Les documents présentés ici sont à prendre en compte en ayant en vue les limites, erreurs et déviations du mouvement communiste international se réclamant du marxisme-léninisme analysées dans notre étude « Impérialisme et anti-impérialisme » de mai 2007. En effet dans ces documents (ceux de Michael Parenti et du PTB), des pays comme la Chine ou Cuba sont considérés comme des pays socialistes alors qu'ils ne l'ont jamais été (la Chine est même aujourd'hui devenue un puissant pays impérialiste). En outre ces documents considèrent à tord l'URSS comme socialiste jusqu'en 1990. Or le capitalisme restauré en URSS au début des années 1950 est parvenu à maintenir certains acquis sociaux hérités de la période socialiste jusqu'au dépeçage de la sphère d'influence du social-impérialisme soviétique et à la ruine de pans entiers de son économie. Toutes ces erreurs ont pour source une compréhension superficielle de la théorie économique marxiste-léniniste.
(Albert Einstein)
Est-il
convenable qu’un homme qui n’est pas versé dans les questions économiques
et sociales exprime des opinions au sujet du socialisme ?
Pour
de multiples raisons je crois que oui.
Considérons
d’abord la question au point de vue de la connaissance scientifique. Il
pourrait paraître qu’il n’y ait pas de différences méthodologiques
essentielles entre l’astronomie, par exemple, et l’économie : les savants
dans les deux domaines essaient de découvrir les lois généralement
acceptables d’un groupe déterminé de phénomènes, afin de rendre
intelligibles, d’une manière aussi claire que possible, les relations réciproques
existant entre eux. Mais en réalité de telles différences existent. La découverte
de lois générales en économie est rendue difficile par la circonstance que
les phénomènes économiques observés sont souvent influencés par beaucoup de
facteurs qu’il est très difficile d’évaluer séparément. En outre,
l’expérience accumulée depuis le commencement de la période de l’histoire
humaine soi-disant civilisée a été — comme on le sait bien — largement
influencée et délimitée par des causes qui n’ont nullement un caractère
exclusivement économique. Par exemple, la plupart des grands États dans
l’histoire doivent leur existence aux conquêtes. Les peuples conquérants se
sont établis, légalement et économiquement, comme classe privilégiée du
pays conquis. Ils se sont attribués le monopole de la terre et ont créé un
corps de prêtres choisis dans leur propre rang. Les prêtres, qui contrôlèrent
l’éducation, érigèrent la division de la société en classes en une
institution permanente et créèrent un système de valeurs par lequel le peuple
fut dès lors, en grande partie inconsciemment, guidé dans son comportement
social.
Mais
la tradition historique date pour ainsi dire d’hier ; nulle part nous
n’avons dépassé ce que Thorstein Veblen appelait " la phase de
rapine " du développement humain. Les faits économiques qu’on peut
observer appartiennent à cette phase et les lois que nous pouvons en déduire
ne sont pas applicables à d’autres phases. Puisque le but réel du socialisme
est de dépasser la phase de rapine du développement humain et d’aller en
avant, la science économique dans son état actuel peut projeter peu de lumière
sur la société socialiste de l’avenir.
En
second lieu, le socialisme est orienté vers un but éthico-social. Mais la
science ne peut pas créer des buts, encore moins peut-elle les faire pénétrer
dans les êtres humains ; la science peut tout au plus fournir les moyens
par lesquels certains buts peuvent être atteints. Mais les buts mêmes sont conçus
par des personnalités animées d’un idéal moral élevé et — si ces buts
ne sont pas mort-nés, mais vivants et vigoureux — sont adoptés et portés en
avant par ces innombrables êtres humains qui, à demi inconscients, déterminent
la lente évolution de la société.
Pour
ces raisons nous devrions prendre garde de ne pas surestimer la science et les méthodes
scientifiques quand il s’agit de problèmes humains ; et nous ne devrions
pas admettre que les spécialistes soient les seuls qui aient le droit de
s’exprimer sur des questions qui touchent à l’organisation de la société.
D’innombrables
voix ont affirmé, il n’y a pas longtemps, que la société humaine traverse
une crise, que sa stabilité a été gravement troublée. Il est caractéristique
d’une telle situation que des individus manifestent de l’indifférence ou, même,
prennent une attitude hostile à l’égard du groupe, petit ou grand, auquel
ils appartiennent. Pour illustrer mon opinion je veux évoquer ici une expérience
personnelle. J’ai récemment discuté avec un homme intelligent et d’un bon
naturel sur la menace d’une autre guerre, qui, à mon avis, mettrait sérieusement
en danger l’existence de l’humanité, et je faisais remarquer que seule une
organisation supranationale offrirait une protection contre ce danger. Là-dessus
mon visiteur me dit tranquillement et froidement : " Pourquoi êtes-vous
si sérieusement opposé à la disparition de la race humaine ? "
Je
suis sûr que, il y a un siècle, personne n’aurait si légèrement fait une
affirmation de ce genre. C’est l’affirmation d’un homme qui a vainement
fait des efforts pour établir un équilibre dans son intérieur et qui a plus
ou moins perdu l’espoir de réussir. C’est l’expression d’une solitude
et d’un isolement pénibles dont tant de gens souffrent de nos jours. Quelle
en est la cause ? Y a-t-il un moyen d’en sortir ?
Il
est facile de soulever des questions pareilles, mais il est difficile d’y répondre
avec tant soit peu de certitude. Je vais néanmoins essayer de le faire dans la
mesure de mes forces, bien que je me rende parfaitement compte que nos
sentiments et nos tendances sont souvent contradictoires et obscurs et qu’ils
ne peuvent pas être exprimés dans des formules aisées et simples.
L’homme
est en même temps un être solitaire et un être social. Comme être solitaire
il s’efforce de protéger sa propre existence et celle des êtres qui lui sont
le plus proches, de satisfaire ses désirs personnels et de développer ses
facultés innées. Comme être social il cherche à gagner l’approbation et
l’affection de ses semblables, de partager leurs plaisirs, de les consoler
dans leurs tristesses et d’améliorer leurs conditions de vie. C’est
seulement l’existence de ces tendances variées, souvent contradictoires, qui
explique le caractère particulier d’un homme, et leur combinaison spécifique
détermine dans quelle mesure un individu peut établir son équilibre intérieur
et contribuer au bien-être de la société. Il est fort possible que la force
relative de ces deux tendances soit, dans son fond, fixée par l’hérédité.
Mais la personnalité qui finalement apparaît est largement formée par le
milieu où elle se trouve par hasard pendant son développement, par la
structure de la société dans laquelle elle grandit, par la tradition de cette
société et son appréciation de certains genres de comportement. Le concept
abstrait de " société " signifie pour l’individu humain
la somme totale de ses relations, directes et indirectes, avec ses contemporains
et les générations passées. Il est capable de penser, de sentir, de lutter et
de travailler par lui-même, mais il dépend tellement de la société — dans
son existence physique, intellectuelle et émotionnelle — qu’il est
impossible de penser à lui ou de le comprendre en dehors du cadre de la société.
C’est la " société " qui fournit à l’homme la
nourriture, les vêtements, l’habitation, les instruments de travail, le
langage, les formes de la pensée et la plus grande partie du contenu de la pensée ;
sa vie est rendue possible par le labeur et les talents de millions
d’individus du passé et du présent, qui se cachent sous ce petit mot de
" société ".
Il
est, par conséquent, évident que la dépendance de l’individu de la société
est un fait naturel qui ne peut pas être supprimé — exactement comme dans le
cas des fourmis et des abeilles. Cependant, tandis que tout le processus de la
vie des fourmis et des abeilles est fixé, jusque dans ses infimes détails, par
des instincts héréditaires rigides, le modèle social et les relations réciproques
entre les êtres humains sont très variables et susceptibles de changement. La
mémoire, la capacité de faire de nouvelles combinaisons, le don de
communication orale ont rendu possibles des développements parmi les êtres
humains qui ne sont pas dictés par des nécessités biologiques. De tels développements
se manifestent dans les traditions, dans les institutions, dans les
organisations, dans la littérature, dans la science, dans les réalisations de
l’ingénieur et dans les œuvres d’art. Ceci explique comment il arrive que
l’homme peut, dans un certain sens, influencer sa vie par sa propre conduite
et comment, dans ce processus, la pensée et le désir conscients peuvent jouer
un rôle.
L’homme
possède à sa naissance, par hérédité, une constitution biologique que nous
devons considérer comme fixe et immuable, y compris les impulsions naturelles
qui caractérisent l’espèce humaine. De plus, pendant sa vie il acquiert une
constitution culturelle qu’il reçoit de la société par la communication et
par beaucoup d’autres moyens d’influence. C’est cette constitution
culturelle qui, dans le cours du temps, est sujette au changement et qui détermine,
à un très haut degré, les rapports entre l’individu et la société.
L’anthropologie moderne nous a appris, par l’investigation des soi-disant
cultures primitives, que le comportement social des êtres humains peut présenter
de grandes différences, étant donné qu’il dépend des modèles de culture
dominants et des types d’organisation qui prédominent dans la société.
C’est là-dessus que doivent fonder leurs espérances tous ceux qui
s’efforcent d’améliorer le sort de l’homme : les êtres humains ne sont
pas, par suite de leur constitution biologique, condamnés à se détruire
mutuellement ou à être à la merci d’un sort cruel qu’ils s’infligent
eux-mêmes.
Si
nous nous demandons comment la structure de la société et l’attitude
culturelle de l’homme devraient être changées pour rendre la vie humaine
aussi satisfaisante que possible, nous devons constamment tenir compte du fait
qu’il y a certaines conditions que nous ne sommes pas capables de modifier.
Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, la nature biologique de
l’homme n’est point, pour tous les buts pratiques, sujette au changement. De
plus, les développements technologiques et démographiques de ces derniers siècles
ont créé des conditions qui doivent continuer. Chez des populations
relativement denses, qui possèdent les biens indispensables à leur existence,
une extrême division du travail et une organisation de production très
centralisée sont absolument nécessaires. Le temps, qui, vu de loin, paraît si
idyllique, a pour toujours disparu où des individus ou des groupes relativement
petits pouvaient se suffire complètement à eux-mêmes. On n’exagère pas
beaucoup en disant que l’humanité constitue à présent une communauté planétaire
de production et de consommation.
Je
suis maintenant arrivé au point où je peux indiquer brièvement ce qui
constitue pour moi l’essence de la crise de notre temps. Il s’agit du
rapport entre l’individu et la société. L’individu est devenu plus
conscient que jamais de sa dépendance de la société. Mais il n’éprouve pas
cette dépendance comme un bien positif, comme une attache organique, comme une
force protectrice, mais plutôt comme une menace pour ses droits naturels, ou même
pour son existence économique. En outre, sa position sociale est telle que les
tendances égoïstes de son être sont constamment mises en avant, tandis que
ses tendances sociales qui, par nature, sont plus faibles, se dégradent
progressivement. Tous les êtres humains, quelle que soit leur position sociale,
souffrent de ce processus de dégradation. Prisonniers sans le savoir de leur
propre égoïsme, ils se sentent en état d’insécurité, isolés et privés
de la naïve, simple et pure joie de vivre. L’homme ne peut trouver de sens à
la vie, qui est brève et périlleuse, qu’en se dévouant à la société.
L’anarchie
économique de la société capitaliste, telle qu’elle existe aujourd’hui,
est, à mon avis, la source réelle du mal. Nous voyons devant nous une immense
société de producteurs dont les membres cherchent sans cesse à se priver
mutuellement du fruit de leur travail collectif — non pas par la force, mais,
en somme, conformément aux règles légalement établies. Sous ce rapport, il
est important de se rendre compte que les moyens de la production — c’est-à-dire
toute la capacité productive nécessaire pour produire les biens de
consommation ainsi que, par surcroît, les biens en capital — pourraient légalement
être, et sont même pour la plus grande part, la propriété privée de
certains individus.
Pour
des raisons de simplicité je veux, dans la discussion qui va suivre, appeler
" ouvriers " tous ceux qui n’ont point part à la
possession des moyens de production, bien que cela ne corresponde pas tout à
fait à l’emploi ordinaire du terme. Le possesseur des moyens de production
est en état d’acheter la capacité de travail de l’ouvrier. En se servant
des moyens de production, l’ouvrier produit de nouveaux biens qui deviennent
la propriété du capitaliste.
Le
point essentiel dans ce processus est le rapport entre ce que l’ouvrier
produit et ce qu’il reçoit comme salaire, les deux choses étant évaluées
en termes de valeur réelle. Dans la mesure où le contrat de travail est " libre ",
ce que l’ouvrier reçoit est déterminé, non pas par la valeur réelle des
biens qu’il produit, mais par le minimum de ses besoins et par le rapport
entre le nombre d’ouvriers dont le capitaliste a besoin et le nombre
d’ouvriers qui sont à la recherche d’un emploi. Il faut comprendre que même
en théorie le salaire de l’ouvrier n’est pas déterminé par la valeur de
son produit.
Le
capital privé tend à se concentrer en peu de mains, en partie à cause de la
compétition entre les capitalistes, en partie parce que le développement
technologique et la division croissante du travail encouragent la formation de
plus grandes unités de production aux dépens des plus petites. Le résultat de
ces développements est une oligarchie de capitalistes dont la formidable
puissance ne peut effectivement être refrénée, pas même par une société
qui a une organisation politique démocratique. Ceci est vrai, puisque les
membres du corps législatif sont choisis par des partis politiques largement
financés ou autrement influencés par les capitalistes privés qui, pour tous
les buts pratiques, séparent le corps électoral de la législature.
La
conséquence en est que, dans le fait, les représentants du peuple ne protègent
pas suffisamment les intérêts des moins Privilégiés. De plus, dans les
conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement, d’une manière
directe ou indirecte, les principales sources d’information (presse, radio, éducation).
Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen, et dans la plupart des cas
tout à fait impossible, d’arriver à des conclusions objectives et de faire
un usage intelligent de ses droits politiques.
La
situation dominante dans une économie basée sur la propriété privée du
capital est ainsi caractérisée par deux principes importants: premièrement,
les moyens de production (le capital) sont en possession privée et les
possesseurs en disposent comme ils le jugent convenable ; secondement, le
contrat de travail est libre. Bien entendu, une société capitaliste pure dans
ce sens n’existe pas. Il convient de noter en particulier que les ouvriers,
après de longues et âpres luttes politiques, ont réussi à obtenir pour
certaines catégories d’entre eux une meilleure forme de " contrat
de travail libre ". Mais, prise dans son ensemble, l’économie
d’aujourd’hui ne diffère pas beaucoup du capitalisme " pur ".
La
production est faite en vue du profit et non pour l’utilité. Il n’y a pas
moyen de prévoir que tous ceux qui sont capables et désireux de travailler
pourront toujours trouver un emploi ; une " armée " de
chômeurs existe déjà. L’ouvrier est constamment dans la crainte de perdre
son emploi. Et puisque les chômeurs et les ouvriers mal payés sont de faibles
consommateurs, la production des biens de consommation est restreinte et a pour
conséquence de grands inconvénients. Le progrès technologique a souvent pour
résultat un accroissement du nombre des chômeurs plutôt qu’un allégement
du travail pénible pour tous. L’aiguillon du profit en conjonction avec la
compétition entre les capitalistes est responsable de l’instabilité dans
l’accumulation et l’utilisation du capital, qui amène des dépressions économiques
de plus en plus graves. La compétition illimitée conduit à un gaspillage
considérable de travail et à la mutilation de la conscience sociale des
individus dont j’ai fait mention plus haut.
Je
considère cette mutilation des individus comme le pire mal du capitalisme. Tout
notre système d’éducation souffre de ce mal. Une attitude de compétition
exagérée est inculquée à l’étudiant, qui est dressé à idolâtrer le
succès de l’acquisition comme une préparation à sa carrière future.
Je
suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves,
à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un
système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie,
les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient
utilisés d’une façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la
production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre
tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens
d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation
de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et
lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la
glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société
actuelle.
Il
est cependant nécessaire de rappeler qu’une économie planifiée n’est pas
encore le socialisme. Une telle économie pourrait être accompagnée d’un
complet asservissement de l’individu. La réalisation du socialisme exige la
solution de quelques problèmes socio-politiques extrêmement difficiles :
comment serait-il possible, en face d’une centralisation extrême du pouvoir
politique et économique, d’empêcher la bureaucratie de devenir
toute-puissante et présomptueuse ? Comment pourrait-on protéger les
droits de l’individu et assurer un contrepoids démocratique au pouvoir de la
bureaucratie ?
"Pourquoi
le socialisme ?", Conceptions scientifiques, morales et
sociales, Bibliothèque de philosophie scientifique, Flammarion, Paris,
1952, pp. 125-132.
Michael Parenti
Bush : "Nous sommes en guerre, notre économie est en récession mais la situation de notre pays n'a jamais été aussi bonne qu'aujourd'hui."
Voilà
les premières phrases du discours sur l'Etat de l'Union, prononcé par le président
Bush devant le parlement. Le professeur et historien américain Michael Parenti
a, quant à lui, rassemblé des données très crues sur la situation réelle
aux Etats-Unis.
Voici ce qu'il arrive, en un an, aux Etats-Unis
:
o
27 000 Américains se suicident.
o 23 000 sont assassinés.
o 85 000 sont blessés par balle. 38 000 décèdent dont 2 600 enfants.
o 13 millions sont victimes de divers crimes, dont attaques, viols, vols à main
armée, cambriolages, incendies criminels.
o 135 000 enfants amènent des armes à l'école.
o 6,6 millions de personnes prennent régulièrement du crack, du speed, du PCP,
de la cocaïne ou une autre drogue dure.
o 37 millions de personnes, soit un Américain sur six, prennent régulièrement
des médicaments pour contrôler leurs émotions. Pour les sociétés
pharmaceutiques, les profits sont …stupéfiants.
o 600 à 1 000 personnes sont lobotomisées.
o 2 millions de personnes subissent des interventions chirurgicales inutiles. 10
000 d'entre elles en meurent.
o 45 000 personnes sont tuées dans des accidents de voiture. Parallèlement,
les fonds pour développer des formes plus sûres de transports collectifs sont
réduits.
o 126 000 enfants naissent avec des infirmités majeures, dûes principalement
à des soins insuffisants avant la naissance, des carences alimentaires, un
environnement toxique, la toxicomanie de la mère.
o 30 000 enfants souffrent d'incapacités physiques permanentes dues à la
maltraitance. Parallèlement à la croissance du chômage, les incidents de
maltraitance par des parents sans emplois augmentent dramatiquement.
o 150 000 enfants sont déclarés disparus. 50 000 d'entre eux disparaissent
purement et simplement.
o 900 000 enfants, dont certains sont âgés de 7 ans, travaillent comme
ouvriers agricoles sous-payés, plongeurs, ouvriers de blanchisserie ou
domestiques, parfois jusqu'à 10 heures par jour, en violation des lois sur le
travail des enfants.
o 700 000 femmes sont violées, soit une toutes les 45 secondes.
o 5 millions de travailleurs sont blessés au travail. 150 000 d'entre eux
souffrent d'infirmités.
o 14 000 personnes sont tuées sur leur lieu de travail.
o 100 000 personnes meurent prématurément suite à des maladies liées au
travail.
o 60 000 personnes sont tuées par des substances polluantes toxiques dans
l'environnement ou des substances contaminées dans la nourriture, l'eau ou
l'air.
o 4 000 personnes meurent à cause de la viande contaminée.
o 5,1 millions de personnes sont actuellement en prison, en liberté
conditionnelle ou sur parole. La population carcérales a augmenté de 200%
depuis 1980. Pour des crimes équivalents, les Afro-Américains écopent de
peines de prison en moyenne de 10% plus longues que les Blancs.
o 15 000 personnes souffrent de tuberculose.
o 40 millions de personnes n'ont pas d'assurance-santé ou de protection en cas
de maladies grave.
o 1,1 million de personnes âgées vivent dans des homes. Un nombre important,
mais non-déterminé, d'entre elles souffrent de négligences graves et de
mauvais traitements dans ces institutions dont le but principal est le profit.
o 1 million d'enfants résident dans des orphelinats, des maisons de correction
ou des prisons pour adultes. La plupart d'entre eux sont issus de milieux défavorisés.
o Plus de 4 500 000 enfants souffrent de malnutrition.
o Entre 7 et 12 millions de personnes sont sans emplois. Beaucoup montrent des
signes de dépression.
o 6 millions de personnes ont des emplois "contingents" ou conçus
pour être temporaires.
o 15 millions de personnes travaillent à temps partiel, à durée déterminée
et sans bénéficier de protection sociale.
o 3 millions de personnes ne sont pas reprises dans les statistiques car elles
n'ont plus droit au chômage, n'y ont jamais eu droit, ont renoncé à chercher
du travail ou se sont enrôlées dans l'armée.
o 80 millions de personnes vivent avec un revenu inférieur au revenu
"confortablement adéquat", estime le ministère US du Travail. 35
millions d'entre eux vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
o 12 millions de pauvres souffrent de faim chronique et de malnutrition.
o 2 million de personnes sont sans domicile et vivent dans la rue.
o Plus de 160 millions de personnes font partie des ménages endettés, contre
100 millions il y a dix ans. Une majorité a emprunté de l'argent pour des
produits de base.
Quoi
qu'en disent les rassurantes autorités, nous sommes confrontés à un véritable
holocauste caché. De plus, un nombre indéterminé de personnes n'est pas
repris dans les catégories pré-citées. Les statistiques officielles, par
exemple, font état de 35 millions de pauvres mais sont basées sur des données
de recensement qui sous-estiment les itinérants, les sans abris, et ceux qui
vivent dans des zones difficiles d'accès ou citadines et surpeuplées. Quant au
seuil de pauvreté, il est établi selon un critère de bas revenus irréaliste
et ne prend pas suffisamment en considération la façon dont l'inflation se répercute
sur les besoins de base comme la nourriture, le chauffage, les loyers et les
soins de santé. Certains économistes estiment que 46 millions de personnes
vivent dans des conditions économiques gravement insuffisantes.
Aux Etats-Unis, le taux de mortalité infantile est plus élevé que dans treize autres pays. Pour ce qui est de l'espérance de vie, les hommes de 20 ans se placent au 36ème rang mondial, les femmes du même âge arrivent à la 21ème place. Et ce qui rend ces statistiques encore plus tragiques, c'est que la plupart de ces victimes sont mortes à cause du système de "les profits avant les personnes" des grandes entreprises.
Aux
Etats-unis, dans l'organisation des soins de santé, l'argent fait souvent la
différence entre la vie et la mort. Beaucoup de malades meurent d'avoir reçu
des soins inadéquats ou trop tardifs. Les primes des assurances-santé ont cru
de façon astronomique et les factures d'hospitalisation ont augmenté cinq fois
plus vite que le coût global de la vie.
Pour beaucoup, le rêve américain est en train de tourner cauchemar. Il est de la plus haute importance que nous nous sentions concernés par le progrès collectif et par la suppression du pillage engendré par le marché libre. "People before profits" (les gens avant le profit) n'est pas seulement un slogan, c'est notre seul espoir.
Source : article politique-info ; US way of life
Débat sur le communisme
(Michael Parenti, professeur américain de sciences politiques)
Aux
Etats-Unis (et dans tout l'Occident, ndlr), le lobby de la pensée dominante
propage l'anticommunisme dans la population depuis plus de cent ans. Celui-ci a
fini par ressembler davantage à une orthodoxie religieuse qu'à une analyse
politique. Pendant la Guerre Froide, les thèses idéologiques de
l'anticommunisme ont manipulé toutes les données sur les sociétés
communistes existantes pour en faire des «témoins à charge». Quand les Soviétiques
refusaient de négocier, ils étaient implacables et fauteurs de guerre ; s'ils
faisaient des concessions, c'était une manœuvre de déstabilisation.
Si les églises russes étaient vides, c'était la preuve que la religion était réprimée ; si elles se remplissaient, c'était que les gens repoussaient l'idéologie athéiste du régime. Quand les travailleurs faisaient grève (ce qui était rare), c'était la preuve de l'aliénation du système collectiviste. S'ils ne faisaient pas grève, c'est parce qu'ils étaient intimidés et que la liberté d'action leur était enlevée. Une pénurie des biens de consommation était due à un système économique en faillite; un meilleur approvisionnement prouvait que les dirigeants voulaient renforcer leur pouvoir en apaisant le peuple récalcitrant. Si les communistes ont joué un rôle important aux Etats-Unis dans la lutte pour les droits des travailleurs, des pauvres, des Afro-américains, des femmes, c'était seulement pour gagner le soutien des groupes exclus et élargir ainsi leur pouvoir. Mais à la question «comment obtenir du pouvoir en défendant les droits de ceux qui n'en n'ont pas», personne ne répondait.
Une
génuflexion pour l'orthodoxie
Aux
Etats-Unis, beaucoup de gens de gauche ont développé des sentiments
anticommunistes et antisoviétiques qui, en matière d'hostilité et de grossièreté,
n'ont rien à envier à la droite. A propos des «intellectuels de gauche»,
Noam Chomsky dit qu'ils tentent de «prendre le pouvoir en abusant des grands
mouvements populaires» pour «opprimer ensuite le peuple par la violence»...1
()
Avec
d'autres, certaines personnes de gauche retombent sur le stéréotype vieilli
des velléités communistes du pouvoir qui recherchent le pouvoir pour le
pouvoir et n'accordent aucune importance à quelque fin sociale que ce soit. Si
c'est le cas, on peut se demander pourquoi les communistes choisissent chaque
fois le côté des pauvres et des sans-droits. Pourquoi se sacrifient-ils au
lieu de profiter des avantages qu'un engagement auprès des riches leur
rapporterait sans aucun doute ? Des décennies durant, de très nombreux écrivains
et orateurs de gauche ont essayé aux USA de renforcer leur crédibilité en prêtant
leur voix à l'anticommunisme et à la critique de l'Union Soviétique. Ils se
sentaient visiblement obligés de prendre position contre le communisme dans
chaque discours, critique ou article sur n'importe quel sujet politique. Le but
de cela était, et est encore, de se distancier de la gauche marxiste-léniniste.
Adam Hochschild, un éditeur et écrivain progressiste, a prévenu les auteurs de gauche que «cela nuirait à leur crédibilité» s'ils ne condamnaient pas les sociétés communistes existantes.2 () Ronald Radosh a imploré le mouvement pour la paix de s'épurer de tous les communistes, sous peine d'être accusé de sympathie communiste.3 Si je comprends bien Radosh, nous devons tous devenir des chasseurs de sorcières pour échapper à la chasse aux sorcières communistes.
Communistes chassés du syndicat : un
million et demi d'affiliés en moins
Préserver
la gauche du communisme est devenu une tradition, ce qui n'a pas manqué de
nuire à certains objectifs de la gauche. En 1949 par exemple, une douzaine de
syndicats ont été exclus du CIO (confédération syndicale américaine, ndlr)
car des communistes siégeaient dans leurs organes de gestion. Cette épuration
a brutalement fait chuter le nombre d'affiliés au CIO : 1,7 millions de membres
en moins. En outre, elle a eu des conséquences désastreuses pour le
recrutement de nouveaux membres et a clairement limité l'influence politique de
la confédération. ()
Même
dans leur lutte contre la droite, les critiques de gauche ne peuvent s'empêcher
de soumettre leurs lettres de créance anticommunistes. Ainsi Mark Green écrivait
dans une critique sur le président Ronald Reagan : «Lorsque son catéchisme
conservateur sera mis à l'épreuve, (Reagan) ne changera pas son point de vue
mais bien les faits, tel un inflexible marxiste-léniniste.»4
La
gauche chasseuse de communistes a renforcé le climat hostile qui a donné carte
blanche aux dirigeants US pour mener des guerres froides et chaudes contre les
pays communistes. C'est ainsi qu'elle a empêché jusqu'ici les idées
progressistes d'avoir ne fût-ce que l'ombre d'une chance. (...) La gauche américaine
manque totalement d'évaluation rationnelle de l'Union Soviétique. Ce pays a
connu, pendant les premières années de son existence, une longue guerre civile
et une agression étrangère multinationale. Deux décennies plus tard, il a défait
le monstre nazi, au prix de nombreuses vies. Après la révolution bolchevique,
les Soviétiques ont permis en trois décennies un progrès industriel que le
capitalisme avait mis un siècle à réaliser. Ils ont nourri et éduqué leurs
enfants au lieu de les faire travailler quatorze heures par jour comme le
faisaient, et le font encore, les capitalistes dans de grandes parties du monde.
(...)
La gauche anticommuniste est restée épouvantablement insensible aux progrès impressionnants réalisés par les masses de populations pauvres sous le communisme. Certains ont même affiché leur mépris envers ces réalisations. Je me souviens comment à Burlington, Vermont, en 1971, le célèbre anarchiste anticommuniste Murray Bookchin s'est moqué de mon souci pour «ces pauvres enfants qui ont enfin reçu à manger sous le communisme» (sic).
1 Z. Magazine, 10/95 ·2 Guardian, 23/05/84 · 3 Guardian, 16/03/83 · 4 Mark Green en Gail MacColl, New York, Pantheon Books, There He Goes Again: Ronald Reagan's Reign of Terror (1983), 12.
Globalisation,
récession, régression sociale et économique durable et profonde en Europe de
l'Est, pourtant libérée de la «dictature communiste». Les interrogations et
la lutte contre ces fléaux annoncent la fin de la fin de l'histoire. Les gens
se mettent en mouvement, de Seattle à Göteborg, de Gênes à Bruxelles. Dans
ce contexte, le débat sur le passé prend toute son importance. Cette semaine,
nous publions une deuxième contribution du professeur américain en sciences
politiques Michael Parenti, dont EPO vient de publier l'ouvrage Zwarthemden
& Roden, (Chemises noires et rouges, le fascisme rationnel et le
renversement du communisme). Cette contribution est extraite du troisième
chapitre de son ouvrage.
Pour
les anticommunistes de gauche, chaque association avec des organisations
communistes est moralement inacceptable à cause des «méfaits du communisme».
Néanmoins, nombre d'entre eux entretiennent des contacts, en tant que membres
ou électeurs, avec le Parti Démocrate aux Etats-Unis. Visiblement, ils se
soucient peu des méfaits politiques moralement inacceptables que les dirigeants
de cette organisation ont commis. Sous la direction démocrate, 120 000 Américains
d'origine japonaise ont été emmenés et enfermés dans des camps ; on a jeté
des bombes sur Hiroshima et Nagasaki ; le FBI a reçu l'autorisation d'infiltrer
des organisations politiques ; sur base du Smith Act et à cause de leurs
convictions politiques, les dirigeants du Trotskyist Socialist Workers Party ont
été arrêtés, puis ce fut au tour des dirigeants communistes ; des camps
d'enfermement ont été mis sur pied pour interner les dissidents politiques en
cas d' «état d'urgence national» ; fin des années 40 et début des années
50, huit mille fonctionnaires fédéraux ont été licenciés à cause de leurs
idées ou de leurs liens politiques ; durant la chasse aux sorcières, des
milliers d'autres ont subi le même sort, toutes catégories professionnelles
confondues ; on a utilisé le Neutrality Act pour imposer à la République
espagnole un embargo qui arrangeait les légions fascistes de Franco ; dans différents
pays du tiers-monde, des programmes anti-émeutes meurtriers ont été mis en
place ; la guerre du Vietnam s'est intensifiée. Et pendant la majeure partie du
20ème siècle, le Parti Démocrate, qui avait la majorité au Congrès,
a défendu la séparation des races.
Il
a interdit toutes les propositions de loi contre les partis lyncheurs et pour
des conditions de travail équitables. Et pourtant, malgré tous ces méfaits
qui ont causé morts et désolations, les progressistes, les socio-démocrates
et les «démocrates socialistes» anticommunistes n'ont pas demandé la
condamnation du Parti Démocrate ou, en tout cas, pas avec la même intolérance
enflammée que celle que le communisme a dû endurer.
Beaucoup
de progressistes ne veulent pas être associés aux organisations communistes,
mais entretiennent des liens avec le Parti Démocrate aux Etats-Unis, qui a
commis de nombreux méfaits.
Points
de divergences
Selon
certains Américains de gauche, les bouleversements survenus en Europe de l'Est
n'ont pas signifié le déclin du socialisme, car le socialisme n'a jamais existé
dans ces pays. Ils prétendent que les Etats communistes n'offraient rien de
plus qu'un capitalisme d'Etat bureaucratique dans un système à un seul parti,
ou quelque chose du genre. Que nous appelions auparavant les pays communistes «socialistes»
n'est qu'une question de définition. Il suffit de dire qu'ils étaient différents
de ce qui se passait dans le monde capitaliste axé sur le profit comme les
capitalistes s'en sont eux-mêmes rapidement aperçus.
Au
tout début, il y a avait dans les pays communistes moins d'inégalité économique
que sous le gouvernement capitaliste. Le revenu personnel et le style de vie du
gouvernement et du parti dirigeant restaient modestes. Les dirigeants soviétiques
comme Youri Andropov et Léonide Brejnev n'habitaient pas dans des demeures
luxueusement aménagées comme la Maison Blanche, mais dans des appartements
relativement grands près du Kremlin, dans un projet de nouvelles constructions
destinées aux leaders du gouvernement. Il y avait des limousines à leur
disposition (comme c'est d'usage pour les chefs d'Etat) et ils avaient accès
aux grandes datchas où ils recevaient les dignitaires de haut rang. Mais il
leur manquait l'immense richesse personnelle dont disposaient la plupart des
dirigeants américains.
La
presse américaine parlait souvent du «luxe» dans lequel vivaient les
dirigeants de parti est-allemands. En réalité, ceux-ci touchaient une rémunération
d'environ 800 euros (32.000 FB) en espèces et une habitation dans un complexe
exclusif dans la périphérie de Berlin, avec un sauna commun, une piscine
couverte et un centre de fitness. Ils pouvaient faire des achats dans des
magasins où l'on vendait des produits occidentaux, comme des bananes, des jeans
et des appareils ménagers importés du Japon. Cette presse omettait cependant
de mentionner que les autres Est-allemands disposaient, eux aussi, de piscines
et de salles de gymnastique publiques, qu'ils pouvaient acheter des jeans et des
appareils ménagers (même s'ils étaient généralement de production
est-allemande). Et surtout, ce «luxe» des dirigeants est-allemands n'était
jamais comparé aux richesses exorbitantes de la ploutocratie occidentale.
En
deuxième lieu, les forces de production dans les pays communistes n'étaient
pas organisées sur base de la course au bénéficie ou de l'ambition de
s'enrichir. La propriété commune des moyens de production prédominait sur la
propriété privée. Les individus n'étaient pas autorisés à employer
d'autres individus dans le but d'accumuler des richesses. Par rapport à
l'Occident, les différences de revenus et d'économies restaient généralement
faibles. En Union soviétique, la catégorie de revenus la plus élevée gagnait
jusqu'à cinq fois le revenu de la catégorie de revenus la plus basse. Aux
Etats-Unis, le revenu annuel des multimilliardaires les plus riches s'élève
jusqu'à dix mille fois celui des salaires les plus faibles.
En
troisième lieu, le service social était prioritaire. Même si la vie sous le
communisme présentait de nombreuses carences, ces pays garantissaient à leurs
citoyens un niveau de vie et de sécurité économique minimal : enseignement,
emploi, logement et assistance médicale.
En
quatrième lieu, les pays communistes ne cherchaient pas à placer des
investissements rentables dans les pays étrangers. Ils ne s'appropriaient pas
les terres, la main d'oeuvre, les marchés et les matières premières des pays
plus faibles et ils ne se rendaient pas coupables d'impérialisme économique,
parce que la soif de bénéfice leur était étrangère et qu’ils ne
recherchaient pas sans cesse de nouvelles possibilités d'investissement. L'Union
soviétique observait des relations de commerce et d'assistance correctes dont
ont profité entre autres les pays de l'Est, la Mongolie, Cuba et l'Inde.
Voilà les principes organisationnels propres à pratiquement tout système communiste. Rien de tout cela dans les pays dominés par l'économie de marché, comme le Honduras, le Guatemala, la Thaïlande, la Corée du Sud, le Chili, l'Indonésie, le Zaïre de Mobutu, l'Allemagne, et les Etats-Unis...
La
centralisation et une industrialisation fortement dirigée étaient absolument
indispensables dans les années 30 pour pouvoir vaincre les nazis : la
construction des fondations du plus grand complexe sidérurgique au monde à
Magnitogorsk, en 1934. Un chantier mené à la hâte et à mains nues. Ce
complexe sidérurgique allait jouer un rôle décisif durant la guerre.
Pour
pouvoir survivre, une révolution populaire doit saisir et utiliser la puissance
de l'Etat pour (a) libérer la communauté du joug dans lequel la maintient la
classe qui possède les richesses et les institutions (b) offrir une résistance
à la contre-attaque réactionnaire qui peut arriver. Les dangers externes et
internes auxquels est confrontée une révolution rendent indispensable une
puissance étatique centralisée, bien que cela ne plaise à personne : ni en
Russie soviétique en 1917, ni dans le Nicaragua des Sandinistes en 1980.
Friedrich Engels donne un exemple frappant de cela. Après une révolte en Espagne en 1872-73, les anarchistes ont pris le pouvoir dans toute une série de communes à travers le pays. Initialement, la situation semblait prometteuse. Le roi avait abdiqué et la force armée dont le gouvernement bourgeois disposait se résumait à quelques milliers d'hommes mal entraînés. Pourtant, cette petite bande désordonnée a obtenu la victoire car elle était confrontée à une résistance très éparpillée. «Chaque village s'est proclamé canton indépendant et a mis sur pied un comité révolutionnaire (junta)», écrit Engels. «Chaque village était seul car on avait à l'esprit que ce n'était pas la collaboration avec les autres villages qui était le but essentiel mais seulement l'indépendance absolue. Ainsi, on a exclu d'avance la possibilité d'une attaque commune (contre les puissances bourgeoises).» Ce sont «la fragmentation et l'isolement des combattants révolutionnaires qui ont permis aux troupes du gouvernement de mater une révolte après l'autre.»1
La
division appelle une attaque de l'ennemi
Une
autonomie décentralisée à petite échelle est fatale pour une insurrection,
c'est même probablement une des raisons pour lesquelles chaque révolution
anarcho-syndicaliste a échoué jusqu'ici. Une participation ouvrière locale,
indépendante, avec une bureaucratie réduite au minimum, une force policière
et militaire limitée, ... tout cela serait effectivement très beau. Cela
pourrait constituer la base du socialisme ...si le socialisme avait la chance de
pouvoir se développer sans les attaques et le travail de sape contre-révolutionnaires.
En 1918-20, quatorze pays capitalistes, les Etats-Unis y compris, ont envahi
l'Union soviétique dans une tentative sanglante, mais vaine, de renverser le
gouvernement bolchevique. Les années d'invasions étrangères et de guerres
civiles ont en grande partie déterminé la mentalité d'assiégés des
Bolcheviques, pour qui la seule solution était dès lors l'unité du parti et
un appareil de sécurité répressif. Le même Lénine qui avait encouragé la démocratie
au sein du parti et, contrairement à Trotski, voulait donner une plus grande
autonomie aux syndicats, a appelé en mai 1921 à mettre fin à l'opposition
ouvrière et aux autres fractions existant dans le parti.
Trotski
était l'un des leaders bolcheviques les plus autoritaires et le moins enclin à
tolérer l'autonomie organisationnelle, certains points de vue et la démocratie
à l'intérieur du parti. Mais en automne 1923, ramené à une position
minoritaire et mis à l'écart par Staline et d'autres, Trotski s'est
soudainement déclaré ouvert à la transparence au sein du parti et à la démocratie
ouvrière. Depuis lors, il est encensé par certains partisans comme un démocrate
antistalinien.
«Il est temps», a dit Lénine devant l'assemblée enthousiaste et unanime du Dixième Congrès du parti, «de mettre fin à l'opposition, cela a assez duré : nous avons connu assez de résistance.» Les communistes ont décidé que les différends affirmés et les tendances contradictoires devaient cesser dans et hors du parti. Les signes de dissension et de faiblesse avaient continuellement favorisé l'attaque d'ennemis redoutables.
Le
destin de l'individu et celui du peuple
A la
fin des années 20, les Soviets avaient le choix (a) de mettre toutes leurs
forces en oeuvre pour une centralisation plus forte avec une économie dirigée,
une collectivisation agraire et une industrialisation forcées sous la direction
autocratique du parti, le choix de Staline, ou (b) d'emprunter la voie d'une libéralisation
qui permette plus de diversité politique, plus d'autonomie pour les syndicats
et les organisations, plus d'intervention et de critique ouvertes, plus
d'autonomie pour les différentes républiques soviétiques, un secteur de
petites entreprises en propriété privée, un développement agraire indépendant
par la population paysanne, plus d'accent sur les biens de consommation et moins
sur l'accumulation du capital, indispensable pour construire une bonne base
militaro-industrielle. La seconde voie aurait, selon moi, pu mener à une société
plus confortable, plus humaine et plus serviable. () Le seul problème est que
le pays aurait couru le risque de ne pas être prêt à combattre les attaques
nazies. Au lieu de cela, l'Union soviétique a commencé une industrialisation
rigoureuse, poussée. (..) Dix ans de construction ont fait naître le plus
grand complexe sidérurgique d'Europe, une énorme base industrielle totalement
neuve à l'est de l'Oural, au milieu des steppes arides, en attendant une
invasion de l'ouest. «On a dépensé des flots d'argent, les hommes ont
souffert de la faim et de la soif, mais la construction a continué sans se
soucier des individus et avec un héroïsme massif rarement égalé dans
l'histoire.»2
La prévision de Staline selon laquelle l'Union soviétique n'aurait que dix ans pour faire ce que les Britanniques ont fait en un siècle, fut exacte. Lorsque les nazis ont envahi l'Union soviétique en 1941, cette même base industrielle, en sécurité à des milliers de kilomètres du front, a fourni des armes de guerre qui ont finalement pu régler le conflit.
1 Marx, Engels, Lénine, Anarchism and Anarcho-Syndicalism: Selected Writings (New York, International Publishers, 1972) · 2 John Scott, Behind the Urals, an American Worker in Russia's City of Steel (Boston, Houghton Mifflin, 1942)
Sur
ordre d'Eltsine, les tanks russes prennent le Parlement d'assaut en 1993. Deux
mille personnes seront tuées. Peu après, Eltsine interdit aux syndicats toute
forme d'activité politique, supprime des dizaines de publications, met
hors-la-loi quinze partis politiques. Mais en Occident, beaucoup de gens de
gauche voient alors en lui toujours un démocrate.
Avec la chute des gouvernements communistes, la gauche américaine allait être libérée d'un beau sujet d'irritation. «Libérée du spectre de l'Union soviétique et du cauchemar de la Chine communiste», comme l'a exprimé le théoricien de gauche, Richard Lichtman. En réalité, la restauration du capitalisme en Europe de l'Est signifiera un affaiblissement considérable pour maintes luttes de libération dans le tiers monde. Le soutien soviétique est supprimé, une collection de nouveaux gouvernements de droite voit le jour et les derniers obstacles barrant encore la route aux intérêts des entreprises occidentales sont levés. Dorénavant, elles peuvent se mettre à exploiter comme bon leur semble. Les industriels n'ayant plus à convaincre leurs travailleurs qu'ils étaient mieux lotis que leurs collègues russes, ils ne tardent pas à mettre le holà aux nombreux avantages que la classe ouvrière occidentale a acquis au cours des années. Maintenant que le libre marché, dans sa forme la plus vile, fait une entrée triomphale à l'Est, il va également triompher en Occident. «Le capitalisme à visage humain» est remplacé par «le capitalisme haïssant l'humain». L'anticommunisme de gauche n'a jamais vu venir ces pertes parce qu'il n'a jamais compris quel rôle les puissances communistes en place jouaient lorsqu'en fait, elles tempéraient les impulsions les plus graves du capitalisme et de l'impérialisme occidentaux. Et parce que cet anticommunisme de gauche a toujours considéré le communisme comme un authentique fléau. Même à ce jour, ils sont encore nombreux à ne pas l'avoir compris.
La
contradiction entre marché libre et démocratie
Les
anticommunistes s'emparent du pouvoir en Europe de l'Est et en Union soviétique
dans les années 1989-1991. Ils commencent par imposer leur idéologie bourgeoise
à la vie politique et culturelle : les communistes sont écartés du
gouvernement, de la presse, des universités, de certaines professions et des
tribunaux. Bien que ces anticommunistes se soient fait passer pour des réformateurs
démocrates, ils perdent bien vite patience avec les expressions démocratiques
de la résistance populaire qui les empêchent d'introduire un capitalisme effréné
de libre marché. En Russie, les alliés du président Boris Eltsine évoquent
le «danger de la démocratie». Ils se plaignent de ce que «la plupart des
organes de représentation sont devenus une entrave à leurs réformes (du marché)».
Manifestement, le libre marché qui selon les «réformateurs» constitue
la véritable base de la démocratie politique ne peut pas être introduit
par des moyens démocratiques. En 1992, les présidents de la Pologne, de la Tchécoslovaquie
et de la Russie demandent la suspension de leurs parlements et le droit de
gouverner par décret présidentiel. Ils proposent des mesures répressives
contre les «nostalgiques» et tous ceux qui refusent de se soumettre aux «réformes»
du libre marché. Ils ne sont pas là pour donner le pouvoir au peuple, mais
pour assurer un maximum de profit aux privilégiés.
Cette démocratisation par l'oppression a déjà débuté avant le renversement du communisme, à vrai dire. En 1991, Mikhaïl Gorbatchev, met le Parti communiste de l'Union soviétique hors-la-loi. Les fonds et bâtiments du parti sont saisis. Les travailleurs n'ont plus le droit de mener la moindre activité politique sur leur lieu de travail. Six journaux de gauche sont interdits. Les médias américains, et même de nombreux progressistes américains, accueillent cette oppression comme «un pas en avant en matière de réformes démocratiques». A l'époque, Gorbatchev demande que le Congrès russe se dissolve de lui-même : celui-ci s'oppose aux changements avec trop d'opiniâtreté. En fait, le Congrès ne s'oppose pas à la concertation démocratique ni aux élections ouvertes à plusieurs partis d'ailleurs, celles-ci ont déjà eu lieu. Le Congrès doit se dissoudre parce qu'il s'oppose à un capitalisme effréné de libre marché. Durant les débats, Gorbatchev coupe les micros à plusieurs reprises et menace le Congrès de le dissoudre lui-même via un décret d'urgence. Il fait revoter à trois reprises jusqu'à ce que la liquidation souhaitée soit acquise.
Attaque
contre le Parlement, les syndicats, les partis d'opposition
Fin
1993, Eltsine recourt à la violence pour dissoudre le Parlement russe et toutes
sortes d'autres organes élus, y compris les conseils communaux et régionaux.
Il supprime également la Cour constitutionnelle russe et lance une attaque armée
contre le siège du Parlement, opération au cours de laquelle quelque deux
mille opposants et manifestants perdent la vie. Des milliers d'autres sont
incarcérés sans le chef d'accusation ni procès. Eltsine interdit aux
syndicats toute forme d'activité politique, supprime des dizaines de
publications, contrôle toutes les stations de radio et de télévision, met définitivement
hors-la-loi quinze partis politiques. Il supprime unilatéralement la
Constitution et en impose une nouvelle qui confère au président un pouvoir
quasiment absolu. Pour ces méfaits, les dirigeants et les médias américains
le louent en tant que défenseur de la démocratie. Ce qui leur plait le plus,
chez Eltsine, c'est qu'il «n'hésite jamais à accorder son soutien à la
privatisation» (San Francisco Chronicle, 6 juillet 1994).
A deux reprises, le «démocrate» Eltsine interdit la parution de la Pravda, le journal du Parti communiste. Il impose au journal des prix de location inhabituels pour l'insertion de son propre matériel. En mars 1992, il fait saisir les presses et le bâtiment de douze étages et en cède la propriété à la Rossiiskaia Gazeta, un journal gouvernemental, entièrement pro-Eltsine, donc. Les troupes de choc qui constituent l'«élite» d'Eltsine attaquent régulièrement les manifestants de gauche et les piquets à Moscou et dans les autres villes russes. Andrei Aidzedzhis, un député indépendant, et Valentin Martemianov, un communiste, tous deux virulents opposants au gouvernement Eltsine, sont assassinés pour motifs politiques. En 1994, Dmitri Cholodov, un journaliste qui enquête sur la corruption dans les hautes sphères, perd la vie lui aussi.
Les réformes
en faveur de «l'économie de marché», mot magique lors de la réintroduction
du capitalisme (en Europe de l'Est, ndlr), prévalaient sur le caractère démocratique
du régime. Tant que la démocratie pouvait servir à déstabiliser le système
communiste à parti unique, elle était défendue par les forces réactionnaires.
Mais dès l'instant où la démocratie nuisait à l'instauration de l'économie
de marché, elle était beaucoup moins tolérée. (...)
Des
groupements ouvertement antisémites, des partis néo-fascistes et des campagnes
de haine ont vu le jour en Russie, Pologne, Hongrie, Ukraine, Biélorussie, Tchécoslovaquie
et Roumanie. Les musées commémorant la résistance héroïque contre le
fascisme ont été fermés et les monuments de la lutte contre le nazisme ont été
démolis. Dans les pays tels que la Lituanie, d'anciens criminels de guerre
nazis ont été réhabilités. Certains ont même été dédommagés pour les
années passées en prison. Les cimetières juifs ont été profanés et les
attaques contre les étrangers se sont multipliées. Les communistes ayant
disparu, les mauvaises moissons, l'inflation, la violence et autres calamités
sociales étaient tout à coup imputées aux Juifs et aux étrangers. Le 11 juin
1995, le prêtre Henryk Jankowski, confesseur de Lech Walesa, déclarait pendant
un office religieux à Varsovie que «l'étoile de David est enchevêtrée
aussi bien dans la croix gammée que dans le marteau et la faucille» et
(...) que les Polonais ne devaient pas accepter de gouvernements liés à
l'argent juif. Walesa a affirmé que son ami Jankowski n'était pas un antisémite
mais qu'on l'avait «mal compris». (...) Durant la même période, lors d'une réunion
de Solidarnosc avec 10 000 participants, on pouvait lire sur des
pancartes des slogans comme «Envoyez les juifs aux chambres à gaz» et «A bas
le complot judéo-communiste». Les autorités ecclésiastiques et
publiques n'ont pas jugé nécessaire d'émettre des critiques.1
(...)
En 1996, le président biélorusse Alexander Loukachenko a interdit les journaux et les radios indépendants et renvoyé le parlement. Il admirait le talent organisateur d'Hitler. Après un référendum à participation massive, Loukachenko s'est investi d'un pouvoir absolu. Mais personne n'a jamais su combien de bulletins de vote avaient été imprimés, ni comment ils ont été comptés. Certains dirigeants de l'opposition ont fui, pour leur vie. «La Biélorussie, jadis une république soviétique prospère qui produisait des tracteurs et des téléviseurs, est aujourd'hui au bord du désespoir», avec un tiers de la population qui vit dans «la misère noire».2
Faut-il
admirer Vaclav Havel ?
Aucun
restaurateur du capitalisme en Europe de l'Est n'a reçu autant d'éloges des
dirigeants américains, experts médiatiques et académiciens que Vaclav Havel,
l'auteur dramatique devenu premier président de la Tchécoslovaquie
post-communiste et, plus tard, de la République tchèque. Les nombreux
progressistes qui partagent cette admiration pour Havel semblent ne pas voir
certains éléments concernant ce personnage: son obscurantisme religieux, la répression
de ses opposants de gauche et son dévouement pour l'inégalité économique et
le capitalisme débridé. Havel est né dans une famille riche et foncièrement
anticommuniste. (...) Il aspirait à un nouveau type de dirigeants politiques
qui, plutôt que de se fier au «rationnel et au cognitif», fassent preuve d'«humilité
devant l'ordre mystérieux de Dieu».3 (...) Havel
s'est empressé de participer à la guerre du Golfe de George Bush senior, une
guerre qui a coûté la vie à 100 000 civils irakiens. En 91, comme les autres
dirigeants pro-capitalistes dans les pays de l'Est, et comme les Etats-Unis,
Havel a condamné les violations des droits de l'homme à Cuba. Mais il n'a
jamais soufflé mot sur les violations des droits de l'homme au Salvador, en
Colombie, en Indonésie ou dans d'autres pays-satellites des Etats-Unis.
En 92, ce «grand démocrate» a exigé la dissolution du parlement tchèque. Il gouvernerait dorénavant par décrets afin de faciliter l'instauration de «l'économie de marché». La même année, il a signé une loi condamnant la défense du communisme comme un délit passible d'une peine de prison de huit ans. (...) En 95, il a soutenu et signé d'autres lois antidémocratiques interdisant l'accès aux fonctions publiques pour les communistes et les anciens communistes. Pour Havel, la diffusion de l'anticommunisme restait une des priorités. Il a mené une campagne internationale acharnée4 pour maintenir Radio Free Europe et Radio Liberty, deux radios du temps de la Guerre froide, pour qu'elles puissent continuer à diffuser leur propagande anticommuniste dans les pays de l'Est.
Havel
: les syndicats n'ont pas à s'occuper de politique
Le
gouvernement Havel a voté une loi interdisant de propager la haine sur base de
la nationalité, de la religion ou de la classe. En réalité, cette loi permet
de poursuivre comme illégale toute critique contre les classes fortunées, ces
critiques étant considérées à tort comme intolérance ethnique et
religieuse. Le gouvernement Havel a également sommé les syndicats de ne pas
s'occuper de politique. Les biens de certains syndicats combatifs ont été
saisis et transférés à des syndicats dociles.
En 1995, Havel a déclaré que la «révolution» contre le communisme ne serait achevée que lorsque tout serait privatisé. Son gouvernement a liquidé les biens de la Fédération des jeunesses socialistes. Les terrains de camping, salles de récréation, infrastructures culturelles et scientifiques ont tous été transférés à cinq sociétés anonymes privatisées. Il ne restait aux jeunes qu'à flâner dans les rues. Durant les programmes de privatisation et de «redressement», des usines, des magasins, des immeubles et beaucoup d'autres biens publics ont été vendus pour un morceau de pain à des capitalistes tchèques ou étrangers. Dans les républiques tchèque et slovaque, les anciens aristocrates ou leurs héritiers ont récupéré les terres que leurs familles avaient possédées avant 1918, dans l'ancien empire austro-hongrois. Les propriétaires actuels ont été expropriés et beaucoup d'entre eux sont tombés dans la pauvreté. Havel lui-même s'est approprié une série de propriétés publiques ayant appartenu à sa famille 40 ans auparavant. Celui qui prétendait aider les autres n'a pas oublié de se servir. Pour toutes ces raisons, nous avons peu d'admiration pour Vaclav Havel.
1 Nation, 7 août 1995 · 2 San Francisco Bay Guardian, 4 décembre 1996 · 3 Voir l'article stupide publié par Havel dans le New York Times du 3 janvier 1992. Aux Etats-Unis, ses admirateurs ont observé un silence gêné après cette publication · 4 San Francisco Chronicle, 17 février 1995.
Quand
les capitalistes se sont emparés du pouvoir en Europe de l'Est et en Union soviétique,
(...) ils ont démantelé la propriété publique des moyens de production et
tous les progrès sociaux dont jouissait le peuple. Ils ont intégré les
anciens pays communistes dans le système global capitaliste en vendant leur
pays, leur travail, leurs richesses naturelles et leurs marchés. Ces pays sont
ainsi rapidement devenus des pays appauvris du tiers-monde.
La
grande presse US a décrit cela comme un formidable progrès pour l'humanité.
(...)
Maintenant,
des multinationales contrôlent la plus grande partie de leur commerce extérieur.
Comme les pays du tiers-monde, ces pays ont de moins en moins accès aux marchés
des uns et des autres. Leur économie s'empêtre dans les rouages de
l'investissement et de l'exploitation du capitalisme mondial. Leur commerce réciproque,
jadis important et avantageux pour chacun, est presque anéanti. Au lieu d'un développement
mutuel, ils connaissent aujourd'hui le sous-développement, imposé par le
monopole du capitalisme mondial. (...)
Malgré de nombreuses protestations d'activistes russes et américains de l'environnement, le secteur américain du bois se prépare à abattre la forêt de Sibérie, avec le soutien financier d'un fonds spéculatif sponsorisé par le Pentagone. Cette région représente un tiers des terrains boisés du monde et constitue l'habitat de très nombreuses espèces animales.1
«Un
système qui s'intéressait à ses ouvriers»
Avec
l'arrivée des investissements privés en Europe de l'Est, la production n'a pas
augmenté comme prévu. Au contraire, elle a rapidement chuté. Des centaines
d'entreprises d'Etat parmi les plus intéressantes et les plus solvables ont été
privatisées et souvent offertes pour un prix dérisoire à des investisseurs étrangers.
D'autres entreprises d'Etat ont été financièrement saignées à blanc ou menées
à la faillite.
Entre
1989 et 1995, dans l'actuelle République de Tchéquie, 80 % des entreprises ont
été privatisées et la production industrielle a chuté à deux tiers. En
Pologne, à cause de la privatisation, la production a chuté à un tiers entre
1989 et 1992. De gigantesques complexes est-allemands d'électronique et de
haute technologie, dans lesquels travaillaient des dizaines de milliers
d'ouvriers, ont été repris par de très grandes firmes ouest-allemandes avant
d'être fermées.
En
Union soviétique, la privatisation a conduit à la perte d'une grande partie de
l'infrastructure scientifique et de ses établissements. Depuis la privatisation
de ZiL, la plus grande succursale de Moscou, la production de camions est tombée
de 150 000 à 13 000 par an. 40% des travailleurs ont été licenciés. En avril
1996, les travailleurs restants ont demandé au gouvernement russe de reprendre
leur usine. Dans le passé, ces travailleurs et leurs familles avaient une «sécurité
d'emploi inébranlable». Ils vivaient dans les appartements de ZiL et allaient
dans les écoles de l'usine. Les bébés allaient dans le centre de jour ZiL et
étaient soignés par des docteurs de ZiL.
«J'ai
grandi dans un système qui s'intéressait à ses ouvriers»,
a déclaré un machiniste regrettant de s'être un jour opposé au régime.2
Une
partie importante de la production d'Allemagne de l'Est a été bridée pour
restreindre la compétition avec les firmes ouest-allemandes. Cela a surtout été
clair avec le démantèlement de l'agriculture collective, qui devait protéger
les fermes privées fortement subsidiées et moins productives en Allemagne de
l'Ouest.3
Sans aucune indemnisation, les capitalistes ouest-allemands ont mis la main sur presque toutes les propriétés de l'Etat en RDA : les usines, industries, fermes, appartements et autres biens immobiliers ainsi que les soins de santé. Le tout pour environ deux mille milliards d'euros. Il s'agit de la plus grande expropriation des biens de l'Etat par un capital privé de toute l'histoire européenne.
Le
montant des loyers est passé de 5% à 60% des revenus
Cette
privatisation du marché libre en Allemagne de l'Est a eu pour conséquence que
le montant des loyers est passé de 5% à 60% des revenus. Les transports, la puériculture,
les soins de santé et l'enseignement supérieur sont devenus inabordables pour
beaucoup. Les Allemands de l'Est de divers courants politiques se plaignent de
nombreuses choses : (a) le flux monétaire est passé de l'Est à l'Ouest à
cause de la colonisation de l'Est. (b)Le marché libre est un mythe : l'économie
ouest-allemande est fortement subsidiée et fonctionne selon des règles
strictes qui vont à l'encontre des intérêts des régions de l'Est. (c) La
police ouest-allemande est plus brutale que la police est-allemande. (d) Si
l'Allemagne de l'Ouest s'était donné autant de mal pour combattre les nazis
que pour désocialiser l'Est, le pays aurait été très différent.4
Pour
ce qui est du dernier point, il faut mentionner que des personnalités
allemandes ont traîné devant la justice tous ceux qui, de par leur fonction
officielle, ont «collaboré» avec la RDA, même des professeurs et de simples
fonctionnaires.5
Les
émigrants des pays communistes sont étonnés de la bureaucratie qui règne à
l'Ouest. Deux émigrants soviétiques, indépendants l'un de l'autre, ont déclaré
: «la bureaucratie est pire ici que chez nous».6
Des
Allemands de l'Est ne s'en sortaient pas avec tous les formulaires à remplir
pour les impôts, l'assurance maladie, l'assurance vie, le chômage, les
formations, les aides au logement et les comptes en banque. Plus encore, «par
les informations personnelles qu'ils devaient donner, ils se sentaient encore
plus observés et espionnés qu'au temps de la Stasi, la police secrète de RDA».
7
Les
Juifs soviétiques qui ont émigré en Israël durant la guerre froide ont connu
les mêmes désillusions sur les difficultés de la vie et le manque d'idéalisme.
Les lettres découragées qu'ils envoyaient chez eux sont considérées comme un
facteur important dans la diminution de l'émigration de l'URSS vers Israël.
Pendant les jours fastes de la restauration capitaliste, les habitants des anciens pays communistes ont eu toutes les occasions d'expérimenter la vie telle qu'elle était vraiment au paradis du libre marché.
1 New York Times, 30/01/96 · 2 New York Times, 08/05/94 · 3 Robert McIntyre in Monthly Review, décembre 93 · 4 Z Magazine, juillet 92 · 5 Des milliers d'anciens responsables de RDA, juges et autres ont été emprisonnés ou risquent des peines d'emprisonnement pour «trahison» · 6 Monthly Review, mai 88 · 7 Z Magazine, juillet 92.
Selon
les apôtres du marché libre dans les anciens pays socialistes, la
privatisation et l'accumulation du capital dans quelques mains stimulent la
production et apportent la prospérité : il faut seulement passer d'abord par
une période un peu difficile. Mais cette période est bien plus dure et bien
plus longue qu'annoncée.
En
1990, alors que l'Union Soviétique est en train de passer au paradis du marché
libre, Bruce Gelb, chef de la United States Information Agency, fait
remarquer à un journaliste que la formation commerciale américaine ferait
beaucoup de bien à l'économie soviétique. Car «En Union Soviétique, il
faut réhabiliter les serpents venimeux, les sangsues et les intermédiaires.
C'est la formule de la réussite de pays comme le nôtre !»1
Aujourd'hui les serpents venimeux et les sangsues sont bien présents dans les anciens pays socialistes. Des milliers de luxueuses autos circulent dans les rues de Moscou et Prague. Le prix des locations et des ventes immobilières a fortement augmenté. Une nouvelle classe d'investisseurs, de spéculateurs et de maîtres chanteurs nage dans le luxe. Le but affiché n'est plus l'amélioration de la vie des citoyens mais l'accumulation du capital individuel.
Etat
de santé catastrophique
En
Russie et en Europe de l'Est, la dérégulation des prix due à l'arrivée du
paradis du libre marché n'a pas créé des prix compétitifs mais des prix déterminés
par les monopoles privés. Cela a stimulé l'inflation galopante. Pour les
magouilleurs, les maquereaux, les trafiquants de drogue et autres escrocs, les
affaires n'ont jamais été meilleures. Le chômage, le nombre de sans-abri, la
pollution de l'air et de l'eau, la prostitution, les mauvais traitements
conjugaux, la maltraitance enfantine et toutes les autres formes de misère
sociale ont dramatiquement augmenté.2
En
Russie et en Hongrie, le nombre de suicides a augmenté de moitié en quelques
années. Pendant les longs hivers, le nombre de décès ou de maladies graves
chez les pauvres et les personnes âgées a fortement augmenté : l'augmentation
des prix et les factures impayées ont entraîné la fermeture des robinets de
gaz.
Dans
les hôpitaux publics russes, les docteurs et les infirmières sont honteusement
sous-payés. Désormais, les hôpitaux prodiguant des soins gratuits ferment.
D'autres doivent combattre de gros problèmes d'hygiène. Et l'on manque de
seringues jetables, d'aiguilles, de vaccins et d'appareillage moderne. De
nombreux hôpitaux ne disposent pas d'eau chaude, certains n'ont même pas d'eau
du tout.3
Des
maladies comme la polio, la tuberculose, le choléra, la diphtérie, la
dysenterie et les maladies sexuellement transmissibles réapparaissent à cause
de la dégradation des programmes de vaccination et du recul des normes
sanitaires. Le nombre de drogués croît aussi terriblement. Les hôpitaux
russes essaient de soigner les toxicomanes le mieux possible, même si le
financement se réduit. La qualité de la nourriture est de moins en moins
bonne. Le stress et les maladies augmentent.
Et
pourtant, le prix de la consultation médicale a augmenté de moitié car les
honoraires du nouveau système de santé privatisé sont très élevés. Ainsi,
de nombreuses maladies non diagnostiquées et non traitées évoluent jusqu'à
mettre des vies en danger. Les instances militaires russes qualifient l'état de
santé des nouvelles recrues de catastrophique. Le nombre de suicides dans l'armée
a dramatiquement augmenté et le nombre de morts par overdose a crû de 80% ces
dernières années.4
Pour
la première fois depuis la Deuxième guerre mondiale, le taux de natalité en
Russie est inférieur au taux de mortalité. En 1992 et 1993, les Allemands de
l'Est enterraient deux personnes pour un enfant qui naissait. Pour les femmes de
presque quarante ans, le taux de mortalité a augmenté de 20% et pour les
hommes de la même catégorie d'âge, ce chiffre a augmenté de trente pour
cent.5
Maintenant
que les loyers ne sont plus subsidiés, les estimations du nombre de sans-abri
à Moscou seulement atteignent trois cent mille. Dans de très nombreuses
villes, beaucoup d'entre eux meurent en rue, de froid et de faim. En Roumanie,
des milliers d'enfants sans abri vivent dans les gares et les égouts. Ils
sniffent de la colle pour ne pas sentir la faim, mendient et sont la proie de
toutes sortes d'exploitateurs.6
Dans les pays où le communisme offrait un travail à chacun, les chiffres du chômage ont augmenté de 30%. Un ouvrier polonais témoigne que si l'on est chômeur, il est presque impossible de retrouver du travail après quarante ans. Les femmes polonaises connaissent cette mort économique encore plus vite. Pour obtenir un emploi, dit une femme, «il faut être jeune, ne pas avoir d'enfants mais quand même une grosse poitrine.»7 On ne peut plus que rêver de sécurité d'emploi et le nombre de blessures et d'accidents de travail a augmenté de manière drastique.
Du
travail ? Allez chez les flics !
Dans
toute l'Europe de l'Est, les syndicats ont été liquidés. Congé de maladie,
de maternité, congés payés et autres avantages qui allaient de soi sous le
socialisme sont supprimés ou démantelés. Il ne reste presque plus rien des
sanatoriums pour ouvriers, des villages de vacances, des centres de santé, des
centres sportifs et culturels, des plaines pour enfants, des centres de jour et
de tous les autres aspects qui faisaient qu'une entreprise communiste était
plus qu'un lieu de travail.
Les
maisons de repos auparavant uniquement destinées aux ouvriers sont aujourd'hui
privatisées ou transformées en casino, night-club ou restaurant pour les
nouveaux riches. Les services de gardiennage pour les entreprises ou les milices
privées sont des marchés florissants.
Rien
que pour l'ex-Union Soviétique, on parle de 800 000 hommes. Une alternative
pour la jeune classe ouvrière est l'immense appareil répressif de l'Etat,
beaucoup plus terrifiant que sous la période soviétique. Aujourd'hui,
l'effectif de cet appareil est plus important, mieux payé et mieux équipé que
celui de l'armée. L'ennemi du régime est dans le système même !8
Dans les anciens pays communistes, les revenus réels ont chuté de 30 à 40%. Pour 1992 seulement, les dépenses des consommateurs ont chuté de 38%. En comparaison : les dépenses des consommateurs américains pendant la Grande Dépression des années 30 ont reculé de 21% sur quatre ans. Tant en Pologne qu'en Hongrie, selon les statistiques, 70% de la population vit sous ou juste au niveau du seuil de la pauvreté. En Russie, cette limite se situe entre 75 et 80%.
1. Washington Post, 11 juin 1990 · 2. Monthly Review, 11/96, pp 1-12 · 3. Eleanor Randolph, Waking the Tempest: Ordinary Life in the New Russia, Simon & Schuster New York 1996 · 4. Toronto Star, 5 novembre 1995 · 5. New York Times, 6 avril 1994 · 6. National Public Radio News, 20 juillet 1996 · 7. Nation, 7 décembre 1992 · 8. Monthly Review, 11/96, p.7.
«Bien
que de nombreux intellectuels d'Europe de l'Est persistent à défendre
ardemment le paradis du libre marché, la plupart des ouvriers et des paysans
n'idéalisent plus le capitalisme. Ils ont en effet reçu les coups les plus
impitoyables. «Nous ne réalisions pas ce que nous avions», est devenu une célèbre
rengaine.» C'est ce qu'écrit le professeur marxiste américain Michael Parenti
dans son livre Blackshirts & Reds.
En
Europe de l'Est et dans l'ancienne URSS, de nombreuses personnes ont admis à
contrecur que les conditions de vie étaient meilleures sous le communisme.1
Angela Stent de l'université de Georgetown et adepte du capitalisme admet que «la
majorité des gens va plus mal que sous le communisme La qualité de vie est
moins bonne à cause de l'augmentation de la criminalité et de la disparition
du réseau de la sécurité sociale».2
Une
vieille femme polonaise qui devait survivre avec un repas de la Croix-Rouge par
jour : «Je ne suis pas communiste mais je dois bien avouer que, pour les
pauvres, la vie était meilleure avant maintenant, tout va bien pour le monde
des affaires, mais pas pour nous, les pauvres.»3 Une
Allemande de l'Est a dit que le mouvement féministe ouest-allemand vient
seulement de commencer à se battre pour «ce que nous avions déjà ici.
Nous trouvions cela tout à fait normal dans le système socialiste. Maintenant,
nous réalisons ce que nous avons perdu».4 Des dissidents
anticommunistes, qui avaient fait de leur mieux pour renverser la RDA, ont
rapidement manifesté leur déception face à la réunification allemande.
Un
pasteur luthérien a déclaré : «Nous, les Allemands de l'Est, n'avions pas
d'image réaliste de la vie à l'Ouest. Nous ne savions pas que tout était
orienté vers le résultat. La cupidité sans-gêne et la puissance économique
sont les leviers de cette société. Les valeurs spirituelles qui sont nécessaires
au bonheur des hommes se perdent ou sont banalisées. Tout tourne autour
d'acheter, de vendre et de gagner de l'argent.»5
L'ancien
ministre de la défense de la RDA a dit dans le même esprit : «Bien sûr,
j'entends parler des nouvelles libertés dont jouissent les gens en Europe de
l'Est. Mais comment définir la liberté ? Des millions de gens en Europe de
l'Est sont maintenant libérés de travail, de rues sûres, de soins de santé
et de sécurité sociale.»6 Dans les anciens pays
socialistes, 30% de la population est au chômage.
Les
gens d'Europe de l'Est veulent-ils de ce libre marché ?
Des
sondages d'opinion effectués fin 1993 montrent que seulement 27% des personnes
interrogées étaient favorables à l'économie de marché. La grande majorité
trouvait que le contrôle de l'Etat sur les prix et les entreprises privées était
«utile» et que «l'état devait prévoir un emploi pour chacun et ne devait
pas laisser le chômage exister». En Pologne, 92% des gens voulaient
conserver le système de garanties sociales de l'Etat. Presque tout le monde se
disait partisan de logements et de nourriture subsidiés et réclamait le retour
au plein emploi.7
Un
correspondant du New York Times8 déclarait depuis
Moscou que «la plupart des gens ici se montrent méfiants envers la propriété
privée et se demandent ce qu'avait de si mauvais un système qui garantissait
de la naissance à la mort des soins de santé bon marché. Et ils espèrent que
le gouvernement va de nouveau faire pression sur les prix.» ()
Le
socialisme d'Etat, «le système qui ne marchait pas» a donné à chacun la sécurité.
Le capitalisme du libre marché, «le système qui fonctionne» a mis l'économie
en pièces, a apporté des pillages financiers, un recul social et un calvaire
pour la majorité de la population.
En réaction, les Européens de l'Est ont remis des communistes au pouvoir pour régner sur les ruines et les décombres de pays disloqués. En 1996, les anciens communistes et leurs alliés ont gagné d'importantes élections en Russie, Bulgarie, Pologne, Hongrie, Lituanie et Estonie. Certains ont même formé la fraction la plus puissante de leurs parlements respectifs. Ils ont pourtant été confrontés aux mêmes handicaps que les partis de gauche dans les pays «démocratiques capitalistes» : intimidations, violations policières, manque d'argent, accès restreint aux tribunes électorales, manque d'attention médiatique et comptages frauduleux.
Le
rêve n'est plus permis
Lorsque
les premiers bouleversements anticommunistes ont commencé en 1989 en Europe de
l'Est, certains penseurs de gauche disaient que, si les Européens de l'Est découvraient
que le système du libre marché ne leur convenait pas, ils pourraient toujours
revenir à l'une ou l'autre forme de socialisme. Comme je l'ai déjà montré,
cette vision n'était pas réaliste. Le capitalisme ne se limite pas à un système
économique, c'est un ordre social de A à Z.
Une
fois mis en oeuvre, on ne peut pas le démanteler en votant pour des socialistes
ou des communistes. Ils peuvent toujours siéger au gouvernement mais la
richesse du pays, la structure des rapports de propriété, le droit
constitutionnel, le système financier et la structure des dettes, les médias
nationaux, la police et les autres institutions de l'Etat sont tous
fondamentalement restructurés. Les moyens pour les programmes sociaux et le
plein emploi sont pillés ou disparaissent complètement, tout comme les réserves
d'argent, les marchés et les matières premières. Après plusieurs années de
pillage impuni par le libre marché, ces pays sont arrivés à un point où un
retour en arrière appartient au domaine du rêve.
Il semble donc que les anciens pays communistes à l'instar des pays du tiers monde doivent subir cette misère pour de longues années, pour que quelques privilégiés puissent jouir d'une prospérité toujours plus grande sur le dos des masses. Et pour garantir sa «sécurité», la classe des entrepreneurs aura recours à toutes les formes de manipulation et de répression contre les velléités démocratiques. Et recevra en cela le soutien des experts du capital international, de la CIA et autres agents de la domination capitaliste d'Etat.
Pas
de chantilly
La chute des pays communistes a signifié une énorme victoire pour le capitalisme mondial et l'impérialisme. Cette victoire a réveillé la misère humaine et a causé partout dans le monde une régression historique des mouvements révolutionnaires de libération. Même des gouvernements nationaux légèrement réformistes auront à en souffrir, regardez par exemple, l'Irak ou Panama. Cette chute représente aussi une énorme perte pour le pluralisme mondial et provoque l'augmentation de l'inégalité socio-économique dans le monde. Les habitants d'Europe de l'Est avaient pensé qu'ils conserveraient les avantages sociaux du communisme avec en plus la chantilly de la consommation occidentale. Beaucoup de leurs plaintes à propos du socialisme réel étaient correctes mais leur image romantique de l'Ouest capitaliste ne l'était pas. Le rêve s'est brisé. Ils pensaient passer du Deuxième au Premier Monde, mais ils ont été expédiés dans le tiers monde.
1
New York Times, 30 mars 1995 · 2
New York Times, 20 décembre 1993 · 3
New York Times, 17 mars 1991 · 4
Los Angeles Times, 6 août 1991 · 5
New York Times, 26 mai 1996 · 6
New York Times, 20 juillet 1996 · 7
Monthly Review, décembre 1994 · 8
NYT, 23 juin 1996 ·
PTB, août 2002
FAQ
1 - Le communisme : c'est quoi ?
·
D'abord il faut définir ce que nous entendons par capitalisme.
·
La caractéristique la plus importante de notre société est le fait qu'une
petite classe ou groupe, les capitalistes, possède les
moyens de production de la société. Du fait qu'elle possède tous
les moyens de production, elle détermine comment l'économie doit tourner en
fonction de son propre profit.
·
Ce petit groupe de capitalistes détermine sur le plan économique, le sort de
millions de travailleurs, qu'il peut mettre au chômage pour sauver ses profits.
C'est pourquoi nous dirons que le capitalisme, c'est la dictature économique
du capital contre les travailleurs.
·
Sous le capitalisme, il existe de très grands besoins et nécessités pour
lesquels personne ne produit. Sous le capitalisme, la production est développée
dans un seul but: non pas répondre aux besoins des gens mais augmenter le
profit des capitalistes.
·
La course aux profits entre capitalistes entraîne ceux-ci à se livrer une
concurrence à mort. Cette concurrence impitoyable débouche sur de gigantesques
destructions et gaspillages.
·
La concurrence ne reste pas cantonnée entre capitalistes individuels. Elle se mène
entre blocs de patrons, puis entre pays, et finalement entre groupes de pays.
Les crises économiques débouchent alors sur des crises politiques majeures et
finalement sur la guerre. Aussi longtemps que le capitalisme et l'impérialisme
existent, ils entraîneront donc inévitablement des guerres. Contre les pays du
tiers monde qui essaient de se développer indépendamment (Irak, Libye,
Yougoslavie...), contre les pays communistes (URSS, Vietnam, Cuba, Corée,
Chine), et finalement entre les blocs impérialistes eux-mêmes comme lors de la
première guerre mondiale (1914-1918).
·
La dictature économique du capital constitue la base d'une dictature idéologique,
culturelle et morale exercée par la bourgeoisie. Le meilleur exemple de
cette dictature est la place que la télévision se voit attribuer dans notre
société. Si on veut exprimer aujourd'hui ce qu'est la culture dans notre société,
on sort le mot «télévision». Le culte de la police et de la violence, le
culte de l'individualisme et le culte du style de vie de la bourgeoisie occupent
une position centrale dans les séries et feuilletons télévisés. Chaque fois,
les histoires tournent autour de l'individualisme et de l'égoïsme. Tel est
l'image du monde que l'on tente de nous inculquer et que nous percevons.
·
Le fondement du socialisme et du communisme par contre se situe en premier lieu
dans la propriété collective des moyens de production.
·
L'économie est alors basée sur les besoins des travailleurs, de la collectivité.
Le progrès est réalisé par une recherche commune d'une plus haute productivité
et d'une meilleure approche du travail. Le communisme est basé sur le principe
de la collectivité à tous les niveaux, également dans l'entreprise. Chaque
entreprise est placée sous le contrôle des travailleurs. Les transports, les
écoles, les hôpitaux, les télécommunications sont entièrement publics et
accessibles à tous.
·
Le communisme, c'est aussi la nécessité de lutter contre les exploiteurs.
L'histoire nous apprend que les capitalistes n'acceptent pas leur défaite quand
ils sont renversés. Après les premières victoires des travailleurs, ils
mettent tout en œuvre pour reconquérir leur paradis perdu. Pour cela, ils ne
reculent devant rien.
·
Bien que les travailleurs soient au pouvoir, la lutte
des classes continue à se poursuivre sous le socialisme. Les anciens
exploiteurs disposent pour cela d'un certain nombre d'avantages. Ils connaissent
les techniques de production et les secrets militaires depuis plus longtemps.
Ils entretiennent des relations entre eux ainsi que des contacts avec l'étranger.
Ils peuvent compter sur le soutien des pays capitalistes et impérialistes où
le socialisme n'a pas encore triomphé. Et enfin, ils essaient en permanence de
mettre à profit le comportement hésitant de ceux qui balancent toujours entre
le capitalisme et le socialisme.
·
C'est pourquoi les travailleurs doivent être vigilants et exercer la dictature
du prolétariat. C'est-à-dire de maintenir le pouvoir des travailleurs, de la
majorité en réprimant la minorité des exploiteurs, anciens et nouveaux.
·
La motivation sous le communisme consiste donc en la satisfaction des besoins
des gens par le biais d'une économie planifiée. Un plan national bien étudié
définit les besoins et les priorités.
Socialisme
et communisme
Pour
être précis il faut distinguer le socialisme du communisme. Le socialisme est
la société basée sur la propriété collective des moyens
de production qui est instaurée après la prise du pouvoir par les
travailleurs. Les classes existent toujours, ainsi que l'Etat. C'est la période
historique de transition vers le communisme. Le communisme quant à lui est une
société sans classes sociales, basée sur une économie très développée qui
permet de répondre à l'ensemble des besoins de toute la population. Dans
l'ensemble des questions et réponses nous utilisons le terme communisme et
socialisme indistinctement.
FAQ
2 - Le communisme : une expérience ratée ?
Les
meilleures forteresses se prennent de l'intérieur. Au cœur des années 1950 un
tournant crucial a eu lieu dans le mouvement communiste, c'est l'émergence et
la prise du pouvoir des «révisionnistes » à la direction du plus grand pays
communiste, l'Union soviétique. Dans un monde encore largement sous l'emprise
du capitalisme, Krouchtchev, dirigeant des "révisionnistes" a pris le
pouvoir en disant que la lutte des classes était terminée en URSS, que le
communisme allait bientôt triompher. Ce qui a miné toute vigilance contre tous
ceux qui continuaient à lutter pour le capitalisme.
Avec
l'appui de l'impérialisme américain et européen, les forces procapitalistes
se sont développées petit à petit en Europe de l'Est et en Russie. Il leur
aura fallu 35 ans pour démanteler tous les acquis du socialisme, aboutissant à
la chute du mur et à la restauration complète du capitalisme. Ce n'est pas
donc pas le communisme en soi qui a échoué, c'est le révisionnisme.
Cependant
des pays se basant sur le communisme existent encore. C'est en maintenant pour
l'essentiel les principes communistes, principalement la dictature du prolétariat
sur les exploiteurs, que Cuba, la Chine, la Corée du Nord, le Laos et le
Vietnam continuent à résister aux agressions impérialistes et à pourvoir aux
besoins de leurs populations. Voici ce qu'on peut ainsi lire dans les rapports
de l'ONU : «La mortalité due à la maternité est 17 fois plus basse à Cuba
que la moyenne mondiale.» «Si l'Inde offrait les mêmes soins de santé que la
Chine, on pourrait sauver chaque année 1,4 million d'enfants. » «Dans la période
87-98, le nombre de pauvres dans les pays capitalistes développés a augmenté
de 340 millions, tandis que le nombre baissait de 153 millions en Chine et au
Vietnam. »
Le
capitalisme n'a rien à offrir à l'immense majorité des travailleurs. On voit
maintenant dans les pays de l'Est et en Russie que même un socialisme malade
offrait encore bien plus au peuple que le capitalisme. La catastrophe économique
et sociale apportée par la restauration du capitalisme est hallucinante, la
mortalité a grimpé en flèche, ainsi que la pauvreté et le chômage, la mafia
contrôle une grande partie de l'économie ; la drogue, l'alcool, la violence
sont devenus le lot quotidien des jeunes. La production de l'ex-Union soviétique
était en 1999 à 57% du niveau de 1990 (et celle de l'Ukraine même à 39%). Sa
population a diminué de 6 millions d'habitants en 8 ans, la mortalité est deux
fois plus importante que la natalité, l'espérance de vie a chuté de 64 à 61
ans, 60% de la population a un revenu inférieur au minimum vital.
Le
capitalisme et l'impérialisme poussent l'exploitation, la domination, la répression
et la terreur à leurs extrêmes limites. Ils creusent ainsi leurs propres
tombes. En effet, ils préparent l'émergence de mouvements révolutionnaires
anti-impérialistes et anticapitalistes partout dans le monde, d'une ampleur
mondiale jamais vue dans l'histoire. En tirant les leçons des premières expériences
de construction du socialisme au 20ème siècle, ces révolutions permettront d'établir
le socialisme au niveau mondial au 21ème siècle.
FAQ
3 - Le communisme : une utopie ?
·
La nature humaine n'est pas fixée une fois pour toute. Elle est au contraire déterminée
par la société dans laquelle l'être humain vit, et par la classe sociale
auquel il appartient. Comme la société évolue, la nature humaine change
aussi.
·
Dans une société basée sur le profit, sur la concurrence, sur la compétition
et l'exploitation, il est normal que l'égoïsme et l'individualisme se
retrouvent dans les comportements humains. Mais dans une société socialiste, où
les richesses sont réparties équitablement l'égoïsme perdra sa raison d'être.
·
Les valeurs que les communistes défendent sont le collectivisme, le respect et
la mise à l'honneur du travail, l'entraide réciproque et la solidarité, l'égalité
parmi les gens et les peuples et la dignité humaine. Ce sont les valeurs
culturelles et morales du communisme.
·
Des sociétés sans riches et sans pauvres ont déjà existé dans les sociétés
primitives, préhistoriques. C'est ce que nous appelons le «communisme primitif
». Il était basé sur les difficultés de survivre pour un individu isolé,
face au peu de ressource, les hommes étaient obligés de s'entraider. Il n'y
avait pas d'autres chefs que ceux reconnus par le groupe pour leurs qualités et
leurs expériences.
·
Les sociétés des Indiens d'Amérique par exemple étaient basées sur le
partage et la collectivité. Les décisions importantes se prenaient par le
conseil des anciens. Les ressources étaient partagées équitablement.
·
A un certain moment, des personnes ont commencé à s'approprier de la terre et
du bétail et à les considérer comme leur propriété privée. En même temps,
ils ont obligé les gens qui n'avaient rien à travailler pour eux. C'est
l'apparition des classes sociales, des riches et des pauvres. La société s'est
alors développée de plus en plus vers une opposition entre exploiteurs et
exploités, d'abord entre propriétaires d'esclaves et esclaves, puis entre
seigneurs et serfs enfin entre capitalistes et ouvriers.
·
Avec le développement phénoménal des moyens de production, les bases matérielles
existent pour une société communiste. Le communisme n'est donc pas une
utopie mais est devenu possible et nécessaire.
·
Possible car les richesses produites dans le monde actuel suffirait
amplement à satisfaire les besoins réels de toute l'humanité. Mais c'est
l'appropriation de l'immense partie de ces richesses par une petite minorité de
capitalistes qui est la cause des inégalités.
·
Nécessaire car une partie toujours croissante de la population mondiale
vit dans la pauvreté et la misère la plus extrême souvent sans eau, sans électricité,
sans médecin et même sans nourriture suffisante. Que le capitalisme prépare
des crises gigantesques et des guerres meurtrières, qu'il faudra arrêter.
FAQ
4 - Le communisme : plus de propriété ?
Oui
on y a encore droit. Ce sont les moyens de production qui sont collectivisés.
C'est-à-dire les usines, les bâtiments, les terrains, les machines qui servent
à la production. A côté de cela les travailleurs gardent le droit de posséder
leurs objets personnels, y compris une maison ou une voiture.
Mais
cela dépend évidemment des conditions économiques et sociales propres au pays
car l'essence du socialisme est d'abord d'assurer les besoins vitaux de tous.
Chacun gagne sa vie selon son travail, et en fonction de cela un travailleur
peut gagner suffisamment d'argent pour s'acheter des biens personnels. Il sera
simplement interdit d'utiliser cet argent pour faire travailler d'autres
personnes et créer sa propre entreprise.
Une
partie du travail revient à la collectivité par l'Etat, qui utilise cet argent
pour garantir des soins de santé, une éducation, un développement culturel,
une infrastructure pour tous.
FAQ
5 - Le communisme : fin de l'initiative ?
Il
est faux de penser que tout le monde gagne la même chose. Des différences
de salaires existent encore selon que le travail est plus ou moins qualifié
et selon la quantité de travail que l'on fournit. Seulement ces différences
sont beaucoup moins marquées, beaucoup moins importantes que sous le
capitalisme.
Sous
le capitalisme, on ne peut devenir riche qu'en exploitant le travail
d'autrui. La richesse, la vraie, celle faramineuse des bourgeois, comme Bill
Gates avec sa fortune de plusieurs dizaines de milliards de dollars, ne peut
se bâtir qu'en exploitant des milliers, des millions de travailleurs. Par
le seul travail on peut au mieux arriver à une vie convenable, mais le
mirage de s'enrichir est propagé par la bourgeoisie pour attacher les gens
à son système, pour éviter que les gens cherchent des solutions plus
collectives à leurs difficultés.
Sous
le socialisme, beaucoup de personnes peuvent rester motivés par le gain
d'argent. Mais cet argent ne pourra pas servir à exploiter le travail des
autres. Le salaire, et donc le travail, sera aussi le seul moyen de gagner
de l'argent. Ce qui change donc fondamentalement c'est qu'on ne peut plus
exploiter le travail des autres.
L'initiative
et la créativité ont alors pour base l'enrichissement de la collectivité,
l'amélioration des conditions de vie de tous. L'individu s'enrichit en
enrichissant la collectivité. Et ce n'est plus seulement, ni même
principalement l'argent qui motive ni l'enrichissement personnel. Les
travailleurs voient que le fruit de leur travail bénéficie à tous, et
donc aussi à eux-mêmes, et non plus à une minorité. Ils voient qu'il n'y
a plus de gens qui peuvent vivre sans travailler, en exploitant le travail
des autres.
C'est
sur cette base que l'esprit collectif est à la source d'un esprit
d'initiative et d'une créativité bien plus développée que sous le
capitalisme. Quand on veut prendre des initiatives et créer, il faut encore
avoir les moyens pour réaliser concrètement ses idées, il faut surtout de
l'argent, il faut se faire connaître, etc.…toutes choses qui sont
difficiles d'accès pour la masse des travailleurs sous le capitalisme.
Sous
le communisme au contraire, les initiatives sont encouragées et soutenues,
financées par la collectivité, dans la mesure où elles servent cette
collectivité sous une forme ou l'autre. C'est ainsi que dans un petit pays
communiste du Tiers-Monde comme Cuba des chercheurs ont pu découvrir des
vaccins contre la maladie de l'hépatite mondialement reconnus. C'est ainsi
que l'URSS envoya le premier astronaute dans l'espace.
FAQ
6 - Le communisme : économiquement pas viable ?
·
Pour l'immense majorité des travailleurs sur la planète, le capitalisme
"ne marche pas". Si on regarde l'ensemble du monde capitaliste, on
voit des millions de chômeurs, un milliard d'êtres humains dans une misère
extrême, des travailleurs qui ploient sous la charge de travail, un gaspillage
énorme de ressources humaines et matérielles dû à l'anarchie du système,
les besoins vitaux qui ne sont pas remplis pour des centaines de millions de
personnes, etc.…Le capitalisme est à a la source de tous ces problèmes. Le
socialisme, au contraire, va prendre comme point de départ de résoudre toutes
ces questions.
·
La plupart des travailleurs et paysans dans le monde, surtout dans le tiers
monde ont des produits vieux et de mauvaises qualités. Un exemple : les
voitures d'occasion recyclées en Afrique. Ils font face souvent à des pénuries.
·
Le socialisme est supérieur économiquement au capitalisme, du point de vue des
travailleurs. L'Union soviétique dans les années 20 et 30, la Chine depuis
1949 ont eu les plus haut de croissance économique au monde. L'URSS est passé
du Moyen Age au statut de puissance mondiale en trois décennies.
·
Il est vrai que, sous le socialisme, la priorité est donnée aux transports en
commun (bus, trains), aux vélos. On ne pousse pas les gens à changer de
voitures tous les 3 à 5 ans. Ce qui permet de répondre à d'autres besoins qui
ne sont même pas envisagés sous le capitalisme, comme l'accessibilité des
soins de santé pour tous et gratuitement.
·
D'autre part, il faut bien se rendre compte que les pays communistes existant ou
ayant existé sont tous partis d'une économie très peu développée ou il n'était
souvent même pas question de cultiver la terre avec des outils en acier, et
donc encore moins d'avoir des voitures modernes. De plus cela devait se faire
dans le cadre de la lutte à mort menée par les capitalistes contre ces pays,
qui déclenchaient des guerres civiles (entre 1918 et 1921 en Russie par
exemple) ou qui mettent en place des embargos (Cuba depuis 1961 jusqu'à nos
jours).
·
On ne peut séparer l'économique et le social. Un pays comme Cuba a pu faire
face en 91 à une chute de 30% de son économie, surtout due à la chute des
pays du bloc de l'Est et à l'embargo américain. Malgré cela les soins de santé
et l'enseignement gratuit ont été maintenus, personne n'a eu faim, des mesures
ont été prise pour redresser l'économie sans léser une partie de la
population. Lorsqu'on voit ce que la crise capitaliste entraîne comme conséquences
(destruction de la sécurité sociale, augmentation des impôts, augmentation
continue des exclus de la société…) dans un pays comme la Belgique, pourtant
infiniment plus riche que Cuba, on ne peut que constater la supériorité du
socialisme, aussi sur le plan économique.
FAQ
7 - Le communisme : fin de la démocratie ?
Sous
le socialisme, les travailleurs décideront de leur avenir aux différents
niveaux de l'Etat. Aussi sur leur lieu de travail et dans leur habitation. Comme
on peut l'observer dans le travail des Comités de Défense de la Révolution à
Cuba, par exemple.
Les
décisions sont prises sur base de débats démocratiques où chacun peut
s'exprimer. Les journaux, la radio et la télévision consacrent beaucoup
d'attention à faire entendre la voix du peuple et stimuler le débat.
Les
critiques qui visent à miner le socialisme sont réfutés par la population sur
base des réalisations du système. Les idées pro-capitalistes sont rejetées
par le peuple car il ne veut pas retourner à l'ancien régime.
Le
peuple organisé est vigilant par rapport aux questions de sécurité. Les idées
racistes et la propagande fasciste seront poursuivies pénalement car le racisme
et le fascisme sont criminels. Ceux qui organiseront activement la contre-révolution,
par le sabotage, le terrorisme seront poursuivis.
FAQ
8 - Le communisme : comment fonctionnent les élections dans un pays communiste
?
"Comment
fonctionnent les élections dans un pays communiste ?" Nous vous proposons
une réponse sur base de l'exemple de Cuba
Le
régime politique cubain se caractérise par un système monopartite avec un
fort apport de la base de la population. Il s'agit d'un système plus connu sous
le nom de «Poder Popular» ou pouvoir populaire. Il existe trois niveaux: la
commune, la province et le conseil national (ou parlement).
Le
conseil communal. Chaque commune est divisée en autant de districts électoraux
qu'il n'y a d'élus. Au total, Cuba compte 14 000 de ces districts, chacun représentant
au maximum 2 000 électeurs. Lors des réunions de district, toutes les
personnes présentes peuvent proposer des candidats. Chacun, qu'il appartienne
ou pas au Parti communiste, entre donc en ligne de compte. Plus de 400 personnes
ayant le droit de vote doivent êtres présents afin de pouvoir se réunir
valablement. Chaque candidat est proposé au vote. Sur base des résultats, on
compose des listes comprenant au minimum 2 candidats et au maximum 8, par mandat
à assurer. C'est avec ces listes ainsi constituées que l'on organise simultanément
les élections dans tout le pays. Ces élections ont lieu tous les deux ans et
demi. La propagande du candidat se limite à une photo et à un curriculum
vitae. Les candidats peuvent prendre la parole au cours d'assemblées publiques,
mais ne peuvent mener de campagne personnelle. Le vote est secret et facultatif
et l'on peut voter pour zéro, un ou plusieurs candidats. On retient le candidat
qui a recueilli le plus de voix, mais il doit également avoir obtenu 50% des
voix au moins. En décembre 1992, 13 865 membres ont été élus parmi plus de
28 000 candidats aux 169 conseils communaux.
Depuis
1992, on élit également de façon directe les conseils provinciaux et
le conseil national. La procédure de candidature se déroule autrement,
ici. Au départ des divers mouvements sociaux, syndicat, organisation des
paysans, union des femmes, organisations estudiantines, comités de quartier et
autres, on instaure des commissions qui peuvent proposer des candidats. Le Parti
communiste lui-même n'en propose aucun. Lors des dernières élections, quelque
60 000 personnes étaient actives dans ce genre de commissions. Le but de ces
organisations sociales est de veiller sur le cours de la révolution et de
constituer un certain filtrage afin d'éviter les éventuelles déviances.
Toutefois, on y consulte beaucoup la population: lors des précédentes élections,
environ 1,5 millions de Cubains ont été concernés dans la mise au point des
listes de candidats. En outre, les propositions doivent obtenir l'aval des
conseils communaux. Enfin, il y a la règle qui veut qu'environ la moitié des
candidats doivent déjà avoir été conseillers communaux. Pour finir, il reste
autant de candidats qu'il n'y a de mandats à pouvoir. Dans chaque district électoral,
on peut choisir entre 2 et 5 candidats pour le conseil national et entre 2 et 14
pour le conseil provincial. A l'instar de ce qui se passe avec le conseil
communal, le vote, ici aussi, est secret et facultatif et l'on peut voter pour zéro,
un ou plusieurs candidats. Pour être élu, un candidat doit avoir récolté au
moins 50% des voix exprimées. Si un candidat n'est pas élu, le siège reste
vacant, ou le district reprend complètement la procédure. Les conseils
provinciaux et le conseil national sont élus tous les cinq ans. Il existe 14
conseils provinciaux comptant en tout 1 190 membres élus. Le conseil national,
lui, compte 589 membres. Les candidats sont révocables à tout moment: tous les
six mois, ils peuvent êtres appelés à se justifier devant leur assemblée de
district et, s'il le faut, on les révoque. Au conseil national, sont représentés
tous les secteurs de la société : étudiants, travailleurs, paysans,
scientifiques, personnel soignant, médecins, sportifs, journalistes, artistes,
intellectuels, militaires. Un représentant n'est pas nécessairement un
personnage jouissant d'une grande notoriété nationale.
Le
conseil national désigne le conseil d'Etat, constitué de 30 personnes : le président,
le premier vice-président, 5 vice-présidents, un secrétaire et 22 membres. Ce
conseil d'Etat désigne à son tour le président, le conseil des ministres et
les membres de la cour suprême de justice.
Chaque
Cubain obtient le droit de vote à 16 ans. A partir de cet âge, il est également
éligible à la commune et à la province. A partir de 18 ans, il est éligible
au conseil national. Un élu ne sera pas nécessairement membre du Parti
communiste. Au Conseil national, depuis les premières élections de 1976, entre
20 et 30% des élus en moyenne ne sont pas membres du Parti. Presque un
parlementaire sur quatre est une femme. Les membres élus ne touchent aucune
indemnité supplémentaire pour leur travail politique.
La
participation aux élections n'est pas obligatoire. N'empêche que le taux de
participation est très élevé : en moyenne, 97%. Les votes non valables ou
blancs représentant en moyenne 10%. Le taux élevé de participation électorale
est en contraste flagrant avec celui des pays voisins, où un pourcentage élevé
d'électeurs préfèrent rester chez eux, comme à Haïti (80%
d'abstentionnistes), au Guatemala (64%), au Venezuela (60%), au Salvador
(presque 60%), à Costa Rica (20%)
Sources
:
Dilla
H. (éd.), La democracia en Cuba y el diferendo con los Estados Unidos (La
démocratie à Cuba et le différend avec les Etats-Unis), La Havane, 1995.
Mendez
C., Democracia en Cuba? (Démocratie à Cuba ?), La Havane, 1995.
Teresita
J., La democracia que defienden los cubanos. Sistema electoral
participativo (La démocratie telle que la défendent les Cubains. Le
système électoral participatif), Agencia de Información Nacional, La
Havane, juin 1997.
Salazar
L., Las elecciones municipales de 1995 en Cuba. Un enfoque diferente (Les
élections municipales de 1995 à Cuba. Une approche différente), Cuban
Review, octobre 1995, pp.6-8.
Bollaert
L., Socialisme en demokratie (III). Vrede, mai-juin 1993,
pp.29-32.
Solidarité
Internationale, janvier
1995, pp.31-34.
Granma
Internacional, 5 octobre
1997.
Le miracle économique socialiste
(Thomas
Gounet)
A
propos du livre
"Victoires
et déboires. Histoire économique et sociale du monde du XVIe siècle
à nos jours" de
Depuis
la chute du mur de Berlin en 1989, il est une évidence que la bourgeoisie
mondiale ne veut plus mettre en question : le capitalisme a gagné ; il est plus
efficace que le socialisme ; il a remporté la bataille économique ; et, en
outre, il est démocratique, alors que le socialisme est
‘‘totalitaire’’, un mot qui ne veut rien dire, mais qui a l’avantage
de placer sur le même pied communisme et fascisme. Sur cette base,
l’arrogance patronale est sans bornes. Tout doit disparaître au profit des
multinationales, car elles sont les seules à pouvoir apporter la prospérité
et le progrès à l’humanité.
Témoin de cette certitude, le nouveau livre de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), le club des pays riches, intitulé ‘‘Pour l’ouverture des marchés’’. Les avantages de la libéralisation des échanges et de l’investissement. Dans celui-ci, on peut lire en effet : ‘‘S’il demeure exact - ce qui est probablement inacceptable - que 1,5 milliard de personnes vivent encore dans la misère aujourd’hui, il n’en est pas moins vrai que le relèvement des niveaux de vie associé à un ordre commercial plus libéral a effectivement contribué à tirer quelque 3 milliards d’autres individus hors de la pauvreté depuis la fin de la guerre.’’ 1
Et : ‘‘Le commerce et l’investissement internationaux n’opèrent
pas un partage entre gagnants d’un côté et perdants de l’autre. En fait,
le commerce et l’investissement offrent à tous les pays la possibilité
d’atteindre une plus grande prospérité.’’ 2
Le
livre de Paul Bairoch, Victoires et déboires. Histoire économique et sociale
du monde du XVIe siècle à nos jours, permet de réfuter ce genre
d’affirmations gratuites. Bairoch est économiste, spécialiste des données
quantitatives. Il veut retracer, à travers 2 788 pages, l’histoire du monde
depuis l’an 1500. La tentative ne manque pas d’atouts et mérite le détour
en tant que telle, car basée sur des faits et des chiffres. Le point faible réside
sur le plan théorique : il essaie de formuler des conclusions générales à
partir des données quantitatives, au lieu de débattre des théories en tant
que telles sur base des chiffres et des faits. Mais un des points les plus intéressants,
c’est le constat que Bairoch tire de l’expérience des pays socialistes : ce
sont de relatifs succès économiques.
Et,
pourtant, il souligne, comme tous les anticommunistes, le caractère ‘‘non démocratique’’
des régimes qui ont instauré une alternative au capitalisme. Il utilise aussi
les sources occidentales, car il trouve que celles élaborées par les experts
socialistes ne sont pas assez fiables. Il tente sans cesse de relativiser les
conclusions auxquelles il doit aboutir en lisant les données quantitatives
qu’il présente. Ce n’est donc pas un livre complaisant pour le socialisme.
1.
L’expérience soviétique :
Ce
qui est étonnant dans les constats établis par Paul Bairoch, c’est que, bien
qu’il ne le nomme pas comme tel, il présente Staline comme celui qui a assuré
le progrès économique en URSS. D’abord, il a dû rétablir la situation
qu’avait engendré la Première Guerre mondiale et la Guerre civile. En 1920,
la production agricole était tombée à la moitié de celle de 1913 et, pour
l’industrie, il s’agissait d’un sixième ou d’un huitième.
3
C’est le programme de Staline qui a permis le succès. Commencé au milieu des années 20, il se poursuit au moins jusqu’à la prise de pouvoir de Khrouchtchev en 1956. Mais, même par la suite, il a encore des effets. D’abord, au niveau de l’industrie : ‘‘Globalement, dans le domaine industriel, la réussite a été indubitable. En se fondant sur les estimations occidentales, on aboutit à la conclusion que, comparée par exemple avec les Etats-Unis, l’URSS a rattrapé une partie importante de son retard en matière d’industrialisation. Ainsi, en 1928, le niveau d’industrialisation de l’URSS par habitant devait représenter 10 à 12% de celui des Etats-Unis ; vers 1958, il s’agissait de 26 à 28%, et ce malgré le fait que les Etats-Unis ont largement profité de la guerre.’’ 4
(Extrait du livre de Ludo Martens, page 245.) Affiche avec les paroles de Lénine: «Le communisme, c'est le pouvoir des Soviets plus l'électrification de tout le pays.» En 1920, Lénine proposa un grand plan d'électrification jusqu'en 1935. Staline l'a réalisé à 233 %.
Même
analyse pour la production de denrées agricoles : ‘‘Pour
l’agriculture, le diagnostic ressemble un peu à celui de l’industrie. En
effet, en ce qui concerne les céréales, le bilan est plutôt positif. Entre
1926-1930 et 1958-1962 la production a progressé de près de 70%, alors que la
population n’a augmenté que de 40%. Donc une progression de la production par
habitant de l’ordre de 20%. (...) Mais comme les exportations nettes étaient
pour 1958-1962 plus faibles qu’avant la guerre, cela implique une augmentation
de la consommation par habitant d’environ 25%. D’ailleurs, le pain était très
bon marché, ce qui conduit toujours à des effets pervers, donc au gaspillage.
En revanche, pour les autres produits agricoles, et surtout pour les produits élaborés,
tels que la viande et les produits laitiers, les fruits et légumes, la
progression a été beaucoup plus modérée.’’ 5
(Extrait du livre de Ludo Martens, page 250.) Des dizaines de milliers de jeunes paysannes, hier encore analphabètes sont devenues des tractoristes et des techniciennes. La mise sur pieds des stations-machine tracteur a révolutionné l'agriculture. (1930s)
C’est
une vision qu’on n’a pas l’habitude d’entendre. Des auteurs comme
Charles Bettelheim, Samir Amin ou René Dumont n’ont cessé de répéter l’échec
de la transformation agricole en URSS. Mais Bairoch développe un autre point de
vue, plus proche de ce qu’on peut lire dans Un autre regard sur Staline. 6
Conclusion
: ‘‘Les
experts occidentaux situent la croissance du PNB par habitant de l’URSS entre
1928 et 1958 à environ 4 à 5% par an, ce qui constitue un rythme environ deux
fois plus élevé que celui de l’Occident durant la même période. (...)
Donc, globalement, pour la période 1928-1958, on peut considérer que la
planification a permis à l’URSS de combler une partie de son retard et de se
doter plus rapidement que l’Occident d’une base industrielle. La comparaison
la plus significative est celle avec l’Espagne et l’Italie. (...) Vers 1928,
l’URSS avait un niveau d’industrialisation inférieur de près de la moitié
à celui de l’Italie et de 30% à celui de l’Espagne. Or, pour 1962-1964 (période
la plus proche de 1958), l’URSS dépassait d’environ 12 à 16% l’Italie et
d’environ 140 à 160% l’Espagne.’’ 7
Bairoch
poursuit : le ralentissement économique est surtout notable dans les années
70. Mais, depuis la chute du Mur, c’est la dégringolade. Pour l’ensemble
des pays de l’Est, il s’agit d’un effondrement de 40% entre 1989 et 1995. 8
Mais, cela, tout le monde peut le remarquer. Le socialisme ‘‘stalinien’’
est donc une incontestable réussite économique. Et le révisionnisme
‘‘khrouchtchévien’’, qui voulait assurer la même production en URSS
qu’aux Etats-Unis pour les années 80, un échec. Il a conduit à la
restauration du capitalisme qui s’est révélée être une catastrophe. En
outre, autre discours qu’on n’a pas l’habitude d’entendre, la période
‘‘stalinienne’’ a assuré un progrès social remarquable.
‘‘Les
acquis sociaux en URSS ? Ce sont essentiellement une distribution moins inégale
des revenus ; un progrès extrêmement rapide de l’éducation et de la médecine
; et (ce qui a déjà été évoqué) l’absence de chômage.’’ 9
‘‘D’ailleurs, l’article 40 de la Constitution proclamait le droit au
travail garanti par l’Etat.’’ 10
Bairoch
souligne que, durant cette période, l’écart régional a été réduit : ‘‘L’écart
du niveau de vie entre la région la plus pauvre et la région la plus riche était
de l’ordre de 1 à 2 seulement. A titre de comparaison, aux Etats-Unis, à la
même époque (fin des années 1950), l’écart était de 1 à 3. Et dans le
tiers monde, on trouve de nombreux cas où cet écart dépasse le 1 à 6.’’
11
Quand
on pense qu’on a justifié la séparation des Etats indépendants de l’URSS
par l’écart de richesses entre régions et le besoin des contrées pauvres de
se développer enfin ! En 1960, il y a proportionnellement deux fois plus
d’universitaires en URSS qu’en Europe occidentale. Le taux d’analphabétisme
est pratiquement nul en 1958. La mortalité infantile est passée de 250 pour
mille en 1910, soit le double de l’Europe occidentale, à 33 pour mille en
1958, soit l’équivalent de l’Occident. Les taux de criminalité, de
toxicomanie, de prostitution sont très faibles. 12 Quand on
voit ce que le capitalisme a fait de tous ses acquis, on s’aperçoit plus
encore du bien-être apporté par le socialisme aux travailleurs du pays.
2.
Un même constat positif pour les autres économies socialistes :
Bairoch
s’attaque alors à une autre grande expérience socialiste : la Chine. De
nouveau, l’analyse est simple : la période capitaliste est celle de la
stagnation et de la misère ; après 1949 et la révolution, c’est le progrès
économique et social, certes pas uniforme, mais quand même rapide si on le
considère sur une longue période. L’économiste souligne :
‘‘La
Chine, au moment de la création de la république populaire, est un pays
meurtri par les conséquences de l’invasion japonaise et la longue guerre
civile. En revanche, elle a hérité aussi des investissements réalisés par le
Japon en Mandchourie. Toutefois, son niveau d’industrialisation par habitant
vers 1949 était à peu de chose près celui de 1938 qui, lui-même, n’était
que légèrement supérieur à celui de 1913 ; donc, pratiquement une stagnation
du niveau d’industrialisation entre 1913 et 1949, alors qu’en Inde, par
exemple, on a assisté à un doublement. Vers 1949, le niveau
d’industrialisation de la Chine était voisin ou un peu inférieur à celui de
la moyenne du tiers monde à économie de marché. Or, le niveau atteint par la
Chine en 1976 à la mort de Mao est (d’après mes estimations basées sur les
sources occidentales) supérieur de quelque 65 à 70% au niveau
d’industrialisation moyen du tiers monde à économie de marché (mais supérieur
de seulement 40 à 45% à celui de l’Inde ; et inférieur de 60 à 70% à
celui du Brésil).’’
13
Et
l’économiste d’ajouter ce qui est remarquable dans cette performance :
primo, cette croissance concerne une longue période ; secundo, c’est un pays
très important du point de vue démographique ; tertio, le pays a été très
peu aidé par l’étranger.
Il
aborde les autres pays socialistes : Vietnam, Corée du Nord, Cuba. Le plus intéressant
est son analyse de l’île américaine.
Son
titre est évocateur : ‘‘Cuba : un déséquilibre entre réussite
sociale et débâcle économique.’’ 14 Il souligne
les performances en matière de bien-être de la population : mortalité
infantile de 9 pour mille, au milieu des années 90, contre 47 pour mille
ailleurs en Amérique latine ; espérance de vie de 76 ans, contre 64 ans en Amérique
latine ; scolarisation dans le secondaire de 89%, contre 53% en Amérique
latine... Les soins médicaux sont presque gratuits et le nombre de médecins
est passé de 6 000 en 1960 à 19 000 en 1985. 15
Mais
que dit-il de l’échec économique ? ‘‘En raison notamment de
l’embargo commercial, la croissance n’a pas été rapide, et (...) en raison
de la fin des relations privilégiées avec les pays de l’Est, entre 1989 et
1993, on a assisté à un recul de près de 40% du PNB’’. Mais
ajoute-t-il de suite : ‘‘1994 et, surtout, 1995 furent des années de
reprise’’. 16 Donc cette ‘faillite’ est due à
deux facteurs extérieurs : le blocus américain, mis en place en août 1960,
suite à l’expropriation en mai 1959 des propriétaires fonciers américains,
et renforcé en mai 1996 par la loi sanctionnant même les firmes non américaines
si elles ont des relations avec Cuba ; la chute du socialisme dans les pays de
l’Est qui ont mis fin presque du jour au lendemain aux relations qu’ils
avaient avec l’île. Ce n’est donc pas le système qui est mis en cause. Au
contraire. Car on pourrait se demander comment ce pays dispose d’autant de
facilités sociales, comment il peut les financer, alors qu’en Europe,
beaucoup plus riche, les patrons et leurs gouvernements sont en train de les démanteler.
3.
Le capitalisme, producteur de misère :
Bairoch
en arrive donc à montrer les succès économiques des pays socialistes, même
s’il s’en défend. On peut même en conclure que, sur les plans économique
et social, le socialisme a triomphé. Car le constat sur le capitalisme est
terrible et totalement contraire à ce que présentent les capitalistes,
notamment l’OCDE. C’est la polarisation généralisée entre riches et
pauvres à l’échelle de la planète.
L’économiste
écrit :
‘‘Mais,
dès 1860-1870, entre le futur tiers monde et le futur monde développé, l’écart
en termes de niveau de vie moyen était déjà de 1 à 2 ; et l’essentiel de
cet écart provenait d’une progression du niveau des pays développés. Dès
1950, il s’établissait à 1 à 5,1. Malgré le ralentissement de la
croissance des pays développés à partir de 1975, cet écart est de 1 à 7,4
vers 1980. Durant la décennie 1980-1990, le ralentissement de la croissance
ayant été beaucoup plus marqué dans le tiers monde que dans les pays développés,
l’écart se creuse encore très sensiblement puisque, en 1990, l’écart est
de 1 à 8. Durant les premières années de la décennie 1990, vu la faible
croissance économique enregistrée par les pays développés occidentaux ainsi
que le fort recul des pays ex-communistes et la forte croissance de la Chine,
l’écart entre le tiers monde et le monde développé s’est même rétréci
; en 1995, il s’établissait de 1 à 6,9.’’
17
Et
Bairoch propose un tableau dont la colonne la plus intéressante est celle qui
montre l’écart du niveau de vie entre les pays développés occidentaux et
les nations du tiers monde à économie de marché, c’est-à-dire la différence
dans le développement au sein même du système capitaliste. Les chiffres sont
édifiants, prouvant la disparité croissante entre pays riches et pays pauvres
: 1 à 5,7 en 1950 (les pays développés sont 5,7 fois plus riches que les
nations du tiers monde) ; 1 à 6,5 en 1960 ; 1 à 8,4 en 1970 ; 1 à 8,5 en
1980, un ralentissement de l’écart dû à la crise économique, qui fait
chuter la production en 1974 et 1975, puis en 1979 et 1980 ; 1 à 10,2 en 1990 ;
enfin, 1 à 10,3 en 1995. 18
On
peut voir aussi que le capitalisme agressif des années 80 (Thatcher et Reagan)
a entraîné non pas plus de développement et de sortie de la pauvreté, mais,
au contraire, une plus grande différence entre pays riches et pauvres. Malgré
les ‘miracles’ de l’Asie de l’Est (Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong,
Singapour, Malaisie, Thaïlande, etc.).
Il
n’y a plus qu’à montrer qu’à l’intérieur des pays industrialisés,
l’écart entre riches capitalistes et pauvres s’accroît. Une vérité que
Bairoch dessine à un autre endroit du livre. Il souligne, par exemple, que les
pauvres, définis comme tels par l’Etat, passent de 22% de la population en
1950 à 11% au milieu des années 1970, grâce aux transferts sociaux de
revenus, mais remontent à 14,5% en 1994. 19 Le constat
n’est pas tendre non plus pour l’Europe, qui défend soi-disant des
‘‘valeurs sociales’’ : le taux de pauvreté passe de 11,4% en 1975 pour
l’Union européenne (9 pays) à 14,9% en 1985 (12 pays). 20
Et, pour la Grande-Bretagne, c’est un véritable carton rouge : de 6% en 1975
à 23% en 1993. L’inégalité s’aggrave presque partout, titre l’économiste.
Aux Etats-Unis, les 20% les plus riches sont en moyenne 7,5 fois plus fortunés
que les 20% les plus pauvres en 1971, mais 11,5 fois en 1993 21.
On pourrait ainsi continuer.
Evidemment,
Bairoch ne présente pas une théorie alternative pour expliquer la chute du
socialisme à l’Est. De toute façon, il ne peut le faire, prisonnier de sa
vision quantitativiste du monde. Mais son livre est clair sur un point : ce
n’est pas l’échec économique qui a conduit au renversement du socialisme.
Pour avoir une vision sur ce sujet, mieux vaut se référer à d’autres
ouvrages, comme Un autre regard sur Staline ou L’URSS, la contre-révolution
de velours. 22
Notes :
1
-
OCDE, Pour l’ouverture des marchés. Les avantages de la libéralisation des
échanges et de l’investissement, Paris, 1998, p.35.
2
-
OCDE, op. cit., p.46.
3
- Paul Bairoch, Victoires et déboires. Histoire économique et sociale du monde
du XVIe siècle à nos jours, p.268.
4
- Paul Bairoch, op. cit., p.280.
5
-
Paul Bairoch, op. cit., p.285.
6
-
Ludo Martens, Un autre regard sur Staline, éditions EPO, Bruxelles, 1994.
7
-
Paul Bairoch, op. cit., p.287-288.
8
-
Paul Bairoch, op. cit., p.329.
9
-
Paul Bairoch, op. cit., p.290.
10
- Paul Bairoch,
op.
cit., p.291.
11
- Paul Bairoch, op. cit., p.290.
12
- Paul Bairoch, op. cit., p.292.
13
-
Paul Bairoch, op. cit., p.892-893.
14
-
Paul Bairoch, op. cit., p.1033.
15
-
Paul Bairoch, op. cit., p.1034-1035.
16
-
Paul Bairoch, op. cit., p.1035.
17
-
Paul Bairoch, op. cit., p.1036-1068.
18
-
Paul Bairoch, op. cit., p.1037.
19
-
Paul Bairoch, op. cit., p.532.
20
-
Paul Bairoch, op. cit., p.535.
21
-
Paul Bairoch, op. cit., p.537.
22
- Ludo Martens, L’URSS et la contre-révolution de velours, éditions EPO,
Bruxelles, 1991.
Le capitalisme : source de pauvreté et de misère
(Thomas Gounet, EM n°45 - 1999)
‘‘Le
capitalisme apporte richesse et bien-être, par contre, le communisme
n’apporte que pauvreté et misère.’’ Tel est le message que nous serinent
quotidiennement les médias, l’enseignement, les partis politiques... Il n’y
a pas de mensonge plus flagrant. Les rapports annuels du Programme des Nations
Unies pour le Développement (PNUD) prouvent le contraire et font voler en éclats
le miroir aux alouettes du capitalisme. Le PNUD est l’agence de l’ONU qui se
penche sur la problématique de la pauvreté et du développement du tiers
monde. Chaque année, il publie un rapport reprenant les données chiffrées les
plus importantes sur la répartition des richesses, sur la situation des soins
de santé, etc. 1, dans tous les pays.
Le
gouffre mortel...
Il
est impossible de ne pas voir ce gouffre hallucinant entre riches et pauvres.
L’étendue de la fortune détenue par une poignée de capitalistes est tout
simplement incroyable : Les dix hommes les plus riches de la planète possèdent
une fortune égale à une fois et demie celle de l’ensemble des cinquante pays
les plus pauvres qui comptent quelque 540 millions d’êtres humains. 2
Près de 400 multimilliardaires sont
aussi riches que 45 pour-cent de la population totale de la planète. 3
Le Mexicain le plus riche possède
à lui seul autant que 17 millions de ses concitoyens les plus pauvres. 4
Au niveau mondial, par rapport aux 20% les plus riches, les 20% plus pauvres
consomment : 11 fois moins de viande, 17
fois moins d’énergie, 77 fois moins de papier, 145 fois moins de voitures 5
...
ne cesse de s’élargir !
L’heure
n’est pas à l’amélioration de la situation. Le gouffre entre riches et
pauvres ne cesse de s’élargir. En 1960, les 20% les plus riches possédaient
30 fois plus que les 20% les plus pauvres. En 1994, ce rapport était déjà
passé à 78. 6 Alors que les riches ne cessent d’accumuler,
les pauvres s’enfoncent davantage dans la misère. La consommation mondiale
totale a, à peu près, doublé au cours des vingt dernières années. Elle a
atteint le niveau incongru de 840 000 milliards de BEF par an. 7
La richesse globale s’accroît, par conséquent, alors que la pauvreté et la
misère augmentent tout autant.
Depuis
1980, le milliard le plus pauvre sur la planète a vu ses revenus régresser.
8
Un
Africain consomme aujourd’hui en moyenne 20% de moins qu’il y a 25 ans. 9
Au
cours de ces quinze dernières années, le nombre d’habitants ‘‘extrêmement
pauvres’’ a doublé en Amérique latine. 10
Au
Mexique, le nombre de pauvres augmente chaque année d’un million d’unités.
11
Aujourd’hui,
3 milliards d’êtres humains doivent se débrouiller avec un revenu
quotidien inférieur à 70 BEF et un milliard d’entre eux doivent même se
contenter de moins de 35 BEF. 12
En
1970, le nombre d’êtres humains complètement sous-alimentés n’était
encore que de 103 millions. Aujourd’hui, plus de 215 millions d’hommes,
de femmes et d’enfants sont touchés par ce fléau. 13
Jamais
le capitalisme n’a produit autant de marchandises, et pourtant la misère
n’a jamais été si grande non plus. La soif de profit du capital marche littéralement
sur des millions de cadavres. Notre système économique, tant encensé dans les
universités, condamne en réalité des centaines de millions d’humains à une
existence dénuée de la moindre perspective.
Chaque
année, 17 millions d’enfants meurent de maladies aisément guérissables
: soit le décès de 46 500 enfants par jour. 14
L’exploitation
du travail des enfants concerne, dans les pays en voie de développement,
quelque 75 millions de gosses. Ces enfants travaillent dans des conditions
inhumaines. Ils se prostituent ou sont ‘‘esclavagisés’’. 15
Un
habitant sur trois des pays les moins développés n’atteint pas l’âge
de quarante ans. 16
Quelque
840 millions d’humains souffrent de la faim. 17 Ils sont
presque autant à ne pas recevoir de soins médicaux. 18
1,5
milliard d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable. 19
1,1 milliard n’ont pas de logement. 20
Environ
la moitié des habitants de la planète ne dispose pas d’installations
sanitaires. 21
Les
chiffres des rapports annuels ne vont pas plus loin que 1995, donc bien avant la
crise qui a éclaté en Asie et dans le reste du monde... Dans les pays riches
également, la pauvreté et la misère s’accroissent. Dans les prétendus pays
‘‘développés’’, entre 7 et 17% de la population vit en dessous du
seuil de pauvreté. 22 Les conditions de vie indignes et
inhumaines ne constituent pas l’apanage des gens du tiers monde. Plus de 100
millions de personnes vivant dans le Nord prospère partagent le même sort !
Plus
de 10 millions d’êtres humains sont sans-abri. 23
Au
moins 37 millions sont sans emploi. 24
Les
Etats-Unis comptent 30 millions de pauvres. Environ la moitié de la
population noire vit dans la pauvreté. 13 millions d’enfants de moins de
douze ans connaissent la faim. 25
En
Grande-Bretagne, depuis les années 1980, le nombre de pauvres est passé de
9 à 15%. Aujourd’hui, un million et demi de familles n’ont pas
suffisamment à manger. 26
En
Allemagne, il y a 6 millions de pauvres. Un étranger sur cinq vit en
dessous du seuil de pauvreté. 27
Le
travail des enfants en Europe concerne 2 millions de gosses. 28
Le
capitalisme n’est pas le remède mais bien la cause
La
pauvreté n’est pas un phénomène naturel. Ce n’est pas non plus un coup du
sort. Il est même possible de la résoudre très simplement. 80 milliards de
dollars suffisent annuellement pour permettre à chacun d’accéder à
l’enseignement et aux soins de santé. Ce montant, suffisant pour éradiquer
la pauvreté la plus criante dans le monde, est inférieur au revenu cumulé des
sept personnes les plus riches de la planète... 29 Il représente
à peine 0,35% du revenu annuel des pays industrialisés. 30
Mais, dans la politique d’aide au développement, les pays riches n’arrivent
pas à rassembler ce montant ridiculement modeste. Au total, ils consacrent 58
milliards de dollars à cette ‘‘aide’’, soit 0,25% de leur revenu annuel
global. 31 Et cette ‘‘aide’’ ne peut empêcher l’élargissement
de l’écart des revenus dans le monde. Ce n’est pas difficile à comprendre
quand on sait qu’à peine 2,1% de l’aide au développement sont consacrés
aux soins de santé et 1,3% à l’alphabétisation et à l’enseignement élémentaire.
32 L’annulation de la dette extérieure des vingt pays les
plus pauvres coûte entre 6 et 8 milliards de dollars. C’est moins que le coût
du bombardier américain Stealth (Le furtif)... 33
‘‘Pourquoi consacre-t-on si peu de moyens à améliorer le développement
humain dans ces pays où le besoin s’en fait le plus sentir ?’’ 34,
se demandent alors désespérément les experts de l’ONU.
La
réponse est simple. La seule chose qui compte dans le système capitaliste
mondial, c’est le profit des capitalistes privés. Aussi l’éradication de
la pauvreté ne constitue nullement une priorité. Au contraire, les rapports de
l’ONU permettent d’établir comment chaque année quelque 800 milliards de
dollars sont pompés des pays du Sud suite à la faiblesse de leur position sur
le marché mondial et au remboursement de leur dette. 35 Si,
en outre, nous prenons en compte la fuite des capitaux et les relations directes
d’exploitation, il est même possible que ce montant atteigne entre 1 200 et 1
600 milliards de dollars. En d’autres termes, les pays du tiers monde sont dépouillés
annuellement de 25% à 30% environ des richesses qu’ils produisent. Il n’est
donc guère étonnant que ce gouffre ne cesse de s’élargir. Le capitalisme ne
peut ni ne veut apporter une solution à la pauvreté. Bien au contraire, le
capitalisme est la cause de la misère qui sévit à l’échelle mondiale. La
problématique de la nutrition montre à quel point ce système est absurde et
criminel. Ces dix dernières années, la production alimentaire s’est accrue
d’un cinquième. Bien qu’on n’ait jamais produit autant de denrées
alimentaires, près de 800 millions d’êtres humains continuent de souffrir de
la faim. 36 Environ 90 pays pauvres consacrent la moitié de
leurs devises étrangères à l’importation de nourriture. Et pourtant, la
plupart de ces pays sont en état de produire eux-mêmes ces denrées
alimentaires en suffisance. 37
Seulement,
les rapports de force impérialistes les en empêchent. En Europe et aux
Etats-Unis, l’agriculture est très richement subsidiée. De ce fait, les
importantes multinationales de l’alimentation peuvent attaquer les marchés du
tiers monde, 38 en vendant leurs produits à des prix plus bas
que ceux de la production locale. Les paysans locaux ne peuvent absolument pas résister
à cette concurrence déloyale et courent donc immanquablement à la faillite.
Le cas du maïs aux Philippines est un très bon exemple. Dans le cadre de la
libéralisation du commerce sur le plan mondial, ce pays a été forcé
d’ouvrir ses frontières, entre autres pour permettre l’importation de maïs
en provenance des Etats-Unis. Chaque fermier américain reçoit sous forme de
subsides environ cent fois le salaire d’un paysan moyen aux Philippines. 39
Dans de telles conditions, il n’est pas difficile de prévoir le vainqueur, ou
de prétendre que nous avons affaire à un marché ‘libre-échangiste’ où
chacun a sa chance.
Le
socialisme est supérieur
Les
récentes évolutions auxquelles on a assisté en Europe de l’Est et en Europe
centrale prouvent, de toute évidence, que le capitalisme sème la mort et la
destruction. Dans seize des dix-huit pays qui se sont ‘libérés’ du
socialisme, la pauvreté n’a cessé de croître depuis la chute du Mur de
Berlin. Le nombre de pauvres y est passé de 14 millions en 1990 à 120 millions
en 1995. 40 L’introduction du capitalisme et de la ‘démocratie’
dans les anciens pays socialistes a déjà coûté la vie à deux millions de
personnes 41. Dans cette optique l’Inde capitaliste ne
supporte pas la comparaison avec la Chine communiste. En effet, si l’Inde
pouvait proposer les mêmes soins de santé que la Chine, il y mourrait
annuellement 1,7 millions d’enfants en moins 42. La même
chose vaut pour la comparaison entre Cuba communiste et l’Amérique latine
capitaliste. Avec les équipements sanitaires et médicaux dont dispose Cuba,
400 000 enfants latino-américains pourraient être sauvés chaque année et 20
000 femmes de moins mourraient en couches. 43 Chaque année,
en Amérique latine, 95 000 personnes meurent de mort violente suite à la
violence politique et sociale. 44 A Cuba, pas une seule.
A
ce propos, les chiffres ne mentent pas, le socialisme obtient des résultats
incomparablement meilleurs. Dans un moment d’inattention, les experts de
l’ONU reconnaissent l’effet bienfaiteur du socialisme : ‘‘A l’époque
de la guerre froide, la menace du communisme représentait pour les régimes non
communistes un incitant important à améliorer la situation des pauvres. Les
gouvernements de l’Indonésie, de la Corée du Sud, de la Malaisie et de la
Thaïlande améliorèrent le sort des démunis afin de prévenir les troubles
sociaux et les révoltes.’’ 45
Le
capitalisme tente de s’accrocher
Le
capitalisme s’avère intéressant pour une élite privilégiée mais plonge la
grande majorité des êtres humains dans la misère. Seul le socialisme est en
mesure de résoudre les problèmes de la pauvreté, de la santé, de
l’enseignement, de l’emploi, pour tout le monde... Le capitalisme est dans
une impasse et, en maints endroits, la situation est explosive. Toutes les
conditions sont présentes pour renverser le système. Les experts de l’ONU
s’en rendent parfaitement compte.
L’euphorie
qui a suivi la chute du Mur de Berlin cède progressivement la place à
l’angoisse et à la panique au sein de la classe capitaliste. ‘‘La pauvreté
est criante’’, écrivent ces experts. ‘‘Elle peut déclencher des réactions
violentes. Ceux qui profitent du statu quo ont souvent défendu leurs positions
par la violence. Et dans le passé, lorsque le mécontentement et la frustration
ont atteint un point critique, les pauvres en maints endroits ont recouru à la
lutte armée.’’ 46 Les experts insistent à juste titre
sur le fait que la situation actuelle constitue un terreau fertile pour la
naissance d’insurrections et de révolutions. Cela, ils craignent comme la
peste. C’est pourquoi ils se mettent anxieusement en quête de ‘réformes
pacifiques’. Toutefois, ils se rendent parfaitement compte que les réformes
progressives et l’action non violente ne fourniront que peu de résultats :
‘‘Toute stratégie qui désire éradiquer cette pauvreté doit tenir compte
du fait qu’un très grand nombre de personnes ont tout intérêt à ce que
survive cette pauvreté.’’ 47 L’histoire de ce siècle
nous permet en effet de voir que seul le renversement de la classe capitaliste
est à même d’ouvrir la voie menant à l’amélioration du sort des masses
et que seule la construction du socialisme pourra éliminer définitivement la
pauvreté et la misère. Au cours de chaque année perdue à attendre, le
capitalisme mondial tue des dizaines de millions d’êtres humains et en précipite
des centaines de millions d’autres dans des conditions de vie absolument
indignes.
Tableau 1 :
Les priorités du capitalisme mondial 48 |
|
Montant annuel nécessaire
pour : |
|
Enseignement pour
tous : |
6 milliards US $ |
Eau potable pour
tous : |
9 milliards US $ |
Accouchement
normal pour toutes les femmes : |
12 milliards US $
|
Soins de santé
de base et nourriture pour tous : |
13 milliards US $
|
Suppression de la
pauvreté extrême : |
40 milliards US $
|
Dépenses
annuelles pour : |
|
Fêtes
et divertissements des managers japonais : |
35
milliards US $ |
Boissons alcoolisées
en Europe : |
105 milliards US
$ |
Drogues
: |
400
milliards US $ |
Armement
: |
780
milliards US $ |
Publicité et
marketing : |
1 000 milliards
US $ |
Source
: Human Devellopment Report 1998 |
Les
‘‘bienfaits’’ du capitalisme en Europe de l’Est et en Europe centrale
Depuis
la chute du Mur de Berlin en 1989, la situation en Europe de l’Est et dans
l’ancienne Union soviétique a considérablement empiré. Dans 16 des 18 pays,
la pauvreté s’est accrue depuis l’abandon du communisme. 49
Dans l’ancienne Union soviétique, le nombre de pauvres est passé de 14
millions à 120 millions. 50 Aujourd’hui, plus d’un tiers
de la population doit se débrouiller avec moins de 140 BEF par jour. 51
En Russie même, plus de 60% des enfants de moins de six ans vivent en dessous
du seuil de pauvreté. En Bulgarie, ce chiffre est de 40%, de 35% en Roumanie et
de 20% en Pologne. 52 En Russie, 14% des enfants sont
sous-alimentés de façon chronique. 53
En
Pologne, deux tiers des mères célibataires vivent avec moins que le revenu
minimum d’existence. Dans ce même pays, le nombre de suicides a augmenté de
25%. Dans d’autres pays de l’ancienne Union soviétique, ce chiffre a même
doublé. 54 Par rapport à 1989, la criminalité en Bulgarie
est quatre fois plus forte, et trois fois plus forte en Hongrie, en Tchéquie et
en Slovaquie. 55 En Pologne, le nombre de meurtres a augmenté
de 60%. Dans d’autres pays, cette augmentation dépasse même 250%. 56
En Russie, l’espérance de vie de la population masculine a baissé de 63 ans
à 58 ans, c’est-à-dire moins qu’en Bolivie et au Lesotho. 57
Le rapport de l’ONU estime le nombre de morts dans les anciens pays
socialistes suite aux nouvelles maladies (aisément guérissables) et aux
conflits armés à quelque 2 millions depuis le passage au capitalisme. 58
La
Chine communiste par rapport à l’Inde capitaliste
Depuis
le début de la révolution, la Chine a enregistré des progrès impressionnants
dans sa lutte contre la pauvreté. Le taux de mortalité infantile, c’est-à-dire
le nombre d’enfants mourant avant d’avoir atteint l’âge d’un an, a
baissé. Il est passé de 200 pour 1 000 à 42 pour 1 000. L’espérance de vie
a presque doublé en passant de 35 ans à 69 ans. Le pourcentage d’analphabètes
a été ramené à 19%. En 1949, l’écrasante majorité de la population
vivait encore dans une pauvreté abyssale. Ce chiffre a baissé et n’était
plus que de 9% dans les années 1980. Et la faim a été totalement éradiquée.
59
En
Inde, au contraire, plus de la moitié des enfants de moins de quatre ans sont
sous-alimentés. Dans les campagnes, 39% de la population vit en dessous du
seuil de pauvreté, contre 30% dans les villes. La moitié de la population est
toujours analphabète. L’espérance de vie y est de 61 ans, soit 8 ans de
moins qu’en Chine. 60 Si l’Inde pouvait proposer les mêmes
soins de santé qu’en Chine, annuellement, 1,7 millions d’enfants échapperaient
à la mort. 61
C’est
le capitalisme qui provoque le problème des réfugiés et qui en tire des
profits supplémentaires
L’impérialisme
sème la mort et la destruction. En conséquence, de très nombreuses personnes
s’enfuient. Actuellement, il y a un total de 46 millions d’expatriés. La
plupart se sont réfugiés ailleurs dans leur propre pays. Environ 16 millions
de réfugiés se trouvent dans un autre pays que le leur. Sur ces 46 millions,
les pays du tiers monde en accueillent eux-mêmes quelque 40 millions. 6
millions seulement cherchent refuge dans les pays riches. 62
Par-dessus le marché, le capitalisme tente encore de tirer de substantiels
profits de cet afflux de réfugiés.
On
importe des ‘étrangers’ en fonction des besoins du capitalisme, c’est ce
qu’on appelle le ‘contingentement’. Les étrangers hautement qualifiés ou
bien nantis sont les seuls bienvenus. Les autres sont refoulés. Les ‘illégaux’
qui parviennent toutefois à entrer doivent pour survivre travailler à des
salaires ridiculement bas et sans la moindre protection sociale. Le rapport du
PNUD de 1997 déclare : ‘‘Même les pays qui se sont constitués sur base de
l’immigration, comme l’Australie, le Canada et les Etats-Unis, deviennent de
plus en plus regardants en ce qui concerne les personnes qu’ils souhaitent
laisser entrer. Ils donnent la priorité aux personnes hautement qualifiées, ce
qui fait que les meilleures forces vives ne cessent de quitter les pays en voie
de développement. Et alors qu’ils limitent de plus en plus l’afflux de réfugiés,
ils accueillent favorablement ceux qui se présentent avec d’importants
capitaux.’’ 63 Ceci prouve très clairement que le problème
des réfugiés est une composante de la lutte des classes, aussi bien chez nous
qu’à l’échelle mondiale.
La
catastrophe écologique
L’insatiable
faim que connaît le capital dévore également la nature. Depuis 1945, en
raison de la progression de la désertification et de la pollution du sol, 2
milliards d’hectares de terres fertiles ont été perdus, soit l’équivalent
de la superficie totale de l’Inde, de la Chine et du Brésil mis ensemble. 64
À l’échelle mondiale, le nombre de kilomètres carrés de forêts par
millier d’habitants a baissé, depuis 1970, en passant de 11,4 à 7,3. 65
L’émission de dioxyde de carbone s’est multipliée par quatre depuis 1950. 66
Mais ici aussi, ce sont les paysans et les travailleurs du Sud qui sont les
principales victimes. ‘‘Bien que les populations démunies soient les plus
touchées par les dégâts causés à l’environnement, elles en sont rarement
la cause principale’’, fait remarquer un rapport du PNUD de 1998. 67
Aux Philippines, rien que sous le régime Marcos, la moitié de la superficie
totale en forêts a disparu. Quelques centaines de capitalistes y ont fait main
basse sur 1.500 milliards de francs (BEF) de bénéfices et ont abandonné les
18 millions d’habitants des zones forestières dans le complet dénuement et
dans un environnement complètement détruit. 68 Les conséquences
néfastes du déboisement et de la destruction des terres fertiles sévissent
pour 80% dans les pays en voie de développement. 69
Actuellement, 130 millions d’habitants du Sud doivent se battre jour après
jour contre une pénurie d’eau. Vers le milieu du 21e siècle, ce
chiffre pourrait grimper jusqu’à 1 milliard et certains avancent même le
chiffre de 2,5 milliards. 70
60%
des dégagements de dioxyde de carbone proviennent des pays industrialisés (20%
de la population totale) mais ce sont les pays du Sud qui en souffrent le plus
en raison de leur type de climat. 71 Annuellement, 2,7
millions de personnes meurent des effets de la pollution atmosphérique. La
plupart sont originaires du tiers monde. 72 Le Nord ne sait
plus que faire de ses montagnes de déchets. Il n’hésite, par conséquent,
pas à larguer toute sa crasse dans le Sud. Aussi, par exemple, le Paraguay et
l’Uruguay sont-ils devenus les destinations favorites des déchets en
provenance de l’Europe et des Etats-Unis. 73 Au moins un
demi-milliard de personnes, parmi les plus démunies de notre planète, vivent
dans un environnement naturel complètement dégénéré. Environ 135 millions
de personnes courent désormais l’imminent danger de devenir des réfugiés
‘écologiques’. 74
Notes :
1. Human
Development Report, 1996, 1997 et 1998. Abrégé par la suite en HDR, suivi de
l’année de parution. •
2. HDR, 1997, p.38. • 3. HDR,1996, p.2. • 4. HDR, 1997,
p.38. • 5. HDR, 1998, p.0. • 6. HDR, 1997, p.9. •
7. HDR, 1998, p.1. • 8. HDR, 1998, p.7. • 9. HDR, 1998,
p.2. • 10. PNUD, Discussion Paper Series nr. 2, 1996, p.32; Unicef, La
situation des enfants dans le monde. Récapitulatif. Bruxelles 1997, p.33. • 11.
De Morgen, 14 octobre 1998. • 12. HDR, 1998, p.51. • 13.
HDR, 1998, p.50. •
14. HDR, 1998, p.50. • 15. HDR, 1997, p.31. • 16.
HDR, 1997, p.5. • 17. HDR, 1997, p.5. • 18. HDR, 1998, p.2. •
19. Id. • 20. Id. • 21. Id. • 22. Id. •
23. Id. • 24. HDR, 1998, p.27. • 25. HDR, 1998,
p.51. • 26. HDR, 1997, p.73. • 27.
HDR, 1997, p.61. • 28. Le Monde Diplomatique, janvier 1998, p.1. • 29.
HDR, 1997, p.112. • 30. Calcul effectué sur base de HDR, 1997, p.183.
• 31. HDR, 1998, p.37. • 32. Knack, 11 novembre 1998, p.61.
• 33. HDR, 1997, p.93. • 34. HDR, 1998, p.37. • 35.
HDR, 1997, p.84 en 85. • 36. HDR, 1996, p.20. • 37. HDR, 1997,
p.86. • 38. Le dumping n’est autre que la vente à un prix inférieur
au prix de revient, et ce, dans l’intention d’écraser les concurrents. • 39.
HDR, 1997, p.85. • 40. HDR, 1997, p.35. • 41. HDR, 1997, p.29.
• 42. Calcul effectué sur base de HDR, 1998, pp.156-7 et pp.176-7. •
43. Id. • 44. The Economist, 8 mars 1997. • 45. HDR,
1997, p.104. • 46. HDR,1997, p.94. • 47. HDR, 1997, p.95. •
48. HDR, 1998, p.63. • 49. HDR, 1997, p.89.• 50. HDR,
1997, p.35. • 51. HDR, 1997, p.3. • 52. HDR, 1997, p.35. • 53.
HDR, 1997, p.79. • 54. HDR, 1997, p.35. • 55. HDR, 1997, p.31.
• 56. HDR, 1997, p.35. • 57. HDR, 1997, p.80. •
58. HDR, 1997, p.29. • 59. HDR, 1997, p.49. • 60. HDR,
1997, p.51. • 61. Calcul effectué sur base de HDR, 1998, pp.156-7 et
176-7. • 62. HDR, 1997, pp.65-6. • 63. HDR, 1997, p.85. • 64.
HDR, 1998, p.55. • 65. HDR, 1998, p.54. • 66. HDR, 1998, p.56.
• 67. HDR, 1998, p.66. • 68. HDR, 1998, p.74. • 69.
HDR, 1998, p.55. • 70. Id. • 71. HDR, 1998, p.57. • 72.
HDR, 1998, p.67. • 73. HDR, 1998, p.73. • 74. HDR, 1998, p.74.
Economie des USA : Une bombe à retardement
(Raisa Pages, Granma international, 25 Avril 2002)
Le pragmatisme nord-américain a cédé du terrain devant la nécessité de diffuser une image économique optimiste devant les autres pays. La grande majorité des économistes des États-Unis considère que la récession prendra fin en 2002, mais ni le développement de l’industrie de guerre, ni l’augmentation des dépenses du Pentagone n’ont pu contrecarrer les dégâts occasionnés par la hausse soutenue du prix du pétrole et la réaction en chaîne déclenchée par le scandale de la compagnie Enron.
Un consultant nord-américain, Isaac Cohen, a déclaré que la hausse des prix de l’énergie peut freiner la relance. Devant la montée des prix des combustibles, les banques centrales ne manqueront pas d’augmenter leurs taux d’intérêt, ce qui aura un effet négatif sur l’expansion économique.
Pour Richard Clarida, sous-secrétaire au Trésor, le gouvernement attend une réactivation des investissements des entreprises, mais la baisse de ces dépenses se poursuit depuis quatre trimestres consécutifs, ce qui n’était pas arrivé depuis 1992, lorsque cet indicateur économique avait baissé durant un an et demi.
«Les résultats des entreprises confirment le pessimisme de Wall Street» : c’est ainsi que CNN titre un commentaire sur des déclarations publiées par le Wall Street Journal. James Paulsen, directeur général des investissements de Wells Capital Management, se demande s’ils traversent une période prolongée de stagnation ou, du moins, de rendements médiocres.
«Il existe de nombreuses incertitudes quant à l’évolution du second semestre», rapporte Charles Hills, directeur de recherche de First Call. La perte de confiance des investisseurs occasionnée par l’existence de conduites illégales pour couvrir la faillite de l’entreprise Enron, influe négativement sur le retour à l’expansion économique.
Irrationalité spéculative
L’économie de la première puissance mondiale est devenue une énorme «bulle financière», par le biais d’un processus spéculatif irrationnel à la bourse des valeurs. Le capital financier nord-américain rassemble une énorme masse d’argent qui dépasse largement la valeur de la production en biens et services du pays. Réellement, les causes profondes de la récession des États-Unis n’ont pas été suffisamment mises à jour. La majorité des experts ne paraissent pas convenir de la nécessité d’en approfondir les motifs.
À la recherche de points de vue spécialisés, Granma international a interviewé le docteur en Sciences économiques, Francisco Covarrubias, chercheur au Centre d’études de l’économie internationale de Cuba (CIEM), qui explique que la forte expansion de l’économie des États-Unis durant les annés 90 a laissé un lourd fardeau de déséquilibres économiques et financiers. L’expansion économique de la première économie de la planète est due essentiellement aux ressources financières extérieures, a-t-il souligné. Pour l’année 2001, elles ont représenté environ 26% des investissements totaux dans le pays, plus du triple qu’en 1995.
«La recherche de hautes marges de bénéfices faciles et rapides —favorisée par les avancées technologiques, les changements institutionnels et une importante entrée de capitaux étrangers— a intensifié le transfert massif des entreprises et des particuliers vers les marchés financiers, surtout vers l’achat et la vente d’actions, ce qui a créé d’énormes disparités entre l’hyperdynamisme de ce marché et le reste des activités économiques».
La perte de revenus, en 18 mois, du fait de la dépréciation de la valeur des titres donnait, en septembre 2001, un résultat équivalant à 75% du Produit intérieur brut des États-Unis, une proportion supérieure à celle qui a suivi le krach de 1929.
L’endettement démesuré des familles et des compagnies nord-américaines va bien au-delà de leurs réelles capacités de paiement, ce à quoi il faut ajouter que la principale garantie est la valeur virtuelle des actions qu’ils possèdent, affirme le docteur Covarrubias. Fin 2001, la dette des foyers nord-américains absorbait plus de 92% de leurs revenus. Et pour ce qui concerne les entreprises, la valeur de leurs obligations contractées dépassait le 100% du PIB étatsunien, c’est-à-dire 10 milliards de dollars.
Perte de crédibilité bancaire
Pour l’expert cubain, l’autre aspect de cette spirale d’endettement est la conduite irresponsable des banques nord-américaines et étrangères. Les banques ont autorisé trop largement les crédits, sans respecter les règles les plus élémentaires et en acceptant comme unique garantie les titres boursiers, a-t-il souligné. Les organismes financiers nord-américains ont même octroyé des prêts à des personnes non solvables qui, en raison de leurs antécédents bancaires, ne trouvent nulle part de possibilités de financement. Il s’agit, a-t-il expliqué, d’encaisser d’importants intérêts et des commissions encore plus fortes.
Ces crédits, appelés «subprime», sont passés de 27 milliards de dollars au début des années 90 à plus de 430 milliards de dollars actuellement, ce qui équivaut à 10% de tous les prêts hypothécaires étasuniens. Ce qui est en question, c’est la fiabilité des banques nord-américaines. Huit des 22 organismes financiers qui ont fait faillite depuis 1997 avait alloué un grand nombre de prêts «subprime».
Un autre élément de déséquilibre économique est la progressive diminution des possibilités d’épargne des familles nord-américaines, qui a atteint le niveau le plus bas de toute l’histoire économique du pays. Le plus inquiétant est que plus de 60% des économies personnelles des Étasuniens sont placées dans la roulette de «l’économie de casino».
Artifices économiques et augmentation du chômage
Le léger changement observé —sur lequel se basent les plus optimistes pour penser que le plus dur de la récession est passé— est consécutif à la hausse de la consommation de biens durables observée au dernier trimestre de 2001, le meilleur chiffre de ces 15 dernières années. Cependant, cette tendance est le résultat des campagnes de ventes à terme sans intérêt, lancées par les trois grands constructeurs automobiles de Détroit (General Motors, Ford et Chrysler) qui ont généré des ventes record d’octobre à décembre.
La guerre en Afghanistan et les dépenses engagées pour renforcer la sécurité intérieure du pays, ont réanimé le complexe militaro-industriel, non seulement du fait de l’augmentation des dépenses du Pentagone, qui ont progressé de 9% après les événements du 11 septembre, mais aussi de l’armement des pays alliés dans la croisade anti-terroriste lancée par Washington. Tout cela a contribué à l’augmentation des dépenses publiques.
Certains analystes basent leurs critères d’avenir sur une prévision de la baisse du taux de chômage, due d’ailleurs à un artifice comptable qui ne prend en compte que ceux qui déclarent être à la recherche d’un emploi et non les personnes déçues par une recherche infructueuse et qui ont choisi de faire valoir leur droit à la retraite avant la perte de leur poste de travail. Les études relatives au marché de l’emploi indiquent que le chômage va continuer de monter et atteindre 6,5%, indépendamment de l’évolution du PIB, affirme l’expert du CIEM.
Industrie en chute libre
Depuis les 15 mois de la deuxième guerre mondiale, une telle baisse aussi prolongée de la production industrielle n’avait jamais été enregistrée. Ce secteur a réduit son personnel de 1 300 000 travailleurs, soit 7% des emplois.
Les ventes d’automobiles ont enregistré une chute spectaculaire et les faillites historiques ont ébranlé le système boursier des États-Unis. Le syndrome Enron prédit d’autres déboires. Alan Greenspan, président de la Junte fédérale de réserve, a reconnu lui-même que « ... le degré de vigueur des investissements financiers et le niveau de dépense des foyers restent incertains».
L’endettement et la spéculation, les
moteurs de l’économie de consommation nord-américaine, constituent une véritable
bombe à retardement, que rien ne pourra désamorcer, pas même les guerres
providentielles.
Le danger d'une nouvelle crise économique
Ces
lignes sont écrites en 1930 dans le rapport politique du Comité Central au 16ème
Congrès du Parti Communiste bolchevique de l'URSS.
La
crise de 1929 est connue comme une "crise de surproduction", bien
qu'il soit plus opportun de l'appeler "la crise de la misère", car
les produits fabriqués n'ont été en trop que par rapport à la solvabilité
de la société et non pas de trop par rapport à ses besoins. Cette crise a duré
4 ans et est considérée comme la plus profonde et la plus dévastatrice de
l'histoire du capitalisme à nos jours. Elle avait touché très fortement les
pays industrialisés les plus développés, et en premier lieu les Etats-Unis où
la production industrielle avait baissé de 46%, alors que le nombre des chômeurs
était monté à 13 millions. Cette crise était d'autant plus frappante qu'elle
s'était développée dans les conditions particulières de l'existence d'un
autre mode socio-économique dans le monde, réalisé dans le premier Etat
socialiste qui, par son développement économique réussi, démontrait les
avantages du nouveau système social. Pendant que des millions de gens perdaient
leur travail dans le monde capitaliste, en 1931 en URSS le chômage avait été
définitivement liquidé. L'URSS a démontré au monde entier que la production
peut croître, et de surcroît par des rythmes inconnus dans le monde
capitaliste, sans que cela mène à des crises mais au contraire, au relèvement
incessant du niveau de vie de la population.
En
premier lieu, la lutte de chaque grand pays capitaliste pour étendre sa sphère
de domination économique aux dépens de ses concurrents.
En second lieu, le renforcement de l'exploitation des pays dépendants et des
colonies. Troisièmement, le transfert du poids et des conséquences de la crise
sur le dos de la classe ouvrière et des petits commerçants et propriétaires
dans leur propre pays. Et enfin, l'agression militaire contre l'URSS, à l'époque
seul pays socialiste au monde. Bref, la bourgeoisie cherchait une issue de la
crise dans le fascisme au niveau de la politique intérieure et dans la guerre
au niveau de la politique extérieure. On connaît le résultat de ces efforts :
victoire du fascisme en Allemagne, guerre mondiale, des dizaines de millions de
victimes, des destructions énormes, misère et souffrance de tous les peuples
dans le monde, y compris les peuples des pays impérialistes. Et au bout du
compte, c'était l'échec de la force de frappe principale, l'Allemagne fasciste
et ses alliés, et la victoire de la révolution socialiste dans maints pays
d'Europe et d'Asie. Pendant que le capitalisme cherchait une issue de la crise
dans le fascisme et la guerre, les peuples l'ont trouvée dans la révolution et
le socialisme.
L'essence
du capitalisme n'a pas changé pendant ces soixante-dix dernières années. La
raison profonde des crises - la contradiction entre le caractère commun de la
production et le mode privé de l'appropriation de sa plus-value - est aussi
apparente que dans les années 30. Le développement des forces productives
durant ces 70 années a permis de réaliser des produits en quantités nettement
plus élevées, alors que les résultats de cette production sont absorbés par
un nombre plus restreint de propriétaires. Les statistiques montrent que parallèlement
à l'augmentation de la production au niveau mondial, l'écart entre pauvres et
riches a aussi augmenté. Alors qu'il y a 40 ans, les 20% les plus riches du
monde avaient un revenu 30 fois plus élevé que les 20% les plus pauvres, cet
écart a été multiplié aujourd'hui par 80. Le nombre de gens qui vivent
au-dessous du seuil de pauvreté dans le Tiers-monde a progressé de 300
millions les 10 dernières années, sans compter les millions de pauvres dans
les "nouvelles démocraties" en Europe de l'Est. Aujourd'hui la crise
n'a pas encore touché les Etats-Unis et les principaux pays capitalistes au
point de 1929, mais elle a réussi à dévaster l'économie des pays du
Tiers-monde et des soi-disant "nouvelles démocraties". Pour ces pays,
parmi lesquels est la Bulgarie, la crise est déjà un fait. Depuis douze ans la
Bulgarie est en crise croissante. La baisse de la production dépasse celle des
Etats-Unis de 1929-1933 et on ne perçoit aucun signe de rétablissement de l'économie
au niveau d'avant la restauration du capitalisme.
Selon
les statistiques officielles le produit intérieur brut (le PIB) de la Bulgarie
représente en 1999 70 % de celui de 1989. Le pouvoir d'achat de la Bulgarie sur
le marché mondial a baissé 4 fois (sans tenir compte de la dévalorisation du
dollar entre 1989 et 1999). En 1989 le PIB était de 48 milliards de dollars (40
milliards de léva et le taux d’échange moyen - 0,83 léva par dollar pour le
commerce extérieur), alors qu'en 1999 le PIB a baissé à 12,4 milliards de
dollars (le PIB représente 22,8 milliards de léva et le taux d’échange
moyen - 1,84 léva par dollar pour le commerce extérieur). C`est le résultat
de la disparition du marché international des pays socialistes et du COMECON. En 1989 le chômage n’existait pas alors que selon les
statistiques officielles en 1999 le nombre des chômeurs est de 610 000 et le
taux du chômage s’élève à 16 %.
La
pauvreté croissante aiguise les contradictions et mène à une crise politique
constante. Dans un certain nombre de "nouvelles démocraties", surtout
sur le territoire de l'ex-Union Soviétique et dans les Balkans, la résistance
des masses est réprimée par la terreur ouverte, ou bien on a déjà provoqué
des guerres. Des signes apparents de fascisme renaissant sont visibles. La
situation est encore plus grave dans les pays du Tiers-monde où la crise est
beaucoup plus profonde et avait commencé bien avant celle des ex-pays
socialistes. Depuis le début 2001, des phénomènes de crise aiguë se sont étendus
aussi aux pays industrialisés, et même aux Etats-Unis. La "récession"
y a touché le plus profondément justement le secteur des "hautes
technologies" qui concerne l'informatique, les télécommunications,
l'Internet, etc.
Aujourd'hui
encore, comme dans les années 30, le capitalisme n'est pas le seul système qui
domine sans partage le monde. Malgré la restauration du capitalisme en URSS et
en Europe de l'Est, aujourd'hui près de 20% de la population du monde habite
dans des pays socialistes. De nouveau, comme il y a 70 ans, l'impérialisme
cherche l'issue de la crise dans le fascisme et la guerre. Sauf que la guerre
pour la domination mondiale s'appelle aujourd'hui "guerre contre le
terrorisme" et la fascisation de la politique intérieure, la répression,
la terreur contre les forces progressistes sont faites au nom de la "sécurité"
sous la bannière de la "lutte avec le terrorisme". Aujourd'hui
encore, comme il y a 70 ans, le fascisme et la guerre ne sauveront pas l'impérialisme
et ne feront qu'apporter aux peuples d'innombrables victimes, des souffrances et
des destructions. Sans aucun doute, les forces de frappe réactionnaires
auront-elles le même destin que le Reich hitlérien. Pour les peuples, la seule
issue de la crise engendrée par le capitalisme et de la guerre impérialiste
est de nouveau dans la révolution et dans le socialisme.
Sofia, le 10 avril 2002 Ludmil Kostadinov - (Traduit par Pétia Candéva - Paris, le 11 avril 2002)
Comité initiative pour la formation du Parti communiste haïtien
Il
est de notoriété publique bourgeoise que le libéralisme comme pensée
philosophique ayant conduit progressivement à l'établissement de l'économie
capitaliste, est la seule potion capable de guérir les maux du monde, selon les
esprits libéraux. Mais la plus simple observation que l'on puisse faire ;
montre que les maux auxquels l'humanité est confrontée, sont les conséquences
logiques de l'application pratique du système capitaliste à prédominance
mondiale. Nous voulons donc espérer, que les esprits droitiers et fervents défenseurs
du système ont bien conscience de cet état de chose créé par le Capitalisme,
qui a atteint son stade suprême au début du XXème siècle, selon
la prédiction du Camarade Lénine.
Cependant,
nous souhaitons rappeler ceci : La bourgeoisie possédante et accapareuse opérant
sur la carte mondiale, est l'aboutissement d'une longue lutte révolutionnaire
qu'elle a elle-même menée contre la royauté et la monarchie absolues, qui prévalurent
dans l'ancien système féodal. En effet, elle devait remporter une grande
victoire en provoquant la Révolution de 1789 en France, qui va être la première
expérience bourgeoise dans l'exercice du pouvoir politique et économique, un
statut et un privilège qui étaient encore réservés à la bourgeoisie. Elle a
donc su garder intacts les acquis de la Révolution de 1789, en opérant des
changements qui répondent aux intérêts de sa prospérité et de sa postérité.
Elle va s'armer de sa force idéologique et économique pour combattre toutes
les velléités de résurgence royale et surtout celles supérieures à la
sienne. En illustration, la bourgeoisie française revêtant son caractère
international, a noyé dans le sang la première tentative de Révolution
Socialiste dont La Commune de Paris était l'objet. Le satrape Thiers Louis
Adolphe avait eu la charge du scandaleux carnage, que l'on qualifia de "
Semaine sanglante 22-28 Mai 1871 ".
Alors,
pourquoi aujourd'hui le Prolétariat ne devrait-il pas s'organiser de manière
beaucoup plus moderne pour combattre l'exploitation d'origine bourgeoise, et se
mobiliser en un grand faisceau révolutionnaire pour extirper une fois pour
toutes de l'humanité ce venin qu'est le Capitalisme outrancier ? La réponse à
cette question demeure sciemment inscrite dans la doctrine Marxiste-léniniste,
dont les antidotes et les remèdes y sont aussi prescrits pour éradiquer la
maladie endémique du Capitalisme, sécrétant tout au long de son développement
ses troubles viraux et intraveineux. Au passage, nous rappelons que l'expérience
cubaine est très révélatrice de la posologie recommandée par les Médecins:
Marx et Lénine. Les résultats sont effectivement concluants et vérifiables
dans la nouvelle société de la République de Cuba. La qualité de l'éducation
et les différents services sociaux offerts au peuple cubain sont l'expression
visible du Socialisme scientifique qui s'y construit. L'analphabétisme et les
disparités sociales séculaires sont vaincus et appartiennent au passé. Sous
la Révolution cubaine, la mortalité infantile, le chômage et l'espérance de
vie cubaine ont atteint un standard d'un niveau international qui n'a rien à
envier à celui des grandes nations occidentales.
Ces
changements qualitatifs manifestes dans le vécu des Cubains, sont le résultat
du nouveau mode des rapports sociaux influant sur les rapports de production préconisés
par la Révolution cubaine, elle-même. Malgré la haine viscérale de l'Impérialisme
international contre le peuple cubain, l'économie de l'Ile se développe dans
la plus grande sérénité et dans un sentiment de souveraineté nationale. La
distribution des biens et des richesses s'effectue avec équité et égalité.
Un tel comportement ne peut donc provenir que du Communisme scientifique ! Dans
son application comme système politique et économique, il introduit une
nouvelle morale de conduite dans la vie des peuples, qui lui différencie de
toutes les autres doctrines par son caractère éminemment révolutionnaire et
efficace.
Crises
économiques d'envergure : Causes profondes et les palliatifs offerts par le
système capitaliste
Les
différentes crises que l'humanité a connues et celles qui la secouent
actuellement, résident dans la nature même du système capitaliste. Ces crises
ont leur caractère répétitif et cyclique dans l'histoire de l'économie
bourgeoise, et elles le seront toujours jusqu'à son effondrement complet. Les
manifestations intempestives apparues périodiquement dans le système sont les
symptômes qui annoncent la fin inexorable de l'expérience capitaliste. Ce,
malgré la présence des Médecins charlatans au chevet du malade. L'emploi de
la méthode malthusienne et keynésienne a abouti à une impasse économique
extrêmement grave, due à la nature inconsistante de ces prescriptions. Toute
théorie scientifique doit absolument tenir compte au premier chef de l'aspect
humain dans sa pratique. Si c'est l'effet contraire qui se produit c'est-à-dire,
si l'être humain ne se retrouve pas ou ne digère pas le contenu de la théorie,
l'on se trouve forcément devant un cas d'échec évident.
Il
nous semble donc que c'est bien le cas de Malthus (Thomas Robert) et de Keynes
(John Maynard), qui furent deux théoriciens classiques du libéralisme. Ils ont
tour à tour échoué dans leur tentative d'apporter leur remède au système
capitaliste en crise. Lors des famines qui ont endeuillé l’humanité (phénomène
cyclique dans l'économie capitaliste) et qui ont été engendrées par la
voracité et la cupidité de la bourgeoisie accapareuse ; Malthus, dans son étroitesse
d'esprit bourgeois, préconisa la restriction des naissances par l'État. Évidemment,
il énonça sa théorie sur la base des intérêts mesquins de sa classe, selon
laquelle la population croît plus vite (progression géométrique) que les
subsistances (progression arithmétique). Phénomène qui devrait conséquemment
provoquer un déséquilibre majeur dans la vie sociale et économique des
peuples à l'échelle planétaire. Le choix du contrôle des naissances est la
solution la plus plausible pour prévenir une catastrophe générale, selon lui.
Mais, pour nous, c'est une idée très limitée dans sa conception qui dénote
d'une grande absence d'imagination sur le long terme et d'un manque certain de
vision dans la capacité dialectique de Malthus lui-même. Il demeure aussi que
de telles idées ont fait du chemin chez les esprits bourgeois qui s'inspirent
encore de lui. Mais cela ne nous émeut pas, puisque le monde bourgeois est très
borné et fermé sur lui-même. Il est souhaitable qu'il disparaisse définitivement
des affaires du monde ! Et, que le Prolétariat assume ses responsabilités
mondiales, en jouant bien sûr le rôle de dirigeant historique que lui confère
le droit à la Révolution !
Pendant
la période qui a suivi la crise économique de 1929, Keynes a pu se présenter
comme le sauveur du Capitalisme. L'économie bourgeoise devait recevoir son coup
le plus sévère avec le crac de 1929, qui ébranla tout le système dans ses
fondements. Mais elle devait se relever selon les données scientifiques de Marx
et de Lénine, d'autant que les conditions objectives et subjectives n'avaient
pas encore été appliquées dans le milieu ouvrier et paysan, au niveau du
globe. Conditions sine qua non pour la disparition totale du Capitalisme, comme
système sur la planète. Keynes s'est offert en bon économiste et théoricien
du capital, pour donner un nouveau souffle à la bourgeoisie possédante. Le chômage
record enregistré dans les sociétés industrielles fut le facteur essentiel
ayant motivé Keynes à proposer un Etat-employeur-consommateur par
l'intervention des investissements des pouvoirs publics. Selon Keynes, le
sous-emploi est la résultante de l'application de certaines thèses
anachroniques de l'économie politique classique, portant sur l'équilibre économique
et ses mécanismes autorégulateurs. Son hostilité passagère devait lui valoir
une mise en quarantaine par les siens, mais son audience n'avait pas pour autant
été entamée. Effectivement, ces idées ont continué à inspirer et dominer
la Camarilla bourgeoise de son temps, et le sont encore aujourd'hui. Car les Impérialistes
n'ont pas connu d'évolution notable dans leur germination de pensée, ils
demeurent esclaves de la philosophie libéraliste. Dans le cadre d'une
soi-disant stabilisation de l'économie capitaliste, Keynes va créer le Fonds
Monétaire International et la Banque internationale pour la reconstruction et
le développement économique, sous les hospices de Bretton-Woods (1944). Le
Fonds Monétaire International (FMI) et la BIRD plus connue sous l'expression
Banque mondiale (BM) sont deux Institutions obsolètes qui affament les peuples
du Tiers-monde, monstrueusement. Elles sont aussi les deux vigiles du
capitalisme moribond, qui rappellent tristement la mémoire de Keynes dont l'âme
bourgeoise fut charnellement prise dans les étreintes du libéralisme
anachronique.
Le
Capitalisme comme système porte dans sa nature les germes de sa destruction.
Malgré les tentatives de redressement que ses théoriciens tentent vainement de
lui apporter, les causes de son effondrement demeurent constantes. Et l'on
arrive à la conclusion que tout le corps du système est fissuré; du tronc à
l'écorce, en passant par la tige aux branches jusqu'aux racines, dont la sève
n'alimente plus le système nerveux. De telle sorte que, le coeur ayant subi de
nombreux pompages coronariens, ne résiste plus, ne tient plus et devrait céder
au moindre petit choc dont il serait victime. C'est pourquoi les prêtres séculiers
qui sont formés et nourris par le système, sont invités à lui administrer le
dernier sacrement (extrême-onction) dans la courte période de son agonie.
A
priori, le système capitaliste est antidémocratique, et donc anti-peuple. Il
est tout à fait naturel que les peuples opprimés et asservis se soulèvent
contre les impérialistes, en passant par les mouvements nationalistes à
l'Avant-garde prolétarienne pour mener la contestation mondiale. Les foyers de
tension et de contestation générale sont bien allumés et attisés par le
pourrissement du Capitalisme lui-même. Au stade de l'Impérialisme actuel, les
causes fondamentales qui préfigurent son éclatement, sont multiples dans
l'histoire du Capitalisme, et génèrent des crises systématiques dans son
parcours.
Evoquons
quelques cause fondamentales de l'échec du capitalisme mondial: La
surproduction, la surexploitation et la plus-value sont la base stratégique du
système capitaliste dans sa campagne inhumaine d'exploitation des forces de
production. La stratégie et la méthode furent dénoncées sciemment par Karl
Marx dans le Manifeste du Parti. L'oligarchie financière (combinaison des
monopoles bancaires et ceux de l'industrie) est l'une des caractéristiques
principales du système. Et le Camarade Lénine critiqua et dénonça (1916)
avec à-propos l'attitude arrogante de la bourgeoisie dans l'appauvrissement des
peuples du Tiers-monde. Cette situation n'a fait qu'exacerber la lutte des
classes et les contradictions antagoniques existant entre les exploiteurs et les
exploités. Ce qui a apporté aussi de l'eau à la machine révolutionnaire du
Prolétariat. Il faut ajouter aussi la loi du profit maximum découverte par le
Camarade Staline, et présentée dans ses études sur les techniques et mécanismes
d'emploi pour obtenir le profit maximum. Dans cette loi, le Camarade Staline
avait observé que le profit moyen ne suffit plus aux grandes et profondes
poches de la bourgeoisie traditionnelle et compradore. Il lui faut trouver une
nouvelle méthode de production qui assouvisse ses appétits gourmands. Cette méthode
consiste à développer une stratégie cynique de caractère, dont les
contradictions de monopoles se trouvent chaque jour plus aiguës, dans l'économie
de la réaction.
Il
s'en est dégagé un consensus parmi les plus grandes sociétés de production
pour former des firmes géantes, qui soient capables d'absorber les moyennes et
petites entreprises. Avec à la clef l'exclusivité des monopoles des marchés,
dont elles détiennent le secret de la variation des prix pour décider toutes
seules de la tendance : La hausse et la baisse.
L'on
peut donc se rendre compte de la nature pernicieuse et parcimonieuse de la
morale capitaliste, dont le monde bourgeois se prévaut dans sa mission de
destruction de l'humanité. Contre cet état de fait, le Communisme scientifique
a livré bataille et livre encore aujourd'hui ses cartouches de résistance pour
moraliser et socialiser le système économique mondial. Mais, pour ce faire, il
lui faut la complicité de la classe ouvrière et des progressistes du monde
entier, qui doivent être mobilisés autour du Parti d'Avant-garde pour
favoriser l'éclosion d'un monde juste et démocratique.
La
bête et son image : dans l'asservissement de l'humanité !
Cependant,
comme nous l'avions évoqué plus haut, le système capitaliste regroupe un
monde bourgeois dont les réflexions sont à courte vue. De telle sorte que, la
bête et son image sont bien incapables de prévoir la moindre initiative qui
puisse favoriser un avenir proche, voire un moyen terme. Même une formule bâtarde
de gouvernance leur échappe; dans leur petite compréhension des choses, les
seuls arguments dont elles saisissent le sens sont: L'argent et la mort. Les résultats
dévastateurs et monstrueux sont d'une éloquence telle que l'humanité saisie
d'horreur, se retrouve maculée de sang et de famines occasionnés par le déferlement
des laves du Capital, comme un volcan toujours éruption. Peuvent-elles
comprendre (la Bête et son image) la nébuleuse spirale capitaliste, dans
laquelle elles se fourvoient ? Nous doutons qu'ils possèdent un tel esprit en
leur sein et qu'elles puissent appréhender la monstruosité de leur expérience.
Nous
voulons préciser que nous entendons par la bête et son image : La Droite du
Capital qui poursuit éperdument sa mission de destruction pour assouvir sa
soif, et les Sociaux-démocrates (Social-Démocratie) qui la remorquent et sont
à la traîne de celle-ci. Permettez-nous d'ouvrir une parenthèse pour dire
ceci : Nous ne savons pas à quel moment de l'histoire la Social-Démocratie a
été d'une utilité pour l'humanité, dans sa marche progressive ? Mais au
regard de ces 50 dernières années, les tentations des Sociaux-Démocrates ont
été plus dangereuses pour l'humanité que celles de la Droite capitaliste. Les
exemples abondent dans cette tranche d'histoire, mais l'exemple de la France de
Mitterrand est celui qui retient beaucoup plus notre attention. Cheville ouvrière
et dépositaire de la " Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen
" à laquelle plus tard, le Camarade Lénine va donner un caractère plus
large c'est-à-dire il l'étendra aux peuples et aux nations, dans son oeuvre
intitulée : " Le droit à l'autodétermination des peuples ". Sans décorum
aucun, la France socialiste s'est engagée étroitement aux côtés de l'Impérialisme
nord-américain pour agresser et massacrer plus de 100 000 Iraquiens, lors de
leur sale guerre contre l'Iraq, le 17 Janvier 1991. François Mitterrand, en
tant qu'acteur lui-même, cautionna les bombardements américains contre un pays
tiers, indépendant et souverain.
Il
existe donc toute une kyrielle de structures internationales dont la vocation
première est de connaître ces genres de quiproquo. Le cas de l'Iraq représentait
un cas curieux lors de son invasion contre le Koweït en Août 1990. Aujourd'hui
encore, la facture iraquienne en terme de mortalité infantile est lourde de
conséquences en raison de l'embargo imposé par ces mêmes " Socialistes
", contre ce pays. Même le gaullisme dont Charles de Gaule fut le père
spirituel, avait pu trouver une certaine décence pour sortir des étreintes de
l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), en 1966. Créée au
lendemain de la seconde guerre impérialiste, l'OTAN a toujours été une
structure politique et militaire mise au service de l'Impérialisme nord-américain.
Charles de Gaule, on le sait, eut le courage de se retirer pour échapper aux
menaces américaines et à ses diktats, même si son pays était compté parmi
les alliés de l'Organisation. C'est pourquoi la perfidie et la complicité des
Sociaux-Démocrates liés à la réaction, doivent être dénoncées dans toute
la rigueur que cela requiert, comme le Camarade Lénine l'avait si bien fait
dans son ouvrage : " Deux tactiques de la Social-Démocratie ".
Les
rivalités inter-impérialistes : Sources d'une éventuelle confrontation
militaire d'envergure mondiale, ou la campagne de recolonisation des peuples du
Sud par la globalisation ou la mondialisation.
La
stratégie de l'absorption des moyennes et petites entreprises pourrait déboucher
inéluctablement sur un conflit armé, qui se précise chaque jour en temps réel,
selon l'agenda des puissances industrielles occidentales. Le profit maximum ne
peut s'obtenir qu'au détriment des moyennes et petites de l'industrie
capitaliste ; or les grandes firmes industrielles ne sont pas l'apanage d'un
seul État impérialiste. Voilà donc un nouveau système " Frankenstein
" apparu dans le désordre de l'économie bourgeoise, dont elle a elle-même
généré les crises pour n'avoir pas été rationnelle dans la pensée
philosophique. Aujourd'hui, la course pour la conquête des marchés se livre
dans un contexte de compétition inter-impérialiste et elle peut se transformer
en confrontation armée. Parce que visiblement les marchés sont saturés; et il
arrive que le pouvoir d'achat des pays sous-développés est réduit à néant,
ce qui est dû surtout à la surexploitation des forces de production de ces
pays-là, par les bourgeoisies locales. Or en pareille situation, les bourreaux
de l'humanité n'ont d'autre solution de rechange que de faire la guerre, dans
le but d'ouvrir le marché des armes qui profite à leurs complexes
militaro-industriels. Bien sûr à l'occasion, ils vont se servir des
circonstances de la guerre pour liquider les foyers de résistance et
possiblement les personnalités qui les animent.
Cependant,
au regard du schéma tactique des puissances occidentales, il nous semble qu'il
manque un élément important pour compléter tout le paquet stratégique de la
guerre, selon la logique des impérialistes. Il s'agirait donc d'un Etat
fasciste aux réactions intempestives, qui jouerait le rôle d'éclaireur pour
les impérialistes qui, eux-mêmes, vont considérer ces genres de réactions
comme un casus belli pour leur entrée en guerre, d'après l'expérience de
1939. Il est certain que l'Impérialisme nord-américain tient d'office, en ce
moment, la place de l'axe Rome-Berlin pour mener son entreprise guerrière et
imposer son hégémonie politique, culturelle et économique. Le nouvel axe
serait composé de la superpuissance occidentale et de la communauté des impérialistes
contre le reste de la planète avec tout ce qu'il contient de civilisation et de
culture. Dans le cadre de ce plan schématique, il nous paraît que l'implosion
de l'URSS a bien servi de prélude aux ambitions hégémoniques de
l'Administration américaine qui, apparemment, a toujours caressé le rêve de
gouverner le monde sans partage. Dès lors que la Russie Soviétique a cessé
d'exister comme puissance mondiale, l'humanité se trouve livrée mains liées
et bouches cousues aux bras de ses bourreaux. Malgré tout, il y a un grain de
sable qui fait boitiller la machine destructive de l'Oncle Sam ; c'est que la Fédération
de Russie possède encore chez-elle des armes dont la capacité offensive et défensive
dépasse de loin l'imagination humaine. A l'heure actuelle, c'est peut-être le
seul aspect de la vie politique russe qui n'ait pas encore été totalement maîtrisé
par l'Administration américaine. Mais qui peut l'être sans délai, eu égard
à l'emprise que cette dernière exerce sur les hommes politiques de ce pays, et
compte tenu aussi de la traîtrise de ceux-là qui ont bazardé et liquidé les
conquêtes de l'URSS et l'URSS elle-même.
Notre
observation nous indique aussi qu'en dehors de l'équation russe ; il y a la
Chine populaire qui représente un gros ennui dans la machine stratégique de
l'Administration américaine. De par sa taille et sa puissance montante, la
Chine est donc un poids lourd dans l'échiquier politique mondial, qui n'est pas
facilement malléable et peut donner beaucoup de fil à retordre au projet
expansionniste américain. Ceci peut s'expliquer par deux grandes raisons
fondamentales de la Chine contemporaine et révolutionnaire.
La
première fait référence à la position souveraine et indépendante de la
Chine continentale. Elle a toujours su garder une ligne cohérente dans sa stratégie
politique tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, dont elle jouit d'un
respect confortable dans l'opinion publique nationale. Depuis la Révolution de
1949, la Chine populaire n'a jamais négocié son espace vital : ni dans son
espace aérien ni dans ses eaux territoriales. Elle est toujours encline à
soutenir son indépendance nationale ; les relations chinoises devaient connaître
beaucoup de remous et de frictions avec le peuple soviétique, dont elle partage
une bonne partie des frontières extrêmes orientales. Cette situation avait
donné lieu au grand schisme qui gela une partie de la coopération externe
entre les deux nations soeurs, dans les années 60.
La
seconde raison concerne l'appartenance idéologique de la Chine démocratique et
populaire, qui lui a permis et lui permet encore d'émanciper son immense
population, dont le nombre d'habitants est estimé à plus d'un milliard deux
cent millions (1
200 000
000). Evidemment, l'idéologie révolutionnaire chinoise se fonde sur les bases
philosophiques de Marx et de Lénine, qui ont guidé les révolutionnaires
Chinois dans les transformations démocratiques qui s'imposent à la Chine
moderne.
Le
grand Timonier de l'histoire contemporaine chinoise, Mao Zedong, qui est aussi
une grande autorité de la pensée rationnelle, a pu combativement et élégamment
sortir son peuple du marasme interventionniste d'avant la Révolution. La forte
contribution chinoise au niveau de l'internationalisme prolétarien est
visiblement manifeste dans tous les points du globe, ce qui fait de la Chine une
puissance mondiale incontournable dans les enjeux mondiaux. Qu'il en soit ainsi
maintenant et toujours ! Après tout ce rappel historique opéré dans le cadre
de l'Ordre nouveau introduit par la Révolution d'Octobre 1917, revenons à
l'analyse schématique relative à l'expansionnisme américain. Depuis la
disparition soudaine de l'URSS sur la scène internationale, l'on est unanime à
reconnaître que la paix et la sécurité internationales sont fragilisées et
menacées. Le monde est devenu unipolaire et subit la loi de la pensée unique
et du comportement unique de l'impérialisme nord-américain. Un déséquilibre
crucial est donc provoqué dans les relations internationales, dont les enjeux
les plus sensibles se trouvent concentrés dans le seul giron américain. Les
premières manifestations de ce déséquilibre se sont effectivement traduites
dans les faits, pendant la décade qui a suivi l'implosion de l'URSS.
L'agression
contre l'Iraq par l'Administration américaine (Guerre du Golf, Janvier 1991) a
été le premier test pour sonder la docilité de l'URSS capitularde, qui s'est
révélée payante pour le Gouvernement de Washington et pour le reste des impérialistes.
Les frappes de l'OTAN contre la République Fédérale de Yougoslavie en mars
1999 constituent encore une plus grande victoire pour Washington et ses acolytes
occidentaux. Une campagne a été orchestrée par la presse réactionnaire
occidentale dont l'emphase se traduit par l'argument " Humanitaire ",
qui fait figure de jurisprudence dans la logique de " guerre "
humanitaire, concoctée sciemment par les Gouvernements occidentaux. Mais cette
presse dévoyeuse doit toujours se taire sur les dommages collatéraux et les
destructions massives des infrastructures socio-économiques du pays agressé,
selon le bon vouloir de l'agresseur-transgresseur. Malgré les 15 000 sorties de
bombardements aériens de l'OTAN occasionnant la perte de plusieurs milliers de
vies humaines, la Russie libérale des années 90 s'est confinée dans des réactions
puériles donnant l'onction à l'agression impérialiste, contre la Fédération
de Yougoslavie. Le Président Slobodan Milosevic était censé avoir le droit de
recevoir le plus fort appui et soutien de la Russie, ne serait ce que pour leurs
affinités linguistiques slaves. Mais c'est l'effet contraire qui s'est produit,
et la Fédération yougoslave est livrée malgré elle dans les bras du
caporalisme américain.
Le
sionisme qui est toujours combattu par le monde panarabique, bat son plein et
fait des ravages en Palestine. La voix de la pensée rationnelle s'éteint aussi
sur la scène internationale ! Le déséquilibre mondial provoqué par la
disparition de l'URSS, a encore exacerbé la crise Israëlo-Palestinienne. De même
que le Capitalisme n'a pas de solutions pour ses propres problèmes, dont les
manifestations de crise sont symptomatiques dans son système, il n'en a pas non
plus pour résoudre l'équation Arabo-Musulmane.
A
fortiori, Israël a toujours représenté l'oeil vigilant des États-Unis d'Amérique
au Proche-Orient, depuis sa fondation comme Etat en 1948. Spirituellement Israël
est colonisé par l'occident; comme tel, il joue le rôle d'éclaireur-spadassin
lors des interventions des Métropoles dont il partage les mêmes cultures
discriminatoires. Il n'y a plus d'équilibre dans les relations internationales
; Israël peut se permettre de tuer et de massacrer autant d'Arabes, en
particulier la communauté palestinienne, sans subir de préjudice et punition
aucuns. Puisque ce sont les mêmes Métropoles qui trônent royalement sur
l'Organisation onusienne, dont elles tirent les ficelles selon les besoins de
leur cause. De telle sorte que, les peuples du Sud ne manifestent qu'une présence
fortuite dans les débats internationaux, ils sont donc condamnés à subir la
loi du plus fort et en recevoir le cynisme des diktats, malgré eux.
Contrairement à ce qui se faisait pendant la période bipolaire, maintenant les
décisions engageant l'avenir de l'humanité sont prises unilatéralement et
sont dangereusement dirigées contre les peuples du Tiers-monde. Nous pensons
donc qu'il faut vraiment être myope pour accepter de telles inepties et
barbaries !
Et
enfin dans ce chapitre, il y a la nébuleuse crise du Terrorisme qui sert de
sentencieux prétexte au Gouvernement de Washington pour entrer ouvertement en
guerre. Même si les plans stratégiques ont été longtemps façonnés et
peaufinés par le State Department et le Pentagone, selon les vues de la Maison
blanche. A la faveur des événements qui se sont produits à partir du sol américain,
et qui ont ensanglanté l'Etat de New-York et le siège des forces armées américaines
à Washington, le 11 Septembre 2001. L'Administration américaine part en guerre
contre les Etats terroristes et contre ceux qui les supportent, selon les déclarations
du Président George W. Bush. Il a donc ouvert les hostilités (7 Oct. 2001)
contre l'Afghanistan des Talibans, un pays d'Asie centrale d'où serait terré
celui qui aurait frappé les Etats-Unis d'Amérique dans son coeur, dixit le Président.
Mais les cibles se font rares sur les tablettes américaines après quatre mois
de campagne guerrière. George Bush a effectivement obtenu la reddition des
Talibans et a pu placer un Gouvernement en Afghanistan, qui réponde aux
aspirations américaines. Mais il devrait encore attendre sa prochaine cible,
qui lui fait languir d'impatience ! Ce que nous sommes en train de commenter à
la lumière du schéma tactico-stratégique de l'Impérialisme nord-américain,
dont le but serait de sauver l'économie capitaliste moribonde par la guerre.
Une
campagne sournoise d'encerclement de la Chine populaire par l'Impérialisme
nord-américain ?
Compte
tenu de l'actuelle grave crise économique mondiale dont les manifestations sont
ressenties sur toute la surface du Globe. Et depuis les événements du
11 Septembre 2001, elle s'installe en maître aux États-Unis d'Amérique
comme pour défier la plus grande économie du monde, selon les médias
occidentaux. Mais d'autre part, l'attaque du 11 Septembre est venue aussi comme
pour indiquer aux intellects et aux opérateurs économiques que l'humanité a
eu apparemment affaire à un colosse aux pieds d'argile !
Compte
tenu de la préparation psychologique de l'opinion publique tant nationale
qu'internationale, orchestrée par les médias capitalistes et leurs suppôts
d'outre-mer. Compte tenu de l'agressivité et de la nervosité de
l'Administration américaine d'une part, des propos belliqueux et guerriers tous
azimuts tenus par le chef du Gouvernement de Washington lui-même, d'autre part.
Si la guerre d'envergure n'a pour l'instant pas encore lieu, nous présumons que
c'est grâce à la Chine qui, ayant une stature mondiale, se refuse comme
toujours de cautionner la logique de guerre impérialiste. Grâce à sa vocation
première qui est celle de préserver et de défendre son Indépendance
nationale, la Chine ne s'implique jamais dans des campagnes qui tendent à
souiller le sol d'un quelconque pays tiers. Encore pire, quand ces genres
d'entreprises ne visent qu'à coloniser et vassaliser les peuples de ces pays
dont ils seraient la cible du néocolonialisme que représente l'Impérialisme
international, en l'état actuel des choses. Tenant compte de la puissance
montante de la Chine populaire, qui peut se révéler une pierre d'achoppement
dans les vues expansionnistes américaines. L'Administration démocrate américaine
s'est sournoisement inscrite dans une campagne de neutralisation de la Chine, au
cours de ces dix dernières années.
Les
principales cibles stratégiques sur lesquelles repose le plan d'encerclement de
la Chine populaire et révolutionnaire !
De
toute évidence, le premier pion sur lequel s'appuie une telle démarche, est
l'Ile de Formose c'est-à-dire Taiwan
qui
prétend former une République séparée de la Chine Continentale. Et ce fut
sous l'Administration de Clinton qu'un pseudo Président de la province rebelle
taiwanaise a été reçu dans les bureaux ovales de la Maison blanche. Une
visite impromptue qui avait provoqué un grand émoi dans la communauté
chinoise, dont le Gouvernement révolutionnaire de la Chine avait vivement
manifesté son désaccord. Or, le statut conflictuel de Taiwan peut faire très
mal à la Chine, dans l'éventualité d'une confrontation armée contre
l'occident, où cette province rebelle pourrait servir de tête de pont en
faveur de l'ennemi. C'est la raison pour laquelle l'Impérialisme nord-américain
a tout mis en branle pour armer fortement la dite province chinoise. Et il se
trouve que les occidentaux se complaisent dans une telle stratégie qui tend à
envenimer les relations chinoises avec sa province. Ils vouent une amitié inouïe
avec le Gouvernement fantoche de Taipei et ne ratent aucune occasion pour le
choyer et flatter ses desseins obscurs et attentatoires. De telle sorte que,
aussi longtemps que ce problème n'aurait pas été résolu par la Chine elle-même,
l'Ile de Formose constituerait de fait un danger pour le continent chinois.
La
seconde cible comprise dans le plan d'encerclement de la Chine concerne le
Vietnam, qui est un pays d'Asie du Sud-Est bordé à l'Est par la mer de Chine
et au Nord par la Chine elle-même. A l'oeil nu, c'est une position stratégique
idéale dans le cadre d'une éventuelle attaque contre la Chine par le
Etats-Unis d'Amérique et leurs remorqueurs occidentaux. Mais pour ce faire,
l'Amérique doit d'abord renouer ses liens avec le peuple vietnamien pour
ensuite tenter de régulariser ses relations avec le Gouvernement révolutionnaire
du Vietnam. Vu sous cet angle, les mamours de Jefferson W. Clinton et la visite
à Hanoi de ce dernier au terme de son second mandat, doivent être interprétés
dans cette logique de neutralisation de la Chine populaire. Mais c'est une opération
quasiment impossible à réussir, malgré une campagne de charme autour de la
visite motivée de Clinton, orchestrée par la presse servile occidentale. Car,
le peuple du Vietnam garde encore en mémoire les trois millions de vies
humaines qui représentent la facture vietnamienne, lors de la guerre
d'agression contre le Vietnam par l'Administration démocrate de Lyndon Baines
Johnson (1964). La chute de Saigon et la capitulation de l'Administration républicaine
de Richard Nixon en 1975, sont loin d'effacer les blessures et cicatrices causées
par la guerre injuste contre l'ensemble du corps social vietnamien. Ces
comportements infâmes contre le genre humain ont leur valeur historique et
politique dans la vie contemporaine des Vietnamiens, dont les dirigeants de
Hanoi doivent en tenir compte. Et donc, il est tout à fait plausible que de
telles tentatives d'encerclement de la Chine par la filière vietnamienne échouent
et doivent normalement échouer !
Le
combat astucieux de Clinton pour l'admission de la Chine à l'Organisation
mondiale du commerce (OMC), constitue le troisième cas de figure dans lequel la
Chine
révolutionnaire
joue son avenir. Autrement dit, la Chine est directement ciblée par
l'Administration américaine aussi bien quand elle est démocrate ou républicaine.
Il revient donc à la Chine de bien regarder la position de ses pions avant de
les déplacer, pour éviter des fâcheuses surprises. Au stade actuel des forces
en présence, la Chine est perçue comme une puissance rivale dans les décisions
majeures engageant l'avenir du monde. Pour l'instant, elle est la seule
puissance capable de tenir tête à l'Amérique qui, à tout prix, veut avoir
l'exclusivité de la gestion paternelle de la planète. Dans ses vues
passablement patriarcales, l'Amérique semble trouver en la Chine populaire un
client réellement encombrant dont elle souhaite neutraliser ou s'en débarrasser.
C'est dans ce sens contextuel si malin qu'il faille situer la démarche de
Clinton tendant à faire accéder la Chine à l'OMC, selon notre lecture des
faits. En ce qui concerne les relations commerciales, rappelons que la
revendication de la Chine relative à son accession à l'OMC remonte à plus de
trente ans. Pourquoi a-t-elle souffert si longtemps ? Par qui la route lui
a-t-elle été barrée ? Pourquoi les portes de l'Organisation lui sont-elles
ouvertes aujourd'hui ? Nous avouons notre incapacité de pouvoir répondre à
ces questions pertinentes. Nous laissons plutôt le soin aux interlocuteurs
Chinois d'élaborer par eux-mêmes sur cette épineuse admission à l'OMC.
Encore une autre Institution dont l'Administration américaine contrôle les
structures organiques, à ses avantages préférentiels et ceux de ses
partenaires privilégiés Européens. Néanmoins, nous pouvons dire que le
colossal marché chinois est très convoité par le grand capital. Bien sûr, en
tenant compte des dividendes certaines qui en découleraient pour le peuple du
continent chinois. Cependant même dans le meilleur des cas, la Chine se doit de
garder un oeil vigilant afin de bien discerner les fils bobinants qui relèvent
des méthodes draconiennes à l'américain.
Car,
le Président Bill Clinton a dû se battre comme un beau diable pour obtenir la
levée de veto du Congrès qui lui a fait voir toutes les couleurs de
l'Arc-en-Ciel, avant que les Congressmen accèdent à sa demande. Encore faut-il
imaginer et deviner les desseins ombrageux des Parlementaires américains et de
la Présidence elle-même. Il importe donc aux dirigeants Chinois de bien gérer
cette nouvelle donne dans la politique extérieure américaine, et essayer de
bien jouer le jeu. De telle sorte que la Chine soit à même de prévenir tous
les coups dont elle serait frappée, par l'ennemi non déclaré. Telle est donc
notre attitude dans cette crise économique qui hante tous les peuples, et dans
laquelle la Chine populaire et révolutionnaire peut et doit jouer un rôle déterminant
à la satisfaction de l'internationalisme prolétarien.
L'inévitabilité
de la guerre !
"La
fission de l'atome a tout changé, sauf la pensée de l'homme. Nous nous
acheminons donc vers une catastrophe sans précédent. "
Albert Einstein.
Aux
heures de la " Mondialisation et de la Globalisation ", le monde est
en train de vivre les moments les plus tragiques de son histoire. Les sociétés
humaines, toutes races confondues, sont frappées de plein fouet par la récession
et la surproduction capitalistes. Même si les architectes du capitalisme font
la sourde oreille aux gémissements des victimes du naufrage de l'économie
bourgeoise. La nature chronique du dérèglement du système économique mondial
a conduit à la fissure de tous ses liens, provoquant ainsi sa faillite totale
et précipitant l'humanité dans un chaos aux conséquences incalculables. En témoignent
les deux premières économies du monde dont l'essoufflement a atteint des
proportions si alarmantes qu'elles semblent s'éteindre, de façon irrésistible.
Pour échapper à une hécatombe précipitée, les grandes sociétés
industrielles américaines ont dû recourir au renvoi massif des ouvriers qui,
éventuellement, vont s'accommoder de leur nouvel statut de chômeurs. De son côté,
l'économie nipponne ne voulant pas s'avouer vaincue, sollicite l'aide de la
puissance américaine pour tenter désespérément un éventuel redressement.
Mais le côté burlesque de ces deux plus grands du monde industriel, c'est que
le Japon qui est frappé de cécité ne se rend même pas compte que l'Amérique
avait déjà atteint son stade de sénilité. D'où l'incapacité de cette dernière
d'intervenir même en Ethiopie dont le peuple vit des famines chroniques, voire
pour les économies mourantes de l'hémisphère américain, lui-même.
Pourtant,
viennent aussi les cris d'espoir par les peuples de DAVOS (Suisse), de Seattle
(EUA), de Gênes (Italie), de Québec (Canada) de Porto Allègre (Brésil) et de
Monterrey (Mexique). L'issue de la prochaine guerre peut en dépendre. De par
leur bravoure et la conscience révolutionnaire qui les animent, ces peuples
contestataires du capitalisme d'État pourrissant sont appelés probablement à
faire l'histoire, dans le courant du XXIème siècle en marche. Il
revient donc à la classe ouvrière mondiale de se tenir prête pour suivre et répondre
positivement aux différentes consignes et mots d'ordre de l'Avant-garde prolétarienne.
Aux fins de transformer la prochaine confrontation impérialiste en Révolution
mondiale comme c'était le cas lors de la guerre injuste de 1914-1918 et celle
de 1939-1945 qui ont vu la victoire de plusieurs mouvements populaires, sur la
carte géopolitique du monde.
La
guerre et la pensée simpliste !
D'aucuns
pensent qu'une guerre d'envergure internationale est impossible dans les
conditions actuelles. Bien sûr, ils se réfèrent aux arsenaux nucléaires qui
sont entreposés un peu partout dans le monde. C'est un état de fait dont la
conscience humaine se trouve scandalisée; et l'on peut dire sans ambages que
l'humanité vit sur une poudrière permanente dont l'effacement ne tient qu'à
un simple petit bouton. Mais il importe aussi de souligner à l'intention de
l'opinion publique, que ces armes d'une si haute technologie de destruction
massive, sont la résultante de la course aux armements. Un objectif que les
Etats capitalistes se sont fixés dans le temps et dans l'espace. D'abord pour
faire fonctionner et fructifier leurs complexes militaro-industriels et ensuite
inféoder et armer les régimes dictatoriaux dans le but de neutraliser les
mouvements populaires qui échappent à leur contrôle.
Même
les États Socialistes qui sont de nature pacifique, ont été forcés de
recourir à l'armement pour se protéger et se défendre. Une situation qui est
tout aussi de nature à retarder l'élan révolutionnaire des peuples en quête
de liberté et de démocratie. Or, l'État socialiste postule en permanence le
changement rationnel des conditions d'existence et, par conséquent, prône la
paix et la sécurité internationales. Conditions indispensables pour le passage
de la société injuste du Capitalisme à la formation économique et sociale
juste et démocratique du Communisme scientifique. De surcroît, les peuples de
l'Union Soviétique auraient dû connaître les douces béatitudes de la
nouvelle société communiste, n'eussent été les multiples invasions étrangères.
Ils ont dû consentir d'énormes sacrifices d'abord pour repousser les premiers
envahisseurs dont le but était d'étouffer la jeune Révolution Soviétique,
dans les années 20. Vint ensuite la guerre impérialiste de 39-45 qui était
dirigée contre les peuples du Bastion de la Révolution, qui allaient payer la
lourde facture dont le montant est connu de tous.
Il
en est de même pour le peuple du Nicaragua qui aurait dû connaître des
changements notables dans ses conditions de vie, sous le Gouvernement
Sandiniste. Le triomphe du mouvement Sandiniste sur la dictature des SOMOSA (régime
de satrapie et d'obscurantisme qui a régné pendant plus de 40 ans au
Nicaragua) avait fait naître beaucoup d'espoir parmi la population
nicaraguayenne, vers la fin des années 70 et jusqu'à la fin des années 80.
Mais le peuple social du Nicaragua devait aussi connaître la dure expérience
des CONTRAS qui, sans scrupule, ont déclaré la guerre contre leurs propres frères
autochtones. Évidemment, ces derniers (Contras) ont été financièrement et
militairement soutenus par l'Impérialisme nord-américain qui les a élevés au
titre de " Combattants de la liberté ".
Rappelons
pour l'Histoire que, le financement des transactions d'armes transitant par
l'Iran vers les frontières honduriennes pour le compte des Contras, provenait
du trafic illicite des stupéfiants. D'où le scandale du " ContraGate
" qui avait donné lieu à une audition (Hearing) des relations douteuses
de la Maison blanche occupée par le citoyen Ronald Reagan qui avait alors les
fonctions de président, de Janvier 1981 à Janvier 1989. Une audition pénale
dans laquelle un Officier supérieur de l'armée américaine jouait le rôle de
bouc émissaire a permis à la présidence de se soustraire à la poursuite
judiciaire américaine. Le Lt. Colonel Oliver North, Officier de liaison,
endossait alors toute la responsabilité dans cette affaire, comme s'il agissait
et opérait seul sans l'autorisation de ses supérieurs hiérarchiques.
Curieusement, l'Accusation et les juges qui instruisirent l'affaire à l'époque,
demeuraient muets devant l'Officier qui invoqua un article de la Constitution
des Etats-Unis lui interdisant de répondre aux questions qui lui étaient
adressées. Et l'affaire fut close au grand dam de l'opinion publique !
Ainsi,
pour combattre les mouvements populaires, en particulier les idéaux
communistes, tout est possible; et aucun facteur y relatif n'est à écarter.
L'on peut donc observer que l'argent provenant de la drogue peut être sale pour
certains, et ne pas l'être pour d'autres. Dépendant de la cause qu'il sert ;
et selon les besoins de la cause, l'économie de guerre ne devrait pas avoir de
qualificatif, d'après la morale capitaliste.
De
ce qui précède, nous avons voulu dire que les impérialistes n'ont pas de
moralité et n'ont que faire de la morale humaine. Ils se présentent sur la scène
internationale comme des Néandertaliens. Comme tels, ils ne reculent devant
aucune espèce de scrupule ; pas même la morale chrétienne dont ils prétendent
faire acte de profession de foi, pour défendre leurs intérêts et s'approprier
ceux des autres, fussent-ils des voisins ou des alliés. Aussi, avons-nous tenté
d'ouvrir certains clichés historiques dans lesquels nous avons voulu montrer
comment l'humanité est scandalisée et stupéfaite devant la junglerie du
capitalisme, tant sur le plan politique que culturel et économique. Le
Capitalisme d'État a tout expérimenté pour forger à l'humanité un monde
impitoyablement sauvage, nous rappelant étrangement les animaux sauvages de la
jungle, à une époque très reculée de l'histoire. Contre lequel monde, le
Communisme scientifique se pose en rénovateur pour arracher à l'humanité sa
vielle peau et lui en procurer une neuve. Telle est donc la mission historique
de la théorie Marxiste-léniniste ! Elle se veut génératrice et rénovatrice
de l'être humain, en lui proposant des changements hautement civilisateurs qui
le rendent confortable et paisible dans un monde où la cruauté et
l'exploitation seront à tout jamais bannies.
Enfin,
nous approchons du dernier chapitre de notre texte, dans lequel nous verrons la
possibilité d'une guerre d'envergure si elle n'est pas déjà en cours, et nous
voudrions le terminer par un appel de solidarité. Selon ce que nous connaissons
de l'histoire de l'économie bourgeoise, sa survie est sérieusement menacée,
et son cas est d'une gravité telle qu'elle est toute proche du trépas. Il ne
faut pas vraiment se faire d'illusion là-dessus !
Nous
ne partageons pas l'opinion simpliste selon laquelle une guerre à l'échelle
planétaire n'est pas possible, dans les circonstances actuelles. Le simplisme
de cette opinion fait référence évidemment aux arsenaux nucléaires dont
disposent les acteurs en présence. Mais selon nous, les acteurs existent
effectivement et se tiennent prêts à exécuter parfaitement les desseins du
Cinéaste. Pourtant, celui-ci n'a pas pu montrer dans le film les éventuels
challengers (compétiteurs) ou s'ils existent, ils brillent par leur absence
dans le filmage. Nous verrons un peu plus tard le pourquoi de cette absence
remarquée et des techniques malicieuses du metteur en scène. Entre-temps, il
faut se méfier de ceux-là qui propagent une telle idée fausse, car il peut
s'agir d'un stratagème entrant dans le cadre du nouvel axe que nous avons évoqué
dans notre développement embryonnaire. Il y en a qui agissent par naïveté ou
par ignorance, de même qu'il y en a qui la diffusent sciemment selon le catéchisme
du grand réalisateur. Malheur aux incrédules !
On sait que les deux bombes atomiques larguées respectivement sur
Hiroshima et Nagasaki (Japon, 6 et 9 Août 1945) par l'aviation américaine,
étaient de 1,3 Mégatonnes. Les victimes japonaises se dénombraient dans chaque
cas particulier par 100 000 et 80 000 tués sous l'effet immédiat des bombes ; en
plus des dommages collatéraux, qu'elles avaient entraînés. Aujourd'hui, l'armée
interarmes américaine en vient à produire une nouvelle génération de bombes à
hydrogène dont la capacité de destruction est inqualifiable, humainement. En
quelques années, les fabricants sont passés de 4 Mégatonnes à 20 Mégatonnes dont l'explosion effacerait sur le coup entre 5 et 7 Etats américains,
si elle était activée. Et nous donnons la garantie que, les effets secondaires
seraient incommensurablement plus dangereux pour le commun des mortels que
l'effet ponctuel de la bombe elle-même. Les ultraviolets (radiations)
s'ensuivraient et aminciraient dangereusement la couche d'ozone qui protège
l'oeil humain contre les rayons du Soleil. Les dégâts écologiques seraient
d'une conséquence imprévisible telle, que l'espace vital se transformerait en
un véritable désert dont la comparaison avec les régions Sahariennes paraîtrait
hasardeuse, d'un point de vue humaniste.
Voilà
donc en synthèse, ce que pourrait être une guerre thermonucléaire dont le
spectre hante toute la communauté des humains, au stade actuel de la crise économique
mondiale. Ce phénomène fait aussi suite aux conséquences logiques d'après
guerre; à propos desquelles nous essayons de démontrer sous quelle menace
l'humanité est soumise depuis ; et nous tentons de prévenir le chaos mondial.
Pénétrés des contradictions antagoniques du Capitalisme, les Communistes
veulent bâtir une conscience collective sur les grands problèmes de l'heure.
Bien sûr, l'architecture est conçue sur la maturité de la conscience révolutionnaire
des travailleurs et paysans du monde entier, qui doivent se dresser et se
mobiliser contre l'Impérialisme international pour éviter à l'humanité un désastre
sans précédent, dans toute son histoire.
Cependant,
nous manquerions à l'objectivité dans notre argumentaire analytique si nous ne
mentionnions pas ici que l'Union Soviétique possède aussi ces armes de
destruction massive. Elle les a fabriquées pour se défendre essentiellement
contre ses ennemis occidentaux; et malgré sa disparition inopinée, la Fédération
de Russie les a encore conservées dans ses arsenaux. Il en est de même pour
certains autres États de la planète, et leur utilisation est de toute évidence
subordonnée à l'appréciation du Commandement suprême du nouvel Axe…
La
fission de l'atome a effectivement bouleversé tout l'ordre économique mondial,
particulièrement dans l'armement militaire. La pensée égoïste de la
bourgeoisie, son comportement unique et les actions iniques de ses représentants
locaux et internationaux sont à retenir. Quand le scientifique Einstein dit
" Sauf la pensée de l'homme " dans la citation que nous avons faite
de lui, il semble vouloir donner un caractère général étymologique à
l'homme. Peut-être de bonne foi, il a erré en confondant l'Homme bourgeois
(minoritaire) avec l'Homme prolétaire (entité majoritaire) qui,
continuellement subit l'exploitation et les caprices de l'entité minoritaire. Même
si nous donnons acte à Albert Einstein pour son invention de la bombe H qu'il a
regretté d'avoir mise au point.
L'inexistence
d'un contrepoids et la probabilité de l'émergence d'un nouvel équilibre dans
les relations internationales !
Dans
le contexte actuel de la crise économique qui touche le point culminant de sa
chute irréversible, la guerre paraît évidemment inévitable, n'en déplaise
aux naïfs et aux incrédules. Le cas contraire nous surprendrait et nous
serions prêts à retirer nos arguments et confesser notre erreur de jugement,
qui prendrait plutôt la forme d'une allégation. Cependant, la pertinence de
nos arguments est basée sur l'expérience du Capitalisme dont la solution de
ses crises répétitives, a toujours été l'emploi de la force tant dans les
conflits nationaux que supranationaux. Aucune autre méthode n'a pour l'instant
remplacé celle provoquant la guerre dans le système capitaliste. Pour preuve,
l'application du " Projet d'Ajustement Structurel (P.A.S.) " qui est
une invention du système découlant du Néolibéralisme; et que l'on veut
imposer aux peuples du Tiers-monde. Il se terminera dans le sang. Les cas de la
Jamaïque sous le Gouvernement de Michael Menly reconverti en laquais du
capital, du Venezuela sous la présidence de Carlos A. Perez et de
Saint-Domingue sous l'Administration de Balaguer toujours dans le même registre
au cours des années 80 et 90, sont très évocateurs dans ce que nous
qualifions de spirale capitaliste.
Jusque-là,
si la guerre proprement dite n'a pas eu lieu sur les théâtres d'affrontement,
c'était dû au contrepoids de l'Union Soviétique mais pas à la bona fide ou
la bonne volonté du Gouvernement américain. Que de fois le Cuba contemporain a
été l'objet de déstabilisation par ce dernier ! La crise des fusées en 1962
avait même servi de prétexte à l'Administration démocrate de John Fitzgerald
Kennedy (JFK) pour emporter la jeune Révolution cubaine, n'eût été
l'efficacité de la diplomatie de l'URSS, à l'époque. Les consciences avisées
doivent se rappeler la longue période de l'âge d'or de l'URSS, pendant
laquelle les peuples de l'Union Soviétique prédominaient par leur présence
sur la scène internationale. En ce temps-là, l'on imagine sans fard, que la
paix et la sécurité internationales étaient assurées.
La
forte idéologie dont l'URSS était porteuse lui conféra un pouvoir discrétionnaire,
l'habilitant honorablement à se poser en gardienne de la paix mondiale. Tel
n'est pas le cas pour les régimes capitalistes qui développent une économie
austère et partisane, dont les profits se trouvent concentrés entre les mains
d'une infime partie dans les sociétés bourgeoises. Le Pouvoir Socialiste en
URSS a opté pour une économie étatiste dans laquelle l'exploitation et la
plus-value n'existent pas, et où les travailleurs de toutes catégories
sociales se retrouvent et ont pris le contrôle de la production. De telle sorte
que, les masses ouvrières et paysannes ont accès aux organes du pouvoir, parce
que ce sont elles qui ont établi le pouvoir socialiste en faisant la Révolution.
Voilà toute la différence qu'il y a entre les deux systèmes : Capitalisme et
Socialisme. L'on peut donc comprendre aisément pourquoi le gendarme de la réaction,
en l'occurrence les EUA, voue une telle haine aux pouvoirs socialistes dans le
monde.
Alors,
pour parvenir à leurs fins (domination sans partage du monde), les EUA se sont
jetés dans une bataille de plus 70 ans pour neutraliser le contrepoids qu'a
représenté l'Union Soviétique sur l'échiquier mondial. Pour ce faire, tous
les moyens et combinats sont analysés et utilisés contre le Bastion, et
surtout sans répit. Dans ce combat des Titans, le vieil adage selon lequel la
fin justifie les moyens, est appliqué dans toute sa rigueur par les EUA. Les
peuples de l'Union Soviétique ont été contraints de faire des sacrifices
qu'ils n'avaient pas souhaités au point d'enregistrer un énorme retard dans le
développement industriel du pays. La Russie doit pouvoir d'abord rattraper
leurs concurrents Européens, et ensuite se positionner en force pour rivaliser
sur le plan politico-militaire avec la superpuissance de l'occident, les États-Unis
d'Amérique. Il est arrivé que les longues années d'espionnage et de sabotage
par les agents occidentaux aient porté fruit, après un long et laborieux
travail consenti par l'ennemi. L'Oncle Sam et ses suppôts ont pu trouver la
faille dans le système Soviétique au moyen des techniques d'infiltration au
sein du PCUS (Parti Communiste de l'Union Soviétique). Le PCUS était alors le
centre névralgique de toutes les activités qui s'exerçaient sur le territoire
soviétique, dont la superficie avoisinait 22 000 000 Km2 pour
une population de 350 000 000 d'habitants, avant la désintégration de
l'URSS.
En
infiltrant le Parti, les agents ennemis occidentaux sont parvenus à inféoder
les structures vitales de celui-ci et l'ont rendu vulnérable dans sa sphère de
sécurité. De telle manière qu'ils ont eu les coudées franches pour former
l'armée de la cinquième colonne, qui va donner l'assaut final et asséner le
coup mortel aux peuples du Bastion de la Révolution. Mais la fameuse citation
de Fildel Castro "La Historia me absolvera" ("l'Histoire
m'absoudra") ne prévaudra point pour les citoyens traîtres qui
ont permis la défaite du premier Etat Socialiste et du Parti ouvrier et paysan.
De Nikitta Kroutchev et consorts, et à Mikhaïl Gorbatchev et les siens, ils
devront tous répondre de leurs forfaits devant le tribunal de l'Histoire !
Nous
venons donc de pointer du doigt le challenger potentiel en face de l'Amérique,
que le grand Cinéaste hollywoodien a feint d'omettre dans son tournage. Mais
personne n'est dupe ! Et personne ne peut se tromper sur la capacité politique
et militaire de l'URSS de pouvoir contenir les ambitions américaines de
vassaliser le reste du monde, bien sûr avant l'éclatement des peuples de
l'Union Soviétique. A ce compte, il semble que les méthodes de montage du réalisateur
sont passablement théâtrales mais qui sont loin de convaincre les amateurs du
cinéma, et surtout ceux des années 70. L'on sait que dans le cadre d'une
relance de la course aux armements, à l'heure actuelle, l'Administration américaine
se réfère au vestige de l’URSS (Russie) pour éventuellement résilier le
Traité ABM (Missile anti-ballistique) signé en 1972. Évidemment, les EUA prétendent
vouloir se défaire dudit Traité pour pouvoir mettre en chantier leur ambitieux
projet de Boucliers Anti-missiles. De manière à pouvoir se défendre contre
une attaque de Missile intercontinentale, qui viendrait des États dont ils
estiment être des ennemis. Mais il s'agit aussi d'une aventure dans laquelle la
Russie apparemment fait montre d'une réticence fébrile, alors que cette dernière
s'est déjà mordue à l'hameçon en favorisant la restauration pleine et entière
de l'idéologie bourgeoise avec son économie austère.
Tout
ceci pour dire que dès la chute de l'URSS, le monde s'est réveillé sous la
coupe réglée des EUA. Toute action leur est permise, légale ou illégale,
licite ou illicite, légitime ou illégitime mais surtout illégitime !
L'irrationalisme et l'illogisme président à toute action menée par les EUA.
Les rapports de force sont tombés au bénéfice d'un seul ; le monde occidental
s'en accommode volontiers et est apparemment prêt à boire le calice jusqu'à
la lie ! Les rares nations qui tentent de lever le petit doigt, n'ont pas d'échos
dans ce grand orchestre philharmonique où les notes des Wagner et des Beethoven
empêchent la sonorisation des autres notes dissidentes. Alors, l'on peut donc
mesurer par soi-même l'ampleur de la déchéance humaine qu'a engendrée la
disparition de l'Union soviétique, sur l'échiquier international ! Pourtant,
voilà qu'au beau milieu de ce monde irrationnel géré par les EUA ; apparaît
une nouvelle alternative capable de garantir l'ordre et la paix mondiaux. La
grande Chine populaire surgit et émerge ! Elle est aperçue de loin, ses pas
sont plutôt lents dus aux impondérables de toutes sortes, mais elle arrive et
avance sûrement aux buts. Le pays du Soleil levant a construit sa puissance
dans un contexte de guerre froide, qui l'a certainement marqué et, par conséquent,
a aussi vécu les avatars qui ont bouleversé l'humanité. Pendant longtemps, la
Chine continentale a dû s'enfermer sur elle-même et demeurer effacée sur la
scène internationale à cause de son aînée l'URSS, qui dominait la politique
internationale par son influence.
Il
semble que son moment historique frappe à ses portes pour qu'elle en fasse un
bon usage en vue de s'affirmer en tant que Leader du monde ouvrier et paysan.
L'histoire rapporte que le Leader doit bâtir son Leadership sur un long cycle,
il ne doit pas brusquer le temps et surtout attendre son heure, telle est la loi
historique qui crédite le dessein d'envergure dont un Leader serait porteur.
Dans la plupart des cas, il surgit et émerge à partir d'une conjoncture ou
d'une crise de dimension internationale ! Il nous semble donc que la Chine démocratique
et populaire présente les qualités nécessaires qui l'habilitent à prendre la
tête de la lutte prolétarienne et du Socialisme face au Capitalisme, qui est
en passe de terminer sa course dans l'abjection.
Nous
insistons en mettant l'accent sur la Chine contemporaine, parce que justement,
une attaque de l'Impérialisme nord-américain contre les voisins ou alliés de
la Chine pourrait embraser et embarquer l'humanité dans une guerre sans issue.
Or, à l'heure actuelle, plusieurs des cibles américaines sont des pays alliés
et voisins de la Chine, et la Chine elle-même est sur les tablettes du
Pentagone. L’Amérique et ses alliés ne peuvent donc pas résoudre la crise
économique mondiale sans provoquer une guerre, qui est un passage obligé dans
le système capitaliste. Ainsi, si la guerre a lieu, ils en profiteront pour en
finir avec l'opposition marxiste dont l'objectif est de contrecarrer les
agissements cruels et odieux de l'Impérialisme international. Aussi, il est de
la fonction et du devoir du PCC (Parti Communiste Chinois) de suggérer au
Gouvernement révolutionnaire de définir ses rapports de force sur une base de
stratégie globale de lutte anti-impérialiste. C'est sur ces termes que nous
mettons fin à notre texte, en en appelant les Partis d'Avant-garde du Prolétariat,
les ouvriers et les paysans du monde entier à se solidariser avec la Chine.
Car, elle en aura besoin pour pouvoir mieux se défendre contre les
interventionnistes occidentaux, et la victoire de la Chine serait une avancée
pertinente pour le futur de l'humanité.
Prolétaires de tous les pays unissez-vous !