2017

Version 3.0



marx

Site des prolétaires de fer

La seconde guerre mondiale

Rétablir la vérité historique sur cette guerre et la contribution soviétique


Le but de ce texte est de présenter le point de vue marxiste-léniniste sur la seconde guerre mondiale et de venir à bout de certains préjugés sur cette guerre et sur l'URSS durant le conflit.

Nous parlerons essentiellement du versant européen du conflit, même si l'URSS a également participé à la guerre contre le Japon, en 1938 puis en 1945.

Le premier point à noter est que pour les marxistes-léniniste, la guerre est inévitable à cause de l'impérialisme. Par conséquent la thèse selon laquelle "Staline n'a pas vu venir la guerre" est totalement erronnée.

Lénine expliquait déjà le 18 mars 1919 :

« Sans défendre la république socialiste par les armes, nous ne pouvions pas exister. La classe dominante n'abandonnerait jamais son pouvoir à la classe opprimée. Mais cette dernière devait démontrer dans les faits qu'elle était capable, non seulement de renverser les exploiteurs, mais aussi de s'organiser, de tout mettre en jeu pour se défendre. Nous avons toujours dit: « Il y a guerre et guerre, » Nous avons condamné la guerre impérialiste, nous n'avons pas nié la guerre en général. Ils n'ont rien compris, ceux qui ont essayé de nous accuser de militarisme. Et lorsque, j'ai eu l'occasion de lire le compte rendu de la conférence des jaunes à Berne, où Kautsky a employé cette expression : chez les bolcheviks, ce n'est pas le socialisme, c'est le militarisme, j'ai souri en haussant les épaules. Comme s'il y avait eu dans l'histoire une seule grande révolution que n'ait pas accompagnée la guerre. Bien sûr que non ! Nous ne vivons pas seulement dans un Etat, mais dans un système d'Etats, et l'existence de la République soviétique à coté d'Etats impérialistes est impensable pendant une longue période. En fin de compte, l'un ou l'autre doit l'emporter. Et avant que cette fin arrive, un certain nombre de terribles conflits entre la République soviétique et les Etats bourgeois est inévitable. Cela signifie que la classe dominante, le prolétariat, si seulement il veut dominer et s'il domine en effet, doit en faire la preuve aussi par son organisation militaire. »

Autrement dit les bolcheviques ont toujours sur que la guerre avec les pays capitalistes était inévitable, et la direction bolchevique a tout fait pour préparer le pays à la défense, aussi bien sur le plan économique que militaire.

Le 4 février 1931, c'est à dire 10 ans avant l'attaque allemande, l'économie soviétique était depuis 2 ans engagée dans la planification socialiste. Staline donnait un discours lors de la première conférence des cadres de l'industrie socialiste d'URSS sur les tâches des dirigeants de l'industrie :

« On demande parfois s'il ne serait pas possible de ralentir un peu les rythmes, de retenir le mouvement. Non, ce n'est pas possible, camarades ! Il n'est pas possible de réduire les rythmes ! Au contraire, dans la mesure de nos forces et de nos possibilités, il faut les augmenter. C'est ce que nous imposent nos obligations envers les ouvriers et les paysans de l'U.R.S.S. C'est ce que nous imposent nos obligations envers la classe ouvrière du monde entier. Freiner les rythmes, cela signifie retarder. Mais les retardataires se font battre. Et nous, nous ne voulons pas être battus. [...] Car telle est la loi des exploiteurs : battre les retardataires et les faibles. Loi féroce du capitalisme. Tu es en retard, tu es faible, donc tu as tort, par conséquent l'on peut te battre et t'asservir. Tu es puissant, donc tu as raison, et par conséquent tu es à craindre. Voilà pourquoi il ne nous est plus permis de retarder. Dans le passé, nous n'avions pas et ne pouvions avoir de patrie. Mais maintenant que nous avons renversé le capitalisme et que notre pouvoir est un pouvoir ouvrier, nous avons une patrie et nous défendrons son indépendance. Voulez-vous que notre patrie socialiste soit battue et qu'elle perde son indépendance ? Mais si vous ne le voulez pas, vous devez liquider son retard dans le plus bref délai, et développer de véritables rythmes bolcheviks dans la construction de son économie socialiste. Il n'est point d'autres voies. Voilà pourquoi Lénine disait au moment d'Octobre : « Ou la mort, ou rejoindre et dépasser les pays capitalistes avancés. »

Nous retardons de cinquante à cent ans sur les pays avancés. Nous devons parcourir cette distance en dix ans. Ou nous le ferons, ou nous serons broyés. Voilà ce que nous dictent nos obligations envers les ouvriers et les paysans de l'U.R.S.S.
»

Et effectivement, 10 ans plus tard, l'URSS était confrontée à une nouvelle guerre, dans ce qui allait être le plus grand conflit armé de toute l'histoire de l'humanité.

L'autre critique sur l'URSS concerne les purges de 1937 qui ont touché le parti, l'état, l'armée. On dit souvent que ces purges ont affaibli l'armée rouge, expliquant les premiers revers de 1941. En réalité ces purges massives avaient pour but principal de briser la tentative de coup d'état anti-bolchevique, tentative soutenue largement par les pays impérialistes dans le but de détruire le socialisme et l'URSS. Staline justifiait lui-même les purges :

« On ne saurait admettre qu’il y ait dans l’état-major de la classe ouvrière des sceptiques, des opportunistes, des capitulards et des traîtres. On ne peut considérer comme un hasard le fait que les trotskistes, les boukhariniens et les nationalistes bourgeois sont devenus des agents des services de renseignement étrangers. C’est de l’intérieur que les forteresses s’enlèvent le plus facilement. »

En débarassant l'appareil d'état, du parti et de l'armée des traîtres au service des pays impérialistes, les bolcheviques ont non pas affaibli, mais renforcé l'URSS. A court terme l'URSS était temporairement en manque de cadres et d'officiers formés. Mais à long terme, l'URSS sortait renforcée et raffermie.

Tel fut en tout cas, et finalement, le point de vue de Joseph Goebbels, lorsqu'il écrivait dans son journal le 8 mai 1943 :

« Le Führer explique encore une fois le cas Toukhatchevski et exprime l'opinion que nous étions absolument dans l'erreur à l'époque, lorsque nous croyions que Staline ruinerait ainsi l'Armée rouge. C'est le contraire qui est vrai : Staline s'est débarrassé de tous les cercles oppositionnels de l'Armée rouge et a ainsi réussi à ce qu'il n'y ait plus de courant défaitiste dans cette armée. (...) Vis-à-vis de nous, Staline a en plus l'avantage de ne pas avoir d'opposition sociale, car le bolchevisme l'a supprimée elle aussi au cours des liquidations de ces vingt dernières années. (...) Le bolchevisme a éliminé ce danger à temps et peut ainsi tourner toute sa force contre son ennemi. »

La prise du pouvoir par les nazis en Allemagne signifiait très clairement une guerre à l'est, il suffisait de lire mein kampf, où la guerre à l'est était planifiée. Intéressées par Hitler et son parti, des banques anglo-saxonnes ont aidé le parti nazi à prendre le pouvoir en Allemagne. Ses ambitions à l'est satisfaisaient les impérialistes d'europe de l'ouest et d'Amérique qui voyaient dans les nazis une formidable occasion de se débarasser de la "menace communiste". Staline ne s'y trompait pas lorsqu'en 1934, il analysait les conséquences de la victoire du fascisme en Allemagne :

« Il faut regarder la victoire du fascisme en Allemagne, non seulement comme un signe de faiblesse de la classe ouvrière et le résultat des trahisons perpétrées contre celle-ci par la social-démocratie qui a frayé la route au fascisme. Il faut la considérer également comme un signe de faiblesse de la bourgeoisie, comme un signe montrant que cette dernière n'est plus en état d'exercer son pouvoir au moyen des anciennes méthodes de parlementarisme et de démocratie bourgeoise, ce qui l'oblige à recourir, dans sa politique intérieure, aux méthodes de domination par la terreur, comme un signe prouvant qu'elle n'a plus, la force de trouver une issue à la situation actuelle sur la base d’une politique extérieure de paix, ce qui l'oblige à recourir à la politique de guerre. »

Alors que le monde capitaliste s'effondrait dans une crise économique sans précédent, le socialisme et la planification montraient leur succès en URSS (en dépit de toute la propagande pour tenter d'assombrir le tableau). Le simple fait que les impérialismes d'europe et d'Amérique aient mis en place la guerre contre l'URSS démontre qu'en dépit de toute leur propre propagande, les capitalistes des pays encerclant l'URSS étaient inquiets du succès du socialisme.

Dans mein kampf, Hitler, commentant la première guerre mondiale, dressait en filigrane le plan de la prochaine guerre mondiale :

« Pour l'Allemagne, par suite, la seule possibilité de mener à bien une politique territoriale saine résidait dans l'acquisition de terres nouvelles en Europe même. Des colonies ne peuvent servir à ce but tant qu'elles n’apparaisse nt pas favorables au peuplement massif par des Européens. Mais on ne pouvait plus au dix-neuvième siècle obtenir de tels territoires coloniaux par voie pacifique. On ne pouvait même pas mener une telle politique coloniale sans une guerre sévère qu'il eût été plus opportun de livrer pour acquérir un territoire du continent européen, plutôt que des domaines extra-européens. Une telle résolution une fois prise exige ensuite que l'on s'y consacre exclusivement. Ce n'est pas avec des demi-mesures et des hésitations que l'on réalise une tâche qui demande toute la volonté et toute l'énergie de chacun. Il fallait aussi subordonner alors toute la politique du Reich à ce but exclusif ; il ne fallait pas se permettre un geste procédant d'autres considérations que de la connaissance de cette tâche et des moyens de l'accomplir. Il fallait bien se rendre à l'évidence : seul le combat permettrait d'atteindre ce but, et c'est d'un œil froid et calme qu'il fallait considérer la course aux armements. Tout l'ensemble des alliances devait être examiné de ce seul point de vue, et il fallait en estimer la valeur réelle. Voulait-on des territoires en Europe, cela ne pouvait être en somme qu'aux dépens de la Russie. Alors il eût fallu que le nouveau Reich suivît de nouveau la voie des anciens chevaliers de l'ordre teutonique, afin que l'épée allemande assurât la glèbe à la charrue allemande, et donnât ainsi à la nation son pain quotidien. Pour une semblable politique, le seul allié possible en Europe était l'Angleterre. C'est seulement avec l'Angleterre que l'on pouvait, une fois nos derrières assurés, entre prendre la nouvelle croisade des Germains. Notre droit n'y eut pas été moindre que celui de nos ancêtres. Aucun de nos pacifistes ne se refuse à manger le pain de l'Est, et pourtant c'est le glaive qui a ouvert le chemin à la charrue ! Pour se concilier les bonnes grâces de l'Angleterre, aucun sacrifice ne devait être trop grand. Il fallait renoncer aux colonies et à la puissance maritime, et épargner toute concurrence à l'industrie britannique. »

Son projet était donc très clair : s'allier à l'Angleterre pour pouvoir se concentrer sur la Russie. On comprend dans ce contexte pourquoi les impérialistes anglo-saxons ont vu d'un bon oeil et ont soutenu financièrement la montée au pouvoir d'Hitler.

Hitler avait beau dans ses discours dénoncer les dangers de nouvelle guerre mondiale que faisait peser la juiverie mondiale, c'est bien dans mein kampf que ce projet de guerre mondiale est décrit, avec d'ailleurs un scénario à peu près respecté. Par la suite les nazis ont affirmé par exemple qu'ils avaient envahi l'URSS pour un motif "défensif", parce que paraît-il l'URSS planifiait d'envahir l'Allemagne par surprise en 1941.

Rien n'est moins vrai si on en juge par les citations d'Hitler qui démontrent que son projet d'invasion à l'est était murement réfléchi et n'avait rien d'une maneouvre "défensive". Personne n'a obligé l'Allemagne à envahir la Pologne, à attaquer la France, puis l'URSS, etc. Les allemands avaient à disposition les campagnes soviétiques en Finlande et en Pologne pour juger du fait que l'URSS ne disposait pas à l'époque des moyens logistiques pour entreprendre une invasion ne serait-ce que de pays faibles militairement. Ils avaient pour preuve les difficultés de l'armée rouge dans ses campagnes de 1940, armée en pleine reconstruction et qui n'était pas en mesure à l'époque de mener à bien une invasion. Par conséquent la propagande nazie pour justifier l'invasion de l'URSS à l'époque était complètement fausse.

A propos de la guerre contre la Pologne, cet épisode clé dans le déclenchement de la guerre est sujet à une grande désinformation. Le pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne en 1939 (pacte Molotov-Ribbentropp) serait un acte ignoble "d'alliance entre les totalitarismes". En réalité ce pacte était exactement du même ordre que celui qui a uni l'URSS aux alliés occidentaux à partir de 1941-1942 jusqu'en 1945 : une alliance provisoire dans un objectif limité dans lequel chacun des deux camps trouvait un intérêt.

Avant ce pacte avec l'Allemagne, l'URSS proposa une alliance avec la Pologne et la France contre l'Allemagne. En dépit de la guerre russo-polonaise qui avait suivi la guerre civile russe, les soviétiques étaient prêts à s'allier avec le régime fasciste polonais et français contre l'Allemagne. Ce que redoutaient les soviétiques, c'était une alliance entre la Pologne et l'Allemagne (qui faillit avoir lieu) contre l'URSS avec une attente passive de la France et de l'Angleterre de l'autre côté. Et en effet, la France et l'Angleterre espéraient rester en dehors du conflit, ayant tiré les leçons du précédent dans lequel les bolcheviques sortirent renforcés. Là, la France et l'Angleterre espéraient bien voir l'Allemagne et l'URSS se détruire mutuellement pour jouer à la fin un rôle d'arbitre ou de spectateur.

En laissant l'Allemagne se réarmer massivement, ne pas repsecter le traité de Versailles, s'emparer de la Tchécoslovaquie et de l'Autriche, ils espéraient ainsi paver la route de l'Allemagne vers l'est, ils encouragaient Hitler à attaquer l'URSS.

C'est ce qui explique la stratégie de la ligne maginot. En construisant une ligne défensive tout au long de la frontière française, les gouvernements français espéraient dissuader l'Allemagne d'attaquer la France et les détourner plutôt vers les ambitions nazies à l'est. C'est la raison pour laquelle la France et l'Angleterre refusèrent tout alliance avec l'URSS (qui a toujours été considérée comme l'ennemi principal et non le nazisme, plutôt apprécié dans les milieux dirigeants de l'époque). Cela explique d'ailleurs que les élites françaises ont préféré "le choix de la défaite" en 1940, craignant qu'une guerre trop longue entre la France et l'Allemagne ne profite à l'URSS.

Le plan d'Hitler lui était un peu différent. Comme il l'expliquait dans mein kampf, Hitler entendait dans un premier temps assurer ses arrières en attaquant la France, puis s'allier avec l'Angleterre, et enfin jeter toutes ses forces contre l'URSS. Dans les faits, l'Allemagne n'obtint aucune paix officielle avec l'Angleterre, mais dès 1941 le front ouest était bien pacifié. Les allemands entendaient poursuivre une guerre d'usure économique contre l'Angleterre pour la convaincre d'abandonner la guerre. C'est la raison pour laquelle ils ont entrepris une campagne de bombardement et de guerre sous-marine.

Autrement dit, toute l'histoire officielle sur le rôle des "alliés" dans la guerre est complètement faux. Les "alliés" ont aidé Hitler à prendre le pouvoir, à s'armer, et ont tout fait pour l'inciter à réaliser ses plans d'attaques contre l'URSS. Voilà à quoi se résume l'action des "alliés" franco-britanniques (et américains) avant et pendant le début du conflit.

En bref, pourquoi l'URSS a-t-elle accepté le pacte de non-agression avec l'Allemagne en 1939 ? Parce que les "alliés" de l'ouest lui ont refusé une alliance du même type contre l'Allemagne. En récupérant les pays baltes, la Pologne, puis une partie de la Finlande, l'URSS élargissait son glacis défensif, sachant pertinemment que l'Allemagne finirait par attaquer.

La raison pour laquelle Staline n'a pas cru à une attaque Allemande en juin 1941 est que celle-ci défiait le bon sens. En effet l'Allemagne n'était pas en mesure de réaliser son plan d'invasion (qui prévoyait une victoire en 6 semaines dans les plans délirants des allemands qui sous-estimaient complètement l'URSS). L'Allemagne n'avait que deux mois de réserves de pétrole. Les soviétiques savaient très bien que les allemands ne seraient pas à Moscou avant l'hiver. Les anglais avait bien prévenu les soviétiques en juin que l'Allemagne s'apprêtait à attaquer l'URSS. Les soviétiques avaient de bonnes raisons de se méfier de ces informations. Une mobilisation de l'armée rouge aurait donné aux allemands un prétexte pour rompre le pacte de non-agression. L'attaque à cette période de l'année semblait tellement insensée que les soviétiques ont pris du retard dans la mobilisation de l'armée.

En réalité le point de vue allemand était simple et irréaliste. Ils pensaient gagner la guerre très rapidement contre l'URSS. Ils avaient également conscience que l'URSS se renforçait de mois en mois et qu'il n'était pas pensable d'attendre l'année suivante pour attaquer. C'est la raison pour laquelle l'Allemagne a décidé d'attaquer en juin 1941.

Au moment de l'attaque allemande, contrairement à ce que raconte la propagande, Staline n'était ni "effondré", ni "isolé". Il avait passé des années à se préparer à cette guerre et n'était pas donc "surpris" non plus.

Les témoignages des "alliés" occidentaux eux-mêmes montrent qu'en privé, il était clair que l'URSS et Staline lui-même étaient entièrement préparés au conflit et prêts à le mener.

Ainsi Churchill notait, après la guerre :

« C'était une chance pour la Russie que dans les années de grandes épreuves, à la tête du pays s'est trouvé le génie et inébranlable commandant, Staline. (...) Il était la plus brillante personne, qui tenait tête à notre cruelle et changeante époque, dans laquelle sa vie s'est passée. (...) Staline possédait surtout un sens aigu de l'humour et du sarcasme, et la capacité de saisir exactement nos pensées. Cette force de Staline était tellement grande, qu'il s'est imposé comme unique parmi les dirigeants d'Etat de tous les temps et de tous les peuples. (...) Staline nous impressionnait beaucoup. Il possédait une profonde sagesse, réfléchie et logique, privée de toute panique. Dans les moments difficiles, il était un maître invincible pour trouver une issue de la situation la plus empêtrée. Aussi bien dans les moments les plus critiques, que dans les moments de victoire, Staline était tout aussi retenu et ne tombait jamais dans les illusions. Il était une personne extraordinaire. Il a créé et soumis un empire énorme. (...) Staline a hérité d'une Russie à la charrue, et l'a laissée avec l'arme atomique. (...) Staline était un homme d'une énergie inhabituelle, (...) impitoyable dans les discussions, à qui même moi, formé dans le Parlement britannique, ne pouvais rien opposer (...) L'histoire n'oublie pas de telles personnes. »

Ailleurs, il reconnaissait :

« Il n'existe pas de gouvernement qui pourrait résister à des coups aussi durs et cruels, que ceux qu'Hitler a porté à la Russie. La Russie a non seulement survécu à ces coups, mais a réussi à riposter à l'armée allemande, comme aucune autre force au monde n'aurait pu le faire. »

En 1942, William Batt, vice-président du Conseil de production militaire des Etats-Unis, a visité Moscou, il a pu ainsi voir de lui-même la situation en URSS :

« Je suis parti pour la Russie avec un sentiment d'incrédulité quant à sa capacité de résister à une guerre d'envergure. J'ai été rapidement persuadé que toute la population, jusqu'à la dernière femme et au dernier enfant, prenaient part dans la guerre. Je doutais de la technicité des Russes, et j'ai découvert qu'ils étaient maîtres dans la direction des usines et persistants dans la production des machines de guerre. Je suis reparti gêné des renseignements répandus ici, insinuant qu'il y aurait des dissensions dans le gouvernement russe, alors que j'ai trouvé un gouvernement fort, compétent et soutenu par un énorme enthousiasme général. Bref, je suis parti en Russie en me demandant si elle est un allié digne de confiance. Ma réponse est : oui. »

Entre 1941 et 1944, les conversations privées d'Hitler étaient enregistrées, c'est dans ces conversations qu'on sait aujourd'hui que lui-même était forcé d'admettre ses erreurs de jugement sur l'URSS :

« Si Staline avait eu 10 ou 15 ans de plus, la Russie serait devenu le plus puissant pays du monde, et deux ou trois siècles auraient été nécessaires pour faire changer cela. C’est un phénomène unique ! Il a augmenté le niveau de vie — cela ne fait aucun doute. Plus personne ne meurt de faim en Russie. Ils ont construit des usines là où il y a deux ou trois ans il n’y avait que des villages inconnus — et des usines, tenez - vous bien, aussi grandes que les Hermann Göring Works. Ils ont construit des lignes de chemin de fer qui ne sont même pas encore sur nos cartes. En Allemagne , nous nous disputons sur la fixation du prix des billets avant même de commencer à construire la ligne ! J’ai lu un livre sur Staline ; je dois admettre que c’est une personnalité immense , un ascète qui a pris l'ensemble de ce pays gigantesque fermement dans sa poigne de fer. »

Durant l'opération barbarossa, la résistance soviétique fut telle que l'Allemagne nazie perdit plus d'hommes et de matériel que durant toutes les campagnes précédentes. La stratégie soviétique fut certes couteuse en hommes, mais elle permit à l'armée rouge de contre-attaquer avec succès aux abords de Moscou et de refouler les fascistes. La bataille de Moscou en décembre 1941 est la bataille la plus importante de toute la guerre puisqu'elle a démontré l'échec de la stratégie de "blitzkrieg" des allemands.

Alors que les allemands espéraient gagner la guerre en 6 semaines, ils n'avaient toujours pas gagné le conflit en décembre 1941, soit 7 mois après le début de l'invasion. La résistance à Kiev, Sebastopol, l'action des partisans derrière les lignes allemandes, etc. ont considérablement ralenti l'avance allemande et permis à l'armée rouge de mener des contres-attaques dévastatrices. Ce n'est pas l'hiver qui a vaincu les allemands (contrairement à ce que raconte la propagande occidentale). Même si l'hiver était nuisible aux allemands (il bloquait les moteurs des chars refroidis), il permettait tout de même à l'armée d'avancer en gelant les routes. En effet la raspoutia (pluie qui rend le terrain boueux) est propre à la saison qui précède l'hiver en Russie. Durant l'année 1941, l'hiver est arrivé plus tôt que les années précédentes, ce qui a gelé les routes et donc permis aux allemands d'avancer plus vite. Donc en 1941, c'est avec des conditions plus favorables que la normale que les allemands ont perdu contre les soviétiques.

La contre-attaque soviétique n'a pas permis de repousser les allemands jusqu'à leur point de départ parce que les soviétiques n'avaient toujours pas la logistique pour mener des offensives et exploiter les percées. Par conséquent les allemands ne furent repoussés que des quelques centaines de kilomètres vers l'ouest.

A ce moment précis, le monde entier a pris conscience que l'Allemagne pourrait perdre la guerre. Hitler lui-même a affirmé à ce moment que la guerre était perdue.

Il relança dès 1942 une nouvelle offensive (le plan bleu), cette fois vers le sud (moins protégé que Moscou), dans le but de s'emparer des puits de pétrole du Caucase dont il manquait cruellement et aussi afin d'en priver les soviétiques. L'offensive se divisa ensuite en deux groupes d'armées, une à Stalingrad au nord sur la Volga et une dans les montagnes du sud dans le Caucase vers Bakou et les puits de pétrole.

Les soviétiques réussirent cette fois à mener une contre-attaque plus imposante. Ils menèrent une double attaque sur la totalité du front. Au nord, les plans Mars et Jupiter visant à encercler les forces allemandes du saillant de Rjev (près de Moscou). Au sud, les plans Uranus et Saturne visant à encercler les forces allemandes à Stalingrad et dans tout le sud de l'URSS en bloquant la sortie à Rostov. Dans les faits, l'alignement des planètes ne fut pas un succès complet. Seul fut un réel succès l'opération à Stalingrad, même si les autres attaques permirent d'immobiliser les armées allemandes sur le front, les empêchant de fait de venir en aide aux armées bloquées à Stalingrad ou à proximité. Ainsi, l'armée rouge remporta à Stalingrad l'un des succès les plus imposants de toute la guerre.

Les batailles de Moscou et Stalingrad ont démontré que l'URSS pouvait remporter seule le conflit contre l'Allemagne. A cette époque, le prêt-bail d'aide américaine à l'URSS était à peine commencé. Avant la bataille de Moscou, les soviétiques n'avaient reçu que quelques avions et tanks de mauvaise qualité (qui ne furent pas utilisés). Durant la bataille de Stalingrad, les soviétiques ne reçurent quasiment aucun matériel puisque les sous-marins allemands bloquaient les convois américains en direction du port soviétique de Mourmansk dans l'artctique soviétique. Par conséquent ces deux victoires importantes ne doivent rien aux alliés occidentaux.

L'aide alliée fut plus importante par la suite. L'objectif des alliés n'était pas d'aider l'URSS mais d'épuiser l'URSS dans une guerre d'usure contre l'Allemagne. Une fois en position de force, les américains escomptaient ensuite obtenir un repartage de l'europe et faire main basse sur les empires coloniaux français et britanniques. Par conséquent les américains étaient satisfaits de la guerre allemande contre l'URSS, mais se réservaient la possibilité de changer leurs alliances en défaveur de l'Allemagne pour récupérer la mise en cas de défaite Allemande. C'est ainsi que les américains sont globalement restés spectateurs jusqu'à la fin du conflit en laissant les soviétiques s'user contre l'Allemagne pour récupérer l'europe de l'ouest au dernier moment.

On peut tout à fait comparer le pacte de non-agression germano-soviétique et le pacte américano-soviétique de Yalta en 1943.

En quoi consistait le pacte germano-soviétique ? L'Allemagne s'occupait militairement à elle toute seule de la Pologne, en cédait une bonne partie à l'URSS bien que celle-ci n'ait eu qu'une faible implication dans le conflit, en échange de quoi l'Allemagne obtenait de l'URSS la promesse d'une non-agression.

En quoi consistait l'alliance américano-soviétique ? L'URSS s'occupait militairement à elle toute seule de l'Allemagne, cédait ensuite une bonne partie de l'europe bien que que les alliés occidentaux n'aient eu qu'une faible implication dans le conflit, en échange de quoi l'URSS obtenait la promesse d'une paix en europe.

Pourquoi les états-unis ont-il aidé l'URSS au lieu de l'Allemagne nazie ? En réalité cette question est fausse elle-même dans la mesure où les états-unis ont largement contribué à l'arrivée au pouvoir des nazis, au réarmement de l'Allemagne, notamment avec les investissements américains dans des entreprises liées au complexe militaro-industriel allemand durant l'entre-deux guerre. Ainsi l'entreprise IG farben, célèbre à la fois pour son brevet sur la transformation du charbon en pétrole que pour l'usage d'esclaves des camps de concentrations, était une société au capital allemand et américain. La non-contribution en terme de calendrier est également notoire puisque les états-unis n'ont rien entrepris de sérieux avant les débarquements en Afrique en 1943 puis le débarquement en France en 1944. A ce moment-là ils n'avaient qu'à cueillir l'europe, alors peu défendue (en dépit du mur de l'atlantique, ce mur n'était défendu que par des divisions de mauvaise qualité, avec des recrues très jeunes ou des conscrits trop vieux).

Ce graphique montre la répartitions des pertes militaires entre le front ouest et le front est. De nos jours la plupart des gens ne savent pas à quel point l'importance du front est a été si écrasante. On pense souvent au rôle du débarquement de normandie ou à la "libération" par les alliés en 1944. En réalité les "alliés" n'ont une qu'une contribution mineure au conflit en comparaison des soviétiques. Environ 75% des pertes militaires allemandes ont été causées par les soviétiques.



L'aide américaine permit à l'URSS de repousser plus rapidement les allemands hors d'URSS et jusqu'à Berlin. Le prêt-bail comportait ainsi des camions, des munitions, de la poudre, etc. ainsi que des tanks (mais de mauvaise qualité en comparaison de ce que les soviétiques produisaient au même moment). L'aide améraine a réduit la durée du conflit en permettant des offensives plus larges et une meilleure logistique. En dépit de cette aide, il convient de bien peser la contribution de chaque camp à la défaite des allemands.

La question pourrait se poser, l'URSS aurait-elle remporté la guerre toute seule sans les "alliés" occidentaux ? Mais poser ainsi la question n'est pas scientifique. En effet l'uchronie n'a rien d'une méthode historique. On pourrait dire que soit l'URSS aurait remporté toute seule la guerre, soit elle n'aurait pas pu remporter toute seule la guerre. Mais ces deux thèses sont fausses historiquement car elles supposent que l'URSS aurait pu se retrouver toute seule. Or c'est faux. L'URSS en 1942 devait être logiquement soutenue par les états-unis. Ceux-ci devaient naturellement soutenir l'URSS, parce que c'était leur intérêt. En effet on voit mal ce que les états-unis avaient à gagner à voir les nazis remporter la guerre (sauf la défaite du communisme, mais cela ne leur rapportait rien à eux alors que cela favorisait un rival), mais on voit en revanche très bien ce qu'ils gagnaient à voir une victoire de l'URSS : mettre la main sur l'europe de l'ouest et les empires coloniaux français et britanniques.

Le sénateur Harry Truman qui accéda à la présidence des USA à la mort de Roosevelt exprimait cette situation en ces termes en 1941 :

« Si nous voyons que l’Allemagne gagne, nous devons aider la Russie, mais si la Russie gagne, nous devons aider l’Allemagne et qu’elles s’entre-tuent ainsi le plus possible. »

La contribution soviétique fut également importante sur le front japonais. En 1945, l'URSS chassèrent les japonais de Mandchourie, de Mongolie et arrivèrent jusqu'au nord de la Corée. Les américains négocièrent en vitesse une paix avec le Japon afin de n'avoir pas à partager l'occupation de cette île avec les soviétiques. D'où l'utilisation de la bombe atomique, faisant inutlement des morts et des blessés par dizaines de milliers. Loin d'être finie en 1945, la guerre continua ensuite en Corée où les américains s'appuyèrent sur les éléments les plus réactionnaires pour établir leur régime compradore en Corée du sud et de battre la Corée du nord. Cette guerre fit plus d'un millions de morts, preuve que l'impérialisme rend la guerre tout à fait inévitable, en dépit de la paix de 1945 et des "nations unies", bras armés de l'impérialisme et de son prétendu "droit international" (qui à l'instar des droits de l'homme signifient en fait le droit des nations impérialistes à piller le monde).

Il est tout à fait faux par exemple d'affirmer qu'il existait un front ouest avant 1944 en europe. Certes la menace de guerre existait, notamment avec le débarquement allié à Dieppe en 1942 qui mobilisa des ressources allemandes. Mais ce genre de contributions revient à une contribution indirecte et non une contribution directe. On peut faire la balance des contributions indirectes de tous les pays et constater que celles-ci se compensent et s'annullent. En effet la présence soviétique en Sibérie obligeait l'armée japonaise à stationner des troupes au nord de la Chine, ce qui donc allégeait le poids japonais en Asie, et donc épargnait l'implication plus importante des "alliés" dans le pacifique, ce qui compense en fait leur présence menaçante pour l'Allemagne en europe occidentale.

La question de savoir si l'URSS aurait gagné ou perdu sans les "alliés" est une vision totalement binaire de la vérité. Elle revient à transformer la contribution de 25% des alliés en 0% ou 100%.

Il y a en revanche une chose qui est bien binaire, c'est la question de savoir si l'histoire est ou non déterministe, elle ne peut être les deux à la fois. On doit ou bien admettre que l'histoire est totalement déterministe (auquel cas l'uchronie est inconcevable), ou bien admettre que l'histoire est totalement indéterministe (auquel cas l'uchronie est également inconcevable puisqu'on ne saurait écrire un seul scénario, on serait contraint d'en écrire une arborescence infinie et non un seul).

L'uchronie consiste à voir l'histoire de façon déterministe et logique, sauf à un point précis "indéterminé" où l'on change un évènement à partir duquel l'histoire reprendrait un cours logique, déterministe et compréhensible. Dans ce cas-là, on peut, si l'on veut satisfaire son imagination, introduire autant de "si" que l'on veut et l'on obtiendra l'histoire alternative que l'on souhaite. Or l'histoire ne peut pas à être déterministe quand ça nous arrange et indéterministe quand ça nous arrange. Elle est entièrement déterministe ou entièrement indéterministe, mais dans les deux cas l'uchronie n'a pas de sens.

Dans les faits, il faut évaluer la contribution des "alliés" d'une part et des soviétiques d'autre part, non pas en binaire mais avec des nuances. Ainsi le chiffre de 75% de forces allemandes détruites par l'URSS doit être pris en compte pour mesurer la contribution réelle de chaque pays à la défaite de l'Allemagne nazie. On ne saurait résoudre la question autrement.

Il va de soi, pour quiconque étudie honnêtement l'histoire de la seconde guerre mondiale que celle-ci a mis en lumière l'incroyable résistance des peuples soviétiques et leur détermination à défendre la société socialiste. Cette guerre a mis à l'épreuve la détermination des peuples soviétiques, leur système économique et politique. Entre 1929 et 1941, l'URSS a réussi un développement 3 ou 4 fois plus rapide que les pays capitalistes occidentaux, rattrapant son retard industriel, voire dépassant le potentiel industriel des pays capitalistes.

Si le "socialisme ne marche pas", comme dit souvent la propagande occidentale, alors comment l'URSS a-t-elle pu vaincre seule à Moscou et à Stalingrad en 1941 et 1942 ? Avec de la chance ?

La thèse trotskyste que l'URSS allait "s'effondrer" s'est avérée complètement fausse. Cette thèse, largement partagée par les propagandistes occidentaux et allemands les a conduits à de biens désagréables surprises lors de l'écaltement du conflit contre l'URSS.

Cette guerre a eu bien des conséquences, comme l'affaiblissement de l'URSS et de la position des communistes dans l'URSS. En effet le nombre de morts important au sein-même des bolcheviques a permis le renforcement à contrario des révisionnistes et a contribué à leur prise du pouvoir en 1956, à l'issue d'une lutte de longue durée. La seconde guerre mondiale a donc contribué finalement à la fin du socialisme en URSS, qui n'était qu'un prélude à l'effondrement de l'URSS elle-même 45 ans plus tard.

La seconde guerre mondiale fut également une période de production cuturelle et musicale importante. La plupart des chants soviétiques de l'époque sont encore chantés à l'heure actuelle. Les révisionnistes d'une part, puis les sociaux-chauvinistes du régime actuel de Russie essayent d'instrumentaliser la mémoire de la seconde guerre mondiale dans un but nationaliste afin de vider l'histoire de son contenu révolutionnaire. La tâche des communistes est de rappeler la vérité historique sous tous ses aspects. La seconde guerre mondiale a été un aspect de la guerre révolutionnaire du prolétariat contre la bourgeoisie à l'échelle mondiale. A ce sujet, le camarade Vincent Gouysse a réalisé un dossier sur le réalisme socialiste dans la chanson soviétique qui contient de nombreux chants soviétiques de l'époque traduits en français pour la première fois.

Informations sur ce site

Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.


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