un autre point de vue sur l'actualité  internationale

Les textes qui suivent ont été rédigés par Nicolas Bourgoin, P-A Rey et Robert Bibeau* [ce dernier a récemment dégénéré vers le conseillisme, une variété sophistiquée de trotskisme assimilant l'URSS de Lénine-Staline à du capitalisme d'Etat]. Ils constituent une contribution majeure à la diffusion d'analyses portant sur l'actualité internationale. Nous renvoyons également à deux excellents sites d'information francophones réellement alternatifs : http://www.mondialisation.ca/ et http://www.voltairenet.org/

Nous conseillons enfin la lecture des très intéressantes analyses produites par nos camarades du Parti Communiste Prolétarien de Côte d'Ivoire.

Sommaire :

Loi travail et 49/3 : l'essentiel en images

 

Document important de l'OCF : "La drôle de grève"

 

Réaction de l'OCF aux attentats de Paris du 13 novembre 2015

 

Crise financière, chaos économique et dictature politique, l’actualité de la lutte antifasciste (NB, 23 mars 2015)

 

Terreur ou révolution ? (OCF, janvier 2015)

 

Voilà pourquoi « je ne suis pas Charlie » ! (10/01/2015)

 

Le vrai projet de l’Union Européenne : austérité à perpétuité, chaos social et fascisme (NB, 27 novembre 2014)

Le monde impérialiste change et redéfinit ses alliances
(RB, 26 novembre 2014)
 

Rémi Fraisse, tué pour l’exemple ? (NB, 29 octobre 2014)

 

Donbass-Palestine : à qui profite le crime ? (TML, 19 juillet 2014)

 

Coupe du Monde : ce qu’on ne verra jamais (NB, 11 juin 2014)

L’obésité, maladie du mondialisme
(NB, 9 juin 2014)

 

Je suis contre ! (RB, 28 mars 2014)

Les leçons des élections municipales françaises
(RB, 26 mars 2014)

PKP-Péladeau, la menace du fils à papa
(RB, 14 mars 2014)

L’industrie du syndicalisme d'affaire
(RB, 12 mars 2014)

 

Ukraine - Les ouvriers n'ont pas encore parlé (RB, 21 février 2014)

 

Oui, la guerre, c'est la France... impérialiste (RB, 15 janvier 2013)

 

Afrique — Le continent spolié ! (RB, 24 octobre 2012)

 

Élections américaines — 2012 — Les vrais enjeux ! (RB, 17 octobre 2012)

 

La bataille de l'euro ! (RB, 10 octobre 2012)

 

La crise économique et tous ses méfaits (RB, 26 septembre 2012)

 

Lendemain d'élections : l'impossible justice économique (RB, 05/09/2012)

 

Le score de Marine Le Pen aux présidentielles (RB, 16 mai 2012)

Grève étudiante au Québec – Bilan après 13 semaines de résistance (RB, 9 mai 2012)

 

La nouvelle gauche radicale antique et mystique (RB, 29 avril 2012)

 

Ne votez pas – Ils sont tous pareils (RB, 21 mars 2012)

[Texte diffusé par l'OCF dans son communiqué sur les élections présidentielles 2012 en France]

 

La crise économique – La Chine – L’Afrique et l’Europe (RB, 23 février 2012)

 

La Chine : puissance impérialiste triomphante (RB, 16 février 2012)

 

Les « Indignés » après le sommet du G-20 (RB, 10 novembre 2011)
 

La rasque française en Libye (RB, 7 octobre 2011)

 

La crise économique les balaiera tous ! (RB, 21 septembre 2011)

 

Soulèvement populaire au Royaume-Uni (RB, 10 août 2011)

 

La révolte grecque. Les héritiers d'Héraclès et le ménage des écuries d'Augias (RB, 7 juillet 2011)

 

La Chine impérialiste (RB, 30 juin 2011)

 

Révoltes arabes et répressions néo-coloniales (RB, 16 mai 2011)

 

Le peuple français s'appauvrit chaque année davantage ! (RB, 6 mai 2011)

 

L'assassinat extra judiciaire de Ben Laden (RB, 5 mai 2011)

 

Massacres en Côte d'Ivoire "libérée" par ses néo-colonisateurs ! (RB, 10 avril 2011)

 

La Libye sous les bombes "humanitaires" de l'ONU (RB, 23 mars 2011)

 

Sarkozy attaquera-t-il seul la Libye sans l'aide de l'OTAN ??? (RB, 12 mars 2011)
 

La parricide - La guerre civile en Libye (RB, 3 mars 2011)

 

Le "Printemps de Tunis" (RB, 24 janvier 2011)

 

L'échec consommé des "pourparlers directs" (RB, 13 décembre 2010)

 

Où va la Résistance palestinienne ? (RB, 26 novembre 2010)

 

Diktat contre l'Euro (RB, 21 mai 2010)

 

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Crise financière, chaos économique et dictature politique, l’actualité de la lutte antifasciste

23 mars 2015

Qui eût imaginé il y a seulement 10 ans que dans la France de 2015 on puisse être condamné à une peine de prison pour un simple message humoristique posté sur un réseau social ? Par touches successives et dans une indifférence quasi-complète se met en place ce qui ressemble de plus en plus clairement à une dictature. Le gouvernement actuel poursuit, en l’intensifiant et en l’élargissant, la révolution sécuritaire qui débute en France au milieu de la décennie 1970. Plusieurs évolutions en cours indiquent un recul effectif de la démocratie :

- un renforcement des pouvoirs donnés aux forces de renseignement et d’intervention,
– une restriction progressive des libertés publiques,
– une montée en puissance des procédures d’exception dérogatoires au droit pénal sous couvert de « guerre contre le terrorisme »,
– une répression politique contre ceux qui combattent l’idéologie dominante,
– une multiplication des lois discriminatoires contre la communauté musulmane.

Ces offensives sur le front intérieur s’accompagnent d’une diplomatie agressive et même belliciste contre les pays résistants à l’impérialisme occidental (Russie et Syrie en particulier) et d’un soutien affiché aux dictatures qui le servent (Ukraine, Egypte et monarchies du Golfe). « L’impérialisme, c’est la réaction sur toute la ligne et le renforcement de l’oppression nationale, conséquence du joug de l’oligarchie financière », écrivait Lénine. Un siècle plus tard, les faits sont là : politiques liberticides, laminage de la démocratie et mise en place d’un État policier sur fond de débâcle financière et économique et de durcissement des tensions géopolitiques.

Les politiques autoritaires menées par les élites mondialistes sont une réponse à l’aggravation des contradictions du capitalisme parvenu à son stade terminal de pourrissement. La domination de l’oligarchie perd peu à peu sa forme démocratique pour devenir une dictature politique ouverte, ce que l’on appelle communément le fascisme. L’analyse que faisait Georges Dimitrov de ce phénomène il y a 80 ans n’a rien perdu de son actualité. Elle permet de comprendre les ressorts de la situation actuelle.

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Vers un renforcement du contrôle social

Tout comme la Révolution néolibérale, sa soeur jumelle, la Révolution sécuritaire est un processus sans fin. Après les lois antiterroristes de 1986, 1992, 1996, 2001 et 2006 qui ont toutes laminé progressivement les droits du justiciable, renforcé les pouvoirs des services de renseignement et de la police, intensifié la surveillance des citoyens et militarisé l’espace public, le gouvernement actuel a rajouté deux grosses pierres à cette édifice : la loi du 21 décembre 2012 relative à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme et la loi du 13 novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme. Par un effet cumulatif – chaque nouvelle loi n’efface pas les précédentes mais vient ajouter de nouvelles dispositions régressives – la dernière est la plus liberticide de toutes celles déjà promulguées. Deux mois après son vote définitif, on commence à mesurer ses effets, notamment ceux de son innovation majeure : la création d’un délit d’apologie du terrorisme, aux contours éminemment flous. Quiconque manifeste des signes d’insoumission peut tomber sous le coup de cette inculpation d’autant plus aisément que le repérage des suspects bénéficie d’une force logistique aux pouvoirs accrus et de dispositifs de renseignement de plus en plus intrusifs grâce à la loi de programmation militaire qui par son article 20 légalise la surveillance d’Internet. Le dernier projet en date, celui de la loi sur le renseignement, qui sera voté avant l’été, permettra aux services de renseignement de surveiller les connexions des internautes sans passer par l’aval d’un juge. Il a suscité de fortes réserves de la part de la CNIL.

Un nouveau régime pénal d’exception

La guerre contre le terrorisme réduit les libertés publiques avec le consentement des populations concernées qui, sous l’effet du matraquage sécuritaire administré par les medias, sont désormais prêtes à sacrifier leurs libertés pour plus de sécurité. L’émotion suscitée par chaque nouvel attentat est ainsi l’occasion pour le gouvernement de prendre des mesures d’exception qui rapprochent la législation française toujours un peu plus du modèle du Patriot Act étasunien promulgué après les attentats du 11 septembre. Mises bout à bout, ces réformes transforment en profondeur le régime procédural des sanctions en créant une justice d’exception parallèle qui lamine peu à peu l’état de droit. Le domaine de la lutte antiterroriste s’affranchit de plus en plus des contraintes du droit pénal classique : la loi de novembre 2014 donne de nouveaux pouvoirs d’investigation aux enquêteurs pour fouiller les ordinateurs à distance, perquisitionner du matériel informatique, requérir des personnes pour déchiffrer des données cryptées et avoir recours à des écoutes et des sonorisations. La dernière loi sur le renseignement étend l’emploi de ces méthodes aux faits touchant la Défense Nationale, les intérêts de politiques étrangères, les intérêts économiques et scientifiques majeurs ainsi qu’aux « violences collectives pouvant porter gravement atteinte à la paix publique ». Notions pour le moins élastiques qui recouvrent quasiment tout le spectre de la contestation sociale et politique…

La surveillance par les services de renseignement des connexions des internautes et des sites jugés dangereux ainsi que leur suppression éventuelle par le pouvoir exécutif peut désormais se faire sans l’aval d’un juge et sans justification relative au contenu. Minority Report ne sera bientôt plus une fiction : la sanction peut être appliquée préventivement, avant même la commission de l’acte. La volonté (supposée) du sujet de commettre une infraction, attestée par des indices de comportement suspect (comme le fait de visiter certains sites Internet) peut être sanctionnée au même titre que l’acte accompli, sans même qu’il y  ait commencement d’exécution. Cette « justice prédictive » conduit à punir quelqu’un pour ce qu’il est – et donc pour ce qu’il pourrait faire étant donné sa dangerosité supposée – et non pour ce qu’il a fait. Le terme même de « guerre » contre le terrorisme indique que l’on a quitté le registre du droit pénal classique qui considère l’infracteur comme un délinquant amendable pour celui du droit pénal de l’ennemi qui est caractéristique des régimes totalitaires. Un ennemi est au mieux neutralisé, au pire éliminé. La guerre justifie l’emploi de mesures de sûreté comme l’internement des présumés terroristes (qualifiés « d’ennemis combattants illégaux ») dans les lieux de non-droit comme le camp de Guantanamo ou les « prisons secrètes de la CIA« .

Soumission au sionisme et racisme d’État

La réduction des libertés publiques, notamment d’expression, prend pour cible ceux qui refusent de rentrer dans le rang.  Face à la contestation montante, le ministre de l’Intérieur n’a pas hésité à modifier le droit au mépris de la séparation des pouvoirs. La jurisprudence Dieudonné, véritable coup de force politico-judiciaire qui lamine le droit protecteur de la création artistique, est lourd de conséquences pour les libertés publiques et a été dénoncé comme tel par les associations de défense des Droits de l’Homme. Les élites politiques ne défendent que la liberté d’expression de ceux qui servent leurs intérêts : soutien aux caricatures islamophobes de Charlie Hebdo, persécution contre les dessinateurs dissidents. Dans les faits, la liberté d’expression ne fait que régresser.

Enfin, comme toutes les politiques répressives menées dans un contexte de crise, celle du gouvernement utilise un bouc-émissaire ou une victime de substitution afin de faire diversion aux vrais problèmes économiques et sociaux posés par la dictature de l’oligarchie. Les mesures répressives contre le port du voile, véritables lois de Nuremberg des temps modernes, fabriquent des citoyens de seconde zone auxquels on interdit de manifester leur appartenance religieuse. Les musulmans sont devenus des parias de la République. Le modèle du choc des civilisations, nouvelle idéologie dominante, justifie ces politiques du deux poids, deux mesures au service du sionisme.

Choc des civilisations et guerre impérialiste

Cette politique discriminatoire sur le front intérieur s’accompagne d’une participation aux guerres de l’Empire menées contre les peuples d’Orient, Irak en particulier, sous couvert d’éradication du terrorisme, afin de « sécuriser » les profits des entreprises occidentales qui s’y trouvent. L’idéologie du choc des civilisations partagée par les élites mondialistes légitime les guerres de reconquête en cachant leurs mobiles économiques et financiers derrière des discours qui font de l’occident judéo-chrétien une citadelle assiégée par l’Islam. La défense stratégique de l’occident  passe aussi par un soutien politique, financier et militaire à la junte fasciste de Kiev. En Ukraine, le processus de fascisation à l’œuvre partout dans l’Europe en crise est arrivé à son terme. Le modèle autoritaire est la forme ultime que peut prendre l’État bourgeois quand il est confronté à une crise d’une intensité particulière. La victoire du fascisme est :

« un signe montrant que la bourgeoisie n’est plus en mesure d’exercer le pouvoir par les vieilles méthodes du parlementarisme et de la démocratie bourgeoise, ce qui l’oblige à recourir dans sa politique intérieure, aux méthodes terroristes de gouvernement ; comme un signe attestant qu’elle n’a plus la force de trouver une issue à la situation actuelle sur la base d’une politique extérieure de paix, ce qui l’oblige à recourir à une politique de guerre » (J. Staline, Les questions du léninisme, 1947).

L’austérité, voie royale vers le fascisme

Confrontée à une crise financière sans précédent, l’Union Européenne a pris le chemin d’une fuite en avant austéritaire qui contraint les peuples à toujours plus de sacrifices et les enferme dans la spirale de la récession. Le dernier programme d’austérité en date qui s’abattra sur la France après les élections départementales est encore plus dur que les précédents : la Commission exige pas moins de 30 milliards d’euros de coupes budgétaires en plus des 50 milliards d’euros déjà prévus par le gouvernement Valls d’ici 2017, et 4 milliards d’euros de coupes supplémentaires dès cette année. Dans son interview au Parisien du mercredi 4 mars, François Hollande a déjà accepté le nouveau diktat de la Commission. Il a déclaré que « si Bruxelles demande 4 milliards de plus pour respecter nos engagements en matière de réduction des déficits publics, ils seront trouvés par des économies nouvelles ».

Et comme si ça ne suffisait pas, la Commission exige de nouvelles « réformes structurelles » qui concerneront les retraites, l’assurance-chômage et le marché du travail : recul de l’âge du départ à la retraite, réduction des indemnités des chômeurs et facilitation des licenciements. Et avec à la clé de nouvelles sanctions contre la France si elle ne se conforme pas aux exigences des diktats bruxellois.

Comment contraindre la majorité de la population à vivre dans des conditions toujours plus dégradées ? Le maintien en vie du capitalisme à son stade terminal requiert l’usage de la force, l’exercice d’un pouvoir d’État toujours plus répressif :

« Les milieux impérialistes tentent de faire retomber tout le poids de la crise sur les épaules des travailleurs. C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme. Ils s’efforcent de résoudre le problème des marchés par l’asservissement des peuples faibles, par l’aggravation du joug colonial et par un nouveau partage du monde au moyen de la guerre. c’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme » (G.Dimitrov, VIIè Congrès de l’IC, 1935).

L’Union Européenne, un projet fasciste

L’Union Européenne en tant que bloc impérialiste ne peut être à terme qu’un projet fasciste car la crise de l’endettement est non résolvable dans le cadre des institutions actuelles, la monnaie unique privant les États européens de toute relance par l’inflation et les condamnant à une récession sans fin. Face à cette débâcle inévitable, on peut prévoir que la dictature oligarchique qui s’exerce sur les peuples européens se passe de la forme démocratique de gouvernement, de moins en moins adaptée, pour s’appuyer sur des États autoritaires relayant les injonctions de la Troïka. On peut parler à ce sujet d’euro-fascisation dont l’épicentre se situe dans les centres de pouvoir et les institutions même du grand capital. Dans un récent rapport, JPMorgan Chase plaide pour l’abrogation des constitutions démocratiques bourgeoises établies après la Seconde Guerre mondiale dans une série de pays européens et la mise en place de régimes autoritaires afin de laminer les oppositions aux mesures d’austérité massivement impopulaires appliquées au nom des banques. Des gouvernements au service exclusif des intérêts du capital financier et soumettant les peuples par la force étatique brute : nous avons la caractérisation exacte du fascisme qui est :

« la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier » (G.Dimitrov, VIIè congrès de l’IC, 1935).

La militarisation est également une tendance lourde de l’impérialisme analysé par Lénine. Les oligarchies occidentales poursuivent leurs guerres de rapine contre les peuples dominés sous la bannière de l’OTAN afin de préserver les intérêts et les profits des multinationales. La guerre contre le « terrorisme » au Mali a été menée par les impérialistes français pour « sécuriser » l’approvisionnement des centrales françaises en uranium au Niger et protéger ainsi les intérêts d’Areva. Israël, tête de pont de l’impérialisme américain au Moyen-Orient, joue un rôle décisif dans la guerre de civilisation contre les peuples d’Orient, assimilés à l’axe du mal par la théorie néoconservatrice. Pièce maîtresse du Nouvel Ordre Mondial, sa capitale Jérusalem est appelée à devenir  le siège du futur gouvernement mondial. Le sionisme, qui justifie l’hégémonie occidentale sur les peuples dominés, est partie intégrante de l’idéologie des élites mondialistes qui sépare le monde en deux camps – occident judéo-chrétien contre Islam barbare. Comme l’a si bien dit Christophe Barbier à propos de l’opération plomb durci, quand Tsahal bombarde les populations palestiniennes – femmes et enfants compris – elle le fait pour notre tranquillité.

La classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle (Marx) : l’hyper-classe mondialisée assure donc la promotion médiatique de l’idéologie sioniste ou pro-occidentale – parfois en menant de véritables campagnes de désinformation – en même temps qu’elle se donne les moyens de sanctionner politiquement ou même pénalement ceux qui la contestent.

Crise et social-fascisme

Le fascisme est-il nécessairement instauré par un coup d’État ?  Pour Georges Dimitrov :

« on ne saurait se faire de l’arrivée du fascisme au pouvoir l’idée simpliste et unie qu’un comité quelconque du capital financier déciderait d’instaurer à telle date la dictature fasciste (…) avant l’instauration de la dictature fasciste, les gouvernements bourgeois passent ordinairement par une série d’étapes préparatoires et prennent une série de mesures réactionnaires contribuant à l’avènement direct du fascisme« .

Le processus engagé en France est un processus de fascisation : une succession de réformes laminant les droits démocratiques et sociaux par lesquelles la social-démocratie fraye la voie au fascisme. La fascisation est le mouvement vers le fascisme qui se développe de l’intérieur même de la démocratie bourgeoise en crise. La politique actuelle en apparence démocratique mais en réalité fasciste peut être qualifiée de « sociale-fasciste ». Démocratie bourgeoise et fascisme assurent tous deux la même dictature du capital impérialiste mais la première n’est durablement efficace que lorsque la bourgeoisie a les moyens de lâcher des « miettes » et de faire des concessions à la classe dominée. La seconde survient quand elle n’a plus de grain à moudre et que les contradictions produites par la crise deviennent insurmontables par les méthodes démocratiques. L’histoire nous a montré que l’on peut passer aisément de l’une à l’autre : « le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais son évolution par temps de crise » (Brecht). Dans le contexte de récession sans fin que connaît l’UE, la situation de l’Ukraine, au bord du gouffre économique et sous le joug du fascisme, pourrait bien devenir à moyen terme la norme des pays européens.

 

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TERREUR OU RÉVOLUTION ?

(À propos des événements survenus en France début janvier 2015)

 

La violence a frappé à Paris. Des journalistes satiriques sont morts. Des « anonymes » du seul fait de leur religion supposée ont été assassinées. Soixante douze heures plus tard les forces spéciales de l’État tuaient les auteurs des crimes. Et le 11 janvier, à l’appel du gouvernement, près de 4 millions de personnes, défilaient dans toute la France sous le mot d’ordre « Je suis charlie » (du nom du journal Charlie-hebdo dont de nombreux journalistes avaient été assassinés). Le 13 Janvier les députés, unanimes, se lèvent et chantent la Marseillaise.

En peu de jours, pour nous communistes,  ce n’est pas l’histoire qui avancé brutalement. Cette semaine agitée est, avant tout, un révélateur des rapports de forces ENTRE CLASSES dans notre pays.

 

Le crime : les terroristes.

Les criminels ont été rapidement identifiés comme proches, comme on dit de la « mouvance islamique » ou « djihadiste ». C’est possible, mais leur mort brutale interdit tout procès et donc toute enquête sur leurs motifs, leurs commanditaires. Donc ils étaient et resteront des « terroristes ».

Qui étaient-ils ? Des jeunes gens élevés en France. Ils furent des gosses de banlieues. Ces banlieues qui dans les années 70 se vidèrent peu à peu de leur population « blanche-de-souche » pour aller grossir les rangs des travailleurs des services ou de la fonction publique. Banlieues où les gouvernements successifs ont parqué les travailleurs immigrés, travailleurs à faibles qualifications, à bas salaires. Et maintenant on nous dit que les banlieues sont des « zones de non-droit ». Et gauche comme droite, ils voudraient que de ces « zones de non droit » sortent des « hommes de droit » ? 40 ou 60% de chômage, des trafics en tout genre qui permettent –marginalement -  à certaines familles de payer leur loyer ou leur repas  - au-delà du banditisme de haut niveau et des caïds qui ne peuvent que prospérer dans une telle décomposition sociale -.

Face à ce désastre social le système capitaliste n’a rien à répondre, si ce n’est la force brutale comme on l’a bien vu lors des « émeutes des banlieues » en 2005.

Face à ce désastre social la gauche est politiquement et idéologiquement responsable. Passant peu à peu du prolétariat à la petite bourgeoisie (années 1970), la population militante du PCF (le PS n’avait aucune existence populaire à l’époque !) s’est désengagé des quartiers pour se replier dans ses lotissements. La direction du PCF, G. Marchais en tête, déclarait en 1981 : 

« Il faut résoudre l’important problème posé dans la vie locale française par l’immigration. Se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela rend difficiles leurs relations avec les Français. »  (Le même Marchais en janvier 1981, soutenait l'initiative du dirigeant communiste Paul Mercieca, maire de Vitry, qui avait fait raser au bulldozer, le 24 décembre 1980, un foyer Sonacotra où logeaient plusieurs centaines de Maliens (DR). Quelques semaines plus tard il soutenait une initiative similaire du maire de Montigny-les-Cormeilles, Robert Hue. Après avoir été secrétaire national du PCF, Robert Hue a décidé de soutenir François Hollande dès le premier tour).

35, 40 ans plus tard il faut dire les choses comme elles sont : les jeunes de banlieues n’ont aucun avenir. Que peuvent leur apprendre leurs parents rejetés en périphérie de nos villes ? Que peut leur apprendre l’école qui est depuis 1968 le lieu de toutes les expérimentations pseudo-pédagogiques possibles, de toutes les réécritures possible des manuels ?

Faut-il s’étonner que dans ce contexte, ne serait-ce que franco-français, des jeunes cherchent d’autres choses ?

Les hommes se nourrissent de pain, mais ils se nourrissent aussi avec des idéaux. Économiquement laissés pour compte, en conflit avec cette société de « consommation » dont on ne  les laisse approcher que de loin de la vitrine il est tout à fait logique que certains de ces jeunes se laissent attirer par des discours qui ont toujours existé. Et surtout des discours très simples sur le « bien et le mal » et le sacrifice de soi par lequel il faudrait passer.

Ces désespérances  mènent à ce qu’on appelle aujourd’hui le « terrorisme ». Il n’y a rien à condamner, mais pour lutter il faut COMPRENDRE l’origine des choses.

Pourquoi le discours actuel de la gauche insiste-t-il sur les facteurs culturels ? : « Obstacles culturels à l’intégration, intégration insuffisante, islam comme contradictoire avec la république et la laïcité, inadaptation culturelle, etc.

Il s’agit ainsi d’émanciper l’autre malgré lui et si nécessaire par la violence. C’est le « racisme respectable », ne se justifiant pas « contre » le racisé mais s’argumentant de grandes valeurs censées l’émanciper

Dès lors les objectifs de l’action ne sont pas l’éradication des inégalités mais la transformation des personnes c’est-à-dire qu’il s’agit de les civiliser en les assimilant. Ce n’est pas un hasard si le terme d’intégration est vomi dans les quartiers populaires et perçu comme une agression ».(Saïd Bouamama)

Cette vision intellectualiste de la gauche française, ne fait que reprendre les vieux arguments d’un Jules Ferry au 19ième siècle justifiant le colonialisme : " Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures... » (28 juillet 1885).

Les jeunes gens qui ont commis ces crimes à Paris sont le résultat de ces dizaines d’années d’abandon social, culturel, politique. Ils ne sont qu’une poignée en Europe. Mais sommes nous devenus aveugles au pont de ne pas voir que si nous suivons la voie des commis de la bourgeoisie, tout ces Mitterrand, Chirac, Sarkozy, hollande (Pour ne parler que des chefs de bureau), nous suivons la même voie que ceux qui ont amené Hitler au pouvoir avec un peuple allemand dévasté par la crise économique et la liquidation physique de ces chefs politiques et syndicaux ?

Sommes-nous aveugles, nous communistes, pour ne pas voir que nous devons – EN PRIORITÉ – nous adresser à ces hommes et femmes, à ces jeunes rejetés dans l’anonymat des banlieues et des quartiers pauvres ?

Car au fond c’est de eux, de ce peuple des damnés de la terre, précarisés que dépend l’avenir de notre révolution.

Ou bien nous les amènerons sur la véritable compréhension de leur sort, ou bien la bourgeoisie – imperturbable – continuera son œuvre de destruction sociale et idéologique de ces populations pour fabriquer ce que Marx appelait le « Lumpenprolétariat »  - ce « prolétariat et haillons » qui se vendra au plus offrant comme cher à canon de la guerre ou de la contre-révolution.

L’alternative est claire et depuis A. Gramsci elle n’a pas changé :

 

SOCIALISME OU BARBARIE

 

2.  Les victimes : des hommes, des femmes, la liberté d’expression.

Les crimes de Paris ont faits plusieurs victimes. Des hommes, des femmes. Des passants, des policiers, des journalistes.

Certains étaient là au mauvais moment, au mauvais endroit et la mort les a fauché comme une bombe sur Gaza.

Les journalistes sont, en France, une caste. Le film « les nouveaux chiens de garde » (2012) permet de bien comprendre l’imbrication réelle des liens entre la presse et les milieux d’affaires).

Les gens de Charlie Hebdo, membres de cette caste, dessinateurs de talent, avaient mis ce dernier ( et depuis plusieurs années) au service d’une « cause » à la mode. L’écrivain israélien Shlomo Sand a écrit le 19 janvier dernier :

« Dans  la majorité des caricatures sur l’islam publiées par l’hebdomadaire, au cours de la dernière décennie, j’ai relevé une haine manipulatrice destinée à séduire davantage de lecteurs, évidemment non-musulmans. La reproduction par Charlie des caricatures publiées dans le journal danois m’a semblé abominable. Déjà, en 2006, j’avais perçu comme une pure  provocation, le dessin de Mahomet coiffé d’un turban flanqué d’une  grenade. Ce n’était pas tant une caricature contre les islamistes qu’une  assimilation stupide de l’islam à la terreur ; c’est comme si l’on identifiait le judaïsme avec l’argent! »           

Et d’ajouter :

« On fait valoir que Charlie s’en prend, indistinctement, à toutes les religions, mais c’est un mensonge. Certes, il s’est moqué des chrétiens, et, parfois, des juifs ; toutefois, ni le journal danois, ni Charlie ne  se seraient permis, et c’est heureux, de publier une caricature présentant le prophète Moïse, avec une kippa et des franges rituelles, sous la forme d’un usurier à l’air roublard, installé au coin d’une rue. 

Un vent mauvais, un vent fétide de racisme dangereux, flotte sur l’Europe : il existe une différence fondamentale entre le fait de s’en prendre à une religion ou à une croyance dominante dans une société, et celui d’attenter ou d’inciter contre la religion d’une minorité dominée. »

Il est probable que les dessinateurs de Charlie Hebdo ne soient pas allés aussi loin dans l’analyse de ce qu’ils faisaient. Issus pour la plupart de l’anarchisme, côtoyant la gauche, comment auraient ils pu penser qu’au-delà de quelques coups de crayons ils servaient une cause qui les dépassait.

Eux, les saltimbanques du croquis, sont morts pour des idées qu’ils pensaient être les leurs. Et Shlomo Sand a bien raison de faire remarquer que dans le «vent fétide » qui souffle sur l’Europe il est trop facile de s’en prendre aux idées d’une « minorité dominée ».             

Pour nous, communistes, le problème de la religion est un problème social avant tout. Marx disait : « La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Elle est l’opium du peuple ». Cette phrase qui a été écrite en 1843 n’a pas vieillie.

Qui sont les « créatures accablées » ?  Le monde capitaliste a-t-il un « cœur » ? L’état du monde capitaliste nous incite t il à rêver ?  Et Marx de conclure que si la religion essaie de masquer les réalités pour que nous partions dans des mondes illusoires peuplés de dieux, d’anges ou autres phénomènes « révélés » en attendant la mort qui délivre,, alors – dans ce cas – la religion est une drogue : un  opium.

La religion n’est qu’une forme d’idéal faussé par une perception non matérialiste de la réalité.

S’en prendre, comme l’ont fait, sottement et UNILATÉRALEMENT, les dessinateurs de Charlie Hebdo, à l’Islam est non seulement une faute politique mais un manque de respect NON PAS DE L’ISLAM, mais pour tous ceux de par le monde qu’ils savaient pouvoir être blessés par ces outrances.


Nous communistes nous en avons assez des ces suffisances « occidentales ». Trop de pseudos communistes, de gens de « gauche » depuis des dizaines d’années, nous font des leçons de « républicanisme », nous agitent les leçons de 1789 et des Lumières, pour justifier leur allégeance à l’idéologie dominante. Leur adhésion à tous les abandons des principes du communisme. La révolution de 1789 reste une révolution bourgeoise.

Un rappel à K. Marx semble nécessaire :

« Les philosophes français du XVIIIe siècle, eux qui préparaient la Révolution, en appelaient à la raison comme juge unique de tout ce qui existait. On devait instituer un État raisonnable, une société raisonnable ; tout ce qui contredisait la raison éternelle devait être éliminé sans pitié. Nous avons vu également que cette raison éternelle n’était en réalité rien d’autre que l’entendement idéalisé du citoyen de la classe moyenne, dont son évolution faisait justement alors un bourgeois. Or, lorsque la Révolution française eut réalisé cette société de raison et cet État de raison, les nouvelles institutions, si rationnelles qu’elles fussent par rapport aux conditions antérieures, n’apparurent pas du tout comme absolument raisonnables. L’État de raison avait fait complète faillite » 

Et un auteur moderne d’ajouter :

« Là où nous lisons « homme », « humanité », « citoyenneté », c’est de l’humanité blanche et européenne que nous parlent les Lumières. Certes, dans les Lumières pointent pourtant les premières lueurs de nos valeurs. À condition d’ignorer la traite, la négritude, l’esclavage » (Louis Sala-Molins)

Longtemps il y a eu un malentendu que nous entendons dissiper. Beaucoup de gens de gauche ou se réclamant du communisme sont devenus allergiques au mot « islam ». Ils pensent qu’il faut éduquer correctement les gens pour les « vacciner » contre la religion.

L’islam n‘est pas notre ennemi. Seule la bourgeoisie et l‘impérialisme sont à combattre.

Nous communistes nous disons : les ouvriers sont des frères et des sœurs de servitude. Nous ne sommes pas des anarchistes prompts à pourfendre les images des idoles ou des bobos prêts à marcher derrière les gay prides et autres agitations spectaculaires « à la mode ».

Le seul Charlie que nous respectons, c’est celui qui ne s’est jamais moqué des pauvres et a mis à l’écran leur vie : Charlot (Charlie Chaplin).

Et pour les combats à venir nous tendons la main à tous ceux qui sont prêts à résister. Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise.

Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas     
Qu'importe comment s'appelle cette clarté sur
leur pas       
Que l'un fut de la chapelle et l'autre s'y dérobât

(Louis Aragon)

  

1998, 2002, 2015

La mythologie républicaine se construit comme toutes les mythologies. Par des mensonges, des fables (sens originel du mot grec Mythos qui a donné Mythe).

La France républicaine de 1998 c’était ces foules de joyeux lurons aux visages peinturlurés de bleu blanc rouge (black, blancs, beurs) – Notez que déjà seuls les blancs sont nommés comme tels. Les noirs sont devenus « blacks » et le arabes « beurs ».

La France était unie et victorieuse : comme on l’aime !

2002. Ouf on a échappé au fascisme !

On voit sur les écrans des manifestations avec de jeunes gens (blancs) avec des pancartes « j’ai honte d’être français »

Par un coup politique remarquable Chirac arrive à récolter 82% des suffrages pour devenir Président de la République.

L’unité Nationale et Républicaine est passée par là (comme en 1914 et 1939) et la gauche a voté comme un seul homme pour le candidat de la droite. Derrière ses écrans, les commanditaires de la bourgeoisie savourent.

2015, après les crimes parisiens, 4 millions de personnes manifestent sous le mot d’ordre « je suis Charlie ». Sans trop savoir s’il faut entendre le  « je suis » comme étant du verbe être ou du verbe suivre !

La foule n’est pas bigarrée. Les caméras filment des petits groupes de juifs, d’immigrés –à Paris -, mais pas de mélange. Les banlieues ne sont pas là  (pourtant les transports sont gratuits).

A Marseille, fait notable en France, 60 000 personnes seulement dans le défilé. Pourquoi ? Marseille est durement touchée par la crise, gangrénée par le clientélisme, une précarité sans égal des couches populaires.

Marseille nous donne une indication sur le contenu de classe de ces manifestations. Le gros des manifestants en France fait partie de la petite bourgeoisie. Peuples d’employés supérieurs, de cadres, de fonctionnaires… Mais les ouvriers, les chômeurs, les précaires, sont restés chez eux.

Après tout quelles raisons auraient ils de manifester DERRIÈRE Hollande, Merkel, Jaroy et tous ce gratin de la politicaillerie qui les a plumé et va continuer à le faire ?

Les télévisions, le soir même, s’inquiètent. Il n’y avait que 4 millions et les autres ? Nathalie Saint Cricq (« journaliste » à Antenne 2) déclare ouvertement :  « C’est ceux qui ne sont pas Charlie qu’il faut repérer ».

En tout cas la « messe est dite ». Hollande gagne 21 points dans les sondages. Au nom de « l’Union Républicaine » les prochaines lois antisociales et liberticides passeront  comme une lettre à la poste.


Quant à nous, communistes,  nous savons que la petite bourgeoisie a choisi globalement son camp, celui de la collaboration de classe (des individus pourront bien sûr s’en détacher, mais cela restera marginal, un comportement de classe affecte idéologiquement de manière durable des millions de gens).

Elle l’a choisi car elle croit encore pouvoir maintenir son statut (ses syndicats arrivent encore à la tenir éloignée de la précarité du reste du peuple).

Elle l’a choisi car elle est farouchement républicaine et croit aux valeurs « universelles » des Lumières et de la Révolution française. Donc elle vote.

Elle l’a choisi car elle a eu peur. Cette couche sociale instable, n’aime pas les risques de changements brusques. Les prescriptions pour anxiolytiques, hypnotiques ont bondi de 18,2% après le 10 janvier 2015. La lecture de Marx serait préférable à l’usage d’hypnotique, mais on ne refait pas la petite bourgeoisie !

 

                                  *    *    *

La période qui s’ouvre nous a permis, mais a aussi permis à la bourgeoisie, de savoir « où sont nos amis et ou sont nos ennemis ». Et c’est une bonne chose.

Une bonne chose uniquement si nous savons en tirer tous des enseignements sur l’orientation de nos tâches politiques et de la cible sociale que nous devons atteindre.

Ceux qui croient que l’internet, les forums et autres système dits « de communication » sont la clef ou même une des clefs de la propagande se trompent lourdement.     
Ils ne font que se renfermer dans leur solitude, forts de leurs « justes certitudes » en attendant que les services de l’Etat coupent les tuyaux. Et là ce sera trop tard.

Aujourd’hui comme hier, comme tous les communistes qui ont œuvré dans les temps passés, il nous faut aller vers les masses. Parler avec les gens, tisser des liens. Construire.

La situation économique et politique française et mondiale est grave. La disparition politique du prolétariat n’est pas sa disparition physique.

Le révisionnisme moderne initié par Khrouchtchev a balayé les efforts de millions de communistes. Les partis soi disant communistes actuels sont des coquilles vides, accessoires du pouvoir avec leurs complices « socialistes ». Les syndicats sont des structures d’encadrement et d’abdication devant le patronat (accessoirement des nids douillets pour quelques permanents).

Mais le monde ne se résume pas à la France. De part le monde des centaines de millions d’hommes travaillent dans des conditions lamentables. Partout en Asie, en Afrique, en Amérique Latine des hommes et des femmes sont à la peine – en partie pour que nous nous vivions à peu près décemment –

Être communiste c’est lutter ici en pensant à eux. Pas pour se mettre à leur place. Pas pour leur dire ce qu’il faut faire. Tout simplement pour affaiblir notre impérialisme qui les exploite. Le meilleur service que nous puissions leur rendre ce serait de faire la révolution ici. La révolution est aussi un devoir anti impérialiste.

Dans ces périodes troublées il est parfois difficile de s’y retrouver. Ce texte n’a d’autres buts que de fournir des éléments de discussions et de réflexions.

Dans ces périodes troublées quand la bourgeoisie se met à flatter le peuple comme elle l’a fait ces jours derniers, il est bon de se rappeler cette phrase de K. Marx :

 « Quand j’entends parler de peuple, je me demande ce qui se trame contre le prolétariat ».

OCF  ---  Janvier 2015

 

 

 

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L'article qui suit n'est pas notre fait, mais nous partageons ses constats et conclusions. Pour nous, le résultat de ces attentats liés à Charlie Hebdo est un "11 septembre 2001 français". Ne pas être d'accord avec ces actes est une chose, faire mine de ne pas comprendre leur origine et leurs enjeux en est une autre... Que du plus pour nos exploiteurs : 1° renforcement de la stigmatisation de la communauté musulmane, de la division de notre peuple. 2° renforcement des préjugés sur la "liberté de la presse". 3° légitimation du flicage accru de la population et de nos sales guerres coloniales "anti-islamistes" actuelles (les impérialistes américains doivent aussi se frotter les mains...). Et tout ça grâce aux "créatures" djihadistes dues à nos agressions/ingérences militaires en Irak, en Libye, en Syrie, etc. Les attentats quotidiens dans ces pays n'émeuvent personne, mais là, c'est différent, car c'est le cœur de la métropole impérialiste qui a été touchée... Et aucun journaliste "libre" pour relever ceci... Lamentable ! La consternante unanimité républicaine du slogan "je suis Charlie" (de soutien à un torchon qui est objectivement une arme idéologique de nos impérialismes visant à légitimer leurs ingérences extérieures) est à l'évidence un témoignage du haut degré de putréfaction de l'idéologie petite-bourgeoise qui se nourrit du parasitisme de nos impérialismes. Sous son apparence gauchisante, "Charlie" n'a en effet fait que récolter ce qu'il a contribuer à semer et à alimenter : la haine interconfessionnelle et entre les peuples, le "choc des civilisations"... Et qui sait si les services secrets de nos propres impérialismes ne sont pas derrière ces attentats... A qui profite le crime en effet, si ce n'est aux classes dominantes. Quoiqu'il en soit, "l'union sacrée" et l'instrumentalisation politique d'aujourd'hui montrent bien que la presse "satirique", à l'instar du reste de la presse "libre", sert également les intérêts fondamentaux de nos impérialismes, et que leur force de frappe idéologique reste colossale.

A gauche : "Je suis Charlie", "Liberté de la presse"... A droite : "Donbass" --- "Boum !", "Pan- pan !!!"... Et tous les autres peuples des pays victimes des agressions militaires de nos impérialismes "démocratiques" : Irak, Syrie, Libye, etc.

 

Voilà pourquoi « je ne suis pas Charlie » !

 Que vise la campagne déferlant actuellement sur la France?

Elle ne vise aucunement à protester contre les massacres en général ! La preuve :

  • La France a massacré récemment tout un pays - la Libye - sans que cela émeuve quiconque. Mieux, toute la classe politique y a applaudi des 2 mains.
  • La France est à l’initiative de massacres étatiques de masse : en Syrie, en Afrique (après l’avoir fait en Afghanistan, en Irak, contre l’Iran). Qui manifeste contre?
  • La France soutient les massacres étatiques de masse de ses alliés (Israël, EU…) : qui proteste dans ce pays ? Qui peut penser un seul instant que de tels massacres de masse resteront sans conséquences sur le sol français? Qui déclare la guerre ne s’étonnera pas qu’on la lui fasse!

Première conclusion : l’indignation n’existe pas quand ce pays massacre des milliers d’indigènes mais elle se lève quand quelques Français sont eux-mêmes massacrés (rappelez-vous, bonnes gens, la guerre d’Algérie, et c’était déjà le PS-SFIO au pouvoir!).

La campagne ne vise pas plus à défendre « la liberté d'expression ». La preuve :

  • la France est le seul pays au monde a avoir interdit cet été des manifestations exprimant leur solidarité avec Gaza. Liberté d’expression?
  • L’expression d'opinions racistes est légalement interdite : Charlie aurait dû, depuis longtemps, être interdit pour ses campagnes racistes. Les gouvernements ne l’ont pas fait : le racisme anti-arabe est étatiquement encouragé en ce pays!
  • Le gouvernement ne cesse de dire qu’il ne saurait tolérer l’expression de la haine. Et pourtant, que fait d’autre Charlie ? Haine, mépris, dérision… Honte à lui !
  • Charlie ne pratiquait pas lui-même la liberté d'expression puisque Val a vidé Siné parce qu'il émettait des opinions anti-sionistes. Charlie est un journal conformiste, du conformisme colonial et raciste qui méprise les anciens peuples colonisés, qui organise subjectivement la haine.

Seconde conclusion: la liberté d’expression est à sens unique (je crache sur les autres mais je ne tolère pas qu’ils crachent sur moi et mes amis). Ce n’est pas un principe. C’est un argument de propagande.

Quel est alors l’enjeu véritable ?

L’enjeu véritable est de transformer un massacre (qui relève d'une sorte de vendetta mafieuse et nullement de terrorisme : le terrorisme est aveugle; ici le massacre était ciblé) en « affaire nationale », en sorte de transformer Charlie en emblème de ce pays.

Libération le rappelle : le deuil national est une affaire rarissime (il s’agit seulement de la 5° fois dans toutes la V° République!).

Ce massacre, par des bandits-truands, de gens par ailleurs méprisables (mais être méprisable ne mérite bien sûr pas d’être tué - qui pourrait nous faire croire que l’enjeu serait aujourd’hui de rappeler ce genre de truisme?), relève plus du fait divers que du deuil national (prenons un exemple: si le Figaro avait insulté l’honneur d’un clan sicilien et que des membres de ce clan étaient venus massacrer la rédaction du Figaro, aurait-on considéré ce massacre comme concernant la France comme telle?).

Troisième conclusion: le massacre par des truands du personnel de Charlie ne concerne pas le pays comme tel!

L’enjeu est donc : quel emblème pour quel pays?

Il faut le rappeler : Charlie est un torchon raciste, islamophobe et colonialiste; c'est le « Minute » de la gauche, le « Crapouillot » du XXI° siècle.

Charlie fait campagne permanente, insistante, prolongée pour présenter les Arabes comme les colons de l’Algérie française les présentaient (j’ai connu cela!) : des « bougnoules » enculant les chèvres (« normal : c’est des bicots! »), aux croyances d’attardés mentaux, aux femmes hideuses pondant leurs œufs comme des poules qui caquettent plutôt qu’elles ne parlent, etc. Et je n’invente rien: allez-y voir vous-même si le cœur vous en dit!

Voilà donc l’emblème de ce pays! Voilà donc à quoi il s’agirait aujourd’hui d’identifier la France!

Cette campagne vise à souder les Français dans la peur de perdre leurs privilèges coloniaux et impérialistes (cela se dit ainsi : « nos valeurs : droits de l’homme et liberté d’expression » puisque toute entreprise coloniale et d’oppression s’avance au nom de « ses valeurs » contre celles des autres) dans un monde plongeant dans le chaos et les guerres, à la mesure de cette concurrence de tous contre tous que prône le capitalisme.

Cette campagne prépare le pire ici et maintenant. Elle configure à grande échelle subjective le bouc émissaire qui est censé rendre compte des « problèmes des Français ».

A minima, je ne serai pas de cette abjection.

Cela ne dépend que de moi de refuser la minute de silence, le défilé pétainiste, les larmes aux yeux et les pleurnicheries sur le droit du Français d’insulter les Arabes, les Noirs, les Musulmans mais aussi les Juifs (finalement, les mêmes, que font-ils d’autre qu’insulter les Juifs quand ils proclament qu’un Juif, par nature et atavisme religieux, serait âpre au colonialisme ?).

  • Non, je ne suis pas « Français » ! Je défends une France (celle de la Révolution française, de 1848, de la Commune de Paris, de la Résistance, de mai 68…) contre une autre France (celle de la Restauration, du Second Empire, de la III° République, de Pétain, de Giscard et Mitterrand…). Et je pourrais aussi bien la défendre en étant Marocain, Malien, Russe ou Palestinien.
  • Non, je ne suis pas « citoyen » ! Définition : « citoyen = qui se considère assujetti à un État ». Je ne suis pas assujetti à l’État français. Cet État n’est pas « mon » État! Je suis un militant politique.
  • Non, je ne suis pas « Républicain » ! Depuis la Commune de Paris, la République en France est d’essence coloniale (c’est le colonialisme qui assure l’existence matérielle et subjective de classes moyennes). Je suis internationaliste.
  • Non, décidément non, je ne suis pas « Charlie » !

François Nicolas

 

 

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Le vrai projet de l’Union Européenne : austérité à perpétuité, chaos social et fascisme

 

27 novembre 2014

 

Les « propositions franco-allemandes pour relancer la croissance » (sic) présentées aujourd’hui auront eu au moins un mérite : achever de démontrer, s’il en était besoin, que  la Grèce n’est qu’un terrain d’essai dans le projet insensé de libéralisation totale que l’oligarchie veut imposer à l’Europe et qui consiste ni plus ni moins à mettre le marché du travail européen aux normes chinoises. Dernier îlot de résistance, le modèle social français hérité de l’après-guerre garantissant une protection sociale minimale, des retraites et des salaires décents est condamné à disparaître à moyen terme. Les économies exigées de la France par la Commission Européenne qui l’avait déjà placée sous surveillance renforcée en mars dernier en raison du niveau de sa dette et de son coût du travail jugé trop élevés, auront des effets dévastateurs en condamnant à la précarité à vie des millions de personnes. Mais cette gigantesque casse sociale a aussi une visée plus immédiate : préparer la France à la compétition du grand marché transatlantique dont le lancement est prévu en 2015.

 

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Les plans d’austérité se succèdent en Europe et les cibles restent invariablement les mêmes : les salaires, les retraites et la protection sociale. Les propositions (mieux vaudrait-il parler d’injonctions) franco-allemandes dévoilées ce jeudi ne font pas exception en prévoyant notamment une flexibilisation du marché du travail, une énième remise en cause des 35 heures et un gel des salaires pendant 3 ans. En cause : la situation économique de la France et le dérapage de son budget, « sérieux motifs d’inquiétude pour l’Allemagne » et qui vaudra sans doute à la France une nouvelle salve de sanctions de la part de la Commission Européenne.

 

Le grand écart entre les promesses du candidat Hollande et la politique réellement menée a de quoi laisser perplexe. Cependant cette nouvelle cure d’austérité programmée est largement dictée par la Commission Européenne qui a jugé une nouvelle fois le budget de la France non-conforme aux dispositions du pacte de stabilité et de croissance. Conséquence de ces contraintes imposées par Bruxelles, des millions de Français vont subir un effondrement de leur niveau de vie du fait de la stagnation économique. Dans ce contexte, choisir au poste de Premier Ministre un homme qui se place en héritier de Georges Clemenceau – celui qui a fait envoyer la troupe contre les mineurs en grève de Courrière – et placer au poste de Ministre de l’Économie et de l’Industrie un ancien cadre de la banque Rotschild doivent se lire comme des signaux de bonne volonté envoyés aux marchés financiers…

 

Mais ce nouveau coup porté aux salariés et aux retraités n’est qu’une étape dans le long processus de démantèlement auquel les condamne la politique austéritaire de l’Union Européenne, et la prochaine risque d’être plus douloureuse encore avec la mise en place programmée de l’Accord de Partenariat Transatlantique, elle-même simple étape vers un gouvernement mondial. Négocié en secret, le grand marché transatlantique dérégulé sans droits de douane et sans barrières à la circulation des capitaux et des marchandises fonctionnera sur la primauté du droit américain et consacrera la suprématie des intérêts du marché sur le droit des États nationaux : les multinationales pourront ainsi attaquer en justice tout État qui aurait des lois trop contraignantes en matière de droit du travail, de la santé ou de l’environnement. La construction d’un bloc euro-atlantique unifié aura pour finalité de renforcer l’hégémonie militaire, politique et économique des États-Unis. Le mensonge de l’indépendance européenne vis-à-vis des USA prétendument conquise grâce à l’euro aura vécu…

 

Le soutien sans faille de l’Union Européenne à l’Ukraine Nazie, la mise sur pied d’une force d’intervention militarisée de 3.000 hommes aux compétences quasi-illimitées baptisée EuroGendFor, destinée à réprimer dans le sang les soulèvements populaires que ne manqueront pas de provoquer les politiques d’austérité qui s’annoncent, le plaidoyer de  Goldman Sachs pour des régimes autoritaires en Europe, le refus de l’ensemble des pays européens de condamner la glorification du nazisme à l’ONUla montée du néo-nazisme en Europe et principalement en Grèce nous rappellent opportunément que le projet d’une Europe Unifiée est non seulement ultralibéral mais également fasciste. La dictature de l’oligarchie européenne, de plus en plus douloureuse pour les peuples, devra renoncer rapidement à la forme démocratique de gouvernement pour s’imposer par la violence et devenir une « dictature terroriste ouverte du capital financier » soit la définition que George Dimitrov donnait du fascisme il y a 80 ans.

 

Privatisations dans tous les domaines, y compris ceux jusque-là relativement épargnés comme l’environnement, libre-échange globalisé, liquidation des droits sociaux et de la démocratie parlementaire, militarisation de la répression sociale… les peuples n’ont plus que le choix de rompre avec le bloc impérialiste européen qui les condamne à la misère sans fin, à la guerre civile et au fascisme. Le cauchemar de l’Europe Unifiée dessine en creux la seule voie praticable : recouvrer une souveraineté monétaire en abandonnant la monnaie unique, une souveraineté politique en quittant l’UE, une souveraineté militaire en quittant l’OTAN, une souveraineté économique en rétablissant les droits de douane et une souveraineté financière en abrogeant la loi de Pompidou-Rotschild 1973 qui oblige l’État français à emprunter sur les marchés privés, entièrement à l’origine de la dette actuelle !

 

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Le monde impérialiste change et redéfinit ses alliances

 

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La gauche bourgeoise est pleine d’admiration pour les institutions internationales «citoyennes» dont ses dotées la grande bourgeoisie mondiale tels l’ONU, l’OCDE, l’OTAN, L’Union européenne, la Banque mondiale et le FMI. Chaque jour, la go-gauche voit évoluer ses anciens camarades des temps passés dans les arcanes du pouvoir délétère. Bien entendu, du bout des lèvres les bobos de la go-gauche critiquent ces organisations du grand capital pour manquer à leur devoir de compassion et ainsi détourner l’attention vers ces exécutants insignifiants. Il ne faut pas que l’ouvrier découvre que le monde impérialiste change pendant qu’eux déchantent et s’attristent de ne pouvoir réformer le capitalisme. Le pouvoir véritable n’est pas dans ces organisations officielles stigmatisant l’équilibre machiavélique entre puissances impérialistes hégémoniques.

 

Il y a plusieurs années nous annoncions dans les pages du webmagazine Les 7 du Québec et sur divers webmagazines politiques de la francophonie que le vaste monde impérialiste mondialisé et globalisé, qui regroupe tous les pays capitalistes de la planète, changeait rapidement et se réorganisait selon de nouvelles variantes et de nouvelles tangentes entre pays dominants et leurs alliances hégémoniques agressives.

 

Les États-Unis d’Amérique fortement désindustrialisés nous apparaissaient déjà en difficulté malgré leur surenchère financière fumiste et mystifiante. Les États-Unis dirigent l’Alliance Atlantique que ses alliés commençaient déjà à déserter et à trahir. Nous avions alors donné de nombreux exemples de la débandade de l’Alliance Atlantique, et de l’OTAN son organe militaire, au Proche-Orient, en Afrique et en Europe (Serbie-Kosovo).

 

Reprenons certains constats que nous avions alors soulignés. Il apparaît évident que les États-Unis n’ont pas réussi à imposer leur hégémonie sur l’Afghanistan (petit pays pauvre et démuni) ni sur la région du Caucase convoitée à la Russie. Le Pakistan, leur plus proche alliée, à protéger et dissimuler Ben Laden et les États-Unis d’Obama n’ont rien trouvé de mieux que d’assassiner l’invité secret de leurs alliés dans cette contrée, transformant leur ami en un ennemi qui n’attend que le moment de sa revanche. L’Irak est une poudrière que douze ans de massacre américain n’ont pas vaincue ni apaisée. Aujourd’hui, des bandes de mercenaires rebelles, ex-agents de l’impérialisme au Levant, font fi des ordres de leurs anciens adjudants et développent leur propre politique autonome avec les armes qui leur ont été donné par l’oncle Sam et ses alliés apeurés. L’Arabie et la Turquie y pêchent en eau trouble défiant leur ami et allié étatsunien !

 

Au Liban, le Hezbollah mène la danse malgré les atermoiements de la gouvernance américaine et en Syrie Bachar el Assad, soutenu par l’impérialisme russe, tient tête à la coalition américano-turco-saoudienne. L’impérialisme israélien, longtemps la base militaire américaine avancée au Levant, prend aujourd’hui de plus en plus d’autonomie, refusant le diktat des États-Unis. Ce pays développe ses propres alliances en prévision des bouleversements qu’il pressent. Les autres pays de la région dont l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Yémen développent leur propre politique extérieure avec impertinence et dans le dos de la puissance américaine devenu soudainement incapable d’imposer son hégémonie de puissance. Rien n’indique que la politique de l’Alliance Atlantique triomphera dans cette région du monde.

 

L’Iran, impose ses règles et cet impérialisme est sur le point de signer un accord sur le nucléaire qui fera rager  Israël, mais contentera les Étatsuniens qui ont décidé de jouer la carte iranienne en échange de la carte israélienne. Dans cet accord l’Iran ne cèdera pas un pouce de ce qu’il avait déjà convenu de céder (très peu) en échange de sa capacité de contrôler une partie de cette contrée «poudrière pétrolière» et d’assurer l’acheminement du pétrole à travers le golfe Persique pour approvisionner l’Europe l’allié enchaîné de l’Amérique.

 

La Turquie, soudain sans parrain, se cherche des amis et ne parvient qu’à mécontenter tous ceux qu’elle voudrait rallier. Il lui est difficile de faire son lit entre l’Arabie, la Russie, l’Iran et Israël. Un point est clair cependant, la Turquie comprend que son ancien mentor étasunien est de moins en moins son suzerain. Et nous pourrions ainsi poursuivre le tour d’horizon des pays qui sont appelés à se réaligner au cours des prochaines années.

 

Mais quel est le facteur décisif qui entraine cette nouvelle division du monde impérialiste à l’économie globalisée, mondialisée et interreliée ?

 

Nous avions répondu à cette question il y a plusieurs années. Marx nous a enseigné que c’est l’économie qui dirige le monde et nous ne l’avons jamais oublié. Il y a des années, les États-Unis étaient déjà en grande difficulté économique. Il était donc facile de prévoir leur déclin sur tous les plans et sur tous les terrains, militaire, politique et diplomatique. Ce qui advint.

 

Face à l’ogre décadent, voici la hyène rugissante. Le FMI le dévoile enfin après des années de mensonge statistique que nous avions alors dénoncé. Voici les données du FMI pour le PIB par pays en 1995 et voilà ses prévisions pour les 10 plus puissantes économies du monde en 2015. Ce que nous avions prédit dès 2012 se confirme.

 

1995 (en milliards d’US$)                  2015 (Prévisions du FMI)

  1. USA                7.664               1.     Chine              19.230

  2. Japon              2.880               2.     USA                18.287

  3. Chine              1.838               3.     Inde                   7.883

  4. Allemagne      1.804               4.     Japon                4.917

  5. France             1.236               5.     Allemagne        3.742

  6. Italie               1.178               6.     Russie               3.643

  7. Royaume-Uni 1.161               7.     Brésil                3.173

  8. Inde                1.105               8.     Indonésie           2.744

  9. Brésil              1.031               9.     France               2.659

  10. Russie                955              10.   Royaume-Uni    2.547

 

Observez la force économique (le PIB) d’une puissance impérialiste et vous saurez ce que cette puissance  manigance de grand ou de petits complots pour s’emparer de nouveaux marchés ou pour maintenir son hégémonie sur des régions de ressources ou pour exploiter de nouveaux essaims de travailleurs salariés, unique source de plus-value.

 

Prenez note que quatre pays de l’alliance BRICS  (Brésil, Russie, Inde, Chine) se retrouvent au 1er, 3e ,6e et 7e rang alors que les pays de L’Alliance Atlantique se retrouvent aux 2e, 4e, 5e, 9e et 10e rangs.

 

Prenez garde cependant, au sein de l’Alliance Atlantique en décadence les tensions sont fortes et un thuriféraire comme l’Allemagne peut faire faux bond à tout instant et se rapprocher de l’alliance chinoise montante. Cependant, ce n’est pas la Chine que convoite l’Allemagne, mais bien la Russe riche des matières premières nécessaires à l’impérialisme  germanique et au marché avide de machines-outils performantes que produit l’Allemagne en surabondance. L’Allemagne est ainsi écartelée entre ses intérêts économiques et ses alliances politiques, diplomatiques et militaires. La théorie marxiste nous enseigne qu’en dernière instance les intérêts économiques auront toujours préséance.

 

La situation est semblable pour l’Empire nippon dans la zone Asie-Pacifique que Barak Obama a déjà identifiée comme la zone du prochain conflit mondial. Le Japon a besoin des ressources naturelles de la sphère d’influence chinoise et il possède des technologies et des machines-outils dont la Chine est friande. Les intérêts économiques poussent le Japon dans les bras de la Chine, alors que son assujettissement politique, militaire et diplomatique avec l’Amérique le contraint à s’éloigner de son potentiel allié. À long terme les intérêts économiques nippons devraient le pousser vers la puissance hégémonique chinoise, la première puissance économique mondiale dès 2015.

 

Le monde impérialiste change ses alliances et cette tendance se perçoit à travers les multiples conflits régionaux particulièrement concentrés dans les zones de ressources énergétiques (les mystiques religieuses ne servant que de prétextes à ces affrontements titanesques par petits peuples interposés) et la classe ouvrière du monde entier n’a rien à gagner dans ces conflits pour la division du monde entre grands requins prédateurs. La classe ouvrière doit poursuivre sa résistance à toutes les politiques d’austérité qui visent à lui reporter sur le dos le fardeau des crises successives et se préparer idéologiquement et  politiquement à changer le mode de production mondiale.

 

 

 

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Rémi Fraisse, tué pour l’exemple ?

 

29 octobre 2014

 

Dans le concert des réactions qui ont suivi la mort de Rémi Fraisse, une question a brillé par son absence : celle de la légitimité de l’emploi de grenades offensives par des gendarmes contre des manifestants désarmés et pacifiques. Que personne ne s’offusque de l’usage d’une arme de guerre en temps de paix contre des opposants politiques en dit long sur la banalisation de la répression policière, y compris dans ses aspects les plus violents. Le traité de Lisbonne qui légalise le meurtre de manifestants n’avait, il est vrai, suscité pas davantage de réactions. Aujourd’hui, le pouvoir politique peut tuer légalement, le ministre de l’Intérieur a lui-même concédé qu’il ne s’agissait pas d’une bavure. Mais le meurtre pour l’exemple est un choix politique risqué : loin de faire reculer la contestation, il peut au contraire l’amplifier. Ce drame en rappelle inévitablement un autre, celui du manifestant Malik Oussekine battu à mort par la police le 6 décembre 1986. Son décès avait alors contribué à précipiter la défaite du gouvernement de l’époque : politique (le projet de loi Devaquet avait été ajourné) puis électoral (Mitterrand avait été largement (ré)élu en 1988, mettant un terme au gouvernement de cohabitation). Si les deux « drames » ne sont pas totalement comparables – dans le cas de Malik Oussekine il s’agissait véritablement d’une bavure – la sanction politique pourrait bien être à nouveau au rendez-vous…

Les commentaires politiques du « drame » de Sivens ne ménagent aucune surprise : le FN, la FNSEA et la droite mettent en cause les écologistes et les casseurs, la gauche temporise, la gauche de la gauche réclame la démission du ministre de l’Intérieur. Cette dernière option serait en effet le minimum mais c’est oublier que Cazeneuve, à qui Manuel Valls a d’ailleurs apporté tout son soutien, assume totalement cet acte. Il n’a, de fait, aucune intention de partir. Et pour cause…


La mort de Rémi Fraisse, âgé de 21 ans, marque sans doute un tournant dans les politiques de répression de la contestation sociale. L’oligarchie au pouvoir en France et ailleurs en Europe est de plus en plus fragilisée par une opposition grandissante aux politiques qu’elle tente d’imposer par la force. Comment faire pour contraindre la majorité à des conditions de vie de plus en plus dégradées pour le seul bénéfice d’une minorité ? Le (feu) Traité constitutionnel européen puis le traité de Lisbonne lui donnent des nouvelles armes pour briser la résistance des peuples : le droit d’infliger purement et simplement la mort aux émeutiers : « La mort n’est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force rendu absolument nécessaire : pour assurer la défense de toute personne contre la violence illégale ; pour effectuer une arrestation régulière ou pour empêcher l’évasion d’une personne régulièrement détenue ; pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurrection » (article 2 – 2 de la Convention européenne des droits de l’homme) et « Un Etat peut prévoir dans sa législation la peine de mort pour des actes commis en temps de guerre ou de danger imminent de guerre ; une telle peine ne sera appliquée que dans les cas prévus par cette législation et conformément à ses dispositions » (article 2 du protocole n°6 annexé à la CEDH).

De ce point de vue, le meurtre de Rémi Fraisse pourrait constituer une expérience destinée à tester la réaction de la population vis-à-vis de ces nouvelles méthodes de répression qui relèvent davantage de la politique des dictatures que celle des « démocraties » occidentales. Il s’agirait véritablement d’un tournant. La complaisance des médias dominants et de l’ensemble des responsables politiques (extrême-gauche exclue), leur soutien de principe au gouvernement et à son ministre de l’Interieur, montre qu’elles ont toutes les chances de devenir la norme dans un avenir proche.

 

 

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Donbass-Palestine : à qui profite le crime ?

 

19 juillet 2014

 

DONETSK encerclé…

                                                        
… qui résiste !


Un avion qui tombe…

                                                                               
… à qui profite le crime ?

 


Avant même que l’enquête ait commencé, Obama en tire les conclusions qui justifieraient la politique impérialiste des USA et de ses supplétifs de l’UE. Il y voit une occasion de plus d’encourager et de soutenir activement les forces de répression fascistes en Ukraine, contre la République populaire du Donbass.

Alors que la première responsabilité incombe évidemment à ceux qui ont maintenu l’autorisation des vols commerciaux et de passagers au-dessus d’une zone de conflit, qui implique évidemment l’usage de défense anti-aérienne.

L’impérialisme est un système fondé sur le profit, et s’il cherche toujours le profit maximum, jamais rassasié, il n’y en a jamais qui soient trop petits pour lui, néanmoins.

Partout il montre sa capacité à tirer bénéfice de la misère des peuples, et à répondre par la violence meurtrière à toute tentative de libération. Le tout au nom de sa prétendue « liberté » (…d’exploiter sans entraves !), et de sa prétendue « démocratie ». (… à condition de voter pour ses sbires !)

Partout il est prêt à s’en prendre aux populations civiles, sous le couverts de « bavures », dont il a l’hypocrisie de s’indigner « officiellement », mais dont il sait qu’elles sont le seul moyen pour lui de briser la solidarité qui unit les peuples opprimés aux résistants actifs qui les défendent vraiment, et pas seulement en paroles mielleuses.

C’est pourquoi, en définitive, accident, provocation fasciste ou erreur de tir tragique, d’où qu’elle vienne, les victimes du crash sont d’abord celle du système impérialiste qui provoque ces guerres incessantes autour de la planète !

Et comme l’information ne doit pas être à sens unique, et que la plupart des médias reprennent les affirmations US sur cette affaire, il nous a paru juste et utile de fournir d’autres éléments, d’autres sources et d’autres faits, aux lecteurs de Tribune Marxiste-Léniniste.

Pour l’instant nous n’en avons trouvé que sur le média VLR !, qui republie notamment un article du groupe « Les 7 du Québec », à ce sujet. Nous le republions donc à notre tour, pour donner accès à un autre point de vue.

Quels que soient nos différents politiques et idéologiques avec les uns et les autres, tant avec « Les 7 du Québec », qu’avec le média VLR !, nous tenons particulièrement à les remercier pour cet effort d’information, et pour continuer à soutenir la résistance anti-impérialiste dans les circonstances présentes.

Mais aucune des tragédies engendrées par l’impérialisme ne saurait en occulter une autre. Celle-ci permet, au passage, de faire passer au second plan l’offensive assassine de l’armée sioniste sur Gaza.

L’instrumentalisation médiatique de tels évènements est aussi un moyen de briser la solidarité possible entre tous les peuples en révolte, pour continuer, derrière ce tapage, à les isoler et à les écraser, en silence, si possible…

C’est la convergence des luttes qui fera reculer l’impérialisme, et le vaincra, en définitive !

C’est aussi pourquoi Tribune Marxiste-Léniniste reste solidaire de toutes les initiatives militantes dans ce sens, et relaye l’information sur les manifestations prévues ce Samedi 19 Juillet.

Le combat continue…


Donbass

Palestine

 

C’est le même combat qui continue contre les états terroristes et assassins qui font le sale travail pour le bénéfice de leurs mentors financiers US.

 

 

 

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Coupe du Monde : ce qu’on ne verra jamais

11 juin 2014

Sous les feux des médias, la grande messe planétaire de la Coupe du Monde de football. Dans l’ombre, la triste réalité de la société brésilienne. Flambées de violence, répression policière brutale… des centaines de blessés, des assassinats ciblés, des disparitions, près de 10.000 familles expulsées… La situation sociale devient explosive au Brésil où les protestations contre la gabegie de la Coupe du Monde de football se multiplient, et alors que la police militaire s’est installée durablement dans les favelas de Rio où de vastes programmes de transformation urbaine sont engagés depuis quelques années. L’indécence des milliards dépensés en pure perte dans un contexte de paupérisation absolue des masses populaires brésiliennes montre une nouvelle fois l’absurdité du capitalisme mondialisé où se côtoient dénuement total et dépenses somptuaires. Mais les enjeux de la Coupe du Monde pour l’oligarchie mondialiste sont énormes : tenter de masquer la faillite inexorable du système par le spectacle d’une opulence factice, réactiver les réflexes nationalistes pour cacher les désastres de la mondialisation, désamorcer les luttes de classe par la grande communion dans le jeu, contrôler les quartiers populaires par le quadrillage militaro-policier. Et, last but not least, permettre aux firmes multinationales d’engranger des profits énormes tandis que les coût pharamineux seront supportés par le peuple brésilien. Socialiser les pertes, privatiser les profits : on ne change pas une recette qui marche.

La colère du peuple brésilien contre l’oligarchie

La révolte populaire ne cesse de s’étendre au Brésil. Tout s’est dégradé fin avril à Copacabana quand la ville est devenue le théâtre d’affrontements violents entre les unités de la police militaire et les habitants des favelas (bidonvilles) de la région. En cause, l’assassinat par balles de Douglas Rafael da Silva Pereira, 26 ans, connu sous le nom de DG, dont le corps a été découvert dans une crèche de la favela Pavão-Pavãozinho-Cantagalo située sur la colline qui surplombe les deux quartiers les plus touristiques du pays, Copacabana et Ipanema. Le jeune danseur, célèbre pour avoir participé à plusieurs émissions de télé, avait tourné dans un court métrage, « Made in Brazil » produit en 2013 par le collectif Contraa parede (« contre le mur ») montrant la réalité quotidienne des jeunes des favelas dans une ville qui se prépare à accueillir l’événement le plus médiatisé de la planète. Film pour le moins prémonitoire : sa propre exécution par la police y était mise en scène ! Mais il n’est pas, loin s’en faut, la seule victime. Violences policières, tortures, expulsions de familles pauvres,… le bilan de la répression est accablant pour le gouvernement brésilien.

Ces révoltes prolongent celles provoquées par la décision du gouvernement brésilien d’augmenter les tarifs des transports publics, il y a tout juste un an, alors que ces infrastructures sont notoirement défaillantes. Décision inique quand on considère les sommes colossales dépensées en vue de la Coupe du monde – pas moins de 20 milliards de dollars. Le 17 juin 2013, les manifestations contre la hausse du prix des tarifs des transports publics avaient réuni près de 500 000 personnes dans les principales villes du Brésil : le plus grand soulèvement de ces vingt dernières années depuis la destitution du Président Fernando Collor pour fait de corruption, en 1992. Les marches pourtant pacifiques avaient été brutalement réprimées par la Police Militaire, provoquant des centaines de blessés et se soldant par l’arrestation de 160 personnes. Plusieurs journalistes qui couvraient la mobilisation ont été agressés et arrêtés, certains d’entre eux même hospitalisés en raison de la gravité de leurs blessures. Ces violences ont été dénoncées par Amnesty International.

Mais ces deux étincelles n’ont fait que ranimer un feu qui couve depuis longtemps et qui conduit à des explosions sociales répétées. Comme la plupart des « démocraties » sous influence étasunienne, le Brésil est gouverné par une oligarchie qui spolie le peuple au profit d’une minorité compradore et le maintient dans la misère absolue.

Une longue histoire de paupérisation et d’oppression

Depuis le coup d’État made in CIA de 1964, le Brésil est dans le giron des États-Unis. 20 années de dictature militaire suivies de 30 années de politiques libérales débridées ont fait de ce pays l’un des plus inégalitaires de la planète. Les riches sont toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres. Près de 10 % des Brésiliens vivent avec moins d’un dollar par jour, une proportion identique est analphabète, tandis que le pays ne compte pas moins de 46 milliardaires en dollars US. La diminution de la pauvreté et des inégalités sociales sous la présidence de Lula da Silva, homme de main de l’impérialisme US, est un mythe absolu démenti par de nombreuses analyses.

La grand messe de la Coupe du Monde : répression policière et propagande impérialiste

Pas sûr que la Coupe du Monde puisse faire oublier au peuple brésilien le dénuement et la misère qui est son lot quotidien, et d’autant moins que les sommes dépensées ne feront que dégrader encore un peu plus les comptes publics. La réfection du stade du Maracana à Rio de Janeiro aura coûté à l’Etat de Rio la bagatelle de 500 millions d’euros et au passage aura nécessité l’expulsion des améridiens qui logeaient à proximité, à coups de matraque et de gaz lacrymogène. Pas question pour les autorités de laisser transparaître la pauvreté sous les apparats. Y pénétrer ne sera réservé qu’à une élite favorisée capable de débourser des milliers d’euros pour s’acheter une place. Et gare aux récalcitrants : le dispositif de sécurité, qui n’a pas coûté moins de 600 millions d’euros, sorte de Big Brother sécuritaire, est inédit par son ampleur : 3.000 caméras, 20.000 policiers déployées dans Rio de Janeiro sur les 170.000 membres des forces de l’ordre préparés pour l‘événement. Le gouvernement brésilien a également acheté des drones, des lunettes de reconnaissance faciale, des robots censés accompagner les policiers, tandis qu’une centaine de leurs collègues issus de 40 pays collaboreront avec les autorités brésiliennes dans le secteur du renseignement. Les forces de l’ordre se voient engagées dans une véritable guerre pour le contrôle des territoires pauvres.

Et pourtant, la grand messe quadriennale du foot ne connaît pas la crise. Pourquoi un tel engouement ? Son rituel est un antidote parfait aux frustrations que génère le capitalisme mondialisé. Celui-ci maintient les peuples dans la misère ? Le Mondial les fait rêver avec le strorytelling de l’ascension sociale fulgurante, de l’enfant du bidonville au statut de vedette internationale. La souveraineté nationale se délite sous les coups de boutoir du mondialisme ? la magie de la compétition internationale permet de ressusciter le nationalisme sous la forme dégradée du chauvinisme et de l’affrontement sportif, sorte de guerre démilitarisée. Le capitalisme opprime les peuples ? l’anesthésie du spectacle abrutissant leur fait oublier pour un temps – très court – les soucis quotidiens. Le football est le nouvel opium du prolétariat mondial.

Panem et circenses… du pain et des jeux de la Rome antique, il ne reste aujourd’hui que les jeux. Le capitalisme vit sa grande crise, sans doute la dernière, et il se pourrait bien que l’indécence des dépenses somptueuses ait l’effet inverse de celui escompté. Non d’endormir le peuple mais de le réveiller en portant au jour l’une des contradictions fondamentales du capitalisme : celle qui oppose la paupérisation de la majorité à l’accroissement global des richesses produites pour le bénéfice exclusif d’une minorité parasitaire.

 

 

 

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L’obésité, maladie du mondialisme

9 juin 2014

La semaine passée, un couple de Britanniques du comté de Norfolk a été mis en état d’arrestation, accusé de mauvais traitements envers leur fils de 11 ans qu’ils « auraient laissé devenir obèse ». Relâchés sous caution après plusieurs heures, ils risquent de voir leur enfant placé dans une famille d’accueil. Ce fait divers a eu de nombreux précédents. Peu étonnant quand on sait que le Royaume Uni compte un quart de personnes obèses, le taux le plus élevé des pays Européens. Simple hasard ? Les causes de l’obésité, rarement génétiques, sont avant tout sociales, la qualité des conditions de vie et de l’alimentation étant déterminante. Or la pauvreté, conséquence de plusieurs décennies de politiques ultralibérales, est endémique au Royaume Uni – la moitié des enfants anglais vivront sous le seuil de pauvreté en 2020 et le marché de la restauration en expansion continue. En février dernier, la chaîne KFC a ainsi annoncé qu’elle allait ouvrir 300 restaurants d’ici cinq ans. La situation dramatique que connaissent les Anglais pourrait bien préfigurer ce qui attend les européens : l’obésité ne cesse de progresser sur le continent de même que les inégalités sociales, et la pénalisation de la misère et de ses effets, inspirée par la révolution néo-conservatrice étasunienne, y devient peu à peu la norme.

Obeses

La fabrique des pauvres

Privatisations à tout crin, baisse des dépenses publiques, monétarisme effréné, réduction du rôle de l’État, déréglementations des salaires et des prix, libéralisation de la finance : le Royaume-Uni est depuis le début des onze années de règne de Margaret Thatcher sous le feu de la politique mondialiste dans ses aspects les plus brutaux. La révolution néolibérale nord-américaine, qui a substitué le Worfare State au Welfare State, a transformé radicalement et rapidement le visage de la Grande Bretagne. Le chômage a fait plus que doubler entre 1979 et 1983, conséquence de la politique de réduction massive des effectifs dans le secteur public. Aujourd’hui, les inégalités sociales y sont plus grandes que partout ailleurs en Europe et la pauvreté s’y est installée durablement. Parallèlement à la dégradation des conditions de vie, l’obésité s’est développée de manière exponentielle : de 1979 à 2013, le pourcentage d’adultes obèses passe de 7 % à 25 % et aujourd’hui plus de la moitié des britanniques sont en surpoids. Les taux d’hospitalisation des 5-19-ans pour l’ensemble des diagnostics liés à l’obésité ont plus que quadruplé en 10 ans et même les bébés ne sont pas épargnés. Si cette tendance se maintient, c’est la quasi-totalité (90 %) de la population britannique qui sera obèse en 2050.

L’obésité, maladie de la pauvreté

L’obésité n’est pas un phénomène individuel mais avant tout social. Pour s’en convaincre, un simple examen de sa prévalence en fonction du niveau social suffit. En France, l’obésité est près de deux fois plus répandue dans les catégories les moins favorisées (16,7 % chez les ouvriers, 16,2 % chez les employés) que dans les catégories plus aisées (8,7 % chez les cadres supérieurs), selon l’enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité 2012. Le revenu est un facteur important. Près d’un adulte sur deux (48,4 %) touché par l’obésité, vit au sein d’un foyer aux revenus inférieurs à 1 200 euros contre 7 % de ceux qui ont un revenu mensuel supérieur à 5 300 euros. 
Le niveau de diplôme est fortement lié aux pratiques alimentaires. Selon l’étude citée plus haut, le taux d’obésité est trois fois plus élevé chez les personnes d’un niveau d’instruction équivalent à celui de l’école primaire (24,5 %) que chez les diplômés d’un 3ème cycle d’études supérieures (7,3 %). Selon une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), « les plus diplômés sont ceux qui ont l’alimentation la plus saine (plus de fruits et légumes, des apports plus élevés en nutriments des meilleurs indices alimentaires…) parce que ce sont ceux qui s’intéressent le plus aux liens entre nutrition et santé ». L’obésité est bel et bien une maladie de la pauvreté dans toutes ses dimensions – économique, culturelle et sociale – et de plus en plus nettement car ses écarts de prévalence suivant la catégorie sociale tendent à s’accroître. Elle a des conséquences néfastes sur l’état de santé des individus, donc sur leur longévité – contribuant à creuser encore un peu plus les écarts d’espérance de vie entre classes sociales.

Encore et toujours, punir les pauvres.

La réponse des pouvoirs publics britanniques face à cette épidémie est en complet décalage. Elle tient en une formule : sanctionner les victimes. Autrement dit, faire porter aux individus eux-mêmes la responsabilité de leur propre état physiologique ou aux parents celle de leur enfant, sous couvert de « responsabilisation ». Et en épargnant pour le coup le vrai responsable : le libéralisme qui a favorisé à la fois la progression de la pauvreté, les comportements sur-consuméristes et l’essor du marché de l’alimentation low-cost destinée aux pauvres, malsaine et déséquilibrée. Au Royaume Uni, cette éthique de la responsabilité individuelle est poussée à l’extrême : placement des enfants obèses dans des familles ou des structures d’accueil, instauration d’une taxe anti-obésité appliquée aux personnes en surpoids et suppression des aides sociales et des allocations pour les personnes obèses ou en surpoids qui refuseraient de faire de l’exercice. Toutes ces mesures ne peuvent que pénaliser financièrement des populations déjà fragiles, compromettant encore leur accès à une nourriture saine qui, au fur et à mesure que la pauvreté se développe, tend à devenir un luxe réservé à une minorité. Cette politique discriminatoire s’applique jusqu’aux policiers anglais menacés d’une baisse de salaire en cas d’inaptitude physique.

Société précarisée, société sécuritaire

On retrouve avec la pénalisation de la pauvreté et de ses effets physiologiques, les ingrédients d’une culture du contrôle importée des États-Unis qui associe intensification de la surveillance des populations précaires, restauration de la mission punitive du droit pénal et prédominance accrue de la privation de liberté dans l’économie des sanctions. Autrement dit, redéfinir les problèmes sociaux en termes de sécurité publique pour les résoudre par l’usage exclusif de la sanction[1]. Les États occidentaux ont de plus en plus recours au rapport de forces brutal, à la militarisation du discours et des pratiques policières pour tenter de contenir les désordres produits par le développement du chômage, de la pauvreté et de l’insécurité sociale propres au capitalisme post-fordiste. Les dispositifs d’accompagnement social de la période de l’après-guerre sont abandonnés au profit du filet policier et pénal.

Le Royaume-Uni avec ses 4 millions de caméras de surveillance – une pour 14 habitants, ce qui en fait le pays le plus surveillé d’Europe – et ses 85.000  détenus – deux fois plus qu’il y a 20 ans – fait figure de pionnier en la matière. Loin d’être un fait divers banal, cette nouvelle chronique de la misère ordinaire condense à elle seule tous les ingrédients des maux du libéralisme : l’essor de la junk food bon marché, la boulimie sur-consumériste, l’explosion des inégalités sociales – y compris celles devant la mort – et la pénalisation de la misère et de ses effets sociaux. L’industrie agroalimentaire, la grande distribution et la restauration rapide pourront continuer à faire des profits sur le dos des pauvres tandis que les inégalités sociales s’accroîtront toujours plus et que les laissés-pour-compte s’entasseront dans des prisons surpeuplées. Ce qui arrive aux Anglais préfigure ce qui sera bientôt la norme en Europe : des populations malades, précarisées, désaffiliées, paupérisées, coincées entre surendettement et surconsommation et n’ayant pour seul horizon que les dispositifs de prise en charge policière et pénale.

  [1] Voir mon livre, La Révolution sécuritaire (1976-2012), Champ social, 2013.

 

 

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Je suis contre !

 

28 mars 2014

 

 

Je regarde l’affiche géante au-dessus de la porte d’entrée de l’université. J’ai vu la même pancarte sur un mur au bureau de l’ASSÉ, et je reconnais le slogan présenté sur la page Facebook de l’association étudiante militante. L’appel semble sans équivoque : «Aux riches de faire leur juste part https://www.facebook.com/asse.solidarite

 

Qui dit mieux à gauche de l’échiquier politique? Quel militant gauchiste peut s’opposer à cet appel des mères Térésa de la go-gauche et des curés du syndicalisme étudiant? «Faire payer les riches afin que les pauvres vivent un peu mieux» (le slogan du Parti socialiste de Belgique) n’est-ce pas la quintessence de la politique de la go-gauche?

 

Fraterniser avec les démunis, faire l’aumône, et comme Robin des bois (Robin des banques) prendre aux riches pour donner aux pauvres, n’est-ce pas le rêve que caresse la gauche respectable depuis des décades?  Du moins, tant qu’elle ne s’est pas installée confortablement au pouvoir d’État, avec la permission et la collusion de sa classe de tutelle, la ploutocratie des multimillionnaires.

 

Ce slogan qui semble de gauche est en réalité de droite, même si François Legault, Monsieur Couillard, et dame Marois, menacés d’être appelés à contribuer à cette guignolée provinciale, ne le savent pas. De toute façon aucun d’entre eux – pas même PKP – n’est réellement menacé par le slogan de l’ASSÉ, ni par l’élection de Françoise David comme premier ministre de la go-gauche du Québec (je sais parfaitement  que les petites-bourgeoises féministes, assises  au bar La Naturaliste m’en voudront de ne pas avoir féminisé la profession. Que voulez-vous j’étais à penser à ces milliers de femmes meurtries dans une douzaine de pays en guerre).

 

Croyez-vous que nos pères et nos grands-pères ouvriers, pauvres, malandrins, chômeurs, piqueteurs, débardeurs n’y ont jamais songé à cette entourloupette miraculeuse? Je me souviens du manifeste du FLQ en 1970 qui lançait exactement le même slogan, dénonçant la famille Simard, les multimillionnaires de l’armement de Sorel, beaux-parents de l’ex-premier ministre Robert Bourassa. Les felquistes voulaient prendre aux riches un peu plus d’impôt et un supplément de taxes, pour distribuer l’aumône aux pauvres, aux sans-abris et aux malappris, la petite bourgeoisie a toujours de ces relents de charité chrétienne. L’armée a envahi le pays du Québec (1970) et les felquistes sont partis vers le Sud en avion affrété.

 

Les curés en soutanes, les nones en robes longues, les frères à bedaine et toute l’industrie de la charité citoyenne le font déjà et pourtant jamais la misère n’a parue aussi prospère.

 

C’est que le crime et le drame fondamental du système économique dans lequel nous vivons, dans lequel vivent les militants de l’ASSÉ, madame Desjardins et monsieur Bureau-Blouin, ce n’est pas la mauvaise répartition de la richesse et les sacrifices mal partagés entre les riches et les ouvriers salariés. Non, ce n’est pas la source du problème. Cette injustice distributive de la richesse entre les riches et les gens ordinaires, les pauvres et les salariés est la conséquence de l’injustice suprême, la mère de toutes les injustices.

 

C’est parce qu’ils sont propriétaires des moyens de production, du commerce et des communications que les PKP-Desmarais-Chagnon-Sirois-Jean-Coutu-Beaudoin-Bombardier et autres multimillionnaires (et leurs épouses féministes), chefs d’entreprises, banquiers et financiers s’en mettent plein les poches et donnent le moins possible à l’État tout en menaçant de quitter le pays avec leurs usines et leurs fortunes mal acquises si l’impôt des particuliers, si les taxes aux entreprises, si les royautés et les comptes d’électricité des multinationales sont augmentés.

 

Comme ce sont les riches – la classe capitaliste et les financiers-banquiers – qui dirigent et organisent cette société jamais les thuriféraires politiciens de droite comme de la pseudo gauche n’imposeront «Aux riches de faire leur juste part!».

 

Les sociétés québécoise et canadienne, l’État québécois et canadien n’ont pas été mis sur pied pour «Faire payer les riches» (!) mais bien pour faire payer les ouvriers, les salariés, les travailleurs et les étudiants, les chômeurs et les pauvres, et c’est le fondement même de cette société qu’il faut changer pour en inverser les rôles et faire en sorte que tous travaillent et paient leur juste part au bénéfice de tous ceux qui travaillent, «L’oisif ira loger ailleurs».

 

Je suis contre que l’on quémande «aux riches de faire leur juste part», et je suis en faveur que l’on exproprie les riches.

 

 

 

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Les leçons des élections municipales françaises

 

26/03/2014

 

 

            Une élection démocratique bourgeoise est un moment suffisamment important dans la vie politique et économique du grand capital pour que nous prenions le temps d’ausculter cette classe sociale pour tenter d’en subodorer la destinée.

 

            Si la «droite» – du moins ce que les plumitifs des médias à la solde, les bureaucrates syndicaux et la pseudo «gauche» accréditée conviennent d’appeler la «droite» – revient en force, c’est que le grand capital français le souhaite ainsi. Depuis quelques années, les différentes factions de la grande bourgeoisie se sont solidarisées pour convenir d’une stratégie unifiée afin de contrer la résistance des ouvriers et des salariés et pour les écraser.

 

            Leur stratégie va comme suit : Premier mouvement : discréditer la vieille garde des oligarques de «droite», en l’incitant à la prévarication sans retenue, au détournement des biens publics, au vol de l’État et à la débauche au beau milieu de la misère populaire. Les sous-fifres politiques s’en sont mis plein les poches sous l’œil approbateur de ceux d’en Haut, qui s’empressaient ensuite de les livrer en livrée à leurs lévriers de la télé. Pour terminer de paralyser cette faction «droitiste» discréditée, une guerre d’avortons a été montée à l’UMP pour la succession de la direction de l’opposition au Palais Bourbon.

 

Deuxième mouvement de ce menuet du temps présent, il fallut aussi discréditer le deuxième parti de pouvoir d’alternance bourgeoise, le mal nommé Parti «socialiste». Nonobstant les tergiversations, l’insignifiant suprême fut juché au créneau, petitement écervelé, mais fortement amouraché, trottinant en mobylette à la nuit tombée jusque chez sa dulcinée.

 

            Valls l’estafette fut mobilisé pompette, la kippa sous la bonnette, aux cérémonies du CRIF, afin que nul Français n’ignore qui stipendie le gouvernement français pro-sioniste. Sous des simagrées antiracistes, les «socialistes» préparent ainsi les conditions pour l’avènement de l’État policier vichyste. En effet, trop de gens croient naïvement que les néo-fascistes s’empareront du pouvoir d’État au service des riches en paradant – chemises brunes et oriflammes déployées, aligner en rangées bien cordées par centaines de milliers sur les Champs Élysées – vous vous trompez.

 

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            Observez la nouvelle façon de travailler des néonazis en Ukraine asservie. Une poignée de mercenaires néonazis occupaient un camp retranché face au parlement des riches tétanisé. Un gouvernement corrompu par les soins des riches, faible et discrédité. Les manifestants néo-fascistes rejoints par des milliers de dupés croyant qu’ils avaient là des militants bien intentionnés. Quelques assassinats ciblés. Le soutien hystérique des médias et des gouvernements impérialistes de la soi-disant «communauté internationale». Pour coiffer le tout, un coup d’État pratiquement sans effusion de sang. Il en fut approximativement selon le même plan en Égypte ou l’armée du pharaon compléta l’opération. Aujourd’hui, elle assassine l’opposition sous un silence de mort médiatique.

 

            Le grand capital monopoliste élabore et expérimente ses stratégies dans ses néo-colonies avant que de les appliquer dans sa patrie. La dégradation des conditions économiques et politiques étant habituellement plus avancée dans ces contrées éloignées sponsorisées.

 

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            En France la stratégie du grand capital consiste à élaguer toute autre alternative sur son aile «droite» comme sur son aile pseudo «gauche» afin que les salariés, dirigés par la petite-bourgeoise paupérisée, en viennent à réclamer la montée des néo-fascistes éduqués jusqu’à l’Élysée.

 

            Le troisième mouvement de cette danse macabre est en place. Il s’agit d’ouvrir le premier niveau du pouvoir de l’État policier aux néo-fascistes de «droite», poussée dans le dos par les néo-fascistes de «gauche» qui ont eu leur chance au temps de l’État providence aujourd’hui révolu. Ainsi la population s’habituera à ces malfrats à travers la gestion du quotidien, tandis que ces faux jetons se feront la main à la gestion de l’État policier aux prévarications et aux appartements de fonction. Bientôt, ils seront à couteau tiré avec Matignon et le Palais Bourbon créant les conditions de l’implosion de l’État croupion.

 

            Ce que les ouvriers et les autres salariés doivent savoir de ces élections municipales bidons, c’est que cette mascarade démocratique bourgeoise leur échappe complètement et qu’ils ont raison de demeurer indifférent (40% d’abstention) sachant que c’est dans leurs usines, leurs ateliers, leurs chantiers, leurs bureaux, leurs services, leurs quartiers, et leurs cités de banlieue que la lutte de résistance à l’État policier doit se développer afin de préparer les conditions d’un grand et d’un véritable changement.

 

 

 

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PKP-Péladeau, la menace du fils à papa

 

14 mars 2014

 

 

            Les élections démocratiques bourgeoises sont des moments forts de la vie politique pour les capitalistes. Nous l’écrivions dans un texte récent, chacune de ces élections est une rixe où les différents segments de la classe dominante, regroupée sous différentes bannières politiques (libéral, PQ, CAQ, QS, ON) s’affrontent, se chicanent, se crêpent le chignon, se dénigrent publiquement, et mentent effrontément, s’exposant ainsi publiquement dans toute la laideur de leur opportunisme sans principes. Tous les coups sont permis pour tromper les salariés et pour les amener à voter (1).

 

            Le temps d’une mise en scène coûteuse (33 jours de mascarade et 100 millions de dollars), le temps du lent déroulement de ce «spectacle» médiatique navrant – que les médias à la solde ont mission de rendre excitant alors qu’il n’est qu’ennuyant et une perte de temps. Les ténors politiques bourgeois espèrent que quelques milliers d’électeurs trompés leur accorderont leur bulletin et une visite au bureau de scrutin. Puis, le figurant député d’arrière-ban, enfin sélectionné, vous oublierez cher électeur   promesses, mensonges et duperies, et le spectacle de l’impuissance se poursuit.

 

            Pour comprendre le motif de cette mise en candidature du milliardaire des communications (50% des médias au Québec), il faut se rappeler les raisons de cette prise de bec électorale entre les différentes factions bourgeoises. Par cette billevesée électoraliste, la faction péquiste espère arracher quelques comtés supplémentaires afin d’obtenir une majorité à l’Assemblée des simagrées pour ensuite mieux attaquer les salariés.

 

            En effet, à l’élection bidon de 2012, la population québécoise, dans sa grande sagesse,  avait refusé d’accorder une majorité aux fourbes péquistes, plaçant la clique «souverainiste» en état de vulnérabilité. Situation de faiblesse gouvernementale que les autres factions de la bourgeoisie représentées à l’Assemblée (PLQ, CAQ, QS)  utilisent pour faire «chanter» la clique péquiste. La présente mascarade électorale vise, non pas à résoudre les problèmes de la crise économique systémique et du chômage endémique, mais à changer l’allégeance de quelques députés d’arrière-ban, en profitant de l’effondrement de la clique Caquiste, de laquelle le grand capital désespère, et ceci afin de forger une majorité à la botte de la matrone multimillionnaire et de son mari, petit homme d’affaires fédéraliste stigmatisé, et de leur poulain milliardaire (ex-maoïste du PCO) afin de mener sereinement toutes les agressions requises contre les salariés victimes de la crise.

 

            Le milliardaire des médias est donc assigné dans un comté Caquiste, une  transfuge étudiante, ayant acquise sa notoriété sur le dos des étudiantes en guerre contre toutes les cliques bourgeoises de l’Assemblée nationale, est aussi assignée à un comté Caquiste (voilà bien l’indice qu’il ne suffit pas d’être féministe  pour participer à la lutte de libération féminine).

 

            La chose est toute simple à analyser, cette élection bidon constitue la mise à mort de la clique Caquiste qui n’est plus utile à la grande bourgeoisie d’affaire chauvine québécoise qui a décidé de reconcentrer ses appuis – ses acquis – dans ses deux paniers préférés, les péquistes et les libéraux. Les cliques solidaristes et nationalistes servant de faire valoir et de repoussoir pour les deux précédentes.

 

            Pour distraire la galerie des électeurs aigris, les commentateurs politiques hypocrites ergotent et s’agiotent à propos de la foi «souverainiste» du milliardaire converti; de la vocation éthique «démocratique» de ce poncif qui n’a jamais hésité à congédier un plumitif qui ne chantait pas selon le cantique imposé lors de la cérémonie des supplétifs.

 

            Depuis quelques jours d’ex-pseudo progressistes pétitionnent pour que leur maître séant – et ex-camarade maoïste, devenu par son père milliardaire, – ne se départissent pas de ses actions monopolistiques sur l’empire médiatique québécois nationaliste chauvin. C’est vous dire jusqu’à quel niveau de caniveau peuvent s’affaisser ces dégénérés.

 

            N’ayez crainte peuple circonspect, ce matamore capitaliste ne songe nullement à séparer le Québec du Canada, «option» réactionnaire que vous êtes plus de 61% à rejeter ex cathedra. Le Parti québécois n’a jamais œuvré pour l’indépendance du Québec, il ne milite même pas pour la «souveraineté» des Québécois, et ce n’est pas aujourd’hui que ce parti va s’atteler à séparer le Québec de la Confédération canadienne qui lui apporte des milliards de dollars à partager entre les amis du régime (interrogez le mari de Pauline). Récemment, la «souverainiste» Marois déclarait vouloir conserver le dollar canadien honni (l’instrument le plus important d’une politique économique «souveraine») et se battre, in fine, pour obtenir un siège de thuriféraire à la Banque du Canada (2).

 

            Les péquistes espèrent simplement rallier quelques votes d’électeurs mystifiés par leur phraséologie nationaliste esquintée, ce en quoi les «faiseux d’élections nationalistes» visent une frange de l’électorat de Québec Solidaire et d’Option Nationale, pas grand-chose électoralement parlant direz-vous, mais n’oubliez pas que dans certains comtés convoités la joute électorale se perdra ou se gagnera par quelques voix.

 

            Pour le reste, la candidature du fils à papa milliardaire ne présente aucun intérêt que de savoir que les menaces d’attaques contre la classe ouvrière et les autres salariés va s’accentuer après la présente mascarade électorale de cette élection bidon. Mais nous de la classe ouvrière nous les attendons de pied ferme dans la rue et dans nos usines, dans nos chantiers et nos ateliers, dans nos quartiers et nos cités. Ça va chauffer cet été. 

 

 

 

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L’industrie du syndicalisme d'affaire

 

 

12 mars 2014

 

 

Un « remake » suppurant

 

          Pourquoi doit-on s’intéresser à la petite bourgeoisie gauchiste, aux syndicalistes anarchistes, aux pseudo-progressistes et aux réformistes en ces jours de crise économique et de politiques d’austérité alambiquées?

 

         Tout simplement parce que l’on assiste dans le mouvement ouvrier à un « remake » mal ficelé de ce qui s’est passé au cours des décennies 1970-1980 quand la crise économique permanente a connu une recrudescence alarmante comme aujourd’hui, et s'étendit à un grand nombre de pays.

 

          En ce temps-là, il y a quarante ans, les équivalents des présents trotskystes – maoïstes – anarcho-syndicalistes – pseudo-communistes – gauchistes authentiques et altermondialistes surgirent de toutes parts pour dévoyer et liquider les mouvements étudiants et les soulèvements ouvriers afin de les diriger vers les culs de sacs réformistes, opportunistes, nationalistes, sous une phraséologie caricaturée – mal digérée – péniblement malaxée, à la sauce pseudo gauche, dont on recueille aujourd’hui les fruits pourris (PKP-Péladeau fut de ceux-là).

 

          Effectuons un tour d’horizon actualisé au Québec, mais chacun peut faire le même constat dans son pays. Du SPQ-Libre (sic), quelques anciens groupies d’Union Bolchevik; au Bloc Québécois raciste; en passant par le Parti Québécois chauvin, dirigé par une multimillionnaire acoquinée à un milliardaire – PKP-Péladeau – ex-pseudo communiste, du PCO (sic); sans négliger quelques renégats, jeunes larbins étudiants de la dernière fournée (2012), empressés de ramasser les quarante deniers que leur coup fourré leur a mérité; sans oublier les ex-EN LUTTE, coalisée dans Québec Solidaire, agrémenté de nouvelles recrues socialo-trotskystes, de sociaux-révisionnistes (PCC et PCQ) infiltrés. Enfin, terminant la tournée du poulailler, ces anciens sont rejoints par tous les anarcho-syndicalistes gauchistes défroqués, en mission de liquidation des mouvements étudiant et ouvrier.

 

         Bref, qui veut contribuer sincèrement au mouvement gréviste étudiant et aux soulèvements ouvriers présents doit se préoccuper du passé de ces agitateurs «gauchistes» à gogo et de ces pseudo syndicalistes combatifs qui surgissent en couche, tels des champignons vénéneux, afin que nous les empêchions de recommencer aujourd’hui ce qu’ils ont perpétré dans le passé.

 

L’industrie du syndicalisme corporatiste en quelques chiffres

 

         Au Québec, on dénombre 3,6 millions de salariés. De ce nombre 1,3 millions (36 %) sont syndiqués (dont 807 000 sont des employés de l’État). Ces clients cotisants sont répartis dans 10 000 unités accréditées, affiliées aux bannières FTQ, CSN, CSQ, CSD, SFPQ, SPGQ, FIIQ, APTS, FIC, FAC, FAE, UPA. L’effectif, anciennement de 49 % des salariés (1992), est en lente descente désespérante pour les agents de vente de cartes de membres. C’est que les grandes compagnies capitalistes monopolistes réduisent leurs effectifs alors que les nouveaux emplois créés – les 250 000 emplois promis par le Parti Libéral – sont pour la plupart des «jobs» à temps partiel – temporaires – précaires – mal rémunérés et non syndiqués. 

 

         L’industrie du syndicalisme c’est aussi le Fonds d’Action capitaliste de la bannière CSN (1 milliard de dollars de capitaux d’investissements à haut risque) administrées par d’ex-gauchistes repentis (sic). C’est également le Fonds de «solidarité» impérialiste de la FTQ, administrée par des hommes d’affaires, hier en salopette, et aujourd’hui vautrés sur le luxueux bateau privé d’un mafieux avéré. Le Fonds «solidaire» cumule plus de 9 milliards de capitaux administrés par une nouvelle génération de syndicalistes d’affaires, des capitalistes-prolétaires (sic) qui s’échangent les conseils d’administration avec des PDG d’entreprises manœuvrant dans les paradis fiscaux.

 

         Au Québec, l’industrie du syndicalisme d’affaires ce sont 10 000 employés bien payés. Des emplois permanents, sécuritaires, agrémentés de régimes de retraite blindés (tant que la crise systémique de l’impérialisme n’aura pas emporté leurs portefeuilles d’actions). L’industrie du syndicalisme de collaboration de classe affichée et de «syndicats de combat» masqués, c’est plusieurs centaines de millions de dollars de chiffres d’affaires annuels (budgets de fonctionnement, fonds de grève, et crédits de défense professionnelle). Le taux de la taxe syndicale est en hausse depuis des années, voguant entre 2 % et 4 % du salaire régulier d’un employé syndiqué sans sécurité d’emploi.

 

         L’industrie du syndicalisme de «combat» (sic) et du syndicalisme de collaboration de classe, ce sont des milliers d’emplois garantis en ce sens qu’une usine de cotisants payants peut bien fermer – des milliers d’emplois de postiers et de facteurs peuvent bien disparaitre – le nombre de permanents syndicaux reste constant, protégés par de solides conventions collectives militantes (sic), protégeant les combattants permanents, au chaud dans leur bureau d’entreprise de service spécialisé dans la vente de la force de travail aliénée et dévaluée. Suite aux baisses d’effectifs, et malgré le maraudage intersyndical intensif, la cotisation des syndiqués est augmentée régulièrement afin d’assurer les revenus de la bureaucratie «militante» nationaliste et chauvine.

 

          Vous aurez compris que la guerre commerciale fait rage entre les bannières d’affaires (centrales syndicales) pour ramasser le maximum de clients cotisants afin de grossir les revenus du monopole syndical en maraudage. Le salarié syndiqué est considéré comme le client consommateur d’un service de vente de sa force de travail au plus exploiteur. Un peu comme ces agences de placement qui dénichent un emploi aux immigrants puis ramasse en prestation un pourcentage du salaire hebdomadaire de l’esclave salarié.

 

         L’univers syndical d’affaires est le royaume des avocats et des juges d’arbitrage. Chaque année, les syndicats bourgeois au Canada déposent entre 1500 et 2500 griefs collectifs générant autant de décisions arbitraires-arbitrales, habituellement favorables à l’employeur capitaliste, car demain l’arbitre décideur sera embauché par l’État employeur ou par une grande corporation monopoliste en conflit avec ses ouvriers. Conséquences de ces mascarades juridiques, les bureaucrates syndicaux pleurnichent puis retournent déposer un autre grief, apaisant les manifestants, leur expliquant que l’on ne peut faire autrement que d’attendre le prochain jugement.

 

         Dans les années 1970-80, les bannières syndicales ont même imaginé des comités d’action politique (CAP) où les syndiqués agités – populistes – gauchistes – anarcho-syndicalistes pouvaient s’amuser à jouer aux révolutionnaires enjoués et publier des manifestes nationalistes, corporatistes, anarcho-syndicalistes et réformistes. Comme dit le capo di capi : «Ton ami, tiens-le près de toi, ton ennemi, encore plus près».     

 

Syndicats d’affaire intégrés à l’État policier

 

          L’appareil syndical ayant été totalement intégré à l’appareil d’État capitaliste est devenu une phalange de l’État policier. Ainsi, dans plusieurs pays impérialistes, les cotisations syndicales sont déductibles d’impôts – une chaîne dorée attachée par l’État des riches aux pieds de ses collaborateurs syndicaux zélés. L’État employeur garantit la cueillette et la gestion des cotisations au bénéfice des syndicalistes affairés (Formule Rand). Une loi anti briseurs de grève assure que cadres et «jaunes» pourront poursuivre les opérations et qu’un grief sera déposé et réglé en arbitrage deux années après que la grève aura été liquidée. Le privilège du placement syndical dans l’industrie de la construction est une autre chaîne dorée qui a transformé les bureaucrates syndicaux investisseurs-spéculateurs en gérants du placement pour les capitalistes de la construction. Après avoir reçu mission de transformer l’argent des petits épargnants en capital à haut risque, l’État concède aux hommes d’affaires syndicaux (et aux Rambos) l’attribution des emplois d’exploités sur les chantiers. Un peu comme dans les camps de concentration où les Kapos avaient le privilège d’adjuger les rations aux collabos et les coups de bâton aux résistants.

 

           Les collabos syndicaux sont consultés avant de lancer une grande offensive anti-salariés, usuellement avant que le gouvernement ne dépose un budget au parlement des riches. Quand il fut question d’accentuer l’attaque gouvernementale contre les ouvriers, de hausser les impôts du peuple et de réduire les services publics, afin de récupérer le maximum de taxes des salariés et de transférer le plus de crédits d’impôts et de capitaux aux actionnaires des entreprises multimilliardaires, les gouvernements canadien et québécois ont réuni les bureaucrates syndicaux d’affaires et de «combats» afin de coordonner leurs menées anti-ouvrières. À chacun son emploi, l’État mène la charge et la bannière syndicale liquide la résistance en expliquant que les membres ne souhaitent pas se défendre et que le bureaucrate ne peut les forcer à sauvegarder leurs deniers.

 

         Retenez bien cette comptine, vous reconnaitrez toujours un syndicaliste d’affaire par cette calomnie grossière – «Le bureaucrate voudrait se battre, mais les syndiqués ne veulent pas sauver leur gagne-pain». La réalité, c’est qu’après quarante années de trahison syndicale de «gauche» comme de droite, l’ouvrier salarié, ne souhaite plus gaspiller son énergie et amorcer une grève qui sera liquidée par l’homme d’affaires syndical ou par un énergumène gauchisant éructant, comme ils ont tenté de le faire avec la grève des étudiants en 2012 (mais ils ont échoué en 2012 et l’État québécois s’est juré que ça ne se reproduira pas).

 

           L’État bourgeois a totalement dévoyé l’appareil bureaucratique syndical – même la portion psalmodiant des cantiques gauchistes social-démocrate-réformistes –. L’État a réussi à faire du syndicalisme un appendice de la machine étatique dans la gestion de la force ouvrière à opprimer et à réprimer. La crise économique permanente, s’approfondissant soudainement, l’État des riches exige que l’appareil collaboratif syndical s’adapte à la nouvelle conjoncture économique et à la nouvelle donne politique et que les syndicalistes de droite comme de gauche transforment leurs activités de gestion des privilèges (les chaînes dorées) en liquidation des révoltes et en répression des insurrections.

 

        C’est la raison pour laquelle aux États-Unis tant d’ouvriers refusent de se syndiquer préférant économiser la taxe syndicale puisque de toute manière ils ne recevront aucun soutien dans leur lutte de résistance sur le front économique de leur lutte de classe (11,3 % de syndicalisation des salariés aux É.-U.).

 

Que faire?

 

        C’est la raison pour laquelle vous voyez surgir des agitateurs-liquidateurs gauchistes, en train de s’émoustiller comme en 1970, de se pavaner, de tenir des séances de «formation» d’auxiliaires d’hommes d’affaires syndicaux, de vendre des cartes de payeurs de taxes syndicales et de proposer de transformer le rafiot syndical en perdition en paquebot du combat réformiste pour quémander des réformes du capitalisme afin de  sauvegarder ce système moribond.

 

       Que nenni camarades, la crise est systémique, et elle est là pour demeurer et s’approfondir, en pire, et les ouvriers sont déjà désignés pour payer et se sacrifier même si le rafiot capitaliste ne peut être réchappé. Le capitalisme fonctionne selon des lois obligées – incontournables – qui ne peuvent être transgressées – c’est la raison pour laquelle aucun économiste bourgeois ignare ne parvient à redresser la barre et à en modifier la destinée. Une large portion de la population le sait déjà, mais elle reste coite.

 

         Pour que les ouvriers s’acquittent de leur mission historique ils devront écarter cet enfarge qui les entraves, c’est-à-dire les syndicalistes d’affaires et leurs collaborateurs anarcho-syndicalistes et gauchistes réformistes. Le militant sincère est invité à œuvrer dans les syndicats à la base, avec les plus humbles, les plus démunis, les plus meurtris, vaillamment, courageusement, patiemment. Le temps venu il faudra renverser cet appendice syndical capitaliste en même temps que son maître, l’État policier. Ce temps n’est pas encore venu.

 

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Ukraine - Les ouvriers n'ont pas encore parlé

 

21 février 2014
 


Que voilà une affaire compliquée que ce calvaire ukrainien meurtrier. La guerre civile n’est pas enclenchée malgré ce que colportent les médias (à la solde des puissances occidentales). Quelques milliers de casseurs, dirigés par un ex-officier du Mossad, encerclés à Kiev ne font pas une insurrection populaire, insurrection que le peuple ukrainien ne souhaite pas de toute façon.

L’Ukraine, c’est 600 000 km2 de plaine généreuse. Mais c’est surtout 46 millions d’habitants dont 8 millions d’origine russe et 25 millions de russophones, alors que l’on ne compte pratiquement aucun étatsunien, aucun français, aucun anglais dans le pays mis à part quelques germanophones arrivés suite à l’écroulement de l’empire soviétique.

L’Ukraine est voisine de la Russie (1 500 kilomètres de frontières communes) dont il dépend pour son approvisionnement en énergie, et avec qui il fait le gros de son commerce extérieur et de son profit, et avec qui il conserve des liens historiques profonds. Rien de tel entre le peuple ukrainien et les peuples de France, des États-Unis ou du Royaume-Uni. Les russes ont libéré les ukrainiens pendant que Churchill tergiversait devant les plages normandes.

À côté de l’Ukraine c’est la Biélorussie, puis la Russie impérialiste, qui est revenue de sa torpeur post-glasnost, et qui commence à résister aux assauts de l’impérialisme occidental pour protéger les néo-colonies de son glacis continental. À des milliers de kilomètres de Kiev – il y a Washington et le Pentagone. Plus près, mais lointain tout de même, il y a Paris et Bernard-Henry Lévi – encore lui (!) qui, quand tout sera détruit place Maïda à Kiev, retournera au café Les deux Margot siroter un bourbon et sucer quelques bonbons.

L’impérialisme occidental croyait au lendemain du Mur de 1989 que l’empire Russe était défait – éteint à tout jamais et pour lequel Zbigniew Brzezinski avait émis des projets de partition en États, provinces, départements, dépendances, colonies et no mans land comme si l’impérialisme russe trépassait. Brzezinski se meurt et la Russie aligne ses pions en Syrie, en Serbie, en Ossétie, au Kazakhstan, en Biélorussie et en Ukraine.

Rien pour rassurer le peuple ukrainien pris en otage – entre deux feux – entre deux belligérants sur son sol national sanglant. D’un côté ce sont les bandits et les mercenaires libertaires armés-entraînés-payés et pour certains exfiltrés par quelques puissances impérialistes étrangères, excluant l’Allemagne, mais incluant la France impériale – et le royaume de Cameron qui tire à l’aveugle dans cette affaire. Selon certaines sources peu crédibles, le Département d’État étasunien aurait allongé 5 milliards de dollars dans ce coup d’État foireux. Personnellement je ne crois pas que la somme soit aussi importante mais des subsides aux magouilleurs de la « révolution colorée rouge sang » il y a eu c’est évident. C’est la réponse américaine à l’échec de l’invasion syrienne.

De l’autre côté des barricades, de la révolte importée et imposée, un pouvoir présidentiel et législatif inféodé à l’ours Russe, son allié naturel. Un pouvoir faible que le sort a placé au mauvais endroit à un mauvais moment et qui prend ses ordres directement du Kremlin c’est assuré. Une chose est certaine toutefois quel que soit l’endroit où la potiche Ianoukovitch prend ses ordres cela ne concerne que le parlement et le peuple ukrainien et nullement ces vauriens que le pouvoir ukrainien a commencé à identifier et à éliminer physiquement, systématiquement, comme d’autres à Homs au Proche-Orient….Vous connaissez ?

Les ouvriers ukrainiens n’ont pas la main dans cette affaire. Ils n’ont aucun contrôle sur aucun des camps, ils n’ont pas d’organisation de classe et ils n’ont pas l’initiative révolutionnaire. Les ouvriers ukrainiens ne serviront que de chair à canon dans cette guerre des canonnières. Ils mourront sans gloire et sans avantage... inutilement.

Il est temps que le prolétariat ukrainien expulse ces troublions infiltrés, ces assassins venus d’Occident avec leurs chaînes dorées pour remplacer celles que le nouveau tsar du Kremlin leur a tissé. Les ouvriers doivent tirer les conclusions de ce coup fourré mal engagé et apprendre de ce soulèvement avorté. Qu’ils trouvent des armes et les planques et qu’ils se préparent pour la prochaine tournée où cette fois ils devront dirigés l’action et ne pas laisser des néo-nazis et des brigands dirigés les ouvriers révoltés. L’objectif sera alors « Tous le pouvoir aux soviets ».

 

 

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OUI, LA GUERRE, C’EST LA FRANCE... IMPÉRIALISTE

 


15 janvier 2013

 


Quand un grand ponte de l’establishment doit descendre dans l’arène se colleter avec ses acolytes c’est qu’il y a de l’eau dans l’essence, dit-on par ici.


Le citoyen Dominique de Villepin, ex-commis de la ploutocratie de Paris, particulièrement guerrière ces temps-ci, a publiquement pris parti contre l’aventure militaire française au Mali. L’ex-ministre Dominique de Villepin, héritier de l’ère Raffarin, rentier de l’ère Chirac et prostré de l’ère Sarkozy, s’est commis d’un écrit plein de finesse et d’hypocrisie. Son propos, tout de fil blanc cousu, va comme suit: Ne refaites pas les erreurs du passé et apprenez de vos billevesées, bande de demeurés –… Non, la guerre ce n’est pas la France déclame-t-il.


Tout cela coule de source ma foi. L’impérialisme français arrogant, revanchard et pédant, après avoir été complice dans la destruction de la Serbie, du Kosovo, de l’Afghanistan, de Djibouti, de la Côte d’Ivoire, de la Libye, de la Syrie, de la Somalie, s’attaque aujourd’hui au Mali… pensant probablement que, la proie étant plus démunie, le chacal (ou le Rafale!) en aura vite fini.


Dominique sait d’expérience l’engrenage de la dépendance à la souffrance (des peuples néo-colonisés) et il le dit d’un air déconfit : « Tirons les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye. Jamais ces guerres n’ont bâti un État solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les États faillis, la loi d’airain des milices armées. Jamais ces guerres n’ont permis de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus radicaux. Jamais ces guerres n’ont permis la paix régionale. Au contraire, l’intervention occidentale permet à chacun de se défausser de ses responsabilités. Pire encore, ces guerres sont un engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles d’une seule et même guerre qui fait tache d’huile, de l’Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en inondant le Sahara d’armes de contrebande. Il faut en finir.» (1).


Que de sagesse ! Notez que monsieur de Villepin ne dit pas que les impérialistes français devraient s’abstenir de s’immiscer dans les affaires intérieures de leurs néo-colonies d’Afrique; en effet, ce n’est pas ce que l’ex-candidat à la candidature suprême préconise. Il dit simplement que l’espionnage, le magouillage, la manipulation des pions dans la région, quelques strapontins et quelques valises diplomatiques bien garnies sont plus payantes que force ni que rage.


La recette militaire a été essayée sans succès, elle n’a donné que révoltés enragés, destruction des infrastructures, famine chez les futurs esclaves salariés à bientôt exploiter, moins d’affaires, moins de ressources minières à exproprier et moins de marchés à s’emparer. Pourquoi ne pas tenter la solution toute de diplomatie emberlificotée ?


Lisez plutôt : «Il faut aussi une dynamique régionale, en mobilisant l’acteur central qu’est l’Algérie et la CEDEAO en faveur d’un plan de stabilisation du Sahel. Il faut enfin une dynamique politique pour négocier en isolant les islamistes en ralliant les Touaregs à une solution raisonnable. (…) Telle est la responsabilité de la France devant l’histoire.» (2). Autrement dit, faire faire la guerre de la «mère patrie» par les soldats des néo-colonies. Africains contre africains pour le bien des métropolitains.


Les pontifes français sont prompts à charger leur nation des missions du trublion que personne pourtant ne souhaite leur voir assumer. Bien entendu quelques «mécréants» diront que les intérêts de la France au Mali sont plus immédiats, plus sonnants et trébuchants et plus pressants que le ponte ne veut bien l’avouer. Ces éternels palabres africains où le maître doit à la fin, de toute façon, donner de la cravache et du goupillon, ne garantissent nullement que les pillards pourront conclure leur larcin.

 

« L’intervention française, baptisée « Opération Serval », du nom d’un félin africain, a été décidée après que les islamistes d’Ansar Dine eurent pris plusieurs positions dans le sud du pays, notamment la région de Komma, et menacé de prendre la capitale Bamako, et donc d’avoir un contrôle total du pays (ce qui aurait placé cette organisation – qui est sous le contrôle dont on ne sait qui dans la région – en position de force pour les négociations de la cession du butin de radiation. NDLR). »


« Une situation qui posait un problème à la France, non pas pour les raisons «humanitaire» si chères à Bernard Kouchner et autres BHL de ce monde, mais plus vraisemblablement parce que la société Areva, groupe industriel français spécialisé dans les métiers du nucléaire, en particulier l’extraction de minerai d’uranium, bataille depuis plusieurs années pour obtenir l’exploitation de quelques 5,000 tonnes de minerai qui se trouvent à Faléa, une commune de 21 villages et 17,000 habitants, située dans une région isolée à 350 kilomètres de Bamako, capitale du Mali. » (3).


Ah si tous ces politiciens, ces militaires et ces terroristes-djihadistes à leur solde – le problème avec les mercenaires djihadistes c’est qu’ils se vendent au plus offrant et que comme les soldats ils sont sans foi ni loi – seule l’odeur de l’argent les fait changer de camp; si tous ces gens avaient entendu le chaman du Nord Mali que nous avons interviewé récemment : « Mes frères, déclara le sorcier malien, croyez-vous que le nouveau Président puissant, ce monsieur Hollande de France, tirera leçon des massacres afghan et irakien et syrien et libyen ? Aucunement, et nous les attendons bientôt avec leurs armées et leur équipement de mort, venir engraisser les ploutocrates obséquieux qui tiennent lieu de Président-polichinelle à Bamako notre capitale, entouré de son armée de pacotille en guenille, toujours prête à faire feu sur les paysans maliens, à violer les femmes et à recruter leurs enfants-soldats. »


Et le vieux marabout de conclure assis dans sa case de l’Azawad envahi : « Que tous ces preux demeurent chez eux parmi les leurs en pleurs et qu’ils laissent le malien palabrer avec le malien, le noir discuter avec le blanc, le Touareg avec le Bambara, le Bobo et le Dogon. Qu’ils laissent le chrétien africain négocier avec le musulman africain et qu’ils nous laissent en paix. Tous ces étrangers ont assez saccagé nos contrées pour ne pas insister et blesser davantage notre fierté. Dites au Président à Paris, fils de colonialistes proscrits, ce monsieur Hollande «socialiste», de ne plus s’en faire : nous Maliens nous saurons régler cette affaire sans détruire la terre-mère qui nous appartient. » (4).


La France hors du Mali.

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(1) Non, la guerre, ce n’est pas la France. 12.01.2013. http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Villepin-Non-la-guerre-ce-n-est-pas-la-France-585627
(2) Non, la guerre ce n’est pas la France. 12.01.2013.
http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Villepin-Non-la-guerre-ce-n-est-pas-la-France-585627
(3) Spencer Delane. L’intervention militaire française au Mali. Mécanopolis. 13.01.2013.
http://www.mecanopolis.org/?p=26739
(4) Légende du nouvel an au Mali 5.01.2013.
http://www.partisadi.net/2013/01/legende-du-nouvel-an-au-mali/

 

 

 

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Afrique — Le continent spolié !

 

24 octobre 2012

 

 

Les migrants du Bounty ?

 

Pourquoi les métropoles européennes sont-elles pleines d’africaines et d’africains au regard hagard, au sourire contrit, désemparés – mendiant pauvrement, vendant à la tire, «bossant» durement, le balai à la main, la pelle au bout du bras, fouillant la benne à ordures derrière le restaurant ? Quel désespoir incommensurable a bien pu chasser ces êtres admirables hors de leur patrie ensoleillée – qu’ils apprécient tant ­– et les pousser sur les chemins de l’exil pleins de périls pour aboutir sous le pont Mirabeau, sur la Grande Place, derrière le Parthénon, autour du Colisée, sur Piccadilly Circus et face au Reijks Museum ?

 

Leur exode risqué s’est amorcé il y a quelques années au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en RDC, au Burkina, au Kenya, en Somalie, au Mali ou au Rwanda, peu importe; il a toujours débuté là où leur vie était menacée, puis par monts et par vaux, à pied, en car, en train ou en bateau, la longue caravane des déshérités s’est ébranlée laissant ça et là son tribut d’éclopés, d’affamés, d’épuisés, de morts vivants, dans le grand désert brûlant, sur les chemins de brousse mal famée, dans l’océan déchaîné jusqu’à Ceuta l’insolente, Tripoli la décadente, Alexandrie l’énigmatique ou Tunis la tragique.

 

Là, les derniers rescapés de ces sentiers de souffrance se feront offrir à gros prix par un passeur bandit de compléter la traversée du continent – de la faim – vers un illusoire paradis pour démunis où ils iront grossir les rangs des exclus de la prospérité tapageuse et surfaite. Nul ne sait encore sur ce rafiot de la mort qu’au bout de ce chemin de Calvaire sur les flots mortifères, la dernière épreuve sera d’être arraisonnée avant que d’être retourné sur leur chemin d’amertume !

 

Dans les pages qui suivent nous allons répondre à une question simple et complexe, à savoir : « Pourquoi tant d’immigrants africains affrontent le désert, l’océan et la mer, les garde-côtes et les passeurs tueurs pour migrer vers l’Europe ce continent de malheur ? ».

 

C’est que dans les pays africains de misère, où les compagnies minières pillent le minerai précieux et cher alors qu’elles n’abandonnent rien aux crève-la-faim, si bien qu’après avoir travaillé pour presque rien dans ces charniers d’enfer les fils de l’Afrique, s’ils n’y sont pas trépassé, entreprennent la traversée de la jungle, des savanes, des déserts, des barbelés, de la mer meurtrière afin d’aller gagner quelques deniers à expédier à la parenté restée sous le tir des troupiers et sous les bombes anti-personnel des terrassiers, ou sur la plantation de café-exporté, mal payé, ou au fond d’un trou de mine-assassine.

 

Le pillage du coltan

 

Nous ferons la démonstration de ce crime sanglant à partir de l’exemple du coltan. Le coltan (métal rare, indispensable à la fabrication de cellulaires et de téléviseurs) est extirpé des puits de mines artisanales en République Démocratique du Congo (80 % des réserves mondiales), puis, aussitôt exproprié et exporté vers les usines de transformation d’Europe, d’Amérique et surtout d’Asie (1).

 

C’est la transformation industrielle du minerai qui crée de la valeur et de la plus-value d’où les capitalistes tirent leurs profits industriels et marchands et l’État ses impôts et ses taxes (le kilo de coltan traité se vend 500 $ sur le marché). L’extraction minière du coltan rapporte très peu. Le salaire d’un mineur de la mort dans la province du Kivu (RDC) se situe entre 10$ et 50$ par semaine, ce qui est tout de même le quadruple du salaire congolais moyen (10$-50$ par mois). Un mineur extrayant en moyenne 1 kilo de coltan par jour, 7 jours par semaine, reçoit donc pour sa peine un salaire hebdomadaire médian de 35$ contre une production de 7 kilos x 500$ = 3 500$, soit un pourcent de la valeur de la marchandise. Vous croyez que l’Afrique reçoit sa juste part des richesses qu’on lui vole ?

 

Cessons de distribuer la charité aux africains mal-aimés. Cessons de leur prêter de l’argent pour s’endetter pour l’éternité et laissons-les bénéficier de leurs richesses continentales et ils seront prospères, croyez-vous ? Non évidemment ! Pourquoi ? Parce que tout dépend de quelle classe sociale s’approprie ces richesses privées ou collectives ! Nous y reviendrons plus avant.

 

Sachez qu’en moyenne chaque kilo de coltan coûte la vie à deux enfants mineurs au Kivu-Congo ravageur, peu importe la langue, l’ethnie ou la religion de ces jeunes souffre- douleurs. Ces enfants meurent sous les éboulis dans des mines artisanales délabrées. L’internationalisme de l’exploitation capitaliste sévit dans ce pays dans toute son ignominie.

 

Les troupes du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi – armées et financées par des multinationales des nouvelles technologies comme Apple, Nikon, Sony, Nokia, Ericsson et autres monopoles occidentaux – occupent la région du Kivu afin d’y exproprier le coltan exploité par de misérables flibustiers armés avec la complicité des généraux – seigneurs de guerre congolais, rwandais et ougandais. Le corsaire du coltan Laurent Nkunda, vous connaissez ? On en parle encore au journal télé (2). Le Premier Ministre canadien Stephen Harper a-t-il dénoncé ces magouilles lors de sa visite à Kinshasa récemment ? Aucunement !

 

L’échauffourée tribale et nationaliste n’est ici que le Gris-gris de pays conquis et des petit-bourgeois européens et américains aigris chantant le salut de la patrie par le sang des Partisans. La journaliste Belge Colette Braeckman constate ceci :

 

« A Kivu, une vingtaine d'avions chargés de minerais décollent chaque jour pour le Rwanda (qui selon l’ONU a empoché 250 millions $ de la vente de coltan NDLR). On peut y croiser des enfants qui travaillaient dans les mines et qui se sont échappés. Ils vous racontent comment ils se sont fait kidnapper sur le chemin de l'école. Tout le monde le sait, mais personne ne fait rien, même pas les Nations unies. Ce trafic ne va pas s'arrêter de sitôt. L'armée congolaise n'est pas efficace - c'est un héritage de Mobutu - et les généraux bénéficient aussi de ce business. Ils disent aller à Kivu pour faire la guerre, mais ils y vont aussi pour s'enrichir. Chaque faction, l'armée congolaise, les milices tutsies, etc. tous profitent de cette situation et n'ont pas intérêt à la changer. » (3).

 

En corolaire de ces salaires de misère, chacun se rappellera de l’assassinat de 34 mineurs Sud-africains – soi-disant libérés de l’apartheid – par la police raciste d’Afrique du Sud pour cause de grève ouvrière visant à hausser un salaire de 400 euros par mois tout compté. Ça s’appelle mourir de faim en peinant durement (4).

 

De tels salaires de crève-la-faim n’assurent même pas la reproduction élargie de la force de travail. En d’autres termes, plus l’ouvrier africain travaille et plus il s’approche de la mort par lente inanition. Ces salaires n’assurent pas non plus l’édification d’un marché national consistant sur lequel s’appuierait la bourgeoisie marchande locale pour assurer l’accumulation primitive du capital constant (CC) puis l’investissement en usines (CV) et le « Take off » capitalistique industriel moderne (5).

 

Il en résulte que dans la division internationale du travail induite par l’impérialisme occidental dominant (du moins jusqu’à présent), l’Afrique a toujours obtenu le rôle de fournisseur de matières premières. Au début, à titre de fournisseurs de bêtes de somme – esclaves valant moins que leur poids de céréales – puis fournisseur de bois précieux et de denrées alimentaires spoliés sur des plantations expropriées aux autochtones comptant pour moins que rien dans ce marché. Enfin, on assiste aujourd’hui à la spoliation des minéraux rares (dont le coltan), des pierres précieuses et du pétrole (10% des réserves mondiales) dont les peuples locaux ne tirent pratiquement aucun bénéfice.

 

Les pilleurs étrangers protégés par leurs serviteurs nationaux

 

Un service de garde chiourme des intérêts locaux des compagnies impérialistes étrangères (dont canadiennes) est assuré par une caste de prédateurs – rois nègres cravatés, généraux de carnaval en képi – entourés de meurtriers, de repris de justice et de corsaires déguisés en militaires – mis au service de clans négriers appointés par quelques grandes entreprises monopolistes – les dits monopoles miniers – solidement abouchés aux ambassades occidentales de leur pays d’origine affectées dans ces contrées saignées à blanc.

 

Tant que le président-nègre local accomplit correctement son travail d’adjudant et tant qu’il réfrène ses appétits de gourmand – n’espérant jamais devenir aussi gros que le bœuf de la fable – et tant qu’il sait embrasser la main qui le maintient sur son trône de paille – sa réélection « démocratique » est assurée. Que le goinfre noir prétentieux tente un jour de redresser l’échine et de s’affranchir de cette tutelle dominatrice; qu’il manigance quelque nouvelle alliance avec une nouvelle puissance (pensons à Gbagbo en Côte d’Ivoire ou à Kadhafi en Libye ou à Kabila en RDC) et alors, les foudres de l’enfer « démocratique » de l’Occident hypocrite s’abattent sur le récalcitrant en tourment. L’élection hier encore « démocratique » est aussitôt invalidée par l’Élysée – la Maison Blanche – le 10 Downing Street ou le Reichstag allemand – la dite « communauté internationale » et l’opposant complaisant décrété gagnant sur-le-champ.

 

Le « démocrate » devient tyran, l’ami et l’allié d’hier devient usurpateur et les bombardiers et les drones téléguidés depuis les capitales occidentales fauchent soudainement les vies du peuple ainsi que le palais princier tout à coup outrancier après trente années tolérées au milieu de cette misère mortifère.

 

Un polichinelle d’un autre clan sera juché pour un temps sur le trône chambranlant – quelques criminels de guerre seront promus généraux d’opérette, les malfrats – garde – du corps de ce prétendant deviendront officiers d’intendance, chargés d’assurer la loyauté de ce nouveau métayer de la corvée présidentielle – qui consiste essentiellement à signer les décrets de prospection et d’exploitation des claims miniers, pétroliers et forestiers et les contrats d’achat d’armements afin d’assurer la reproduction élargie du pouvoir compradore soumis.

 

La petite et la moyenne bourgeoisie africaine «socialiste»

 

L’économie nationale des pays africains étant dominée et spoliée par les pays impérialistes occidentaux, la petite et la moyenne bourgeoisie nationale africaine, fragile et instable, n’a souvent pas grand accès aux prébendes, aux bakchichs, aux postes administratifs, gouvernementaux, judiciaires et militaires lucratifs, ni à la propriété foncière réservée à la grande bourgeoisie compradore. Ces fragments de classes sont donc aigris et menacés de paupérisation et d’éradication tout comme leurs cousins nord-américain et européen. La tentation est alors très grande pour ces sections de classes moribondes de lancer leur peuple dans la révolte aventurière sous le sceau frauduleux du « socialisme » – l’Angola, l’Algérie, l’Éthiopie sont de ces pays qui ont connu de ces guerres « populaires » pour assoir le pouvoir de charlatans et de leurs sectes de prétendants moyens et petits bourgeois. On sait aujourd’hui ce qu’il advint de ces tyrans pseudo-socialistes.

 

Parfois, le néo-colonisateur ne laisse pas assez à boire et à manger, pas suffisamment de prébendes alléchantes pour satisfaire tous les larbins locaux vainqueurs du précédent gouvernement si bien que le partage du butin devient source de conflits sanglants entre pirates intra-tribaux – intra-muros. C’est ce qui se produit en ce moment à Abidjan entre Ouattara l’adjudant et ses sergents d’apparat dont certains ont été abandonnés dans le caniveau au Ghana et au Burkina Faso d’où les assassinats récents à la frontière du domaine convoité et contesté. Le prolétariat n’a rien à faire de ces guerres entre hyènes.

 

L’AFRICOM mène la charge

 

Notez que les puissances impérialistes occidentales ne font pas confiance à cette engeance de larbins locaux pour maintenir l’ordre et le pouvoir de leur maître sur ces contrées convoitées. Aussi, les États-Unis ont-ils imaginé une superstructure militaire contraignante – L’AFRICOM – pour représenter ses intérêts dans la région – et pour embrigader, contrôler et entraîner ces va-nu-pieds déguisés en armée de métier. L’AFRICOM organise et supervise les efforts de guerre et de maintien de l’État de guerre permanente, d’extraction des ressources naturelles et de spoliation du travail salarié et de sa plus-value. Pour ne pas avoir accepté d’embrigader son armée dans l’agression en préparation au Nord du Mali le Président de Mauritanie a bien failli y laisser la vie. Il semble qu’après l’attentat à demi réussi, il ait enfin compris. L’attaque contre le Mali aura bien lieu, supervisée par l’AFRICOM et menée par la chair à canon régionale (6).

 

En 2007, le conseiller du département d’État étasunien, le Dr J. Peter Pham, a affirmé que les objectifs stratégiques d’AFRICOM consistaient à « protéger l’accès aux hydrocarbures et autres ressources stratégiques abondantes en Afrique. [La] tâche [d’AFRICOM] consiste à protéger la vulnérabilité de ces richesses naturelles et s’assurer qu’aucune tierce partie comme la Chine, l’Inde, le Japon ou la Russie obtiennent des monopoles ou des traitements de faveur. (Nile Bowie, COVERT OPS IN NIGERIA: Fertile Ground for US Sponsored Balkanization, Global Research, 11 avril 2012.) (7).

 

Une solution aux problèmes africains ?

 

Par les temps qui courent, les peuples africains, loin de se reprendre en main et de mener à bien leurs luttes de libération contre la domination néocoloniale impérialiste, et surtout contre leur bourgeoisie compradore nationale organisée en castes autour de généraux – seigneurs de guerre complaisants – laissent plutôt tous ces vauriens offrir leur service d’homme de main aux différentes puissances hégémoniques.

 

Aujourd’hui en Afrique, certaines des anciennes puissances coloniales sont réapparues sur le devant de la scène, concurremment à leur allié et concurrent étatsunien, face à la Chine, nouvelle superpuissance ascendante. En 2012, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique devant les USA et la France. La Chine impérialiste a construit le siège social de l’Union Africaine, elle investit chaque année des milliards de dollars en projets routiers et ferroviaires. Elle exploite les mines et le pétrole et change la donne en construisant des usines – clés en main – en Éthiopie notamment, créant ainsi un prolétariat africain au Nord du Continent, complément au prolétariat de l’Afrique du Sud. Ce sont là d’excellentes nouvelles pour la classe révolutionnaire africaine qui voit ainsi grossir ses rangs (8). Si vous souhaitez combattre les sectes religieuses intégristes, construisez des usines en Afrique.

 

Voilà, résumées en quelques pages, les causes fondamentales du misérable exode africain vers l’hémisphère Nord. Les puissances impérialistes occidentales absorbant l’usufruit des ressources naturelles et expropriant une large part de la plus-value ouvrière et paysanne ainsi que les profits et les revenus des États croupions, il ne reste pratiquement rien pour la survie de ces pays. Aussi, plutôt que de se laisser mourir les africains suivent la trace de leurs richesses jusqu’au Nord de la Méditerranée.

 

Peut-on changer ce désordre des choses ? Oui, certainement ! Il revient aux ouvriers et aux employés, mineurs, travailleurs des champs, métayers et artisans de s’organiser en parti politique révolutionnaire indépendant de l’aristocratie bureaucratique locale, aussi loin que possible de la petite et de la moyenne bourgeoisie nationale – fuyant comme la peste les intellectuels hâbleurs et pédants – pour diriger leurs coups meurtriers visant à renverser les commettants locaux de la classe capitaliste monopoliste internationale (9).

 

 

(1) L’exploitation du coltan http://www.umoya.org

(5) Robert Bibeau. La crise économique dans tous ses méfaits. (2012). http://les7duquebec.org/7-au-front/la-crise-economique-dans-tous-ses-mefaits/

(6) Exemple récent du coup d’État avorté en Mauritanie http://kassataya.com/mauritanie/vacance-du-pouvoir-qui-dirige-maintenant-le-pays

(7) Julie Lévesque. (2012). Guerres secrètes des États-Unis en Afrique. http://www.mondialisation.ca/la-guerre-secrete-des-etats-unis-en-afrique/5308437

 

 

 

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Élections américaines — 2012 — Les vrais enjeux !

 

17 octobre 2012

 

Obama ou Romney ?

Obama réussira-t-il à conserver son poste de thuriféraire au sommet du crétinisme parlementaire; ou alors, Mitt Romney le multimillionnaire, parviendra-t-il à mobiliser suffisamment de lumpen-prolétaires urbains et de petits «gentlemen farmers» du Middle West; à embrigader suffisamment de «preachers» du Middle Bible et d’évêques catholiques de la côte Est; à recruter assez de militants du KKK du Middle South et tout autant de petits bourgeois désœuvrés de la côte Ouest; à enguirlander assez de retraités de la Floride pour décrocher la palme et le privilège de les grever d’impôts tous ces péquenots, au profit des milliardaires planqués qui refusent de « payer à même leurs profits » ?

Nonobstant le premier ou le deuxième débat télévisé, celui qui vous dira qu’il le sait déjà vous mentira (1). L’impérialisme américain est désemparé et il se cherche un cheval de Troie à faire avaler à la mouvance américaine des petites gens de souche étatsuniennes prêt à dilapider leurs économies pour le salut de la patrie et de la « race des titans » qui ont dominé la planète depuis cent ans.

WASP – le peuple élu ?

La présente élection présidentielle se situe juste au moment charnière entre la descente aux enfers de cet empire décadent et la lente montée en puissance de son concurrent – « chinois » diront les exégètes de l’église du Saint-nom de Mormon, prête à lancer le peuple américain à la conquête de terres étrangères, usurpées à l’hégémonie du peuple élu. En effet, les WASP étatsuniens laissent braire les sionistes-israéliens mais ils n’en pensent pas moins que ce sont eux les white anglo-saxon protestants qui constituent le peuple élu selon la doxa américaine de la nouvelle frontière et du destin manifeste.

Qu’est-ce que Mitt Romney pourrait proposer en soutien à cette destinée ? Rien, lui-même a placé ses deniers dans les pays d’Asie, paradis des profits, et il a déjà oublié les employés de la Silicone Vallée congédiés. Et que pourrait répliquer Obama le nègre de service chargé de mystifier les bureaucrates syndicaux et les bobos désemparés ? Rien, sinon qu’il leur paiera des indemnités de congédiement consistants. On ne fait pas pousser la plus-value et les profits indus dans un désert de prolétaires.

C’est exactement la conjoncture dans laquelle s’inscrit la présente élection présidentielle américaine. L’un des deux pugilats sortira vainqueur de l’affrontement et de la lutte qui s’ensuivra. Pourquoi ? Parce qu’il ne reste plus aucune marge de manœuvre pour la petite et la moyenne bourgeoisie ni pour le grand capital monopoliste. Et les traditionnels soporifiques ecclésiastiques, religieux, terroristes, libertaires, pseudo gauche républicaine laïc et opportuniste ne parviennent plus à faire taire la grogne populaire.

Un peuple contrit ensevelit sous un déluge de drogue et de prostitution !

La République des États-Unis d’Amérique est au bord de l’effondrement. Une population de 310 millions d’habitants dont possiblement dix millions d’immigrants, illégaux, non enregistrés officiellement, errant de ci de là à la recherche de petits emplois et de la Terre promise qui n’existe pas. Des dizaines de millions de pauvres (13% de la population) sans services sociaux, sans services de santé, sans médicaments – affamés – vivant itinérant d’une poubelle à une ben de vidange. Ils n’ont plus rien à attendre, comme les déshérités des pays émergents, sauf qu’aux USA ils vivent à l’ombre des buildings rutilants et des promos du prochain « soap télévisé » exhibant les éphémères bêtes de cirques de l’Occident décadent.

Sur les avenues et les boulevards des milliers de meurtriers, «pushers» ou drogués en manque de leur dose de la journée, côtoient des millions de petits criminels « sans foi ni loi » emprisonnés puis relâchés en pleine mégalopole sur le point d’éclater, frayant avec des milliers de mafieux dangereux, sans aucun sentiment d’appartenance si ce n’est à leur famille de manigance – tondant allègrement des millions d’indigents ou de simples passants – alors que des tenanciers de tripots, de casinos, de maisons closes exploitent des centaines de milliers de filles – chaires damnées – lui laissant croire un instant qu’il est un bon amant.

L’Amérique c’est aussi quarante millions de noirs, presque 14% des effectifs, ségrégués de façon larvée, communauté vivant en bidonville au centre-ville qui forment avec les prisonniers latinos et ceux des premières nations autochtones, quatre-vingt pourcent du contingent des prisons (2,5 millions d’incarcérés). Même si les amérindiens ne représentent que quatre millions d’individus (1,3% de la population) ils constituent 8% des pauvres de la nation.

Les agriculteurs – gentlemen farmer du middle West – surendettés, travaillant jour et nuit pour Monsanto et Cargill et pour rembourser leurs créanciers. Les journalistes désœuvrés, disposés à se prostituer, ne trouvent aucun marché ou s’exhiber. Les artistes-désenchantés sont pour la plupart paumés, sauf quelques réchappés qui concentrent entre leurs mains tous les revenus du milieu des initiés. Comme leurs banquiers ils doivent vivre en cercle fermée sous haute protection personnelle derrière des enceintes grillagées. Ces dégénérés étalent sur les pages glacées des magazines et sur les réseaux sociaux leur vie déglinguée à des adolescents que la société civile a abandonnée à leur destiné. La petite-bourgeoise totalement assujettie et pourtant si mal lotie – aliénée elle cogite de nouveaux paradigmes et autres flagorneries avant de s’écarter de la scène, décrédibilisée.

Le pays est en faillite

La République des États-Unis d’Amérique est au bord de la faillite. 20 000 milliards de dollars de dette souveraine, 120% du PIB national (16 trillons $), dont près de 5 000 milliards sont détenus par des étrangers (mille cent milliards par la Chine seulement). Chaque mois la FED émet 40 milliards de dollars de « monkey money » inflationniste pour acheter les obligations gouvernementales au rendement si serré (1,6%) et au risque si élevé que personne ne souhaite en acheter. Les États-Unis flouent ainsi leurs amis et créanciers détenteurs de milliers de milliards de billets dépréciés.

Les « hedge fund » et les capitalistes financiers investissent de moins en moins en Amérique, ils préfèrent expatriés leurs capitaux – 380 milliards de dollars en 2011 – pour spéculer sur les marchés boursiers de Hong-Kong et de Tokyo, et créer des emplois dans différentes néo-colonies spoliées. Au même instant les ploutocrates agitent le drapeau étoilé pour exciter les employés congédiés et lancer ces éclopés à la chasse aux immigrés accusés de « voler des jobs » déjà expirés (2).

En 2011 la fédération américaine a enregistré une croissance de 1,7% de son PIB et le déficit de sa balance de paiement a été de 558 milliards $ (3,1% du PIB) conséquence d’un déficit commercial exorbitant et récurrent (3). Le taux de chômage officiel frise les 8% et le taux réel frôle les 15%. Le salaire minimum varie d’un État à un autre, il voisine partout 7-8 dollars l’heure (5-6 euros), soit un revenu hebdomadaire brut de 320 $ pour 40 heures. Ce salaire de misère n’assure même pas la reproduction élargie de la force de travail ouvrière, aussi, faut-il s’étonner que la plupart des employés pauvres détiennent un second emploi pour joindre les deux bouts. Oubliez la société de consommation, en Amérique les esclaves salariés travaillent – courent au travail et dorment pour se préparer au travail.

Le déficit budgétaire américain astronomique était de 1,500 milliards $ en 2011, soit 52,8% des recettes fiscales et 9,8% du PIB. Pour combler ce déficit et retrouver l’équilibre budgétaire il faudrait hausser les impôts de 64% (4). Les deux factions de capitalistes monopolistes en lutte pour le contrôle de l’appareil d’État ne parviendront jamais à s’entendre sur cette solution économiquement nécessaire mais politiquement suicidaire. Ils se chamailleront donc pendant des années et provoqueront ainsi les conditions de l’insurrection – à savoir l’incapacité pour la bourgeoise de gouverner.

Lors de la crise financière des « subprimes hypothécaires pyramidales », où 2000 milliards $ de capitaux spéculatifs se sont volatilisés en quelques semaines, pas moins de trois millions de propriétés ont été saisies, leurs occupants expulsés de leur foyer et jeté sur le pavé. Depuis, nombre de familles étatsuniennes vivent sous la tente dans les parcs et les jardins des cités ou encore ils squattent les gymnases des écoles et des lycées. Dans nombre de villes en faillite les services municipaux sont suspendus et des quartiers entiers sont délaissés, retournés à la friche péri-urbaine et leurs habitants abandonnés à eux-mêmes. Depuis quelques années des investisseurs chinois, utilisent leurs dollars pour acquérir de l’immobilier à vil prix et ainsi se débarrassé de cette monnaie de Monopoly (35,9% des réserves de changes de la Chine impérialiste) (5).

Dans plusieurs entreprises, des organismes parapublics et des services municipaux les prestations de retraite ne sont plus versées en entier, elles ont été réduites par les « hedge funds » grevés par de mauvais rendements spéculatifs. Bientôt, 78 millions de baby-boomers ex-employés découvriront qu’il n’y a pas assez dans leurs caisses de retraités.

Les États-Unis, ce pays de folies, consacrent plus de trois milliards $ chaque année pour les soins aux canins et autres «pets» urbains, en comparaison de restrictions constantes des aides gouvernementales destinées aux enfants déshérités. Les gens qui fréquentent les comptoirs alimentaires et les friperies vestimentaires se comptent par millions – se sont parfois des travailleurs qui ont un emploi si mal rémunéré qu’ils doivent compter sur la charité pour se réchapper.

Cocaïne, héroïne, crack et drogues variées envahissent les lycées et les rues éventrées des cités. Pour approvisionner ce marché florissant pas de soucis la CIA a chassé depuis longtemps ses concurrents d’Afghanistan et détient maintenant le monopole des approvisionnements. Les FARC colombiennes étant présentement en pourparlers de « capitulation nationale » dans quelques temps les canaux d’approvisionnement en cocaïne seront entièrement rétablis.

Répression des pauvres et des malandrins

Plutôt que d’assister les pauvres et les malandrins, l’Amérique préfère les réprimer. Il y a proportionnellement plus de prisonniers aux États-Unis que dans tout autre pays. Obama (Romney en ferait tout autant) coupe les programmes sociaux et dope les budgets de l’armée. La « charia » étatsunienne va comme suit : « Pauvres et SDF vous n’aurez pas un denier et si vous tentez d’en dérober nous allons vous emprisonnez ». Combien de temps cette « fatwa » contre des millions d’indignés pourra-t-elle durée ? Personne ne le sait mais les dépenses de sécurité augmentent proportionnellement à la propagation de la pauvreté. Même Warren Buffet, ce milliardaire éclairé, admet que cette folie ne pourra pas durer.

Constables des cités, shérifs des comptés, policiers des états et officiers fédéraux, FBI, CIA, NSS, militaires de la réserve et de la Garde nationale, gardes côtes, soldat de l’armée régulière et agents de sécurité privé, il y aurait seize palliés de répression pour maintenir le couvercle sur le chaudron de l’insurrection et pourtant on a l’impression que l’autoclave social risque à tout moment d’exploser. Le budget étatsunien de la « défense » était de 698 milliards $ en 2010 et de 711 milliards $ en 2011 (41% des dépenses militaires mondiales) afin de maintenir 770 bases militaires à l’étranger si bien que les onze porte-avions de la flotte d’agression ne seront jamais remplacés car l’État américain n’en n’a pas les moyens. L’armée régulière compte 1,38 millions de soldats et officiers en service actif, et les troupes de réserve en comptent 2,3 million, tous prêts au sacrifice suprême pour protéger leur pays d’Al Qaida et du terrorisme. Le paradoxe c’est que l’individu qu’ils devront demain exécuté sera le père, le frère ou le confrère affamé, indigné et révolté. Le gouvernement des capitalistes financiers pourra-t-il compter sur la loyauté de ces militaires compromis par la misère (6) ?

Pour qui voter ?

La marge de manœuvre est étroite pour la petite bourgeoisie marchande d’illusion et de fausses solutions de gauche comme de droite. Ainsi, ces temps-ci les évêques catholiques font montés leurs ouailles aux créneaux afin de contester le nouveau programme d’assurance santé avantageant quelque peu les ci-devant employés. C’est que l’un des plus gros employeurs du pays – l’église catholique romaine des États-Unis – devra payer les primes d’assurance maladie de ses dizaines de milliers de commis, une dépense sociale qui grugera les profits de cette vénérable institution charitable. Pour l’heure les mosquées et les synagogues n’ont pas emboitées le pas aux capitalistes en soutane.

Si l’Amérique des ouvriers ne s’est pas encore soulevé face à tant d’ignominie c’est que depuis le Mc Carthysme des années cinquante et la guerre froide des années soixante le prolétariat américain, bridé de chaînes dorées, a été abandonné, sans direction, totalement désorienté, soumis au lavage de cerveau des bureaucrates syndicaux affairistes, associés à la pègre et au monde interlope, trahit par les gauchistes et les révisionnistes, abasourdis par la propagande du maelström médiatique propriété des milliardaires que cette trêve sociale satisfaisait pleinement. Il en va aujourd’hui tout autrement (7).

N’en déplaise aux cassandres Tiers-mondistes, tenants de la thèse des ruraux révolutionnaires des pays pauvres, encerclant les villes d’Occident choyées et dépravées, la grande insurrection mondiale ne viendra pas des pays capitalistes émergents ni des néo-colonies asservies mais des pays impérialistes d’Occident en déclin, au premier chef des ouvriers américains paupérisés. Dans ce contexte l’élection américaine opposant la faction républicaine à la faction démocrate des capitalistes financiers de Wall Street n’est qu’une anecdote dans cette guerre d’empoigne à laquelle les ouvriers ne sont pas conviés. En attendant que les ouvriers se préparent, leur heure viendra, mais pas au bout d’un coupon de votation.

 

(1) http://www.centpapiers.com/elections-usa-obama-versus-romney-le-premier-debat-donne-romney-largement-vainqueur-videos-2/108070

(2) Vincent Gouysse. (2012). 2011-2012 : Reprise de la crise ! http://www.marxisme.fr/reprise_de_la_crise.htm

(3) Vincent Gouysse (2012). 2011-2012 : Reprise de la crise ! Page 100-105. http://www.marxisme.fr/reprise_de_la_crise.htm

(4) http://lexpansion.lexpress.fr/economie/etats-unis-vers-un-deficit-budgetaire-record-en-2011_247745.html Laurence Kotlikoff et Scott Burns, Bloomberg. Gulf News. 10.08.2012 En une année, la dette des États-Unis n'a augmenté que de onze trillions. http://gulfnews.com/business/opinion/us-debt-just-grew-by-11tr-1.1060182

(5) Vincent Gouysse (2012). 2011-2012 : Reprise de la crise ! Page 110-118. http://www.marxisme.fr/reprise_de_la_crise.htm

(6) http://fr.wikipedia.org/wiki/Forces_arm%C3%A9es_des_%C3%89tats-Unis

(7) http://www.youtube.com/watch?v=gf6-JW-x6-g http://www.marxisme.fr/analyses_actualite_internationale.htm#24

http://colereenamerique.radio-canada.ca/#2-plan-de-relance

 

 

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La bataille de l'euro !

 

(10/10/2012)

 

La gabegie des profits 

 

La présente crise de l’Euro et de l’Euroland résulte d’une bataille entre les ploutocrates européens et leurs alliés et concurrents étatsuniens pour le contrôle des marchés internationaux. Quelle sera la devise prochaine du commerce international, le dollar ou l’euro ?

 

Il faut se rappeler que la classe capitaliste monopoliste dirige à la fois l’économie, la politique et qu’elle contrôle aussi l’idéologie, la culture et les mass médias en Europe comme dans tous les pays capitalistes. Le prolétariat n’a pas voix au chapitre dans cette guerre inter-capitaliste, alors de grâce que l’on cesse de blâmer les ouvriers pour cette gabegie des profits en chute libre!

 

La classe ouvrière, faute de son Parti de classe sûr, expérimenté, reconnu et influent, ne contrôle rien et elle agit en observateur circonspect de ces tribulations politiques et de cette saga économique, réagissant instinctivement au gré des événements.

 

L’Euro – la monnaie de l’Euroland – est depuis longtemps un projet financier structurant voulu et imposé par un groupe d’oligarques financiers européens afin de doter l’espace de Schengen d’un instrument économique et commercial puissant leur permettant d’affronter leurs alliés et concurrents, d’abord étatsuniens, ensuite asiatiques. Il importe peu qu’au commencement certains dirigeants américains aient hypocritement soutenu la construction de l’Euroland; le parrain n’embrasse-t-il pas le capot avant de l’assassiner ?

 

Dès l’origine, le plan de la caste des financiers européens était simple : forger l’unité commerciale, industrielle, financière et politique de l’Europe en créant un vaste marché unique (500 millions de citoyens-producteurs-consommateurs) et une vaste zone d’expropriation exclusive de la plus-value ouvrière, avec répartition différentiée des moyens de production et d’échanges (à l’Allemagne sont réservées les machines-outils et la chimie; à la France l’aéronautique et les produits d’opulence; à la Suède la métallurgie; à la Pologne le « cheap labour », et les plombiers, à la Grèce les grands chantiers, à l’Espagne le tourisme et l’immobilier, etc.) (1).

 

La crise des « subprimes » et la rasque de la dette souveraine 

 

La soudaine crise économique et financière de 2008 – qui a fait disparaitre 2000 milliards de dollars de capitaux spéculatifs frauduleux et détruit des millions d’emplois dans le monde – a surpris les mandarins de Bruxelles, les financiers de Paris et les politiciens de Berlin et offert aux américains l’occasion d’attaquer leur allié et concurrent monétaire européen (2).

 

La surprise fut telle que le dollar – dont la valeur reste inférieure à l’Euro – est encore présenté, par les économistes patentés, comme une valeur refuge. Les chinois eux  ne s’y trompent pas, ils sont en voie de liquider leurs derniers billets verts plombés avant la grande dévaluation de ce numéraire par la FED qui imprime 40 milliards de nouveaux billets dévalués chaque mois (3).

 

Le crash boursier de 2008 a donc surpris les oligarques en plein processus de structuration, d’harmonisation, de réglementation et de gestion de l’Euroland en cours d’édification. L’ensemble des diktats politiques, des contraintes budgétaires, des garde-fous administratifs, des mécanismes de contrôle et de validation n’avaient pas eu le temps d’être consolidés en prévision de ce choc boursier.

 

Depuis, le système monétaire « Euro-péen » risque d’être emporté par la tempête du surnuméraire (la dette souveraine et l’argent spéculatif fictif). Nonobstant ce danger les politiciens et les mandarins de Bruxelles, au service des  capitalistes financiers européens, ont d’abord tenté de colmater la brèche athénienne, pompant les crédits par milliards dans les coffres des banques compromises par cette dette souveraine, l’objectif étant de renflouer le rafiot des armateurs et des banquiers. C’est ce que les économistes bourgeois ont appelé la « mutualisation » de la dette souveraine européenne, avec en tête le projet de créer les « eurobonds », ce qui surviendra le jour où les canards boiteux auront été chassés ou mis en coupe serrés. De ce fait même ils ont aggravé la crise de surproduction et de surnuméraire inflationniste dans ce que Richard McGuire, analyste chez Rabobank, appelle « la spirale de la mort » et que l’économiste américain Joseph Stiglitz caractérise comme « l’économie vaudoue (…) Le système fait que le gouvernement (grec, espagnol, irlandais, italien, NDLR) renfloue les banques et que les banques renflouent le gouvernement. » (4).

 

Sur ces entrefaites les agences de notation américaines s’invitèrent dans cette galère et envenimèrent la situation en abaissant la cote de tous les pays du vieux continent, jusqu’à et y compris l’Allemagne pourtant en excédent dans sa balance des paiements. Ce faisant, le renard américain sema la panique dans le poulailler européen. Cependant, la classe ouvrière n’a pas à prendre parti pour l’une ou l’autre des deux parties. Elle serait toutefois bien avisée de prendre acte de cette bisbille dans le camp opposé.

 

Chasser la Grèce de l’Euroland 

 

La première manche de la guerre de l’Euro se termina par un KO. S’apercevant que d’autres pays faillis hantaient les corridors de la Banque Centrale Européenne – des pays désavantagés par la division internationale du travail au sein de l’Union – les bonzes de Bruxelles, de Paris et de Berlin décidèrent d’abandonner l’épave grecque aux flots de la Mer Égée déchaînée. Ils lui posèrent de telles conditions pour demeurer au sein de l’Union qu’ils espéraient que le peuple grec allait répudier l’entente négociée avec les malandrins athéniens.

 

Plus malin qu’eux, le 12 juin 2012, le peuple hellénique décida de donner mandat à quelques malfrats de renégocier le contrat d’austérité préalablement signé. Le peuple grec avisé estima qu’il valait mieux mener sa guerre de classe de l’intérieur de l’Euroland plutôt qu’à l’extérieur (5).

 

Aujourd’hui, les nababs de Paris, Berlin et Bruxelles attendent patiemment que le gouvernement grec remette le rapport sur ses efforts pour briser la résistance des Partisans du Pirée contre la succession de plans d’austérité, tous rejetés par les ouvriers enragés. Alors ils expulseront le larron grec sans pardon comme ils le feront pour toutes les nations qui refuseront les politiques d’austérité drastiques des centurions de l’Élisée. Ces manants espèrent ainsi sauver leur monnaie commune; ce projet de marché d’expansion impérialiste commun, d’abord sur leur propre glacis de pays conquis – ces néo-colonies ex-pays de l’Est – puis d’appropriation des marchés internationaux face à leurs concurrents  étatsuniens, japonais, chinois et indiens (6).  

 

La Grèce s’enlise dans un long calvaire de cinq années de récession dont une contraction du PIB de 6,8% en 2011, et de 6,7% en 2012. Frappé par un taux de  23,1% de chômage officiel, une dette souveraine correspondant à 165,3% du PIB national pour laquelle l’exposition des banques françaises est de 66 milliards d’euros. De son côté la dette souveraine de l’Espagne se monte à 68,5% de son PIB, dette en hausse d’environ 10% annuellement. Le chômage atteint 25% et le PIB recule de 1,5 % en glissement annuel, avec un taux d’emprunt obligataire de 7,5 %. Les banques espagnoles sont plombées par 176 milliards d’euros de mauvaises créances spéculatives. Au printemps 2012, la Bankia, 4e banque du pays, a vu sa dette « nationalisé » pour 23,5 milliards d’euros publics, empruntés par le gouvernement espagnol a un taux usuraire de 6,4%. En riposte ce dernier compte effectué 102 milliards d’économies dans les services publics et réduire l’allocation chômage de 60 à 50% du salaire alors que la TVA sera portée de 18 à 21%. Et ce n’est pas fini, il reste plusieurs  banquiers espagnols à emmitoufler et des millions d’ouvriers à surtaxer. La situation n’est pas meilleure en Italie (7).

 

Pourtant, le Président chinois en visite récemment à Bruxelles, loin de calmer le jeu, a confirmé qu’il endossait et soutiendrait de ses crédits ce projet de redressement de l’Euro et de l’Euroland qui contrevient directement à l’hégémonie du dollar américain en déclin (8).

   

La position politique ouvrière 

 

Quelle doit être la position des ouvriers au regard de cette guerre de l’Euro qui fait rage dans le camp ennemi ?

 

Le problème ce n’est pas la quantité, la qualité ou le coût des services publics offerts à la population. Le problème ce n’est pas le niveau d’impôts payés par les ouvriers ou par les privilégiés. Le problème ce ne sont pas les travailleurs immigrés que les capitalistes ont importés des pays affamés pour accentuer la concurrence sur le « marché» du travail des esclaves salariés. Le problème ce n’est pas la hauteur des barrières douanières et tarifaires visant à protéger les marchés d’exploitation  libéralisés. Le problème ce n’est pas de ployer sous la tyrannie de l’euro, du dollar, du franc ou de la livre sterling. Tout ceci s’avèrent des conséquences et non pas des motifs de la bataille de l’euro. Le problème c’est la politique impérialiste expansionniste européenne et le système capitaliste de reproduction élargie qui ne parvient plus à livrer les fruits promis (9).

 

Le prolétariat (à travers son parti de classe s’il existe) n’a pas à quémander la tenue d’un référendum «citoyen», ni besoin d’appeler à des consultations «populaires» à propos des plans d’austérité. En quoi est-il utile que les ouvriers se brouillent et s’embrouillent sur la réponse à servir à ces projets d’austérité que la bourgeoisie présente chaque fois comme inévitables. La « solution finale » aux maux du capitalisme c’est la fin du capitalisme.

 

Que les capitalistes se débrouillent et se brouillent avec leur guerre monétaire  contre le dollar, contre le yuan et contre le yen et qu’ils sauvent leur peau s’ils y parviennent! Les ouvriers s’objectent à tout programme d’austérité pour faire payer le peuple et les travailleurs pour la crise de surproduction de ce système moribond qui ne parvient plus à assurer sa reproduction, et encore moins son expansion (10). La bourgeoisie ne peut sauver ce système sclérosé, alors qu’ils s’écartent ces ploutocrates, le prolétariat fera mieux que ces scélérats.

 

Les partisans ne doivent pas berner les ouvriers ni les employés avec cette pseudo  « solution » que présentent le Front National et le Parti Communiste Français qui consiste à prêcher la sortie de l’Union européenne et de l’euro pour favoriser le développement d’un capitalisme vernaculaire français (bleu-blanc-rouge et coq gaulois). Le capitalisme primitif – national et concurrentiel – à évolué naturellement vers le capitalisme monopolistique, puis vers l’impérialisme triomphant, puis vers l’impérialisme décadent. Ce n’est pas la mission de la classe ouvrière d’inverser le cours de l’histoire pour sauver le système capitaliste en perdition. La mission historique des ouvriers est plutôt de mettre fin aux souffrances de la bête en l’éradiquant.  

 

La solution ce n’est pas de choisir un modèle quelconque de capitalisme, la solution c’est de renverser le capitalisme.

 

 

(1)  http://fr.wikipedia.org/wiki/Union_europ%C3%A9enne

(2)  LEAP/E2020 21.12.2008. Rapport. http://www.europe2020.org/

(3)  http://www.alterinfo.net/La-Chine-envisage-de-sextupler-ses-reserves-en-or_a80043.html

(4)  http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_l%C3%A9gislatives_grecques_de_juin_2012

(5)  Vincent Gouysse.  (2012).  2011-2012 : Reprise de la crise !  http://marxisme.fr/reprise_de_la_crise.html Page 92.

(6)  Vincent Gouysse.  (2012).  2011-2012 : Reprise de la crise !  http://marxisme.fr/reprise_de_la_crise.htm

(7)  Vincent Gouysse.  (2012).  2011-2012 : Reprise de la crise !  http://marxisme.fr/reprise_de_la_crise.html Page 91-95.

(8)  http://www.lematin.ch/monde/La-Chine-accepte-de-reduire-ses-emissions-de-CO2/story/15504789

(9)  http://les7duquebec.org/7-au-front/la-crise-economique-dans-tous-ses-mefaits/

(10) http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/faisons-payer-les-riches-123656

 

 

 

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La crise économique et tous ses méfaits

 

(26/09/2012)

 

Le monde va mal, l’économie, l’industrie, la finance vont mal, la politique va mal. Les politiciens sont véreux ou ganaches, il n’y a plus d’éthique, de justice, d’équité, de moralité. Pourquoi en est-il ainsi dans tous les pays, ici au Canada, en France et partout ailleurs ?

 

La corruption et l’assujettissement aux « puissances d’argent » ne sont que les épiphénomènes de ce système décadent. La classe ouvrière l’a bien compris et elle refuse de se mobiliser pour participer aux mascarades électorales auxquelles on la convie régulièrement. Cynisme et mépris s’épandent de ceux-ci vers ceux-là et vice versa et les politiciens bourgeois s’arc-boutent pour sauver leur profession de bouffon pygmalion. Comment fonctionne l’économie capitaliste et pourquoi un Conseil des ministres nationaliste n’y peut-il quoi que ce soit ? Voici l’explication des crises économiques éprouvantes.

 

L’objet d’étude de l’économie-politique

 

La finalité de tout système social – système fondé sur une économie, une idéologie et une politique singulière – est de se reproduire en tant que système et de se perpétuer. Il en fut ainsi sous l’esclavagisme de la Rome antique et sous le système féodal au Moyen-âge.

 

La finalité du système capitaliste n’est pas différente. À proprement parler, l’objectif de la classe capitaliste n’est pas d’accumuler des profits maximums, mais plutôt, à travers cette accumulation de profits, de se reproduire en tant que classe dominante, que sa marche inexorable a menée au stade suprême, impérialiste, de développement.

 

La finalité du système capitaliste est d’assurer la reproduction élargie du capital, qui doit  assurer la reproduction élargie des classes antagonistes (bourgeois – prolétaire), qui doit assurer la reproduction élargie de la société capitaliste dans son ensemble; et pour ce faire chaque grand monopole doit tenter d’arracher le profit maximum, ce qu’il  parvient de plus en plus difficilement à réaliser à mesure que le système monopolistique de propriété se répand sur la Terre toute entière. Ceci oblige chaque oligopole à lutter pour sa survie en écrasant ses concurrents ou en les absorbants, créant un monstre monopolistique encore plus effrayant, anarchique, incontrôlable, obligé de mener des luttes inter-monopolistiques encore plus féroces.

 

Et ainsi va la spirale concurrentielle, l’objectif de reproduction élargie devenant chaque fois plus difficile à atteindre face à des concurrents toujours plus gourmands, plus géants et plus difficiles à évincer. Ce paradigme opère pour l’activité économique particulière de chaque oligopole et pour l’activité politique nationale de chaque État impérialiste dévoué au service exclusif de ses oligopoles nationaux. C’est pour cette raison que nous affirmons que les monopoles  contrôlent l’économie et la politique d’une nation vivant sous système capitaliste.

 

Pendant ce temps le système impérialiste de propriété privé des moyens de production et d’échanges ne va pas pour autant crouler chemin faisant. Il faudra le renverser violemment dans chaque pays où il sévit, sinon il poursuivra sa destinée déclinquée jusqu’à déclencher des guerres de repartage des marchés, des ressources et surtout des sources de plus-value comme les première (1914-1918) et  seconde (1939-1945) guerres mondiales l’ont démontré.

 

Le paradoxe capitalistique – Capital constant -vs-  Capital variable 

 

Le processus que nous venons de décrire fait en sorte que pour ces monopoles la cible est de plus en plus difficile à atteindre – à savoir, la reproduction élargie du capital dans ses deux composantes (Capital constant – CC et Capital variable – CV) à travers l’accumulation du profit maximum par le phagocytage de leurs concurrents. Cette difficulté est engendrée par les contradictions qui entravent le développement normal du système capitaliste, soit la contradiction entre le capital-privé et le travail salarié-socialisé.  Qu’est-ce à dire ?

 

La richesse « sociale globale » produite dans le cadre du système de production capitaliste se divise en deux parts bien distinctes – la part représentant la somme totale du capital accumulé (CC) – qui est sous propriété privée, faut-il le rappeler – et la part représentée par la somme totale de la valeur de la force de travail (CV) qui est vendue aux capitalistes privés par chaque travailleur salarié-socialisé ; socialisé ce travailleur l’est dans ses rapports de production au travail (dans la division des tâches et dans la négociation de ses conditions d’exploitation), à son domicile et dans ses loisirs, etc. En effet, la famille est la première unité de vie socialisée où chacun contribue selon ses capacités et obtient selon ses besoins – Le père, la mère, les enfants, chacun amène au foyer ce qu’il peut gagner et chacun consomme ce dont il a besoin pour survivre, et ce de façon élargie lorsqu’il s’accouple pour se reproduire.

 

De ce qui vient d’être écrit, il ressort que pour assurer la reproduction élargie du système économique et social capitaliste il faut assurer la reproduction élargie du capital constant (CC), – qui est de la plus-value cristallisée il ne faut pas l’oublier –, en mettant en œuvre la force de travail de l’ouvrier qui est du capital variable (CV) vivant dont le rôle est de  redonner vie à la plus-value cristallisée précédente (CC) d’où origine la plus-value nouvelle à distribuer sous forme de profits divers, de rentes, de redevances, d’impôts.

 

Cette mise en œuvre des investissements capitalistiques (CC + CV) produira un profit possiblement important pour un capitaliste privé donné, ou pour un consortium monopoliste privé quelconque, qui progressera, il est vrai, mais toujours confronté à ses comparses monopolistiques. C’est ici que réside la source de la concurrence entre ces voraces ennemis. Le plus « profitable » attirera vers lui la plus grande proportion de capital d’investissement (exemple, la compagnie Apple en ce moment croule littéralement sous le capital d’investissement) c’est-à-dire de la plus-value cristallisée disponible à l’investissement pour fructifier via la mise en œuvre du travail salarié de l’ouvrier – le capital variable (CV).

 

À la longue, le concurrent moins « profitable » aura de la difficulté à se financer et devra songer à fusionner ou à s’offrir sur le marché de la revente ou encore il devra se résigner à la   faillite faute de liquidité pour prendre de l’expansion et se renforcer « prospère et accapare ou stagne et périclite », voilà la doxa impérialiste.

 

Dépendamment des entreprises, ces profits maximaux, moyens ou marginaux  seront par la suite réinjectés dans le processus de reproduction élargie du capital et du système social. Évidemment, un groupe capitaliste comme le groupe PSA en France ou le groupe Chrysler en Amérique, ou le groupe Alcan au Canada, qui empoche le plus faible taux de profit (ce qui n’est pas l’équivalent du taux de plus-value) de leur secteur industriel devront consacrer une plus grande part relative de leur capital d’investissement à leur reproduction élargie et pour cette raison il seront moins « profitables » et leur survie sera mise en péril par le système économique qui les  poussera à se laisser absorber (ce qui est déjà fait pour Alcan absorbé par Rio-Tinto)  pour crime de sous-productivité relative.

 

Comment dans ces conditions un groupe industriel monopolistique sous-productif pourra-t-il inverser le processus vers la banqueroute et continuer à concurrencer ses acolytes, et comment pourra-t-il attirer à lui davantage de capital d’investissement à réinjecter dans le processus de reproduction, gage de sa survie capitalistique ? C’est ce que nous allons  examiner.

 

Plus-value (PV) et valeur de la force de travail (VFT)

 

Nous venons de présenter la contradiction inter-capitaliste qui les pousse à se concurrencer jusqu’à s’entredéchirer, fusionner ou s’exterminer (créant chômage et misère populaire). Mais où se trouve la contradiction fondamentale dans ce processus économique de reproduction élargie du capital et finalement de la société capitaliste toute entière ? 

 

La contradiction fondamentale se trouve au cœur du processus économique. Afin d’assurer la reproduction élargie du capital via l’expropriation du taux de plus-value maximum, ou bien le capital investit sert à engorger les profits – et donc à l’accumulation du capital constant (plus-value cristallisée) pour le prochain cycle de reproduction élargie – ou bien le capital investit sert à défrayer le coût de reproduction de la force de travail (capital variable CV), ce qui comprend non seulement les salaires mais aussi le fonds de retraite, les assurances collectives, les congés sociaux, la partie qui va aux impôts, taxes et redevances de toutes sortes  visant à payer l’éducation de la main-d’œuvre, les services de santé, les soins destinés aux personnes âgées, la culture, les sports et les loisirs, les transports collectifs, l’assurance emploi, ainsi que les dépenses gouvernementales servant à maintenir en vie l’armée de réserve de la société d’exploitation capitaliste (chômeurs et assistés sociaux), ainsi que l’armée, les services judiciaires, policiers et carcéraux réprimant les récalcitrants. C’est tout cela que la plus-value (PV) extorquée aux prolétaires sert à défrayer.

  

Le drame de l’impérialisme occidental décadent

 

Tant qu’il y avait moyen, en Occident, d’assurer des conditions raisonnables de reproduction de la force de travail (travailleurs) en se rabattant sur la surexploitation de la force de travail dans les pays néocoloniaux d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique (exploitation infernale qui dans bien des cas n’assure même pas la reproduction élargie de la force de travail africaine, latino ou asiatique), il était loisible aux capitalistes occidentaux de conclure un contrat social avec les sections syndiquées des travailleurs occidentaux, et certaines sections de la petite bourgeoisie besogneuse, afin d’obtenir la paix sociale tout en assurant la reproduction élargie du capital occidental à même les surprofits très abondants tirés des néo-colonies (1).

 

Pour ce faire, les capitalistes monopolistes occidentaux ont investi une partie de leurs capitaux dans les pays néo-coloniaux (délocalisation industrielle et transferts de capitaux) et de ce fait y ont fait germer une bourgeoisie nationale monopolistique qui, en Chine notamment, à travers le contrôle de l’appareil d’État national «mandarin», assume aujourd’hui la gouvernance de son propre processus de reproduction élargie capitalistique, bénéficiant de taux de plus-value supérieurs à ceux de leurs concurrents occidentaux étant donné que la part des  capitaux investis consacrée à la reproduction de la force de travail chinoise est bien inférieure à la part consacrée aux mêmes fins en Occident.

 

Cela va changer au fur et à mesure que le régime d’exploitation capitalistique se répandra dans toute la Chine «mandarine» amenant chez eux la concurrence monopolistique entre les différents oligopoles multinationaux (GM, PSA, Ford, Bombardier et de multiples entreprises privés et d’État chinoises, etc.). Le processus est similaire en Inde et au Brésil.

 

Tout ceci aura pour conséquence que si les capitalistes occidentaux – propriétaires privés des capitaux – veulent assurer la reproduction élargie de leur capital et du système social capitaliste en Occident, ils doivent impérativement réduire la part du capital privé et des dépenses gouvernementales consacrée à la reproduction de la force de travail (salaires, bénéfices et services) afin d’accroître la part du produit de la vente des marchandises pré-expropriée en plus-value (PV) et consacrée aux profits et aux rentes, c’est-à-dire au capital de réinvestissement qui doit assurer la reproduction élargie de la société capitaliste.

 

C’est la raison pour laquelle on assiste depuis quelques années aux assauts généralisés des États capitalistes contre les programmes sociaux consacrés à la reproduction de la force de travail. Aucun parti politique, social-démocrate ou réformiste, ne peut inverser cette tendance économique impitoyable. La classe ouvrière renversera le système impérialiste de reproduction élargie ou elle subira ses lois autodestructrices et guerrières, il n’y a pas d’autre voie de sortie.

 

L’impérialisme stade suprême du capitalisme décadent

 

Étant donné que le marché impérialiste mondial est totalement accaparé et qu’il ne reste plus aucun nouveau peuple à pressurer – ni aucune nouvelle terre à exploiter – si le capitalisme occidental ne réussit pas ce transfert de capital du compte bancaire – reproduction de la force de travail – en faveur du compte bancaire – accumulation du capital privé – via l’expropriation d’une plus large partie de la plus-value ouvrière – alors le système capitaliste occidental risque ou bien de s’effondrer, ou bien d’être récupéré – pris en charge – par le capital privé occidental revenu de Chine et des Indes orientales ; ou pire encore, d’être néo-colonisé par le capital « national-privé » chinois ou indien intimement amalgamé au capital occidental « orientalisé ». Chacun comprendra que le capital financier – boursier – bancaire international est intimement imbriqué en un écheveau inextricable ce qui entraîne que la Chine, tout en résistant aux pressions des impérialistes américains et européens,  continue de financer leurs déficits gouvernementaux mirobolants, pour un temps du moins. Cependant, un jour, le créancier se rappellera aux bons souvenirs de ses vassaux occidentaux et africains aliénés (2).  

 

Si les monopoles occidentaux ne parviennent pas à se recapitaliser, les monopoles chinois, asiatiques, brésiliens y parviendront après les avoir absorbés (fusions ou achats d’entreprises comme la firme pétrolière Nexen de l’Ouest canadien récemment) (3).

 

Réformistes et opportunistes orphelins

 

De tout ceci il découle qu’il est erroné de prétendre que l’idéologie « néolibérale » préconise la non-ingérence de l’État dans l’économie – c’est de la frime colportée par les altermondialistes. Les idéologues « néolibéraux » préconisent l’interventionnisme d’État en faveur du capital afin d’assurer la réduction de la partie du capital consacrée à la reproduction de la force de travail (coupures dans les services gouvernementaux destinés aux citoyens). Le résultat de cette politique est de réduire le salaire réel des travailleurs qui n’ont d’autres choix que de résister à leur élimination en tant qu’individu et en tant que force productive socialisée.

 

Notez que le travail salarié étant l’unique source de plus-value et donc de profit des capitalistes, l’exploitation à outrance de la force de travail entraîne la destruction de l’unique source de profits, c’est comme Harpagon qui éventre la poule aux œufs d’or ou encore comme  ce capitaliste qui scie la branche sur laquelle il est assis; mais il ne peut faire autrement, les lois du système économique sont ainsi constituées.

 

L’appellation même de « néolibéralisme » et la promotion de notions comme l’économie irréelle, spéculative, parasitaire, intangible, virtuelle, numérique et informatique intelligente sont des fumisteries opportunistes tendant à laisser croire qu’une nouvelle économie politique serait apparue sous l’impérialisme stade suprême du capitalisme, ce qui est totalement erronée. Rien de nouveau sous le soleil avec ces crises de surproduction récurrentes que Lénine avait déjà parfaitement décrites en son temps. Rien ne ressemble davantage au monde impérialiste passé (1929) que le monde impérialiste présent (2012-2013). Les trucs et les astuces des capitalistes pour dissimuler leur faillite et s’accrocher au pouvoir économique et politique sont plus sophistiqués il est vrai, mais au bout de la course la crise infernale et la guerre mondiale nous attendent. À quand la troisième guerre mondiale? Voilà la question qui devrait vous préoccuper. Combien de souffrances les mineurs Sud-africains devront-ils subir avant de chasser leurs larbins nationaux en même temps que leurs maîtres internationaux ?

 

Il est également faux de prétendre que les capitalistes ont perdu la maîtrise de la gouvernance des banques et de la bourse. Toute cette superstructure capitaliste joue adéquatement le rôle qui lui a été dévolu. C’est le système capitaliste lui-même qui ne peut assurer à la fois la reproduction élargie du capital vivant (la force de travail – CV) et du capital mort (machinerie et moyens de production – CC). La reproduction élargie du capital mort (Capital constant – CC) se fait au détriment du capital variable (CV) et pourtant les deux parts de capitaux sont requises pour assurer la reproduction élargie du système économique capitaliste. Cette contradiction fondamentale ne peut être résolue à l’intérieur du cadre étroit du développement anarchique impérialiste

 

Enfin, il est faux de prétendre que l’orientation économique et sociale que l’État bourgeois pourrait impulser auprès des entreprises « nationales – nationalisées » est une question posée et à résoudre. L’État capitaliste ne peut impulser autre chose que la contradiction capitaliste qui régit l’ensemble du système social qui s’appesantit sur nos vies.

 

Les « nationalisations », sous système impérialiste, ne servent qu’à arrimer une entreprise (Hydro-Québec ou EDF, Hydro-Ontario ou France Télécom, etc.) ou un secteur économique tout entier (soins médicaux ou système d’éducation ; avionnerie ou industrie militaire) au processus de reproduction élargie du capital monopoliste.

  

Détruire les marchandises – l’environnement – les travailleurs

 

La présente crise de surproduction démontre à l’évidence la contradiction fondamentale de ce système économique dont la finalité devrait être d’assurer la reproduction élargie de l’économie et de la société capitaliste toute entière. Mais voilà que ce système, mû par ses propres contradictions internes économiques, politiques et idéologiques, réagit en détruisant des marchandises en surproduction relative, alors que produire des marchandises – sources de plus-value et de toutes formes de profits et de rentes – est  l’objet et la finalité même de son activité en tant que système socialisé.

 

Nous écrivons surproduction relative car bien évidemment, au moment où les famines sévissent dans nombre de pays à travers le monde, qui aurait l’outrecuidance de prétendre qu’il y a surproduction de denrées ? Allez raconter ceci aux ouvriers grecs fréquentant les soupes populaires, et je m’abstiens de discourir sur les pauvres des peuples somalien, brésilien, irakien vivant en itinérance, d’une benne de déchets à une autre.

 

En conséquence, il devient évident que ce sont les rapports de production capitaliste privée qui ne sont plus adaptés – idoines – par rapport au développement immense des  moyens de production et des forces productives socialisées.

 

Il ressort de tout ceci qu’aucune réforme de ce système n’est possible ni même envisageable.  C’est une chimère que de penser réguler, normaliser, réglementer ce système économique les banques et la spéculation boursière, les paradis fiscaux et le blanchiment d’argent mafieux, ou encore d’espérer qu’en « nationalisant » une partie de  l’infrastructure ou de nouvelles portions de la superstructure, un pays, une Union européenne, une alliance de Shanghai résoudra la contradiction fondamentale qui emportera le malade impérialiste.

 

Impossible, ou bien la propriété privée sera complètement expropriée, sans compensation financière, soit tous les moyens de production, d’échanges et de distribution; ou bien l’humanité continuera de vivre sous l’anarchie et l’incohérence, la succession des crises de sous-production, suivies de crises de surproduction, enchaînant des crises de crédit surabondant, suivies de rareté du numéraire, qu’engendrent ces rapports de production capitalistes – privés – désuets qui se contredisent et s’autodétruisent alors même qu’ils ont atteint le but qu’ils devraient rechercher : produire des biens et des services pour satisfaire les besoins de l’humanité.

 

Le fait de gérer-administrer cette cacophonie capitalistique à l’échelle européenne – et de la comptabiliser en euros – ou de la gérer à l’échelle nationale canadienne, grecque, espagnole, portugaise ou française, sous « monnaie nationale patriotique » (dollar, drachme, peso, franc, livre sterling) ne changera rien à cette contradiction fondamentale du système impérialiste. Le mal européen ce ne sont ni l’Union, ni l’Euro ; le mal québécois et canadien ce ne sont ni l’ALENA, ni le dollar ; le mal mondial dont souffrent tous les peuples de la Terre, c’est le capitalisme monopoliste caduc.   

 

Cette contradiction fondamentale entraîne l’un des vecteurs de l’équation économique et sociale, l’axe capital-privé, à détruire l’autre vecteur nécessaire – l’axe du travail-socialisé – et à détruire également de façon irrémédiable l’environnement social naturel (la nature). L’exploitation écologique et durable de l’environnement et des ressources naturelles de la planète est impossible sous ce système d’appropriation privée du capital (moyens de production et forces productives) et sous ce système de reproduction élargie du capital privé. La course concurrentielle aux profits maximums, seule apte à assurer la reproduction élargie du capital et donc la reproduction du système social capitaliste, entraîne la destruction irréversible des conditions écologiques de survie sur la planète, nonobstant la volonté des décideurs économiques et politiques qui ne peuvent tout simplement pas interférer sur la contradiction fondamentale qui fait marcher leur système d’économie-politique.

 

Les oligarques décideurs économiques et politiques sont incapables d’empêcher les crises économiques et sociales en rafales, ils ne savent pas davantage empêcher la surexploitation et la destruction écologique de la Terre-mère soumise aux lois inéluctables de la production de marchandises (parfois inutiles). Seul, le renversement radical du système capitaliste pourra permettre d’inverser cette tendance anti-écologique apocalyptique.

 

Le système capitaliste est tellement moribond, déchu et décadent que depuis quarante ans déjà il détériore les conditions de travail ainsi que les conditions de survie de la classe ouvrière au point paradoxal qu’il a rendu impossible la reproduction biologique de cette classe sociale qu’il doit pourtant impérativement exploiter pour survivre.

 

De nos jours, les deux conjoints d’un couple travaillent d’arrache-pied, de longues heures d’affilée, et malgré ces sacrifices le couple ne dispose ni du temps ni des revenus suffisants pour engendrer – éduquer – et soutenir plusieurs enfants. En Occident, le taux de fertilité est passé de 2.15 par femme en 1980 à 1,60 en 2010, ce qui n’assure aucunement la reproduction biologique de l’espèce (3). Cette tendance sociale autodestructrice se répand dans plusieurs pays d’Orient (en Iran par exemple) en processus d’industrialisation capitaliste accéléré. Et nous faisons impasse ici sur tous les maux sociaux – taux de suicide hallucinant, crimes conjugaux violents, que cette conjoncture sociale catastrophique engendre parmi la classe ouvrière et les peuples autochtones. Ces faits ne sont pas signes d’émancipation féminine, ni de progrès humanitaire, mais des indices de dégénérescence grégaire.  

 

De l’incapacité de la reproduction élargie

 

En résumé, nous vivons une crise d’incapacité de reproduction élargie du capital assurant la reproduction élargie du système social capitaliste dans son ensemble et seule la classe ouvrière – la classe sociale d’avant-garde – peut et doit nous sortir collectivement de ce guêpier économique, social, écologique, idéologique et politique. Et pour renverser ce système moribond, pour le bien du peuple et de la classe ouvrière  toute entière il est impératif de forger un parti politique capable de diriger tous ceux qui comprennent l’impérieuse nécessité de sauver l’humanité de l’Armageddon impérialiste.

 

 

(1)    MAI-68 – MAI-2012. http://www.orgcomfr.com/mai68mai2012.pdf

(2)    http://www.refletsdechine.com/apres-la-france-afric-la-chine-en-afrique.html

(3)    http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2012/07/23/002-cnooc-achat-nexen.shtml

(4)    http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BilanEssai?codetheme=1&codeStat=SP.DYN.TFRT.IN&anneeStat1=2009&codetheme2=2&codeStat2=x

 

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Lendemain d'élections : l'impossible justice économique

 

(05/09/2012)

 

 

Les réformistes montent aux créneaux

 

Les progressistes-réformistes, les altermondialistes, les sociaux-démocrates, le Nouveau Parti Démocratique (Canada), Québec Solidaire, le Parti Québécois et Noam Chomsky, tous apprécieraient : transformer les règles de domination politique et d’exploitation économique tout en restant assujettis au système capitaliste qui continue de les gouverner et de les spolier. Ils souhaiteraient vivre et prospérer sous un capitalisme fleuri-coloré qui sent bon la prospérité et le fleur-de-lysée.

 

Chomsky, le roi des aigris, est ému par les larmes de crocodile versées par le Président de l’AFL-CIO, l’agence syndicale de placement ouvrier au service des multinationales américaines et de la CIA. Chomsky a écrit ceci : « Le président Fraser les a également condamnés (les capitalistes américains) pour avoir rompu et rejeté le fragile pacte non écrit entre le monde patronal et celui des travailleurs, pacte qui avait existé auparavant à l’époque de la croissance et du progrès au cours de la période postérieure à la Seconde guerre mondiale, également connue comme « l’âge doré » du capitalisme d’État. Ce qui est certain, poursuit Chomsky, c’est que les dirigeants patronaux et leurs associés des autres secteurs des élites dominantes s’étaient livrés à une constante et toujours présente guerre de classes, qui est devenue unilatérale, poursuivant une seule voie, lorsque leurs victimes ont abandonné la lutte. » (1).

 

Chomsky a raison. La grande révolte des années soixante en Europe a effectivement donné lieu à un accord de capitulation signé par les ‘représentants’ de la classe ouvrière ainsi qu’à un accord de coopération signé par les représentants de la petite bourgeoisie pour le partage des miettes tombées de la table des riches dans l’exploitation des néo-colonies asiatiques, africaines et sud-américaines.

 

Par contre, dans la suite de son propos, Chomsky n’a pas la moindre idée contre quoi ils déblatèrent. Une guerre de classe ne peut être unilatérale et en aucun temps ni la classe ouvrière américaine ni l’européenne n’ont abandonné la résistance sur le front économique de la lutte des classes, même si Fraser, ce fier-à-bras de l’AFL-CIO, représente les capitalistes monopolistes  américains auprès du prolétariat, et même s’il est exact qu’il n’a jamais abandonné sa propagande pour démoraliser et démobiliser les ouvriers dans leur lutte de résistance.

 

Si le gangster Fraser maugrée dans ce message édifiant, reproduit par Chomsky, c’est qu’on exige de lui les mêmes services de trahison mais dans des conditions extrêmes pour cet agent de police infiltré au cœur des rangs ouvriers. Fraser le bandit et ses disciples, les bureaucrates syndicaux occidentaux, regrettent ces années faciles où l’aristocratie syndicale américaine et européenne récoltait aisément une parcelle de la plus-value arrachée aux ouvriers du tiers-monde. Ces années de vache grasse étatsuniennes et européennes sont terminées et les années de pain noir sont aux portes de l’Amérique et de l’Europe au désespoir.

 

La donne a changé

 

L’apparition dans le tiers-monde de nouvelles puissances impérialistes, les BRICI (Brésil, Russie, Inde, Chine, Iran), a totalement changé la donne économique et politique mondiale, et aujourd’hui les miettes à redistribuer aux ouvriers occidentaux se font rares. Les nouvelles puissances impérialistes du Sud, que les états-uniens voudraient bien mettre au pas, conservent désormais une partie de leurs miettes chez elles, pour soudoyer leur propre « classe moyenne nationale », ce qui contraint les impérialistes occidentaux à renégocier ce qu’ils avaient précédemment concédé aux travailleurs et à la petite-bourgeoise occidentale; renégociation qui est source de tous les émois pour l’aristocratie syndicale et les petit-bourgeois, cibles actuelles des restrictions de l’appareil d’État, et qui réclament la restitution de ces « traditionnelles » concessions.

 

Culotées et désespérées, la petite bourgeoisie et l’aristocratie syndicale et les réformistes de tout poil déchirent leur chemise sur la place publique, regrettent la perte de la société de consommation, pleurent leur désarroi et menacent de se révolter et de voter pour la gauche progressiste-réformiste. De quoi terroriser les oligarques et les financiers qui soutiennent et encouragent ces partis progressistes-réformistes, qui tour à tour viennent faire un tour aux commandes du rafiot capitaliste en perdition; hier c’était le Parti Socialiste, aujourd’hui c’est l’occasion pour le PQ au Québec.  

 

Qui parmi vous n’a pas entendu cette prémonition à l’effet qu’un autre monde est possible – même qu’il serait déjà en construction sous nos yeux ébaubis; dissimulé derrière la révolte étudiante; et parmi l’élection de la « gauche » en France; caché au cœur de l’édification du pouvoir populaire en Islande; et derrière les manifestations de casseroles au Chili; en Argentine et au Québec; promulgué par les « indignés » en sit-in sur Wall Street; et camouflé par les « Printemps arabes » qui remplacent des dictateurs laïcs en cravate par des dictateurs salafistes en djellaba; et enfin, dissimulé derrière les isoloirs des urnes au Québec.  

 

Deux articles lèvent le voile

 

Triste utopie que celui de ces « Illuminatis progressistes-réformistes ». Il aura suffi de deux articles tirés de deux médias à la solde des milliardaires de l’information pour ébranler les murs de la Jéricho progressiste-réformiste.

 

Le premier  article établit simplement l’inventaire, non exhaustif, des grandes fortunes de France qui ont fui l’hexagone pour se réfugier dans quelques paradis fiscaux (Suisse, Belgique, Monaco) afin de se soustraire à l’impôt français prohibitif de l’avis de ces richissimes. De ce côté européen de l’Atlantique il semble que l’État ait rompu son « engagement social » de ne pas taxer les riches. Obama a tenu parole, comme Bush avant lui, et il fait payer les ouvriers pour implanter la nouvelle assurance maladie privée-d’État devenue indispensable pour sauvegarder la santé de la classe ouvrière américaine menacée (2).

 

Que peut-on conclure de cet article outrancier ? Que les progressistes-réformistes et les gauchistes qui promettent de mieux répartir la richesse et de taxer les riches pour redonner aux pauvres, mentent et ne contrôlent rien, qu’ils n’ont pas les moyens de leurs prétentions. Le monde est devenu un seul et vaste marché international, géré par un seul et même gigantesque consortium financier, la classe capitaliste monopoliste d’État, qui jouit du privilège de déplacer ses avoirs, ses rentes, ses profits et son capital privé d’une zone d’exploitation à une autre selon son gré et selon le taux de profit que le marché boursier peut lui assurer. Les seules éléments de capital que les capitalistes ne peuvent déplacer à leur gré, ce sont les richesses réelles et matérielles (minerais, eau, terre, forêt, faune et flore, etc.) ainsi que les moyens de production, de transport et de commercialisation (usines, routes, voies ferrés, ports, édifice à bureau, laboratoire, entrepôts, magasins, etc.). C’est la raison pour laquelle les révolutionnaires recommandent de nationaliser sans compensation toutes ces richesses réelles. Cependant que nous suggérons d’abandonner aux capitalistes leur capital argent, contrats, titres et parchemins sans valeur. 

 

Le deuxième article fait le constat que pour attirer des investisseurs monopolistes miniers sur les terres du Québec – expropriées aux autochtones – le gouvernement du Québec doit renoncer à toutes redevances et simuler la collecte d’impôt dérisoire calculé sur les profits de ces investisseurs multinationaux qui, comme chacun sait, ne font jamais de profits en succursale néo coloniale mais seulement en maison mère à Pékin, New-Delhi ou New-York, ou encore dans leurs paradis fiscaux aux Iles Caïmans et à la Barbade par où transitent la moitié des capitaux mondiaux (3).

 

Les impérialistes internationaux ont stocké 21 mille milliards de dollars dans ces paradis fiscaux ce qui fait perdre annuellement 20 milliards de revenus d’impôt aux divers gouvernements nationaux. Ajouter à ce scandale l’outrecuidante HSBC – banque britannique frauduleuse, qui blanchit des milliards d’argent sale – mafieux – à travers ces paradis fiscaux puis les réinjecte dans le circuit économique prétendument aseptique (4). Saviez-vous que vos gouvernements sont parfaitement au fait de ces malversations et qu’ils ne font rien pour intervenir alors que l’on vous serine le refrain de la guerre au blanchiment d’argent sale. L’argent sale, il est à la banque. Aucune de ces questions cruciales pour l’équilibre budgétaire des pays impérialistes du Nord n’a fait l’objet d’une seule remarque tout au long des élections québécoises bidon.

 

Pire, pour obtenir le douteux privilège d’être spolié par ces multinationales impérialistes chinoises, indiennes ou brésiliennes (les autres puissances impérialistes étant sur leur déclin) il faudra que le peuple du Québec paie une rançon de quelques milliards de dollars à ces capitalistes investisseurs gourmands qui malgré leurs profits en hausse ne paient la plupart du temps aucun impôt et quasi aucune redevance (1,5 % de taux de redevance en 2008). De plus, le gouvernement québécois vend à 4 sous (C$) le Kilowatt heure d’électricité qui lui coûte 10 sous (C$) à produire; bilan, perte de 6 sous (C$) le KWH que le consommateur-travailleur québécois achète quant à lui 14 à 20 sous (C$) le KWH afin de subventionner l’impérialiste chinois, indien, brésilien, canadien, québécois (5).  

 

            La récession économique s’étendant de l’Occident vers ses fournisseurs – les ateliers du monde « libre » que sont la Chine, l’Inde, la Corée – le Plan Nord québécois et le sauvetage de l’Euro et du dollar risquent de connaître de nouvelles difficultés et les travailleurs des pays occidentaux de subir de nouveaux plans de compression et d’austérité.

 

L’appauvrissement n’est pas la cause – c’est la conséquence

 

L’appauvrissement des classes moyennes, de la petite-bourgeoisie et de l’aristocratie syndicale et la misère de la classe ouvrière ne sont pas les causes mais les conséquences du développement capitaliste monopoliste. Exiger que l’on taxe les riches et que l’on enraye le processus de concentration des capitaux dans les mains des capitalistes financiers, c’est comme de demander à la pluie de cesser de tomber ! Sans concentration financière aux mains des oligopoles multinationaux et des requins de la finance, le capitalisme monopoliste s’effondre. La concentration de quantités inimaginables de capitaux par un nombre restreint de capitalistes financiers est une loi inéluctable du développement impérialiste, tout comme son corolaire – l’appauvrissement concomitant de la classe ouvrière. Les économistes chomskistes, altermondialistes, progressistes-réformistes ou péquistes ne peuvent contrevenir à cette loi du système. Le Robin des Bois des banques et de la finance est une chimère pour endormir votre conscience.   

 

Que les sociaux-démocrates, les socialistes, les altermondialistes et les péquistes tentent de réduire un tant soit peu le processus de concentration du capital financier dans les mains des capitalistes monopolistes pseudos « nationaux » et alors les monopoles investisseurs internationaux fermeront leurs centres d’exploitation miniers et pétroliers pour les diriger vers le Brésil, l’Australie, le Chili, le Nigéria ou l’Afrique du Sud, pays aux gouvernements plus accommodants où la bourgeoisie compradore ne se laisse pas presser par les syndicats indignés, et où pour les policiers de l’État néo-apartheid assassiner 34 mineurs désespérés et désarmés n’est pas une calamité…

 

Les capitalistes monopolistes pratiquent ce stratagème depuis longtemps, mettant en concurrence les prolétaires français, américains, canadiens, québécois, espagnols, grecs, chinois,  indiens et sud-africains. Le prolétariat grec, le premier du groupe, redécouvre petit à petit les salaires et les conditions de vie d’avant les années soixante. Les espagnols puis les italiens suivront, et cela peu importe qu’ils abandonnent ou qu’ils conservent l’Euro comme monnaie de commerce de leurs richesses en échange de leur détresse. De même pour le prolétariat québécois sous le règne du Parti québécois. Le salut du capitalisme est à ce prix, là-bas comme ici. C’est pourquoi notre résistance est internationaliste.  

 

L’internationale de la misère ouvrière

 

En termes clairs, l’impérialisme a réussi à faire de ce monde capitaliste une seule et même internationale d’esclaves salariés, quelle que soit la langue d’usage, la religion, l’ethnie, la nationalité et les mœurs de chacun de ces salariés, et l’impérialisme place tous ces pays et tous ces peuples en concurrence les uns avec les autres afin de leur accorder le douteux privilège d’obtenir les investissements de capitaux spoliateurs capables de provoquer un éphémère boom pétrolier (sables bitumineux de l’Alberta au Canada, pétrole au Nigéria, Angola), un éphémère boom minier (Lake Bloom-Fire Lake-DSO), un éphémère boom forestier (destruction de la biomasse en Amazonie), un éphémère boom agricole (monoculture du cacao en Côte d’Ivoire), un éphémère boom de l’aluminium (Rio-Tinto-Alcan au Saguenay québécois), un éphémère boom diamantaire au Québec, en Guinée ou au Botswana, le tout accompagné d’une détérioration durable de la planète, de ses ressources et de son écosystème.

 

Si l’un de ces partis politiques social-démocrates, « communistes » frauduleux, altermondialistes utopistes (NPD, NPA, Québec Solidaire, Travailliste, Péquiste) s’aventurait à hausser les misérables redevances minières (1,5% au Québec) ou à collecter les arriérés d’impôts (Rio-Tinto-Alcan doit deux milliards de dollars au fisc), ou à combattre réellement la fraude fiscale ou encore à taxer les riches, alors tous ces oligarques industriels et financiers menaceraient de retirer leurs capitaux de ce pays et de provoquer un chômage encore plus catastrophique que celui qui accable déjà ce peuple muni de son futile bulletin de vote et tremblant devant l’urne isolée.

 

Comptez alors sur le syndicaliste Fraser de la CIO et sur son ami Chomsky; tablez sur la secrétaire du PCF et sur le porte-étendard du Front de Gauche, du PC canadien ou de Québec Solidaire et du Parti Québécois pour pleurer sur le sort des ouvriers nord-américains, français, grecs, espagnols, italiens et québécois en chômage structurel et technique.

 

Les réformistes tombent des créneaux

 

Les ouvriers et différents segments du peuple, dépouillés de tout pouvoir politique ou économique, accablés de chômage, dont le pouvoir d’achat s’étiole sous les charges fiscales, au vent de l’inflation et de la spéculation sur les devises, et dont les divers paliers de gouvernement sont grevés de dettes publiques souveraines contractées auprès des mêmes banquiers qui refusent de payer l’impôt tout en exigeant une lourde rémunération pour l’argent inflationniste qu’ils répandent dans la tourmente – ces ouvriers et ces peuples disions-nous, munis de leur dérisoire bulletin de vote, n’auront d’autre solution que de retourner ces rigolos socialos-anarcho-syndicalistes, sociaux-démocrates et opportunistes sur les banquettes de l’opposition qu’ils n’auraient jamais dû quitter.

 

Mais alors, n’y a-t-il aucun espoir, direz-vous ? De gauche comme de droite aucun n’est idoine et seule l’épitaphe varie d’un malappris à son vis-à-vis ? Effectivement, aucune solution n’existe aux maux du capitalisme à l’intérieur du système capitaliste. S’il existait une solution quelconque, la quantité d’intellectuels chercheurs, de faussaires, de pseudos-experts, d’économistes chomskystes-libertaires, péquistes qui psalmodient leurs litanies dans les congrès et leur liturgie en quête de la pierre philosophale capable de transformer les crises de surproduction en argent sonnant et trébuchant, tous ceux-là l’auraient bégayée depuis longtemps. Alors faute de mieux ces joueurs de pipo chantent ex-voto sur les mérites de la société égalitaire-écologiste à ériger dans la semaine des trois mardis d’élection bidon dont vous ne devez rien attendre.

 

Le système social impérialiste a fait son temps et il est  impossible de le rafistoler, de le raccommoder, de le réformer  et de lui donner un visage humain. Il ne reste plus qu’à l’éradiquer totalement. Ni les utopistes progressistes-réformistes-péquistes-solidariste, ni Chomsky l’éploré, ni son ami le bandit de l’AFL-CIO et de ses filiales canadiennes et québécoises ne parviendront à sauver leurs amis, les capitalistes endurcis d’ici ou d’ailleurs.

 

      

 

(1)   http://www.michelcollon.info/Des-alternatives-existent.html 

(2)     Premier article annoncé. Source : Alain Deneault et  William Sacher.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/06/07/on-prend-aux-jeunes-l-argent-necessaire-a-la-conquete-du-nord_1714594_3232.html « En 2009, le vérificateur général du Québec [chargé de contrôler les fonds et biens publics confiés par l'Assemblée nationale au gouvernement] s'invita au ministère responsable des mines. Pour en ressortir bien sonné. Quatorze mines sur les vingt-quatre en opération au Québec n'avaient payé aucune redevance à l'Etat depuis sept ans ! Les autres avaient déboursé 1,5 % de la valeur minérale excavée. Nous apprenions aussi que nous assumions en grande partie le nettoyage des sites miniers taris. Cette facture publique s'élève aujourd'hui à plus de 1 milliard de dollars canadiens (774,2 millions d'euros).  Les constatations, un peu froides, n'ont pas créé d'onde de choc. Le problème imprègne néanmoins la conscience collective. Le Québec s'est peut-être remémoré le fait que 90 % de son territoire est de propriété publique - en proportion inverse de ce qu'on peut observer en Europe - et que le plus humble des Québécois en est le légataire. L'avenir nous le dira, mais il m'est avis que la révolte au Québec a pris racine, en bonne partie, en réaction à cette calamiteuse gestion du territoire.

 

Le gouvernement s'apprête à engager des dizaines de milliards pour un projet aux retombées hypothétiques, comme l'estiment la plupart des analystes indépendants. C'est dans ce contexte qu'il sabre dans les budgets de la santé et de l'éducation, qu'il augmente les frais de scolarité. "Votre juste part", a-t-il réclamé aux étudiants. Leur réponse : la rue, les casseroles, le tintamarre. Et peut-être plus. ».  Ce texte est extrait de la préface d'Alain Deneault et William Sacher, "Paradis sous terre", à paraître le 4 ocotobre (Eds. Ecosociété et Eds. Rue de l'échiquier).

Richard Desjardins, auteur-compositeur, documentariste, vice-président de l'Action boréale

 

(3)   http://www.bilan.ch/articles/listes-300/la-liste-des-300-plus-riches

(4)   http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2012/07/23/006-sommes-paradis-fiscaux-rapport.shtml

Paradis fiscaux : la grande évasion.  http://www.quebec.attac.org/spip.php?article808

 

 

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Le score de Marine Le Pen aux présidentielles

(16 mai 2012)

 

Les intellectuels français de tout bord sont inquiets. Ils supputent et s’interrogent, tels des psychiatres aux chevets d’un valétudinaire schizophrène ou autiste – et ils s’attribuent la responsabilité de le guérir – c’est du moins leurs prétentions à ces chiens de garde de la classe dominante en France.

(Le peuple français a-t-il les intellectuels qu’il mérite ?)

INQUIÉTUDE EN FRANCE MÉTROPOLITAINE

Les intellectuels français de tout bord sont inquiets. Ils supputent et s’interrogent, tels des psychiatres aux chevets d’un valétudinaire schizophrène ou autiste – et ils s’attribuent la responsabilité de le guérir – c’est du moins leurs prétentions à ces chiens de garde de la classe dominante en France.

Quelqu’un pourrait-il leur souligner que si le peuple français est de si mauvais poils cela est dû à son psychiatre-intervenant justement, le remède que je recommande pour sauver le patient, est que plus un seul intellectuel français n’ausculte l’égrotant. De grâce, plus aucun diagnostique à propos de l’immigré du tous les « dangers », plus de prescriptions contre l’immigration, le voile, la laïcité, l’État des français de souche, plus de potions magiques racistes et le malade guérira car la source du mal français n’est pas dans les quartiers des cités multi ethniques – il est dans les quartiers riches des monopolistes.

Nous assistons depuis le premier tour des élections à un maelstrom de contre-vérités, de contrefaçon et d'accusation de non-assistance à un peuple en péril – bref, à une charge en règle à laquelle s’objecte un philosophe. L’assesseur prénommé Alain Badiou que sa conscience gauchisante turlupine persiste et signe.

Lisez plutôt son acte d’accusation tonitruante - conséquente contre l’engeance intellectuelle française publiée en bonne page de l’imMonde, quotidien que vous connaissez bien : « Le pouvoir démocratique, dont nous sommes si fiers, serait-il allergique à ce qu'on se soucie du peuple ? C'est l'avis dudit peuple, en tout cas, et de plus en plus. À la question "les responsables politiques se préoccupent-ils de ce que pensent les gens comme vous ?", la réponse entièrement négative "pas du tout" est passée de 15 % de l'ensemble en 1978 à 42 % en 2010 ! Quant au total des réponses positives ("beaucoup" ou "assez"), il est passé de 35 % à 17 % (…). La relation entre le peuple et l'État n'est pas faite de confiance, c'est le moins qu'on puisse dire. » (1).

L’Objet du coup de gueule du professeur Badiou n’est pas de démontrer que le peuple français n’a plus aucune confiance en la gente politique – ce que l’on savait déjà – son propos est plutôt de questionner les lecteurs petits et grands bourgeois (lecteurs captifs de l’imMONDE) ; à propos du « scandale » de ce vote populaire en faveur de Marine Le Pen dont on attribue la responsabilité au prolétariat et aux couches populaires « ignares » pensent les intellectuels français surfaits.

Dites-moi franchement, mis à part monsieur Alain Badiou, les lecteurs bien-pensant de l’imMONDE, Marine Le Pen et le grand capital impérialiste français, qui dans ce pays est si fier de cette pseudo démocratie bourgeoise manipulée par les hommes d'argent, ces faiseurs de présidents ?

MARINE RAFFLE LA MISE

Il est vrai que la dame Le Pen a obtenue 18 % du soutien populaire parmi les votants de la mascarade électorale un dimanche d’avril récent. Comme Adolf Hitler avait un jour obtenu 37,3 % du suffrage pour son parti en marche vers le Reichstag suite au financement des milliardaires Krupp et autres potentats et suite à la capitulation des sociaux-démocrates allemands comme les intellectuels français capitulent présentement devant la hardiesse des hordes fascistes françaises « de souche ».

La réalité française est plus affligeante encore et Monsieur Badiou le démontre amplement. L’intelligentsia de « gauche » constitue l’avant-garde des troupes de chocs le pennistes – Lionel Jospin a perdu son dépôt à une élection présidentielle précédente, et condamné les socialistes à l’opposition pour 17 ans par ses mesures gouvernementales anti-immigrés anti populaires, tout comme François Hollande maintiendra toutes les lois anti-immigrants votés sous Nicolas Sarkozy et retournera de la sorte les troupes d’arrière-garde socialistes sur les strapontins de l’opposition demain. En effet, pourquoi les français éliraient-ils une pâle copie quand ils ont sous la main Marine l’original-attendrie ?

VOTEZ FRONT OU FRONT QU’ILS ONT DIT ?

Le peuple français n’a pas les intellectuels qu’il mérite – il lui faudrait changer ces intellos flagorneurs toujours prêt à se vendre pour un audimat.

La mère Le Pen a reçu 18 % des votes de ces gens trahis par les clercs français et qui prêchi-prêcha encore aujourd'hui : a) que le peuple français vit en démocratie – dont il est si fier spécifie le clerc – ; b) que la grandeur de la nation française impérialiste doit être sauvegardée et portée au panthéon du nationalisme chauvin.

Si la gauche le dit renchérit le bon peuple français et que la droite le répète, pense l'ouvrier marseillais, alors pourquoi ne pas voter Marine qui représente si bien ce chauvinisme raciste, nationaliste, guerrier (comme au temps de deux guerres mondiales précédentes, en préparation pour la suivante). Le cri de ralliement des intellos en faveur du chauvinisme de grande nation impérialiste française il n’y a que cela de vrai madame Dupont pense l’intello de service. Et pourquoi pas l’Algérie française pour faire bonne mesure ? Le peuple algérien vous attend de pied ferme messieurs les envahisseurs.

Le peuple ne fait que suivre les conseils qu'on lui livre, de droite comme de gauche et du centre également, et dont on l'intoxique dans les médias à la solde.

« Sauvons la patrie en danger » proclame Marine Le Pen à la criée de la surenchère nationaliste – mais ce n'est pas la patrie qui est en danger camarades français, c'est votre pouvoir d'achat – votre travail – vos emplois – vos épargnes, vos services publics, votre sécurité de travail et au travail – votre jeunesse désœuvrée – votre survie en tant que classe ouvrière française segment de la grande fraternité de la classe ouvrière mondiale y compris arabes et africaines vos égaux – et finalement c'est la survie du peuple français qui est en péril par ces velléités de guerre si alléchante pour cette classe capitaliste monopoliste dominante-déclinante préparant l'arnaque HOLLANDE après vous avoir imposer l'arnaqueur SARKOZY devenu inopérant depuis que vous avez découvert le pot aux roses du « bling bling » et qu'il leur a bien fallut le sacrifié sur l'autel des élections bidons.

L’ÉTONNANT N’EST PAS CE QUE VOUS PENSEZ

Ce n’est pas le score de 18 % de Marine Le Pen qui est étonnant, c'est que 80 % de l’électorat floué à chaque élection bidon se déplace encore si nombreux pour participer à cette mascarade électorale dont les travailleurs se déclareront déçu dans deux ou dans quatre ans, souvenez-vous de Mitterrand. Que reste-il de cet arrogant fumiste mis à part l’éléphant blanc des quais de la Seine ?

Nervis intellectuels, capitulards et collabos cessez de chercher des poux sur la tête de la classe ouvrière et regardez la poutre dans votre œil de pseudo intello moralisateur. Vos introspections poujadistes autant que gauchistes à propos d'un patient nommé « peuple français » sont en elle-même des marques de condescendance méprisante éludant votre abandon de la barricade parisienne pour vous réfugier dans votre Tour d’ivoire loin d'une guerre de classe qui ne fait que commencer et qui n'est surtout pas terminer. Et surtout, restez-y dans votre Tour et ne venez pas encombrer l’arrière de la barricade de vos supputations spécieuses et suspicieuses.

Ils sont tous pareils ces intellectuels faussaires à la laisse de leurs maîtresses qui leur distribue récompenses et visibilité médiatique dont raffole l’EGO démesuré de ces « has been » en détresse (2).

Vive la classe ouvrière française solidaire de la classe ouvrière grec et britannique et… qui je l'espère saura se reprendre en main si seulement la vraie gauche peut s'avancer pour lui offrir l'alternative insurrectionnelle et révolutionnaire qu'elle espère.

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(1) http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/05/05/le-racisme-des-intellectuels-par-alain-badiou_1696292_1471069.html

(2) http://www.saphirnews.com/Les-intellectuels-faussaires-mitrailles-par-Pascal-Boniface_a12749.html

 

 

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Grève étudiante au Québec – Bilan après 13 semaines de résistance

(9 mai 2012)

 

Le scribouilleur se permettait un post mortem de la grève étudiante des semaines avant que la mort du patient ne soit avérée – façon d’appeler les étudiants à renoncer et à capituler. C’est un peu le message de son mentor - le toupet-à-Bouchard -...

POST MORTEM DU PATIENT TOUJOURS VIVANT

« Tout ce qui grouille, grenouille et scribouille n’a pas de conséquence historique ! ». Qui a prononcé cette sentence historique ? Le quidam Jean-François Lisée, animateur télé, ancien conseiller de certains chefs chauvins du Parti québécois et précédemment militant « communiste ouvrier » à temps partiel, les jours fériés et les week-ends, a commis un éditorial sur son blogue. Mine de rien le péquenot fait le bilan de la grève étudiante et il attribue les fruits du conflit à la bourgeoisie (1).

Le scribouilleur se permettait un post mortem de la grève étudiante des semaines avant que la mort du patient ne soit avérée – façon d’appeler les étudiants à renoncer et à capituler. C’est un peu le message de son mentor - le toupet-à-Bouchard - un réactionnaire ex-vedette péquiste devenu lucido-fascisant et promoteur schisteux en compagnie d’une bande de « has been sur le retour » (les compères Faical, Martineau, Mario l’oublié, et autres pestiférés des médias sous influence) qui récemment nous accablaient de leur avis non-sollicité à propos de la grève étudiante. Enfin, comprenez bien, l’expérience militante du crypto-lucide Lisée se résume à quelques piquetages en vadrouille devant une demi-douzaine d’usines fermées dans un lointain passé oublié…

L’attaque de son Requiem sur la grève étudiante va comme suit : « Vive la pub pour les universités ! ». Ridicule, n’est-ce pas ? Pour les fils de grands bourgeois, cette grève signifie qu’ils ne peuvent vaquer paisiblement à leurs études et obtenir leur diplôme au milieu des frivolités qu’ils ont les moyens de se payer. C’est la pagaille, dirait Bouchard le « de souche ». Les partisans étudiants peuvent à tout instant interrompre les études doctorales des dilettantes, de quoi décourager de s’inscrire au chic McGill University. Ce n’est pas une très bonne publicité, vous en conviendrez.

Pour les fils d’ouvriers et de petit-bourgeois en cours de paupérisation, l’échec de la revendication du gel des droits de scolarité signifie qu’ils devront travailler davantage à la quincaillerie, à la librairie, à la cafétéria, dans un restaurant ou dans un supermarché, ou encore se dégoter un deuxième emploi tout en poursuivant leurs études à plein temps - s’ils y parviennent - et cela, tout en s’endettant davantage (2). Il est maintenant admis que la hausse des droits de scolarité n’est qu’une étape sur le sentier de la privatisation des universités et de leur assujettissement total aux intérêts des grandes entreprises monopolistes ; à cette fin Charest devait rendre le pactole plus alléchant pour les entreprises en haussant le financement par les étudiants. Même s’ils n’ont pas gagné la partie, les étudiants par leur action résolue ont sérieusement compromis ce plan secret du gouvernement Charest. D‘autant que la grève pourrait reprendre l’an prochain ou dans deux ans, plus dure et plus acharnée. Qui veut hériter d’un système universitaire aussi instable et révolté ?

Pour les fils de familles pauvres (une portion des étudiants est issue de ces milieux), ça signifie : une bourse d’études certes un peu plus élevée assortie cependant d’un prêt beaucoup plus accablant, donc un endettement plus important à la fin du parcours, si jamais ils le complètent. Certains statisticiens évaluent à 6000 par année le nombre de jeunes qui abandonneront les études suite à ces hausses de droits de scolarité de 1 779 $C (82 % de hausse des droits en sept ans) (3).

LEADERSHIP ET MILITANTISME

« La grève a permis de connaître des leaders étudiants modèles », nous suggère l’intellectuel – prenant grand soin de nous décrire sa vison fantasque des jeunes de cette génération. Et ce péquiste repenti de nous dépeindre ces chefs étudiants en arrivistes articulés, intelligents, sournois, égocentriques, intéressés et déjà prêts à poursuivre leur carrière sur les banquettes de l’Assemblée nationale – remake de la carrière des péquistes Landry, Charron, Faical, et Bouchard. Les assemblées générales étudiantes, en rejetant la dernière « entente » signée (6.05.2012) par les leaders étudiants, prouvent que des choses ont changé au pays des associations étudiantes québécoises.

À L’ÉCOLE DE LA DÉMOCRATIE BOURGEOISE

Et le gribouilleur de poursuivre son « examen » regardant par le seul bout de sa lorgnette embuée : « la grève étudiante serait une école de « Démocratie », clame-t-il. On ne peut dire plus vrai, papa Lisée. Heureusement que vous êtes resté assis sur la clôture avec M. Martineau et Mario l’oublié à regarder passer la manif au lieu de venir nous encombrer de vos billevesées.

La démocratie des riches s’est étalée sans fard – nue – face à tous les belligérants de ce combat de titans. La « démocratie » des riches a fait fi de la volonté de 200 000 étudiants (22.03.2012), la grande majorité des universitaires, traités avec désinvolture et condescendance par la « mère supérieure » du ministère (4). Quelques années auparavant, la « démocratie » des riches avait d’abord convié les représentants étudiants à des discussions – sous agenda imposé et scellé. Le premier Ministre leur avait dit alors : « Je réunis des intervenants des entreprises pour discuter du montant et des modalités de la hausse des frais de scolarité ; aucun autre sujet ne peut être abordé et surtout pas question de proposer le GEL DES DROITS DE SCOLARITÉ. À qui la parole ? » avait ajouté Charest - le bonnet d’âne. Les représentants étudiants venaient de vivre l’expérience de leur pseudo « démocratie » (5).

N’oublions pas les centaines de contraventions ahurissantes (500 $) et d’arrestations préventives (arbitraires) sur présomption de culpabilité de centaines d’étudiants manifestants, encore une démonstration de la dictature bourgeoise. Les ministres ont expédié leur flicaille pour matraquer, tirer et blesser les étudiants manifestants, ces enfants du peuple tenant leurs lignes de piquetage légales et démocratiquement entérinées (6).

Les tribunaux des milliardaires ont été appelés à la rescousse pour renforcer le sentiment « démocratique » des étudiants ! Et les injonctions des tribunaux à la solde sont tombées sur les grévistes. Vous me permettrez de ne pas m’appesantir sur la collusion totale des médias bourgeois cherchant en entrevue à diviser les représentants des associations étudiantes – à dénigrer les étudiants, à les décourager de continuer leur juste résistance contre la hausse. Après dix semaines de silence indifférent de la part du gouvernement, les médias québécois ont eu l’outrecuidance d’accuser les étudiants de ne pas vouloir négocier et ils ont appelé le gouvernement à être plus sévère envers ces jeunes adultes fréquentant l’école buissonnière.

Voilà la « démocratie » des riches et leurs organes d’information en action. Il ne manque qu’une loi spéciale autoritaire exigeant le retour en classe pour mettre le dernier clou au cercueil de leur pseudo « démocratie ». C’est justement ce qu’est venu exiger Bouchard, l’ex-Premier péquiste, à la télé un soir passé. Excellent apprentissage de la vérité sur la démocratie bourgeoise, monsieur le crypto-lucide Lisée. Il y a là un savoir indélébile qui restera gravé dans la mémoire de chaque gréviste. Attendons une résurgence de cet affect un jour de grande tempête sociale à venir (7).

PRINTEMPS SIROP D’ÉRABLE

Pour la finale, notre sévère éditorialiste se métamorphose en humoriste. Après avoir fait montre de chauvinisme nationaliste au paragraphe précédent, le voici tendant l’oreille vers « l’universel d’un monde transcendant ». « Printemps érable » écrit-il. « Printemps sirop » serait plus à propos.

Il n’y a pas de « Printemps érable », n’en déplaise aux tenants du Grand Soulèvement. La vindicte populaire est grande contre le gouvernement Charest, et les manifestations qui en attestent sont immenses (300 000 manifestants dans les rues de Montréal le 22 avril dernier). Mais ces démonstrations de frustration ne sont pas suffisantes pour entraîner le renversement du pouvoir bourgeois qui sévit à Québec autant qu’à Ottawa.

La grogne collective est grosse d’un « printemps québécois et canadien » qui se fait malheureusement attendre. Pour ma part, je dirais que cette attente est préférable. Les conditions subjectives d’un tel soulèvement ne sont pas réunies, si bien qu’une telle révolte générale serait pour le moment noyée dans le sang.

ILS FONT LEURS CLASSES

Le véritable bilan que l’on peut tirer de cette grève, c’est que des milliers et des milliers d’individus jeunes et moins jeunes ont fait leurs classes révolutionnaires. Ils se sont montrés déterminés, disciplinés, ordonnés de manière exemplaire. Ils ont démontré une conscience et une perspicacité hors du commun. Rien à voir avec la caricature que les médias tentent de nous présenter de cette génération éperdue. Aucun piège des médias à la solde, ni du gouvernement en mission commandée, pas même le bilan tendu par le penseur Lisée ne les a déroutés.

Leur résistance a été menée sur le front économique de la lutte des classes (la classe en soi, même si ces jeunes ne sont pas encore partie de cette classe, ça viendra) : pour le droit à l’enseignement supérieur pour les filles et les fils de la classe ouvrière et de la petite-bourgeoise en cours de paupérisation ; contre le rejet du fardeau de la crise économique sur leur dos et contre la privatisation des universités. Le compromis négocié est l’affaire des étudiants et des étudiantes selon le rapport de force qu’ils perçoivent. Aux étudiants canadiens et étatsuniens de suivre l’exemple maintenant !

Cette bataille fut exemplaire. C’est précisément ce qui effraie Charest le porte-faix, ses sbires et ses maîtres, c’est qu’elle fasse « boule de neige » lors des prochaines négociations contre la fonction publique provinciale et fédérale (Harper congédie des milliers de fonctionnaires fédéraux : que se passe-t-il dans les rangs des fonctionnaires en ce moment ?), ainsi que dans le secteur privé, contre les monopoles comme Rio Tinto Alcan, Quebecor, Bell, Air Canada, Couche Tard, etc. Les travailleurs pourraient se rappeler la façon que les jeunes ont traité avec les bureaucrates, avec le gouvernement des riches, avec les recteurs d’universités et avec la police et les autorités judiciaires de service.

Selon les riches c’est un très « mauvais » exemple pour les travailleurs que cette grève militante des jeunes fils et filles d’ouvriers ! Toute une pub pour la révolte à venir, messieurs Lisée, Dumont, Martineau et Bouchard. Entre la conscience de classe en soi (poursuivant des revendications économiques et sociales) et la conscience de classe pour soi (poursuivant la revendication ultime et suprême : tout le pouvoir aux étudiants, aux citoyens des quartiers, aux travailleurs des bureaux, aux ouvriers des usines, aux autochtones stipendiés et aux prolétaires exploités), il n’y a parfois qu’un pas, et une étincelle peut alors mettre le feu à toute la Vallée du Saint-Laurent et plus avant.

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(1) http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/

(2) « Michel Leblanc (Chambre de Commerce) a félicité « la ministre de l’Éducation et le ministre des Finances d’avoir pris cette décision éclairée qui vient consolider l’accessibilité aux études supérieures ». « La Chambre de commerce proposait la mise en place d’un tel mécanisme en 2010 dans le Pacte pour un financement concurrentiel de nos universités », signé par le lucido-fascisant Lucien Bouchard !

http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30668

(3) http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30560

(4) http://www.legrandsoir.info/deux-cent-mille-etudiants-ont-coince-charest.html

(5) http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30541

(6) http://les7duquebec.com/2012/04/04/pour-le-gel-des-droits-de-scolarite-contre-lintervention-policiere-et-judiciaire/

(7) http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30378 et Violence policière sur : http://www.facebook.com/notes/mo%C3%AFse-marcoux-chabot/victoriaville-les-balles-de-plastique-sont-identifi%C3%A9es/2697594137991

 

 

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La nouvelle gauche radicale antique et mystique

(29 avril 2012)

 

ILS SONT DE RETOUR

Au siècle dernier, la décennie soixante-dix connue dix années d’agitation, de débats, de militantisme ouvrier, étudiant, populaire et tiers-mondiste, une décade stimulante puis finalement décevante. Après Mai-68, suite à la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne et à la victoire du peuple vietnamien, il y eut résurrection des organisations de la gauche radicale qui s’engagèrent sur le sentier du marigot révisionniste nouvelle formule avant de disparaître, une à une, victimes des balles de sucre et des chaînes dorées de la consommation Bobo-bourgeoise.

Ces organisations de la gauche nouvelle vague étaient pilotées par d’ex-curés défroqués et par de nouveaux « prêcheurs » endimanchés. Peu importe que leurs incantations soient psalmodiées le vendredi, le samedi ou les dimanches fériés, elles présentaient toutes la guerre de classe anti-impérialiste comme une quête initiatique. Le combat marxiste révolutionnaire n’a jamais été une lutte contre l’iniquité et les inégalités et pour une meilleure répartition de la richesse et des fruits de l’exploitation capitaliste ; c’était là une vue de l’esprit pré-marxiste, pré scientifique, empreinte de religiosité blanquiste, utopiste, métaphysique et primitiviste. Présentement, à la faveur de la montée des luttes ouvrières et étudiantes de cette décennie, une nouvelle gauche radicale antique et mystique revient sur le devant de la scène ré-exécutant cette partition frelatée d’antan.

LA CONTRADICTION FONDAMENTALE ET PRINCIPALE

Le système économique et politique capitaliste a rempli sa destinée historique. Le mode de production capitaliste des biens et des services – des marchandises – a réalisé son expansion maximale, il a atteint le stade impérialiste, ordre à partir duquel il se confronte et se bute à ses propres rapports de production étroits, les rapports sociaux qu’il a lui-même tricotés et ses habits serrés sont devenus trop petits pour lui, ils entravent son évolution vers un niveau supérieur de développement.

Cette contradiction fondamentale a pour conséquence que l’on peut observer des besoins sociaux patents – de nourriture, vêtement, logement, éducation, culture, loisir, transport, soin de santé, sécurité, etc. – qui ne seront jamais assouvis et l’on entend les demandes répétées des peuples, du Tiers-monde notamment, attestant chaque jour que ces besoins concrets sont frustrés.

En effet, répondre à ces besoins des ouvriers besogneux paupérisés ne constitue nullement un « marché solvable » ayant le potentiel d’assurer la réalisation de la plus-value par la monétarisation, c’est-à-dire la vente des marchandises, assurant le profit maximum.

Le besoin préexiste, le potentiel de production existe, mais la réponse fait défaut ; elle est court-circuitée, bloquée par les rapports de production capitalistes qui n’assurent pas la distribution vers les consommateurs, faute de profits virtuels à engranger, ce qui vous vous en souviendrez constitue le fondement de l’accumulation élargie du capital.

Pourtant, les capacités matérielles pour produire et distribuer existent et la force de travail qualifiée est disponible. C’est même cette force de travail qui aimerait bien pouvoir consommer les biens produits pour se reconstituer et être en mesure de continuer à produire et à travailler. Mais ces biens à livrer ne seront jamais commercialisés : les outils, les usines, les matières premières, l’énergie et la main-d’œuvre sont là ; mais en le marché solvable est absent pour écouler ces marchandises.

Les rapports de production capitalistes entravent la commercialisation et la consommation de ces marchandises faute de crédit. Surtout que les emprunteurs sont déjà sévèrement endettés comme nous l’avons observé en 2008, dans une vaine tentative des banquiers pour prolonger l’agonie de ce système obsolescent. Chacun se souviendra de la crise des fonds pyramidaux crapuleux et des traites hypothécaires d’il y a quatre ans (1).

Les rapports de production capitalistes amènent donc le capitaliste, propriétaire exclusif des moyens de production (usines, matières premières, énergie, transport et surtout main d’œuvre), à détruire et la marchandise déjà produite et les moyens de production déjà engagés dans le processus de production. La chaîne de montage s’immobilise, l’usine est fermée, démantelée, délocalisée, l’atelier déserté, la mine abandonnée ; le paquebot reste à quai, le chômage mortel et silencieux s’abat sur le pays qui fut un temps trop prospère, malade de sa surproduction et de sa sous-consommation, après une période d’opulence factice et éphémère.

La Grèce y est déjà, l’Italie suit, l’Espagne frappe à la porte de la misère, le Portugal au porte de la famine s’effraye, la France mystifiée vote et désespère, le Canada s’illusionne, l’Islande tergiverse, l’Argentine refait le tour de piste qui l’a déjà envoyée au tapis et les États-Unis manigancent, guerroient et terrorisent pour sauver la mise, ridicules atermoiements préfigurant l’effondrement ! (2)

Comme chacun a pu le constater, le moteur de l’économie capitaliste n’est pas l’iniquité, l’injustice et l’inégalité mais une certaine rationalité, source des fortunes mal acquises, système économique et rationalité qui ont fait leur temps. En effet ce procédé a atteint le maximum de son efficacité – de ses capacités à engendrer de la plus-value et du capital à réinvestir pour ré-accaparer la plus-value – et aujourd’hui ce système doit être renversé, déboulonné, non pas au nom de la lutte contre les inégalités comme le suggère le prêtre opportuniste vulgaire, le naïf moraliste préscientifique, mais dans le but de résoudre la contradiction fondamentale du système capitaliste et permettre à l’humanité d’avancer. Au bout du chemin il y aura de surcroit l’équité, l’égalité, la justice et la vraie liberté sous le socialisme authentique, en tant que résultantes du processus, on s’entend.

Les fossoyeurs et les accoucheurs – personne ne les entend – et pourtant on les pressent, ils seront bientôt dans la rue, sur les barricades, mouvant et hurlant.

L’ERREUR MYSTIQUE À NE PAS REFAIRE

Contrairement à ce que serinait Charles Gagnon, ex-leader du groupe EN LUTTE, une organisation révisionniste nouvelle mouture apparue au Québec dans les années soixante-dix, ce n’est pas le dogmatisme ou l’attachement excessif aux principes et aux préceptes du marxisme qui fut le péché originel – pour conserver le vocabulaire théocratique suggéré par ce prêtre-ouvrier – mais plutôt leur mysticisme transcendant et agnostique en d’autres termes l’ignorance totale des concepts marxistes – qui caractérisa et stigmatisa cette secte opportuniste et toutes ses semblables partout dans le monde, en France comme au Canada.

Citons le moine-soldat « au livre » comme disent les jésuites : « Ainsi pendant une dizaine d’années, les marxistes-léninistes qui, pour la plupart, avaient fait de la lutte ouvrière contre le capital la contradiction principale de la société (souligné par nous NDLR), secondarisant ainsi la lutte nationale, ce qui a terni leur histoire d’une tache indélébile (…) ils ont mené une critique acharnée et parfois outrancière des institutions économiques et politiques (…) EN LUTTE en crise, une crise qui reposait sur la fragilité des bases théoriques (théologiques NDLR) de son idéologie (…) le marxisme tel que remis en selle dans les années 1970 par des groupes comme EN LUTTE ne tenait plus la route. » (3).

Le dominicain du groupe EN LUTTE, en rupture-de-banc avec le Vatican, a raison de souligner la fragilité de ses bases théoriques marxistes quand il confond allègrement lutte de classe et contradiction principale jusqu’à et y compris la lutte nationaliste « séparatiste » (4). Ces arguties n’ont rien à voir avec la théorie marxiste en effet (relire ci-dessus la section portant sur la contradiction fondamentale et déterminante du système capitaliste) – et oublions si vous le voulez bien ses hallucinations métaphysiques althusériennes à propos de la « surdétermination » de l’idéologique sur l’économique et le politique.

Tout un courant de mouvements opportunistes renaissants s’avance présentement sur le devant de la scène politique en s’autoproclamant marxiste-léniniste. Assurément, une sévère autocritique de leurs antécédents militants s’imposent à eux afin d’éviter de retomber dans les ornières nationalistes chauvines, utopistes, métaphysiques et préscientifiques d’antan.

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(1) http://www.mecanopolis.org/?s=Bibeau

(2) http://www.agoravox.fr/actualites/e…

(3) Charles Gagnon. (2011) Il était une fois…Conte à l’adresse de la jeunesse de mon pays. Bulletin d’histoire politique. Vol. 13, no 1. Association québécoise d’histoire politique. Montréal, 2000, pages 43 – 55.

(4) Nous publierons sous peu une mise à jour de la position marxiste-léniniste sur la question de l’ « Impérialisme et question nationale » (2012).

 

 

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Ne votez pas – Ils sont tous pareils

(21 mars 2012)

 

Français de toutes origines et de toutes classes, faites comme les ouvriers : défiez la légalité républicaine et « n’Élisez personne », ils sont tous semblables. S’il en est un seul qui ne soit pas pareil aux autres, qu’il se lève ?

VOTER POUR QUI AU JUSTE ?

Français de toutes origines et de toutes classes, faites comme les ouvriers : défiez la légalité républicaine et « n’Élisez personne », ils sont tous semblables. S’il en est un seul qui ne soit pas pareil aux autres, qu’il se lève ? Mais alors, il ne devrait pas être parmi eux et participer à cette mascarade électorale où seuls les pieds nickelés, les accrédités, les autorisés de la télé, ont la possibilité réelle de se faire voir, de se faire valoir, de se faire entendre, de recueillir le fruit de leur prestation parce qu’ils ont le soutien et l’argent de leurs pairs – bourgeois gentilshommes – habilités à administrer cette société d’exploités.

Si vous êtes de gauche et souhaitez jeter bas cette société mercantile construite par le travail des prolétaires pour le bénéfice des milliardaires, alors que venez-vous faire ici dans ce bureau de scrutin où les dés sont pipés et les élections truquées ? Croyez-vous qu’un milliardaire capable de fournir dix ou cinquante millions d’euros à son candidat préféré ait le même poids électoral que l’ouvrier muni de son seul et ridicule bulletin de vote mystificateur ?

S’il demeurait un risque que certains ne comprennent pas le message anti-démocratique (blanc-bonnet, bonnet-blanc) répandu par les médias à la solde, alors l’armée sortirait des casernes et viendrait les replacer sur le chemin des porte-faix en direction de la reproduction de la plus-value élargie et du profit.

Le jour où une majorité d’ouvriers aura décidé que c’en est assez – le jour où les prolétaires de cette terre de misère seront déterminés à ne plus supporter cette galère mortifère – courant de l’usine au métro jusqu’au loyer non payé, puis retour au métro-boulot – alors ce n’est pas au bureau de scrutin que l’on se donnera la main, c’est au palais de l’Élysée, dans le parlement à Québec, sur la colline parlementaire à Ottawa, au 10 Downing Street à Londres ou dans le bureau ovale de la maison blanche-pourpre, souillée du sang des esclaves, de celui des Peaux-rouges, des ouvriers des chantiers et des millions d’assassinés de ces dizaines de pays qu’ils ont envahis depuis un siècle et demi, l’Afghanistan n’étant que l’un de la série.

L’HISTOIRE SE RÉPÈTE

Ils sont venus chercher les Roms, les gitans pour les parquer dans des camps en périphérie des cités mais je n’ai rien dit, je n’étais pas Roms, je n’étais pas gitan. Ils sont venus chercher les autres …et je n’ai rien dit… je n’étais pas « les autres ». Je vous parle ici de projets de lois et de débats qui ont cours en ce moment en France et en Europe à l’encontre de ce peuple martyr (1).

Le prochain Président de la République française sera assurément un tyran, mais un tyran distingué comme Harper au Canada et Obama aux USA. Les gens croient que les nouveaux fascistes ressembleront comme jumeaux à Mussolini, à Hitler, à Pétain ou à Franco, des despotes en bottes et redingote.

Que nenni, plus aujourd’hui, les temps ont changé. Moubarak portait veste et cravate, Ben Ali aussi. La nouvelle génération de tyrans se présentera en costar de chez Armani – cravate de chez Hechter – et souliers de chez Rusconi. Fini les bottes à talon avec éperons pour étalon, la Mercedes attend dans le stationnement, les cheveux frais coupés, juste un peu de sueur sur le nez indiquant l'affront qu'il cogite contre la communauté des séquestrés.

Les camps de réclusion furent les premières constructions du national-socialisme pour y parquer les communistes – les gauchistes, que les autres vinrent rejoindre par la suite : les Roms – Tziganes – gitans – bohémiens. Leurs noms sont multiples, mais ce sont toujours les mêmes nomades, ostracisés, surveillés, pourchassés, mal aimés, les premiers à vilipender. François Hollande s’y entraîne, Sarkozy aussi, les autres ont suivi.

ON COMMENCE PAR REFUSER DE VOTER PUIS…

Je sais comme il est difficile de se départir de cette conscience petite-bourgeoise – républicaine et « démocrate ». On vous gouverne sans vous écouter pendant cinq années puis – cynisme ultime – on exige que vous alliez voter pour confirmer par scrutin votre résignation, votre soumission par les urnes, avant un nouveau quinquennat pendant lequel l’on ne vous écoutera pas davantage. Et voilà votre conscience « citoyenne » qui vous turlupine et vous culpabilise. Ils sont tous pareils et celui qui ne l’est pas, il n’est pas sur la liste des malfrats.

Pire, vous irez voter puis on vous accusera ensuite que c’est de votre faute, vous n’aviez qu’à mieux voter, tant pis pour vous, vous n’avez qu’à endurer encore quelques années puis vous devrez à nouveau vous esseuler, derrière votre isoloir pour voter, inutilement, pour cinq autres années.

LE PLUS GRAND PARTI OUVRIER

On dit que le Front National est le plus grand parti ouvrier de France, c’est faux, Le plus grand parti ouvrier de France, d’Europe, du Canada et d’Amérique, c’est le parti « NE VOTEZ PAS, ILS SONT TOUS PAREILS ! ». Il y a belle lurette que les ouvriers ont compris et qu’ils s’accordent le privilège de bouder ces mascarades électorales. Il n’y a que la petite bourgeoisie qui reste à convaincre de rejeter ce système pourri. Évidemment, on ne renverse pas un système économique en le boudant mais, chaque chose en son temps, commençons par le commencement : ne plus croire dans leurs élections bidon, c’est déjà un pas. De toute façon le conflit qui nous oppose aux riches se règlera dans la rue en Grèce en France, au Canada, aux États-Unis et pas au Parlement, au Congrès ou à l’Assemblée nationale.

Harper gouverne le Canada par la volonté de 33 % des électeurs inscrits, c’est cela leur démocratie. La grande majorité des Canadiens ne veulent pas de soldats dans les pays de combat ; rien à faire, les soldats vont mourir pour satisfaire les hommes en complets gris qui commandent à Harper, à Sarkozy, à Merkel et à Obama. Il en est ainsi à Paris.

Les chambres réunies choisissaient le Président français sous la quatrième République – il en est encore ainsi dans la République des États-Unis d’Amérique et ça changera quoi, qu’ils soient 100 % des inscrits à voter pour désigner les grands électeurs qui choisiront qui d’Obama ou de Romney commandera la prochaine attaque contre l’Iran puis ordonnera le massacre suivant ?

La crise de la « démocratie » des ploutocrates, la crise de l’économie des nantis, ce n’est surtout pas le clash des civilisations – c’est seulement la lutte des classes qui s’exacerbe – c’est la lutte finale et demain nous serons le genre humain, voilà tout. Le secret est dans le tournemain pour extirper ces requins de leur tanière en place boursière et chez les banquiers où ils se sont terrés.

Comme les ouvriers, il faut commencer par défier leur légalité et ne pas s’y résigner. Osez refuser, vous verrez comme ce premier geste d’insoumission, de refus des compromissions vous fera plaisir et vous rendra fiers. Vous serez prêts pour le geste de déni-défi suivant : mettre au pilori leur dictature maquillée.

(1) http://urbarom.hypotheses.org/122

 

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VIDEO A TELECHARGER : "Mouseland" --- Quand une fiction décrit la réalité mieux qu'un long discours...

 

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La crise économique – La Chine – L’Afrique et l’Europe

(23 février 2012)

 

La semaine dernière nous avons entrepris la publication de cette étude d’économie politique en quatre volets portant sur la crise économique permanente qui frappe le monde contemporain. Nous partons d’une observation élémentaire : en synchronie, il y a d’un côté une nation prospère qui s’enrichit en nouvelle Arcadie (la Chine) ; un peuple qui vit dans un pays qui fait crédit et investit. De ce côté-ci une puissance ascendante qui étend son influence avec patience et consistance ; exporte ses marchandises et importe des matières premières qu’elle transforme en plus-value et qu’elle revend aux plus offrants.

De l’autre côté on observe une panoplie de puissances déclinantes, hargneuses et impatientes, qui importent tout ce dont elles ont besoin (ou presque) ; qui réempruntent pour payer l’intérêt de leurs dettes ; qui ne produisent presque plus rien ; des pays soumis à l’inflation lancinante, au chômage endémique, au crime social dépravant, à la révolte véhémente des ouvriers face à la méchanceté vindicative des affidés voués aux gémonies. De ce côté-là manifestation, imprécation et répression des soulèvements populaires contre la vie chère et la misère.

Y a-t-il un rapport entre ces deux mondes en synchronie et quel est-il, voilà notre problématique. Cette semaine nous allons examiner pourquoi des relocalisations industrielles similaires produisent des résultats opposés selon qu’elles sévissent en Chine ou en Afrique et quel est le rôle des pays impérialistes en déclin (États-Unis – Europe) dans tout ceci ?

LE MODÈLE ÉCONOMIQUE CAPITALISTE COMPRADORE (AFRIQUE)

La semaine dernière nous avons présenté la montée en puissance de la République populaire de Chine à partir des premiers actes de son industrialisation foudroyante jusqu’à son émergence sur la scène internationale (1). La Chine n’est pas une force latente, elle est déjà la première puissance industrielle – le premier pouvoir de l’économie réelle – et en passe de devenir la première puissance de l’économie marchande, spéculative et ‘capitalisante’, qui devrait déloger sa dernière concurrente de sa fragile estrade où sa flotte de guerre, son armée de terre et ses dépenses militaires somptuaires la maintiennent encore…précaire (l’Amérique en faillite effectue la moitié des dépenses militaires sur Terre avec de l’argent inexistant, grâce à sa planche à billets inflationniste). La folie guerrière américaine déchainée sous Reagan, amplifiée sous Bush et maintenue sous Obama, tire à sa fin. Un pays capitaliste n’est jamais longtemps plus puissant que son industrie le prétend, comme le Japon et l’Allemagne l’ont appris à leur dépend.

Quand les impérialistes américains et européens – trusts industriels, multinationales manufacturières et consortiums financiers – ont commencé à délocaliser leurs usines d’Occident pour s’installer dans des pays de pauvretés aux salaires de misère, sans bénéfices marginaux, sans sécurité sociale, sans charges fiscales, sans normes environnementales, sans sécurité d’emploi et sans sécurité sur les chantiers et en ateliers – autant de contingences qui ont un coût qui se répercute sur la valeur de la force de travail, sur le prix de revient des produits finis et sur les taux de profit en définitive –. Les commis voyageurs de la relocalisation et de la sous-traitance industrielle ont parcouru le Bengladesh, la Corée, le Viet Nam, la Thaïlande, l’Indonésie, Taiwan, le Pakistan, le Sri Lanka, la Chine ainsi que certains pays d’Afrique. Tous ces pays ont « bénéficiés » des investissements « bienfaisants » de l’Occident. Pourquoi ces investissements n’ont-ils laissés que misère dans nombres d’aires d’Orient et d’Afrique et pourquoi ces placements ont-ils permis à la Chine d’amorcer son « Take off » (décollage) industriel et économique ?

C’est que dans plusieurs de ces pays investis par l’impérialisme occidental la bourgeoisie nationale s’est transformée en bourgeoisie capitaliste compradore chargée :

A) d’administrer les usines ; de recruter la main d’œuvre à exploiter dans les « sweat-chop » locales ; de construire les infrastructures portuaires et de transport pour faire sortir soit la matière première brute soit les produits ouvrés à faible composition organique en capital (marchandises exigeant un fort apport en capital variable – beaucoup de force de travail – et un faible intrant en capital constant – peu de machinerie) (2).

B) d’assurer le maintien de l’ordre – la paix sociale – et réprimer dans le sang toute résistance du prolétariat local et des travailleurs en général, qui se rebellent parfois contre leurs conditions d’exploitation infernales.

Parfois, les différentes puissances impérialistes occidentales se disputent le contrôle d’une faction ou d’une autre parmi cette bourgeoisie compradore d’où les incessantes révoltes - « révolutions », guerres carnassières, soulèvements régaliens, tueries tribales (Gbagbo – Ouattara, Kadhafi – CNT, al-Assad – CNS, Kabila-Tshisekedi, Wade et opposants) jusqu’à ce que le potentat local gagnant soit celui adouber, qui par la France, qui par le Royaume-Uni, qui par les États-Unis, qui par la Russie, qui par la Chine, qui par l’Iran, etc. (3).

Pour ces multiples services rendus aux puissances étrangères la bourgeoisie mercenaire, larbins politiques et thuriféraires financiers, empochent prébendes, petits bénéfices, commissions illicites et valises de devises… Ces miettes tirées de la plus-value ouvrière extraite en néo-colonie ne sont jamais suffisantes pour construire une industrie lourde et une industrie des machines-outils conséquentes, ce que la métropole coloniale n’accepterait pas de toute manière. Si bien que plus de vingt ans après le début des transferts, ces pays ateliers sont toujours aussi déprimés. Pires, les salaires de famine, qui suffisent à peine à subvenir aux besoins élémentaires des familles indigentes, ne permettent même pas de constituer un marché national consistant qui pourrait permettre le développement d’une économie marchande importante sur laquelle les bourgeoises africaines pourraient s’appuyer pour prendre leur décollage économique national. La situation est différente en Amérique du Sud où une puissance impérialiste régionale – le Brésil – est parvenue à amorcer son « démarrage » et aujourd’hui le prolétariat brésilien a l’insigne honneur d’être exploité par la bourgeoisie brésilienne, parlant portugais, et faisant affaire dans le tiers-monde – pauvre parmi les pauvres (4).

Au début de ce processus de relocalisation (1989) et de sous-traitance industrielle de grande ampleur, les usines occidentales, relocalisées au Sénégal par exemple, rapatriaient en métropole l’ensemble de la plus-value spoliée aux ouvriers sénégalais sous-payés, car en métropole les rendements sur les placements boursiers, sur les prêts aux particuliers, sur les bons du trésor gouvernemental étaient alléchants et donnaient de bons rendement sans risque ni faux fuyant. Nous vivons sous le règne du capital financier, il ne faut pas l’oublier, et le capital de risque est sans cesse sollicité pour envahir le champ de la production industrielle, ou alors le champ de la spéculation foncière (construction domiciliaire, industrielle, commerciale, gouvernementale et d’affaires) ou encore le champ de la spéculation boursière, du crédit à la consommation et autres formes d’exploitation usuraire. Le rendement le plus intéressant attire l’investissement (5).

Le « Take off » sénégalais fut donc remis sine die et la bourgeoisie sénégalaise compradore, spoliée de « sa » plus-value ouvrière, demeura enchaînée à « ses » ouvriers trop pauvres pour acheter les produits bon marché fabriqués sur place dans les « sweat chop nationaux ». Impossible dans ces conditions de développer un marché régional pour absorber une production nationale quelconque. Il en est de même pour un pays comme la République du Congo qui voit partir ses métaux précieux non transformés, donc très peu porteurs de plus-value ouvrière et sans grande valeur marchande (6). Impossible dans ces conditions de développer une industrie lourde congolaise à l’abri de barrières tarifaires protectrices. Nous reviendrons plus loin sur ces notions de barrières tarifaires et d’économie post-industrielle (7).

LE MODÈLE D’ÉCONOMIE CAPITALISTE CHINOIS

La République populaire de Chine en décida autrement et la bourgeoisie nationaliste chinoise, s’appuyant sur le plein contrôle de son appareil d’État, imposa cinq règles de base aux capitalistes occidentaux, japonais, taiwanais et coréens qui souhaitaient relocaliser leurs usines en Chine (8). Ces cinq règles visent toutes à conserver sur place le « patrimoine de plus-value nationale ».

Premièrement, la plupart des entreprise étrangères souhaitant se relocaliser ou sous-traiter en Chine doivent établir un partenariat avec une firme chinoise qui règle générale possède la majorité du capital-actions de l’entreprise en copropriété. Ceci assure que la majorité de la plus-value absolue produite dans cette entreprise restera propriété des chinois, base de leur capitalisation et du développement des grands conglomérats qui aujourd’hui menacent les entreprises occidentales.

Deuxièmement, une entreprise qui s’installe en Chine doit assurer un transfert technologique source de plus-value relative (gain de productivité).

Troisièmement, une entreprise est invitée à introduire en Chine ses ingénieurs et ses ouvriers spécialisés mais elle doit aussi embaucher des ingénieurs et des ouvriers spécialisés chinois. La société Bombardier a décroché un contrat de fabrication de fuselage d’avion en Chine. Aujourd’hui, la société chinoise COMAC produit et commercialise l’aéronef ARJ-21 concurrent de la série C de Bombardier, présentant un merveilleux fuselage très aérodynamique. Voilà comment la Chine récupère la plus-value relative (ingénierie) produite par « son » prolétariat national.

Quatrièmement, certains secteurs industriels sont exclus des investissements étrangers importants. Ce sont les secteurs des ressources naturelles (mines, forêts, agriculture, pêches et énergie) ; la Chine ne souhaite pas devenir un fournisseur de matières premières non ouvrées – comme les pays dépendants d’Afrique le sont devenus – et voir la plus-value absolue de « ses » ouvriers s’envoler vers les paradis fiscaux « Off –shore ». Les secteurs de l’armement militaire et de l’aérospatial sont exclus des investissements étrangers pour des raisons évidentes. Les secteurs de l’industrie lourde tels fonderies, aciéries, alumineries, chantiers navals, base stratégique du développement économique en régime capitaliste ne sont pas ouverts au partenariat. Ce ne sont pas les services, l’« industrie du savoir » (sic), la consommation et le commerce, la finance et la bourse qui assurent le développement d’une économie impérialiste comme l’a prouvé le développement américain le siècle précédent et comme le prouve le développement chinois présent ; ce sont l’industrie lourde et l’industrie des machines-outils (production des moyens de production). C’est d’ailleurs ce qui explique la puissance industrielle, économique et financière exceptionnelle de l’Allemagne dans l’Union européenne. La Chine le sait et elle se réserve ces secteurs industriels.

Cinquièmement, toute entreprise implantée en Chine doit payer taxes, impôts et redevances selon les lois en vigueur dans le pays ce qui assure une source d’accumulation de plus-value que l’État capitaliste monopoliste chinois utilise ensuite pour assurer la construction des infrastructures d’exploitation (routes, ports, barrages, canaux, aéroports, etc.).

Enfin, la hausse régulière du salaire minimum et le rehaussement contrôlé de la valeur du Yuan (monnaie nationale) assurent la croissance du marché national, assise définitive du développement impérialiste chinois qui tente présentement de se libérer de sa dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs états-unien et européen.

La Chine utilise sa monnaie (le yuan) comme entrave à l’importation – barrière tarifaire et mur anti-dumping qui ne dit pas son nom –. La valeur du Yuan est maintenue artificiellement basse ce qui rend les produits importés très coûteux pour les chinois continentaux et décourage leur commercialisation. Cette politique protectionniste a un coût cependant : 1) le niveau de vie des chinois est maintenu artificiellement bas et ; 2) les prix des matières premières importées dont est si gourmande l’industrie chinoise sont élevés. Enfin, dernière conséquence de cette politique volontariste c’est que la valeur du yuan ne peut que s’élever avec le temps, si bien que chaque épargnant chinois – et ils sont nombreux parait-il – verra ses économies s’apprécier avec les années. Achetez du yuan si vous le pouvez.

LIBRE-ÉCHANGE ET ÉCONOMIE DE SERVICES « POST-INDUSTRIEL »

Des tas d’économistes vulgaires, engoncés dans leur science économique pré scientifique, nous songeons à l’ex-premier ministre Bernard Landry et ses forfanteries, à Jacques Delors ex-ministre des finances de France, à Jacques Attali qui prédit tout et sa contre-partie, à Michel Rocard, chantre de l’Euro, et à DSK, économiste sans pantalon de triste renom, tous ces laudataires battent la chamade pour expliquer aux prolétaires que l’avenir appartient au libre-échange, à l’« industrie du savoir » (sic), à l’économie des services post-industriels, à la spéculation boursière et aux banques ; que s’endetter c’est s’enrichir ; que les barrières tarifaires entravent le commerce et la richesse… Fadaises redondantes que certains colportaient dans les colloques jusqu’à ce jour du 21 janvier 2008, jour où leur univers « post-industriel » s’écroula ; s’effondra la vacuité de ces billevesées pseudos scientifiques et ne demeura qu’un vaste gouffre financier où disparurent des milliards de chiffons – des actions, des obligations, des hypothèques et des produits dérivés, du papier sans valeur en définitive. Ne subsistèrent que des usines vidées – des forces productives industrielles sous utilisées et des ouvriers, l’armée de réserve des chômeurs et des assistés désœuvrés – inutilisée et sans valeur marchande.

Les ouvriers savent déjà que plus ils s’endettent moins ils sont riches et que plus ils travaillent moins ils gagnent et que plus se déprécie leur valeur d’échange et plus s’affaisse le prix de leur survie. Mais ils n’ont aucune prise sur le monde de la finance, ni sur les mécanismes de l’échange, ni sur la propriété privée des moyens de production source de toutes leurs souffrances. Les travailleurs savent, ces damnés de la terre qui vitupèrent, que la démocratie des riches n’est qu’éphémère panacée manigancée par ceux qui ont le fric pour diriger le baudrier électoral.

QU’EN EST-IL DE CETTE CRISE INTERMINABLE ?

Le modèle d’exploitation impérialiste du tiers-monde fonctionnait pourtant, et l’accaparement de la plus-value métropolitaine, et la récupération de la plus-value lointaine (néocoloniale) permettaient de compenser les pertes d’emplois productifs suite aux délocalisations industrielles. En « mère-patrie » les emplois se multipliaient dans le tertiaire prometteur, ingénieur, administrateur, superviseur, vendeur, revendeur, grossiste, détaillant, décorateur, dessinateur, informaticien, designer, publicitaire, styliste, modiste, photographe, bookmaker, artiste, infirmière, enseignant, serveur, maître d’hôtel, femme de chambre, plongeur et tutti quanti, des milliers de métiers différents laissant subodorer que les bases de l’économie capitaliste avaient changé et que maintenant il n’était plus nécessaire de produire des biens tangibles, des produits, des marchandises sonnantes et trébuchantes mais qu’il suffisait de les vendre, de les « monnayer » sur les marchés et de faire du profit avec du vent, en spéculant.

En pays impérialistes comme le Canada, la France, les États-Unis, entre 75 % et 78 % de la main d’œuvre active s’active dans le tertiaire et le quaternaire parasitaire à des métiers variés mais qui ne produisent aucune plus-value. Ces gens dépensent la plus-value produite par les 25 pour cent restants de la main d’œuvre œuvrant dans les usines du secteur secondaire et dans les mines, la forêt, la mer et la terre du secteur primaire les bases fondamentales de la richesse sociale.

« La plus-value produite par la classe ouvrière ne reste pas tout entière entre les mains des capitalistes exploitant directement les ouvriers dans le procès de production : une partie de cette plus-value passe aux commerçants sous forme de profit commercial, une autre passe aux banquiers sous forme d’intérêts, une autre va dans la poche des propriétaires fonciers sous forme de rente foncière (loyer et hypothèque NDLR) et le reste constitue le profit de l’industriel. La plus-value se divise en plusieurs parties et affecte plusieurs formes : profit (industriel et commercial.) intérêts et rentes. » (9).

L’investissement en capital ce n’est finalement que de la plus-value ouvrière spoliée et cristallisée, morte, que le travail ouvrier fait revivre pour produire de la nouvelle plus-value vivante à spolier à nouveau, et à redistribuer à nouveau dans les différentes branches de l’économie.

LE CRASH BOURSIER DE JANVIER 2008

Revenons au crash boursier survenu en janvier 2008. Tant que les cartels internationaux rapatriaient leurs dividendes (plus-value cristallisée) en métropole (France, États-Unis, Allemagne, Italie, Canada, etc.), l’afflux de capitaux – taxes et impôts sur les bénéfices aidant ; emplois tertiaires étant – l’économie-de-service-et-du-savoir-post-industrielle donnait l’impression de fonctionner normalement, les milliardaires étaient toujours plus milliardaires et toute une couche de petit-bourgeois vivait de la plus-value redistribuée.

Un jour vint toutefois où de plus en plus d’entreprises impérialistes occidentales détournèrent une large partie de leurs bénéfices provenant d’outre-mer vers des paradis fiscaux « Off-shore » sans droits ni lois. La moitié des flux financiers internationaux transitent ainsi par ces paradis fiscaux non assujettis aux lois ni au fisc. C’est que pour le capitaliste il n’est plus financièrement intéressant de ramener la plus-value (sous forme de capital financier) dans les pays endettés d’Europe et d’Amérique et de convertir leurs deniers en dollars ou en euros dévalués. Un premier ministre canadien, donnant l’exemple à ses concitoyens, avait inscrit sa flotte de transport maritime à ce régime fiscal amaigrissant aux Iles Caïmans.

Qui plus est, les capitalistes commencèrent à rechigner à payer taxes, droits, redevances et impôts sur l’autre moitié de la plus-value non encore détournée. Qu’à cela ne tienne, Ronald Reagan, Margaret Thatcher, Bush, Sarkozy et Harper, suivis de tous les politiciens poltrons des environs firent amende honorable, et s’amorça une vague de cadeaux fiscaux pour riches aigris sous prétexte de libérer le crédit afin de créer des emplois, que l’on cherche encore de surcroit.

Les emplois industriels producteurs de plus-value continuent d’être délocalisés vers les pays de misère et les travailleurs des pays impérialistes en déclin continuent d’aller grossir les rangs de l’armée de réserve des chômeurs et des assistés, si bien qu’au lieu de rapporter des impôts et des taxes ces ex-travailleurs coûtent à la collectivité alors que les riches menacent de fuir le pays si on leur retire le pont d’or fiscal qu’ils se sont octroyé. C’est ainsi que l’on construit des budgets toujours plus profondément déficitaires.

L’État d’une puissance en déclin est confronté à un dilemme cornélien : les riches ne veulent pas payer ; les ouvriers ne peuvent pas payer ; la plus-value importée s’est éclipsée ; les dépenses gouvernementales sont incontrôlées ; les dépenses militaires se font somptuaires pour réprimer ; les emprunts pharaoniques sont contractés à des taux léonins et l’usurier financier attend sa proie dans l’antichambre de l’Élysée, de la Maison Blanche et du 10 Downing Street muni d’une offre que le politicien bourgeois ne peut refuser, comment échapper à sa destinée ?

Comme si ce drame épique d’un monde en déclin ne suffisait pas, voici s’avancer la super puissance industrielle et commerciale des Hans, d’une ampleur et d’une vigueur que vous ne pouvez soupçonner. Un milliard d’ouvriers à exploiter grâce aux technologies les plus sophistiquées jamais imaginées. « Quand la Chine s’éveillera le monde tremblera » écrivait le romancier. Le dragon est déjà éveillé et il brasse les cartes et refait la donne sur l’ensemble de l’échiquier. Ce n’est pas l’incident du onze septembre 2001 qui a chamboulé le monde c’est le rugissement du dragon qui redéfinit l’équilibre industriel, économique, politique et financier.

Le diable de la finance, à qui l’État capitaliste a vendu son âme, attend à la porte du parlement, de la Chambre des représentants le kilogramme de chair qu’on lui a promis contre un instant de de survie… l’heure avance et il s’impatiente…

LA SEMAINE PROCHAINE : PEUT-ON RÉINDUSTRIALISER L’AMÉRIQUE ET L’EUROPE !

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(1) http://www.legrandsoir.info/la-chine-puissance-imperialiste-triomphante.html

(2) Le capital constant est représenté par la valeur des moyens de production (bâtiments, machines, matières premières, énergie, etc.) qui n’est que de la plus-value cristallisée et réinjectée dans le processus de production de plus-value. Le capital variable est la valeur de la force de travail engagée dans une usine (que les économistes bourgeois appellent le salaire et les bénéfices marginaux) mise en jeu dans la production de la plus-value élargie de cette entreprise. La composition organique du capital est le rapport entre ces deux composantes. Une manufacture fabriquant des chemises nécessitera beaucoup de main d’œuvre (capital variable) et produira beaucoup de plus-value absolue alors qu’une aluminerie entièrement mécanisée (à fort capital constant - ces machines-outils coûtant très cher) produira plus de plus-value relative et aura une forte composition organique en capital. http://fr.wikipedia.org/wiki/Plus-value_%28marxisme%29

(3) La plupart des bourgeoisies compradores africaines n’ont jamais véritablement contrôlé l’appareil d’État, ni les leviers financiers fondamentaux. Qu’il suffise de rappeler que quatorze pays de la zone Francafrique utilisent le Franc CFA, assujettis à l’Euro, une monnaie gérée, administrée et contrôlée par la Banque de France. Des bases militaires étrangères quadrillent toute l’Afrique. Aucune base militaire étrangère n’occupe le sol de la Chine continentale. http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article5453

(4) Quelques états comme Taiwan, la Corée du Sud et la République Sud-africaine sont parvenues à tirer leur épingle du jeu.

(5) La démonstration vaut pour la France, le Royaume-Uni, le Canada, l’Allemagne ou pour d’autres pays impérialistes.

(6) « Quelle est l'origine de cette plus-value ? Elle ne peut ni venir du fait que l'acheteur a acheté les marchandises au-dessous de la valeur, ni du fait que le vendeur les a revendues au-dessus de la valeur. Car, dans les deux cas, les gains et les pertes de chaque individu se compensent, puisque chacun est tour à tour acheteur et vendeur. Elle ne peut provenir non plus du vol, puisque le vol peut sans doute enrichir l'un aux dépens de l'autre, mais il ne peut pas augmenter la somme totale possédée par l'un et l'autre, non plus, par conséquent, que la somme des valeurs circulantes en général. » http://fr.wikipedia.org/wiki/Plus-value_%28marxisme%29

(7) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/libre-echange-et-mondialisation-108283

(8) Vincent Gouysse. Le réveil du dragon. Septembre 2010. www.marxisme.fr

(9) L. Ségal. Principes d’économie politique. Éditions sociales internationales. 1936. P. 54.

http://www.marxisme.fr

 

 

 

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La Chine : puissance impérialiste triomphante

(16 février 2012)

 

Il était une fois un pays immense aux paysages bucoliques, rempli d’un milliard de paysans paisibles qui travaillaient fiévreusement la terre généreuse pour en tirer leur riz quotidien. Un jour d’infortune, suite à une révolte de palais à la Cité interdite, manigancée par des nationalistes « infiltrés » au sein du Parti Communiste bien aimé, le pays sombra dans les ténèbres et la Chine socialiste redevint capitaliste comme avant la Révolution démocratique dirigée par le Grand timonier (1949).

Du jour de ce retour au mode de développement antique, la République populaire de Chine (RPC) se lança dans un processus de développement capitaliste débridé, puis, destinée inhérente à ce régime économique, elle passa à la phase impérialiste triomphante. La Chine en est là aujourd’hui. Sa classe monopoliste montante étend son emprise sur de nouveaux marchés extérieurs, elle exploite la main d’œuvre chinoise et étrangère dans certains pays d’Asie, s’empare des ressources naturelles de pays néo coloniaux d’Afrique ; elle prête ses capitaux ou s’approprie des entreprises internationales pour accaparer leurs technologies de pointe et leurs marchés. Elle vend des armes à certains pays en guerre active ou larvée (Pakistan, Myanmar). La RPC fait tout ce qu’un pays impérialiste doit faire car elle est consciente que la répartition de la plus-value mondiale dépend de la place occupée par un grand pays au sein de la nouvelle division internationale du travail.

Étant donné qu’au stade impérialiste de développement économique mondial, tous les marchés, toutes les zones de ressources naturelles et toutes les aires d’exploitation de la main d’œuvre sont déjà accaparés par l’une ou l’autre des puissances impérialistes en piste, la Chine n’a pour alternative que de mener des guerres commerciales, financières et monétaires de conquête afin de REPARTAGER les zones d’influence et d’exploitation hégémoniques.

Pour le moment, les méthodes d’expansion chinoise sont différentes des méthodes utilisées par les États-uniens qui eux amorcèrent leur épopée par le génocide des peuples amérindiens et par des guerres militaires contre leurs voisins (Mexique, Canada, Haïti, Cuba), et qui depuis leur apogée ne cessent de mener des agressions partout dans le monde. Pour sa première phase d’expansion impérialiste, la Chine joue la conciliatrice et tente, autant que faire se peut, d’apaiser le jeu de la concurrence entre les trois blocs impérialistes opposés – L’Union de l’Euro – l’ALENA du Dollar – l’Alliance de Shanghai du Yuan –. Mais cette retenue et cette diplomatie ne doivent pas faire mirage, la Chine impérialiste commence à s’armer et quand les États-Unis deviendront trop menaçants – eux qui viennent de déplacer leurs flottes de guerre vers le Pacifique – l’empire du milieu sera prêt à riposter.

En aucun temps on ne saurait considérer ce portrait de l’économie chinoise comme une contribution à l’hystérique ‘péril jaune’. Les peuples du monde, y compris les peuples chinois, américain, canadien et français, ont d’abord comme ennemi leur propre bourgeoisie nationale et ils doivent refuser de mourir pour défendre leurs capitalistes nationaux contre les capitalistes nationaux étrangers. Voici le portrait d’un géant au pays des superlatifs. Prenez garde cependant, ces statistiques éloquentes de puissance dissimulent la Chine d’en bas, celle de l’arrière-pays, la Chine du tiers monde (1).

SUPERFICIE - POPULATION – PIB - CROISSANCE

En superficie la Chine est le 4e pays du globe avec 9 596 961 km2 et le premier par sa population soit : 1,33 milliards d’individus (plus de 1/6 de la population mondiale) ; la population travailleuse est de plus de 820 millions d’individus et près de 95 % de la population est alphabétisée (2). La Chine compte 200 villes de plusieurs millions d’habitants (contre 39 en Europe). Son produit intérieur brut (PIB) est de 8 765 MM $ (2e)[ et il croît en moyenne de 9 à 11 % par année (contre 1 à 3 % hors inflation pour les pays impérialistes en déclin) (3). Le PIB par habitant est de 8 600 $ (95e), par contre 55 millions de chinois gagnent plus de 45 000 $ par année et la Chine compte 271 milliardaires « rouges » et 960 000 millionnaires « pourpres » ; 70 multimillionnaires siègent à l’Assemblée nationale populaire pendant que 20 % des chinois vivent pauvrement (4). La répartition de la richesse est identique à celle que l’on retrouve dans des pays impérialistes comme Israël, la France ou les États-Unis.

Le secteur de la production industrielle, source de toutes richesses sociales – que l’on identifie au secteur secondaire en Occident – fournit 47 % du PIB (contre 20 % dans les pays impérialistes « post-industriel, tertiarisés et de services ! »). Depuis quelques années, grâce à cette industrialisation poussée, la Chine fournit 33 % de la croissance économique mondiale (1er). (5) L’inflation est de 3,3 % et le taux de chômage de 4,4 % (contre 9 à 15 % dans les pays impérialistes en déclin) (6).

En Chine, les 500 plus grands monopoles (étatiques ou privés) cumulent 720 MM $ d’actifs et 242 MM $ de chiffre d’affaires annuel soit l’équivalent de 91 % du PIB industriel du pays ce qui donne une idée du niveau extrême de concentration monopolistique. Exactement 61 entreprises chinoises figurent dans le Fortune Global 500 et elles comptent pour 11,5 % des profits de ces grandes corporations mondiales.

ÉNERGIE

La Chine consomme 2,43 milliards de tep d’énergie annuellement (1er). Elle produit 4,206 TWh d’électricité majoritairement d’origine thermique (charbon) dont 721 TWh d’origine hydroélectrique (1er). Elle vient de mettre en service une ligne de haute tension de 1 330 Km de longueur à 660 kV (3e). La Chine devrait détenir 380 GW de puissance hydroélectrique installée en 2020 (1er). Le pays développe rapidement sa filière nucléaire. Il possède 13 réacteurs en opération et 26 en construction soit 40 % des réacteurs en construction dans le monde (1er) pour une puissance de source nucléaire cumulée qui atteindra 39,5 GW (1er) en 2015. La part de technologie chinoise est de 77 % dans la construction de ces réacteurs de 3e génération (CPR-1000 et bientôt CAP-1400 MW de 4e génération). Elle exportera cette technologie sous peu (7).

La Chine possède 44,73 MW de capacité installée (1er) ou 22,7 % des capacités éoliennes en opération dans le monde (les États-Unis sont 2e avec 20,4 %). Elle développe un générateur éolien de 6 MW muni de pales de 128 mètres de diamètre, rejoignant ainsi l’Allemagne, seule protagoniste dans la maîtrise de cette technique. Elle a commencé à exporter sa technologie éolienne et les constructeurs chinois occupent les 3e, 5e et 7e places au top dix des fournisseurs mondiaux.

MÉTALLURGIE – CIMENT

La Chine détient le monopole non pas de l’exploitation mais de l’exportation des terres rares dans le monde, minerai si important pour les entreprises de haute technologies (184 $ du kilogramme pour 103 900 tonnes de production annuelle (1er) (8).

Alors que la production mondiale d’acier était de 1 413 millions de tonnes, la Chine a produit à elle seule 626 millions de tonnes (44 % - 1er). En 2010, les USA ont fourni 80 millions de tonnes d’acier (5,7 % - 3e). La production chinoise a augmenté de 80 millions de tonnes en 2011, l’équivalent de la production américaine totale. La République « rouge » produit annuellement tout près de 1,3 milliards de tonnes de minerai de fer et 1,7 millions de tonnes de charbon (2011, 1er), loin devant tous ses concurrents. La Chine produit 40 % de l’aluminium du monde (1er) suivie par l’Amérique du Nord (11,6 %). Elle produit aussi 9 millions de tonnes de cuivre (1er) et consomme toute sa production (1er). Elle produit au total 31 millions de tonnes de métal non ferreux (1er) qu’elle consomme entièrement (1er). La Chine impérialiste exporte des produits finis (ouvrés) et non pas des matières premières comme l’impérialisme canadien décadent ou comme le Nigéria sous-développé. L’empire chinois produit et consomme 1,88 milliards de tonnes de ciment, soit 56 % de la production mondiale totale (1er). Ce qui signifie que l’on construit davantage en Chine que dans tout le reste du monde.

Pour le développement d’une économie vigoureuse et indépendante, il est primordial qu’un pays soit autosuffisant dans la production de ses machines-outils. En 2010 la République populaire fournissait 30 % de la production de l’industrie mécanique mondiale (20 milliards $ - 1er) et elle a installé dans ses usines 41 % de toutes les machines-outils produites dans le monde (1er), contre 3 % (production) et 4 % (consommation) pour les États-Unis ! Les états-uniens sont devenus industriellement un lilliputien autosuffisant !

L’entreprise Taïwanaise Foxconn qui fournit Apple, Dell et HP emploie un million de travailleurs en Chine continentale. Samsung et LG, les deux premiers constructeurs mondiaux de téléviseurs, investiront 6,3 milliards $ cette année pour opérer une immense usine de fabrication en Chine.

RECHERCHE

Le million quatre cent mille chercheurs chinois (2e) œuvrant dans plus de mille centres de recherche ont déposé 391 000 demandes de brevets d’invention (2e). Le rythme d’augmentation de ces dépôts est de 20 % par année depuis 2003 (1er). La Chine est déjà le deuxième dépositaire de brevets en nanotechnologie. La construction d’un radiotélescope de 500 mètres (1er) va bon train dans la province de Guizhou – le 2e radiotélescope du monde, l’américain Arecibo ne fait que 300 mètres –. Le submersible habité Jiaolong a atteint 5 178 mètres dans les profondeurs océaniques (3e). Enfin, la Chine consacre 1,75 % de son PIB à la R&D. Le 12e Plan quinquennal prévoit que ce sera 2,2 % en 2015 (1er).

Les informaticiens chinois ont dévoilé le supercalculateur Tianhe-1A basé sur la technologie Intel mais aussi sur le processeur chinois FeiTeng-1000. Le pays possède maintenant 12,1 % des Top 500 supercalculateurs dans le monde. INTEL investit 2,5 MM$ dans la construction d’une gigantesque usine de circuits intégrés dans la zone de Zhongguancun, la prospère « Silicon Valley » chinoise. La Chine compte 550 millions d’internautes. Elle appuie la firme Baidu qui offre son propre système de navigation et possède 10 satellites en orbites pour offrir son service « Map World » (concurrent de Google Earth). La société chinoise Lenovo est devenue le 3e constructeur de micro-ordinateurs PC avec 12,2 % des ventes mondiales derrière Hewlett-Packard et Dell (qui ne sont que des commerçants faisant construire leurs ordinateurs à Taiwan et en Chine).

La revue française Le Point, mettait l’Occident en garde l’an dernier à propos du danger que les géants chinois de l’électronique ne détiennent un quasi-monopole mondial sur la fourniture d’équipements de télécommunications (9). Alors que les États-Unis ont abandonné leur programme spatial faute d’argent, la Chine a conduit avec succès 15 lancements orbitaux (2e). Elle a placé en orbite cinq satellites de recherche et d’observation de type Beidou de conception entièrement chinoise et lancé sa deuxième sonde lunaire Chang’e-2 préparant les prochains alunissages prévus d’ici 2015. Elle a lancé son propre programme de positionnement satellitaire, et son lanceur Longue Marche 5 (25 tonnes de charge utile) lui permettra de poursuivre son propre programme de station spatiale habitée dont le premier module Tiangong-1 serait déjà en orbite.

TRANSPORT

L’industrie automobile chinoise produit 18,26 millions d’unités par année (2e) et absorbe 18,06 millions d’unités par année (1er marché mondial). L’industrie chinoise de l’automobile fournit plus de la moitié de son propre marché national (11,3 millions de véhicules) et exporte dans 77 pays, elle menace de ravir la première place mondiale sous peu. La Chine compte 74 000 km d’autoroutes et en comptera 108 000 km à la fin du 12e plan quinquennal, davantage que les États-Unis à l’horizon 2015. Il a suffi de 4 ans pour construire une voie ferrée à grande vitesse de 1 318 km entre Shanghai et Beijing comprenant trois des plus longs ponts au monde. La Chine comptera 120 000 km de voies ferrées toutes catégories à l’horizon 2015 et elle compte déjà 8 350 km de voie ferrée pour trains à grande vitesse (1er) alors que 18 nouvelles voies à grande vitesse sont présentement en chantier. L’État de Californie ne trouve pas le financement pour construire sa première voie à grande vitesse entre San Francisco et Los Angeles. L’entreprise chinoise CSR est devenue la première entreprise de fabrication de trains au monde devant Bombardier et Alsthom.

En sept ans la Chine a construit sept des plus grands ponts au monde – entre 79 et 164 km chacun –. Au Canada, il faudra 10 ans pour reconstruire le pont Champlain sur le fleuve Saint-Laurent long de 2 km ! Le dragon chinois possède déjà le plus long pont maritime au monde (41 km) avec autoroute à 6 voies (contre 38 km pour le Pontchartrain américain). La ville de Shanghai dispose du métro le plus long et le plus moderne au monde et celui de Pékin détient la 4e position mondiale.

En 2010, la Chine a produit 62 millions de TPL soit 42 % du tonnage cargo construit et livré dans le monde (1er) ; la Corée, au deuxième rang, a livré 46 millions de TPL. En 2012 la Chine détient 57 millions de TPL ou 46 % des commandes mondiales de navires. La production états-unienne de navires est trop insignifiante pour apparaître dans les statistiques mondiales. La Chine détient 40 cales pour cargos VLCC et 7 cales géantes sont présentement en construction (1er). La Grèce n’a aucune chance de s’en relever.

L’entreprise COMAC a enregistré une centaine de commandes pour son avion commercial le C919, 168 places et 200 commandes pour l’ARJ-21. La Chine compte 175 aéroports. La flotte commerciale chinoise est de 2 600 aéronefs ; plusieurs centaines sont en commande auprès des avionneurs du monde entier. La firme AVIC fabrique l’hélicoptère civil AC311 qu’elle vend 15 % moins cher que ses concurrents étrangers.

La Chine opère son premier porte-avions militaire, le Shi Lang (ex-Varyag russe réaménagé), affrété par l’APL (302 mètres et 67 000 tonnes pour 50 avions de combat embarqués). Trois autres porte-avions militaires entièrement chinois sont en construction à Dalian et à Jiang nan près de Shanghai. Les États-Unis détiennent onze porte-avions plus puissants et voudraient les remplacés mais n’ont pas les crédits requis. En 2010, la République populaire a fait voler son premier avion de combat de 5e génération, le furtif j-20 un biréacteur comparable au F-35 JSF et au F-22A américains. La Chine produit en série le char d’assaut de 4e génération le 99KM, un mastodonte de 75 tonnes, 2 100 CV, canon de 155 mm pour missiles à tir téléguidé (brouillage des dispositifs optiques adverses à bord, etc.).

COMMERCE & TOURISME

La Chine c’est grosso modo 10 % du commerce mondial, le deuxième pays exportateur-importateur au monde. En 2010, 1,580 MM $ d’exportation et 1,390 MM $ d’importation pour une balance excédentaire de 190 MM $ – la même année aux États-Unis la balance commerciale fut déficitaire (672 MM $) pour la trente cinquième année consécutive.) (10).

La Chine est devenue la 3e destination touristique au monde ; 56 millions de touristes ont rapporté 235 MM $. Les ventes au détail représentent 40 % du PIB de cette super puissance industrielle, en hausse de 18 % en glissement annuel (contre 70 % du PIB aux États-Unis – pays de consommation et de services en faillite). On ne peut maintenir une économie qui ne fait que consommer sans jamais produire, preuve indiscutable qu’une économie nationale tertiarisée, et de consommation, et de services, et du savoir, et post-industrielle et bla-bla-bla ça existe mais ça fait faillite après trente-cinq ans environ – (11).

CAPITAUX

La dette publique de la Chine industrialisée est de 17,5 % de son PIB (contre + 160 % pour les États-Unis des services tertiarisées post-industriels) (12). Bon an mal an le budget gouvernemental est légèrement déficitaire – environ 100 MM $ soit 10 % des recettes fiscales – (contre 1 500 MM $ de déficit annuel états-unien issu de l’économie du savoir !).

Cinq trusts bancaires monopolistes étatiques régulent le crédit chinois. Ces cinq banques ont engrangé 79,5 MM $ de bénéfices pour un chiffre d’affaires de 291,6 MM $ en 2010. Ce sont les banques les plus rentables au monde elles s’appuient sur une industrie puissante et florissante.

Le pays du dragon attire chaque année plus de 100 MM $ d’investissement industriel alors que les États-Unis attirent davantage en investissement financier spéculatif parasitaire. La Chine a mis sur pied sa propre agence de notation, l’agence Dagong vers laquelle se tournent fréquemment les investisseurs déçus des manipulations qui entachent la réputation de Standard & Poor et Moody’s. Ce n’est qu’une question de temps avant que la première déclasse les secondes.

Les entreprises d’État chinoises ont réalisé 331 MM $ de profits en 2010. Ces entreprises « socialistes » détiennent 20 % de leurs actifs à l’extérieur de la Chine d’où elles tirent pourtant 37 % de leurs bénéfices nets, ce doit être la forme d’aide « internationaliste » que les milliardaires chinois réservent à L’Afrique pauvre.

Les investissements chinois en capital fixe ont été de 5 500 MM $ ou 65 % du PIB annuel en hausse continuelle d’une année sur l’autre. Les réserves de change et d’or de la RPC industrialisée sont de 3 197 MM $ soit le triple de ce qu’administre le Fonds Monétaire International (FMI) pour l’ensemble de la planète. En 2010, la République chinoise a prêté 110 MM $ aux pays en voie de développement, plus que la Banque Mondiale à laquelle contribuent tous les autres pays de la planète. Elle possède pour le meilleur et pour le pire 1,500 MM $ de bons du trésor américain et 888 MM $ de créances européennes. Elle investira 100 MM $ supplémentaires en Afrique au cours des prochaines années où 1 600 entreprises chinoises s’activent déjà à récolter la plus-value du prolétariat africain. Seulement en Libye, elle avait amorcé des projets pour 18 MM $ avant l’invasion de l’OTAN. L’ex-premier ministre français Raffarin appelle la Chine « Le banquier du monde ». Ça ressemble à une évidence.

L’empire est aujourd’hui dans la situation où se trouvaient les États-Unis d’Amérique à la fin de la deuxième guerre mondiale et le Japon à la fin des années soixante-dix, mais avec immensément plus de potentiel de développement.

Nous anticipons une période historique où le prolétariat chinois, passant d’une situation d’extrême détresse et de grande pauvreté, verra peu à peu sa situation s’améliorer – à titre d’exemple un programme de soins de santé universel sera mis sur pied au cours de l’année – bénéficiant des milliards de plus-value que la bourgeoisie monopoliste d’État et la bourgeoisie privée chinoise (intimement interdépendante) iront spolier de par le monde pour les ramener en métropole assurant que des miettes offertes aux ouvriers les entraveront de chaînes chromées garantissant leur tranquillité – jusqu’au jour où les charges sociales et les salaires ayant tellement augmentés – le dragon se résigne à délocaliser ses usines pour aller exploiter le prolétariat du Myanmar, Viet Nam, Bengladesh, Côte-d’Ivoire et Sénégal. Et ainsi tournera la roue capitaliste (13).

Voilà l’Empire du milieu comme il était coutume de l’appeler à l’époque de Marco Polo. Empire du milieu car les empereurs chinois aimaient croire leurs mandarins qui affirmaient que la Chine de sa gracieuse majesté impériale était le centre du monde. Le prolétariat chinois devra un jour reconquérir le pouvoir politique qui lui a été usurpé tout comme le prolétariat américain devra un jour s’emparer du pouvoir politique qu’il n’a jamais assumé.


La semaine prochaine : La spécificité du modèle capitaliste chinois.

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(1) « La pauvreté touche un Chinois sur quatre. » http://www.alternatives-economiques.fr/la-pauvrete-touche-un-chinois-sur-quatre_fr_art_98_9570.html

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_populaire_de_Chine

(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_populaire_de_Chine. Les statistiques économiques sont de 2010. Nous indiquons l’année quand il en est autrement. Les valeurs monétaires sont indiquées en dollars américains USD par le symbole $. Partout il est écrit MM $ pour milliards de dollars.

(4) « Chez les puissants de la planète, la crise est bien oubliée : le nombre total de milliardaires est de 1 210 en 2011, un record absolu depuis les vingt-cinq ans d'existence de ce classement. Tous ensemble, ces oligarques pèsent 4 500 milliards de dollars (…) "La Chine a vraiment donné le la cette année", a renchéri Luisa Kroll, une des responsables de la rédaction. Selon elle, "il est plus facile de devenir riche aujourd'hui en s'installant à Shanghai " qu'ailleurs. ». http://www.lemonde.fr/international/article/2011/03/09/classement-forbes-record-absolu-du-nombre-de-milliardaires-dans-le-monde_1490845_3210.html

(5) Nous indiquons entre parenthèses le rang mondial de la Chine comme ceci (1er). http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tats-Unis#.C3.89conomie

(6) http://www.alternatives-economiques.fr/l-inflation-dans-le-monde-de-1999-a-2011_fr_art_1107_55989.html . On compte 205 millions de chômeurs dans le monde.http://www.populationdata.net/index2.php?option=article&aid=832&article=-205-millions-de-chomeurs-dans-le-monde

(7) Une grande partie des statistiques et des informations proviennent du volume de Vincent Gouysse. 2010-2011 : Le réveil du dragon s’accélère. 2011. www.marxisme.fr, et http://www.orgcomfr.com/analyses.html

(8) http://fr.wikipedia.org/wiki/Terres_rares

(9) http://Lepoint.fr 20.12.2010.

(10) http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/etats-unis/201202/10/01-4494563-le-deficit-commercial-americain-se-creuse-plus-que-prevu.php et http://translate.google.ca/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://news.xinhuanet.com/english2010/china/2011-01/10/c_13683747.htm

(11) http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=28727

(12) « Si l’on ajoute aux dettes publiques, les dettes des GSE garanties par l’État le périmètre de la dette fédérale passe de 13871 Md de $ à 21464 Md de $, soit 145,6 % du PIB. Et si l’on veut calculer l’ensemble des dettes publiques (État fédéral et administrations subfédérales) et parapubliques (GSE), le chiffre de la dette grimpe à 23881 Md de $, soit 162 % du PIB. ». http://criseusa.blog.lemonde.fr/2011/01/05/dette-publique-et-dette-privee-aux-usa-fin-2010/

(13) http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-chine-imperialiste-96817

 

 

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Les « Indignés » après le sommet du G-20

(10 novembre 2011)

 

LES RÊVES DES INDIGNÉS

Qu’ont en commun les « Indignés », Michael Moore et Noam Chomsky ? Ces trois personnages – très médiatisés – ont un point en commun : ils rêvassent tous les trois. Non seulement ils rêvent mais chacun d’entre eux prend ses rêves pour la réalité, et chacun croit que, s’il rêve assez fort, il parviendra à transformer le monde. Malheureusement, ce monde cruel dans lequel nous souffrons ne changera pas par l’action des « Illuminatis » et de la pensée magique. Leurs rêves pourront changer et leurs laisser croire que le monde change, mais ce ne sera qu’illusion, fumisterie, fantasme, frustration et désillusion.

Ce monde d’anarchie de la production, où la famine côtoie le gaspillage éhonté des aliments ; ce monde où l’accumulation des profits astronomiques côtoie la pauvreté dégradante ; ce monde de guerres néo-coloniales pour le repartage des marchés, de repartage des zones d’extraction des matières premières, et de repartage des secteurs d’exploitation de la plus value ouvrière entre puissances impérialistes, à la fois complices et concurrentes, est un objet bien réel – pas du tout évanescent. Ce monde repose sur la dictature violente des riches, la dictature d’une oligarchie – comprenant moins d’un pour cent de la population mondiale incidemment –, soutenue par tout un appareil étatique violent – avec ses cours de justice, ses prisons, ses bagnes, ses corps de police, ses agences privées d’assassins de sécurité, ses armées, ses réservistes et ses potences, ses chaises électriques et autres moyens de terreur collective.

Tout individu qui n’expose pas ces faits élémentaires – criants de vérités – à ses auditeurs, à ses lecteurs ou à ses téléspectateurs est un naïf dangereux, un mystificateur cynique, ou un opportuniste machiavélique. La semaine dernière les « Indignés » d’Oakland – Californie – l’ont appris à leurs dépens. Fort heureusement, ils n’ont pas déguerpi et ils ont affronté, casqués et armés, les forces du désordre venues les frapper du plein poids de la loi. Félicitations aux révoltés d’Oakland, ils sont devenus l’exemple à suivre pour tous ceux que l’on voudra dorénavant chasser des lieux où ils sont campés (1).

LES DEMANDES DES INDIGNÉS

Ils sont, dit-on, des milliers d’« Indignés » de par le monde, squattant neuf cents parcs urbains dans autant de municipalités, s’attendant tous à être expulsés, à résister et à être emprisonnés. Que réclament tous ces « Indignés » ? Un récent document publié sur Internet répond à cette question.

« Un mouvement inédit, impulsé par la jeunesse des classes moyennes, une vague de fond anticapitaliste et libertaire, qui attaque les fondements de la société américaine. Après les avoir regardés de haut, pressés par une opinion publique majoritairement favorable au mouvement contestataire, les médias prennent désormais celui-ci au sérieux. (…) l'hebdomadaire The Week se demande si « Occupy Wall Street » fait émerger un « Tea Party de gauche ». Le fameux Tea Party a d'ailleurs pris un coup de vieux et certains de ses membres vont même jusqu'à apporter leur soutien aux Indignés, espérant ainsi surfer sur la vague contestataire. Le Président Obama lui-même s’est senti obligé de déclarer « Je comprends la colère qui s'exprime dans ces manifestations » (2).

Voilà qui nous en apprend beaucoup sur cette vague de contestation « anticapitaliste et libertaire ». Selon Mohamed Belaali, « cette position réformiste des "indignés" explique, entre autres, la longue liste de soutiens hypocrites apportés au Mouvement par les porte-parole du capital. On peut citer pêle-mêle Ben Bernanke, président de la Banque centrale américaine, Jean-Claude Trichet et Mario Draghi, ancien et nouveau présidents de la Banque Centrale Européenne (BCE), Angela Merkel, Herman Von Rompuy, José Manuel Barroso et des milliardaires comme Warren Buffett ou Georges Soros (…). Par cette "sympathie" douteuse, la bourgeoisie tente de récupérer le Mouvement pour le dévier de sa trajectoire initiale et le vider de sa substance progressiste. » (3).

Poursuivons notre enquête et lisons un extrait de texte publié par les « IndignéEs » canadiens : « En tant qu'IndignéEs, quelques co-auteurEs du livre « TENIR PAROLE », feront lecture d’extraits pour faire revivre ce livre décrivant la lutte pour une loi sur l'élimination de la pauvreté au Québec. (…) où puiser matière à alimenter nos réflexions et nos actions. ».

Et oui, l’Assemblée nationale de la Province de Québec a eu l’outrecuidance d’adopter une loi « exigeant » l’élimination de la pauvreté. Loi inutile, évidemment, et qui n’a pas empêché la paupérisation des gagne petits, le foisonnement des enfants qui fréquentent les « banques » alimentaires. N’a pas empêché non plus l’appauvrissement des mamans monoparentales, la diminution du salaire réel et du pouvoir d’achat du peuple travailleur. N’a pas empêché la paupérisation croissante de la jeunesse rassemblée à écouter réciter des articles de la Loi bannissant la pauvreté dans ce parc public devant la Bourse de Montréal…Notez, que je n’ai pas écrit « rassemblées sur le parquet de la bourse à empêcher les cambistes spécieux de spéculer et de nous appauvrir », non, les « Indignés » sont sagement campées à l’extérieur sous les arbres dénudés par le vent de l’automne glacé.

L’histoire ne dit pas si l’Assemblée nationale du Québec a aussi adopté une loi interdisant les inondations le long des berges des rivières en crue, ou encore, une loi bannissant la neige en hiver dans les rues du Québec... Comprenons-nous bien, nous ne faisons ici aucune suggestion d’action législative à l’endroit des « Indignés ».

En bref, un parterre de bonnes intentions soutenues par un maelstrom de bonne volonté. Pour l’instant le maire de Montréal, complaisant, laisse filer, espérant que les dernières giboulées refroidiront les ardeurs des squatteurs. J’ai l’impression que l’on ne renversera jamais ce monde capitaliste moribond de cette façon.

NOAM CHOMSKY APPUIE LE RÊVE DES INDIGNÉS

Pourtant, le célèbre pamphlétaire Noam Chomsky y croit lui, et voici ce qu’il déclarait le 23 octobre dernier à une assemblée américaine : « Noam Chomsky, connu pour ses critiques de l'impérialisme américain et des médias, déclarait devant des milliers de personnes réunies à Boston, face au bâtiment de la banque de la Réserve fédérale : « Ce mouvement est spectaculaire. C'est sans précédent. Je ne me souviens pas qu'il y ait jamais eu quelque chose comme ça. Si les associations qui ont lancé ces rassemblements peuvent tenir pendant une longue et dure période – parce que la victoire ne viendra pas rapidement – cela pourrait vraiment se révéler être un événement historique, un moment important de l'histoire américaine. ».

Chomsky songe ici à la victoire de qui sur qui ? Et à quel genre de victoire réfère-t-il ? La fin du capitalisme ? La fin des inégalités sociales ? La fin des injustices universelles ? Il espère que Warren Buffet et ses semblables rendront les milliards qu’ils ont spoliés aux peuples du monde à travers leurs holdings multinationaux multimilliardaires ? Si c’est bien ce à quoi il rêve, alors ce ne sera pas demain la veille en effet.

WARREN BUFFET DEMANDE À ÊTRE TAXÉ DAVANTAGE !

Warren Buffet mène justement une opération de marketing en ce moment, attestant que son taux d’imposition de 17 % par année est bien inférieur à celui de sa secrétaire qui est gratifiée de 35 % d’impôt. Pire, un salarié de la classe moyenne subit un taux d’imposition de 45 à 50 %. Monsieur Buffet réclame donc qu’on l’impose lui et ses semblables aussi lourdement que les ouvriers spécialisés. Noam Chomsky et les « Indignés » fondent de grands espoirs sur cette suggestion spécieuse de Monsieur Buffet.

Chomsky et les « Indignés » devraient savoir que le salaire d’un milliardaire est bien peu de choses au regard de sa fortune et qu’un taux d’imposition de 50 % n’apporterait presque rien dans les coffres de l’État. Les milliardaires ne sont pas riches parce qu’ils encaissent de gros salaires mais parce qu’ils spéculent à la bourse et possèdent des actions de nombreuses et très grandes corporations multinationales et que leurs holdings empochent ainsi des dividendes astronomiques. Ces dividendes, ces bénéfices spéculatifs boursiers, le gros de la fortune de ces moins de un pour cent de la population, ce ne sont pas des salaires, ce sont des profits. Une enquête récente aux États-Unis révèle que loin d’augmenter, les impôts sur les profits des entreprises américaines - déjà très bas – diminuent d’année en année et cela malgré la hausse constantes des profits concomitantes à la baisse des revenus du gouvernement américain (imposition moyenne de 18,5 % et un grand nombre d’entre elles ne paient aucun impôt et reçoivent de l’argent de l’État américain – 218 milliards de dollars au total – malgré leurs profits record) (4).

Taxons alors les bénéfices boursiers, les dividendes et les profits ! Difficile, sinon impossible. Une grande partie de ces profits sont enregistrés sur des comptes à numéro ou comptabilisés au siège social d’entreprises fictives ayant pignon sur rue dans des paradis fiscaux (Caïmans, Macao, Monaco, Barbade, etc.), des pays de complaisance, des États de non droit, que les capitalistes ont soustraits aux lois internationales avec la complicité bienveillante des politiciens qui étaient réunis cette semaine au G-20 à Cannes ! Ces paradis fiscaux servent également à blanchir l’argent mafieux qui se mélange aux avoirs de Monsieur Buffet, le bon samaritain et autres mandarins.

Des riches toujours plus riches et cupides et des pauvres toujours plus pauvres et livides. Des milliardaires bien protégés, à la recherche du profit maximum et des rêveurs pacifistes aspirant à une justice sociale inaccessible, voilà le rapport de force, voilà la triste réalité de ce monde impérialiste que Monsieur Chomsky et les « Indignés » espèrent voir changer à force de sit-in et de camping urbain.

MICAHEL MOORE SOUHAITE LA FIN DU CAPITALISME

Michael Moore – tout comme le Directeur de la revue Le Monde diplomatique, Serge Halimi diplômé de Berkeley – s’avance encore plus loin dans sa dénonciation du système capitaliste (5). Michael n’est pas tendre pour ce système et, hâbleur, il déclare : « Il faut mettre un terme au capitalisme. Le capitalisme est un train fou qui se dirige sur ses rails vers la vallée de la mort et personne ne pourra l'arrêter ni le dévier car sa "logique" ne le permet pas. Il s'agit de convaincre les peuples de sauter en marche avant que celui-ci n'arrive inexorablement à son terme : la fin de la vie biologique sur la planète Terre. Aujourd'hui nous n'avons aucun autre biotope à portée de main pour préserver cette vie biologique ; c'est donc à la seule communauté des humains conscients à laquelle Michael semble appartenir, qu'incombe d'investir cet espace très limité et déjà mal en point. ».

Pour Monsieur Moore la façon d’échapper au capitalisme serait le suicide collectif, tous dans le ravin pendant que le train fou s’engage à vive allure sur la voie du désespoir et de l’Apocalypse !

Mauvaise solution, ce n’est pas par le suicide collectif, ni via l’Armageddon, que nous y parviendrons. La solution consiste à se saisir du conducteur et de tous ses acolytes de la classe capitaliste et à les rendre inoffensifs, cela s’appelle l’insurrection populaire. C’est le message que les révolutionnaires devraient porter à tous les « Indignés » de la terre. Sans révolution, sans renversement de la classe parasitaire qui s’accapare privément de la propriété des moyens de production et d’échanges collectifs dans dix ans les « Indignés » seront toujours frustrés devant Wall Street à écouter les états d’âme de Noam Chomsky, de Michael Moore et de Serge Halimi.

LE SOMMET DU G-20

Le président Sarkozy a été très transparent dans son discours au Sommet du G-20 à Cannes. Il a clairement remis en cause le contrat social établi entre la grande bourgeoisie et l’aristocratie ouvrière des pays occidentaux : désormais les programmes sociaux ne seront maintenus qu’à la condition qu’ils n’entravent pas la bonne marche des affaires et de la finance. Autrement dit, tous les programmes sociaux sont sujets à être comprimés jusqu'à et y compris éliminés. Mesdames et messieurs, avec ce Sommet du G-20, la guerre de classes entre le capital et le travail vient d’entrer dans une Ère nouvelle. Les vœux pieux, les rêves, les cris et les larmoiements ne suffiront pas à sauver la planète en danger et les peuples affamés.

Comme disait l’autre, on ne change pas ce monde capitaliste seulement en s’indignant, en chantant et en faisant des sit-in dans les parcs…Il est temps de poser la question de la prise du pouvoir et du contrôle du monopole de la violence légale de l’État. Quelle classe dirigera l’État ? Quelle classe imposera ses vues et ses intérêts à toute la société ? La classe majoritaire ou les moins de un pour cent de parasitaires (6) ?

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(1) Révolte à Oakland, Californie. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2011/11/03/001-port_oakland-activites_paralysees-indignes_wall_street.shtml et http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27266

(2) Courriel reçu le 6.11.2011. Pour recevoir copie, robertbibeau@hotmail.com


(3) http://www.legrandsoir.info/on-ne-change-pas-le-monde-avec-seulement-de-l-indignation.html

(4) http://lauer.blog.lemonde.fr/2011/11/03/etats-unis-profit-ne-rime-pas-forcement-avec-impot/

(5) Le directeur du Monde diplomatique. Serge Halimi. http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/335044/entretien-avec-le-directeur-du-monde-diplomatique-egalite-democratie-et-souverainete?utm_source=infolettre-2011-11-02&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

(6) http://www.legrandsoir.info/on-ne-change-pas-le-monde-avec-seulement-de-l-indignation.html

 

 

 

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La rasque française en Libye

(7 octobre 2011)



Le petit Napoléon, un temps l’étoile montante du Directoire, dérangeait bien des troublions avides de mettre la main sur le pouvoir afin de s’assurer le partage des prébendes et des « royautés », des cachets et des loyautés parmi leur clan bourgeois – aristocratiques (Eh oui ! Ils n’avaient pas tous été guillotinés contrairement à ce qu’on vous laisse penser).

COMPENDIUM DE L’IMPÉRIALISME FRANÇAIS

Le petit Napoléon, un temps l’étoile montante du Directoire, dérangeait bien des troublions avides de mettre la main sur le pouvoir afin de s’assurer le partage des prébendes et des « royautés », des cachets et des loyautés parmi leur clan bourgeois – aristocratiques (Eh oui ! Ils n’avaient pas tous été guillotinés contrairement à ce qu’on vous laisse penser). Le dit Napoléon fut donc invité à manifester son talent et sa cupidité « libératrice » contre les mamelouks (un peuple bâtard et inhumain, pensait le Directoire) implantés en Égypte, une pomme de discorde entre les deux puissances colonisatrices (France et Britannique).

Bien peu d’historiens français décrivent l’équipée carnassière napoléonienne pour ce qu’elle fut – un massacre colonialiste contre un peuple autochtone afin de distraire un concurrent encombrant. L’historiographie française a toujours le talent de présenter les dictateurs étrangers comme des tyrans et les siens comme des libérateurs ou des pacificateurs.

Et ils récidivent les nationalistes chauvins, apologistes de la grandeur de l’empire français. Dernièrement, un tout petit Napoléon des balcons (Neuilly-sur-Seine) – pâle imitation du grand massacreur des peuples du XIXe siècle – ils font avec ce qu’ils ont sous la main les malandrins – a cru bon de lancer une opération aéroportée contre le peuple d’à -côté (les libyens, à côté des mamelouks, aujourd’hui devenus égyptiens).

Le petit Blingbling belliqueux affréta donc son porte avions et astiqua ses canons pour porter l’agression jusqu’aux portes d’Al Khoums, histoire de massacrer un peu de ces Arabes récalcitrants qui se soulèvent spontanément depuis quelque temps. Une petite guerre de rapine vite faite ne pouvait pas faire de mal à la glorieuse marine, à l’armée et à l’aviation françaises désoeuvrées depuis la fin de l’échauffourée contre la Côte d’Ivoire enfin « pacifiée » à la canonnière blindée…façon XXIe siècle, c’est-à-dire avec tout plein de verbiages « humanitaires »… mais dites donc, où est passé Kouchner, l’autre compère ? L’armée impériale française avait une autre occasion d’étaler son armement et de démontrer ses talents. Que de ventes juteuses pour les ci-devant !

Et pensez donc, le petit aspirant « Führer » ne pouvait mieux choisir son terrain d’agresseur. Son ami et concurrent Berlusconi, de fort mauvaise posture, en mode majeur dans le lit de quelques mineures, n’était pas en position de répliquer à la capture de sa chasse gardée. Berlusconi fut pris le pantalon raccourci tout comme son ami Kadhafi.

Mais voilà que le Gengis Khan de notre temps avait mal jaugé son adversaire qui s’avéra infiniment plus pervers que ses congénères. Ben Ali avait fui précipitamment, (avec la caisse) et on avait fait passer ce déplacement pour une conquête « révolutionnaire ». Moubarak s’était fait tirer l’oreille (les sommes à piller étant plus consistantes) mais l’armé locale était venue à bout de ses réticences à force d’allonger les prébendes et suite à quelques soulèvements populaires – contrôlés – qui laissaient présager le pire. Pour le Ramadan anticipé le Rais avait pris sa retraite dans sa datcha de Charm el Cheikh. Depuis, le terminal de Rafah est toujours fermé et l’armée égyptienne sanguinaire s’active à massacrer les vrais révoltés de la place Tahrir ainsi que les gazaouïs dans leurs tranchés (loin des caméras de l’étranger).

Mais voilà que le Guide de la Jamahiriya n’acceptait pas qu’on le liquidât et s’accrochait à son émirat qui pourtant ne lui avait été concédé qu’a condition de loyauté. Vous avez parfois de ces affidés qui s’attachent aux privautés attachées à leur principauté.

Pourtant, l’armée et les services secrets français s’étaient dépensés sans compter. Soulèvement « populaire spontané » des « révoltés » de Benghazi bien formés, bien armés (comme vous savez, vous tenez tous quelques canons anti-blindés sur votre propriété, on ne sait jamais qui vous aurez à bombarder), mercenaires affrétés tout frais héliportés du côté des puits de Benghazi. Le moment était approprié, le drapeau de la royauté stipendié fut hissé ; allons peloton de la libération au secours de notre roitelet obsolète. Pourtant, rien n’y faisait, les renforts recrutés parmi les insurgés d’Afghanistan, d’Irak, du Qatar et du Soudan ne parvenaient nullement à « libérer » la contrée en faveur de ce roi abhorré.

L’AGRESSION DE L’OTAN

C’est le moment que choisit le « grand conquérant » pour réclamer secours à son ami et concurrent qu’il avait jusqu'à présent négligé de manière éhontée. Ce qui n’était d’abord que guerre de conquête pour le repartage d’une néo-colonie entre rivale de second lit devint pomme de discorde entre grands comparses de l’OTAN – appelée à la rescousse pour trancher le différend et renverser le « tyran » – pas celui de Paris, celui de Tripoli – puis, mettre au pouvoir un sous fifre plus accommodant. La guerre ne fut pas aisée et de fait elle n’est toujours pas terminée.

Pourtant, le petit mécréant et son acolyte Cameron sont venus, ils ont vu mais ils n’ont pas encore vaincu et mal leur en prend car maintenant ils ont un véritable soulèvement paysan entre les dents et personnellement je parie que ces deux là se ridiculiseront tout autant qu’un insignifiant qui, du haut d’un porte-avion désarmé, avait annoncé, il y a dix ans passés, la fin des combats en Afghanistan…ils n’en finissent plus de tomber les soldats de l’amirauté depuis « la fin » des atrocités commandées…par le Pentagone.

LE NÉO-COLONIALISME FRANÇAIS

L’impérialisme français a dirigé les activités d’agression en terre libyenne. Et même si l’OTAN – l’organisation de collusion des assoiffés de profits, de ressources naturelles et de marchés – est intervenue pour sauver la mise, il demeure que la classe capitaliste monopoliste française assume la première responsabilité dans cette rasque* et ces massacres de civils libyens et c’est elle, cette classe parasitaire française, qui se présente la première à la curée pour le partage du butin spolié (1).

Il n’est nullement question ici de disculper l’impérialisme étatsunien, leur maître à penser moderne et ancien, mais on ne doit pas dissimuler la responsabilité de sa propre bourgeoisie impérialiste nationale derrière de pseudo analyses complaisantes et compatissantes. Les puissances impérialistes collaborent et s’affrontent pour défendre les intérêts de leur propre clan national. L’impérialisme français est sanguinaire (Indochine, Algérie, Afrique noire) et il doit être renversé comme celui du lilliputien canadien, de la perfide Albion et de la sanguinaire Washington. Allons, enfants de la Patrie, votre heure de gloire est arrivée et votre pire ennemi est à vos côtés.

Mes ennemis je les connais bien – mes « amis » je n’en sais rien – camarades, préservez-moi des miens.



* Rasque = bourbier

(1) L’impérialisme canadien, sous Harper, a aussi participé à l’agression et est imputable pour ce crime de guerre contre le peuple libyen.

 

 

 

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La crise économique les balaiera tous !

(21 septembre 2011)

 

LES SOLUTIONS DU GROUPE ATTAC

Au milieu de cette crise récurrente du système économique qui n’en finit plus de tituber et de hoqueter sous ses propres contradictions insolubles – incapable de sauver sa destinée, sinon en transférant le poids immense des dettes souveraines sur le dos des différents peuples appauvris –, voilà qu’une voix venue de France susurre ses « solutions » et apporte sa contribution afin d’empêcher ce système moribond d’effectuer le grand plongeon.

Suzanne George, présidente d’honneur d’ATTAC-France et auteur prolifique, était en visite à Montréal pour consolider l’Université d’été des Nouveaux Cahiers du Socialisme, un groupe de militants contrits de voir s’étioler ce système économico – politique « démocratique » qu’ils ont tant chéri (1).

Madame George et ses semblables, analystes de « gauche » de moult horizons, sont outrés de constater les disparités de revenus entre les riches et les pauvres, conséquences inéluctables et fondement du système capitaliste. L’auteur du livre « Leurs crises, nos solutions » présenta donc une série de statistiques révoltantes démontrant hors de tout doute raisonnable que les riches sont toujours plus riches et que les pauvres toujours plus pauvres, jusqu’à la famine et la multiplication des SDF (sans domicile fixe), pourrions-nous surenchérir aux propos de Madame George.

Puis, constatant que l’État bourgeois (pas du tout démocratique comme chacun a pu le constater lors du G-20 à Toronto à l’été 2010), l’État au service des riches, l’État des capitalistes géré par leurs hommes de main contre forte rémunération ; constatant disions-nous que tous les États nationalisent les dettes souveraines et privatisent les actifs publics, dégrèvent la fiscalité des riches et surchargent la fiscalité des travailleurs et de la petite bourgeoisie en voie de paupérisation (d’où leurs récriminations) ; la présidente honoraire crie au scandale et propose non pas la destruction de ce système inique mais plutôt des solutions pour le sauver de l’extinction.

À la traîne de Gérald Fillion, l’analyste de service à la télévision de Radio-Canada, Suzanne George déclame, et nous citons : « Il fallait les sauver (les banques) parce que l’on ne pouvait pas laisser tout le système s’écrouler, c’aurait été les assurances, la sécurité sociale, les investissements, les retraites et tout, alors cela n’était pas possible (…). Il fallait dire aux banques : vous êtes partiellement ou totalement socialisées, voilà un cahier des charges que vous allez suivre et vous allez investir un quota dans les PME-PMI qui ont un projet vert ou qui ont un projet d’investissement pour le bien de la communauté… Vous allez suivre ce cahier des charges et vous allez payer des taxes normalement et vous allez rémunérer vos directeurs normalement. Il fallait reprendre le contrôle de cette finance qui était devenue folle (Ajoutez à cette panoplie la taxation des transactions boursières selon le principe de la taxe Tobin. NDLR). Il faut limiter les hauts salaires. Tout doit être codifié dans la loi. (…) Ce qui manque c’est la volonté politique de le faire. » (2). Mélenchon ou le Nouveau Parti Anticapitaliste français n’auraient pas dit autrement (3).

Comment se fait-il que personne n’y avait pensé auparavant? Tous ces « traders » boursiers astucieux, assez du moins pour frauder la bourse, le public et les gouvernements ; tous ces analystes financiers ingénieux ; tous ces banquiers industrieux, capables de doper la profitabilité de leurs institutions en pleine crise financière ; tous ces milliardaires frauduleux, suffisamment du moins pour voler le fisc pendant des années, mais pas assez futés pour suivre les conseils de madame la présidente émérite qui, à la fin, ne souhaite que leur bien ! C’est à désespérer de réchapper leur système capitaliste en faillite. Pourquoi ne peuvent-ils s’autodiscipliner ces accapareurs de la richesse collective ?

En effet, plutôt que de laisser s’écrouler leur système économique désuet, elle leur offre l’opportunité de le sauvegarder en lui refaisant une virginité. Qu’y a-t-il à redire à ce projet philanthropique du groupe ATTAC et de madame Suzanne ? L’auteur prolifique devrait pourtant observer que dans tous les États occidentaux les assurances collectives, la sécurité sociale, les budgets à l’éducation et aux services de santé, les retraites et les investissements publics qu’elle prétend sauver vont à vau-l’eau et sont attaqués de toutes parts justement dans le but de dégager les crédits requis pour rehausser la profitabilité des banques, comme elle le souhaite ; pourtant malgré cet effort titanesque la crise capitaliste s’approfondit (4).

Un pays qui imposerait à ses banques transnationales les politiques proposées par ATTAC et l’universitaire réputée verrait celles-ci vider leurs coffres et expatrier leurs capitaux vers les paradis fiscaux (Macao, Bahamas, Caïmans et Monaco), ce qu’elles ont déjà amorcé de toute façon (5).

UN CHERCHEUR RÉALISTE ET ENRAGÉ

Appelons maintenant à la barre un expert analyste du système « néolibéral » comme se plaisent à l’appeler les opportunistes de service.

Monsieur Frédéric Lordon, directeur de recherche au CNRS à Paris est une sommité en son domaine. Il affirme que : « Le néolibéralisme est un régime d’endettement généralisé : ménages, institutions financières, États. La crise menace de mettre à bas tout le système des institutions financières, car si la puissance publique a pu sauver les banques de la crise de la dette privée, il n’est pas certain qu’elle puisse y parvenir pour les dettes publiques (dettes souveraines NDLR). ».

C’est aussi ce que nous pensons et, comme le professeur Lordon, nous constatons que : « Le système européen actuel touche à l’absurde. D’un côté, les marchés financiers, pour être « rassurés », exigent l’austérité pour que toutes les sources de revenus des pays leur soient versées au travers du remboursement des dettes ; mais d’un autre côté, l’austérité empêche la croissance qui seule peut générer les recettes fiscales permettant de rembourser les dettes… Les plans européens continuent à fabriquer des surendettés futurs pour « sauver » les surendettés présents. » (6).

Ce monsieur Lordon est un fin limier exaspéré par l’entêtement de ces banquiers et de ces milliardaires qui ne veulent rien écouter de ceux qui tentent de les sauver; le directeur lance donc l’appel insurrectionnel que voici : « Jamais un groupe d’intérêt aussi puissant que celui qui s’est constitué autour de la finance ne renoncera de lui-même au moindre de ses privilèges, seule peut le mettre à bas la force d’un mouvement insurrectionnel – puisqu’il est bien clair par ailleurs qu’aucun des partis de gouvernement, nulle part, n’a le réel désir de l’attaquer. » (7).

Nous apprécions à sa juste valeur la franchise du professeur. Ce n’est pas tous les jours qu’un directeur du CNRS appelle à l’insurrection généralisée. Mais nous regrettons que l’auteur n’aille pas jusqu’au bout de son labeur puisque en conclusion il propose ceci : « Sur ces ruines fumantes – tout rebâtir ». Monsieur Lordon ne semble pas avoir compris que c’est le projet de construction capitaliste qui est fautif. Le capitalisme version améliorée ne peut être que la copie conforme du capitalisme version détériorée. C’est « built in » comme disent les anglais, ce système est ainsi fait.

Le capitalisme sans la recherche du profit maximum et l’accaparement de la plus value ce n’est plus du capitalisme. Si un magnat de la finance refuse d’appliquer cette loi et d’absorber ses concurrents, c’est lui qui sera avalé et qui se retrouvera un jour salarié de son coéquipier.

UN MILITANT ALTERMONDIALISTE UTOPISTE ET DÉSESPÉRÉ

Terminons notre tour d’horizon de penseurs qui présentent – La crise et leurs solutions –. M. James Petras, comme son homologue Noam Chomsky, se situe à la « gauche » du kaléidoscope politique américain. Il est donc difficile de critiquer ces auteurs car un préjugé favorable auréole chacune de leurs humeurs. La petite bourgeoisie réformiste adore ces parangons de la refondation du système d’exploitation capitaliste teinté d’anarchisme.

L’altermondialiste Petras constate que les États-Unis dépensent des sommes faramineuses (3 200 milliards de dollars depuis 2001, dit-il) pour soi-disant éradiquer le terrorisme mené par une petite organisation nébuleuse du nom d’Al Qaïda, et le militant désespère de faire entendre raison au Pentagone et aux Présidents américains qui font fausse route et ruinent le pays selon lui.

Voici un extrait de son analyse des causes profondes des agressions américaines successives au Moyen-Orient : « Les Think tanks américains lourdement influencés par Israël, les experts et conseillers qui dépeignaient les adversaires islamistes comme étant ineptes, inefficaces et lâches, se sont totalement trompés sur le compte de la résistance afghane. » (8), et des résistances iraquienne, libanaise, somalienne et pakistanaise, pourrions-nous ajouter.

Changez de think tank et vous changerez le système politique et le système économique en place, laisse entendre le professeur Petras. Il serait beaucoup plus sage pour les riches américains (1% de la population détenant plus de 18% du PIB national selon Petras) qui ont placé Obama à la tête de leur état-major, de cesser de se comporter en impérialistes et de se métamorphoser en gentils coopérants aidant ces peuples farouchement anti-Yankees à se développer économiquement et « démocratiquement », redorant ainsi le blason de l’empire en décrépitude (9).

Mais il suffisait d’y penser voyons. Plutôt que d’éliminer le renard furetant dans le poulailler, il vaudrait mieux le convaincre de protéger les poules et de s’en faire des amies plutôt que des proies pour sa survie. Bonne chance dans ce projet de conversion pacifiste, monsieur Petras. D’ailleurs, le Pentagone est déjà convaincu du bien fondé de l’argumentation de monsieur Petras. À preuve, le chef d’État-major inter armées des USA a déjà expliqué qu’il massacrait les populations d’Irak, d’Afghanistan, du Pakistan, du Yémen, du Soudan, de Somalie et de Libye pour leur bien, afin de leur apporter la « démocratie occidentale » et de libérer les femmes musulmanes de leur voile et de l’oppression grâce à de nombreuses bombes à fragmentation et à l’uranium appauvri. Il est déjà installé au milieu des poulaillers irakien, afghan, pakistanais, soudanais, somalien et libyen, votre renard généreux et désintéressé, monsieur Petras.

Mais ce qui désespère au plus haut point ce diplômé de Berkeley, c’est que son segment de classe petit-bourgeois est en voie de paupérisation. Depuis 2001, des milliers d’emplois aux salaires moyens sont disparus, gémit-il. Qui défendra le système capitaliste de la vindicte populaire, se lamente le militant de « gauche », si la petite bourgeoisie appauvrie ne joue plus son rôle de chien de garde opportuniste de la dictature des riches ? Alors, vous les riches, pourquoi ne pas laisser une petite part de vos énormes bénéfices à la classe moyenne qui pourra vous rendre de grands services « Le Grand Soir » venu? Vous vous rappellerez que madame George a lancé ce cri d’alarme et fait cette suggestion précédemment. Malheureusement, n’y comptez pas, chers militants altermondialistes, car l’impérialisme c’est le profit maximum et la guerre optimum.

RENVERSER LE SYSTÈME – LES CONDITIONS

Pour que survienne le renversement de ce système économique, politique et idéologique désuet, un certain nombre de conditions objectives et subjectives doivent être rassemblées dans un pays ou un groupe de pays donné. La première condition objective c’est la généralisation de la crise économique très difficilement surmontable pour la grande bourgeoisie qui abandonne alors la petite bourgeoisie (classe moyenne) à son sort, la laissant amère et rancunière. La seconde condition objective suppose que cette crise économique entraîne une crise politique où la classe dirigeante, celle qui contrôle le pouvoir d’État et détient le monopole de la violence légale, ne parvient plus à concilier les intérêts divergents de ses différentes factions, ce qui entraîne des conflits et des tensions intestines sérieuses et l’impossibilité pour elle de gouverner. Alors l’anarchie se répandrait dans toute la société et la petite bourgeoisie aigrie ne parviendrait plus à jouer son rôle de chien de garde du système malgré ses efforts pour répandre ses pis aller et ses solutions bidon (la crise du rehaussement du plafond de la dette étatsunienne a failli entraîner une telle conjoncture en mai-juin 2011). Ce sera probablement pour la prochaine.

Les conditions subjectives portent sur le niveau de conscience de la classe révolutionnaire qui doit avoir atteint le stade de la conscience économique en soi et de la conscience politique pour soi, c’est-à-dire le niveau où la classe révolutionnaire (souvenez-vous de la Révolution française et de la Constituante) pose la question de la prise du pouvoir d’État et du renversement total du système économique et politique puis idéologique en place.

Cette dernière condition subjective requiert qu’une organisation révolutionnaire fondée sur une théorie révolutionnaire puisse prendre la direction du mouvement de révolte spontanée et le dirige consciemment vers la prise du pouvoir d’État. Hors de ces conditions tout mouvement de révolte populaire n’est qu’une révolte éphémère sur le front des revendications économiques qui, tôt ou tard, sera désorientée et éradiquée dans le sang (ce que Madame Hillary Clinton, soutenue par les opportunistes de gauche et les intégristes de droite, a réussi dans la plupart des révoltes arabes qui tentent présentement de retrouver un second souffle, le bon souffle cette fois), de même dans les révoltes anti-austérité dans les pays occidentaux.

Tous les efforts des collaborateurs opportunistes et intégristes des régimes capitalistes et néo-colonialistes infiltrés dans les mouvements de révolte populaire spontanés ne visent qu’à empêcher l’éclosion de ces conditions objectives et subjectives afin de donner un chance supplémentaire pour que ce système pourri survive et perdure par delà le bien et le mal.

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(1) Susan George. Leurs crises, nos solutions. http://www.pressegauche.org/spip.php?article7970

(2) Susan George. Crise après crise. http://www.youtube.com/watch?v=cS4tyRNWRw4

(3) http://www.jean-luc-melenchon.fr/

(4) Les bourses européennes rechutent. http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/330783/les-bourses-europeennes-rechutent-lourdement?utm_source=infolettre-2011-09-06&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

(5) Robert Bibeau. Comprendre la crise économique. http://www.centpapiers.com/comprendre-la-crise-economique-et-financiere-2/56027

(6) Frédéric Lordon. Le commencement de la fin. http://www.m-pep.org/spip.php?article2343

(7) Frédéric Lordon. Le commencement de la fin. http://www.m-pep.org/spip.php?article2343

James Petras. Les multi milliards de la chasse aux terroristes et l’évaporation de la classe moyenne. http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=25574

(9) James Petras. La classe laborieuse en Europe et aux USA. http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=26362

 

 

 

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Soulèvement populaire au Royaume-Uni


(10 août 2011)

 

 

LE PEUPLE GREC PASSE LA MAIN AU PEUPLE BRITANNIQUE

Comme vous, j’ai cru au début de l’été 2011 que la révolte spontanée du peuple grec sonnait la charge du soulèvement populaire européen contre les politiques du FMI, de la Banque Mondiale, de la Banque européenne et des bureaucrates de l’Union européenne (1).

Ce ne fut pas le cas. Après une succession d’affrontements violents contre les forces de l’ordre, le peuple grec dans sa sagesse a redirigé sa résistance quotidienne vers les lieux de travail (pour ceux qui ont toujours un emploi), dans les commerces touristiques, contre le fisc et dans la rue. Le peuple grec, ne se sentant pas prêt à renverser l’appareil répressif de l’État grec, a donc passé la main aux autres peuples européens. Voici la rose, dansez mes frères d’Europe !

Voilà que le courageux et inexpugnable peuple britannique a repris le gant laissé par les Grecs et lancé sa propre offensive en révolte contre les politiques de banqueroute économique du FMI, de la Banque Mondiale et de la Banque européenne. À Tottenham dimanche le 7 août 2011, les capitalistes britanniques ont tremblé dans leurs escarpins de cuir fin face aux bottines de cuir cloutées des travailleurs britanniques.

Le quartier de Tottenham à Londres a été transformé en champ de bataille suite à l’assassinat d’un résistant noir par la police londonienne (2). Cette fois la répression raciste fut l’étincelle qui mit le feu aux poudres et le soulèvement s’étend depuis à tout le Royaume-Uni (3). Rappelez-vous simplement qu’il y a quelques mois ce sont les hausses drastiques des frais de scolarité contre les étudiants anglais qui déclenchèrent les foudres populaires et soulevèrent l’Ire britannique. Demain la cause sera différente mais tous ces soulèvements ont la même origine, une même source profonde, sur laquelle nous reviendrons bientôt.

RÉVOLTES ARABES

Auparavant examinons les causes des soulèvements populaires à travers le monde arabe. Ces motifs de guerre civile semblent nombreux mais en réalité il n’en n’est rien. En Libye par exemple, le peuple refuse que les puissances impérialistes européennes, néo-colonialistes, viennent s’ingérer davantage dans la gestion politique, économique, fiscale, pétrolière et bancaire du pays pour le mettre à sac (4).

Mouammar Kadhafi a toléré cette ingérence et ces dernières années il s’était plié aux dictats imposés par ses maîtres européens. Quand ceux-ci, prenant prétexte des « printemps floraux » qui s’épandaient un peu partout dans la sphère arabe, ont voulu écarter le guide de la Jamahiriya du pouvoir pour y placer une marionnette plus souple et plus docile, ce dernier a refusé d’être écarté de la sorte estimant avoir rempli convenablement le mandat que la soi-disant « communauté internationale » lui avait confié – lire, le petit groupe de dirigeants rapaces qui prétendent gouverner le monde par l’entremise de quelques organisations internationales criminelles – (5).

Kadhafi s’est donc accroché au pouvoir et a fourni au peuple libyen le motif et l’organisation pour déchaîner sa fureur contre l’OTAN et les politiciens européens de la canonnière qu’ils sont en train de mettre en déroute. Honneur au courageux peuple libyen qui montre ainsi la voie de la résistance à tous les peuples d’Afrique. Après les échecs irakien, afghan, pakistanais et somalien voilà que nous assistons à la débandade européenne et états-unienne en Libye. Et ce n’est pas fini (6).

Mais le motif véritable de ces agressions occidentales contre la Libye, et en sous main contre la Tunisie (où le processus de réforme est bloqué par les ambassades étrangères) ; contre la Syrie (où l’empire pêche en eau trouble afin de disloquer l’alliance Iran-Syrie) ; contre l’Égypte (où l’empire voudrait instituer le Moubarakisme sans Moubarak) est toujours le même : le repartage des zones d’influence, des marchés, des sources de matières premières et d’énergie entre les deux grands camps impérialistes mondiaux (7).

Les prétextes pour ces interventions néo-coloniales européennes et états-uniennes (l’OTAN) dans les affaires internes des pays arabes peuvent varier localement, mais le motif profond est toujours le repartage des zones d’influence interimpérialistes.

CRISE ÉCONOMIQUE RÉCURRENTE

Il en est de même dans les pays européens, sauf qu’en Europe l’objectif n’est pas le repartage des zones d’influence mais la mise au pas – la répression – des peuples saignés à blanc par les crises économiques récurrentes qui ont pris tantôt la forme d’une crise des « subprimes hypothécaires » laquelle ne fut qu’une des formes d’expansion adoptées par le capital financier spoliateur issu de l’économie irréelle (spéculative). Les faillites bancaires qui suivirent se sont répandues dans toutes les régions du monde à cause de l’inextricable interrelation qui entrelace le capital financier mondial en phase impérialiste avancée (8).

La crise économique a ensuite – printemps - été 2011 – pris la forme de menées spéculatives contre les monnaies, dont l’euro, que les États-uniens auraient bien voulu assujettir à leur dollar en faillite (chacun notera ici que les alliés européens et états-uniens peuvent se poignarder dans le dos si leurs intérêts impérialistes nationaux le réclament). Coup de bluff perdu par les spéculateurs américains faute de discipline interne entre les politiciens et les grands magnats américains de la finance. Depuis samedi le 6 août 2011, la crise économique de l’impérialisme mondial a pris la forme de la dette souveraine, américaine d’abord, mais qui s’étendra sous peu à d’autres pays surendettés qui feront tour à tour défaut de paiement.

Chacun doit comprendre que c’est toujours la même crise économique de l’impérialisme occidental décadent qui se profile dans cette succession de crises sectorielles – spécifiques. Cette crise générale et saccadée mettant aux prises l’Alliance Atlantique (Europe et États-unis) décadente et l’impérialisme montant de la super puissance industrielle chinoise et de ses collaborateurs de l’Alliance de Shanghai.

Que ce soit en Grande-Bretagne, en Espagne, en Grèce, au Portugal et bientôt aux États-Unis d’Amérique, les soulèvements populaires spontanés ont toujours la même source profonde, le ras-le-bol populaire contre la paupérisation accélérée – 15 % à 20 % du peuple américain s’alimente grâce aux bons alimentaires de l’État, des millions d’Américains ont été jetés à la rue et sont sans logement, les propriétés se vendent pour une bouchée de pain dans plusieurs États américains, les prisons sont archi-surpeuplées, le taux de chômage réel frôle les 18 % aux États-Unis – (9) ; ainsi que la révolte contre le chômage généralisé, la dégradation des services publics, le racisme, la faillite économique globale, la spéculation boursière, le transfert du fardeau de la crise économique et financière, ainsi que de la dette souveraine, sur le dos des peuples travailleurs pour sauver la fortune des riches et des spéculateurs, des banques et des cartels internationaux.

Lors de la crise de 2008 les pouvoirs d’États dictatoriaux – soi disant élus démocratiquement – ont utilisé leur contrôle sur l’appareil fiscal des États souverains (Europe, Canada, Australie, Japon, USA) pour subventionner et renflouer les banquiers et les financiers à même les ressources financières de l’État. Mais cette activité de spoliation des fonds publics a elle-même entraîné le surendettement de ces États si bien que le même stratagème est aujourd’hui exclu sinon en coupant encore plus drastiquement dans les dépenses publiques destinées au peuple et aux pauvres et en transférant ces derniers deniers spoliés directement aux financiers.

Mais la marge de manœuvre des États impérialistes décadents (Alliance Atlantique) est aujourd’hui si mince qu’il faudra d’énormes déboursés répressifs – polices, services secrets, armées et réservistes – pour parvenir à imposer ces nouveaux sacrifices aux peuples exsangues. Depuis 2001, ces guerres impérialistes de rapines, de répression des soulèvements nationaux libérateurs – ces guerres impérialistes occidentales pour écarter l’impérialisme chinois de ces zones d’hydrocarbures et des marchés africains et moyen-orientaux ont coûté la modique somme de 3 200 milliards de dollars au trésor américain (10), ce qui représente environ 20 % de la dette souveraine des États-Unis d’Amérique. Aujourd’hui, l’administration américaine voudrait faire payer le prix de ses guerres d’agression à l’ensemble des pays de la planète, y compris aux descendants de leurs tueries en Irak et ailleurs, en dévaluant les réserves de dollars américains que chacune des banques centrales nationales possède.

Il faut noter toutefois que dans la sphère impérialiste montante – Alliance de Shanghai – la situation politique et répressive, quoique difficile, est plus favorable. Les puissances impérialistes regroupées autour de la super puissance industrielle chinoise sont en train de développer leur capacité productive (elles sont en phase d’industrialisation et non pas en phase de désindustrialisation comme à l’Ouest), elles développent présentement leur marché intérieur (Chine, Inde, Russie, Kazakhstan, Iran, etc.) et elles imposent déjà, dans la plupart des cas, une dictature fasciste à leurs peuples réprimant sauvagement toute velléité de résistance. Actuellement les puissances impérialistes décadentes de l’Ouest s’acheminent à vitesse variable vers cette forme de dictature étatique camouflée sous des prétentions démocratiques électoralistes néo-libérales.

LES BOBOS À LA RESCOUSSE

Que font les forces de « gauche » pendant ce temps ? Les « bobos opportunistes » s’avancent rapidement sur le devant de la scène afin de détourner les contingents de résistants en colère et leur faire prendre la voie de garage. Un intervenant syndical écrivait ceci à propos de l’émeute du quartier de Tottenham à Londres : « Après Bari, Tottenham. Pourquoi pas bientôt Paris, Marseille ? Voilà où mènent des lustres d'incurie, d'imprévoyance et de lâcheté des dirigeants européens qui n'osent agir contre la crise ! ».

Les soulèvements populaires - anarchiques et spontanés – ne sont pas le fruit de l'incurie, de l'imprévoyance et de la lâcheté des dirigeants politiques européens. Les dirigeants européens ne veulent d’aucune façon satisfaire les réclamations de la population pas plus à Paris, à Londres, à Athènes qu’à Madrid. Ensuite, les dirigeants européens (ou américains) n'ont absolument aucun contrôle sur la faillite économique du système impérialiste moribond.

La seule chose que les politiciens européens peuvent faire, c'est de mettre leur machine d'État au service des classes spoliatrices et d’organiser la répression des peuples qui se révoltent contre non pas « l’incurie, la lâcheté et l’imprévoyance », mais contre les politiques délibérément assassines, anti- populaires et exploiteuses de dirigeants qui organisent sciemment le transfert des richesses d'État et qui systématisent les coupures - le retrait - des capitaux des services publics et du soutien aux pauvres pour les diriger vers le soutien aux riches.

La récente décote de crédit américain (de AAA à AA+) n’est rien d’autre que la sanction des milieux d’affaires contre la Maison Blanche et le Congrès américain, coupables de ne pas avoir suffisamment coupé dans les services et l’aide à la population américaine et pour ne pas avoir suffisamment soutenu la classe capitaliste monopoliste à même les crédits d’État (11). Cette décote, décriée par tous ceux qui possèdent des devises américaines (la Chine en possède à elle seule 3 000 milliards $) présage d’une éventuelle dévaluation importante du dollar US et donc d’énormes pertes pour tous ceux qui comme les Chinois sont plombés avec cette devise en débandade dans leurs coffres.

Ce n'est pas « lâcheté » de la part des politiciens occidentaux. Au contraire, il faut beaucoup de courage à ces bandits politiques pour spolier la population afin d’enrichir une poignée de riches, et pour ensuite lancer la police (16 000 policiers à Londres), et bientôt l’armée, contre leur propre peuple en révolte. Tous les Obama, Sarkozy, Cameron et Harper de ce monde ne font là que leur métier, ce pourquoi ils ont été placés aux postes qu’ils occupent par ceux qui ont financé leur campagne électorale frauduleuse.

C'est le système capitaliste et ses suppôts qu'il faut renverser, détruire, éradiquer, éliminer sans se plaindre de l’incurie, de la lâcheté ou de l’imprévoyance qui n'en furent d’ailleurs pas. Au contraire, tous ces comploteurs ont prévu la débâcle de leur système économique et ils se préparent à la répression des soulèvements populaires – la police de Montréal a créé cet été une cellule de répression politique – afin de ne rien changer à ce système qui s'écroule malgré leurs efforts conscients et systématiques.

Mes amis d’Athènes, de Madrid, de Tottenham et bientôt de Chicago… c'est la lutte finale qui commence, groupons-nous et demain....


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(1) http://www.centpapiers.com/les-heritiers-d%e2%80%99heracles-et-le-menage-des-ecuries-d%e2%80%99auigias-grece/75667

(2) http://www.dailymail.co.uk/news/article-2023254/Tottenham-riot-Mark-Duggan-shooting-sparked-police-beating-girl.html

«Je peux comprendre qu’ils soient en colère. En plus (de la mort du jeune homme), il y a du chômage et des coupes dans les allocations, donc tout ça fait que la coupe est pleine», explique Norman McKenzie, un agent de sécurité de 37 ans. Les gens ne sont pas contents. Je pense que le système est en train de craquer. Il est temps que les gens se lèvent et fassent quelque chose», enchaîne une jeune femme d’origine africaine. ».

(3) http://www.ledevoir.com/international/europe/328957/la-violence-s-etend-hors-de-londres?utm_source=infolettre-2011-08-09&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

(4) http://www.france-irak-actualite.com/article-benghazi-qui-a-assassine-le-general-younes-chef-de-l-armee-rebelle-81108425.html

(5) h ttp://fr.wikipedia.org/wiki/Mouammar_Kadhafi

(6) http://www.rtbf.be/info/monde/detail_libye-le-president-du-cnt-limoge-son-gouvernement?id=6567623

(7) http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/etats-unis-chine-la-grande-87177

(8) http://www.robertbibeau.ca/palestine/edito8062011.html

(9) http://fr.news.yahoo.com/pr%C3%A8s-46-millions-dam%C3%A9ricains-vivent-gr%C3%A2ce-%C3%A0-bons-163639177.html

(10) James Petras. http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=25574

(11) http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/328939/decote-des-etats-unis-efforts-concertes-pour-limiter-la-chute-boursiere?utm_source=infolettre-2011-08-08&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne et http://www.centpapiers.com/la-dette-mais-payez-la-bon-dieu/78550/comment-page-1#comment-27262

 

 

 

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La révolte grecque. Les héritiers d'Héraclès et le ménage des écuries d'Augias

 

(7 juillet 2011)
 


L’État grec, après avoir essuyé la dette privée des banquiers ; après avoir subventionné les armateurs endettés ; après avoir épongé le déficit de l’industrie touristique ; après avoir dilapidé 160 milliards de dollars pour acheter de l’armement se trouva fort dépourvu lorsque la crise monétaire fut venue (1). Plus de revenus pour fournir les services convenus (pourtant moins de 4 % du budget grec est consacré à l’éducation) et d’immenses besoins financiers pour rembourser ces dettes privées soudainement étatisées. Qu’à cela ne tienne, le peuple grec fut inculpé de duplicité, accusé de frauder le fisc et soupçonné de se traîner les pieds pour renflouer les riches affamés.

Le premier ministre « socialiste » Papandréou se prosterna au guichet de l’assistance internationale afin d’obtenir un prêt de la nouvelle pythie du FMI. Après remontrances, celle-ci s’exécuta non sans exiger – les dettes privées étant maintenant socialisées – que les actifs étatiques soient dorénavant privatisés. Le cerbère promit de sévir et de matraquer sans pitié tous ceux qui refuseraient de rembourser de leurs deniers cette dette collectivisée. La guerre de classe venait de s’envenimer.

Ici à Athènes – Place Syntagma – l’avenir du monde capitaliste est remis en cause. Le travail et le capital s’affrontent sans fard, sans utopie « démocratique » bourgeoise, directement, face à face, et l’un des deux devra peut-être disparaître pour que l’autre survive.

La révolte populaire pourrait tourner à la révolution, non pas parce que quelques « bobos » sont venus crier leur émoi et leur effroi devant le soulèvement acharné des classes opprimées face aux banquiers indifférents au sort fait aux petits-bourgeois chagrinés de perdre leurs privilèges momentanés – ces « bobos » irrésolus à sacrifier leurs biens pour sauver la société « démocratique » qu’ils ont tant aimée et qui les a reniés. La grande bourgeoise a autre chose à faire que de sauver ces sous-fifres dociles. C’est aux petits-bourgeois de marquer leur allégeance et de manifester leur foi indéfectible dans ce système « démocratique bourgeois » qui leur a tant donné et qui aujourd’hui menace de tout reprendre.

Alors les « bobos » font leur travail et crient au rétablissement de leurs privilèges usurpés. Il y a quelques années l’Argentine a vécu ce calvaire et aujourd’hui encore elle peine à rétablir les privilèges des « bobos », des aristocrates syndicaux et de toute cette coterie de collaborateurs chargés de protéger le système capitaliste de la colère populaire. Tous ceux-là, la grande bourgeoise les récompensera s’ils parviennent à apaiser la grogne de la rue. Le pourront-ils, le sauront-ils ? Ils s’y emploient pourtant, déclenchant une grève de ci de là (la moins longue possible), mais la conscience de classe est ici trop aiguisée pour que les « bobos » puissent se déliter en toute tranquillité. Les jeunes et les travailleurs sont enragés ; ils s’attaquent aux temples de la renommée et s’en prennent au cénacle de la propriété privée (2).

Les ouvriers, les jeunes, les travailleurs salariés, même ceux qui ont été dupés par des bureaucrates syndicaux vendus, se laissent de moins en moins berner par les discours pour réconcilier. Tous comprennent que la grande échauffourée, l’ultime bataille, est engagée, non pas à Benghazi ni à Tripoli, non pas au Caire ni à Tunis, mais ici, à Athènes, où le prolétariat grec fait face seul, mains nues, à toute la réaction mondiale impérialiste, non pas pour obtenir le droit ridicule de « voter » pour le polichinelle qui liquidera leurs revendications de classe, mais pour s’emparer des rênes du pouvoir d’État afin de construire un autre monde, radicalement différent du précédent. Nous sommes ici au cœur de l’affrontement entre le monde du travail et le monde du capital, l’ultime contradiction, sans fard, sans retenue, sans faux-fuyant, la confrontation suprême entre deux univers irréconciliables, irréductibles, antagonistes, une révolution pour la vie ou pour la mort du peuple grec.

C’est ici à Athènes que cette nouvelle altercation historique commence par une bataille sur le front économique. Sauront-ils en faire une lutte politique révolutionnaire pour la conquête du pouvoir d’État ? Qui représente ici le futur ? Le capital décadent et ses sbires élus « pseudo démocratiquement » ou le travail et ses représentants populaires, issus de ses rangs, et prêts à mourir pour le futur, pour la classe ouvrière et pour le peuple grec ?

Le roi est nu, il s’expose ici à Athènes, en plein cœur de la patrie de l’esclavagisme libertaire et de la démocratie aristocratique ; il dévoile son vilain visage d’exploiteur et de spoliateur esclavagiste. Il n’est pas étonnant que l’histoire ait décidé que la révolte populaire de masse – en Occident – débuterait ici au Pirée, la patrie des penseurs esclavagistes du siècle des lumières aristocratiques. Comme la petite bourgeoise leur tiendra rigueur à ces jeunes de ne s’inspirer ni de Socrate, ni d’Aristote, ni de Sophocle, ni de Démosthène, ni de leurs Dieux vengeurs !

Le monde a fait de grand progrès depuis cette époque révolue. Aujourd’hui une nouvelle classe révolutionnaire se dresse face à l’histoire pour réclamer son dû, le pouvoir d’État, le renversement de l’ancienne classe bourgeoise dégénérée qui doit maintenant faire place au nouveau Jupiter populaire. L’oracle aura dit vrai, l’histoire de l’humanité progresse, camarades Grecs « Voici la rose, dansez ». Dansez pour que, juchés sur les barricades de la liberté et de la dignité, nous puissions admirer votre ballet révolté. Quand viendra notre tour, saurons-nous chausser vos grands souliers ?

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(1) De 2005 à 2008, la Grèce a doublé la valeur de ses emprunts pour payer des armes dont elle n’avait pas besoin. Selon une recherche conjointe de juges grecs et allemands, les vendeurs d’armes ont utilisé la corruption pour s’assurer la collaboration d’importants hommes politiques, de fonctionnaires et de chefs militaires. L’argent emprunté pour acheter ces armes vient des mêmes pays d’où proviennent les armes, soit les États-Unis, la France et l’Allemagne. De 2005 à 2008, les prêts consentis à la Grèce pour l’ensemble de ses obligations ont atteint la somme astronomique de 160 000 millions de dollars. Pour un pays de 11 millions d’habitants c’est peu dire. Avec cet argent la Grèce a amplement de quoi payer la facture de 3000 millions de dollars en hélicoptères de combat français, 2000 millions de dollars en avions de combat étasuniens, plus ou moins le même montant pour les avions Mirage français et presque le triple en sous-marins allemands. http://www.legrandsoir.info/l-endettement-de-la-grece-au-profit-des-industries-militaires.html

(2) http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/326618/grece-les-raisons-d-une-mobilisation-sans-precedent-aganaktismeni?utm_source=infolettre-2011-07-02&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

 

 

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La Chine impérialiste
 

(30 juin 2011)
 


LE VENT D’EST

Le vent d’Est, dominant, rugit depuis quelque temps, depuis l’amorce de la dernière grande crise économique mondiale (2008). Crise financière et monétaire dont l’Occident ne parvient pas à s’extraire alors que le géant comptant un milliard trois cents millions d’habitants est parvenu à s’en extirper rapidement.

Tous les indicateurs économiques le confirment : la Chine, moins touchée par le cataclysme de 2008, est déjà à marche forcée vers le sommet des palmarès économiques et industriels internationaux.

Les Américains laissent entendre que le PIB (Produit intérieur brut) chinois ne les rejoindra pas avant 2030 ; pendant ce temps les Chinois laissent braire, restent cois, et cumulent aisément les records de production, de construction et de capitalisation. Il n’y a que trois records mondiaux que les Américains conservent jalousement ; premièrement, ce sont les paumés les plus endettés de la planète ; deuxièmement, ils cumulent les plus lourdes dépenses d’armement (50 % des dépenses militaires mondiales ce qui grève davantage leur dette) ; troisièmement, ce sont les plus gros consommateurs – gaspilleurs – à crédit des deux hémisphères.

Mis à part les « bobos », qui d’autre pourrait sérieusement penser que l’empereur de l’embonpoint-armé dirige effectivement l’assemblée des chefs d’États du G7 aussi insolvables que lui ? Pendant que Barak Obama parade, entouré de ses alliés endettés, l’impérialisme chinois poursuit son ascension fulgurante et tente de repartager les marchés, les sphères de matières premières et d’hydrocarbures et de redéfinir la division internationale du travail, de l’extraction de la plus value et de la répartition de l’usufruit à l’avantage de la classe des capitalistes monopolistes d’État chinois et de ses comparses (Alliance de Shanghai).

Ce conflit mondial titanesque, qui a connu de nouvelles escarmouches en 2008, est un combat entre le camp, en déclin mais toujours dominant, du Bloc transatlantique (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Belgique, Canada, etc.) et le camp des aspirants regroupé autour de l’Alliance de Shanghai (Chine, Russie, Iran, Kazakhstan, Ouzbékistan, Syrie, etc.) prétendant au trône de leader de l’impérialisme mondial.

Le social impérialisme chinois n’est pas un avatar totalement étranger à l’impérialisme mondialisé ; il représente plutôt la section du capital financier internationalisé la plus prospère, son opposition à l’impérialisme états-unien porte sur le repartage des supers profits tirés de la spoliation des pays néo-coloniaux ainsi que sur le repartage de la plus value extorquée aux prolétariats des pays industrialisés.

LE « PRINTEMPS ARABE »

Le « Printemps arabe » – qui ne s’est toujours pas transformé en révolution arabe – le maillon faible de la chaîne impérialiste (1) découle de cette titanesque confrontation inter-impérialiste. Que voulez-vous, les peuples arabes chôment assis sur les plus grandes réserves mondiales d’hydrocarbures et pour cela ils sont l’objet de toutes les convoitises, mais leurs marchés domestiques ne présentent pas un grand intérêt étant donné deux faits rédhibitoires : premièrement, les faibles prébendes que l’impérialisme international abandonne sur place (royautés et redevances) ; deuxièmement, l’accaparement exclusivement monarchique et compradore de ces aumônes tombées de l’escarcelle des milliardaires occidentaux. Ces aumônes étant réinvesties sur les bourses d’Occident par les sultans et les présidents de pacotille, il est inutile de mettre en place un appareillage sophistiqué pour récupérer ces capitaux, car ils réintègrent d’eux-mêmes les flux de circulation monétaire impérialistes.

Les peuples arabes, écartés du repartage de ces miettes et abandonnés aux oubliettes, se sont récemment révoltés ; mais sitôt lancés, les mouvements anarchiques des insurgés ont été récupérés par les services secrets occidentaux, sionistes et arabes, qui les ont réorientés en direction d’élections « démocratiques » bourgeoises que tous les « bobos occidentaux » (chercheurs universitaires et alter mondialistes) saluent comme de grandes avancées arabes depuis la trahison de la place Tahrir au Caire (2).

Aujourd’hui, les révoltés du Caire, de Tunis, de Benghazi, de Bahreïn, du Yémen, de Syrie et d’ailleurs tentent de donner un second souffle à leurs révoltes avec tout ce que cela pose comme problèmes quand les rangs des insurgés sont infiltrés d’autant d’agents policiers. Bref, fort probablement que les peuples arabes pourront bientôt choisir leur dictateur à même une liste de 30 prestidigitateurs adoubés par les mêmes coteries qui dirigent toujours leurs pays. Voilà le résultat de ces révoltes trahies.

CHINE « COMMUNISTE » ?

La Chine est-elle une puissance impérialiste ascendante ou un pays « socialiste » dans lequel prospèrent 805 000 nouveaux millionnaires « communistes », comprenant plusieurs milliardaires « socialistes » propriétaires de grandes entreprises de production industrielles, ainsi que des spéculateurs financiers « prolétariens » inscrits aux bourses de Shanghai et de Hong-Kong et 70 députés « révolutionnaires » de l’assemblée « populaire » chinoise qui ensemble cumulent 80 milliards de devises américaines (3) ?

La Chine est un pays où survivent également des centaines de millions de prolétaires ne possédant en propre que leur force de travail à vendre sur le souk de l’emploi, le marché de l’esclavage salarié, fluctuant alternativement entre des phases de chômage aigu et des phases de plein emploi, comme dans tous les autres pays capitalistes (4).

LA CLASSE CAPITALISTE MONOPOLISTE CHINOISE

La classe capitaliste monopoliste chinoise est divisée en trois segments, chaque segment correspondant à un mode différent d’accumulation du capital. Un premier groupe est formé d’apparatchiks – bureaucrates de l’appareil monopoliste d’État –. Ils gèrent les grands conglomérats industriels nationalisés (industrie lourde, armements, aérospatiale et haute technologie), ainsi que les grandes entreprises chinoises de transport, des services et des communications. Cette section constitue le cœur de la nouvelle classe capitaliste monopoliste d’État chinoise. Leur richesse provient de leurs salaires très élevés et des immenses avantages qu’ils s’octroient à partir des revenus des entreprises et des services qu’ils administrent. Ils réinvestissent leur pécule et consolident ainsi leur position capitalistique (5).

Une deuxième section est constituée des entrepreneurs propriétaires privés de manufactures et d’entreprises de toutes sortes qui produisent en partie pour le marché de consommation national et en partie pour remplir les contrats de sous-traitance offerts par les entreprises étrangères qui ont délocalisées leurs usines en Chine (accessoires et pièces automobiles, textiles et vêtements, produits synthétiques et plastiques, métallurgie primaire, etc.). Ils sous-traitent également pour les grandes entreprises chinoises monopolistes d’État. Ces capitalistes sont souvent basés à Hong Kong, à Macao, à Taiwan, ainsi que dans les zones spéciales d’industrialisation le long de la côte Est de la Chine. Ce segment constitue lui aussi une base importante de la classe capitaliste monopoliste chinoise ; son capital financier est intimement lié au capital financier des autres puissances impérialistes et aux intérêts des grandes entreprises étrangères donneurs d’ouvrage.

Une troisième et dernière section de la classe capitaliste chinoise est formée des intermédiaires et des gérants « communistes » des entreprises impérialistes étrangères installées en Chine pour y exploiter la main d’œuvre locale sous payée. Se greffent à cette section des gestionnaires « socialistes » de portefeuilles de placements, des spéculateurs « prolétariens », des banquiers « révolutionnaires » et d’autres requins de la finance ainsi que des revendeurs « maoïstes » qui écoulent leurs produits essentiellement sur les marchés étrangers. Ceux-là forment la section compradore de la classe capitaliste monopoliste chinoise dont les capitaux s’amalgament inextricablement au capital financier international.

La nature compradore de cette partie de la classe dirigeante chinoise ne fait aucun doute. La Chine sous-traite, dans des conditions épouvantables pour son propre prolétariat, la fabrication de la pacotille et des vêtements dont l’Occident a besoin et qu’elle paie en dollars dévalués transformables en bonds du trésor américain en faillite. Une grande partie de la production manufacturière occidentale ayant été délocalisée en République Populaire de Chine – et dans une moindre mesure en Inde – la Chine présente sous certains aspects l’image d’un impérialisme de sous-traitance avec parmi ces compradores une mentalité de rentiers qui retirent leurs bénéfices de l'exploitation de leur propre peuple travailleur.

Cette forme d’exploitation est semblable à celle que l’on rencontre dans plusieurs pays néo-coloniaux – arabes notamment – et rien ne distingue ce segment compradore chinois de la classe dirigeante d’Indonésie, d’Égypte, d’Algérie, de Libye, de l’Inde ou du Congo.

Cette composition complexe – en trois segments – de la classe capitaliste monopoliste chinoise et les luttes internes qu’elle engendre au sein du Parti bourgeois hégémonique explique les hésitations, les fluctuations et les retournements inattendus de la politique étrangère chinoise (elle n’a pas imposée son veto à la résolution à l’ONU préparant l’agression contre la Libye, puis la Chine a regretté de ne pas l’avoir fait). Les contradictions entre les impérialistes mondiaux sont très féroces en ces temps de crise économique sévère et les chemins pour parvenir au sommet (repartage des zones d'influences, des marchés et des ressources) sont et seront parsemés de nombreux conflits régionaux – Iran, Soudan, Syrie, Libye, autres pays arabes, Congo, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Sénégal, autres pays africains, Palestine-Israël, Afghanistan, etc. – (6) avant de se transformer en conflit ouvert mettant directement aux prises les deux camps dans un nouvel affrontement mondial cataclysmique.

LA CHINE IMPÉRIALISTE

La section bureaucratique monopoliste d’État d’abord, la section spécialisée dans la sous-traitance et le segment compradore ensuite, s’appuient tous sur le contrôle exclusif de l’appareil monopolistique d’État (législatif, juridique, fiscaliste et répressif) pour assurer leur expansion impérialiste sur les divers marchés mondiaux afin de réaliser le profit maximum pour leurs investissements. Par ses origines bureaucratiques, la première section contrôle le Parti « communiste » hégémonique et l'État « socialiste » chinois. Ces trois segments sont devenus la nouvelle bourgeoisie dans un système de production déjà largement monopolisé, protégé de la concurrence étrangère et dont la pérennité est garantie par cet appareil d'État sous son contrôle exclusif. Les trois segments participent directement à l'exploitation du peuple chinois, à extraire la plus-value – dans les grandes usines en conglomérats et dans les grandes entreprises de transports et de communication – du travail de la classe ouvrière et à la mise aux enchères du travail salarié chinois pour le bénéfice de leurs alliés et concurrents impérialistes internationaux.

Par ailleurs, le capitalisme chinois est exportateur de capitaux et entrepreneur de gros oeuvres dans les pays néo-coloniaux mais aussi dans certains pays riches comme le Canada (mines du Nunavut, forêt de Colombie-Britannique, hydrocarbures de l’Alberta et Plan Nord du Québec). En ce sens, l'économie chinoise, déjà fortement en expansion (2e économie mondiale en terme de valeur de la production) contient en germe la double nature contradictoire de l’impérialisme contemporain. La classe dirigeante chinoise se comporte exactement comme n'importe quelle classe exploiteuse d'une grande économie occidentale sans pour autant contrôler le moindre levier économique international embûche que l’impérialisme américain pose devant l’expansionnisme chinois. À titre d’exemple, la Chine n’est pas cooptée au G8 ni à l’OCDE, elle n’a pas droit de veto au FMI malgré qu’elle le finance fortement (7) ; la Chine est traitée comme quantité négligeable à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) malgré qu’elle soit le premier pays exportateur et le deuxième importateur mondial, de même à la Banque mondiale malgré que ses réserves de devises étrangères soient, et de loin, les plus importantes au monde (2,45 mille milliards de dollars US) et qu’à elle seule elle prête davantage aux pays en développement que la Banque mondiale (8).

La dépendance de la Chine à l'égard du marché et du dollar américains place ce pays à la merci des restrictions que les États-Unis pratiquent à son égard (interdiction d’achat de certaines entreprises, blocage de certains marchés technologiques – aérospatiale, micro processeur, armement sophistiqué telle la technologie des drones –. À titre d’exemple de cette dépendance chinoise vis-à-vis du marché nord américain, la société WalMart, la plus grande entreprise au monde (1,9 millions de salariés) spécialisée dans la grande distribution (404 milliards de chiffre d’affaires annuel – 2009), importe 70 % de ses produits de Chine populaire. La faillite de WalMart créerait de graves problèmes aux entrepreneurs chinois (9). La Chine peut donc concurrencer les États Unis mais elle ne peut pas mettre ce pays en faillite…pour le moment.

Le capitalisme monopoliste d'État en Chine est caractérisé par la dictature d’une bureaucratie parasitaire ancienne, restreinte en nombre et fortement capitalisé (0.03 % des riches chinois cumulent 60 % du PIB national) qui connaît une expansion extérieure limitée par ces contraintes que nous venons d’énoncer et dont il est difficile de mesurer jusqu'à quel point et jusqu'à quand les impérialistes du Bloc transatlantique parviendront à l’entraver (10).

En résumé, la Chine présente une économie capitaliste monopolistique d’État en phase de maturité, basée d’une part sur l'exploitation de la classe ouvrière – qui constitue le moteur de la contradiction principale (entre le travail et le capital) – et d’autre part sur la conquête des marchés extérieures, mais aussi caractérisée par une intégration inachevée au système impérialiste mondial, intégration qui est cependant en voie de parachèvement.

Si un jour elle le fut, la Chine n’est déjà plus un pays socialiste mais constitue réellement la puissance impérialiste montante à l’échelle internationale. La Chine ne constitue pas pour autant le plus grand danger pour les peuples du monde ni l’une des trois composantes d’un univers impérialiste tri polaire (théorie fumeuse des Trois mondes). La Chine est un pays impérialiste que l’immense prolétariat chinois devra renverser (abattre) tout comme le prolétariat de chacun des pays impérialistes a pour mission de détruire la structure étatique et sociale qui les opprime et les exploite.

Avec l’expansion rapide de l’impérialisme chinois, le prolétariat chinois est devenu le contingent le plus important – entre 240 et 300 millions d’individus – et le fer de lance du prolétariat mondial. Sur lui repose la responsabilité de tracer la voie vers l’émancipation de toute la classe et de ses alliés (11).


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(1) Le maillon faible. Les révoltes arabes. http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article5043

(2) http://www.legrandsoir.info/La-revolution-avortee.html et http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-revolution-democratique-88459

(3) http://www.ledevoir.com/international/asie/323664/le-sans-gene-des-nouveaux-riches-chinois La répartition de la richesse dans le monde. Rapport Global Wealth Databook (en anglais) du Crédit Suisse.
(4) http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/etats-unis-chine-la-grande-87177 et http://www.centpapiers.com/comprendre-la-crise-economique-et-financiere-2/56027

(5) http://french.peopledaily.com.cn/Economie/7110542.html Hausse de 42 % du chiffre d’affaires des entreprises centrales chinoises.
(6) Multiples conflits dans le monde http://www.mondialisation.ca/

(7) La Chine a prêté 50 milliards de dollars au FMI afin qu’il prête aux pays en développement. Courriel Internet 10.06.2011.

(8) http://french.peopledaily.com.cn/Economie/7113960.html
(9) http://fr.wikipedia.org/wiki/Walmart

(10) http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/comprendre-la-crise-economique-et-86958

(11) http://www.melchior.fr/Nombre-de-travailleurs-dans-l.6557.0.html, soit 740 millions de salariés en Chine dont 180 millions dans l’industrie et le bâtiment et 240 millions dans les services. http://www.questionchine.net/article.php3?id_article=1802

 

 

 

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Révoltes arabes et répressions néo-coloniales

 

(16 mai 2011)

 

 

Le monde arabe est extrêmement complexe, les groupes religieux sont nombreux, les communautés ethniques encore davantage, les nationalismes toujours exacerbés, à dessein, par moult puissances étrangères implantées là depuis le XVIIIe siècle et même avant. Chaque puissance européenne, puis les États-Unis et aujourd’hui la Chine impérialiste sont venues sur ces terres se tailler un petit empire qu’aucune puissance coloniale n’a jamais voulu abandonner. Après le colonialisme classique, la domination étrangère a fait place depuis cinquante ans au néo-colonialisme; le repartage des zones d’influences coloniales est aujourd’hui à l’ordre du jour car les puissances impérialistes montent ou déclinent selon le développement économique contemporain ceci entraîne un repartage des marchés, des sources de matières premières, des zones d’exploitation de la main-d’oeuvre.

Le néo-colonialisme a ceci de particulier qu’il s’accommode de l’indépendance formelle de ces pays semi-coloniaux. Il l’exige même, car il est plus facile d’exploiter les ressources naturelles nationales et le travail des populations locales sous la supervision d’une bourgeoisie nationale véreuse et soumise, vivant des prébendes et des ristournes sur ces richesses que de tenter de contrôler et d’administrer directement ces populations indigènes toujours enclines à se révolter et à stigmatiser les méfaits des puissances étrangères coupables de leur déchéance (1).

Dorénavant, mise à part la bourgeoisie palestinienne qui n’a toujours pas obtenu son petit État bien à soi, à administrer pour le bénéfice des colonialistes israéliens - mais ça ne saurait tarder suite à l’accord de collaboration entre le Hamas et le Fatah (2) - toutes les autres bourgeoisies nationales, castes ou tribus arabes, berbères, kurdes, druzes ou alaouites ont maintenant leur domaine, leur zone géographique auxquels on a donné le nom de pays, de territoires autonomes, de royaumes, d’émirats ou de sultanats, etcétéra.

Ces nations créées à partir de regroupements tribaux, ethniques et religieux se forgent peu à peu un vouloir vivre collectif sur des territoires étatiques le plus souvent reconnus, balisés (frontières délimitées et acceptées, et gouvernement légiférant légalement), dans un environnement économique national fragile mais tout de même existant et en phase de consolidation. C’est pour cette raison que nous affirmons que se sont de véritables nations (tunisienne, égyptienne, syrienne, libyenne, irakienne, yéménite), ayant en commun la langue arabe, qui sont en émergence ou en cours de consolidation et qui luttent chacune pour leur véritable indépendance. C’est dans ce contexte qu’interviennent les agressions néo-coloniales prenant appui sur des sections de classes bourgeoises nationales totalement inféodées aux intérêts d’une puissance impérialiste ou d’une autre (France, Grande-Bretagne, Italie, États-Unis, Russie, Chine).

C’est sur cette toile de fond impérialiste et collaborationniste de manigances, de complots, d’exactions, de dictatures bourgeoises ou aristocratiques moyenâgeuses que l’on peut et que l’on doit analyser et comprendre la série de révoltes populaires arabes. En plus de l’héritage pas si lointain de la décolonisation ottomane, un autre événement fondateur est à l’origine de tous ces soulèvements : la grande crise économique mondiale de l’année 2008, dont l’épicentre fut localisé quelque part sur Wall Street en la cité de New-York et dont les secousses telluriques se répandirent comme une traînée de poudre sur l’ensemble de la planète.

Dans une tentative désespérée de parer les effets de cette crise du système monétaire et financier impérialiste international, les puissances néo-coloniales se tournèrent vers leurs néo-colonies du tiers monde et exigèrent par l’intermédiaire de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international que ces pays absorbent le coût de toute cette gabegie monétaire (des milliards de capitaux venaient de s’envoler en fumée et l’on souhaiterait que les riches soient les seuls à assumer cette faillite !). Les gouvernements arabes à la solde se mirent consciencieusement au travail et accrurent la pression sur la force de travail régional, accentuèrent la dilapidation des ressources naturelles nationales, accélérèrent le bradage des biens et services publics aux entreprises privées monopolistes occidentales, jetèrent des centaines de milliers de jeunes diplômés sur le pavé, cependant que l’inflation faisait des ravages et rendait les biens de première nécessité quasi inaccessibles aux populations multiethniques paupérisées.

Dans tous les pays arabes la petite-bourgeoisie nationale, ce corps franc de la grande bourgeoisie, ce rempart contre l’insurrection populaire, fut frappée et appauvrie; c’est elle qui donna le signal de la révolte et qui organisa les premiers soulèvements populaires. Mais sans organisation révolutionnaire et sans direction révolutionnaire, ces révoltes furent facilement récupérées et dévoyées de leur route et de leurs mots d’ordre économiques et démocratiques (pain, travail, dignité, fin de la tyrannie).

Hillary Clinton, la secrétaire d’État américaine, fut la première à percevoir le danger et à proposer que ces soulèvements devraient être canalisés vers l’obtention du droit de voter pour une vaste panoplie de traîtres, sans discrimination et sans pré –sélection, avant les élections démocratiques bourgeoises. De toute façon, pensait-elle cynique, de nos jours les techniques de contrôle et d’endiguement électoral sont suffisamment maîtrisées, sophistiquées et coûteuses pour que l’on conserve toujours la haute main sur ces processus d’élection bidon.

Mais la rue arabe en Tunisie puis en Égypte, une fois revenue de sa surprise agréable de voir s’enfuir leurs présidents tyranniques avec quelques milliards en poche et un sauf conduit mal acquis, comprit qu’elle s’était fait berner et que tout restait à accomplir pour se débarrasser des systèmes oligarchiques néo-coloniaux indignes qui les oppriment.

Entre-temps les puissances néo-coloniales avaient eu l’opportunité de préparer leur riposte et pourquoi ne pas pêcher en eau trouble, s’étaient dit Sarkozy, Obama et compagnie ? De nombreux autres tyrans méritaient une leçon et de toute façon la rue arabe ne décolérait pas : autant lui donner davantage de tyrans à tétaniser. Après la Tunisie et l’Égypte, voilà la Libye, le Bahreïn, le Yémen, l’Algérie, puis enfin la Syrie et le Maroc mis sous le choc. Qui poussé par des chefs de tribus frustrés de ne pas avoir obtenu leur part dans le partage des prébendes ; qui poussé par la fraction chiite de la bourgeoisie nationale traitée en déshéritée dans le partage des postes de la nomenklatura ; qui poussé par la fraction sunnite de la bourgeoisie nationale excédée de voir les alaouites monopoliser le pouvoir politique ; qui n’acceptant plus de voir l’armée gérer le pays comme sa chasse gardée. Dans toute cette saga, parmi tous ces pays arabes, le peuple désoeuvré, affamé, désorienté s’avançait pour mener l’insurrection, mais faute de direction et d’organisation véritablement révolutionnaires, il s’est retrouvé immanquablement à servir de chair à canon pour défendre les revendications d’une section ou d’une autre des bourgeoises nationales (parfois encore semi-tribales) cupides et dégénérées (3).

En Libye, la guerre civile entre les tribus de Cyrénaïque frustrées et leurs mercenaires soutenus par l’OTAN, et les tribus de Tripolitaine au pouvoir depuis quarante ans tournent au règlement de compte des puissances occidentales contre leur marionnette Kadhafi, coupable d’avoir tenté de mener quelques politiques indépendantes et d’avoir soutenu l’édification de la Banque africaine, concurrente de la Banque mondiale capitaliste (4).

Le régime syrien a longtemps servi de sous-traitant tortionnaire aux États-Unis. Ce régime a une tradition de poigne de fer, et n'a jamais été trop troublé par les sanctions de la soi-disant communauté internationale. Il se situe à la jonction de la zone d'influence russe (ex-soviétique) et de la zone d'influence française, américaine et britannique ; rendant service aux deux camps sur commande, jusqu'à maintenant le régime s'était assez bien tiré d’affaire sur le plan international en nageant entre deux eaux et en eaux troubles le plus souvent.

Le régime syrien est aujourd’hui un facteur de stabilité vu sous l'angle israélien/ américain et il serait étonnant qu’Israël se trouve derrière les soulèvements « spontanés » actuels. Le régime sert de canal pour ce qui est de l'appui de l'Iran au Hezbollah (voilà qui dérange lourdement Israël) et il fait partie de la nouvelle alliance Iran, Syrie, Turquie, Russie dirigée par la Chine impérialiste à travers l’alliance de Shanghai.

Par contre ce régime est le fait d'une minorité (alaouite) qui domine par la terreur une population en majorité sunnite. C'est une société tenue dans l'arriération sur le plan de la recherche, des communications, de la technologie et du développement économique (quel qu'il soit). Depuis le protectorat français ce régime a toujours maintenu des relations troubles avec son voisin libanais. Enfin, il est reconnu que les États-Unis ont investi lourdement et souvent clandestinement dans ce pays pour faire la promotion de "la pseudo démocratie colorée"...comme il l’a fait dans certains pays de l'Europe de l'Est.

En Syrie le pouvoir de Bachar el-Assad est aujourd’hui ébranlé par les mercenaires de Saad Hariri (ex premier ministre libanais) et de ses commanditaires d’Arabie à titre de représailles pour le soutien iranien au soulèvement chiite au Bahreïn.

Au Yémen la situation demeure confuse car si le pouvoir impérialiste aimerait bien sacrifier son valet Ali Abdallah Saleh, comme Moubarak et Ben Ali avant lui, celui-là ne l’entend pas de cette oreille et semble poser des exigences trop importantes pour abandonner son poste de gestionnaire de la machine d’État yéménite. En Arabie Saoudite, l’État a jeté des milliards de dollars en pâture aux manifestants et a dépêché sa troupe pour occuper le Bahreïn, un avertissement à ses propres opposants qui seraient tentés de poursuivre les soulèvements. Il semble bien que ce pouvoir monarchique s’en sortira indemne encore une fois tout comme au Koweït voisin.

Voilà où en est aujourd’hui cette succession de révoltes populaires arabes manœuvrées en sous-main par différentes puissances craignant toujours que le contrôle leur échappe et que, de ces révoltes trahies - sur la Place Tahrir notamment (5) - n’émergent des révolutions emportant ces bandes de marionnettes qu’elles soutiennent affectueusement et douloureusement, alors que leurs petits héros virtuels patentés risquent d’être récupérés ou emportés dans la tourmente (6).


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(1) http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23776

(2) http://www.lepost.fr/article/2011/05/12/2492344_accord-hamas-fatah_1_0_1.html

(3) http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23889

(4) http://thalasolidaire.over-blog.com/article-point-de-vue-les-mensonges-de-la-guerre-de-l-occident-contre-la-lybie-10-05-73590250.html

(5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Place_Tahrir

(6) http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=128:documentaire-monde-arabe-londe-de-choc&catid=37:societe&Itemid=75

 

 

 

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Le peuple français s'appauvrit chaque année davantage !

 

(6 mai 2011)

 

 

Les apparences sont trompeuses

Trois semaines à traverser la France, émerveillé. La canicule en avril qui l’eût cru ! Les voitures rutilantes encombrent les rues étroites ; les résidences coquettes, merveilleusement entretenues, s’élèvent au milieu des nouveaux développements domiciliaires ; les commerces pléthoriques exposent leurs étalages remplis de produits de consommation dispendieux ; vraiment de quoi laisser croire que la douce France est un pays opulent, croulant sous la richesse et la consommation…à crédit !

Puis, un article du quotidien Le matin m’apprend que derrière cette façade de théâtre « Potemkine » la misère fait rage, et je me surprends à déchiffrer différemment cette vitrine occidentale ; les transports publics bondés de travailleurs au regard hagard ; les chômeurs désoeuvrés battant le trottoir en quête du marché…de l’emploi, n’importe quoi pourvu qu’on assure la fin du mois ; les grévistes, de plus en plus nombreux, à résister aux délocalisations et aux fermetures d’usines pour cause de surproduction ; les SDF qui insistent pour quémander de quoi manger, mais pas de quoi se loger, ce serait trop demander ; les immigrants balayant les rues, ramassant les ordures, affairés à mille et un boulots, toujours menacés d’être déportés ; les petits boutiquiers (commerces et services multiples) et les vendeurs à la tire qu’ils poussent à nous harceler, offrent leurs produits de pacotille Made in China…il n’y a pas de sots métiers qu’une infinie misère qui se terre et parfois surgit de sous terre et s’étale devant les étalages de la surabondance hors de prix.

J’anticipe que la production de biens, de marchandises et de services se porte bien mais que les marchés crédités et solvables pour ces biens de consommation à profusion s’étiolent chaque année davantage.

Même ce petit homme d’affaires, au poignet une montre très chère, au volant de sa voiture de marque, m’apparaît différemment ; je soupçonne à son air stressé que tout n’est pas payé et que les fins de mois ont de quoi l’effrayer. Tant que l’impérialisme français pourra rapatrier ses super dividendes des néo-colonies vers la mère patrie, ce dernier pourra conserver son train de vie, tout en comprenant confusément, dans le luxe de sa BMW, que sa prospérité factice tient à une sonnerie de son portable lui annonçant la perte d’un contrat ou la fin de son emploi.

Qu’un jour les super profits n’entrent plus des néo-colonies et c’en sera fait des miettes qu’on lui laisse et de sa vie de paradis à crédit, et il le subodore l’animal. Son crédit tari ne lui permettra plus de dépenser aujourd’hui ce qu’il ne gagnera pas demain. Son « ami » le banquier, bien payé, tout occupé à engranger ses bonis d’efficacité et sa prime de vie chère, va lui rappeler que sa faillite n’est pas son affaire, et que tout ceci n’est pas à lui mais à eux et qu’il lui revient de s’emparer de l’usufruit à son profit.

Les riches toujours plus riches et les pauvres…

L’article du journal Le matin qui m’a alerté allait comme suit. En 2008, le salaire médian (le plus fréquent) des familles françaises était de 2 380 euros par mois soit 100 euros de plus qu’il y a dix ans, c’est-à-dire tout juste 4 % d’augmentation des revenus des ménages en une décennie, ou si vous préférez, 0,4 % par année de hausse de revenu pour faire face à la vie de plus en plus chère, affirme l’INSEE dans son rapport intitulé Revenus et patrimoine des ménages (édition 2011). Le rapport ajoute que la même année les 10 % des ménages les plus pauvres gagnaient à peine 13 200 euros annuellement (36 euros par jour pour une moyenne de 3 personnes par ménage) ; 8 millions de français pauvres, soit 13 % de la population de l’hexagone, vit avec moins de 11 388 euros par année, soit, le croiriez-vous, 31,2 euros par jour (environ 48 dollars canadiens) !

Pendant ce temps les riches se débrouillent avec en moyenne 60 000 euros par année (non identifiés les hyper riches qui gagnent beaucoup plus que cela mais disparaissent en tête de ces statistiques sinistres).

Tout ceci amène à se demander si le peuple français ne devrait pas se battre pour une meilleure répartition de la richesse collective nationale, pour une meilleure équité sociale ? Depuis des siècles le peuple français mène la bataille pour la justice sociale; depuis des lustres qu’il proteste le peuple français, depuis la prise de la Bastille notamment, qu’il s’enrage contre ces riches toujours plus riches, ces bourgeois toujours plus cupides et contre la paupérisation du reste de la population… Et puis après ?

Quel est le résultat de cette hargne et de cette résistance ? Les statistiques de l’INSEE le proclament : 0,4 % de hausse de revenu pour les ménages ordinaires (alors que l’inflation a été de 4 % en 2010) et 100 % de hausse des revenus pour les hyper riches en 2010.

Tant que ces derniers seront propriétaires des moyens de production, des biens, des services, des moyens de communication, et que les super riches pourront s’accaparer la plus-value crée par les ouvriers, pour le bénéfice de quelques-uns, et s’emparer des super profits rapatriés des néo-colonies, l’INSEE publiera toujours les mêmes tristes statistiques.

Et ce n’est rien, attendez qu’à nouveau la crise économique (après celle de 2008) s’abatte sur la France impérialiste déclinante, incapable de faire concurrence à la nouvelle Chine, puissance montante, et c’en sera fait y compris des miettes qui tombent de la table du banquet dont même la petite-bourgeoisie docile n’espérera plus aucun bienfait. Le repartage des ressources et des marchés internationaux est en cours et ses effets n’ont pas fini d’appauvrir le peuple français.

 

 

 

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L'assassinat extra judiciaire de Ben Laden

 

(5 mai 2011)

 

 

De quoi avaient-ils peur ? L’empressement marqué des assassins États-uniens à exécuter Ben Laden et à faire disparaître son cadavre laisse perplexe. Un escadron de para, bardé d’armes sophistiquées, casque à la Nintendo posé sur le nez, monté à la Zorro sur quelques hélicos, fond sur sa proie un jour de mai. La cible : un retraité, retiré dans sa datcha au nord d’Islamabad la mafieuse, pénard avec sa famille nombreuse, inactif depuis quelques années, regardant à la télé les franchisés légitimés de la soi-disant organisation Al Quaida, s’exciter à la périphérie des combats que mène la résistance des peuples arabes opprimés, révoltés.

L’exécution extra judiciaire des « injusticiers » surarmés aura permis de faire taire un témoin gênant, c’est la seule conclusion que l’on puisse tirer de ce coup fourré à l’américaine. L’héritier élu du chef des bandits de l’époque (2001) pourra dormir tranquille ; Barak Obama, à l’enseigne de George W. Bush en 2001, est apparu précipitamment à la télévision, heureusement sans porte-avion, pour annoncer le fait d’armes courageux de son corps d’armée hargneux : un vieillard désarmé a été assassiné aux confins d’une région ravagée par les drones de l’empire. Il résistait et il en savait trop pour être rapatrié et interrogé ; de toute façon, tout ce qu’il aurait pu révéler, l’État major américain le savait déjà. Alors à quoi bon laisser parler ce ressuscité devant les caméras de la télé à la face du public hébété ; et lui donner l’occasion de raconter les malversations des puissants et les complots des malfaisants ? D’ailleurs, la sanguinaire et honteuse prison de Guantanamo n’étant toujours pas fermée, un prisonnier illégal de plus et pourquoi pas - aux côtés de l’enfant canadien que le gouvernement canadien refuse de rapatrier ?

Que nenni, il en savait trop ce pseudo « héros » ! Non mais vraiment, les stratèges de la Maison blanche nous prennent-ils pour des demeurés ? Après l’avoir cherché pendant ces dix dernières années, pourquoi était-il devenu si urgent de le faire taire pour l’éternité ? Pouvait-il révéler des informations cachées, des complicités, l’origine de ses informateurs, la provenance des armes de son organisation, qui a entraîné ses satrapes (si ce sont bien eux qui ont fait le coup des tours jumelles !), qui les a cachés, armés, payés, le nom de ses alliés? Autant de questions que l’on ne pourra jamais lui poser.

Ou alors, Ben Laden n’était plus rien dans cette saga, ses héritiers et ses officiers sont ailleurs et cet assassinat illégal des paras de l’armée américaine dans une néo colonie occupée (Pakistan) n’aura été que la vengeance puérile d’une puissance en déclin ?

Ce meurtre barbare, télévisé, n’aura servi qu’à exacerber la hargne et la colère de ses partisans frustrés et à accréditer un « héros » de plus aux pays des néo-colonisés. Demain, dans une ville quelconque, un illuminé se fera sauter au milieu d’une foule innocente et tous ces commentateurs et analystes zélés que j’ai entendus s’esclaffer et chanter hier à la télé viendront pleurer des larmes de crocodiles et, en poltrons qu’ils sont, crier vengeance et demander d’autres meurtres sauvages extra judiciaires sans acte d’accusation, sans procès, sans témoins gênants, sans même le cadavre de l’accusé. Mais qu’ont-ils donc à cacher ces assoiffés du sang des « martyrs » instrumentalisés ?

Quelle est la question précisément à propos de cette exécution sommaire, extra-judiciaire, de Ben Laden, que l’on nous présente comme le démon incarné, et de quelques membres de sa famille ?

La question n’est pas de soutenir Ben Laden et le terrorisme, c’est le manichéisme américain qui nous inflige cette dichotomie patentée. La véritable question à propos de Ben Laden concerne l’opposition et la guerre entre deux groupes terroristes, celui dirigé par les américains et celui dirigé par Ben Laden, lequel est le plus dangereux pour les peuples du monde ? Les deux.

La déclaration que le chef des terroristes américains (George W. Bush) a faite en 2001 m’apparaît très dangereuse. George Bush a alors déclaré que :

1) les États-Unis se réservaient l’exclusivité des opérations terroristes dans le monde ;
2) les États-Unis ne toléreraient aucune résistance à leur hégémonie militaire ;
3) les États-Unis d’Amérique prendraient tous les moyens disponibles, y compris le terrorisme international, pour maintenir leur suprématie et écraser toute résistance.

Ce lâche assassinat de monsieur Ben Laden (peu importe les activités menées par la victime il avait droit à un procès comme ceux de Nuremberg) est l’affirmation que Barak Obama souscrit parfaitement au dogme alors proclamé par W. Bush en 2001 et il constitue une action visant à terroriser les peuples du monde afin de bien démontrer à quiconque penserait se soulever contre l’hégémonie militaire américaine qu’il sera pourchassé et abattu sans sommation, sans procès, sans pitié, lui et sa famille et tous ses supporteurs.

Washington espère ainsi que les peuples arabes qui se révoltent en ce moment, sans se préoccuper de Ben Laden et d’Al Quaida, comprendront le message. À bon entendeur, salut.

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(1) http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-assassinat-extra-judiciaire-de-93302?debut_forums=0#forum2906053

(2) http://www.centpapiers.com/l%e2%80%99assassinat-extra-judiciaire-de-ben-laden-3/69235

(3) http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article5103

 

 

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Massacres en Côte d'Ivoire "libérée" par ses néo-colonisateurs !

 

(10 avril 2011)

 


Ils avaient cru (l'ONU et Sarkozy) qu'il suffirait de pointer du doigt celui qu'ils ne voulaient pas pour qu'aussitôt il s'éclipse et s'enfonce dans la forêt pour mourir en paix. Mais l'ex-thuriféraire ne l'a pas entendu de cette manière; il avait bien servi ses maîtres, croyait-il, pourquoi être soudain répudié de façon si cavalière? Et le roitelet défait de s'accrocher à son trône, surtout que les premiers rapports des observateurs africains le donnaient gagnant, le « roi Gbagbo ». C'est que les maîtres néo-coloniaux n'avaient pas révisé la copie de l'observateur Mbeki. Cela fait, le rapport était d'une toute autre teneur : le « bon » gagnant était désigné, alors que le « mauvais » perdant était accusé. Ce que M. Gbagbo ne savait pas, c'est que les trucs et les astuces qui l'avaient fait président pouvaient servir tout autant à son congédiement (1).

Les seigneurs occidentaux se croient toujours maîtres de l'Afrique, ce continent exsangue, extorqué, saigné à blanc - par les capitalistes blancs - depuis les temps négriers jusqu'aux jours d'aujourd'hui. De leurs décrets ils commandent qui sera élu et qui sera battu aux élections « démocratiques » truquées. S'il faut quelques entorses à la vérité, qu'à cela ne tienne ! C'est pour le bien de ces pestiférés africains, ont-ils déclaré, hilares. Pauvre Afrique, toujours soumise à ces intrigues malodorantes que l'on nomme « les Droits de l'homme…blanc » ! À quand le droit des Africains de gérer leur territoire, leur économie et d'élire qui bon leur semble ?

Mais si, moi citoyen français, je n'ai pas le droit d'élire qui bon me semble et de renverser mes exploiteurs par les urnes ou par ma révolte, pourquoi imaginer que ce droit soit accordé à l'africain ? « Tu as raison, mon frère noir, il n'y a aucun motif que sous ce système impérialiste où l'on ploie, toi et moi, j'aie des droits que tu n'as pas. Les riches noirs, blancs, jaunes ont tous les droits, les autres n'ont que leur force de travail à vendre et leurs chaînes à perdre. ».

Mais Sarko ne rigole pas et nous verrons pourquoi : il joue sa peau Sarkozy, alors s'il faut « broyer du noir » pour se maintenir au pouvoir, quelques milliers de sacrifiés ce ne sera pas cher payer pour ce négrier recyclé.

Laurent Gbagbo, d'abord déclaré vainqueur puis perdant des élections ivoiriennes, aura résisté le temps de prendre la mesure de ses maîtres. Difficile pour lui d'accepter l'annonce « qu'il a fait son temps », et que son remplaçant, plus soumis, plus sadique, sera le nouveau président élu par la « communauté internationale ». Bien entendu que ses sbires et ses mercenaires libériens en font trop, massacrent trop, mutilent trop, mais tout cela la « communauté internationale » des riches et des puissants l'oubliera vite, même que quelques charniers pourront être cachés ou attribués au perdant. L'important c'est que l'homme choisi soit assis sur le trône pour le temps qu'il lui reste. Aucune illusion n'est permise, le précédent était un fier démocrate puis il devint un tortionnaire ; le tout récent héros vivra le même scénario : le sauveur Ouattara se considéré parjure le jour où il manifestera d'indécentes velléités d'indépendance. Ainsi va la vie en néo-colonie!

La vertueuse « communauté internationale » accepte que la passation des pouvoirs s'accompagne du massacre des fidèles de Gbagbo en attendant l'épuration qui va suivre. Vous vous rappelez le Rwanda. Beaucoup ont cru que tout cela était survenu par la faute du barbarisme de ces noirs sauvages, c'est qu'ils n'avaient pas repéré, se dissimulant derrière les pions noirs, les barbares maîtres blancs bien instruits des techniques de génocide, une spécialité de la maison « Les riches d'Occident, service sur commande et livraison armée » sur les lieux de la tragédie.

Des éléments de la gauche française, toujours disposés à mystifier les choses, prétendent que : « Ce sont les Nations Unies et la France qui doivent répondre de la situation en Côte-d'Ivoire : elles ont échoué dans le désarmement et dans la pacification du pays ainsi que dans l'organisation d'élections libres et transparentes et maintenant elles sèment la haine et la zizanie entre les parties ».

Quelles billevesées ! De quel droit la France et les Nations Unies se sont-elles ingérées dans les affaires internes de la Côte-d'Ivoire à l'encontre de la Charte de l'ONU et de la volonté de la population ivoirienne ? Depuis quand les fauteurs de guerre ont-ils pour mission de pacifier un pays ? Depuis quand les vendeurs d'armes ont-ils pour mission de désarmer les belligérants ?

Quelle attitude néocoloniale ce gauchiste promeut-il envers le peuple souverain de la Côte-d'Ivoire ? Que font ces gauchistes ? Ils pleurent parce qu'un chacal à qui on avait confié le mandat de « désarmer’ et de le « pacifier » puis d'organiser des élections « démocratiques bourgeoises libres » a mené son mandat à terme. En effet, une faction a refusé de désarmer voyant qu'elle serait la première sacrifiée (Gbagbo et consorts). Après avoir accepté de jouer le jeu de la fraude électorale, cette faction a découvert que l'on truquait les résultats mais, cette fois, en faveur de l'autre candidat. Laurent Gbagbo a donc répudié cette fraude démocratique bourgeoise puisqu'elle ne tournait pas à son avantage.

L'autre faction, désignée gagnante par la France (Ouattara et consorts), a aussitôt bombé le torse et demandé à ses maîtres de punir le récalcitrant qui refusait de se laisser écarter alors que le parrain des malfrats lui signifiait de s'en aller. Les deux gangs de truands se sont donc affrontés. Celui qui bénéficiait de l’appui du parrain étranger l'a emporté. La « société civile ivoirienne » a bien peu à voir dans cette histoire d'un chef de bande remplacé par un autre chef de bande tout aussi malhonnête et vicieux mais d'allure plus moderne, et plus soumise ce pourquoi il a été désigné. Et la gauche de s'empêtrer davantage dans ses analyses stéréotypées, éculées. Ainsi, alors que Sarko se comporte comme le chef d'une puissance impérialiste en déclin, au plus grand plaisir de sa classe capitaliste monopoliste nationaliste française, et qu'il intervient en Côte-d'Ivoire et en Libye de sa propre initiative pour défendre les quelques néo-colonies qu'il lui reste, tout cela en forçant quelque peu la main de son consort et concurrent américain, voilà qu'à gauche on lui ressert l'histoire du grand frère américain et du vassal parisien :

« La France officielle, sous influence étasunienne, a donc choisi la fuite en avant dans l'agression d'un pays souverain en proie à une guerre civile qu'elle a directement contribué à activer, à travers une politique néo-coloniale et partisane développée depuis bien des années. La crise ivoirienne n'est pas récente. Elle est particulièrement complexe et l'actuelle question de l'élection présidentielle contestée n'y représente qu'une étape, dans un pays coupé en deux camps. Entre ces deux camps, les États-Unis ont choisi en fonction de leurs démarches stratégiques, celui qu'avec leurs supplétifs", soutiennent-ils.

Messieurs, mesdames de la gauche parisienne, il n'y avait pas d'élection présidentielle contestée en Côte-d'Ivoire, il y a des impérialistes qui ont soufflé à l'oreille de leur poulain (Ouattara) qu'il devrait contester l'élection, ce qui leur fournirait le prétexte d'intervenir et de l'imposer au pays tout entier. Messieurs de la gauche Vous accréditez les mensonges de votre président, en êtes-vous conscients ?

Sachez que Sarkozy a capitulé, l'excité de l'Élysée s'est enfin rangé. Il a congédié son ministre des Affaires étrangères atlantiste-socialiste Kouchner et a rendu à la faction chiraquienne de son parti le pouvoir qui lui revenait de droit (Juppé le martyr chiraquien). Sarkozy s'est réconcilié avec l'autre moitié de son parti et mène ces guerres d'agression coloniale en Libye et en Côte-d'Ivoire afin de défendre les intérêts de la classe
impérialiste française.

Messieurs dames de la gauche française, ce n'est pas Obama votre premier ennemi mais bien l'excité de l'Élysée et la classe qui l'a engendré. Mais comment aux prochaines élections présidentielles françaises truquées parviendrez-vous à châtier le chacal de l'UMP sans pour autant laisser se faufiler le loup «socialiste» du FMI ? Néo-colonialistes français, hors de Côte-d'Ivoire !

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(1) http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=24198

 

 

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La Libye sous les bombes "humanitaires" de l'ONU

(23 mars 2011)

 

 

Il était une fois un berger qui, entendant ses agneaux en émoi et son troupeau aux abois, s’approcha pour constater les dégâts… Un vieux loup à demi édenté s’était faufilé dans sa bergerie et dévorait tous les animaux qu’il pouvait attraper… Le berger courut dans la forêt demander assistance au chef de la meute. Décrivant son embarras, il quémanda secours à ce loup étranger: « Sire venez sauver mes agneaux innocents, d’ici peu votre compagnon mécréant, même à demi édenté, aura terminé la curée. ».

Le chef de meute, un loup tartufe, rassura le berger : « Avant la nuit j’aurai neutralisé ce gêneur, vous serez sorti de ce guêpier et il s’échappera sans vous importuner, soyez en assuré. Où se trouve votre bergerie que je trotte libérer vos protégés ? » Sitôt dit sitôt fait, en deux temps trois mouvements, le loup excité eut vite fait de chasser ce canidé à demi édenté. Sur cette lancée il prit sa place dans la bergerie apaisée et termina lui-même la curée. Le berger, risée du comté, raconte partout à la ronde les mérites de ce chef de meute, nabot enragé, soi-disant épris de « liberté », lequel, quant à lui, ne cesse de réciter ses festivités dans la bergerie d’un berger demeuré.

Le bombardement du peuple libyen par les avions de guerre et les canons américains, français, britanniques, canadiens et italiens a-t-il de quoi surprendre la « gauche » et les médias occidentaux, la Ligue Arabe, la Russie de Poutine (1), la Chine et le Brésil abstentionnistes et les autres imposteurs qui s’étonnent soudain d’apprendre la multitude des victimes collatérales de l’agression néo-coloniale contre un pays africain insurgé et contre ses chefs de clans en guerre tribale opposant royalistes sur le retour et tyran sur le départ ? Il y a parfois de ces querelles entre clans stipendiés à propos du partage du butin attribué aux sous-fifres locaux par les exploiteurs occidentaux (2).

Quand un vieux chef de guerre ne fait plus l’affaire, les puissants le remplacent et espèrent qu’il s’éclipsera gentiment dans sa datcha à Charm-el-Cheik ou à la Mecque avec ses milliards si mal gagnés. On proclame alors la « Révolution victorieuse » et chacun rentre chez-lui vaquer à ses occupations d’exploité ou d’aliéné. Si le démis n’entend pas raison, il faut parfois que les maîtres étrangers rappellent le tyran à sa mission et lui imposent leur médiation pour le bénéfice des commissions à distribuer à chacun des héritiers. Parfois, les maîtres séants doivent châtier ce chef mécréant afin de donner une leçon à tous ces malfrats qui pourraient être tentés de l’imiter.

Ne croyez surtout pas qu’un chef de l’ALBA sud-américaine puisse venir proposer sa médiation pour trancher parmi les insurgés. Ce n’est pas à un révolté de faire justice parmi les néo-colonisés (3). Il y aura des morts collatérales pour avoir refusé cette médiation charitable mais c’est le prix à payer pour rétablir la « paix » des exploiteurs parmi les spoliateurs.

Présentement les maîtres interviennent en Libye afin de mettre fin à la chicane inter clanique et ramener chaque camp gourmand à la raison. Les livraisons de ressources pétrolières ne souffrent pas de telles perturbations. L’Italie est en difficulté et ne souhaite pas payer son pétrole plus cher que d’accoutumée.

Le secrétaire d’État à la défense (« à l’attaque » serait plus approprié), M. Robert Gates, avait pourtant parfaitement décrit les sévices qu’il ferait subir à la Libye si jamais il engageait ses troupes d’agression dans l’action. Imposer une « zone d’exclusion aérienne » ça signifie, disait-il la semaine dernière sur les ondes de la télévision américaine, bombarder les infrastructures militaires anti-aériennes, les tours de contrôle aériennes civiles et militaires, les pistes d’atterrissage civiles et militaires, les radars, les centres de télécommunications et les tours de télécommunications (qui sont nécessairement en zones urbaines), les centres de transmission de télévision et de radiodiffusion, les infrastructures de transport, et quelques autres objectifs civils à bombarder pour assurer la sécurité des pilotes et des navires d’agression, au prix évidemment de l’insécurité totale des populations civiles à soi-disant protéger des griffes du malin, c’est-à-dire du clan qui n’est plus adoubé par l’Occident après avoir été son préféré. Il y a parfois de ces revirements d’alliances chez les grands et les puissants.

Dorénavant les deux clans en guerre ont le choix des bombes qui meublent leur enfer. Personnellement je préfèrerais être bombardé par les mercenaires de Kadhafi, beaucoup moins efficaces et meurtriers que les nouveaux mercenaires américains, français, britanniques, canadiens et italiens du camp royaliste de l’Est libyen (4). Notez que le clan de l’Est libyen n’a pas lui non plus l’aval du maître américain qui ne semble pas le contrôler suffisamment. Par moment, cette coalition « humanitaire » occidentale donne l’impression anarchique d’un gang de voleurs sans chef de bande, ce qui ne se produirait jamais chez les loups j’en conviens avec vous.

Cette guerre coloniale illégale que les pays agresseurs ont lancée en contravention avec leur propre constitution dite « démocratique » vise à donner une leçon de « démocratie » à un peuple coincé entre deux belligérants qui ne parviennent pas à se partager l’usufruit des ressources nationales dilapidées. Quant à lui, le premier ministre canadien Harper n’a jamais présenté de déclaration de guerre à la sanction du parlement canadien, non plus qu’au Conseil des ministres, en contravention absolue avec la Constitution « démocratique » bourgeoise du Canada. Le chef de l’opposition au parlement canadien s’en dit parfaitement satisfait car il aurait fait de même s’il avait été ainsi pressé par ses amis États-uniens. Comment ces gens peuvent-ils porter une leçon démocratique en Afrique ?

Vous entendez déjà les mensonges à propos des frappes « chirurgicales » manquées qui tuent et blessent les victimes collatérales, ces innocents libyens, justement ceux que l’ONU était venue protéger, mais aussi sur la peine que ces massacres infligent à la « communauté des pleureuses démocratiques internationales » venue déchiqueter à coup de bombes à fragmentation ces gens révoltés, qu’ils veulent prétendument libérer (libérer de la vie – oui); et toute cette « gauche », cette droite, ces analystes et ces experts télématiques qui déjà préparent la « victoire » des forces coalisées comme en Irak (où elles prennent la poudre d’escampette après avoir tout saccagé), au Kosovo (où elles sont encore incrustées avant d’être chassées), en Afghanistan et au Nord Pakistan (où elles achèvent d’être expulsées après avoir beaucoup tué) (5).

Rien à attendre des dieux de la peste… Combien de massacres les peuples du monde devront-il subir avant que l’on se souvienne du passé ? Mais n’ayez crainte, les peuples du monde n’ont pas mordu à cet hameçon grossier et d’ici peu vous apprendrez que les gouvernements occidentaux ont agi en abusant de leur autorité, sans rien demander à quiconque, car la population, si on exclut la « gauche humanitaire », n’a jamais cru en cette sirène de la délivrance des peuples opprimés par leurs oppresseurs.

Un loup « libérateur » au milieu d’une bergerie n’est jamais la solution pour un berger sensé. Forces néo-coloniales française, britannique, américaine, canadienne et italienne, hors de Libye! Cessez de tuer le peuple libyen révolté, il saura très bien se défendre si seulement vous cessiez de supporter et d'armer ses oppresseurs d’hier et d’aujourd’hui.

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ANNEXES


1. Vladimir Poutine: «Ce qui se passe en Libye se fait sous la bannière de la défense des civils. Mais lorsque l'on bombarde le territoire libyen, ce sont les mêmes civils pacifiques libyens qui meurent. Ou est la logique ou est la morale? Nulle part. » http://sergeadam.blogspot.com/2011/03/libye-poutine-qualifie-la-mission-de.htmlh
2. La Ligue arabe critique les frappes de la coalition... Le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a critiqué les frappes aériennes et maritimes de la coalition en déclarant qu'elles dépassaient le cadre des objectifs proclamés, s'agissant de protéger la population civile, annoncent dimanche les médias arabes. "Ce qui s'est passé en Libye diffère du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne, et ce que nous voulons c'est la protection des civils et pas le bombardement d'autres civils", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au Caire. Il a également annoncé son intention de convoquer une réunion d'urgence du Conseil de la Ligue arabe afin de discuter de la situation dans les pays arabes, notamment en Libye et au Yémen. Lors d'une réunion précédente au Caire, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de la Ligue arabe ont appelé l'Onu à instaurer en Libye une zone d'exclusion aérienne. Jeudi 17 mars, le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté une résolution permettant un recours à la force pour protéger la population libyenne des troupes du colonel Mouammar Kadhafi. Une opération militaire a été lancée samedi par la coalition des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Italie et le Canada.

Les premières frappes ont été portées par les chasseurs français. 110 missiles de croisières ont été tirés par la coalition dans la nuit du samedi au dimanche. Selon les médias officiels libyens, la coalition a frappé des sites civils dans les villes les plus importantes du pays, notamment à Tripoli, Benghazi et Zouara, ainsi que les dépôts de pétrole à Misrata. La télévision libyenne a également annoncé la mort de 50 civils dont des enfants, des femmes et des personnes âgées.
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3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Alliance_Bolivarienne_pour_les_Am%C3%A9riques

4. http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23854

5. À propos du dictateur Kadhafi : http://www.aloufok.net/spip.php?article3770
6. http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23814
<http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23814> et aussi
http://www.internationalnews.fr/article-r-69704544.html

 

 

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Sarkozy attaquera-t-il seul la Libye sans l'aide de l'OTAN ???

 

(12 mars 2011)
 


Tout se met en place en Libye, comme nous l'indiquions il y a une semaine déjà, (http://www.robertbibeau.ca/palestine/edito3032011.html) les comparses au sein de l'OTAN ne s'entendent pas sur le partage de la dépouille libyenne. Les USA voudraient avaler tout le morceau libyen après avoir été mis à l'écart trop longtemps par leurs alliés et concurrents européens.

La France joue les gros bras et le tonitruant petit Sarkosy laisse entendre qu'il est le plus fort. Le porte-siège BHL introduit les troufions des tribus monarchistes de l'Est auprès du Saint-Siège élyséen (voir le texte ci-dessous) et arrange le mariage contre nature entre le garant de la République laïque française et les monarchistes islamistes libyens.

Les pseudo-révolutionnaires monarchistes-islamistes quémandent des frappes, des attaques, des destructions, des bombardements, une invasion coloniale contre leur propre pays, des meurtres contre leur propre peuple. Qu'à cela ne tienne, leur pouvoir est au bout des fusils français. Leur soif de pouvoir et de capital est plus grande que leur honneur et leur dignité. Quant à leur patriotisme, ce ne fut jamais qu'un leurre. La bourgeoisie n'a pas de patrie, elle n'a que du crédit et des profits (qui s'envolent ces
temps-ci).

La paix coloniale doit être imposée et le tyran remplacé par une autre mascotte; les flots de pétrole à destination de l'Europe doivent être rétablis, gémissent les plénipotentiaires des clans de l'Est à Paris. L'Allemagne bien arrimée aux États-Unis, n'ayant pas de compagnie pétrolière en Libye, regimbe dans son coin et refuse de donner l'aval à des massacres strictement européens. Leurs amis américains doivent être associés à la curée, pense la chancelière Merkel.

Le petit homme monte le ton et menace de porter seul le destin colonial de la France et de l'Europe toute entière et de mener seul les frappes contre Tripoli et le morceau de la Libye resté dans le camp ennemi de l'autre côté du pays néo-colonisé.

Mais les brigands ont forniqué si longtemps et chacun des comparses (Sarkozy et Kadhafi) connaît quelques secrets malodorants à propos de son complice d’hier. Le tyran libyen sait des choses compromettantes à propos du nabot parisien qu’il voudrait dévoiler. Sans la couverture militaire- satellitaire américaine, je ne crois pas que Paris attaquera seul le peuple libyen, et le porte-siège en sera quitte pour s'en retourner s'exciter sur un blindé dans les rues de Benghazi, à moins que les tribus de l'Ouest l'aient déjà investi. BHL devra alors se contenter de parader à Paris avec ses nouveaux amis, ridicule et impuissant, le pauvre Dandy.

Soufflons un peu. Pendant que les hyènes s'entredéchirent, le peuple libyen bénéficie de quelques moments de répit.

10/03/11 :: 18:47

Selon une source bien informée, voici le contenu de l’échange entre Nicolas Sarkozy et les deux représentants de l’opposition libyenne qu’il recevait ce matin à l’Elysée.


Les Libyens ont demandé au président français :


- de brouiller les transmissions militaires de l’armée de Kadhafi.
- de détruire le bunker du colonel.
- de neutraliser les trois aéroports qui lui servent à mener ses opérations (notamment la base de Syrte d’où partent l’essentiel des avions qui bombardent les villes à l’Ouest de Benghazi, et l’aéroport proche du Tchad où arrivent les mercenaires.)
- de reconnaître officiellement l’opposition, représentée par le Conseil exécutif, comme la seule autorité légitime.
- d’imposer une no fly zone.


Nicolas Sarkozy a tout accepté. Il a seulement expliqué que la zone d’exclusion aérienne sera probablement impossible à obtenir au Conseil de Sécurité.

Sur les frappes ciblées, il a dit qu’il allait, demain, demander aux Européens de mener une opération commune. Il a précisé que l’Allemagne était réticente. Il a dit qu’il était tout à fait hostile à une intervention sous pavillon de l’Otan (qu'autrement dit, il ne souhaite pas une participation des Etats-Unis).

Il a affirmé qu’en tout état de cause et si nécessaire la France effectuerait ces frappes elle-même. C’est Bernard-Henry Lévy qui a facilité la rencontre. Il a téléphoné de Benghazi à Nicolas Sarkozy jeudi soir, alors qu’il se trouvait avec le patron du Conseil National de Transition et son porte-parole. Il a proposé au chef de l’Etat de rencontrer des représentants de cette opposition cette semaine, ce que Nicolas Sarkozy a accepté tout de suite.

Bernard-Henry Lévy était présent lors de la rencontre de ce matin. Sur son rôle, il dit : « Je suis peu suspect de complaisance avec Nicolas Sarkozy. Je suis en désaccord à peu près total avec tout ce qu’il fait ces temps-ci, souvent même choqué. Mais ce matin j’étais heureux et fier de la position prise par mon pays. ». Interrogé sur les risques d’une nouvelle intervention militaire occidentale dans un pays arabe, BHL a répondu : « Rien ne dit que cette neutralisation des bases de la mort sera l’œuvre d’une aviation européenne. Il y a au moins une aviation dans la région, celle de l’Égypte, qui a les moyens logistiques et la base pour le faire. »
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Kadhafi menace de révéler un 'grave secret' sur Sarkozy. Le régime libyen a affirmé jeudi 10 mars, via son agence officielle, que la révélation d'un 'grave secret' allait entraîner la chute du président français Nicolas Sarkozy, peu après la reconnaissance par Paris du Conseil national de transition comme représentant du peuple libyen. L'agence officielle libyenne Jana a annoncé avoir 'appris qu'un grave secret va entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale'.

Cette annonce, reprise par la télévision officielle, est survenue peu après la reconnaissance par Paris du Conseil national de transition (CNT) libyen, qui réunit l'opposition au régime du colonel Mouammar Kadhafi, comme le seul 'représentant légitime du peuple libyen' et sa décision d'envoyer prochainement un ambassadeur à Benghazi.

En outre, un responsable du ministère des affaires étrangères libyen a menacé de rompre tout lien diplomatique avec la France en raison de la reconnaissance par Paris du CNT. 'La Libye va réfléchir à rompre ses relations avec la France en raison d'informations circulant sur l'intervention dommageable de la France dans les affaires intérieures libyennes', a dit ce diplomate à l'agence Jana.

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Notes :

LA FOLIE DE SARKOZY PLONGE L'EUROPE BRUXELLOISE DANS LA STUPEUR....

La reconnaissance par Paris du Conseil national de transition (CNT), qui rassemble l'opposition au colonel Kadhafi, comme étant le "représentant légitime" du peuple libyen a provoqué la stupeur de ses partenaires européens, dont les ministres des Affaires étrangères se sont réunis jeudi à Bruxelles pour discuter de la Libye.

La décision française a suscité des réactions "réservées voire négatives" de la part de nombreux ministres des Affaires étrangères, a indiqué le ministre belge Steven Vanackere à l'issue de la réunion. A Paris, une source proche du dossier a en outre déclaré, un peu plus tard, que le président Nicolas Sarkozy allait proposer à ses partenaires de l'UE des "frappes aériennes ciblées" en Libye, ainsi que le brouillage des systèmes de transmission du commandement de Mouammar Kadhafi.

"L'Italie ne participera pas à des frappes ciblées en terre libyenne", a aussitôt prévenu le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini. "Nous ne voulons pas être aspirés dans une guerre en Afrique du Nord", avait dit auparavant son homologue allemand Guido Westerwelle.

"La France a reconnu le Conseil national de transition comme étant le représentant légitime du peuple libyen", a annoncé à la presse un émissaire du CNT, Ali Essaoui, à l'issue d'un entretien avec M. Sarkozy à l'Elysée. Cette information a été immédiatement confirmée par la présidence de la République, faisant de la France le premier pays à reconnaître le CNT en tant que seul représentant "légitime" du peuple libyen.

Paris a reçu le soutien du Parlement européen à Strasbourg qui a voté à une écrasante majorité une résolution demandant au chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, d'"établir des relations avec le CNT" et d'"entamer le processus" menant à une reconnaissance officielle de cette instance.

Mme Ashton avait refusé la veille de soutenir la demande du CNT d'être reconnu comme étant la seule autorité légitime en Libye. Les gouvernements européens sont en effet très divisés sur la conduite à tenir. Berlin juge la situation "encore trop confuse pour décider comment on doit procéder", a expliqué le secrétaire d'État allemand aux Affaires étrangères, Werner Hoyer.

Même si le gouvernement actuel est "discrédité", les structures d'un gouvernement de transition "ne sont pas encore claires", a-t-il souligné. Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a jugé quant à lui "préférable d'attendre la position de l'ensemble de l'Union européenne".

M. Berlusconi a souligné que la démarche française représentait "la position d'un seul gouvernement". "Le fait de reconnaître doit être une décision européenne, pas nationale", a renchéri Franco Frattini. "Nous reconnaissons les Etats, pas les groupes", a-t-il averti.

Une porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères a convenu que le CNT était "un interlocuteur valable", mais n'a pas parlé de "représentant légitime". Nous reconnaissons le CNT "de facto", a pour sa part déclaré le chef de la diplomatie hongroise Janos Martonyi, en ajoutant que cette reconnaissance "n'avait pas de base juridique". "Nous devons être prudents", a dit M. Martonyi dont le pays assure actuellement la présidence de l'UE.

L'opposition libyenne poursuit néanmoins sa campagne de demande de reconnaissance. Le Premier ministre belge, Yves Leterme devait recevoir en fin d'après-midi deux de ses représentants et décider de l'attitude à observer. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a pour sa part annoncé son intention de rencontrer l'opposition libyenne lors de son déplacement au Caire la semaine prochaine.

Robert Bibeau gère le site Samidoun à Montréal.

 

 

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La parricide - La guerre civile en Libye

(3 mars 2011)

 

 

Le territoire libyen est immense (1,8 M. km2, soit trois fois la France) et sa population, clairsemée (6,8 millions d’habitants), est très urbanisée (86 % de citadins et 14% de ruraux). Ce peuple jeune a un taux de fécondité parmi les plus élevé au monde et plus de la moitié de la population a moins de 15 ans. Les tribus berbères originaires de Tripolitaine, du Fezzan et de Cyrénaïque ont été arabisées, islamisées, urbanisées et alphabétisées (89%), puis industrialisées (industrie : 50% du PNB avec le pétrole). Le pétrole constitue l’essentiel des exportations du pays alors que les produits de consommation sont tous importés de l’étranger. La Libye est donc un pays très dépendant de l’extérieur, vulnérable et fortement soumis aux pressions économiques, financières, diplomatiques et politiques internationales. Qui est dépendant des puissances impérialistes ne saurait prétendre soutenir une politique national indépendante et souveraine. Aussi les déclarations tonitruantes de Kadhafi ne sont-elles que les bouffonneries d’un polichinelle pathétique.

Le chômage y est endémique (30%) comme dans le reste de l’Afrique. Même si le revenu moyen par habitant (14 000 dollars) est le plus élevé d’Afrique du Nord les disparités régionales sont importantes. Comme ces disparités épousent la géographie de la répartition des tribus ancestrales, la présente insurrection armée se marie avec le ressentiment populaire, qui se confond quant à lui avec la carte de la distribution très inégale de la richesse. C’est ce qui faisait dire aux insurgés de Tobrouk que Kadhafi de Tripolitaine n’avait jamais rien fait pour le peuple de Cyrénaïque depuis le roi Idris Ier, qu’ils auraient aimé ressusciter.

"A Tobrouk, dans l'est, une manifestation a réuni un millier de personnes. Les manifestants brandissaient des drapeaux de la monarchie libyenne du roi Idris Senoussi qui s'est imposé comme un symbole de l'insurrection. « Ils n'ont jamais rien fait pour nous, dans l'Est : tout ce que vous pouvez voir a été construit par le roi Idris, renversé par Kadhafi en 1969 », assure Khaled Abdul Aziz, un sergent de police."

L’insurrection armée

L’insurrection libyenne a ceci de particulier que depuis le début des hostilités de nombreux mutins sont armés, ils savent manier les armes lourdes et ils ont infligé des pertes importantes aux forces de l’ordre. Ce n’est pas usuel, dans un pays où le service militaire n’est pas obligatoire et dont l’armée est fragile. Les hommes des tribus sont armés, mais dans les zones rurales seulement, ce n’est pas le cas des gens des villes, qui forment tout de même l’immense majorité de la population libyenne. Au début du soulèvement, les défections dans l’armée ont été minimes, si bien que ce retournement des armes ne peut expliquer les premiers revers du clan Kadhafi. Il n’est pas non plus concevable que quelques milliers de citoyens révoltés inexpérimentés se soient emparés des équipements dans les casernes et aient spontanément pu tuer tant de soldats et de policiers; ni qu’ils aient connu instinctivement les techniques de camouflage et de guérilla urbaine. En effet, le nombre de victimes est relativement peu élevé après plus d’une semaine de « carnage » aérien et terrestre. Tout cela ne colle pas : on nous cache tout, on ne nous dit rien… Ou bien, alors, on nous ment.

Le foyer de la guerre civile trouve son origine à Benghazi qui brade le pétrole du pays à l’Europe et qui en est à sa troisième insurrection en 15 ans (1996, 2006 et 2011), alors que la capitale Tripoli est restée fidèle au « Guide de la révolution » de la Jamahiriya arabe libyenne. Depuis son accession au pouvoir en 1969, Kadhafi a mis sur pied une structure de gouvernance qui s’appuie en partie sur les vieilles organisations tribales et en partie sur les Comités révolutionnaires. Ceux-ci, avec le temps, ont été peu à peu dépouillés de leur pouvoir, particulièrement depuis que le « Guide révolutionnaire » a été réhabilité par George W. Bush, lequel a mis fin au boycott de la Libye. En effet, les entreprises américaines étaient les seules à respecter l’embargo alors que les entreprises européennes et chinoises investissaient massivement au pays du « terroriste » devenu soudainement fréquentable. Les firmes BP, Royal Dutch Shell, Total, Basf, Statoil, Rapsol et Gazprom exploitent aujourd’hui le pétrole libyen (1,8 millions de barils par jour, troisième producteur d’Afrique).

Un règlement de compte entre clans est toujours sanglant et n’a jamais rien d’attrayant, mais cela a bien peu à voir avec une révolution populaire. La révolte libyenne est une guerre civile atroce comme la Somalie, le Liban, le Soudan et l’Afghanistan en ont connues. Pas de héros, ni d’un côté, ni de l’autre, seulement des paumés pris en tenaille entre les deux camps. Dans une alliance tribale, il y a des rituels et des traditions, une façon de transmettre le pouvoir d’un chef à un autre et, surtout, des principes dans l’attribution du butin des rapines. Ces dernières années, Mouammar Kadhafi n’a respecté aucune de ces règles. Il a monopolisé le fruit du pillage de l’État entre les mains de sa famille et de sa tribu, il a spolié les autres tribus. La réponse, soutenue en sous-main, est venue des hauts-plateaux : les tribus flouées sont descendues des versants et sont venues à Tripoli lui faire payer le prix de sa cupidité et de sa duplicité, faisant la jonction avec toute une jeune génération qui, depuis sa naissance, n’a connu aucune autre figure politique que l’homme du « Livre vert » et dont le ras-le-bol est devenu évident.

Faut-il choisir le clan de Mouammar Kadhafi, ou celui de son concurrent Al-Houni, son ancien compagnon de révolte, ou encore le clan de l’un ou l’autre de ses fils ? De la façon dont le conflit évolue, les insurgés désigneront eux-mêmes le prochain dictateur libyen. Il n’est même pas certain qu’ils le feront entériner par scrutin. Ils voudront d’abord supputer les chances du « désigné » de gagner l’élection truquée. Si leur challenger risque de perdre au vote, il n’y aura pas plus d’élection qu’il n’y en a eu au cours des quarante-deux dernières années.

Intervention – invasion ?

Depuis Kouchner, et même avant, les Droits de l’homme ont toujours servi à préparer le terrain pour les envahisseurs. Avant-hier, les États-Unis sont allés libérer les Irakiens de la poigne de Saddam Hussein-le-sanguinaire ; un million de morts plus tard, ils quittent l’Irak ravagé. Hier, ils sont allés libérer les femmes afghanes des Talibans. Des centaines de milliers de cadavres (de femmes notamment) plus tard, ils négocient leur retrait d’Afghanistan avec les Talibans « terroristes modérés ».

Aujourd’hui, un consortium étranger formé de Human Rights Watch, d’Amnesty International, de la Fédération internationale des ligues de Droits de l’Homme (FIDH) et de l’ONG Human Rights Solidarity réclame une intervention militaire pour assurer la victoire d’un des clans d’insurgés. Pour ce faire, ils répandent des histoires d’horreur à propos des mercenaires de Kadhafi, semblables à celles qui ont été diffusées à propos d’incubateurs débranchés par les hordes barbares de Saddam (sic) au Koweït, ou encore ces fadaises à propos de charniers géants découverts à Timişoara puis disparus après l’exécution de Ceauşescu en Roumanie (re-sic).

Mais il est peu probable que l’OTAN envoie un contingent militaire en Libye parce que, d’une part, elle en prend déjà plein la gueule en Afghanistan, où tous les alliés des Américains ne songent qu’à lever le camp et à rentrer chez eux. D’autre part, une intervention des soldats de l’OTAN ne servirait qu’à mettre le pays sous tutelle américaine. Les puissances européennes membres de l’OTAN se sont déjà fait arnaquer en Irak ; elles ont contribué à l’écrasement de Saddam et à la destruction de la nation irakienne pour se retrouver exclues de la saignée du pays, par la suite. La France, qui avait une position dominante dans l’Irak de Hussein, en conserve un goût amer.

Depuis que le gouvernement Bush a réhabilité Kadhafi « le voyou », ce sont surtout les Européens qui ont profité de la manne libyenne. Les multinationales américaines sont arrivées sur le tard, si bien que la Libye exporte 85 % de son pétrole vers l’Europe et le reste vers la Chine, le tout, sans transiter aucunement par les entreprises américaines : une situation inacceptable, pour La Superpuissance décadente. Les concurrents des USA n’ont pas à être indépendants de la puissance de tutelle, pense Obama.

Les États-Unis souhaiteraient peut-être une intervention aérienne de l’OTAN (visant à empêcher le clan Kadhafi d’utiliser ses avions de façon à faire basculer le rapport de force militaire en faveur des clans insurgés), si les mercenaires rebelles ne parviennent pas à renverser le « Guide », mais leurs alliés européens dans l’OTAN n’accepteront pas de fournir de contingents et préfèreront une intervention sous le haut-patronage de l’ONU, de façon à conserver le contrôle du pays après l’intervention militaire étrangère.

En ce qui a trait à un hypothétique contingent africain sous bannière de l’OTAN, il est trop tôt pour y songer, le traité de coopération OTAN-Union Africaine n’est pas encore ratifié et le Commandement Africa (AfriCom), le principal instrument de pénétration États-unienne sur le continent, n’est pas prêt pour une telle intervention. Rien à craindre, les soldats de l’OTAN n’iront pas mourir à Tobrouk sur les tombes de l’Afrika Corps.

La Grande-Bretagne, ancienne puissance colonisatrice de l’Égypte, maraude en eau trouble ces jours-ci et il n’est pas impossible que le Premier ministre Cameron suggère à l’État-major de l’ex-dictateur Moubarak une intervention « humanitaire » musclée en sol libyen afin de sauver la mise Britannique.

Le ver est dans le fruit

Le premier fils du second mariage de Kadhafi, Saïf al-Islam, aujourd’hui en disgrâce mais qui fut un temps l’héritier putatif du « Guide de la révolution », a mené les négociations pour la ruée tardive des multinationales américaines dans le pays. C’est lui qui a proposé un train de réformes de la constitution afin de la rendre plus conforme au mode de gouvernance occidental et de départir les Comités populaires de toutes leurs prérogatives. Il y a quelque temps, il a ordonné la libération de centaines d’islamistes des geôles libyennes, en préparation de l’insurrection qu’il manigançait. C’est l’homme lige des Occidentaux, mais il n’est probablement pas leur préféré, tant il est difficile de prévoir la réaction de la population libyenne à la résurrection de ce poltron, ce qui expliquerait l’atermoiement des puissances impérialistes quant à une intervention en faveur de l’une ou de l’autre faction dans l’insurrection clanique armée en cours au pays du « Livre Vert ».

Le peuple libyen et la classe ouvrière libyenne abusés par cet écheveau meurtrier, victimes collatérales de cet affrontement tribal sanglant, parviendront-t-ils à tirer leur épingle du jeu et à renvoyer dos à dos tous ces prétendants illégitimes et à défendre leurs intérêts propres au milieu de cette catastrophe ? Il le faudrait bien, pourtant.

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Un fils Kadhafi n’exclut pas une guerre civile. 26.02.2011. http://www.europe1.fr/International/Un-fils-Kadhafi-n-exclut-pas-une-guerre-civile-430905/

Bras de fer au sommet. Jeune Afrique. 12.01.2010.
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2602p040-043.xml0/libye-presse-corruption-mouammar-kaddafibras-de-fer-au-sommet.html

Libye : quel rôle jouent les tribus ? Le Monde 24.02.2011. http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/02/24/libye-quel-role-jouent-les-tribus_1483983_3212.html

La Libye dans le grand jeu du nouveau partage de l’Afrique. Manlio Dinucci. Mondialisation. 25.02.2011.
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23372

Urgent. Libye Kadhafi fragilisé par la défection des deux derniers membres du groupe des ‘officiers libres ». René Naba Mondialisation 23.02.2011. http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23344

L’aveuglement de l’Europe a été criminel. Libération. 23.02.2011. http://www.liberation.fr/monde/01092321777-l-aveuglement-de-l-europe-a-ete-criminel#

Crise lybienne : Kadhafi va tenir, en Cyrénaïque la révolte est endémique. Angelo del Bocca, Tomasso di Francesco. Investig’Action. 25.02.2011. http://www.michelcollon.info/Crise-lybienne-Kadhafi-va-tenir-en.html

Lybie : le plan de l’OTAN est de l’occuper. Fidel Castro. Oulala.net. 23.02.2011. http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4994

Faut-il intervenir militairement en Libye ? Alain Gresh. 24.02.2011. http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Alain_Gresh.240211.htm

La Libye et l’impérialisme. Oulala.net. 26.02.2011.
http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4997

 

 

 

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Le "Printemps de Tunis"

(24 janvier 2011)

 

 

Après le « Printemps de Prague », voici le « Printemps de Tunis ». Ils pavoisent, les intellectuels maghrébins planqués; ils éructent les journalistes occidentalisés, quelle aubaine, la « Révolution tunisienne », le « Mal-vivre algérien », les « Marches jordaniennes », alors pourquoi pas le « Printemps arabe » ? Et ces analystes se muent en prophètes à la petite semaine dans les souks embués par les fumées du narguilé. Lisez plutôt :

« Nous sommes certains que tous les régimes arabes, qui partagent la même situation mais avec des ingrédients différents, sont désormais ébranlés parce que la même situation produit les mêmes résultats. Nous sommes également certains que tous les régimes arabes, tous les impérialistes, tous les révolutionnaires sont en train d'étudier les causes de la réussite de l'expérience tunisienne. Tous se demandent pourquoi les Tunisiens ont réussi à expulser leur gouvernement tandis que d'autres soulèvements similaires ont échoué. De notre point de vue, partout dans le monde arabe, il y a la même situation et le même désir de changement et de se débarrasser de ce modèle ; la seule différence est que la révolte tunisienne a été spontanée et non-idéologique. » (1)

L’apologie de l’inconscience révolutionnaire est le leitmotiv de la petite bourgeoisie pédante qui ne souhaite pas que le peuple s’aventure dans les sphères étranges de la conscience politique. Elle se réserve ce domaine l’intelligentsia petite-bourgeoise arabe. Observez-la à l’œuvre et ne la distrayez pas de ses élucubrations épistémologiques. Elle ronronne la petite-bourgeoisie arabe, elle stigmatise les contradictions de classes et les oppositions tribales et elle psalmodie de gros mots comme « impérialisme » et « classe sociale ». Hier, elle prêchait en faveur de la mondialisation, aujourd’hui elle reconnaît que son salaire dépendra de la dénonciation de la mondialisation et de l’apologie de la « démocratie ». Mais de quelle démocratie parle-t-elle, la petite-bourgeoisie arabe ?

Auriez-vous noté qu’aucun de ces analystes n’a pris la peine de vraiment expliquer les événements tunisiens ? Pour notre gouverne résumons ces événements (2). Le peuple tunisien subit l’oppression économique, idéologique et politique de la part de la grande-bourgeoisie tunisienne qui obtient depuis des années ses parts de marchés et son droit d’exploiter ce peuple patient par le fait qu’elle livre les ressources nationales tunisiennes sur le marché de la concurrence monopolistique internationale.

La grande bourgeoisie française, les bourgeoisies canadienne, italienne et belge font des affaires d’or en Tunisie et exploitent des hôtels luxueux aux plages sablonneuses avec la complicité de sous-traitants locaux qui jusqu'à tout récemment entouraient le dictateur Ben Ali. L’eau coulait à flots sous les douches des hôtels d’Hammamet pendant que la femme tunisienne devait marcher des kilomètres pour transporter son maigre pot à l’eau. Ben Ali et ses amis se déplaçaient en limousines pendant que le marchand du souk fouettait son canasson pour qu’il tire son wagon. On nous décrit cette réalité un peu comme une fatalité où l’on ne discerne pas très bien qui gouverne et qui obéit dans toute cette fourberie. Lisez plutôt.

« De l’indifférence bienveillante-complicité dont fait preuve l’Occident (durant les évènements de Tunisie, le Canada n’a pipé mot, la France s’enlise en explications alambiquées pour avoir fait de Ben Ali un «grand démocrate», et proposé le «savoir-faire» de ses troupes la veille de sa fuite…), de l’ingérence systématique dans la mise en place et le maintien de dictateurs-pilleurs un peu partout au tiers- monde et en particulier là où il y a régions de pétrole (…) de la voracité des multinationales complices de ces régimes, et bras armés de politiques néocolonialistes (…) » (3).

Fait étonnant, après avoir fustigé la « bienveillante complicité de l’Occident » et son ingérence dans la mise en place de dictateurs-pilleurs à la solde des multinationales (non pas complices, mais bien maîtres d’œuvre de ces abréactions), voilà nos intellectuels arabisants qui implorent l’intervention des puissances coloniales occidentales, c’est à n’y rien comprendre.

Lâchez du lest, quémandent-ils aux dieux de la peste; sinon vous serez balayés si vous ne permettez pas à une nouvelle couche de petits-bourgeois au vernis « démocratique » de prendre la relève pour tromper la rue révoltée. Ils rêvent tous de devenir calife à la place du calife ces « Iznogouds » petits bourgeois afin d’enfermer la colère populaire dans l’urne de la pseudo démocratie, et elle recommence la danse du « Printemps arabe », elle se danse les yeux bandés, à la filée, jusqu’aux isoloires pour voter, puis chacun rentre fumer le narguilé faute de pain à manger.

Comme tant d’autres, un jeune homme chômait dans la Tunisie de Ben Ali; il se mua en vendeur itinérant pour faire vivre sa famille décemment. Un jour, un potentat local s’interposa et exigea un pot-de-vin pour autoriser le désoeuvré à poursuivre son commerce fruitier. Le jeune homme s’objecta et refusa de payer cette rançon mafieuse. Il fut aussitôt arrêté et admonesté par l’agent impudent, représentant local de la hiérarchie corrompue d’une structure sociale décadente. Le jeune homme contrit s’immola publiquement. Réaction inattendue, comme il en arrive parfois parmi ces peuples dépourvus, des milliers de témoins, d’exploités, d’aliénés comme lui, prirent spontanément la rue et protestèrent pour le droit au pain, le droit à l’eau, le droit au logement, le droit au travail, le droit au commerce quand il ne reste que ce geste.

Aussitôt, comme à l’accoutumée, les autorités brandirent la panoplie usuelle… police, armée, répression sauvage des affamés. Le plein poids de la loi s’écrasa sur le dos du peuple désemparé. Ceux qui ne comprenaient pas pourquoi ces dépenses militaires et sécuritaires somptueuses auront compris en une nuit (4). La petite-bourgeoisie ébaudie regardait dans l’expectative le peuple sans perspective mourir dans les rues, car il donnait ce qu’il possédait ce peuple, sa vie, pour que d’autres obtiennent l’usufruit de ce combat pour la survie, le droit de manger, de boire, de se loger, de travailler et de vivre convenablement.

Rien ne les arrêtait ces enragés, ils étaient prêts à mourir ces va-nu-pieds; de fait, ils savaient qu’ils mourraient de faim ou de chômer; alors autant en découdre maintenant avec le potentat et ses représentants. Au vu de cette révolte farouche qui ne déparait pas le pouvoir se ravisa et jeta du lest, le chef des brigands, Ben Ali, fut éjecté muni d’un parachute doré pour s’échapper vers une contrée amie en attendant que les révoltés se calment ou se replient. Un thuriféraire, premier ministre complice de l’intimé, vient proposer un compromis à la petite bourgeoisie pour qu’encore une fois jouant son rôle de courroie elle apaise le jeu et rétablisse les maîtres dans leurs lieux au nom de la « démocratie ». Quelle « démocratie », celle des élections truquées ou celle du pain…celle des riches ou celle des pauvres ?

Une fraction de la petite-bourgeoise intellectuelle tunisienne, qui en rêvait depuis des décennies, accepta le « deal » des urnes et se proposa, servante servile, pour rétablir la loi et l’ordre des ploutocrates. Trop vite en besogne, cette couche de traîtres apprécia mal la colère populaire. Ces petit-bourgeois de la capitulation furent balayés, discrédités par les ouvriers excédés.

Le peuple tunisien en est là aujourd’hui. Voilà qu’entre en scène une nouvelle fraction d’intellectuels arabes, des occidentalisés mieux avisés. Maintenant que le premier groupe de compromis s’est cassé le nez, eux s’avancent et proposent une tactique différente; ils souhaitent détourner le mouvement; d’une lutte sur le front économique, idéologique et politique, ces intellectuels arabes suggèrent de faire une lutte pour la « démocratie ». La « démocratie » qui nourrit comme aux États-Unis, mais pas les gagne-petits, elle nourrit la petite-bourgeoise – auto de luxe et studio dans la Cité – vous comprenez…c’est le prix qu’elle fixe pour gagner son pari et engranger son profit, la petite-bourgeoise, le pari de diriger le conflit de Tunisie vers la « démocratie » du désespoir, de la faim et du mépris.

« Peut-être les forces adverses du peuple tunisien, de manière à sauvegarder leurs intérêts, vont tenter de contenir le mouvement par un changement de visages, mais la situation continuera à être explosive jusqu'à ce qu'il y ait une réconciliation entre l'intérêt du peuple et l'État dans lequel il vit. C'est ce qu'on appelle la démocratie et l'indépendance où le peuple et l'État sont maîtres de leur présent et de leur avenir. » (5)

Demain, un étudiant de polytechnique et ses amis chômeurs pourront vendre leurs fruits sur le parvis des mosquées pendant que les représentants honteux de la petite- bourgeoisie s’amuseront à jouer au ministre du travail, de l’enseignement supérieur ou du développement régional jusqu'à ce que la grande-bourgeoisie rassurée les retourne à leurs billevesées et qu’elle reprenne en main la rue agitée et l’écrase sous la botte de l’armée grassement payée.

Pour que la « révolution » tunisienne sorte victorieuse, le peuple tunisien doit mener une guerre consciente pour la prise du pouvoir d’État par les partisans. C’est la seule façon de « réconcilier » les intérêts du peuple travailleur et ceux de l’État du travail. Ce doit être leur État à eux, pas celui des brigands au pouvoir qui doivent tous être chassés : que la rue tunisienne ne laisse pas la petite-bourgeoise opportuniste lui voler sa première victoire. Si la petite-bourgeoise excitée souhaite contribuer à la libération, qu’elle commence humblement par analyser et comprendre la vraie nature de la révolte populaire tunisienne, qu’elle se mette au service des travailleurs tunisiens et qu’elle cesse de dicter les objectifs stratégiques de cette révolte qui n’est pas un « Printemps arabe » mais un « Hiver tunisien » où les travailleurs et les travailleuses cherchent la voie vers le développement, le pain, l’eau, le travail, la dignité et le pouvoir… Pas d’illusion, la lutte populaire n’a pas encore triomphée dans la Tunisie dépossédée, le « Printemps de Tunis » n’est pas terminé.


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(1) Le printemps de la démocratie.
(2) La semaine qui a fait tomber Ben Ali.
(3) Le peuple tunisien s'est débarrassé de son tyran.
(4) Comprendre la crise économique et financière : la grogne populaire.
(5) Le printemps de la démocratie

 

 

 

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L'échec consommé des "pourparlers directs"

(13 décembre 2010)

 

 

Il est parfois très difficile (particulièrement au Proche-orient) de démêler la vérité du mensonge, l'intention réelle du simulacre. Hillary Clinton aurait déclaré forfait ; le très puissant Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu, aurait tenu tête à la Secrétaire d’État américaine et refusé de se plier aux exigences de cette dernière, de proroger le « moratoire sur la colonisation ». Ce serait le nain israélien qui dirigerait la superpuissance américaine, et non pas l’inverse. Cependant, regardons-y de plus près.

Première question à résoudre, dans cette affaire des « pourparlers directs » entre Mahmoud Abbas, le Président échu de l’Autorité sans autorité, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu : quels étaient les objectifs poursuivis par chacun des protagonistes ? Une fois cette question résolue, nous serons à même de résoudre l’énigme Clinton-Netanyahu.

Mahmoud Abbas, dont le mandat à la Présidence de l’Autorité palestinienne sans aucune autorité (1) est échu depuis Janvier 2009, se rendait à ces pourparlers de paix afin d'échanger les derniers droits du peuple palestinien (tel le droit de retour et les droits sur 80% de la terre de la Palestine du mandat britannique, tel qu’amendé en 1922) et d’échanger, également, les droits palestiniens sur la ville de Jérusalem en tant que capitale de l’État palestinien. En retour, Mahmoud Abbas réclamait le privilège de créer un État de type bantoustan, sous protectorat israélien, sur environ 20% des terres palestiniennes (la portion de la terre palestinienne que les sionistes n’avaient pas encore conquis et occupé en 1967, dont la limite suit approximativement le tracé de la Ligne verte).

Benjamin Netanyahu se rendait à ces « pourparlers directs » avec l’intention d’obtenir d’un interlocuteur palestinien crédible la renonciation définitive, légale, écrite et signée aux droits du peuple palestiniens sur 90 % de la terre palestinienne (toutes les terres déjà conquises et colonisées en Israël, en Cisjordanie et à Jérusalem annexée illégalement), la renonciation à Jérusalem dans son entier, la renonciation définitive au droit de retour pour les quelques sept millions de palestiniens des camps de réfugiés et de la diaspora et la reconnaissance d’Israël en tant qu’État juif condition de légalisation des précédentes exigences. Rien de moins !

Benjamin Netanyahu était toutefois d’accord pour la création d’un État bantoustan sous protectorat israélien sur moins de 10% des terres palestiniennes. Restait, cependant, à négocier les conditions de ce protectorat (sans plateau marin continental, sans armée, sans espace aérien, sans postes frontières, emmuré, avec droit de contrôle absolu d’Israël sur tout ce qui rentre et tout ce qui sort du bantoustan).

Barak Obama et Hillary Clinton se rendaient à ces « pourparlers directs » pour soutenir leur colonie militaire de peuplement dans ses revendications. Ils étaient évidemment sceptiques quant à l’éventualité que Mahmoud Abbas se rende à de telles exigences extravagantes. Mais, si Mahmoud Abbas acceptait tout de même de « pourparler », pourquoi pas ? C’était lui, le sacrifié… Après tout, s’il se croyait assez fort pour refiler ce « package » à son peuple, à lui de s’exécuter…

Évidemment, il apparut très tôt, et je l’avais prédit dès l’amorce, que ces « pourparlers directs » étaient morts nés (2). Mahmoud Abbas, le Président échu et illégal, n’avait pas la crédibilité requise pour signer quoi que ce fût. Il ne contrôlait pas la bande de Gaza, d’où l’armée israélienne avait été incapable de chasser le Hamas en janvier 2009. Surtout, Mahmoud Abbas ne pouvait pas espérer faire admettre, dans les camps de réfugiés de Syrie, de Jordanie et du Liban, un accord répudiant le droit au retour. Mahmoud Abbas ne pouvait laisser croire aux milliers de Palestiniens de Jérusalem-Est qu’Abou Dis, ce village de banlieue – la capitale promise à Arafat – était bien la ville de Jérusalem. Enfin, il n’était pas du tout assuré que le président échu puisse même faire passer l’entente en Cisjordanie occupée, malgré l’activité fébrile de ses services de sécurité secondés par l’armée israélienne. Il aurait fallu massacrer probablement la moitié de la population palestinienne pour espérer que la moitié restante vote en faveur d’un tel accord.

Le cheval présidentiel s’avérait un baudet, un canasson crevé qui ne pouvait délivrer la marchandise promise. Ne restait plus au tandem Clinton-Netanyahu qu’à se trouver une échappatoire pour se sortir de ce futile exercice diplomatique.

La mise en scène du moratoire temporaire partiel non prorogé offrait le prétexte rêvé permettant à Mahmoud Abbas de se sortir du guêpier où il s’était lui-même fourré. Aussitôt dit, aussitôt fait. Après avoir pris acte du refus israélien de proroger le moratoire partiel et temporaire, Hillary Clinton conserve le rôle de celle qui a fait tous les efforts pour obtenir un accord : elle pourra donc revenir sur le devant de la scène en tant que médiatrice, si un traitre plus crédible que Mahmoud Abbas se profil un jour dans le camp palestinien. Benjamin Netanyahu peut se présenter à la Knesset avec l’auréole du dompteur de lionne et Mahmoud Abbas se retire de cet accord-guêpier avec les honneurs de celui qui ne cède pas devant le chantage à la colonisation, lui qui, de toute façon, ne pouvait signer cet accord que personne n’aurait reconnu et qui n’a jamais exigé la levé du blocus de Gaza pour « pourparler ».

En finale, il est très bien que ces « pourparlers » de capitulation et de trahison du peuple palestinien aient échoué et pris fin comme ils avaient commencé, en queue de requin. (3)


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(1) C’est Mahmoud Abbas lui-même qui, en menaçant de démissionner, avoue candidement qu’il n’a même pas le droit de sortir de Ramallah sans l’autorisation signée du gouverneur militaire de la zone. Salam Fayyad, le Premier ministre de l’Autorité en Cisjordanie, le réaffirmait, quand à lui suite à la destruction par les israéliens d’une autoroute qu’il venait tout juste d’inaugurer (le mois dernier). Une autoroute payée par les contribuables européens détruite le lendemain de son inauguration.

(2) Robert Bibeau. (2010). http://www.ism-france.org/news/article.php?id=14340&type=analyse&lesujet=Initiatives%20de%20Paix et http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Robert_Bibeau.121010.htm
et http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4789

(3) http://www.aloufok.net/spip.php?article2891

 

 

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Où va la Résistance palestinienne ?

 

(26 novembre 2010)

 

 

Le peuple palestinien apprécie que le Hamas ait grandi en son sein et qu'il dirige aujourd’hui la résistance nationale. Les sionistes israéliens sont eux aussi très heureux d’affronter cette organisation islamique. Cela leur permet d’exciter la fibre raciste d’une partie de la population israélienne et de l’effrayer avec le spectre du « rejet à la mer » et des pogroms d’extermination par les roquettes artisanales de ces Arabes vindicatifs.

Une aubaine pour les chancelleries occidentales qui soutiennent les visées hégémoniques de l’État hébreu. Elles se croient justifiées de crier : « Sus aux islamistes sanguinaires !». Il n’y a que les peuples de la Terre qui ne gobent pas ce bobard lamentable et qui s’entêtent, comme le révèlent les sondages, à considérer l’« État juif » responsable des guerres dans cette zone de l'hémisphère. (1)

Mais les choses pourraient changer. À partir d’un examen minutieux des déclarations des porte-parole du Hamas il nous a été facile de percevoir la lutte interne qui déchire l’organisation entre l’option de résister à l’occupation sioniste, conforme aux désirs du Peuple Palestinien et le désir de participer aux « pourparlers directs » visant à l’associer au Fatah, histoire de partager les utopiques fruits malodorants de l’État-bantoustan (2).

Voilà qu’un journaliste palestinien, Abdel Bari Atwan, nous rejoint et pose crûment la question : « Le Hamas serait-il en train de dévier ? ».

Nous reprenons ci-après l’essentiel de l’interrogation du journaliste : « Notre reproche va au mouvement « Hamas » plus qu’à tout autre. Nous le lui disons avec amertume, car, en tant que chef de file des mouvements constitutifs du camp de la résistance en Palestine, il aurait « facilité » ces concessions en fermant les yeux sur la pratique de certains de ses responsables (ou considérés comme tels), pratique exactement comparable à celle de M. Abed Rabbo : de leur propre initiative, et sans que cela leur ait été demandé, ils ont proposé des projets de règlement aussi proches de ceux de l’Autorité palestinienne que tout autre, comme l’acceptation d’un État en Cisjordanie et à Gaza en échange d’une trêve ou par la reprise de nouveaux pourparlers de réconciliation avec l’Autorité dont ils mettent, par ailleurs en cause la légitimité, la représentativité et la capacité de traiter au nom du peuple palestinien. Il en fut ainsi de la rencontre à Damas (…), tout cela en concomitance avec la poursuite des négociations directes, auxquelles le Hamas s’est pourtant déclaré farouchement opposé. » (3).

S’il ne s’agissait que de convenir d’une trêve en échange de la paix et de la possibilité pour la Résistance de refaire ses forces dans deux enclaves (Gaza et Cisjordanie) sans cession de territoires et sans renonciation aux droits légitimes du peuple palestinien, le « deal » serait acceptable pour la partie palestinienne, même si, comme chacun le conçoit, l’entité sioniste n’entérinera pas de sitôt une telle « offre généreuse ». Nous en voulons pour preuve que Mahmoud Abbas vient de se voir offrir par Netanyahu trois mois de moratoire partiel sur la construction de nouveaux logements en Cisjordanie (Jérusalem non compris), en contrepartie de sa renonciation au droit de retour et de l’abandon de 90 % des terres palestiniennes. Qui dit mieux ?

Il n’est plus possible, pour le mouvement mondial de soutien à la résistance palestinienne, de mettre en doute la représentativité de ces porte-parole du Hamas, quand le chef du bureau politique de cette organisation affirme, dans une déclaration récente, ce qui suit : « Parce que le Hamas est réaliste, nous sommes parvenus à un accord entre les factions palestiniennes et les pays arabes pour accepter un État en Palestine, établi sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale, et l’application du droit au retour des réfugiés ». Le dirigeant du Hamas poursuit : « Le plus grand compromis a déjà été fait par les factions palestiniennes et les États arabes. Il a été d’accepter les frontières de 1967, nous laissant 20% de l’ensemble du territoire en litige. Il n’est plus admissible que certaines puissance continuent à faire pression sur le côté palestinien pour lui demander d’autres compromis, parce qu’elles le considèrent comme le côté le plus faible ».

En effet, une organisation patriotique qui, avant même d’amorcer les négociations, annonce qu’elle abandonne plus de 80% de sa terre n’a plus grand-chose à compromettre. Que ce soient les États arabes qui accordent 80% de la terre palestinienne n’est pas plus acceptable pour le Peuple Palestinien que si c’était l’ONU qui le donnait.

De plus, le chef du Hamas endosse la mystification qui a cours en Occident à l’effet que ce seraient les sionistes israéliens qui décideraient du sort de ce monde et ce seraient eux qui donneraient des ordres à leurs maîtres américains. Mashal déclare ainsi : « Il est immoral de maintenir la pression sur les Palestiniens tout simplement parce que les Américains et la communauté internationale ne font pas le poids face à M. Netanyahu » (4). L’homme qui se rend au bureau Ovale pour commander ses F-35 tout neufs n’est pas le maître de celui qui lui accorde ou lui refuse.

La mascarade des réticences de Netanyahu pour prolonger de trois mois le pseudo-moratoire sur la construction de nouvelles habitations illégales sur une partie de la Palestine occupée est une farce orchestrée par la Secrétaire d’État en personne. Demain, quand Netanyahu mentira et fera mine de se rendre aux suppliques de Madame Hillary Clinton pour étendre et prolonger le moratoire d’une année…, que fera le chef du Hamas, qui sera peint dans le coin de la pièce avec sa mauvaise foi, alors que Mahmoud Abbas se déclarera satisfait de cette fourberie et se précipitera vers la table des pourparlers directs pour entériner la capitulation finale ?

Il est par ailleurs fallacieux de tenter de justifier cette remise en cause de la question palestinienne sous le couvert du « réalisme » et de la « complexité » de l’analyse concrète d’une situation concrète, comme le fait le Collectif Cheikh Yassine dans cet extrait : « Notre situation de militants de la cause palestinienne n’est en rien comparable à celle de tous les Palestiniens résistants vivant et agissant en Palestine occupée. (…) avoir plus d'empathie envers ceux qui sont en train de vivre la réalité de la résistance et qui en paient le prix fort face au collaborationnisme, au soutien et au silence complice de l’humanité entière! La situation est sans aucun doute bien plus complexe que celle que nous arrivons à observer vue de l’extérieur! » (…) « Dans ce contexte précis, (…) si le Hamas avait refusé la « trêve » et la possibilité d’établir une sorte de refuge (la Cisjordanie et Gaza) permettant à la Résistance de se renforcer et de se structurer pour pouvoir mener son combat de manière organisée et efficace, espérant par ailleurs, que les masses arabes et musulmanes allaient s’identifier à cette Résistance pour l’accompagner par un combat mené à l’extérieur, cela risquait bel et bien de signifier tout simplement l’éradication définitive de la Résistance et de la Cause palestinienne! » (5).

On doit regretter amèrement la collusion des autorités arabes et la collaboration du gouvernement égyptien dans l’étranglement de la bande de Gaza ; on ne saurait pour autant rejeter le blâme de la désorientation du mouvement mondial de solidarité avec le peuple palestinien sur le dos des masses arabes, ces masses qui voient chaque jour Mahmoud Abbas, le président échu de l’Autorité sans autorité, se prosterner devant les États-Unis, qui ont fourni l’armement et les munitions pour détruire Gaza et qui ont empêché toute dénonciation onusienne contre la piraterie en haute-mer envers la Flottille de la Liberté. Ce sont ces mêmes masses arabes qui aujourd’hui entendent les responsables du Hamas exiger de pouvoir se concerter avec les harkis de l’Autorité palestinienne et accepter de céder 80 % de la terre palestinienne avant même de s’être assis à la table des négociations.

Le Viêt-Cong et le FLN algérien ont négocié avec les envahisseurs, mais seulement pour discuter des modalités du retrait de l’ennemi, et non pas pour convenir du pourcentage de leur terre qu’ils abandonneraient aux colonisateurs.

Nous convenons avec le Collectif Cheikh Yassine que la collaboration concrète avec l’occupant concret est plus facile à réaliser que la Résistance. Le fils de Mahmoud Abbas vous expliquera clairement qu’il ne pourrait diriger son entreprise de télécommunications en Cisjordanie occupée, ni obtenir de voiture de fonction, ni de sauf-conduits pour passer prestement les check-points, s’il s’aventurait à frayer avec la Résistance. Le discours « réaliste, complexe et concret » a déjà été servi au peuple palestinien au moment de la capitulation d’Oslo : il sait où cela mène.

La lutte de libération nationale palestinienne ne peut être dirigée, ni par conséquent gagnée, de l’extérieur de la Palestine et la liberté ne sera jamais offerte aux Palestiniens par le geôlier américano-israélien. Le Jihad Islamique a bien raison de refuser toute concertation avec le pouvoir harki qui siège à Ramallah. Le Hamas devrait suivre cet exemple. Un proverbe afghan dit « Vous avez la montre, nous avons le temps », un proverbe canadien dit « Le bœuf est lent, mais la terre est patiente, elle se donne à qui la mérite. ».

Ces maximes devraient guider l’action de la Résistance palestinienne.


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(1) La baronne Tonge déclare qu’Israël est la principale cause du terrorisme planétaire. 18.11.2010. http://www.ism-france.org/news/article.php?id=14617&type=analyse

(2) Le Hamas à la croisée des chemins de la résistance. Robert Bibeau. 1.03.2010. http://www.robertbibeau.ca/palestine/hamas.doc

(3) Hamas est-il en train de dévier ?! Collectif Cheikh Yassine.

http://soutien-palestine.blogspot.com/2010/11/hamas-est-il-en-train-de-devier.html

(4) Notre premier objectif c’est d’être libres. Khaled Mashal. 22.11.2010. http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=9703

(5) Hamas est-il en train de dévier ?! Collectif Cheikh Yassine.

http://soutien-palestine.blogspot.com/2010/11/hamas-est-il-en-train-de-devier.html

 

 

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Diktat contre l'Euro

 

(21 mai 2010)

 

 

La crise économique grecque fait trembler le monde. La petite Grèce menace d’entraîner l’économie mondiale à sa perte. Si la Grèce a une telle importance économique pourquoi ne l’a-t-on surveillée étroitement pour l’empêcher de nous précipiter dans cette crise ? Saviez-vous que la Grèce était une puissance économique de cette importance ? Évidemment non, parce qu’elle ne l’est pas.

De quoi parle-t-on au juste ? D’un pays de 11 millions d’habitants (2,2 % de la population de la zone Euro), dont le PIB était de 222 Milliards de dollars en 2005, soit 1,2 % du PIB de L’Union européenne qui tourne autour de 18 285 Milliards par année. Ce serait le déficit public de ce lilliputien qui ferait s’écrouler l’économie de l’Europe toute entière, l’Europe qui représente 30 % de l’économie mondiale contre 24 % pour les États-Unis.

Le père fouettard présente « l’énorme » dette de la Grèce comme étant un gouffre sans fond. La Grèce est plombée d’une dette publique à long terme de 113 % de son PIB soit 235 Milliards de dollars au total contre une dette publique de 6 509 Milliards pour l’ensemble de l’Union européenne, la Grèce représente donc 3,6 % du total de la dette de la zone Euro. La Grèce est grevé d’un déficit budgétaire courant (2010) de 28 Milliards de dollars contre 300 Milliards $ de déficit annuel pour l’ensemble de l’Union, la Grèce représente donc 9 % du total de l’Union. Bref, pour chacun des indicateurs économiques la Grèce représente entre 9 et 1,2 % des valeurs globales en jeux.

Le programme de sauvetage financier de la Grèce coûtera tout au plus 30 Milliards d’Euros échelonnés sur quelques années, l’équivalent d’une semaine du déficit américain (dette publique correspondant à 90 % de son PIB annuel). Par contre, un plan de défense de L’Euros vient d’être annoncé par les chefs de gouvernement à hauteur de 750 Milliards d’euros, davantage que le plan de sauvetage des institutions financières après la fraude américaine l’an dernier.

Ces chiffres suffisent à faire comprendre que l’on ne parle plus de l’affaire grec depuis belle lurette. Ce n’est pas la Grèce qui menace l’Euro, l’économie européenne et l’industrie mondiale, ce sont les spéculateurs boursiers qui jouent contre l’Euro (1). Pourquoi jouent-ils contre l’Euro ? Pour sauver le dollar et l’économie parasitaire américaine. L’économie américaine est une économie de consommation et d’importation alors que les économies japonaise, chinoise, allemande, suédoise et néerlandaise sont des économies de production et d’exportation.

Pouvez-vous imaginer un ménage qui ne ferait que consommer. Pendant trente ans ce ménage consommerait deux à trois fois plus qu’il ne produirait (ou qu’il ne gagnerait). Son déficit annuel courant serait chaque année plus important et cela depuis trente ans. De l’autre côté de la rue, le ménage d’en face approvisionnerait le déficitaire année après année. Un jour le ménage créancier risque de se présenter chez le débiteur et lui réclamer son dû. C’est ce qui risquait de se produire pour les américains.

Le dollar a servit de monnaie d’échange international depuis l’accord monétaire international de Bretton Woods (2). Les américains ont donc imprimé des dollars – émis des devises – non pas autant que leur économie en avait raisonnablement besoin, mais autant que l’économie mondiale en avait besoin. Depuis dix ans environ les États-Unis ont émis pour 29 000 milliards de dollars de devises au-delà de leur développement économique national. C’est ainsi que notre voisin consommateur réussit à vivre au-dessus de ses moyens depuis trente ans. C’est ainsi que la valeur du dollar diminue progressivement face à l’Euro et face au Yen. Malgré la force de leurs devises les japonais et les allemands parviennent tout de même à exporter largement grâce à une productivité supérieure et à la qualité de leurs produits. Par ailleurs, leur monnaie forte attire les investissements à la recherche de profits juteux. Tout cela mine le dollar qui perd peu à peu son titre de monnaie refuge au profit de l’or, de l’Euro et du Yen dont les valeurs n’ont cessé de croître…jusqu'à la crise spéculative du mois d’avril.

L’an dernier un groupe de pays producteur de pétrole et de pays émergent réuni autour de la Chine, de l’Iran, de la Russie et du Brésil ont décidé de convertir leurs dollars en un panier d’autres devises, l’Euro étant la première de ces devises, et de cesser de faire leur commerce, au premier chef le commerce du pétrole, en se servant de l’étalon dollar. Cette décision doit entrer en vigueur progressivement à partir de 2012.

La spéculation boursière visant l’Euro est la première riposte des spéculateurs américains contre cette décision qui les priverait de leur statut privilégié de banquier du monde. En ramenant l’Euro à parité avec le dollar (1) - l’avantage Euro - l’intérêt pour les détenteurs de devises de posséder des Euros plutôt que des dollars, s’amenuise. Évidemment, un Euro moins cher favorisera les exportations européennes sur les marchés mondiaux mais c’est le Japon et la Chine qui en pâtiront. Il y a déjà un certain temps que les États-Unis ont renoncé à défendre leur industrie et leur force productive contre la concurrence étrangère. Les services représentent 78 % du PIB américain, alors que l’industrie ne représente plus que 16 % du PIB américain.

Jean-Michel Vernochet n’a pas tort d’affirmer que ce jeu spéculatif contre l’Euro ce – chaos constructeur – présente un réel danger de voir s’effondrer l’ensemble de la structure monétaire mondiale. L’Euro représente tout de même la première économie du monde (30 % du PIB mondial). Mais qu’importe, les spéculateurs ont confiance de briser les visées hégémoniques de l’Euro et de le remettre sous la coupe du dollar, l’instrument monétaire de leur domination sur l’économie mondiale. Avant d’attaquer l’Iran et de fermer le détroit d’Ormuz à la navigation pétrolière et ainsi priver l’Europe et la Chine du pétrole du Moyen-Orient l’empire États-uniens possède quelques autres moyens de contraindre ses partenaires à se soumettre à ses diktats.

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(1) http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/des-grands-fonds-speculatifs-parient-contre-l-euro_227700.html
(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods
(3) http://www.voltairenet.org/article165451.html

 

 

 

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