On parle souvent de science, mais qui sait ce qu'est la démarche scientifique ?
La science s'appuie en fait sur le matérialisme.
L'objet de la science, c'est de comprendre le monde. Ce monde n'est pas un amas de choses incompréhensibles, on peut le connaître. La question de la science, c'est la vérité, la recherche de la vérité.
Il existe un certain nombres de lois objectives. Ces lois existent indépendamment de nous. Le but de la science est de découvrir ces lois.
Il y a ce qu'on appelle la démarche scientifique. Science signifie savoir en latin, c'est donc la connaissance. Cette démarche est la théorie matérialiste de la connaissance.
On utilise la démarche scientifique :
Ce schémas issu de wikipédia découle en fait de la théorie matérialiste de la connaissance. Toute théorie scientifique repose sur la validité de cette démarche, qui elle-même consiste à reconnaître l'existence de la réalité comme processus matériel ne nécessitant pas de conscience pour exister. Notre conscience n'étant qu'un certain reflet de la réalité. Autrement dit la démarche scientifique n'est qu'une autre façon de désigner la théorie matérialiste de la connaissance. Celle-ci n'a rien de neutre puisqu'elle écarte d'emblée les théories idéalistes, religieuses, subjectivistes, etc. ainsi que leurs théories de la connaissance qui viennent donc en contradiction avec les présupposés de la science. Mais contrairement aux présupposés des théories idéalistes, les présupposés de la science ne sont pas de simples affirmation mais nous viennent sans cesse de la réalité elle-même, qui nous prouve chaque jour et de manière répétée que le monde existe bien, qu'il suit un cours compréhensible, etc.
1- De la théorie à la prédiction : l'élaboration d'une théorie scientifique consiste simplement à tenter de fournir une représentation la plus juste possible de la réalité ou d'une partie de la réalité. Le passage à la prédiction en revanche, bien que pas forcément nécessaire, est souvent décisif pour savoir quelle observation viendra confirmer ou informer la théorie. Faire des prédictions n'est donc pas un jeu de pari mais un élément central de la démarche scientifique. Donc on doit passer par une phase de prédiction avant l'observation dès qu'on s'intéresse à des théories complexes. Mais une théorie n'autorise pas n'importe quelle prédiction, c'est là très important. La prédiction elle-même doit elle-même s'appuyer sur des connaissances antérieures établies scientifiquement, sur leur enchaînement logique, la logique n'étant elle-même qu'un condensat et un aggrégat de connaissances qui nous viennent de la réalité, et qui ne sont valides que parce qu'elles nous viennent de la réalité. Les vérités telles que 1 + 1 = 2 ou les règles logiques élémentaires qui nous permettent de passer de la théorie à la prédiction, sont elles-mêmes des connaissances venant de la réalité. (c'est d'ailleurs à ce sujet que bien des branches des mathématiques s'écartent de la science et sombrent dans la religion) Bref, c'est en combinant la théorie et les connaissances déjà acquises, qu'on obtient une prédiction. Si on oublie de s'appuyer sur les connaissances déjà acquises, alors la prédiction n'a aucune valeur scientifique, car cela ne consiste qu'en une simple corrélation entre une théorie et une prédiction séparées l'une de l'autre. Dans ce cas une telle prédiction n'aurait rien de scientifique.
2- De la prédiction à l'expérience : le but de la prédiction est simplement de faire en sorte que la théorie ait une prise avec la réalité, afin de pouvoir confronter le modèle et l'observation de la réalité. Ces prises, ces contacts, doivent être établis au cours d'une expérience. L'expérience n'est pas toujours nécessaire car parfois l'observation peut se faire directement. En revanche parfois le phénomène à observer nécessite des conditions réglées à l'avance. La manipulation permet alors de réaliser l'observation souhaitée. L'expérience n'est pas arbitraire, elle doit permettre de tester la théorie en confrontant la prédiction qui en découle et l'observation. Elle est donc un intermédiaire.
3- De l'expérience à l'observation : s'il est établi qu'une expérience est nécessaire pour réaliser les observations, l'expérience doit être mise en oeuvre en suivant un protocole établi à l'avance dans la partie précédente. L'expérience débouche ensuite sur l'observation, c'est à dire sur la récolte de mesures, cette récolte est elle aussi réglée à l'avance.
4- De l'observation à la théorie : cette étape clé, l'observation, s'appelle le critère de la pratique. C'est en confrontant l'observation faite et la prédiction issue de la théorie que l'on peut établir ou non validité de la théorie. Le critère de la pratique tranche la vérité de la théorie. C'est une étape clé du processus scientifique, car sans ce critère de la pratique, de l'observation, il n'y a aucune vérité scientifique possible. Si on prend par exemple certaines interprétations actuelles de la physique quantique, elles affirment que l'observation crée la réalité. Cette théorie (idéaliste subjective) remet en question toute la démarche scientifique et n'est donc pas scientifique. Une science qui aboutirait à contredire les présupposés de la science s'appelle le charlatanisme. En aucune façon la science ne peut confirmer ou infirmer ses propres présupposés, puisque ceux-ci sont d'ordre philosophiques (en fait pratiques), donc d'une certaine forme de "croyance". Bien qu'on l'occurrence la "croyance" des scientifique consiste à "croire" dans la réalité objective de l'existence d'un monde entièrement matériel et compréhensible, or cela nous en avons la preuve répétée à chaque instant.
Ce cycle de la connaissance se répète et les connaissances acquises peuvent servir à élaborer de nouvelles théories. Si certaines connaissances qui servent de base aux théories suivantes s'avéraient être fausses, c'est à dire non scientifiquement établies, on obtiendrait tôt ou tard une erreur dans la théorie (qui ne pourrait alors plus être qualifiée de scientifique). Si cela ce produit alors une telle "science" conduit à des erreurs séculaires, à des crises, à des bulles et à des effondrements. De même tout erreur dans l'une de ces étapes ou dans leur ordre d'enchaînement aboutit à des théories non scientifiques.
Toute vérité scientifique suppose que cette démarche scientifique est vraie. Or précisément la science ne peut pas démontrer que la démarche scientifique est vraie ou fausse. Ce serait comme demander à "dieu" s'il existe. C'est donc une affaire de "croyance", sachant que "croire" en la démarche scientifique signifie "croire" que le monde existe objectivement et suit des lois objectives dont on peut approcher la compréhension et la connaissance. Or cette "croyance" elle-même n'a rien d'une croyance comparable à celle des religions. Cette "croyance" est bien plus une connaissance qui nous est prouvée en permanence par la pratique. La science s'appuie donc en fait et en définitive sur la pratique. Cela semble anodin mais les théories telles que le hasard, dieu, le libre arbitre, contreviennent à la démarche scientifique. Certes la science ne peut pas invalider ces théories (puisqu'on ne peut pas l'observer), mais ces théories elles-mêmes n'ont rien de scientifiques puisqu'elles sont en contradiction avec les présupposés philosophiques (matérialistes) de la démarche scientifique, qui eux-même découlent de nos convictions issues de la pratique. Donc la science ne peut pas démontrer que dieu, le hasard et le libre arbitre n'existent pas, elle part du principe qu'ils n'existent pas !
Karl Marx a dit : « La question de savoir s'il y a lieu de reconnaître à la pensée humaine une vérité objective n'est pas une question théorique, mais une question pratique. C'est dans la pratique qu'il faut que l'homme prouve la vérité, c'est-à-dire la réalité, et la puissance de sa pensée, dans ce monde et pour notre temps. »
En science, la "pratique" a donc un tout autre sens que le sens qu'on lui attribue en général. Par exemple en astronomie, la pratique ne signifie pas forcément aller soi-même dans l'espace ! La pratique, en science, c'est l'observation.
Le critère de la pratique est très important, car c'est ce qui différencie la science de la pensée magique, le matérialisme de l'idéalisme.
En effet, le matérialisme affirme que le monde peut très bien exister indépendamment de nos sensations, indépendamment de notre existence en tant qu'observateur. Pour être exact, le monde existe même si personne ne le regarde, existait avant l'apparition d'observateurs et continuera d'exister même s'il n'y a plus d'observateur.
Lénine dit : « Pour le matérialiste le « succès » de la pratique humaine démontre la concordance de nos représentations avec la nature objective des choses perçues. »
Pour les matérialistes toutefois, la connaissance ne peut jamais être parfaite à 100%. Forcément nous avons des sens qui nous donnent un reflet de la réalité, mais pas un reflet parfait. Nos idées qui en découlent, nos théories, etc. ne peuvent donc que se rapprocher petit à petit de la connaissance parfaite du monde, sans jamais l'atteindre totalement.
Lénine dit : « Le point de vue de la vie, de la pratique, doit être le point de vue premier, fondamental de la théorie de la connaissance. Ecartant de son chemin les élucubrations interminables de la scolastique professorale, il mène infailliblement au matérialisme. Il ne faut certes pas oublier que le critère de la pratique ne peut, au fond, jamais confirmer ou réfuter complètement une représentation humaine, quelle qu'elle soit. Ce critère est de même assez « vague » pour ne pas permettre aux connaissances de l'homme à se changer en un « absolu » ; d'autre part, il est assez déterminé pour permettre une lutte implacable contre toutes les variétés de l'idéalisme et de l'agnosticisme. Si ce que confirme notre pratique est une vérité objective unique, finale, il en découle que la seule voie conduisant à cette vérité est celle de la science fondée sur la conception matérialiste. »
Il existe deux erreurs anti-scientifiques donc anti-matérialistes.
L'idéalisme subjectif et l'idéalisme objectif.
L'idéalisme subjectif, ou positivisme, empirisme, subjectivisme, consiste à refuser toute théorie scientifique. Le subjectivisme affirme en fait que la seule réalité est la conscience de l'observateur, voire même que la réalité n'existe pas en dehors de la conscience de l'observateur. Dès lors il semble impossible d'élaborer une quelconque théorie et tout cela mène à l'agnosticisme, au relativisme, etc. Sa "théorie de la connaissance" est surtout une théorie de l'ignorance et de l'impossibilité de connaître le monde, c'est donc une forme d'obscurantisme.
L'idéalisme objectif, par exemple rationnalisme cartésien, ou la religion pythagoricienne des nombres, consiste à croire qu'il existe au-dessus de la réalité des concepts tels que le "logos" (la logique), la "raison", les nombres, les mathématiques, etc. et ils s'imaginent ainsi construire des système qui volent au-dessus de la réalité, sans aucune prise avec la réalité (l'observation). En isolant les concepts de la réalité, en les faisant se mouvoir de façon "autonome", les idéalistes objectifs s'inventent ainsi un monde rassurant de purs concept scolastiques et logiques bien à l'abri de la confrontation au réel. Ils prétendent en fait que seul leur logos est la réalité et que le monde n'existe pas.
On conçoit d'ailleurs aisément les ponts possibles entre ces deux "erreurs" de la philosophie (en réalité ces "erreurs" sont surtout des armes de soumission idéologique).
La théorie matérialiste de la connaissance, ou démarche scientifique, consiste simplement à affirmer que toute théorie scientifique est une représentation du monde, et que le critère de la vérité de cette représentation est en définitive l'observation, la confrontation au réel. Lénine disait par exemple que toute vérité est concrète.
Une bonne métaphore pour comprendre la science consiste à considérer le scientifique comme un peintre qui essaye de dessiner sur sa toile un paysage. Son oeil va sans cesse du paysage à la toile. Et son dessin n'est vrai que s'il représente bien le paysage. On comprend dès lors que la vérité scientifique, la vérité objective n'est pas binaire "vrai / faux" mais plutôt une multitude de degrés entre le vrai et le faux. Par exemple notre peintre sera d'autant plus proche du vrai que son dessin sera ressemblant. Et même si son dessin n'est jamais à 100% exact on peut considérer qu'entre un gribouilli et une image fidèle il y a une différence de degré de vérité. Et donc il faut considérer que l'image fidèle est plus proche de 100% (par exemple 80%) et le gribouilli plus proche de 0% (par exemple 5%). On ne peut bien sur jamais atteindre 100%, car l'objet est en mouvement, il faut donc perfectionner sans cesse la science.
Si on file la métaphore, on peut dire alors que l'idéaliste subjectif s'imagine que le paysage n'existe que dans sa tête. L'idéaliste objectif s'imagine que ce qu'il a peint sur la toile ne nécessitait pas de voir le paysage car l'image qu'il a faite existerait en fait déjà au-dessus du monde.
On voit bien que seule la démarche scientifique est réellement... scientifique. Et par exemple toute théorie "scientifique" qui s'appuie en fait sur d'autres présupposés philosophiques que le matérialisme aboutit nécessairement à autre chose que la science. Ainsi les interprétations subjectivistes de la physiques quantique (où l'observateur crée la réalité), ou encore le big bang, etc. ne sont pas des théories scientifiques car ce qu'elles supposent va à l'encontre de la démarche scientifique.
La connaissance des lois objectives qui régissent le monde permet de transformer la réalité. Mais le simple fait de connaître ces lois objectives de la nature, par exemple de la société, ne supprime pas leur existence. Ces lois existent indépendamment de la conscience que nous en avons. Nous les découvrons, les utilisons ensuite par exemple pour contrer leurs effets ou les mettre à profit, mais elles continuent là encore de s'exercer, elles ne sont nullement abolies. On ne décrète ni ne supprime des lois scientifique, car les lois scientifiques n'ont rien de commun avec les lois législatives... Les lois scientifiques ne sont pas le produit de la volonté humaine. Tout au plus nous pouvons nous aider de la science pour découvrir l'existence de ces lois, leur champ d'application dans l'espace et dans le temps afin de nous en servir. Telle est la conception scientifique de la liberté humaine, c'est à dire une liberté qui n'échappe à aucun moment au déterminisme, car nous sommes absolument déterminés lorsque nous découvrons certaines ficelles qui déterminent le cours de l'univers et de nos vies. Pour être précis, la liberté au sens marxiste et matérialiste signifie que, bien que le monde suive un cours absolument déterminé, nous pouvons avoir une conscience relative de ces déterminismes, c'est à dire une conscience de déterminismes relatifs (lois scientifiques), que nous pouvons utiliser dans notre propre intérêt. Il est bien sur impossible d'atteindre une parfaite connaissance, la science fournit sans cesse une connaissance relative, une partie d'absolu. La connaissance totale et absolue du déterminisme universel (expérience de Laplace) est impossible mais c'est in fine vers cela que tend la connaissance scientifique, de vérités relatives en vérités relatives, sans toutefois jamais l'atteindre.
Informations sur ce site
Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.
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