
milliers d'Européens émigrer
massivement vers l'Amérique,
l'Afrique, l'Océanie parce que
l'Europe était victime de famine, de
chômage et de beaucoup de maux comme
l'Afrique aujourd'hui.
2) Le système capitaliste dans
lequel nous vivons aujourd'hui, avec
le néo-libéralisme triomphant, est
un système pervers de type mafieux
où la finalité des détenteurs de
capitaux, c'est le profit, toujours
le profit, encore le profit. Pour ce
faire, il faut, d'une part, prendre
à vil prix les produits des pays
producteurs de matières premières,
et d'autre part, leur vendre très
cher les produits fabriqués avec
leurs matières premières en
contenant au maximum la masse
salariale des travailleurs des
métropoles impérialistes. Pour cela,
le système joue sur deux tableaux.
D'une part, augmenter la précarité
au niveau du travail par des lois
comme récemment le CNE (Contrat
Nouvel Embauche) ou le CPE (Contrat
Premier Embauche), les
délocalisations vers des pays à bas
salaires et d'autre part, développer
le travail au noir en s'appuyant sur
l'immigration clandestine. Il est de
notoriété publique que les grands
groupes industriels sous-traitent
une partie de leur travail à des
entreprises plus petites
spécialistes de l'utilisation de la
main d'ouvre clandestine. Aux USA,
tout dernièrement, lorsque Bush a
voulu durcir les lois contre
l'immigration clandestine, on a vu
la levée de bouclier des industriels
américains.
3) Si des jeunes Africains cherchent
à émigrer aujourd'hui vers l'Europe,
c'est parce que depuis la fin de la
colonisation directe, la France ne
cesse d'entretenir des pouvoirs
corrompus dont les dirigeants
dilapident les richesses et
financent les partis politiques en
France au lieu de s'occuper de leurs
peuples. On se demande d'ailleurs
pourquoi Sarkozy qui traque tant
l'immigration étrangère et ne cesse
de pleurnicher sur le sort de
l'Afrique ne demande pas à ses
services de renseignements de
publier les avoirs clandestins des
dirigeants africains qui viennent
planquer en France, l'argent volé à
leurs peuples.
4) Dans leurs ratiocinations sur
l'immigration, de Villiers et
Sarkozy ne cessent de pointer du
doigt les médecins béninois qui
seraient plus nombreux en France
qu'au Bénin. Cette affirmation
provocatrice est raciste et
mensongère. Il n'y a pas plus de
médecins béninois en France qu'au
Bénin. Ceux dont on parle, sont des
français d'origine béninoise comme
Sarkozy est d'origine hongroise et
son porte-parole Patrick Devedjian
d'origine arménienne. En tenant de
tels propos, on montre du doigt ces
médecins qui ne sont pas
responsables de la situation créée
au Bénin par Sarkozy, ses amis et
leurs agents béninois en leur
demandant de retourner dans leur
pays d'origine parce qu'ils n'ont
rien à faire en France. Or, personne
ne demande à Mr Sarkozy de retourner
en Hongrie parce que ce pays manque
de démagogues, ni à Patrick
Devedjian de retourner en Arménie
parce que ce pays manquerait
d'avocats. C'est plutôt maintenant,
avec cette loi, que Mr Sarkozy ira «
choisir » et faire venir en France,
de jeunes médecins et informaticiens
béninois, aggravant la fuite
effrénée des cerveaux dont est
victime l'Afrique.
5) En supprimant la possibilité
d'obtention de la carte de séjour
après 10 ans de séjour, en
durcissant les règles du
regroupement familial, en mettant
des restrictions sur les conditions
d'obtention des papiers après les
mariages, Mr Sarkozy, à un an de
l'élection présidentielle, veut
flatter les bas instincts des
Français pour prendre des voix au
Front National de Mr Le Pen et
précarise un peu plus les immigrés
en France.
6) Cette loi dite de l'immigration
choisie ressemble comme deux gouttes
d'eau à la pratique des négriers qui
venaient choisir les hommes les plus
vigoureux, les plus forts pour les
besoins de leurs affaires. Elle est
néfaste et ne résoudra pas les
problèmes de l'immigration comme
elle ne les a pas résolus dans les
autres pays cités en exemple par Mr
Sarkozy. Les USA connaissent le
nombre de clandestins le plus élevé
au monde.
Voilà pourquoi le Comité Culturel
pour la Démocratie au Bénin dénonce
vigoureusement cette loi liberticide
et mystificatrice et appelle tous
les démocrates français et étrangers
à s'y opposer de toutes leurs
forces.
Paris le 17 mai 2006
La Direction du CCDB
ccdb@free.fr