Editeur:
Editions
sociales, Paris, 1953.
Numérisation:
Ysengrin, 2014.
La révolution gronde ! Le peuple
révolutionnaire de
Russie est debout ; il presse de toutes parts le gouvernement tsariste
pour lui
livrer assaut ! Les drapeaux rouges flottent au vent ; on dresse des
barricades, le peuple prend les armes et attaque les établissements
publics. De
nouveau retentit l'appel des braves ; de nouveau gronde la vie qui
s'était
comme assoupie. Le vaisseau de la révolution, toutes voiles dehors,
cingle vers
la liberté. C'est le prolétariat de Russie qui le conduit.
Que veulent les prolétaires de Russie et
où vont-ils
? Renversons
Le tsar n'accorde pas une Assemblée
nationale
constituante ; le tsar n'abolira pas sa propre autocratie, — non, cela,
il ne
le fera pas ! La "constitution" étriquée qu'il "octroie"
est une concession, nous ne refuserons pas d'arracher la noix à la
corneille
pour lui casser la tête avec. Mais le fait n'en reste pas moins que le
peuple ne
peut se fier à la promesse du tsar, qu'il ne doit se fier qu'à
lui-même, qu'il
ne doit compter que sur sa force : l'émancipation du peuple doit être
l'oeuvre
du peuple lui-même. Ce n'est que sur les ossements des oppresseurs que
peut
être édifiée la liberté du peuple ; ce n'est qu'avec le sang des
oppresseurs
que peut être fertilisé le sol où s'épanouira le pouvoir absolu du
peuple !
C'est seulement quand le peuple en armes entrera en action, avec le
prolétariat
à sa tête, et quand il brandira le drapeau de l'insurrection générale,
que
pourra être renversé le gouvernement tsariste, fort de ses baïonnettes.
Pas de
phrases creuses, pas d' "auto-armement" absurde, mais un armement
réel et l'insurrection armée : voilà vers quoi s'orientent aujourd'hui
les prolétaires
de toute
L'insurrection victorieuse aboutira à la
défaite du
gouvernement. Mais plus d'une fois les gouvernements battus se sont
relevés. Le
nôtre aussi peut le faire. Les forces ténébreuses qui, pendant
l'insurrection,
se cachent dans les trous, en sortiront dés le lendemain et voudront
remettre
sur pied le gouvernement. C'est ainsi que les gouvernements vaincus
ressuscitent d'entre les morts. Le peuple doit absolument juguler ces
forces
ténébreuses, les anéantir ! Il faut pour cela que, dés le lendemain de
l'insurrection, du plus petit combattant au plus grand, le peuple
vainqueur
s'arme et devienne une armée révolutionnaire, toujours prête à
défendre, les
armes à la main, les droits qu'il aura conquis.
C'est seulement quand le peuple vainqueur
sera devenu
armée révolutionnaire qu'il sera en mesure d'écraser définitivement les
forces
ténébreuses tapies dans leurs antres. Seule l'armée révolutionnaire
peut donner
de la force aux actes du gouvernement provisoire ; seul le gouvernement
provisoire
pourra convoquer l'Assemblée nationale constituante qui doit instaurer
la
république démocratique. Une armée révolutionnaire et un gouvernement
provisoire révolutionnaire, voilà vers quoi s'orientent aujourd'hui les
prolétaires de Russie.
Telle est la voie où s'est engagée la
révolution
russe. Elle conduit au pouvoir absolu du peuple, et le prolétariat
appelle tous
les amis du peuple à suivre ce chemin.
L'absolutisme tsariste barre la route à la
révolution
populaire ; il veut par son manifeste d'hier, freiner ce grand
mouvement : il
est clair que les vagues de la révolution submergeront et balaieront
l'absolutisme tsariste...
Mépris et haine pour tous ceux qui ne
suivront pas la
voie du prolétariat, car ils trahissent bassement la révolution. Honte
à ceux
qui en fait se sont engagés dans cette voie, mais tiennent un autre
langage :
ceux-là craignent la vérité par pusillanimité !
Quant à nous, nous ne craignons pas la
vérité, nous
ne craignons pas la révolution ! Que le tonnerre gronde plus fort, que
la
tempête se déchaîne avec plus de violence ! L'heure de la victoire est
proche !
Proclamons donc avec enthousiasme les mots
d'ordre du
prolétariat de Russie :
A bas
Vive l'insurrection armée !
Vive l'armée révolutionnaire !
Vive l'Assemblée nationale constituante !
Vive la république démocratique !
Vive le prolétariat !
Publié d'après le texte du
tract édité
le 19 octobre
1905
par l'imprimerie
clandestine
(d'Avlabar)
de l'Union caucasienne du
P.O.S.D.R.
Signé
: Le Comité de Tiflis.
Traduit
du géorgien.