Le progressisme est l'idéologie de la bourgeoisie dans sa période de florissement et de développement. Ainsi au cours de l'histoire la bourgeoisie n'a pas toujours été une classe dominante conservatrice et réactionnaire.
Tandis qu'elle luttait contre l'aristocratie, la bourgeoisie réclamait un changement de la société, et avait pour cela besoin de s'appuyer sur d'autres classes sociales. Or on ne peut s'appuyer sur d'autres classes sociales sans leur promettre quelque chose. Ainsi la bourgeoisie dut présenter son intérêt comme étant l'intérêt de tous. La seule solution pour imposer cela était de recourir à l'idéalisme, à ce qu'on appelle en fait le progressisme, cette idée selon laquelle tout progrès pour la bourgeoisie accompli est aussi et immédiatement un progrès absolu pour toute la société.
C'est notamment le fameux concept de "main invisible", qui nie l'existence d'intérêts contradictoires dans la société. Plus encore, le progressisme ne peut donc pas s'appuyer sur des intérêts, mais sur le sempiternel "changement de mentalité". C'est tout à fait logique, car la bourgeoisie veut du changement, mais se rend bien compte que le changement auquel apsirent les autres classes sociales (tel quel le prolétariat ou la paysannerie) ne vont pas dans son sens. Il faut donc faire appel à l'idéalisme, au désintéressement, à l'altruisme, etc. afin de concilier des intérêts opposés, du moins sur le papier. La bourgeoisie présente son propre intérêt sous la forme du "progrès de l'idée", vulgaire cache sexe, dont Karl Marx a totalement fait voler en éclat l'hypocrisie :
« Nous retrouvons ici la division du travail que nous avons rencontrée précédemment (pp. [48-55]) comme l'une des puissances capitales de l'histoire. Elle se manifeste aussi dans la classe dominante sous forme de division entre le travail intellectuel et le travail matériel, si bien que nous aurons deux catégories d'individus à l'intérieur de cette même classe. Les uns seront les penseurs de cette classe (les idéologues actifs, qui réfléchissent et tirent leur substance principale de l'élaboration de l'illusion que cette classe se fait sur elle-même), tandis que les autres auront une attitude plus passive et plus réceptive en face de ces pensées et de ces illusions, parce qu'ils sont, dans la réalité, les membres actifs de cette classe et qu'ils ont moins de temps pour se faire des illusions et des idées sur leurs propres personnes. À l'intérieur de cette classe, cette scission peut même aboutir à une certaine opposition et à une certaine hostilité des deux parties en présence. Mais dès que survient un conflit pratique où la classe tout entière est menacée, cette opposition tombe d'elle-même, tandis que l'on voit s'envoler l'illusion que les idées dominantes ne seraient pas les idées de la classe dominante et qu'elles auraient un pouvoir distinct du pouvoir de cette classe. L'existence d'idées révolutionnaires à une époque déterminée suppose déjà l'existence d'une classe révolutionnaire et nous avons dit précédemment (pp. [48-55]) tout ce qu'il fallait sur les conditions préalables que cela suppose.
Admettons que, dans la manière de concevoir la marche de l'histoire, on détache les idées de la classe dominante de cette classe dominante elle-même et qu'on en fasse une entité. Mettons qu'on s'en tienne au fait que telles ou telles idées ont dominé à telle époque, sans s'inquiéter des conditions de la production ni des producteurs de ces idées, en faisant donc abstraction des individus et des circonstances mondiales qui sont à la base de ces idées. On pourra alors dire, par exemple, qu'au temps où l'aristocratie régnait, c'était le règne des concepts d'honneur, de fidélité, etc., et qu'au temps où régnait la bourgeoisie, c'était le règne des concepts de liberté, d'égalité, etc. Ces “concepts dominants” auront une forme d'autant plus générale et généralisée que la classe dominante est davantage contrainte à présenter ses intérêts comme étant l'intérêt de tous les membres de la société. En moyenne, la classe dominante elle même se représente que ce sont ses concepts qui règnent et ne les distingue des idées dominantes des époques antérieures qu'en les présentant comme des vérités éternelles. C'est ce que s'imagine la classe dominante elle-même dans son ensemble. Cette conception de l'histoire commune à tous les historiens, tout spécialement depuis le XVIII° siècle, se heurtera nécessairement à ce phénomène que les pensées régnantes seront de plus en plus abstraites, c'est-à-dire qu'elles affectent de plus en plus la forme de l'universalité. En effet, chaque nouvelle classe qui prend la place de celle qui dominait avant elle est obligée, ne fût-ce que pour parvenir à ses fins, de représenter son intérêt comme l'intérêt commun de tous les membres de la société ou, pour exprimer les choses sur le plan des idées : cette classe est obligée de donner à ses pensées la forme de l'universalité, de les représenter comme étant les seules raisonnables, les seules universellement valables. Du simple fait qu'elle affronte une classe, la classe révolutionnaire se présente d'emblée non pas comme classe, mais comme représentant la société tout entière, elle apparaît comme la masse entière de la société en face de la seule classe dominante. Cela lui est possible parce qu'au début son intérêt est vraiment encore intimement lié à l'intérêt commun de toutes les autres classes non-dominantes et parce que, sous la pression de l'état de choses antérieur, cet intérêt n'a pas encore pu se développer comme intérêt particulier d'une classe particulière. De ce fait, la victoire de cette classe est utile aussi à beaucoup d'individus des autres classes qui, elles, ne parviennent pas à la domination; mais elle l'est uniquement dans la mesure où elle met ces individus en état d'accéder à la classe dominante. Quand la bourgeoisie française renversa la domination de l'aristocratie, elle permit par là à beaucoup de prolétaires de s'élever au-dessus du prolétariat, mais uniquement en ce sens qu'ils devinrent eux-mêmes des bourgeois. Chaque nouvelle classe n'établit donc sa domination que sur une base plus large que la classe qui dominait précédemment, mais, en revanche, l'opposition entre la classe qui domine désormais et celles qui ne dominent pas ne fait ensuite que s'aggraver en profondeur et en acuité. Il en découle ceci : le combat qu'il s'agit de mener contre la nouvelle classe dirigeante a pour but à son tour de nier les conditions sociales antérieures d'une façon plus décisive et plus radicale que n'avaient pu le faire encore toutes les classes précédentes qui avaient brigué la domination.
Toute l'illusion qui consiste à croire que la domination d'une classe déterminée est uniquement la domination de certaines idées, cesse naturellement d'elle-même, dès que la domination de quelque classe que ce soit cesse d'être la forme du régime social, c'est-à-dire qu'il n'est plus nécessaire de représenter un intérêt particulier comme étant l'intérêt général ou de représenter "l'universel" comme dominant.
Une fois les idées dominantes séparées des individus qui exercent la domination, et surtout des rapports qui découlent d'un stade donné du mode de production, on obtient ce résultat que ce sont constamment les idées qui dominent dans l'histoire et il est alors très facile d'abstraire, de ces différentes idées "l'idée", c'est-à-dire l'idée par excellence, etc., pour en faire l'élément qui domine dans l'histoire et de concevoir par ce moyen toutes ces idées et concepts isolés comme des "autodéterminations" du concept qui se développe tout au long de l'histoire. Il est également naturel ensuite de faire dériver tous les rapports humains du concept de l'homme, de l'homme représenté, de l'essence de l'homme, de l'homme en un mot. C'est ce qu'a fait la philosophie spéculative. Hegel avoue lui-même, à la fin de la Philosophie de l'histoire qu'il "examine la seule progression du concept" et qu'il a exposé dans l'histoire la "véritable théodicée". » Karl Marx, L'idéologie allemande (Opposition de la conception matérialiste et idéaliste)
Qui plus est la bourgeoisie a participé au développement les sciences, mais n'en est pas le véritable parent. Tout au long de l'histoire antérieure, des hommes avaient déjà développé la science, en avaient formulé les concepts principaux. Déjà Lucrèce, grand philosophe et scientifique de la Rome antique rapportait les concepts d'Epicure (penseur grec), qui semble avoir formulé presque entièrement la conception scientifique du monde (ses textes ont malheureusement été en majorité perdus), selon la description qu'en fait Lucrèce. Il est bien évident que le développement des sciences supposait l'esclavage, pour que des hommes puissent vivre sans travailler. Encore fallait-il aussi l'écriture pour permettre l'accumulation dans le temps des travaux scientifiques (car les idées ne sont jamais que des choses matérielles dans la tête des hommes). Contrairement à ce qu'affirme la bourgeoisie, le progressisme n'est pas le progrès des sciences. La bourgeoisie joue avec les mots pour s'attribuer le prestige des sciences, mais n'a été qu'une classe parmis d'autre à participer à son développement, pour des besoins pratiques. La science a été développée aussi bien par la pré-bourgeoisie des savants arabos-musulmans, que la bourgeoisie la plus moderne. Cette dernière a su en récupérer les fondements et les développements antérieurs pour les poursuivre quand cela était dans son intérêt. Mais le progressisme n'est certainement pas la science. La science lui est bien antérieure. Et tout au plus la bourgeoisie n'est qu'une belle-mère, une marâtre, qui a récupéré le bébé. Et qui plus est commence à le jeter aux ordures. Cela n'aura échappé à personne qui connaît un peu l'état actuel du monde scientifique bourgeois, de sa profonde décadence idéaliste. Elle est loin l'époque des Darwin, des Diderot, des Gallilée, etc.
Marx dit :
« La Critique absolue part de ce dogme : l' « Esprit » possède une justification absolue. Elle y ajoute cet autre dogme que l'existence de l'Esprit se situe en dehors du monde, c'est-à-dire en dehors de la Masse de l'humanité. Elle finit par métamorphoser « l'Esprit », « le progrès », d'une part, « la Masse », d'autre part, en entités fixes, en concepts et par les rapporter alors l'un à l'autre, comme des extrêmes immuables, donnés tels quels.
[...]
Il en va de même du « progrès ». Malgré les prétentions « du progrès », il se produit continuellement des régressions ou bien on tourne en rond. Bien loin de présumer que la catégorie « du progrès » est totalement vide et abstraite, la Critique absolue est au contraire assez judicieuse pour reconnaître que « le progrès » est absolu [sarcasme] » Karl Marx, La sainte famille
Marx critique ici la prétention de la bourgeoisie de présenter son intérêt comme un forme de progrès de l'esprit. Ce qui rejoint ce qui a été dit précédemment, à savoir que ce faisant, la bourgeoisie peut imposer son intérêt et le présenter comme étant l'intérêt de toute la société ; comme si que l'intérêt de la bourgeoisie était autre chose qu'un sordide intérêt matériel et pécunier, comme s'il s'agissait d'un grand progrès mystique et humain...
Le marxisme n'est donc pas le progressisme. Le matérialisme dialectique appliqué à l'évolution historique de l'humanité, ou dit plus simplement, le matérialisme historique, n'est pas le progressisme. La théorie historique de Karl Marx n'est pas une théorie du progrès mais une théorie de l'évolution.
Si le marxisme accorde quelque chose à la bourgeoisie, ce n'est pas du point de vue du "progrès" mais du point de vue de ce que la bourgeoisie joue comme rôle historique, c'est à dire le développement du capitalisme, ultime étape qui mène inévitablement à son renversement et au socialisme.
Le marxisme reconnaît aussi donc l'aspect positif du progressisme, ce qu'il a fondé comme institution démocratiques, comme droits, etc. mais non pas du point de vue bourgeois borné. Le marxisme considère ces "progrès" aussi du point de vue de leur extrême étroitesse, de leur hypocrisie illimitée, etc. Ce n'est pas tant la conquête de ces droits qui ont poussé les marxistes à soutenir ici ou là la bourgeoisie, mais bien le fait que c'était le seul moyen pour que les prolétaires comprennent que ces droits ne changeaient en rien leur situation d'esclave. C'est pourquoi, et en particulier dans les pays où le capitalisme était peu développé, les marxistes ont soutenu ces droits bourgeois. Mais à l'heure actuelle, dans un pays comme la France où ces droits sont déjà présents depuis très longtemps, poursuivre dans cette voie, est comme, nous allons le voir, totamenent criminel et anti-socialiste.
Qui plus est, à l'heure actuelle, il n'y a plus rien que la bourgeoisie ait à donner de positif, surtout pas dans des pays comme la France où elle a depuis longtemps instauré sa dictature, et où sa panacée "progressiste" trône comme un cadavre mort-né. Il est important d'insister sur ce point car il n'y a rien de plus facile que de se revendiquer "progressiste" face à la "barbarie" islamiste par exemple, alors que c'est historiquement faux ; vu que l'islam lui-même a été une religion progressiste. Et sur ce sujet, il ne faut pas confondre les particularités culturelles intriquées dans les religions (par exemple les rites arriérés des nomades intégrés à l'islam) avec l'idéologie politique des religions elles-mêmes, sujet sur lequel l'islam a même influencé fortement le libéralisme européen (via la franc-maçonnerie notamment). Il en va de même du judaïsme d'ailleurs, avec le protestantisme. Sans compter le fait qu'il est très confortable de désigner l'autre comme barbare sans balayer devant sa porte.
Voilà pourquoi le progressisme doit être jeté aux ordures. Le marxisme est une science, la science n'est pas le progressisme, même si la bourgeoisie a ajouté sa pierre à la science, elle n'en est pas la créatrice. La science a été développée depuis la nuit des temps. Et le marxisme n'en est que la forme la plus aboutie à l'époque actuelle.
Il convient maintenant de parler de la notion de droit bourgeois, des concepts bourgeois de "liberté" et "d'égalité", tels qu'ils sont notamment développés dans la "déclaration des droits de l'homme et du citoyen". Il faut bien comprendre que ces concepts bourgeois sont à la base de toute l'idéologie libérale, individualiste et subjectiviste, et y compris de l'extrême gauche, qui comme nous allons le voir, n'a strictement rien, mais alors rien du tout de marxiste.
Ecoutons plutôt parler Marx :
« Constatons avant tout le fait que les « droits de l'homme », distincts des « droits du citoyen, » ne sont rien d'autre que les droits du membre de la société bourgeoise, c'est-à-dire de l'homme égoïste, de l'homme séparé de l'homme et de la communauté. La Constitution la plus radicale, celle de 1793, a beau dire : Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. « Art. 2. Ces droits (les droits naturels et imprescriptibles) sont : l'égalité, la liberté, la sûreté, la propriété. »
En quoi consiste la « liberté » ? « Art. 6. La liberté est le pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui. » Ou encore, d'après la Déclaration des droits de l'homme de 1791 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. »
La liberté est donc le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Les limites dans lesquelles chacun peut se mouvoir sans nuire à autrui sont marquées par la loi, de même que la limite de deux champs est déterminée par un piquet. Il s'agit de la liberté de l'homme considéré comme monade isolée, repliée sur elle-même. [...] Le droit de l'homme, la liberté, ne repose pas sur les relations de l'homme avec l'homme mais plutôt sur la séparation de l'homme d'avec l'homme. C'est le droit de cette séparation, le droit de l'individu limité à lui-même.
L'application pratique du droit de liberté, c'est le droit de propriété privée. Mais en quoi consiste ce dernier droit ?
« Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie. » (Constitution de 1793, art. 16.)
Le droit de propriété est donc le droit de jouir de sa fortune et d'en disposer « à son gré », sans se soucier des autres hommes, indépendamment de la société; c'est le droit de l'égoïsme. C'est cette liberté individuelle, avec son application, qui forme la base de la société bourgeoise. Elle fait voir à chaque homme, dans un autre homme, non pas la réalisation, mais plutôt la limitation de sa liberté. Elle proclame avant tout le droit « de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie ».
Restent les autres droits de l'homme, l'égalité et la sûreté.
Le mot « égalité » n'a pas ici de signification politique; ce n'est que l'égalité de la liberté [note : ce qu'on appelle aujourd'hui "l'égalité des chances"] définie ci-dessus : tout homme est également considéré comme une telle monade basée sur elle-même. La Constitution de 1795 détermine le sens de cette égalité : « Art. 5. L'égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. »
Et la sûreté ? La Constitution de 1793 dit : « Art. 8. La sûreté consiste dans la protection accordée par la société à chacun de ses membres pour la conservation de sa personne, de ses droits et de ses propriétés. »
La sûreté est la notion sociale la plus haute de la société bourgeoise, la notion de la police : toute la société n'existe que pour garantir à chacun de ses membres la conservation de sa personne, de ses droits et de ses propriétés. C'est dans ce sens que Hegel appelle la société bourgeoise « l'État de la détresse et de l'entendement ».
La notion de sûreté ne suffit pas encore pour que la société bourgeoise s'élève au-dessus de son égoïsme. La sûreté est plutôt l'assurance (Versicherung) de l'égoïsme.
Aucun des prétendus droits de l'homme ne dépasse donc l'homme égoïste, l'homme en tant que membre de la société bourgeoise, c'est-à-dire un individu séparé de la communauté, replié sur lui-même, uniquement préoccupé de son intérêt personnel et obéissant a son arbitraire privé. L'homme est loin d'y être considéré comme un être générique; tout au contraire, la vie générique elle-même, la société, apparaît comme un cadre extérieur à l'individu, comme une limitation de son indépendance originelle. Le seul lien qui les unisse, c'est la nécessité naturelle, le besoin et l'intérêt privé, la conservation de leurs propriétés et de leur personne égoïste. » Karl Marx, La question juive
Ainsi Marx fait une véritable critique de l'individualisme bourgeois libéral, non pas du point de vue réactionnaire, mais du point de vue que ce droit bourgeois instaure le droit à la liberté du bourgeois, à sa propriété, etc. toutes choses en fait qui sont fondées sur l'exploitation à l'égoïsme. Le droit bourgeois n'est donc que l'expression et le cache-sexe de cette exploitation, il lui sert de support idéologique.
Prenons par exemple le féminisme. Qu'est-ce que le féminisme sinon l'extension des droits de l'hommes à la femme ? Qu'est-ce que l'anti-racisme sinon l'extension des droits de l'hommes aux autres peuples immigrés, etc. ? L'individualisme égoïste du bourgeois à l'individualisme égoïste de la bourgeoise, à l'indivudalisme égoïste de tous ?
Et tout comme ce droit libéral est totalement contradictoire, il en va de même avec le féminisme. Lisons encore un peu Marx :
« Le « but » de toute « association politique » est la « conservation des droits naturels et imprescriptible de l'homme ». (Déclar., 1791, art. 2.) - « Le gouvernement est institué pour garantir à l'homme la jouissance de ses droits naturels et imprescriptibles. » (Déclar., 1791, art. 1.) Donc, même aux époques de son enthousiasme encore fraîchement éclos et poussé à l'extrême par la force même des circonstances, la vie politique déclare n'être qu'un simple moyen, dont le but est la vie de la société bourgeoise. Il est vrai que sa pratique révolutionnaire est en contradiction flagrante avec sa théorie. Tandis que, par exemple, la sûreté est déclarée l'un des droits de l'homme, la violation du secret de la correspondance est mise à l'ordre du jour. Tandis que la « liberté indéfinie de la presse » est garantie (Déclar. de 1793, art. 122) comme là conséquence du droit de la liberté individuelle, elle est complètement anéantie, car « la liberté de la presse ne doit pas être permise lorsqu'elle compromet la liberté publique ». (Robespierre jeune; Histoire parlementaire de la Révolution française, par Buchez et Roux, tome XXVIII, p. 159.) Ce qui revient à dire : le droit de liberté cesse d'être un droit, dès qu'il entre en conflit avec la vie politique, alors que, en théorie, la vie politique n'est que la garantie des droits de l'homme, des droits de l'homme individuel, et doit donc être suspendue, dès qu'elle se trouve en contradiction avec son but, ces droits de l'homme. Mais la pratique n'est que l'exception, et la théorie est la règle. Et quand même on voudrait considérer la pratique révolutionnaire comme la position exacte du rapport, il resterait toujours à résoudre cette énigme : pourquoi, dans l'esprit des émancipateurs politiques, ce rapport est-il inversé, le but apparaissant comme le moyen, et le moyen comme but ? Cette illusion d'optique de leur conscience resterait toujours la même énigme mais d'ordre psychologique et théorique. »
De même le féminisme introduit le droit égoïste pour la bourgeoise. Or sur quoi repose la liberté de la bourgeoise sinon sur l'esclavage salarié capitaliste, qui exploite hommes et femmes indistinctement... Cette contradiction a déjà été montrée par les courants anti-libéraux bourgeois réactionnaires, bien qu'ils ceux-ci se bornaient à une critique réactionnaire. En réalité Marx lui-même a déjà largement pointé ces contradictions titanesques, que nous retrouvons tout logiquement chez notre extrême gauche petite bourgeoise et libérale, subjectiviste jusqu'à la moelle.
Le marxisme donc, n'est pas un droit de l'hommisme "bonus", ce n'est pas une révolution bourgeoise++, pas une extension des droits individualistes et égoïstes à tous (aux femmes, aux immigrés, ou aux animaux comme cela est en train d'arriver). Cela ça n'est pas le marxisme, mais une excroissance sans fin du libéralisme, des "droits de l'homme", c'est à dire des droits du bourgeois, des droits qui consacrent l'individu égoïste, de l'individu en fait exploiteur, car "l'individu" en dehors de la société n'existe pas. Et bien évidemment la bourgeoisie masque cela en parlant d'individu en général sans montrer le piège, qui est tout simple, à savoir que cet "individu" n'est en fait que l'individu bourgeois, l'exploiteur, et que ces "droits de l'homme" consacrent les droits de l'exploiteur, de l'individu égoïste, sa liberté d'exploiter, fut-il blanc, noir, homme, femme (dans ses versions ultérieures), cela n'est pas du marxisme. L'égalité ici n'est rien d'autre que l'égalité dans la liberté, c'est à dire l'extension à tous de ces principes bourgeois égoïstes, c'est à dire un droit universel à l'individualisme égoïste, comme je l'ai dit plus haut : les femmes, les immigrés, les animaux, etc.
Cela n'est pas, n'a jamais, et surtout, ne sera jamais, mais alors jamais le marxisme. Que petits bourgeois révisionnistes d'extrême gauche confondent cela avec le marxisme, c'est leur affaire. Mais qu'ils relisent donc Marx, un petit rafraîchissement ne fait pas de mal, tant ils sont imprégnés de conceptions bourgeois, libérales et subjectivistes, totalement anti-socialistes. Or le socialisme n'est pas une extension à tous de l'hypocrisie bourgeoise individualiste, de sa prétendue "liberté" et de sa prétendue "égalité" mais au contraire son abolition.
Marx résume :
« Toute émancipation n’est que la réduction, du monde humain, des rapports, à l'homme lui-même.
L'émancipation politique, c'est la réduction de l'homme d'une part au membre de la société bourgeoise, à l'individu égoïste et indépendant, et d'autre part au citoyen, à la personne morale.
L'émancipation humaine n'est réalisée que lorsque l'homme a reconnu et organisé ses forces propres comme forces sociales et ne sépare donc plus de lui la force sociale sous la forme de la force politique. »
Expliquons. L'émancipation politique est ce que réclament les bourgeois, c'est à dire qu'ils veulent la liberté de leur propre individualité égoïste, et liberté au sens de la liberté de pulluler en bourgeois, c'est à dire d'exploiter les autres. C'est donc un individualisme, subjectiviste, ce qu'on appelle le libéralisme.
L'égalité de liberté, ou égalité des chances, n'est que l'extension de cette liberté à tous, mais cela ne change strictement rien, et n'est pas sans contradictions, car on ne peut pas avoir d'exploiteurs sans exploités, tout le monde ne peut pas devenir bourgeois. Il faut nécessairement qu'il y ait des esclaves pour qu'il y ait des maîtres, des prolétaires pour qu'il y ait des bourgeois.
Marx dit à ce sujet :
« Le prolétariat et la richesse sont des contraires. Comme tels, ils constituent une totalité. Ils sont tous deux des formations du monde de la propriété privée. La question est de savoir quelle place déterminée chacun d'eux occupe dans cette contradiction. Dire que ce sont deux faces d'un tout ne suffit pas.
La propriété privée en tant que propriété privée, en tant que richesse, est forcée de perpétuer sa propre existence; et par là même celle de son contraire, le prolétariat. La propriété privée qui a trouvé sa satisfaction en soi-même est le côté positif de la contradiction.
Inversement, le prolétariat est forcé, en tant que prolétariat, de s'abolir lui-même et du coup d'abolir [34] son contraire dont il dépend, qui fait de lui le prolétariat : la propriété privée. Il est le côté négatif de la contradiction, l'inquiétude au cœur de la contradiction, la propriété privée dissoute et se dissolvant.
La classe possédante et la classe prolétaire représentent la même aliénation humaine. Mais la première se sent à son aise dans cette aliénation; elle y trouve une confirmation, elle reconnaît dans cette aliénation de soi sa propre puissance, et possède en elle l'apparence d'une existence humaine; la seconde se sent anéantie dans cette aliénation, y voit son impuissance et la réalité d'une existence inhumaine. » Karl Marx, La sainte famille
C'est pour quoi cette infâme hypocrisie d'égalité dans la liberté est une fiante bourgeoise. C'est pourquoi toutes ces extensions de l'égalité de liberté, à savoir le féminisme, l'anti-racisme, les droits des animaux, la méritocratie d'ascencion sociale, sont des tares bourgeoises qui exlcuent d'emblée toute appartenance au courant marxiste celui qui s'en revendique. Les petits bourgeois s'excluent eux-mêmes du socialisme, même s'ils peuvent fièrement se revendiquer marxistes (c'est à dire en fait que ce sont des révisionnistes mais non de vrais marxistes). Le "marxisme culturel" est parfaitement dans cette veine-là, et participe d'ailleurs à couvrir de ridicule l'authentique marxisme en le faisant passer pour ce qu'il n'est pas.
L'émancipation humaine est le véritable but du communisme, c'est à dire la liberté pour tous les hommes. Or cette liberté ne peut évidemment pas être la liberté bourgeoise fondée sur l'exploitation (c'est à dire l'esclavage). Nécessairement cette liberté suppose la suppression de la liberté bourgeoise, mais aussi de l'égalité de liberté, fut elle "de gauche" ou "de droite" (le marxisme n'est pas "de gauche"). Le marxisme reconnaît donc comme but non pas l'émancipation l'individu (comme si tous les individus étaient les mêmes alors qu'en vrai il y a des exploiteurs et des exploités...), mais tous les individus : les parties et la totalité. Et nous ne pouvons séparer les deux. Ce principe dialectique fondamental, que j'ai explicité plus haut (on ne peut pas séparer l'existence des bourgeois et des prolétaires). L'émancipation humaine de n'importe quelle individu ne peut se passer au préalable de celle de tous les individus. C'est donc dans la lutte des classes, la suppression de l'exploitation bourgeoise par la dictature du prolétariat que le marxisme trouve la solution ; et celle-ci aboutit aussi bien à la suppression de la bourgeoisie que du prolétariat, à une société sans classe. C'est bien sur ce que refusent tous les libéraux petits bourgeois, par exemple révisionnistes, réformistes, anarchistes, pour qui au contraire tout doit passer par l'individu bourgeois ou petit bourgeois comme moyen et comme fin. Peu importe d'ailleurs à quel degré ils arrivent à s'accaprer la phraséologie marxiste pour masquer leur perfidie petite bourgeoise, et qui fait d'eux soit des adversaires déclarés du marxisme, soit des révisionnistes professionels de la tromperie qui tentent de le déformer, soit des adversaires qui s'ignorent (car encore certains s'imaginent que Marx est un de leur champion mais il suffirait qu'ils ouvrent un de ses livres, sans savoir qu'il s'agit de Marx, et alors ils cracheraient instinctivement leur haine sur lui).
A ces mots, nos petits bourgeois d'extrême gauche sont saisis d'horreur, crient au fascisme, à l'antisémitisme, à l'antiféminisme, au racisme ! Mais c'est de cette même sainte horreur que nos petits bourgeois convulsaient face au socialisme, Marx dit, en parlant de l'individu bourgeois :
« Vous êtes saisis d'horreur parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais, dans votre société, la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres. C'est précisément parce qu'elle n'existe pas pour ces neuf dixièmes qu'elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une forme de propriété qui ne peut exister qu'à la condition que l'immense majorité soit frustrée de toute propriété. En un mot, vous nous accusez de vouloir abolir votre propriété à vous. En vérité, c'est bien ce que nous voulons.
Dès que le travail ne peut plus être converti en capital, en argent, en rente foncière, bref en pouvoir social capable d'être monopolisé, c'est-à-dire dès que la propriété individuelle ne peut plus se transformer en propriété bourgeoise, vous déclarez que l'individu est supprimé.
Vous avouez donc que, lorsque vous parlez de l'individu, vous n'entendez parler que du bourgeois, du propriétaire. Et cet individu-là, certes, doit être supprimé. »
Le point de vue des petits bourgeois et bourgeois d'une part, et le point de vue des marxistes d'autres parts, est totalement opposé.
Le but des premiers est une extension sans fin des droits politiques, c'est à dire des droits à l'égoïsme, des droits à dominer, ce qui est bien sur une foutaise et une contradiction, car telle droit d'égoïsme donné à tel personne frustre le droit d'égoïsme de l'autre. Le but des marxistes est l'émancipation humaine, et celle-ci ne passe ni par la liberté bourgeoise, ni par l'égalité de liberté bourgeoise, ni donc par ces droits à l'égoïsme que sont le droit bourgeois et petits bourgeois.
L'influence de ces conceptions bourgeoises sur le socialisme a donné le réformisme, le syndicalisme, le féminisme, l'anti-racisme, etc. autant de mouvements qui prétendent "émanciper" des "opprimés" au sein même de la société capitaliste. Or en quoi ces mouvements ont-ils amélioré concrètement la situation des masses, vu qu'ils ont partout bataillé pour des droits à l'égoïsme, et donc pour l'esclavage salarié, in fine.
Que signifie le droit des femmes ? "Les femmes" et "les hommes" ne forment pas une communauté d'intérêt, donc pas une classe sociale. L'esclave et la bourgeoise n'ont rien en commun comme intérêt. Le droit au travail des femmes est le droit pour la bourgeoise d'exploiter hommes et femmes. Le droit des femmes, signifie donc aussi l'esclavage de 90% des femmes. Quelle belle conquête. Et il en va ainsi du reste.
Qu'on nous présente cela comme une grande avancée. Il est vrai aussi qu'autoriser les femmes à être gardiens de camps de concentrations aurait ôté au monde une grande inégalité homme-femme, une terrible injustice, comme celle que la classe capitaliste n'accepte pas la parité homme-femme dans les conseils d'administrations des grandes entreprises ! Grand changement s'il en faut.
Que monsieur Bettencourt fasse le ménage et la vaisselle, une grande conquête sociale aussi, et il en faut bien pour exciter nos bourgeois dans leurs luttes pour la "conquête de droits nouveaux".
Dans toute révolution bourgeoise, dit Marx, la classe dominante est davantage contrainte à présenter ses intérêts comme étant l'intérêt de tous les membres de la société. Par exemple le féminisme présenta les intérêts de la bourgeoise comme étant l'intérêt de toutes les femmes. L'anti-racisme présenta l'intérêt de quelques immigrés cooptés comme l'intérêt de tous les immigrés. Etc. Il n'est d'ailleurs pas surprenant que toutes les associations pour les "minorités" soient en fait dirigées par les capitalistes eux-mêmes, ou par des hommes entretenus par la bourgeoisie. Car à qui profite le travail des femmes et des immigrés si ce n'est directement aux actionnaires des grands groupes capitalistses, par la hausse des salaires qu'elle empêche ? Et comme dans toutes ces combines mafieuses, on retrouve toujours les "meilleurs éléments" au sommet. Ainsi il est maintenant de notorité publique que parmi les leaders de ces mouvements, on trouve essentiellement de véritables violeurs, racistes, etc. et cela ne doit pas nous étonner, car ainsi fonctionne l'hypocrisie bourgeoise. On ne s'étonnera pas non plus du cabinet de monstruosité "LGBT" "transgenre" qui prolifère comme inévitable excroissance de ce mouvement. Poussé jusqu'au bout, l'idéalisme subjectif des nos libéraux n'a d'autre résultat que ces chimères, dont parmi eux certains même commencent à se poser des questions... et qui faisait dire à Lénine que les excès dans la vie sexuelle sont un signe de dégénérescence bourgeoise.
Ces mouvements sont d'ailleurs capables de se nourir de leur propre "contraire", ainsi bourgeoisie conservatrice ("de droite") et bourgeoisie libérale ("de gauche") prétendent constituer une opposition idéologique irréconciliable, tandis que les uns et les autres frappent ensemble dès lors qu'il s'agit de lutter pour renforcer l'esclavage salarié, y compris chez "l'extrême gauche" qui leur sert de supplétif et de petits soldats, dont on connaît d'ailleurs les liens financiers désormais établis.
Partout où ils se sont développés, ces mouvements bourgeois se sont donc avérés être d'effroyables et de pures escroqueries. Nulle part si ce n'est dans la tête de ces gens, leur lutte est "compatible avec le marxisme", voire son "extension logique". La "triple oppression" ou la "convergence des luttes", la "lutte contres toutes les oppressions", sont autant de slogans bourgeois, qui dissimulent autant de préjugés bourgeois et d'intérêts bourgeois. Autant de diversions aussi sur le seul vrai sujet, à savoir l'esclavage salarié.
Au contraire seul le marxisme a réellement émancipé aussi bien les femmes que les hommes, en URSS par exemple. Car en abattant l'esclavage salarié, c'est toute la société qui fut libérée et non quelques chanceux accédant à des postes de maîtres esclavagistes (car cela ne constitue en rien le socialisme). Avec ces réelles avancées, en effet, ce fut pour le coup une véritable émancipation et non un vulgaire droit à l'égoïsme (des femmes ou des hommes).
Informations sur ce site
Ce site entend donner aux communistes les outils intellectuels et idéologiques du marxisme-léninisme. A son époque déjà, Lénine notait "la diffusion inouïe des déformations du marxisme", il concluait que "notre tâche est tout d'abord de rétablir la doctrine de Marx". Ces éléments théoriques ont pour but de participer à la formation des jeunes cadres dont le parti du marxisme révolutionnaire aura besoin en France au cours des prochaines années. A son époque, Marx remarquait déjà "qu'en France, l’absence de base théorique et de bon sens politique se fait généralement sentir". Le manque de formation marxiste-léniniste est un obsctacle majeur à la construction d'un futur parti et un terreau fertile au maintien (voire au retour) des thèses réformistes, révisionnistes, opportunistes qui occupent actuellement tout le terrain sous une multitude de formes. Ce site n'est qu'une initiation au marxisme-léninisme. Les textes ne sont pas suffisants à la maîtrise du marxisme, ils sont une tentative de vulgarisation, d'explication de la pensée marxiste, ainsi qu'un éclairage de l'actualité à l'aide de cet outil. Il va de soi qu'une lecture des classiques du marxisme-léninisme est indispensable.
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