Le capitalisme actuel est au stade impérialiste, cela signifie que les monopoles industriels et financiers ont fusionné pour donner un capitalisme oligarchique où une poignée de grands capitalistes dirigent de véritables empires financiers. Pourtant le système financier et bancaire s'est développé avant ce stade, de façon embryonnaire, en même temps que le capitalisme lui-même. Nous allons donc montrer rapidement quelques exemples historiques qui ont amené au système bancaire tel qu'il existe aujourd'hui.
Notez d'abord que durant tout le début de cette histoire, la monnaie existante est faite de pièces d'or, d'argent ou de métaux précieux. Les billets n'existent pas encore...
Les embryons de système bancaire semblent avoir existé en Grèce antique et dans l'empire romain, mais de façon marginale et donc peu intéressante.
Le premier système financier moderne a été créé lors des croisades par l'ordre des templiers. Pour financer les croisades, les templiers prêtaient de l'argent aux péllerins européens qui voulaient partir en "terre sainte", il s'agissait d'un prêt hypothécaire, c'est à dire un prêt sur gage sur des biens mobiliers et immobiliers. Leur rôle était en même temps de protéger ces pèllerins. Or on voit bien qu'ils avaient plutôt intérêt à les voir mourir afin de récupérer leurs biens. Ou encore à prêter bien moins que la valeur des biens mis en gage. Enfin grâce à ce système, ils ont pu financer leur organisation militaire et opérer directement leur pillage en "terre sainte", ce qui accrut encore leur capital. Disposant de commanderies partout en Europe et en "terre sainte", ils disposaient donc d'un large réseau, avec le soutien des classes régnantes de l'époque. On sait que les templiers ont même fini par devenir les créanciers des rois, le roi de France par exemple. Ce qui causa leur perte, car être créancier de puissants, c'est se faire des ennemis. Ils furent éliminés, selon la légende, un vendredi 13, par des arrestations massives et l'ordre fut démantelé. L'Eglise de Rome y vit aussi un moyen de remettre la main sur des sommes considérables qui commençaient à lui échapper, et se servit au passage. Ce système a duré entre le 12ème et le 14ème siècle.
En Europe, d'autres embryons de système bancaire étaient apparus. Avec le développement des villes et du commerce (Bruges, Venise, Florence), il fallait pouvoir échanger malgré l'insécurité des routes commerciales (bandits, pillards). Les peuples marchands comme les lombards participèrent à l'élaboration du premier système bancaire international.
C'est au 15ème siècle qu'il apparut en Italie. Il fut d'abord développé autour des changeurs de devises, d'où le nom de "banque", banco en italien, le banc sur lequel s'effectuait l'échange entre monnaies.
L'innovation majeure fut l'invention du compte en banque et de la lettre de crédit. Ce système était utile aux marchands. Grâce à ce réseau bancaire, les marchands pouvaient ouvrir un compte dans une banque, déposer leur or et obtenir en échange un billet leur permettant de revenir chercher leur or. Plutôt que de transporter leur or à travers les routes commerciales, ils pouvaient simplement échanger les lettres de crédit, valables dans les autres banques. Il s'agit tout simplement de l'invention du billet de banque. Une invention similaire eut lieu en Chine. Cette invention est majeure car elle a permis l'essor du commerce mondial.
La première banque du monde fut crée à Sienne, la Monte dei Paschi di Siena, fondée en 1472, et toujours en activité (à ceci près qu'elle est aujourd'hui au bord de la faillite). Les grandes familles comme les Médicis à Florence ont bâti des empires bancaires dans toute l'Europe de l'époque.
Très vite, disposant de sommes énormes à leur disposition dans leurs coffres, les banquiers ont décidé de prêter l'or avec des intérêts. Ce faisant la banque de dépôt se transformait en banque d'usure. Les banques prêtaient notamment à l'Eglise et aux grandes puissances.
Au 16ème siècle, le commerce et la banque se développèrent dans toute l'Europe : Anvers, Toulouse, Amsterdam, etc. Le commerce avec l'Amérique, le développement des bourses et des premières formes de société par action, permettent aux banquiers de s'enrichire toujours plus.
Les premiers problèmes du système bancaire sont vite apparus. En effet si la banque prête l'or des déposants, alors il ne faut pas que ceux-ci réclament leur or, faute de quoi le système s'effondre. Qui plus est, les banques se sont laissées aller à prêter de l'or qu'elles n'avaient pas. En effet, par "prêt", il faut bien comprendre que l'or restait dans les coffres, tandis que la banque ne donnait que des lettres de crédit, qui servaient déjà de monnaie liquide. Autrement dit la banque avait permis la circulation des lettres de crédit, et se trouvait en situation d'utiliser ce pouvoir pour prêter de l'or qui n'existe pas, tout en touchant des intérêts sur ces prêts.
En France, le règne de Louis XIV laissa les comptes publiques dans une situation désastreuse. Son successeur, le régent Philippe d'Orléans, fit appel à John Law pour mettre en place un système de monnaie papier pour remplacer totalement l'or comme monnaie d'échange. En effet, si tout l'or est détenu dans les banques, tandis que le peuple n'utilise que des bouts de papier émis par la banque pour échanger, alors la banque (contrôlée par l'état à l'époque, une sorte de banque centrale), n'avait qu'à émettre des bouts de papier pour régler ses dépenses... Il fallait évidemment une banque au-dessus des banques pour réaliser cette centralisation de la monnaie, d'où le nom plus tard de banque centrale. Evidemment une telle solution magique n'a pas fonctionné. Le roi fit interdire l'utilisation de l'or dans les échanges et obligea le peuple à confier son or en échange de billets Law. Sauf que cette monnaie n'était basée que sur la confiance des gens qu'ils pouvaient avoir de l'or en échange. Or les gens se rendirent vite compte qu'ils ne verraient plus leur or, et la confiance dans la monnaie s'effondra. C'est l'impression de toujours plus de monnaie qui entraina l'hyperinflation. Le système fut abandonné, bien que tenté à nouveau lors de la révolution française (les assignats) pour les mêmes raisons, et échouant pour les mêmes raisons.
Avec le développement des sociétés par actions et de l'industrie, le rôle des banques est devenu majeur. Les problèmes connus auparavant n'ont pas disparu, en effet les banques continuent de prêter de l'argent qu'elles n'ont pas. Avec les crises de surproduction du secteur industriel, l'activité bancaire est elle-même chahutée. Le système des banques centrales inspiré du système Law apparaissent aussi en Angleterre, et aboutit au banking act en 1844. Les banquiers comprirent que pour éviter l'effondrement il fallait imposer des règles (comme posséder au moins un certain pourcentage de l'or qu'on prête, ce qui pourrait faire sourire car cela n'empêche pas aux banques de prêter de l'or qu'elles n'ont pas, juste un peu moins !).
Afin d'améliorer ce système, les banques proposèrent une rémunération afin d'attirer leurs clients. Ainsi les placements bancaires attirent les épargnants, et leurs dépôts sont rémunés grâce au profit que la banque fait sur le taux d'intérêt des crédits.
Jusque là les systèmes inspirés du système Law n'avaient pas intégré la problématique des crises industrielles. Les premières crises du capitalisme sont apparues au début du 19ème siècle en Europe. La question de résoudre ces crises s'est posée pour les banquiers. En effet l'industrie et les banques ne sont pas deux univers séparés hermétiquement. Le capital des entreprises industrielles a fini par être détenu par ceux qui détiennent le capital des banques, et notamment grâce au système des sociétés par actions, de la bourse, grâce au rôle des banques dans le commerce avec les colonies, etc. De ce fait, l'intérêt de la santé de l'industrie est devenu l'intérêt des banquiers. Or l'activité industrielle suit des cycles de crises de surproduction tous les 5-12 ans environ. Et cela se répercute donc directement sur les banques, soit directement parce qu'elles financent l'industrie, soit indirectement parce que le banquier et l'industriel sont en fait la même personne.
Donc en 1913, aux états-unis, est créée la réserve fédérale américaine (fed). Un cartel de plusieurs banques privées intronisées banque centrale. L'innovation de la fed est son rôle supposé, celui de réguler les crises. En prêtant, et notamment aux autres banques, le but de la fed était de permettre à l'économie de résoudre la crise. Comment ? En injectant régulièrement de l'argent pour permettre aux travailleurs de consommer la surproduction structurelle (due à leur exploitation en fait, voir le texte sur la crise). Sauf bien sur que ces gens ne sont pas "primes" (solvables), mais "subprimes" (non solvables). Et donc il faut en plus en permanence injecter plus de liquidités pour permettre à ce système de tenir, sans compter les taux d'intérêts qui alourdissent l'addition (d'où leur empressement de les baisser quand la crise pointe le bout de son nez). Bien sur en aidant les banques à supporter ce système, la fed n'a fait que les précipiter à leur propre perte. Ainsi la crise de 1929 prit des proportions extraordinaires (et le contraire aurait été surprenant). Les crises de surproduction avaient été aplaties, absorbées par le système financier. Finalement le problème ne pouvait plus être caché sous le tapis et cette bombe explosa d'un coup, entraînant la finance mondiale puis l'économie toute entière dans la "Grande Dépression".
Pour résoudre ce problème, dès 1930 fut créée la banque des règlements internationaux, ou BRI, véritable banque centrale des banques centrales. Celle-ci arriva avec les mêmes solutions que la Fed mais à l'échelle mondiale. Cependant il était surtout question de résoudre le problème de 1929 en imposant aux banques des ratios de solvabilité, c'est à dire d'avoir au moins un peu de l'argent qu'elles prêtent. Une régulation inutile mais qui fixe des règles pour ralentir l'accroissement des bulles financières. C'est ce qu'on appelle le système des réserves fractionnaires. Ce genre de régulation n'est pas nouveau (voir paragraphes précédents). En réalité cela n'empêche en rien non seulement les crises industrielles, mais aussi l'absorbtion de ces crises dans des bulles financières qui deviennent alors de gigantesques détonnateurs, renfermant en eux toutes les crises de surproduction accumulées et cachées en elles.
Bien sur le système continua à fonctionner des décennies durant, avec toutefois une innovation majeure, l'apparition des produits dérivés. C'est la banque JP Morgan qui inventa notamment les CDO et CDS, sortes d'assurances partagées, déplaçant le risque sur les détenteurs de produits dérivés et non sur les banques. Or il se trouve que ce sont les banques elles-mêmes qui ont acheté massivement ce genre de produit afin de couvrir leur bilan, aggravant l'interconnexion entre toutes les banques, la faillite de l'une révélant la faillite de toutes les autres. C'est ce qui s'est produit en 2008 avec la faillite de la Lehman Brothers.
Le système bancaire continue actuellement d'utiliser ce système de dettes. Au fur et à mesure que le capitalisme se développe dans un pays, un tel système devient inévitable. Par exemple en Inde actuellement, le peuple est en train de se faire confisquer son or et le système financier moderne se met en place. Le secteur financier et impérialiste s'y constitue pas à pas, comme cela s'est fait en Europe et en Amérique par le passé.
Ce qui est certain c'est que les crises financières (qui ne sont que des crises économiques déplacées) ne sont pas du tout finies, mais qu'au contraire le tsunami de 2008 n'était qu'une explosion évitée de justesse. 250 000 milliards de dollars de dette mondiale, sans compter les millions de milliards de produits dérivés. Non, l'explosion n'a pas encore eu lieu. La crise est devant nous.
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