Une année 2011 mouvementée et une année 2012 qui ne le sera pas moins…

Sur le front économique, l’année 2011 aura été l’année qui aura dissipé les illusions sur le caractère de la « reprise économique ». Conformément à nos prévisions, l’impérialisme américain a démontré la plus forte résistance (parmi les pays impérialistes en déclin), avec à la clef une stagnation de la production industrielle et une légère baisse du chômage. Cependant, tout montre que les effets du plan de relance arrivent à leur terme (tel le ralentissement du recouvrement de la production d’acier).

D’autres pays ont eu encore moins de chance, notamment là où commencent à se faire sentir les effets des plans d’austérité. En effet, dans nombre de pays impérialistes en déclin — à l’instar de la France, de l’Espagne et du Royaume-Uni —, la production d’acier montre une stagnation quand elle n’accuse pas une baisse. La production industrielle, la consommation des ménages et le chômage ont donc montré des signes évidents de nouvelle dégradation, à un moment où la croissance de leur PIB a souvent (et considérablement) été revue à la baisse.

En décembre 2011, le nombre de chômeurs en France métropolitaine (catégorie A) affichait ainsi une hausse de 5,6 % en glissement annuel. Quant à la croissance économique, elle a été pour ainsi dire nulle au dernier trimestre 2011.

Surtout, avec une nette baisse de la production d’acier et du commerce international, les derniers mois ont montré d’inquiétantes similitudes avec la fin de l’année 2008, annonçant une nouvelle aggravation de la crise économique mondiale en 2012. Ce n’est sans doute pas pour rien si la FED vient d’annoncer qu’elle poursuivrait sa politique de taux d’intérêts quasi-nuls au moins jusqu’à la fin 2014.

Dans ce contexte économique aussi morose qu’instable, il n’est pas surprenant que l’année 2011 fût toute aussi mouvementée sur le front géopolitique.

2011 aura ainsi été marquée par l’instabilité politique et sociale croissante : « révolutions arabes », émeutes et mouvements de protestation « d’indignés » au cœur même des pays impérialistes en déclin (USA et Royaume-Uni compris).

2011 aura également vu la multiplication des tentatives de déstabilisation et d’ingérences militaires grossières des pays impérialistes en déclin sur les dossiers chauds l’opposant à un impérialisme chinois en pleine forme : Corée du Nord, Iran, Côte d’Ivoire, Lybie, Syrie, etc. A la clef, quelques victoires militaires et putschs « faciles », mais surtout la promesse de nouvelles déroutes stratégiques futures comme celle enregistrée par les troupes d’occupation en Afghanistan.

Pourrait-il en être autrement, alors que l’impérialisme chinois a enregistré victoire sur victoire en 2011 ? En 2011, la Chine a en effet enregistré une production céréalière record en dépit de conditions climatiques exceptionnelles (550 millions de tonnes) ainsi qu’une forte croissance de son PIB (9,2 %) et de sa production industrielle dans un contexte pourtant défavorable de ralentissement de la croissance du commerce international. Il suffira de scruter par exemple les graphes du secteur de l’acier, des machines-outils et de l’éolien chinois pour se faire une idée des nouveaux bonds réalisés par l’impérialisme chinois.

De même, la Chine a remporté de nombreux succès dans le domaine des sciences et technologies. Parmi eux, on pourra citer la pleine réussite du lancement et des premiers essais d’amarrage de Tiangong-1 ou l’installation du supercalculateur chinois Sunway BlueLight, construit exclusivement avec des microprocesseurs fabriqués en Chine. Les 8704 puces ShenWei 1600, chacune dotées de 16 cœurs, développent une capacité de calcul de plus d’un pétaflop par seconde, faisant de ce supercalculateur l’un des plus puissants du monde. Ne reste ainsi plus à la Chine qu’à combler son retard dans le domaine militaire pour achever ses concurrents en déroute.

Bref, face à un différentiel croissant avec ses concurrents impérialistes en déclin et alors que la crise économique mondiale montre une nouvelle aggravation, il serait surprenant que l’année qui vient de débuter soit moins animée, d’autant qu’en France et aux USA, la bourgeoisie tiendra ses traditionnelles farces électorales… Une période où les attelages bourgeois sortants ne manqueront pas de tenter de redorer leur blason au moyen d’actions aventureuses alors que les attelages entrants continueront de promettre des changements et des améliorations que la réalité économique aura tôt fait de balayer… Dans nombre de pays impérialistes en déclin, les experts bourgeois prévoient en effet une croissance économique nulle ou négative pour 2012.

Sans aucun doute, les récentes émeutes qui ont accompagné le vote du nouveau plan d’austérité en Grèce, illustrent l’instabilité sociale et politique grandissante qu’auront inévitablement à affronter les élites des pays impérialistes en déclin confrontées à la nécessité de faire retomber le poids de la crise de la dette souveraine et de la récession économique sur les larges masses travailleuses et petite-bourgeoises sous peine de s’attirer les foudres du grand Capital…

En Chine au contraire, les élites bourgeoises au pouvoir restent confiantes, conscientes de disposer de puissants leviers en cas de brusque dégradation de l’économie de ses concurrents-partenaires. Après tout, en 2011, les recettes budgétaires chinoises ont encore affiché une très confortable croissance, augmentant de pas moins de 24,8 % en glissement annuel à 10 370 milliards de yuans !…

V.G. pour l’OCF, le 17/02/2012 — http://www.orgcomfr.com/

Article publié dans le numéro de janvier-février 2012 de la revue L'étoile du nord www.northstarcompass.org