Le monde d'avant et le monde d'après - 18 juin 2017
Il paraît que Churchill a dit : "Les hommes trébuchent parfois sur la vérité, mais la plupart se redressent et passent vite leur chemin comme si rien ne leur était arrivé."
Pour ceux qui suivent un peu l'actualité économique ou mon site, l'idée d'un crash financier n'a rien de surprenante. La plupart des gens semblent parfois vivre dans un monde parallèle où la réalité n'existe pas, ils s'imaginent que si quelque chose de grave devait se produire, bfm-tv nous tiendrait au courant immédiatement. Nul doute que si l'apocalypse devait arriver demain matin à 8h, le quidam de base s'attend à ce qu'à 8h15 ruth el krief nous fasse un direct avec un plateau d'expert et un joli bandeau rouge "alerte" floterrait sur nos écrans, tandis que toutes les chaînes interrompraient leurs diffusion pour nous informer en direct du cataclysme.
Mais l'économie est bien différente du show-terroristo-médiatique auquel nous avons été habitués avec les attentats, avec leur sempirternel cycle alerte-choc-émotion-explications bidons-minute de silence-état d'urgence. L'économie se joue sur le temps long, un temps qui se comprend dans une dimension inaccessible à celui qui réduit la réalité à une série d'évènements médiatisés.
Pourtant la plupart des gens continueront à croire que la société fonctionne normalement jusqu'au jour J. Il n'y aura ni plateau télé, ni experts, ni reportages, ni interview, ni séquence émotion-explitcations-minute de silence, ni journalistes, ni hélicoptère, ni camions de police. La plupart des gens continueront leur petite vie tranquille comme si de rien était, sans avoir la moindre idée de ce qui se déroule. Et d'ailleurs, depuis la crise de 2008, ne nous dit-on pas, le peu de temps qu'on en parle, que la "reprise" est là ? que l'économie est repartie ? que le chômage américain est à 5% et que l'économie mondiale se porte à merveille ?
Avec l'écervellement continu de générations d'esclaves passées par le système de "l'éducation", la plupart des gens ont perdu toute capacité à raisonner sur le temps long, à penser le monde en quatre dimensions (l'espace et le temps), à comprendre l'évolution du monde. Il faut dire aussi que la psychologie humaine a tendance, chez la plupart des gens, à favoriser spontanément l'idée que si quelque chose est là aujourd'hui, alors il sera là demain, et après-demain, et pourquoi pas dans 5 ans (et pourquoi pas pour l'éternité).
La réalité est tout autre. Rien de ce que nous connaissons à l'heure actuelle ne survivra à la prochaine crise économique mondiale, alors même que le système s'est à peine remis de la crise précédente (et dans quel état !).
L'erreur de la plupart des gens est de croire que l'effondrement économique est un évènement médiatique, alors que c'est un long processus, avec des phases de longs changements quantitatifs sur des années qui débouchent sur des sauts qualitatifs qui peuvent s'étaler, quant à eux, sur des semaines ou des mois. Le crash des indices boursiers n'est en fait qu'un minuscule évènement. Il n'a de réelle importance que parce que la plupart des gens resteront convaincus que "tout va bien" tant que le prix des actions n'aura pas dévissé de 50% un lundi matin. Ce jour là, effectivement, les gens comprendront que "quelque chose ne va pas", et que les gens qui prédisaient depuis des années la catastrophe n'étaient peut-être pas si stupides et fous que ça.
Mais en attendant, il est difficile de faire prendre conscience aux gens de l'effondrement qui s'annonce, parce qu'il est difficile d'expliquer un phénomène inédit à des gens dont l'imagination a été cultivée par les films catastrophe hollywoodiens. Mais surtout parce que tant que bfm ne dit rien, c'est qu'il ne se passe rien (du moins c'est ainsi que la plupart des gens raisonnent).
Là encore, la réalité est tout autre. Depuis 2008, il n'y a pas eu la moindre "reprise" de l'économie. En dépit du barratin médiatique, il n'y a pas eu non plus d'amélioration dans quel que domaine que ce soit. Nous vivons depuis 2008 suspendus à l'impression frénétique de monnaie des banques centrales qui innondent les marchés financiers de liquidités afin de faire tenir à bout de bras ce chateau de carte qu'est l'économie mondiale. Même la Chine s'y est mise. Le pays, très peu endetté au moment de la crise précédente il y a 9 ans a produit depuis des dettes publiques et privées dans des ordres de grandeur de dizaines de milliers de milliards de dollars.
Et malgré ces efforts obstinés pour faire léviter l'économie, la situation ne s'est nullement améliorée pour les petites gens, ceux d'en bas, les "sans dents", ceux qui ne peuvent pas "s'acheter un costard", car leur usine a fermé, ou ils n'ont toujours pas trouvé un emploi stable, ou alors parce que les prix de base pour survivre resserrent chaque jour l'étau de vies suspendues à un fil. C'est donc sur un terrain bien fragile que la prochaine crise économique va déferler cette année.
Déjà les premiers effets peuvent se sentir depuis l'année 2015, date à laquelle les premiers soubresauts ont menacé l'édifice financier mondial (on se souvient du crash des places financières du monde entier au mois d'août 2015, vite enrayé par l'action des banques centrales). En effet, dans ce système financiers de dettes, il est toujours possible de remettre en permanence une couche de dette, de faciliter le crédit. En europe par exemple, la banque centrale européenne (BCE) crée chaque mois 60 milliards d'euros de dettes afin de soutenir le système financier, elle a ainsi pris la relève de la réserve fédérale américaine (FED) et de la bank of Japan (BOJ).
Il est également très facile pour les banques centrales de jouer sur le cours de l'or (qui est en fait manipulé) ainsi que sur le prix des actions, afin de maintenir le quidam de base dans l'illusion que "tout va bien", et donc d'empêcher de facheuses conséquences. En effet la peur du public est la pire des choses qui soit dans ce système financier, entièrement bâti sur la dette, donc des promesses, et donc la confiance. Entretenir dans la tête des gens la confiance est tout l'enjeu de cette mascarade, qui sera pourtant bien vite rattrapée par la réalité. En effet l'économie réelle, elle, ne saurait voir la couleur de ces masses de liquidités et de "quantitative easing" (pour ceux qui ne suivent pas l'actualité économique, il s'agit en fait de planche à billet...).
Regardons un peu l'état de l'économie réelle, et il ne nous faudra pas de très longues analyses pour voir que le scénario de "reprise" n'a rien de réel. Les barratins de "reprise" économique qui nous sont servis depuis 2008 ne résistent pas à quelques minutes d'analyse sérieuses, ce qui n'empêchent pas la presse et les plateaux télés de nous inonder de ces contre-vérités à chaque fois qu'ils en parlent (le peu de temps qu'ils en parlent).
Les petits commerces sont de plus en plus en difficulté. Ce n'est pas seulement à cause la pression fiscale (qui certes s'est beaucoup aggravée pour eux depuis 2008), mais tout simplement la baisse de la demande, les clients n'ont plus d'argent ! Enfin, en tout cas, plus assez pour des dépenses jugées secondaires, et ça se voit à l'état des rues de certains quartiers : panneau de location à la place de commerces, centres commerciaux déserts (si vraiment), mais ce n'est pas tout. Car la situation ne se limite pas à la France. Aux Etats-Unis, pays des "5% de chômage" (en fait sans doute entre 30% et 40%), le commerce de détail a chuté considérablement ces dernières années. En fait, depuis 2008, on ne compte plus les faillites de magasins, de commerces, et surtout dans la période récente. Et depuis 2008, le prix du fret maritime (l'indice baltic dry) s'est littéralement effondré. Or le commerce mondial est basé sur le transport maritime, par exemple entre l'Asie et l'Europe, ou entre l'Asie et l'Amérique. S'il y avait eu la moindre "reprise" de l'activité commerciale, alors le prix du fret maritime n'aurait-il pas du remonter ? Si, bien sur, mais ce n'est pas du tout ce qu'on observe. Bien au contraire, les sociétés de fret maritime sont en grande difficulté au point que le nombre de faillites dans ce secteur ont augmenté encore l'année dernière et cette année. Information que se gardent bien de vous fournir les journalistes de la télé, payés à vous raconter la pluie et le beau temps (alors que pour ça il suffit de sortir la tête dehors !).
A-t-on évoqué la chute de l'activité industrielle partout dans le monde, la croissance mondiale anémique ? On pourrait développer cet aspect, sans oublier le nombre de catastrophes bancaires qui nous pendent au nez. Rien que ces deux dernières années, le monde financier a été hanté par le spectre (toujours plus "terrifiant") de la faillite de la célèbre Deutsche Bank, mastodonte du système financier mondial, ainsi que l'autre allemande Commerzbank. Deutsch qualität ? Pas tant que ça, les banques allemandes sont même passées dans le colimateur de la justice pour avoir trafiqué le cours de l'or depuis 2008, avec à la clé de lourdes amendes, au moment-même où la DB est à la limite d'être en faillite. Effondrement à côté duquel la faillite de la Lehman Brothers passerait pour un pic-nic le dimanche en famille. D'ailleurs l'action de la DB a suivi le même parcours que celle de la Lehman avant sa faillite, autant dire que cela ne présage rien de bon pour le système financier mondial. A vrai dire, ce n'est pas tout. Dans le genre "catastrophe apocalyptique", on peut citer le système bancaire italien bien sur, ainsi que les banques espagnoles avec la récente affaire "banco popular". La 6ème banque espagnole a été rachetée récemment pour 1€ symbolique et étrangement sauvée à la dernière minute sans recourir au terrible "bail-in" (renflouement par les épargnants). Reste que l'action de la dite banque est maintenant elle-même proche de 1€... et le reste du système financier mondial, que ce soit en Europe, en Asie ou en Amérique, est entièrement pourri et prêt à s'effondrer.
Le système a produit jusqu'à 250 000 milliards de dollars d'argent-dette, la plupart du temps cette dette sert elle-même à refinancer la dette déjà existente. Depuis des décennies, le système financier ne fait qu'arroser des bulles de prêts non-remboursables (les fameux "subprimes", vous avez aimé ? j'espère que oui, car vous en aurez encore) : bulles des crédits immobiliers, bulles des prêts étudiants (surtout aux Etats-Unis, mais pas seulement), bulles des crédits automobiles, bulles des systèmes de retraites, bulles partout, bulle de tout. Bref, tout ça n'attend que de péter et il est tout à fait certain que c'est un "miracle" si tout ça ne nous a pas encore pété à la figure !
Les états et les banques centrales servent de garantie à ce système (c'est à dire qu'en gros si ça va mal, c'est vous qui payez). Car oui, on ne vous l'a pas dit non plus (merci TF1), mais depuis le 1er janvier 2015, une loi européenne autorise les banques à se renflouer directement dans vos comptes en cas de pépin. Ne vous inquiétez pas, ça a déjà été testé (en Autriche), et là non plus personne n'en a parlé, du coup tout va bien ! Mais ce qui est génial, voyez-vous, c'est que la banque ne pourra pas faire descendre votre compte en dessous de 100 000€, c'est garanti hein. Du moins, en théorie. Car dans les faits, le fond qui sert de garantie couvre autant votre compte en banque qu'une feuille de vigne n'habille Adam. Autant vous dire tout de suite, c'est vous qui allez payer, il n'y a qu'à voir la Grèce pour se faire une idée (et encore ça n'est pas grand chose par rapport à ce qui va arriver chez nous). Car on ne vous l'a pas dit non plus mais l'état français est endetté, mais vraiment très très endetté. Et chaque français a sur sa tête plus de dette publique qu'un grec, alors il va falloir payer, et puis devinez quoi, c'est vous qui allez devoir payer, même si vous n'avez rien, on trouvera bien un moyen.
Dans un de mes précédents articles (datant de début mai 2017), j'avais cité un rapport du sénat français lui-même, qui alertait alors sur l'imminence probable d'un nouveau cataclysme économique et financier, précisant que tous les ingrédients étaient déjà réunis et que ce n'était qu'une question de temps avant que la tempête se déchaîne. Bien sur ne comptez pas sur bfm-tv ou le JT de 20h de TF1 ou france 2 pour vous dévoiler ce genre d'informations sensibles. Parlons plutôt de la canicule, d'un vieux fait divers, ou de quoi que ce soit, mais surtout pas de la crise (les français détestent ça vous savez bien).
J'avais même annoncé dans cet article que l'élection présidentielle de mai 2017 serait la dernière de l'histoire de France. Si la catastrophe que j'annonce se produit (et je suis très loin d'être le seul à l'annoncer), notre cher président Macron n'a aucune chance de tenir en place jusqu'en 2022. Nul ne sait ce que ses confrères mafieux décideront alors de faire du masque "démocratique" qui était resté jusque là bien en place, trônant au-dessus du cadavre puant de la république bourgeoise pourrie jusqu'à l'os (depuis bien longtemps déjà, sans doute depuis le début). Je vous le donne en mille, ce sera quelque chose comme "allez vous faire foutre", mais en mode "démocratique", donc en gros vous n'avez pas voté pour ça mais on va bien vous le mettre parce que sinon c'est la vilaine "menace fasciste des heures sombres" avec Marine Le Pen qui voulait envahir la Pologne (ou un truc comme ça).
Alors, à quoi ressemblera le monde d'après ? Eh bien, pour s'en faire une petite idée il suffit de regarder déjà un peu la situation actuelle. Pour l'instant, sauf quelques zones économiquement très bien intégrées (comme les quartiers très dynamiques en région parisienne), la réalité économique pue la mort, les commerces ferment, les chômeurs sont de plus en plus nombreux. Mais ça vous ne le saurez plus car Macron a décidé qu'on allait arrêter la diffusion mensuelle des statistiques du chômage. Vous ne pourrez plus admirer le magnifique travail d'enfumage statistique de l'INSEE qui nous fait prendre des 10 millions pour 3 millions, entre autres. Mais qu'importe puisque tout ça c'est du passé ! Désormais, ça n'existe pas, puisque bfm n'en parle pas.
On ne peut pas savoir exactement ce que feront les banques centrales avant l'effondrement, pour l'empêcher ou pour le provoquer d'une façon qui les arrange. Ce qui est certain est que cet effondrement est déjà en grande partie réalisé et que ce à quoi nous allons assister est simplement l'achèvement de ce processus, le saut qualitatif. Préparez-vous donc à voir des choses que la plupart des gens n'ont pas idée ou refusent de voir, soit par fainéantise intellectuelle, soit par refus d'accepter la réalité. Il est en effet bien plus facile de s'enterrer la tête dans le sable en s'imaginant que le monde est une espèce de mécanique où rien ne change et où rien ne semble pouvoir arrêter la routine.
Simplement, le saut qualitatif est bien plus profond qu'on l'imagine. Tout ce qui fait la vie d'une société moderne va probablement cesser de fonctionner à plus ou moins court terme.
Un beau matin, les indices boursiers seront dans le rouge, quelque chose comme une chute sévère dans l'escalier, un truc qui fait mal. -30% ou -50%, quelque chose comme ça. Ce sera peut-être étalé sur plusieurs jours. A ce moment là, peut-être que bfm se sera réveillé. La plupart des gens verront défiler sur les écrans des mots comme "CAC 40", "Nasdaq", "Dow jones", des courbes, des trucs vraiment flippants auxquels les gens ne sont pas habitués vous voyez. On aura quelques experts en cravate nous expliquer que tout va bien et qu'il ne faut surtout pas s'inquiéter et que vous pouvez avoir confiance. Sauf que là il sera trop tard, car tout sera déjà joué depuis longtemps, depuis très longtemps. A ce moment là, vous n'aurez que le temps de voir la fin du processus, mais tout se sera passé à votre insu des années et des mois durant sans que vous ne voyiez rien (à moins que vous ne suiviez la véritable actualité économique internationale).
Bien sur, peu importe le niveau de connerie débitée par les pseudos-experts sur les plateaux d'i-télé envoyés spécialement pour rassurer les moutons (avant la tonte), sachez qu'au bout d'un certain temps un déclic se fera dans la conscience des gens tout simplement parce qu'il sera devenu impossible de cacher l'éléphant assis dans le salon.
Dans la logique de l'effondrement, ce qui s'agitera en premier, ce seront les DAB, les distributeurs automatiques à billet. Vous me demandez comment je le sais ? Tout simplement parce que c'est ce qui s'est produit en 2008, mais aussi en Grèce un peu plus tard. Face aux nouvelles de crise financière qu'il n'était plus possible de cacher au public, les gens se sont rués sur les ditributeurs de billets histoire de retirer de quoi acheter le nécessaire, ou plus, leurs économies tout entières (naïfs que vous êtes si vous croyez que vous aurez la moindre chance de retirer plus que quelques billets, et encore, s'il en reste !). En Grèce par exemple, le gouvernement avait mis en place le contrôle des capitaux (pour les pauvres hein), pas plus de 60€ par jour et par personne.
Mais ça, ça n'est que la première étape. La suite, c'est la faillite des banques partout dans le monde. Et là ce ne sera pas de la tarte. Ce qui aurait du se produire en 2008 va se produire, en pire, en beaucoup pire, tout simplement parce qu'au lieu de laisser l'effondrement se faire en 2008, les banques centrales et les états ont acheté du temps. Nous sommes en 2017, soit 9 ans plus tard, et tout a bien lévité jusque là, en tout cas on ne s'est pas encore écrasé. Mais le prix, c'est que la situation n'a pas été résolue, bien au contraire elle a été aggravée, et cette fois le système n'a plus aucune munition pour contenir la prochaine crise. C'est bien simple, plus rien ne peut être fait pour sauver le système financier mondial. La fin de l'ordre impérialiste actuel, du dollar, de l'euro et de tout le partage du monde qui soutient l'existence économique de "nos" pays n'en sera que plus douloureuse.
La plupart des institutions que nous connaissons, des entreprises (autant le petit commerce du coin que la multinationale chez qui ont fait ses courses) auront à terme soit disparu totalement ou au moins partiellement. Les universités, les hopitaux, même l'approvisionnement de denrées de bases pourraient être perturbées pour une durée difficile à prédire. Je ne pense pas que nous connaîtrons une famine comme celles qui existaient au moyen-âge, mais si on regarde la crise de 1929, c'est bien souvent la faim au ventre qui poussait les prolétaires de la côte est à s'aventurer dans la campagne de l'ouest dans l'espoir ne serait-ce que de survivre.
Les services publics les plus basiques disparaîtront (pour ce qu'il en reste), y compris et surtout le versement des aides sociales, des rembrousements en tout genre. Pourquoi ? Mais parce que l'état est littéralement EN FAILLITE totale, il n'y a rien qui puisse tenir debout face au tsunami qui s'approche, et surement pas notre état surendetté. Il va sans dire que si les fonctionnaires ne sont plus payés, si les employés de grandes entrepreprises ne se voyent plus leurs salaires versés plusieurs mois de suite, ni l'école, ni l'hôpital, ni même l'électricité n'ont de raison de fonctionner, sauf par endroit, et encore. Je veux bien croire que la maîtresse d'école accepte de faire cours bénévolement quelques semaines dans une petite école dans un village peaumé. Par contre dans la grande fourmillière cosmopolite individualiste parisienne, autant dire que chacun préfèrera rester tranquillement chez soi que de risquer un affrontement avec les hordes de pillards qui profiteront du chaos pour être de façon éphémère les rois de la rue. Sauf qu'on ne peut tenir éternellement terré chez soi si on a pas de provisions.
Il va de soi que cette période de pénurie ne sera pas éternelle et qu'il est sans doute exagéré de vivre en autarcie complète pour passer cette période (il est de toute façon déjà trop tard pour s'y préparer). En revanche une période de plusieurs semaines à plusieurs mois causeront de nombreuses difficultés pour se procurer ne serait-ce que les biens de base. Si vous ne croyez pas à la possibilité d'un tel scénario, allez voir ce qui se passe en ce moment au Vénézuela, et vous verrez qu'un pays relativement développé peut sombrer rapidement dans un chaos total si l'économie s'effondre.
Nous pourrons goûter aux joies des coupures d'eau et d'électricité, des déchets qui jonchent les rues, des spectacles de chaos urbain, des scènes les plus diverses en tout genre. La plus grande difficulté pour le quidam de base sera de se passer de sa carte de crédit. Car n'imaginez pas que qui que ce soit acceptera de se faire payer par carte. Dans un premier temps les commerçants (surtout les petits), n'accepteront que les paiements en espèce. Et très vite, même l'argent liquide ne sera plus un moyen d'échange parfaitement fiable.
Si vous vivez dans un logement qui vous appartient, sachez que, comme disait Salluste "ça c'est pour le roi, ça c'est pour moi". Voilà ce que se diront les banquiers qui ont à gérer l'immense cartel du crédit immobilier. Or on sait que beaucoup de français propriétaires de leur logement sont en fait en train de rembourser leur crédit. Bref, vous êtes chez vous, pour l'instant. Il ne sera pas rare à l'avenir de voir quelqu'un chassé de chez lui et jeté à la rue sans autre motif que les petites astérisques en bas de son contrat de prêt permettent à la banque de saisir le bien immobilier pour sauver son bilan (avant de faire finalement faillite rassurez-vous).
Enfin, la période qui va suivre sera celle plus ou moins longue de redémarrage. Redémarrage de l'état, de l'économie, sur des bases difficiles à prévoir. Mais ce qui est certain c'est qu'en fait rien ne redeviendra comme avant. Passées les premières scènes d'évènements urbains apocalyptiques, tout ça se sera banalisé. La vie après ne sera plus comme la vie avant.
Dans les années 1930, on a connu la grande dépression, puis les pays se sont relevés. Mais comment ? Grâce à la guerre, pas au new deal keyenesien (qui a échoué autant en amérique qu'en Allemagne nazie). En 1937, aucun pays n'était sorti d'affaire, et il aura fallu plusieurs années de guerres pour que l'économie reprenne des couleurs sur le sang de millions de morts dans une guerre dont la violence fut sans précédent dans toute l'histoire de l'humanité. Et même, à l'époque, l'amérique émergeait encore (ce n'était pas la grande puissance de l'après-guerre). Il y avait encore des morceaux de papier autour du rouleau de PQ. Avec le taux de profit moyen actuel dans le monde, et surtout la place que vont prendre les impérialismes occidentaux dans la pyramide mondiale (c'est à dire qu'ils vont maintenant être à la botte de l'impérialisme chinois si celui-ci s'y prend correctement), bref avec une telle situation, s'en sera bien sur fini complètement du "mode de vie occidental", des "acquis sociaux" en tout genre, DEFINITIVEMENT, il n'y aura aucun retour en arrière possible, quand bien même une grande partie de la population y serait favorable. C'est un aller simple pour une destination que vous n'avez pas choisi.
Cependant cette destination nous réserve quelques bonnes surprises. D'abord, si vous survivez à la période de chaos que j'ai décrite (bon à priori ça ne devrait pas être trop difficile et puis avec un peu de chance vous perdrez vos kilos en trop), bref si vous êtes encore en vie après ce koh lanta à l'échelle mondiale, vous aurez face vous un monde à la physionomie radicalement différente de celui que vous avez connu. Dans ce monde il n'y aura évidemment ni "démocratie" (en fait, de masque démocratique je veux dire, les choses seront plus claires), ni "modèle social", ni "code du travail", ni sécurité sociale, ni état clairement défini, ni pleins de trucs auxquels vous étiez habituez comme : l'essence à prix abordable (même c'est déjà cher), la nourriture à prix abordable (faire la queue pendant 2h devant auchan pour avoir trois paquets de pépito sera le lot de millions de gens certains jours), il n'y aura plus non plus de services publics ou privés réguliers, donc oubliez les sorties au restaurant, oubliez vos soirées sur internet (vous croyez vraiment que ça peut fonctionner sans électricité ?), oubliez vos longues douches et oubliez aussi le dernier iPhone (et évitez aussi d'aller en voler un dans la pagaille, ça ne sert à rien d'ajouter la merde à la merde, je dis ça on sait jamais, ça va sans dire mais c'est mieux en le disant).
Bref, dans ce monde nouveau, il est tout à fait possible que notre oligarchie déménage de la défense (le quartier d'affaire à Paris) pour des ghettos financiers plus surs à l'abri de la vindicte populaire. Mais peut-être que la Suisse ne voudra pas d'eux alors on ne sait pas. Paris deviendra ce qu'elle est déjà depuis un moment, un gros sac à merde puant. La ville va changer, mais surtout le travail va changer. Sans code du travail et sans protections sociales, le prolétaire français redeviendra rentable et attendez-vous dans quelques années à avoir des offres d'emplois dans l'usine apple du coin pour fabriquer les smartphones que les petits chinois pourront consommer dans leurs super centres commerciaux à 5 étages (pendant que chez nous ils seront reconvertis en villes fantômes occupées par les pauvres qui n'auront d'autre endroit au chaud pour habiter). Il ne serait pas surprenant qu'à l'avenir on voit pousser des usines un peu partout.
Les emplois industriels vont revenir ici, tout simplement parce que la division internationale du travail va changer. L'impérialisme de demain, c'est la Chine, et l'Inde. Ils vont connaître leur âge d'or, tout comme nous à une autre époque, lorsque nous étions les plus forts dans l'exploitation du monde. Certes nous exploiterons encore le monde, l'impérialisme français et américain par exemple, seront toujours dans la partie. Mais pas à une place de choix. C'est un peu comme un étang où l'on pêche. Le grand marais sera réservé aux tous puissants financiers sino-indiens tandis que les petits américains, anglais et français, jadis seigneurs du lacs, seront désormais cantonnés à une petite flaque.
Clairement, il n'y aura plus ici de surprofit impérialiste, plus de quoi financer la moindre augmentation de salaire, le moindre "acquis social", cette époque-là est définitivement révolue. Comme la carotte sera trop chère à payer, la bourgeoisie aura de plus en plus recours à l'état (le bâton) pour faire tenir ce système bancale. Et pourquoi pas sous-traiter la violence à des mafias déjà plus implantées sur notre territoire, grâce à complicité d'ailleurs de ce même état, qui y voit une source inépuisable de forces pour la réaction.
Bref la société de "l'après" sera très différente de celle de l'avant. Demain sera très dur pour beaucoup de gens, il y aura de la souffrance, c'est certain. Je suppose qu'il est difficile d'imaginer un tel scénario, que certains trouveront cela nébuleux, incertain, et je suis presque sur que beaucoup de gens préfèrent ne même pas imaginer une telle situation, se réfugiant derrière des arguments bidons pour justifier leur peur du lendemain et se persuader que rien de ce que je dis n'est vrai. Et beaucoup de gens doivent se dire, "tout cela est vraiment horrible, demain sera moche". Mais c'est en fait une bonne chose, car la prolétarisation de la société va accélérer durant cette période. Or c'est ce dont nous avons besoin pour renverser le système... S'en sera fini des verrous sociaux (la classe moyenne, l'embourgeoisement) qui bloquaient depuis des décennies ne serait-ce que l'émergence d'un véritable mouvement révolutionnaire communiste.
Ce qui va naître, sera un prolétariat industriel également (certes moins nombreux qu'avant à cause des machines) mais tout tournera autour de la production. S'en sera fini de notre situation de peuple consommateur parasite et complice de l'impérialisme (eh oui trop pauvre pour corrompre le peuple), donc terminé aussi la sphère parasitaire des métiers improductifs et liés justement à ce mode de vie de consommateurs parasitaires propres à l'impérialisme. Bref, toutes les conditions pour détruire cet ordre capitaliste moribond, c'est cet ordre capitaliste moribond qui va nous les offrir sur un plateau d'argent.
Reste bien sur à s'organiser dès maintenant pour déjà, ne serait-ce qu''éclairer les consciences déjà un peu éveillées (bien trop de gens sont encore à mille lieues d'en arriver à comprendre tout ça). Et puis surtout être capables de construire à l'avenir l'organisation de combat pour démolir de fond en comble ce système qui montre chaque jour à quel point il est dépassé, à quel point sa crise générale appelle qu'on le remplace par un autre système. Ce que nous souhaitons, c'est un système réellement démocratique, car c'est finalement ce que ce système ne peut empêcher, comme il crée partout les forces qui demain lui porteront le coup fatal. A nous de réunir et d'éduquer les gens qui seront demain les forces conscientes, en commençant par travailler d'abord à nous instruire nous-mêmes. Il y aura clairement un avant et un après. Si nous nous montrons à la hauteur des enjeux, alors peu importe la violence de la tempête, nous saurons où aller. Ceux qui voyaient le communisme comme dépassé, comprendront que notre ère ne fait que commencer.
Quelques réflexions sur le résultat des élections législatives et sur ce qui va suivre - 12 juin 2017
L'une des choses qui frappe quand on s'intéresse à la société bourgeoise, c'est à quel point tout est inversé, à quel point tous les mots ont pour sens réel l'exact inverse de la réalité. On parle de "scrutin majoritaire". Pourtant c'est un parti minoritaire qui obtient la majorité des sièges (ou qui les obtiendra certainement). On devrait donc parler de scrutin minoritaire non ?
C'est là à chaque fois toute l'escroquerie du système bourgeois, qui cherche à donner une légitimité "majoritaire" à l'élection de ses poulains en dépit du fait qu'ils n'ont attiré qu'une minorité d'électeurs. La réalité, c'est que la majorité des gens n'ont pas été voter pour "en marche". Même sans rapporter aux voies exprimées, ce parti n'a fait qu'un score somme toute assez faible en réalité.
On se souvient au soir du premier tour des présidentielles, le parti en marche, les républicains, la france "insoumise" et le front national étaient arrivés à peu de chose près à recueillir un score identique, à savoir entre 7 et 8 millions de voies, soit 20-25% des suffrages exprimés environ.
On voit donc qu'aucun n'avait la "majorité", et il faut toute la science bourgeoise de l'enfumage médiatique et politique pour réussir transformer l'un de ces scores en une majorité écrasante à l'assemblée nationale. Le but du "scrutin majoritaire" est de transformer une minorité en majorité, de transformer un 25% en 51% (que dis-je, ils auront sans doute plus que 51% !), de donner un cachet de légitimité démocratique à un parti minoritaire. C'est bien cela la logique derrière nos institutions, comment parvenir à soumettre la majorité à la minorité avec son consentement.
On peut ne pas aimer la France "insoumise" ou le front national, mais le nombre de députés ridicules qu'ils vont obtenir en comparaison du score qu'ils ont réalisé à la présidentielle couvre de honte la "démocratie" dans laquelle nous vivons. Et c'est cela dit d'autant plus vrai que cette assemblée nationale n'a de toute façon aucun pouvoir réel. Lénine n'avait de cesse de rappeler l'escroquerie de la "démocratie" bourgeoise, "démocratie" dans laquelle « La force du capital est tout, la Bourse est tout ; le Parlement, les élections ne sont que des marionnettes, des fantoches... »
Des fantoches toutefois bien utiles pour amuser le peuple et faire diversion pendant que les véritables décideurs agissent en coulisse : lobbys, réseaux de pouvoirs, réseaux maçonniques, banquiers, etc. bref une oligarchie dont Lénine disait expliquait le fondement : « La suprématie du capital financier sur toutes les autres formes du capital signifie l'hégémonie du rentier et de l'oligarchie financière; elle signifie une situation privilégiée pour un petit nombre d'Etats financièrement "puissants", par rapport a tous les autres. »
L'arrivée au pouvoir du banquier Macron ne fait que nous rappeler, comme disait Lénine, à quel point « L’union personnelle des banques et de l'industrie est complétée par l’union personnelle des unes et des autres avec le gouvernement. », à quel point « Le capitalisme en général et l'impérialisme en particulier font de la démocratie une illusion. »
« En France, écrivait Lénine , le règne de l'"oligarchie financière" (Contre l'oligarchie financière en France, titre du fameux livre de Lysis, dont la cinquième édition a paru en 1908) a revêtu une forme à peine différente. [...] l'auteur est obligé de conclure : "La République française est une monarchie financière"; "l'omnipotence de nos grandes banques est absolue; elles entraînent dans leur sillage le gouvernement, la presse. »
Près de 100 années plus tard, ces phrases ne sonneraient pas aujourd'hui comme un écho glaçant si les "communistes" français n'avaient pas entretenu pendant des décennies des illusions sur la prétendue "démocratie" bourgeoise, qui n'est que la paravant de l'ignoble dictature de la bourgeoisie sur l'état et l'économie, sur la société tout entière.
Parlons donc du programme de notre cher président qui aura maintenant sa majorité pour gouverner. Le point central de son programme concerne sa fameuse nouvelle "loi travail".
Et sur ce point, il est bien important de comprendre les causes de l'inévitable faillite des partis socio-réformistes et des syndicats de collaboration de classe, y compris jusqu'à des partis se réclamant du "marxisme-léninisme".
Non, il n'y aura pas une nouvelle partie à jouer "dans la rue". Il est grand temps de rappeler ce qui distinguait les bolcheviques de Lénine des réformistes mencheviks (les "économistes" à l'époque), socialistes-révolutionnaires et anarchistes. Lénine écrivait : « Quelle était donc la source de nos divergences ? Mais justement que les économistes dévient constamment du social-démocratisme vers le trade-unionisme dans les tâches d'organisation comme dans les tâches politiques. La lutte politique de la social-démocratie est beaucoup plus large et plus complexe que la lutte économique des ouvriers contre le patronat et le gouvernement. »
S'enfermer dans la lutte économique contre cette "loi travail", pour la défense des "acquis-sociaux(-impérialistes)" est une erreur complète (car outre cela je rappelle que ces "acquis sociaux" et cet "état providence" sont financés par le racket impérialiste de la France et qu'ils ne peuvent exister que tant que l'impérialisme a d'autres peuples à saigner).
On peut critiquer la campagne de Mélenchon, mais il faut lui reconnaître objectivement un point, il a paradoxalement réussi à ne pas s'enfermer dans l'économisme. Son projet de "6ème république", en dépit du fait qu'il s'agisse d'une vaste escroquerie (je ne vais pas rentrer dans les détails) de retour à une autre forme de république bourgeoise (soit disant "meilleure"), en dépit de cela, la percée de ce thème montre à quel point débattre du sujet central de la démocratie est un enjeu vital, et qui intéresse réellement une bonne partie du peuple français.
Mélenchon a développé par exemple l'idée de "révocation des élus". Il va de soi qu'une telle mesure est totalement incohérente avec le reste des institutions qu'il propose (qui ne remettent pas en cause la dictature de la bourgeoisie). Cependant rappelons que cette idée ne lui appartient pas ! C'est en effet l'URSS qui fut le premier pays à la mettre en application, car précisément il ne peut exister aucune démocratie réelle à l'heure actuelle sans que le prolétariat dirige lui-même la société ; et ce contrôle ne peut s'effectuer que par le droit de révocation des élus (et des fonctionnaires !), droit lui-même garanti par le prolétariat en armes. Je renvoie pour cela à mon texte sur la démocratie.
Donc, en appeler à "l'abstention" et aux "manifs", dans cette période d'apathie politique complète, de désintéressement total du peuple pour la question politique, et de résignation générale, c'est enfermer les masses dans l'apolitisme et les priver de toute alternative à la société actuelle. C'est d'autant plus ignoble de la part de gens qui ont tout fait pour faire élire ou pour laisser élire Macron et son parti !
S'enfermer sur le terrain de l'économisme est une grave erreur, à l'heure où la fin des "acquis sociaux" n'a rien d'un choix politique, mais est une fatalité économique, parce que ces "acquis sociaux" ont toujours été financés par le surprofit que l'impérialisme réalise sur le dos des peuples étrangers. Appeler à maintenir ou à étendre ces "acquis sociaux" à l'heure actuelle est donc une erreur sur toute la ligne, ne marchera de toute façon pas, et qui plus est c'est une trahison en règle du marxisme puisque cela revient à choisir le camp de l'impérialisme, à réclamer à la bourgeoisie qu'elle saigne d'autres peuples afin de sauver notre situation privilégiée de petits bourgeois engraissés depuis 100 ans par l'impérialisme.
Il va de soi que si notre impérialisme décline, la fin des "acquis sociaux" mise en place par la bourgeoisie n'a rien d'une décision qui ressemble à une option politique de programme de tel ou tel candidat. Elle est une réalité avant tout économique à laquelle rien ne résistera. Ni les pleurs des réformistes déséspérés, ni les manifestations, ni le terrorisme d'extrême gauche (qui refera vite surface on peut en être certain), n'empêcheront la bourgeoisie de reprendre au peuple les chaînes dorées qu'elle lui avait accordé jusque là.
Il faut donc non pas se battre sur le terrain de l'économisme, mais engager la lutte des idées politiques, remettre en question le système bourgeois dans sa totalité, proposer une véritable alternative politique et économique qui ne saurait être autre chose que la révolution et la dictature du prolétariat.
En 2013, le camarade Vincent Gouysse résumait en ces mots la situation actuelle dans son livre Les classes sociales sous l'impérialisme. Vous m'excuserez la longueur de la citation, mais la lucidité de son texte m'oblige à citer entièrement ce qu'il a écrit (et j'incite d'ailleurs à aller lire le livre en entier !) :
« Longtemps privilégié, le prolétariat des pays impérialistes en déclin devra refaire sa propre expérience de la brutalité et de la sauvagerie du mode de production bourgeois ainsi que de son insolente indifférence à l’égard de la souffrance et de la misère de ses esclaves.
Aussi longtemps que le prolétariat des pays impérialistes en déclin aspirera à reconquérir un "paradis perdu" idéalisé ─ c’est-à-dire aussi longtemps qu’il rêvera de retourner à l’époque aujourd’hui révolue où il portait les confortables "chaînes dorées" de l’esclavage salarié ─ , il entrera dans le jeu de ses exploiteurs et sera incapable de prendre en main la défense de ses propres intérêts de classe.
Ce n'est qu'une fois ces chimères petite-bourgeoises brisées, que redeviendra possible la lutte pour sa propre émancipation économique, politique et sociale.
La reconstruction du mouvement communiste révolutionnaire dans les pays impérialistes en déclin implique, comme nous le soulignions déjà il y a cinq ans, de mener une lutte implacable contre toute forme de réformisme bourgeois, contre toutes les mystifications passées et présentes véhiculées par l’ordre bourgeois et ses alliés réformistes, et enfin, last but not the least, de mener en profondeur et dans la durée une campagne de démystification des "acquis sociaux" au lieu de faire écho et de se joindre au cœur des lamentations des réformistes et syndicalistes petit-bourgeois qui pleurent leur destruction, pourtant inéluctable, et continuent à clamer qu’il serait même possible de revenir à un autre partage des richesses qui soit un peu moins défavorable aux classes populaires et les spolierait un peu moins en mettant davantage à contribution les plus riches !...
Si les partis politiques réformistes ouvriers bourgeois (que constituent le P"C"F, les trotskistes et aujourd'hui le Front de Gauche), ainsi que les syndicats de collaboration de classe se décomposent depuis une quarantaine d'années, et de façon encore accélérée ces dernières années, c’est qu’il existe une raison objective à ceci.
Comment ces champions du spontanéisme en sont-ils arrivés à un tel effondrement ? A cause de la trahison de principes ?
Non, car ils n’en ont jamais changé. Tout simplement à cause du déclin du mouvement spontané lui-même : dans un pays impérialiste en déclin, quand la bourgeoisie ne peut même plus concéder aux partis et aux syndicats réformistes les miettes pour corrompre le prolétariat et doit même revenir sur un nombre croissant de concessions passées, quand les dernières branches d’industrie déclinent et disparaissent, le prolétariat émietté et démoralisé , voit ses capacités de résistance brisées.
Aujourd’hui, les luttes émergeant du mouvement spontané sont très corporatistes, localisées et revêtent exclusivement un caractère économique.
Or rester sur ce terrain de l’économisme, c’est se condamner à rester le jouet du mouvement général de l’économie en déclin et donc à subir de plein fouet les échecs du mouvement spontané.
Dans le cadre de l’impérialisme agonisant, du déclin économique accéléré des vieux pays impérialistes, la lutte contre les délocalisations et leur corollaire de souffrances pour les travailleurs ne peut être placée que sous l’angle de la nécessité immédiate de la révolution socialiste, car même la réalisation de programmes réformistes de collaboration de classe est devenue chimérique.
Hors de cela, il sera impossible de reconstruire le mouvement communiste qui est le seul à pouvoir donner aux peuples et aux exploités du globe la capacité de porter un coup décisif mortel au régime oppresseur que constitue le mode de production bourgeois.
Le problème fondamental qui se pose aux communistes est qu’une domination révisionniste sans partage de plusieurs décennies a annihilé jusqu’aux références formelles du communisme et de la révolution socialiste auxquels l’immense majorité des exploités est donc hostile, ou qu’elle méconnaît totalement dans le "moins pire" des cas.
La conscience sociale retarde effectivement sur l’être social, mais à un degré extrême.
L’immense majorité du prolétariat n’a absolument plus aucune conscience de classe prolétarienne : celle-ci est complètement petite-bourgeoise. C’est une réalité. Les marxistes-léninistes doivent donc faire leur propagande en terrain hostile.
Si il y a un siècle, dans les sociétés capitalistes où le prolétariat était misérable, les aspirations au socialisme naissaient assez facilement dans sa conscience, de manière presque spontanée, en raison de la brutalité des conditions de l'esclavage salarié et de la concentration d'ouvriers au sein de grandes unités industrielles, il n'en va pas de même aujourd'hui, après qu'il ait vu, un demi-siècle durant, ses conditions de vie s'améliorer substantiellement et les monopoles disperser leurs chaines de production sur un territoire de plus en plus vaste et dans des unités de production distinctes, avec à la clef l'atomisation de la capacité de résistance et d'organisation du prolétariat industriel.
Sur ce terreau, ce sont naturellement les aspirations petite-bourgeoises qui dominent et persistent au plus profond de la conscience des hommes.
Qu'un membre du prolétariat bourgeois des pays impérialistes dominant s'en vienne à voir disparaître ses "acquis sociaux", et il ne rêve plus que de les reconquérir ou de préserver le peu qui lui reste.
Ainsi, plutôt que de tourner son regard vers son avenir ─ lequel ne peut passer que par la destruction des rapports de production capitalistes ─, il tourne avec nostalgie son regard vers un passé qu'il se met à idéaliser...
Dans les conditions actuelles , les aspirations au socialisme vont donc à contre - courant et se heurtent à une très forte résistance latente au sein même des masses populaires, alors même, comme nous le soulignions il y a cinq ans, que « la question de la révolution sociale [y] revêt le caractère d’une nécessité immédiate » . Et c'est pourquoi continuer à propager « les illusions réformistes (extension ou préservation des acquis sociaux, nationalisations, délocalisations, etc.) » , alors même que celui - ci « est condamné » , « ne fait que creuser le lit du fascisme et des guerres (inter-) impérialistes » . »
Les réformistes de tout poil auront beau critiquer le résultat de l'élection législative, nous devons rappeler à quel point ils n'ont aucune légitmité à prendre le leadership de l'opposition, puisqu'ils ont tous appelé à voter Macron au deuxième tour de l'élection présidentielle, ou à s'abstenir (ce qui revenait au même !). Nous devons rappeler à quel point la mascarade de l'anti-fascisme et du mouvement pour l'abstention (qui croit maintenant être à la tête d'une armée...) ont fait le jeu de Macron et ont contribué bien plus à sa victoire que ne l'a fait le bourrage de crâne médiatique en faveur du parti en marche. La seule opposition légitime est celle qui assume l'alternative radicale à la société actuelle (et pas seulement à la "loi travail"). La seule opposition légitime est celle qui assume le renversement complet de l'ordre bourgeois et son remplacement par la démocratie prolétarienne et le socialisme. Voilà la seule alternative.
En empêchant Mélenchon ou Le Pen (mais surtout le Le Pen) de remporter au moins l'une de ces deux élections, les gauchistes de tout poil ont précisément empêché le peuple de faire sa propre expérience politique, c'est à dire de se rendre compte par lui-même à quel point la position des communistes est la seule juste, et donc d'en arriver à la même conclusion que nous. C'est maintenant trop tard pour cela, et ni la propagande, ni l'agitation ne viendrons rattraper ce temps perdu. En empêchant la "vague populiste" de passer aux affaires, les gauchistes empêchent la progression des conditions subjectives de la révolution (le facteur conscient, la conscience que le réformisme ne marche pas et ne marchera jamais). [notez par gauchisme, j'entends tout simplement "la gauche", sauf dans la tête des gauchistes eux-même, le marxisme n'est pas plus "de gauche" qu'il n'est "de droite"]
Nous ne pouvons maintenant compter plus que sur l'imminence de la crise financière mondiale pour que les conditions objectives de la révolution (la prolétarisation de la société) puissent avancer. En dehors de cette perspective, et poser la question en dehors de ces termes, c'est littéralement se foutre de la question qui nos occupe - la révolution socialiste.
Bref, ce qui compte le plus à l'heure actuelle, c'est de poser franchement et nettement la question politique. L'urgence est de ne pas laisser le champ libre aux illusions petites bourgeoises de "6ème république", mais d'affirmer le contenu démocratique du socialisme prolétarien de Marx et de l'URSS (donc pourquoi pas parler d'histoire). Il faudra rappeler avec vigueur l'escroquerie du système "démocratique" actuel, sur lequel les réformistes n'ont de cesse d'entretenir des illusions. Mener le combat contre ces illusions suppose de mener le combat de ceux qui les propagent, à commencer par l'extrême gauche, entièrement fascinée par la "démocratie" bourgeoise, et n'envisageant rien de supérieur à ce système qui a pourtant fait son temps, depuis longtemps !...
Je mets donc à disposition ici un petit florilège de citations de Lénine sur la "démocratie" bourgeoise, qui j'en suis sur, sauront mieux que moi-même exprimer cette idée fondamentale :
« La croissance du mouvement révolutionnaire prolétarien dans tous les pays suscite les efforts convulsifs de la bourgeoisie et des agents qu'elle possède dans les organisations ouvrières pour découvrir les arguments philosophico-politiques capables de servir à la défense de la domination des exploiteurs. La condamnation de la dictature et la défense de la démocratie figurent au nombre de ces arguments. Le mensonge et l'hypocrisie d'un tel argument répété à satiété dans la presse capitaliste et à la conférence de l'Internationale jaune de Berne en février 1919 sont évidents pour tous ceux qui ne tentent pas de trahir les principes fondamentaux du socialisme. »
« D'abord, cet argument s'appuie sur les conceptions de « démocratie en général » et de « dictature en général », sans préciser la question de la classe. Poser ainsi le problème, en dehors de la question de classes, en prétendant considérer l'ensemble de la nation, c'est proprement se moquer de la doctrine fondamentale du socialisme, à savoir la doctrine de la lutte de classes, acceptée en paroles, mais oubliée en fait par les socialistes passés dans le camp de la bourgeoisie. Car, dans aucun pays civilisé, dans aucun pays capitaliste, il n'existe de démocratie en général : il n'y a que la démocratie bourgeoise. »
« Des milliers de fois, les socialistes de tous les pays ont expliqué au peuple le caractère de classe de ces révolutions bourgeoises, dans leurs livres, dans leurs brochures, dans les résolutions de leurs congrès, dans leurs discours de propagande. C'est pourquoi cette défense actuelle de la démocratie bourgeoise au moyen de discours sur la « dictature en général », tous ces cris et ces pleurs contre la dictature du prolétariat sous prétexte de condamner « la dictature en général », ne sont qu'une trahison véritable du socialisme, qu'une désertion caractérisée au profit de la bourgeoisie, qu'une négation du droit du prolétariat à sa révolution prolétarienne. »
« Tous les socialistes en démontrant le caractère de classe de la civilisation bourgeoise, de la démocratie bourgeoise, du parlementarisme bourgeois, ont exprimé cette idée déjà formulée, avec le maximum d'exactitude scientifique par Marx et Engels que la plus démocratique des républiques bourgeoises ne saurait être autre chose qu'une machine à opprimer la classe ouvrière à la merci de la bourgeoisie, la masse des travailleurs à la merci d'une poignée de capitalistes. »
« Marx, qui a apprécié mieux qu'aucun autre l'importance historique de la Commune, a prouvé en l'analysant le caractère d'exploitation de la démocratie et du parlementarisme bourgeois, régime sous lequel les classes opprimées recouvrent le droit de décider en un seul jour pour une période de plusieurs années quel sera le représentant des classes possédantes qui représentera et opprimera le peuple au Parlement. »
« La liberté de la presse est également une des grandes devises de la démocratie pure. [...] Les capitalistes appellent liberté de la presse la faculté pour les riches de corrompre la presse, la faculté d'utiliser leurs richesses pour fabriquer et pour soutenir la soi-disant opinion publique. Les défenseurs de la « démocratie pure » sont en réalité une fois de plus des défenseurs du système vil et corrompu de la domination des riches sur l'instruction des masses ; ils sont ceux qui trompent le peuple et le détournent avec de belles phrases mensongères, de cette nécessité historique d'affranchir la presse de son assujettissement au capital. De véritable liberté ou égalité, il n'y en aura que dans le régime édifié par les communistes. »
« L'histoire du XIX° siècle et du XX° siècle nous a montré, même avant la guerre, ce qu'était la fameuse démocratie pure sous le régime capitaliste. Les marxistes ont toujours répété que plus la démocratie était développée, plus elle était pure, plus aussi devait être vive, acharnée et impitoyable la lutte des classes, et plus apparaissait purement le joug du capital et la dictature de la bourgeoisie. [...] Ces faits et des milliers d'autres semblables découvrent cette vérité qu'essaye en vain de cacher la bourgeoisie, que c'est précisément dans les républiques les plus démocratiques que règnent en réalité la terreur et la dictature de la bourgeoisie, terreur et dictature qui apparaissent ouvertement chaque fois qu'il semble aux exploiteurs que le pouvoir du capital commence à être ébranlé. »
« La guerre impérialiste de 1914-1918 a définitivement manifesté, même aux yeux des ouvriers non éclairés, ce vrai caractère de la démocratie bourgeoise, même dans les républiques les plus libres – comme caractère de dictature bourgeoise. »
« Le point le plus important, que ne comprennent pas les socialistes et qui constitue leur myopie théorique, leur emprisonnement dans les préjugés bourgeois et leur trahison politique envers le prolétariat, c'est que dans la société capitaliste, dès que s'aggrave la lutte des classes qui est à sa base, il n'y a pas de milieu entre la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat. Tous les rêves d'une solution intermédiaire ne sont que lamentations réactionnaires de petits bourgeois. »
« Et cette société, fondée sur la propriété privée, sur le pouvoir du capital, sur la subordination complète de tous les ouvriers et des masses paysannes laborieuses pauvres, cette société, dis-je, proclamait que sa domination était fondée sur la liberté. Luttant contre le servage, elle déclarait libre toute propriété et elle était particulièrement fière que l'Etat eût, soi-disant, cessé d'être un Etat de classe. »
« Or, l'Etat demeurait une machine qui aide les capitalistes à assujettir la paysannerie pauvre et la classe ouvrière ; mais extérieurement, il est libre. Il proclame le suffrage universel, déclare par la bouche de ses zélateurs, de ses avocats, de ses savants et de ses philosophes, qu'il n'est pas un Etat de classe. »
« La République des Soviets a rejeté ce mensonge bourgeois et déclaré ouvertement: vous prétendez que votre Etat est libre ; mais en réalité, tant qu'existe la propriété privée, votre Etat, fût-il une république démocratique, n'est qu'une machine aux mains des capitalistes pour réprimer les ouvriers, et cela apparaît d'autant plus clairement que l'Etat est plus libre. La Suisse en Europe, les Etats-Unis en Amérique, en sont un exemple. Nulle part la domination du capital n'est aussi cynique et impitoyable, et nulle part cela n'éclate autant que dans ces pays qui sont pourtant des républiques démocratiques, malgré leur savant maquillage, malgré tous les propos sur la démocratie pour les travailleurs, sur l'égalité de tous les citoyens. »
« La force du capital est tout, la Bourse est tout ; le Parlement, les élections ne sont que des marionnettes, des fantoches... »
« Quelles que soient les formes revêtues par la république, fût-elle la plus démocratique, si c'est une république bourgeoise, si la propriété privée de la terre, des usines et des fabriques y subsiste, et si le capital privé y maintient toute la société dans l'esclavage salarié, autrement dit si l'on n'y réalise pas ce que proclament le programme de notre Parti et la Constitution soviétique, cet Etat est une machine qui permet aux uns d'opprimer les autres. »
« Dans une société fondée sur la puissance de l'argent, dans une société où les masses laborieuses végètent dans la misère, tandis que quelques poignées de gens riches vivent en parasites, il ne peut y avoir de « liberté » réelle et véritable. »
« L'"union personnelle" des banques et de l'industrie est complétée par l'"union personnelle" des unes et des autres avec le gouvernement. »
« En France, le règne de l'"oligarchie financière" (Contre l'oligarchie financière en France, titre du fameux livre de Lysis, dont la cinquième édition a paru en 1908) a revêtu une forme à peine différente. [...] l'auteur est obligé de conclure : "La République française est une monarchie financière"; "l'omnipotence de nos grandes banques est absolue; elles entraînent dans leur sillage le gouvernement, la presse. »
« Le capitalisme en général et l'impérialisme en particulier font de la démocratie une illusion. »
« Les formes d'Etats bourgeois sont extrêmement variées, mais leur essence est une : en dernière analyse, tous ces Etats sont, d'une manière ou d'une autre, mais nécessairement, une dictature de la bourgeoisie. »
Et pour rire un peu, cinq minutes d'éveil politique : le gouvernement des chats au pays des souris. Toujours autant d'actualité, à partager le plus possible !
Le rôle de la corruption dans le système capitaliste - 7 juin 2017
L'affaire du nouveau ministre Ferrand la semaine dernière a remis sur le devant de la scène les magouilles politiciennes.
On parle de morale, de moralisation de la vie publique, etc. Untel se sert dans les caisses de l'état, untel favorise sa famille, et ainsi de suite. Il va de soi que ces petites sommes volées par ces petits voleurs est infime en comparaison du racket capitaliste quotidien, du racket impérialiste mondial, de la corruption à plus vaste échelle qui se joue à travers les lobbys en tous genre, les comissions sur les ventes d'armes, etc. Ce genre de petites affaires en cache de bien plus grosses.
Mais la question n'est pas vraiment là. Les médias aiment bien présenter ces dirigeants politiques corrompus comme des sortes de loups solitaires dénués de toute morale. En réalité la corruption n'a rien d'un accident ou d'un problème de morale. La corruption est l'un des pilliers sur lequel repose le système. Elle est la loi normale de fonctionnement d'une société où une classe en exploite une autre et je vais expliquer pourquoi.
Si on regarde la société, on peut se la représenter comme une pyramide. Mais il est absolument faux de croire que les dirigeants sont tout puissants. De croire qu'un homme dirige le pays, ou ce genre de choses. Etienne de La Boétie, grand penseur humaniste français, écrivait son Essai sur la servitude volontaire. Il démontrait en fait qu'il n'y a pas de pouvoir personnel. Un roi seul n'est rien. Il montre sans le dire à quel point la domination est toujours celle d'une classe et non celle d'un seul homme.
En effet le tyran au sommet de la pyramide n'est rien s'il est seul. Il n'est rien sans ses ministres, qui contrôlent les principaux leviers du pouvoir. Mais eux-mêmes ne sont rien sans tous les degrés inférieurs de la pyramide qui soutiennent leur pouvoir. La Boétie en arrivait à la conclusion que l'exploitation et le vol profitait à cette pyramide d'exploiteurs, qui entraînait jusqu'à la moitié de la population, tandis que l'autre moitié en était victime. On est loin de l'absurde théorie petite bourgeoise des "99% contre les 1%".
Si on veut comprendre la nature du système, il faut comprendre comment il fonctionne dans ses rouages les plus fondamentaux.
Toute société où une classe en exploite une autre repose sur une savante combinaison de bâtons et de carottes.
La plupart des gens séparent de façon absurde la violence (c'est à dire la force), et les rapports économiques. Mais rien n'est plus stupide que de procéder ainsi.
La force (par exemple la force d'un état) est inséparable de l'économie. Karl Marx remarquait déjà dans Le Capital que « La force est un agent économique ». On aurait tort d'opposer la carotte au bâton. Le bâton est une forme de carotte parmi d'autres. Et comme tout agent économique, elle a un prix et une rentabilité. Elle coûte et rapporte à la fois.
Le pouvoir, dans une société où des hommes en exploitent d'autres, consiste à obtenir quelque chose de l'autre. Il y a, comme je l'ai dit, deux façons de faire. Avec le bâton ou avec la carotte.
Le système le plus primitif est celui qui existe par exemple dans la société féodale, où l'état joue un rôle actif dans le racket des serfs. Ce schéma permet de comprendre son fonctionnement :
J'ai symbolisé la classe dominante par le roi, l'état par les cavaliers, et les classes exploitées par les pions.
C'est le système mafieux le plus simple, celui du racket et de l'exploitation. Les pions ont travaillé dur pour produire leurs carottes. Dans les sociétés primitives, la classe dominante doit recourir à la contrainte pour exploiter les travailleurs. Donc elle n'a d'autre choix que d'engager des mercenaires qui sous-traitent la violence. En échange elle leur donne une partie du butin, c'est leur salaire.
On a tous en tête l'histoire de pirates qui pillent les gallions espagols. Si le capitaine pirate partage le butin avec ses matelots, ce n'est pas parce qu'il est gentil, mais parce que c'est le seul moyen de les entraîner avec lui. Autrement dit les matelots sont ses salariés et le profit se fait en saignant des ennemis à piller.
On voit donc que si la classe dominante veut rester la classe dominante, elle doit redistribuer une partie de son butin. Dans le cas que je viens de décrire, elle se contente de le redistribuer à une minorité de mercenaires salariés qui s'occupent du sale boulot.
Dans les sociétés esclavagistes comme en Grèce ou à Rome, l'état était en quelque sorte une espèce de pot commun où les membres de la classe dominante se cotisaient pour se payer une armée de protection contre les esclaves. Très vite la classe dominante a vu qu'il était plus avantageux de faire cotiser les plébéiens à la place des riches, ainsi sont nés les impôts.
On aurait tort de croire que notre société est à ce point différente de ce système, mais elle l'est sous certains aspects.
Il existe un deuxième modèle, celui de la société capitaliste au stade impérialiste. Dans ce système, l'état ne joue plus forcément un rôle actif dans l'exploitation. Il ne plus joue plus qu'un rôle passif (son rôle le plus important en tant qu'état d'ailleurs), c'est à dire de protection de la classe dominante et de ses intérêts. Mais il n'est pas utile de le représenter ici. Car contrairement à ce que pensent les anarchistes par exemple, ce n'est pas sur l'état que repose le capitalisme mais sur l'exploitation (le capitalisme, la propriété privée des moyens de production, etc.).
Ici on voit bien la façon dont procède la classe dominante. Elle s'appuie sur une fraction privilégiée de pions pour dépouiller les autres. Ce système n'est pas très différent du précédent à ceci près qu'au lieu de redistribuer à des mercenaires, la classe dominante donne directement des carottes au peuple (ou à de larges fractions du peuple) afin de le tenir tranquille. Bien sur tout cela suppose qu'il y a tout de même une classe de gens exploités tout en bas. Dans les cas des pays impérialistes, ces esclaves sont à l'étrangers, dans les pays ateliers. Il faut bien comprendre que nous vivons dans une division internationale du travail. Il est donc tout à fait possible que 80% du peuple appartienne à cette classe moyenne privilégiée comme ce fut le cas (et comme c'est encore en partie le cas) dans la plupart des métropoles impérialistes d'occident.
La question de la corruption est donc centrale dans ce système, puisque tout repose sur la corruption. En effet la classe dominante doit sans cesse corrompre des gens en dessous d'elle dans la pyramide, le système tient debout grâce à cette corruption. L'impérialisme rend cette corruption encore plus large et importante, comme le notait Lénine : « Vénalité, corruption dans des proportions gigantesques, panamas de tous genres. [...] L'exploitation des nations opprimées, indissolublement liée aux annexions, et surtout l'exploitation des colonies par une poignée de « grandes » puissances, transforme de plus en plus le monde « civilisé » en un parasite sur le corps des peuples non civilisés, qui comptent des centaines de millions d'hommes. [...] Une couche privilégiée du prolétariat des puissances impérialistes vit en partie aux dépens des centaines de millions d'hommes des peuples non civilisés. »
Cette corruption peut se diriger soit vers une minorité de mercenaires usant la violence pour réprimer le reste soit vers de larges couches du peuple afin qu'ils se tiennent tranquilles tous seuls. Ces deux options reviennent au même, mais elles n'ont pas le même coût ni la même rentabilité.
La deuxième option offre en effet une plus belle façade et est de toute façon inévitable avec l'impérialisme, comme la classe dominante d'un pays brasse des profits tels que quelques "acquis sociaux(-impérialistes)" ne représentent pas un poids trop lourd. C'est ce qui explique que dans les pays impérialistes l'état providence et les règlementations pèsent "si lourd", il s'agit en fait d'un vaste système de clientèlisme et de corruption de masse.
En revanche si la manne de l'impérialisme vient à se tarir, par exemple à cause d'un nouveau concurrent impérialiste plus puissant, alors la stabilité de ce système est remise en cause et il faut envisager de passer au premier modèle (ce qui bien sur ne signifie pas un retour au mode de production esclavagiste où l'état avait un rôle actif dans l'exploitation mais plutôt ici un renforcement du rôle passif de l'état pour parer aux troubles sociaux).
Quand l'impérialisme est florissant et prospère, la paix sociale est achetée sans la moindre violence. Ainsi les pays impérialistes européens par exemple, n'ont pas connu depuis longtemps de guerre civile de grande envergure. C'est parce que l'impérialisme achète la paix sociale en redistribuant de généreux "acquis sociaux" sur le dos des peuples qu'il exploite (via les investissements à l'étrangers des grands monopoles financiers). Dans la période de déclin de l'impérialisme, la corruption des élites et la violence de l'état augmente de façon importante, parce que la classe dominante n'a plus les moyens de corrompre de larges couches du peuples. Elle restreint alors cette corruption, et la redirige vers un nombre plus limité de personnes clés : les hommes politiques, l'administration, etc. Elle est obligée de restreindre son assise sur laquelle elle repose. Cette situation accroit la méfiance entre le peuple qui doit renoncer à son embourgeoisement alors que les élites semblent de plus en plus riches (c'est en réalité la couche inférieure et visible de l'élite qui s'enrichit, celle corrompue par la couche supérieure de l'élite, tandis que l'impérialisme lui, décline réellement).
Le recours au bâton n'est pas un signe de force. C'est un signe de faiblesse. C'est le signe que la classe dominante a perdu les moyens de maintenir sa domination par des moyens pacifiques et qu'elle est contrainte économiquement de rétrograder vers un modèle d'état plus rentable. Dans une société fondée sur l'esclavage et l'exploitation, la paix est le bénéfice du puissant. Si la classe dominante est contrainte d'utiliser la force, c'est précisément parce qu'elle est en déficit de puissance, que la base sur laquelle elle repose se rétricit dangeureusement.
A travers l'histoire nous avons de nombreux exemples qui montrent comment le périmètre de corruption peut être plus ou moins large, comment il évolue. La bourgeoisie présente à tort son idéal social-impérialiste comme une société "démocratique" mais il n'en est rien. Dans une société où une classe en exploite une autre il n'y a que le pouvoir de la classe dominante qui s'exerce réellement. Cette classe dominante est contrainte ou bien de corrompre une armée à son service pour lutter contre le peuple ou bien de corrompre directement de larges parties du peuple sur le dos d'autres fractions du peuple ou d'autres peuples. Voilà les deux alternatives qui existent. Si la seconde option devient trop chère à payer, alors la forme que prend l'état retourne plus ou moins à la première. C'est la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement.
Il est dans ce cas complètement criminel et mensonger d'entretenir des illusions sur la "démocratie" bourgeoise, sur la "morale" et la "vertu" que devraient avoir nos dirigeants politiques. La démocratie ne sera réelle que lorsque le prolétariat renversera la bourgeoisie pour instaurer la dictature du prolétariat, c'est à dire la démocratie socialiste prolétarienne. Dans ce système ce sont les classes non-possédantes en armes qui exerceront elles-mêmes directement le pouvoir politique et économique, centralisé entre leurs mains pour leur intérêt. Les représentants politiques seront issus du prolétariat en majorité, et seront, tout comme les fonctionnaires, révocables à tout moment durant leur mandat. Voilà la seule alternative à la société actuelle, ce n'est certainement pas l'illusion de "moralisation de la vie publique" qui est l'avenir mais bien la dictature du prolétariat.
La fin de la mascarade éco-fasciste et de l'escroquerie éco-impérialiste - 2 juin 2017
Hier soir le président américain Donald Trump a annoncé sa décision de se retirer de façon unilatérale du traité de la COP 21 contre le "réchauffement climatique". Le livre "Le réveil de dragon" écrit en 2011 par Vincent Gouysse a largement démontré les intérêts impérialistes et financiers qui tiraient les ficelles derrière la pseudo-science écologiste du "réchauffement climatique" (pages 187 à 250 de son livre : Le réveil du dragon )
La plupart des gens ne comprennent pas le rapport entre écologie et impérialisme, et ils ne comprennent strictement rien non plus à ce qu'est l'impérialisme, c'est pourquoi il faut relire Lénine, et notamment sa définition de l'impérialisme dans son livre L'impérialisme, le stade suprême du capitalisme. Une section de mon site est déjà entièrement consacrée aux questions économiques, donc je ne reviendrai pas en détail sur ce sujet. Mais il y a un point central dans la définition de Lénine, c'est la base économique (donc le point le plus important) : les exportations de capitaux. Les exportations de capitaux, ou investissements à l'étranger sont la base économique de l'impérialisme, elles sont l'impérialisme. N'ont rien compris à l'impérialisme ceux qui limitent le problème aux interventions militaires, aux guerres, etc. Les guerres sont une des conséquences (inévitables) de l'impérialisme et non l'impérialisme lui-même.
Donc dans le système impérialiste mondial, une poignée de pays capitalistes puissants ont à leur sommet une oligarchie financière qui ne vit pas seulement de façon parasitaire sur le dos des esclaves de "son" pays, mais aussi sur le reste du monde. Cette rente coloniale est une véritable pompe à richesse d'un pays vers l'autre. Comme je l'ai déjà expliqué à plusieurs reprises, et comme Lénine n'a cessé de le souligner, cette rente permet aux élites oligarchiques d'un pays impérialiste de corrompre de larges couches de sa population, de la rendre complice de ce néo-colonialisme en reversant une partie de ce surprofit au peuple pour lui financer des "acquis sociaux", le "système social", les "salaires élevés", la "société de consommation", et ainsi de suite. Ainsi c'est non seulement une oligarchie, mais aussi tout un pays complice (avec une grande partie de la nation) qui exploite les pays dominés par l'impérialisme. D'un côté des pays ateliers produisent, de l'autre des pays rentiers consomment. Des nations qui produisent d'un côté, des nations parasites qui consomment de l'autre, voilà le propre de l'impérialisme.
Il va de soi que cette situation privilégiée des pays comme la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, et ainsi de suite, ne serait pas éternelle. Ces exportations de capitaux vers des pays ateliers comme la Chine ont développé à une vitesse incroyable ces pays. Dans les années 1970, à l'époque où Mao a ouvert la Chine aux investisseurs étrangers (avec les accords Mao-Nixon en 1972), le pays était peu industrialisé, l'immense majorité des chinois vivaient à la campagne. Aujourd'hui, 45 ans plus tard, la Chine a déjà dépassé le stade de nation industrielle avancée. Dans les années 2000 déjà, la Chine était la première puissance industrielle du monde. D'autres pays ont suivi le même chemin, et aujourd'hui l'Inde marche dans les pas de la Chine avec quelques décennies de retard. Il va de soi que la Chine n'allait pas rester éternellement l'atelier du monde. En investissant pendant toutes ces années en Chine, les impérialistes occidentaux ont développé le pays à tel point que la Chine a émergé comme une puissance impérialiste elle-même, un concurrent sérieux, redoutable, et finalement plus puissant que l'occident.
C'est ainsi que fut créée dans les années 2000 la thèse du "réchauffement climatique". L'objectif était de contraindre, d'entraver pour ainsi dire, le développement industriel de la Chine. En obligeant les pays dits "émergents" à accepter ces accords, les pays impérialistes d'occident espéraient ralentir la montée en puissance des monopoles chinois. Depuis cette époque pourtant, rien n'a arrêté l'ascencion de la Chine. Dès le milieu des années 2000, les investissements directs à l'étranger de la Chine ont augmenté de façon importante. En comparaison les investissements à l'étranger des puissances déclinantes comme la France ou les Etats-Unis ont baissé soit de façon relative par rapport à la Chine, soit de façon absolue, soit les deux.
La Chine adopte le modèle impérialiste, c'est à dire qu'elle se met elle aussi à exporter des capitaux dans sa propre sphère d'influence de pays ateliers, comme le Cambodge ou des pays d'Afrique. La Chine ambitionne elle aussi de se débarasser de ses industries dans ses pays ateliers et de devenir un pays rentier, embourgeoisant une large classe moyenne de consommateurs qui achèteront, grâce au partage de la rente coloniale, les produits fabriqués à la sueur des nations qu'elle exploite.
A la tête de la Chine, ce ne sont plus les bureaucrates compradores issus de l'ère Mao-Deng qui dirigent le pays, pas plus que le parti "communiste" chinois (qui n'a jamais été communiste nulle part si ce n'est dans l'imagination des maoïstes).
Une nouvelle oligarchie de financiers multi-milliardaires s'est formée à la tête de monopoles gigantesques, qui brassent des profits colossaux sur le dos de nations exploitées, sur le modèle des impérialistes occidentaux. Ce sont eux qui dirigent la Chine, et ils ont bien l'intention de la transformer en puissance impérialiste de premier plan (ils n'ont pas d'autre choix pour survivre de toute façon).
Dans ce nouveau contexte, la Chine n'a que faire de conserver ses industries polluantes, bien au contraire. Elle met tout en oeuvre pour se débarasser, pour délocaliser à l'étranger ses industries (donc des exportations de capitaux, donc l'impérialisme). Elle cherche à développer sa classe moyenne parasitaire et son secteur des services au détriment de l'agriculture et de l'industrie, bref, de la production en général. La Chine est de moins en moins l'atelier du monde. Et donc, les menaces de restrictions au nom du prétendu "réchauffement climatique" ne font plus du tout peur au chinois. Bien plus, ceux-ci ont maintenant intérêt à professer ces thèses, à retourner contre leurs inventeurs leur pseudo-science écologique. Les donneurs de leçon écologiques d'hier ont été pris au piège qu'ils croyaient tendre.
Sur ce graphique, on voit très clairement que la Chine a rattrapé son retard dans la production d'énergie "renouvelables". Il est en effet très aisé d'augmenter sa part "d'énergies renouvellables" lorsqu'on délocalise à l'étranger toutes les industries polluantes qui nécessitent d'utiliser des énergies moins "renouvellables". Mais la Chine a fait des progrès bien plus importants dans ce domaine "écologique" que les pays occidentaux.
Derrière l'arnaque de l'écologie, de cet incroyable business, il n'y a pas seulement l'impérialisme au sens des exportations de capitaux mais aussi plus simplement de nombreux lobbys industriels. On cite souvent le lobby pétrolier et le lobby du charbon comme partisan des "climatosceptiques". En réalité ce sont des nains en comparaison des lobbys surpuissants qui soutiennent la thèse du "réchauffement climatique", à commencer par le lobby du nucléaire, et bien d'autres. Des quantités phénoménales d'argent et de corruption ont circulé vers le monde scientifique et médiatique pour inventer cette thèse du "réchauffement climatique".
On peine à croire que les multinationales du monde entier se préoccupent à ce point de "protéger la planète". Certes quelques bourgeois en dehors de l'actitivité économique sont préoccupés par ces problèmes. Les hommes d'affaires devenus écolos habillent d'un prétexte humaniste leur business du "réchauffement climatique", derrière lequel il n'y a que leur intérêt personnel à faire du profit, et éventuellement à protéger leur petit coin de planète contre la masse de gueux pollueurs. Dans les faits elles protègent leurs profits et rien d'autre. Il est évident qu'une augmentation de la température sur Terre ne leur apporterait pas beaucoup d'argent. En effet si la température s'élevait comme ils le prédisent, alors on pourrait se passer en bien des endroits de ces mêmes compagnies d'énergie (pour information, environ 50% de la production d'énergie va au chauffage des bâtiments).
Alors que tous les projecteurs sont braqués sur le "réchauffement", on ne parle pas des véritables questions sociales qui concernent le problème de l'empoisonnement quotidien que subissent des centaines de millions de gens dans l'alimentation par exemple, problème qui met en exergue l'incroyable mensonge de la "démocratie" actuelle. La première forme de démocratie consisterait en effet à pouvoir décider si les entreprises font du profit au prix d'un empoisemment des gens ou fonctionnent sous contrôle du peuple et dans son intérêt. La question de la propriété sociale des moyens de production serait alors posée. Il est évident que nos "écolos" n'arriveront jamais avec de telles propositions sur la table.
Rien ne garantit que le réchauffement serait une si mauvaise chose pour la Terre, bien au contraire. La fonte des glaces et l'élévation des tropiques ferait disparaître des déserts de glace et de sable, provoquerait une explosion de la vie sur Terre telle que nous n'en avons pas connu depuis des millions d'années. C'est en effet dans une période plutôt froide que nous vivons, et nous savons avec l'expérience longue de la Terre qu'il a déjà fait beaucoup plus chaud et que la vie a bien existé dans des périodes bien plus chaudes. Non seulement elle a existé, mais dans de bien plus larges régions qu'à l'heure actuelle...
Mais l'enjeu va bien plus loin que ça. Ces thèses de "réchauffement", qu'elles soient vraies ou fausses, au fond peu importe. Derrière l'idée de "présever la planète", il y a un enjeu idéologique fondamental. Qui cherche à conserver, à "préserver", à protéger le monde actuel ? La classe dominante bien sur, les gagnants du système. Derrière l'écologisme, il y a le malthusianisme et la réaction bourgeoise. L'écologie est une idéologie fasciste des classes dominantes qui cherchent à préserver, conserver, à protéger "la nature". Mais la protéger de qui ? de quoi ? Des gueux bien surs, qui "consomment", pullullent, et grouillent comme des petits rats sur toute la planète. Dit comme ça, bien sur, c'est moins enrobé que les discours de pape, des pseudo-scientifiques, ou journalistes prostituées. Mais c'est bien ça au fond le problème : toute cette masse de prolétaire qui est en trop, et qu'on envoyait jadis s'entretuer dans des guerres mondiales, cette fois il faudra la sacrifier dans l'écolocoste, l'éco-fascisme, le fascisme du 21ème siècle, pour faire périr cette masse qui dévore paraît-il les ressources de la planète et de la nature.
Ainsi le petit bourgeois français s'inquiète dangeureusement de ce que deviendrait la planète si le prolétaire chinois devenait lui aussi un petit bourgeois consommateur. Il faudrait paraît-il "cinq planètes Terre si tout le monde vivait comme nous". Les imbéciles écologistes oublient de dire que les richesses ne tombent pas d'un grenier à ressources qu'est la Terre mais viennent du travail de centaines de millions d'esclaves salariés. Rien n'est trop beau pour faire oublier d'où viennent ces richesses, que nos petits bourgeois s'inquiètent maintenant de devoir partager avec le milliard de chinois. Bref, le petit bourgeois occidental veut mettre fin au gaspillage, à commencer par ces milliards d'indiens et chinois qui commencent à être de trop... Derrière l'idéologie écologiste, la guerre et le malthusianisme.
Mais nous n'avons que faire de protéger "la nature". Le culte de la nature est le privilège des classes dominantes, car le monde est à eux, c'est leur jardin, leur prorpiété. Le prolétaire lui, n'a rien, il n'a que faire de "protéger", "préserver" quoi que ce soit.
A son époque, Marx remarquait déjà que dans la société bourgeoise, « une partie de la bourgeoisie cherche à porter remède aux anomalies sociales, afin de consolider la société bourgeoise.
Dans cette catégorie, se rangent les économistes, les philanthropes, les humanitaires, les gens qui s'occupent d'améliorer le sort de la classe ouvrière, d'organiser la bienfaisance, de protéger les animaux, de fonder des sociétés de tempérance, bref, les réformateurs en chambre de tout acabit. [...]
Les socialistes bourgeois veulent les conditions de vie de la société moderne sans les luttes et les dangers qui en découlent fatalement. Ils veulent la société actuelle, mais expurgée des éléments qui la révolutionnent et la dissolvent. Ils veulent la bourgeoisie sans le prolétariat. La bourgeoisie; comme de juste, se représente le monde où elle domine comme le meilleur des mondes. Le socialisme bourgeois systématise plus ou moins à fond cette représentation consolante. Lorsqu'il somme le prolétariat de réaliser ses systèmes et d'entrer dans la nouvelle Jérusalem, il ne fait que l'inviter, au fond, à s'en tenir à la société actuelle, mais à se débarrasser de la conception haineuse qu'il s'en fait. »
La contradiction au sein de la société capitaliste, qui oppose la bourgeoisie au prolétariat, Marx la résumait ainsi : « Au sein de cette contradiction, le propriétaire privé est donc le parti conservateur, le prolétaire le parti destructeur. Du premier émane l'action qui maintient la contradiction, du second l'action qui l'anéantit. »
La classe dominante « se sent à son aise dans cette aliénation ; elle y trouve une confirmation, elle reconnaît dans cette aliénation de soi sa propre puissance, et possède en elle l'apparence d'une existence humaine ». C'est précisément cela qui se cache derrière l'écologie.
Le communisme est le parti destructeur. Non, la nature n'est pas gentille. Il n'aura pas fallu attendre Darwin pour le découvrir, il suffit de regarder le monde, et l'homme fait partie de ce monde violent de lutte pour la survie, de guerre, de violence. Il n'y a pas d'un côté l'homme méchant et de l'autre la nature gentille. Ainsi pensent seulement la classe dominante, ses religieux, ses intellectuels à la dérive, etc. qui sont émus par la "destruction de la planète par l'homme". Mais nous n'avons que faire de la planète, ni des animaux, ni de la "gentille nature". L'homme lutte depuis le début contre le reste de la nature, il n'est lui-même qu'une partie de cette nature, et la lutte qui oppose les bourgeois aux prolétaires dans la société est aussi une partie de cette lutte. Les animaux apparaissent et disparaissent de façon perpétuelle depuis des milliards d'années, la vie est ainsi. Nos "écolos" croient découvrir une "terrible action de l'homme" lorsqu'ils se rendent compte que de nombreuses espèces disparaissent. De même un imbécile ne sait qu'il fait froid que lorsqu'il regarde le thermomètre, de même nos écologistes s'alarment de la disparition des espèces parce qu'ils commencent à mesurer ce phénomène universel d'apparition et disparition.
Le communisme n'a pas pour projet de créer la paix et l'harmonie avec la nature. Staline notait par exemple : « Il fut un temps où les hommes luttaient contre la nature en commun, sur les bases du communisme primitif ; en ce temps-là, leur propriété, elle aussi, était communiste, et c'est pourquoi ils ne distinguaient presque pas le « mien » du « tien » ; leur conscience était communiste. »
De même dans la société communiste du futur, les hommes lutteront en commun contre la nature sauvage, s'appuieront sur la science pour lutter en commun contre le monde sauvage profondément hostile et qu'il est nécessaire de contrôler pour notre survie.
La conception du monde marxiste n'a rien à voir avec une quelconque morale de compassion ou d'amour de la nature propre à la petite bourgeoisie. Pourquoi la petite bourgeoisie veut de la morale, sa morale abstraite et "universelle" qu'elle croit au-dessus de la société et de l'homme ? Mais parce que la bourgeoisie (petite ou grande), s'imagine elle-même au-dessus des antagonismes de classe, de l'histoire, au-dessus des luttes. Elle ne cherche pas la lutte de classes mais la paix, la collaboration de classe, l'harmonie entre les classes, l'harmonie entre le maître et l'esclave, entre l'exploiteur et l'exploité, la compassion entre le bourgeois et le prolétaire. Et pour justifier que l'esclave et le maître esclavagiste collaborent main dans la main, elle doit exploiter (mais le plus généralement inventer de tout pièce) des intérêts communs, des menaces communes : le terrorisme qui exigerait "l'unité nationale" (je suis charlie, etc.), la menace de "destruction de la planète" (écologie, etc.), des "menaces fascistes" imaginaires (tandis qu'ils soutiennent par contre les véritables fascistes), et ansi de suite. Marx remarquait déjà à son époque que « La classe dominante est davantage contrainte à présenter ses intérêts comme étant l'intérêt de tous les membres de la société. »
Les communistes ont un point de vue radicalement différent. « Notre morale, disait Lénine, est entièrement subordonnée aux intérêts de la lutte de classe du prolétariat. Notre morale a pour point de départ les intérêts de la lutte de classe du prolétariat. [...] Voilà pourquoi nous disons : la moralité considérée en dehors de la société humaine n’existe pas pour nous ; c’est un mensonge. La moralité pour nous est subordonnée aux intérêts de la lutte de classe du prolétariat. [...] Nous disons : est moral ce qui contribue à la destruction de l’ancienne société d’exploiteurs et au rassemblement de tous les travailleurs autour du prolétariat en train de créer la nouvelle société, la société communiste. »
Que les choses soient bien claires sur un point, l'écologie est l'exact inverse du marxisme. L'écologie est un ennemi du marxisme, et les écologistes sont les premiers ennemis du marxisme. L'écologie est une idéologie fasciste, conservatrice, bourgeoise, et en définitive il suffit de voir qui finance ces théories, et quels intérêts elles servent pour se faire une idée à peu près juste de leur valeur "scientifique".
Voilà pourquoi la décision de Donald Trump de faire voler en éclat l'hypocrite "accord sur le climat" est une très bonne chose et il est tout à fait logique qu'il ait en cela le soutien de la classe ouvrière américaine, totalement décimée par les délocalisation à cause des normes environnementales (normes qui ne sont qu'un prétexte à l'impérialisme comme je l'ai expliqué). Les ouvriers américains n'ont rien de "beaufs" imbéciles qui sont inconscients du problème écologique. Ils n'en ont rien à faire de la planète parce que cette planète n'est pas la leur mais celle des oligarchies impérialistes. Ce qui les intéresse, c'est d'avoir un travail et que les usines ne partent pas à l'étranger.
Dans les faits, les écologistes exagèrent largement la prétendue "destruction de la nature" par l'homme. Deuxièmement l'homme fait lui aussi partie de cette nature. Il ne viendrait pas à l'idée de quiconque de regarder une fourmillière ou une ruche et de se dire : "ça n'est pas naturel". Nos villes, nos buildings, nos routes, internet, tout ça fait aussi partie de la nature, tout comme les fourmillières et les ruches, et l'homme aussi est un animal.
La classe dominante essaye d'enterrer la lutte de classes par l'écologie en pointant un prétendu "intérêt commun" entre l'oligarchie et ses esclaves. C'est un nouveau prétexte à la collaboration de classe, une nouvelle forme "d'unité nationale" ou internationale entre les exploiteurs et les exploités qu'ils veulent instaurer. "Voyez, on est tous sur le même bateau", qu'ils disent, "c'est notre planète à tous" qu'ils racontent. Mais non. Au fond, ce monde n'est pas à nous, cette planète peut bien crever de part en part, cela ne nous concerne pas. Ce monde est celui de l'oligarchie, c'est sa propriété, et c'est nous-même qui la mettrons à feu et à sang s'il le faut pour le lui arracher. Nous n'avons que faire des animaux en voie d'extinction, de ces belles forêts et de toute cette vie qui est logée dans leur jardin, c'est à dire la prison qu'ils ont fait de cette planète. C'est une gigantesque réserve d'esclaves à ciel ouvert, et ils souhaitent en faire un musée afin que plus rien ne change dans leur paradis idéal. Au fond ils souhaitent que nous abandonnions notre haine contre cette société en nous tenant tous la main au nom de l'écologie. Mais cette planète n'est pas "notre planète", c'est leur domaine, et c'est notre prison, notre enfer sur Terre, que nous devrons démolir sans aucun état d'âme.
Lorsque le socialisme sera appliqué en France (ça pourrait arriver dans un certain temps), alors il faudra immédiatement refaire venir toute l'industrie en France, parce qu'il est impossible de faire le socialisme dans un seul pays et de résister ensuite à l'impérialisme sans être absolument libre et indépendant des pays impéralistes. Le socialisme et le communisme qui suivra n'a rien à voir avec l'écologie. La démocratie réelle signifiera que l'humanité ne formera plus qu'un seul camp sans classe exploiteuse qui nous permettra de lutter contre les éléments de la nature sauvage et non de vivre en "harmonie" avec la nature. Nous ne protégerons la nature sauvage que lorsque cela notre intérêt, que lorsque nous en serons les propriétaires. Il n'y a pas une gentille écologie et une méchante écologie. Toute l'écologisme dans son ensemble est un courant récationnaire bon à jeter aux ordures. A l'heure actuelle nous ne souhaitons rien préserver ni protéger mais bien au contraire détruire et démolir. Quiconque n'a pas compris cela n'a défintiviement rien compris au marxisme.
L'inévitable retour du terrorisme "d'extrême gauche" et la position des marxistes sur le terrorisme - 28 mai 2017
Quand on parle de terrorisme, on entend à l'heure actuelle parler du terrorisme islamiste. En europe, les attentats qui fleurissent chaque fois à quelques mois des élections ici ou là sont devenues monnaie courante, à tel point qu'il devient aisé d'en prédire le calendrier. Les manipulations dissimulées derrière ces attentats et la prétendue guerre contre le terrorisme ne sont pas le sujet de ce texte. Il y a en revanche un sujet qu'il convient d'étudier, bien que peu de gens aient une conscience assez claire du futur pour en saisir l'importance à l'heure actuelle, c'est celui du terrorisme "d'extrême gauche".
A l'époque de Lénine déjà, la question du terrorisme se posait, aussi bien en Russie qu'ailleurs en Europe. Divers mouvements révolutionnaires socialistes ou libéraux, mais généralement anarchistes, avaient opté pour les méthodes d'action terroriste.
Le mot "terrorisme" lui-même manque de clarté en général. Le terrorisme n'est ni une idéologie ni un but en soi, mais une méthode d'action. De nombreux mouvements à de nombreuses époques ont utilisé ces méthodes, pour des objectifs bien différents et sans aucun rapport. Les premiers terroristes véritables à avoir employé cette méthode de façon massive sont la secte chiite des assassins au moyen-âge. Face aux armées sunnites en large supériorité numérique, les assassins avaient opté pour des méthodes de combat différentes. Ils décimaient les chefs adverses et semaient la terreur dans les rangs ennemis par des éliminations ciblées. On le voit, le terrorisme n'a rien d'une idéologie, il s'agit d'une doctrine de guerre, au même titre que les batailles rangées, la guerrilla, et ainsi de suite.
La position des bolcheviques vis à vis du terrorisme a toujours été un rejet de ces méthodes d'action pour lutter sous la domination de la bourgeoisie. Non pour des raisons de "morale", mais pour des raisons d'efficacité. Le grand frère de Lénine a d'ailleurs été exécuté pour avoir participé à une conspiration visant à assassiner le tsar, ce qui explique sans doute en partie la condmnation du terrorisme par Lénine.
On peut distinguer plusieurs terrorismes. Le terrorisme que les bolcheviques condamnaient est le terrorisme dans la période qui précède la révolution : les attentats, les actes de violence individuelle, les assassinats, etc. L'autre forme de terrorisme, la Terreur, est la terreur d'état, sujet sur lequel nous reviendrons plus tard.
Ainsi Lénine écrivait en 1905 : « L'expérience fournie par toute l'histoire du mouvement révolutionnaire russe [...] nous met en garde contre l'emploi de la terreur comme méthode de combat. [...] On a beau nous parler du rôle de la terreur, non pas à la place du mouvement populaire, mais conjointement à lui, les faits témoignent, de façon irréfutable, que chez nous les assassinats politiques individuels n'ont rien de commun avec les actes de violence d'une révolution populaire. Dans la société capitaliste, le seul mouvement de masses possible est celui de la classe ouvrière. Il se développe en Russie selon ses lois propres, il suit son chemin, gagnant constamment en profondeur et en largeur, passant une accalmie temporaire à un nouvel essor. La vague libérale, seule, s'élève et retombe selon l'humeur des divers ministres dont la succession est hâtée par les bombes. Rien d'étonnant, par conséquent, si nous rencontrons souvent de la sympathie pour la terreur dans la fraction radicale (ou radicalisante) de l'opposition bourgeoise. Rien d'étonnant si, parmi les intellectuels révolutionnaires, les plus emballés pour la terreur (de façon durable ou passagère) sont justement ceux qui ne croient pas à la vitalité et à la force du prolétariat et de sa lutte de classe. »
Pour les bolcheviques, la méthode d'action devait être l'action de larges masses et non une entreprise de conspiration. Pourquoi ? Mais parce que les objectifs mêmes de la révolution socialiste ne peuvent être atteints par un groupuscule terroriste. Les objectifs de la révolution socialiste nécessitent que les larges masses se saisissent de leur destin, participent à la destruction de l'ancienne société et à la construction de la nouvelle.
Pour Lénine, la définition du terrorisme ne se limitait pas aux actes de violence individuels. La notion de terrorisme englobe des méthodes bien plus larges que l'attentat ou l'acte isolé individuel. Lénine faisait un parallèle entre le terrorisme et l'économisme. Dans son livre Que faire ?, l'un des chapitres est même intitulé : "ce qu'il y a de commun entre l'économisme et le terrorisme". Les "économistes" de l'époque sont un courant socialiste qui réduisait toute l'activité politique à la lutte économique des ouvriers en vue d'améliorer le niveau de vie. Les "économistes" sont l'équivalent actuel des anarcho-syndicalistes, ou réformistes en tout genre. Lénine écrit dans ce chapitre : « Economistes et terroristes d'aujourd'hui ont une racine commune, savoir ce culte de la spontanéité dont nous avons parlé au chapitre précédent comme d'un phénomène général, et dont nous allons examiner l'influence sur l'action et la lutte politiques. Au premier abord, notre affirmation peut paraître paradoxale, si grande semble la différence entre ceux qui mettent au premier plan la "lutte obscure, quotidienne” et ceux qui préconisent la lutte exigeant le plus d'abnégation, la lutte de l'individu isolé. Mais ce n'est nullement un paradoxe. Economistes et terroristes s'inclinent devant deux pôles opposés de la tendance spontanée : les économistes devant la spontanéité du "mouvement ouvrier pur”, les terroristes devant la spontanéité de l'indignation la plus ardente d'intellectuels qui ne savent pas ou ne peuvent pas lier en un tout le travail révolutionnaire et le mouvement ouvrier. Il est difficile en effet à ceux qui ont perdu la foi en cette possibilité ou qui n'y ont jamais cru, de trouver une autre issue que le terrorisme à leur indignation et à leur énergie révolutionnaire. »
Ce que Lénine explique, c'est le lien entre réformisme et terrorisme, le renforcement réciproque de ces deux aberrations. Pour expliquer un autre aspect de ce problème, il est évident que le réformisme contient en lui-même les germes du terrorisme. Le but étant de chercher à "faire peur" à la bourgeoisie, afin que celle-ci concède une amélioration des conditions d'existence de ses esclaves.
Lénine poursuit : « La Svoboda [note : groupe révolutionnaire terroriste "socialiste"] préconise le terrorisme comme moyen d'“exciter” le mouvement ouvrier, de lui donner “une vigoureuse impulsion”. Il serait difficile d'imaginer une argumentation se réfutant elle-même avec plus d'évidence ! On se demande : y a-t-il donc si peu de ces faits scandaleux dans la vie russe qu'il faille inventer des moyens d'“excitation” spéciaux ? D'autre part, Il est évident que ceux qui ne sont pas excités ni excitables même par l'arbitraire russe, observeront également, “en se fourrant les doigts dans le nez”, le duel du gouvernement avec une poignée de terroristes. »
Cela n'est pas sans rappeler l'action de groupes tels que "fraction armée rouge". Dans le cas particulier de la France, le terrorisme était d'autant plus inévitable que les larges couches ouvrières étaient (et sont encore en partie) massivement embourgeoisées, et donc insensible au discours révolutionnaire socialiste. L'incapacité de ces révolutionnaires "socialistes" à comprendre la nécessité de conditions objectives pour l'existence d'un mouvement révolutionnaire les poussa directement dans les bras des actions armées terroristes, sans le moindre résultat.
Dans son livre, La maladie infantile du communisme (le "gauchisme"), Lénine notait ainsi : « Le petit bourgeois, "pris de rage" devant les horreurs du capitalisme, est un phénomène social propre, comme l'anarchisme, à tous les pays capitalistes. L'instabilité de ce révolutionnarisme, sa stérilité, la propriété qu'il a de se changer rapidement en soumission, en apathie, en vaine fantaisie, et même en engouement "enragé" pour telle ou telle tendance bourgeoise "à la mode", tout cela est de notoriété publique. [...] L'anarchisme a été souvent une sorte de châtiment pour les déviations opportunistes du mouvement ouvrier. Ces deux aberrations se complétaient mutuellement. »
Par opposition à ces méthodes terroristes sous la domination de la bourgeoisie, les bolcheviques opposaient la Terreur, une terreur d'état, sur le modèle de Robespierre après la révolution française. Ainsi Engels avait mis en lumière le fait que la Terreur de Robespierre était en fait déjà une première expérience (mais courte et peu avancée) de dictature du prolétariat : « Déjà dans ses lettres de Genève, Saint-Simon pose le principe que « tous les hommes travailleront ». Dans le même ouvrage, il sait déjà que la Terreur a été la domination des masses non possédantes. [...] Or, concevoir la Révolution française comme une lutte de classes, et qui plus est non seulement entre la noblesse et la bourgeoisie, mais entre la noblesse, la bourgeoisie et les non possédants était, en 1802, une découverte des plus géniales. »
En 1905, Lénine faisait l'éloge du "jacobinisme" en terme de méthode de terreur d'état. Pour lui, la révolution socialiste devait s'inspirer de ces méthodes de terreur d'état : « Si la révolution arrive à une victoire décisive, nous réglerons son compte au tsarisme, à la manière jacobine ou, si vous préférez, à la plébéienne. »
En 1917, Il explicitait son point de vue plus en détail :
« Les historiens de la bourgeoisie voient dans le jacobinisme une déchéance (« verser dans »). Les historiens du prolétariat voient dans le jacobinisme l'un des points culminants les plus élevés atteints par une classe opprimée dans la lutte pour son émancipation. Les Jacobins ont donné à la France les meilleurs exemples de révolution démocratique et de riposte à la coalition des monarques contre la république. Il ne pouvait être question pour eux de remporter une victoire complète, surtout parce que la France du XVIIIe siècle était entourée sur le continent de pays trop arriérés et parce qu'en France même les bases matérielles du socialisme, les banques, les syndicats capitalistes, l'industrie mécanique, les chemins de fer faisaient défaut.
Le « jacobinisme » en Europe ou à la frontière de l'Europe et de l'Asie, au XXe siècle, serait la domination de la classe révolutionnaire, du prolétariat, qui, épaulé par la paysannerie pauvre et mettant à profit les conditions matérielles existantes favorables pour marcher au socialisme, pourrait non seulement apporter tout ce que les Jacobins du XVIIIe siècle apportèrent de grand, d'indestructible, d'inoubliable, mais amener aussi dans le monde entier la victoire durable des travailleurs.
Le propre de la bourgeoisie est d'exécrer le jacobinisme. Le propre de la petite bourgeoisie est de le craindre. Les ouvriers et les travailleurs conscients croient au passage du pouvoir à la classe révolutionnaire, opprimée, car c'est là le fond du jacobinisme, la seule issue à la crise, la seule façon d'en finir avec le marasme et la guerre. »
En clair, les bolcheviques condamnaient le terrorisme individuel et isolé, dans la période qui précédait la révolution. Les attentats, assassinats, actes individuels n'avaient pas la moindre chance ni de déstabiliser l'ordre bourgeois, ni même de permettre de faire avancer le socialisme. En réalité ils étaient davantage même destinés à faire du chantage opportuniste et réformiste vis à vis de la bourgeoisie. Les bolcheviques appelaient de leur voeu non des actes isolés mais un mouvement politique entraînant de larges masses pour qu'elles puissent organiser la dictature du prolétariat, avec des méthodes de terreur d'état à la suite de la révolution. Telle était la conception des marxistes sur le terrorisme à l'époque de Lénine.
La raison pour laquelle le terrorisme "d'extrême gauche" va revenir inévitablement, c'est la faillite complète du réformisme (syndicats opportunistes, CGT, et ainsi de suite). Le recul sur les "acquis sociaux" et le désembourgeoisement du peuple français est tout à fait inévitable.
C'est pourquoi nous avons devant nous deux possibilités :
- ou bien les syndicats comme la CGT se mobilisent comme l'année dernière pour bloquer le pays contre la réforme du droit du travail de Macron, avec à la clé des manifestations mais finalement rien n'en ressortira, et dans ce cas là l'extrême-gauche engagera des actions terroristes (contre la police ou des lieux symboliques du patronat et du gouvernement),
- ou bien les "partenaires sociaux" acceptent une réforme qu'ils auraient au préalable renégociée pour y intégrer des "volets sociaux". Auquel cas cette trahison des syndicats opportunistes renforcera les initiatives d'extrême-gauche dans des actions terroristes.
Dans les deux cas, ces actions auront pour conséquence évidemment, ni la chute du gouvernement, ni la révolution, mais un renforcement de l'appareil répressif dans le cadre de "l'état d'urgence" (dont on comprend maintenant pourquoi celui-ci sera renouvelé après le mois de juillet dans ce contexte social).
A l'heure actuelle, de nombreuses actions légales seront peut-être illégales demain. Il est difficile d'évaluer l'impact du terrorisme "d'extrême gauche" sur le mouvement révolutionnaire marxiste, mais il ne peut être que mauvais.
L'état d'esprit du petit bourgeois en France est celui du désespoir, face à une marche du monde qui le condamne. « L'anarchisme, disait Lénine, est la conséquence du désespoir. Mentalité de l'intellectuel à la dérive ou du va-nu-pieds, mais non du prolétaire. [...] Dans l'histoire récente de l'Europe, quel résultat a donné l'anarchisme qui régnait auparavant dans les pays latins ? Aucune doctrine, aucun enseignement révolutionnaire, aucune théorie. Morcellement du mouvement ouvrier. Fiasco complet des expériences de mouvement révolutionnaire. »
Si l'on examine la cohérence de ces mouvements d'extrême-gauche, on sent poindre l'absence de sérieux assez rapidement. Ainsi les mouvements dits "antifa" ("anti-fascistes") n'ont eu aucun scrupule à laisser élire le fasciste Macron. Ces groupes, comme d'autres mouvements anarchistes, mais également jusqu'aux hommes politiques tels que Mélenchon, sont définitivement discrédités pour avoir laissé élire Macron face à Le Pen, alors-même que le programme social de Le Pen ne contenait pas la réforme Macron sur laquelle ils vont s'agiter. Autrement dit ceux qui ont voté Macron ou qui ne s'y sont pas opposés méritent clairement ce qui arrive et n'ont aucune légitimité pour prendre le leadership de l'opposition. En partuclier Mélenchon sera sans doute la prochaine opposition contrôlée, nouveau semeur d'illusions "de gauche".
Tout comme il est nécessaire aujourd'hui de dénoncer et combattre ces tendances réformistes et terroristes, Lénine avait en son temps sougliné la différence entre "économistes" et marxistes : « Quelle était donc la source de nos divergences ? Mais justement que les économistes dévient constamment du social-démocratisme vers le trade-unionisme dans les tâches d'organisation comme dans les tâches politiques. La lutte politique de la social-démocratie est beaucoup plus large et plus complexe que la lutte économique des ouvriers contre le patronat et le gouvernement. »
En ces temps de lente émergence des conditions objectives de la révolution, le travail des révolutionnaires marxistes doit être un travail théorique. Il faut être attentif à la formation des cadres, à l'élévation du niveau théorique de l'avant-garde marxiste. A ce sujet je renvoie à ce texte sur la tâche de l'avant-garde marxiste dans la révolution : http://www.proletaire.altervista.org/recherche%20marxisme/textes/A/avant_garde.php
L'heure n'est évidemment ni à aller "tout casser", ni à s'embarquer dans des actes individuels (ou en petits groupes) terroristes, aussi inefficaces que dangereux pour l'avenir du mouvement révolutionnaire marxiste en France. Les communistes sérieux et un peu formés doivent être attentifs à la situation actuelle de la France. Ils ne faut pas perdre de vue le travail sérieux à mener, en dépit des tendances opportunistes et terroristes de l'extrême gauche, propres à donner l'illusion d'une consistance, alors qu'il n'y a rien au bout de chemin. La formation d'une avant-garde marxiste solide théoriquement reste la priorité absolue en France aussi bien que dans d'autres pays d'europe, et ce en dépit de tous les évènements sociaux et économiques majeurs qui viendront secouer le monde, et dont nous aurons l'occasion de reparler.
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Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.
Vive la révolution marxiste du prolétariat !
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