Editeur:
Editions
sociales, Paris, 1953.
Numérisation:
Ysengrin, 2014.
Mais
ce n'est
là que le premier acte. Ce n'est que le commencement de la fin. Nous
sommes à
la veille de grands évènements, dignes de
La bourgeoisie libérale cherche à conjurer ce choc fatal. Elle estime qu'il est temps désormais de mettre fin à "l'anarchie" et de s'atteler à un paisible travail "constructif", au travail d' "organisation de l'Etat". Elle a raison. Elle est satisfaite par ce que le prolétariat a déjà arraché au tsarisme lors de sa première action révolutionnaire. Maintenant, elle peut sans aucune crainte conclure avec le gouvernement tsariste une alliance, — à des conditions qui lui soient avantageuses, — et marcher, toutes forces unies, contre l'ennemi commun, contre son "fossoyeur", le prolétariat révolutionnaire. La liberté bourgeoise, la liberté d'exploiter est d'ores et déjà garantie, et cela lui suffit amplement. La bourgeoisie russe, qui pas un seul instant n'a été révolutionnaire, se range déjà ouvertement aux côtés de la réaction. A la bonne heure ! Nous n'allons pas nous en affliger outre mesure. Le sort de la révolution n'a jamais été entre les mains du libéralisme. La marche et l'issue de la révolution russe dépendent entièrement de l'attitude du prolétariat révolutionnaire et de la paysannerie révolutionnaire.
Guidé par la social-démocratie, le prolétariat révolutionnaire des villes et, à sa suite, la paysannerie révolutionnaire, en dépit de toutes les manoeuvres des libéraux poursuivront la lutte sans défaillance jusqu'à ce qu'ils aient réussi à renverser entièrement l'autocratie et aient instauré sur ses ruines une république démocratique.
Telle est la mission politique immédiate du prolétariat socialiste, tel est son but dans la révolution actuelle ; et, soutenu par la paysannerie, il atteindra ce but coût e que coûte.
Le chemin qui doit le conduire à la république démocratique, a été également tracé par lui avec netteté et précision :
1.
La bataille
décisive, désespérée, dont nous avons parlé plus haut ; 2. Une armée
révolutionnaire au cours de cette "bataille" ; 3. La dictature
démocratique du prolétariat et de la paysannerie sous la forme d'un
gouvernement provisoire révolutionnaire instauré à l'issue de cette
"bataille" victorieuse ; 4. Une Assemblée constituante, convoquée par
ce gouvernement, élue au suffrage universel, direct, égal et secret :
telles
sont les étapes que doit franchir
Aucune menace du gouvernement, aucun manifeste grandiloquent du tsar ; aucun gouvernement provisoire comme celui de Witte[1], que l'autocratie met en avant pour assurer sa sauvegarde ; aucune Douma d'Etat, même élue au suffrage universel, etc..., mais convoquée par le gouvernement du tsar, ne peuvent détourner le prolétariat de la seule voie juste, la voie révolutionnaire, qu le conduira à la république démocratique.
Le prolétariat sera-t-il assez fort pour suivre cette voie jusqu'au bout ? Sera-t-il assez fort sortir avec honneur de la lutte gigantesque et sanglante qui l'attend sur ce chemin ?
Oui, il sera assez fort pour cela !
C'est ce que pense le prolétariat lui-même qui, avec hardiesse et résolution, se prépare au combat.
Le Kavkazski Rabotchi Listok[2],
[
n°1, 20 novembre 1905.
Article non signé.
[1] Witte Serge (1849-1915), ministre d'Alexandre III et de Nicolas II, contribua au développement du capitalisme en Russie par les mesures qu'il prit dans le domaine des finances et de la construction ferroviaire. Partisan de certaines concessions pour briser le mouvement révolutionnaire, il rédigea le manifeste du 17 octobre 1905 et quitta la scène politique après la défaite de la révolution. (N.T.).
[2]
Le Kavkazski Rabotchi Listok [