Lénine — Œuvres choisies en deux tomes

Sommaire détaillé

Extraits

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Tome I Tome II

« Le caractère d'une guerre (qu'elle soit réactionnaire ou révolutionnaire) ne dépend pas de la question de savoir qui a attaqué ni en quel pays se trouve l' « ennemi », mais de ceci : quelle classe mène cette guerre, quelle est la politique dont la guerre est le prolongement ? Si la guerre est une guerre impérialiste réactionnaire, c'est-à-dire si elle est menée par deux groupements mondiaux de la bourgeoisie réactionnaire, spoliatrice, oppressive, impérialiste, toute bourgeoisie (même celle d'un petit pays) devient coparticipante à cette spoliation, et mon devoir, mon devoir de représentant du prolétariat révolutionnaire est de préparer la révolution prolétarienne mondiale, seul moyen de salut contre les horreurs de la guerre mondiale. Ce n'est pas du point de vue de « mon » pays que je dois raisonner (car ce serait là le raisonnement d'une triste ganache de petit bourgeois nationaliste, qui ne comprend pas qu'il est un jouet entre les mains de la grande bourgeoisie impérialiste), mais du point de vue de ma participation à la préparation, à la propagande, aux travaux d'approche de la révolution prolétarienne mondiale. C'est là de l'internationalisme, c'est là la tâche de l'internationaliste, de l'ouvrier révolutionnaire, du véritable socialiste. » (Lénine, La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, Tome II, p. 234.)

Numérisé dans son intégralité par mes soins à partir de l'édition en langues étrangères en deux tomes parue à Moscou en 1948, cet ouvrage constitue le complément idéal à l'Histoire du Parti communiste bolchévik de l'URSS de Staline.

 

Sommaire détaillé :

Tome I

Note de l'éditeur (p. 5)

Préface (p. 5)

 

J. STALINE. LÉNINE ET LE LÉNINISME

 

LETTRE DE J. STALINE, PARUE DANS LA RABOTCHAlA GAZETA AU PREMIER ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE V. LÉNINE (p. 9)

LÉNINE EST MORT. Discours prononcé au IIe congrès des Soviets de l'U.R.S.S., 26 janvier 1924 (p. 10)

LÉNINE, ORGANISATEUR ET CHEF DU PARTI COMMUNISTE DE RUSSIE. A l'occasion du 50e anniversaire de sa naissance (p. 12)

LÉNINE VU PAR STALINE. Discours prononcé à la soirée organisée par les élèves de l'école militaire du Kremlin, le 28 janvier 1924 (p. 15)

EXTRAIT DE L'ENTRETIEN AVEC LA PREMIÈRE DÉLÉGATION DES OUVRIERS AMÉRICAINS, LE 9 SEPTEMRRE 1927 (p. 19)

DISCOURS PRONONCÉ DEVANT LES ÉLECTEURS DE LA CIRCONSCRIPTION STALINE DE MOSCOU, LE 11 DÉCEMRRE 1937, AU GRAND THEATRE (p. 22)

DISCOURS PRONONCÉ A LA RÉCEPTION DES TRAVAILLEURS DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR AU KREMLIN, 17 MAI 1938 (p. 25)

DISCOURS PRONONCÉ A LA REVUE DE L'ARMÉE ROUGE LE 7 NOVEMBRE 1941 SUR LA PLACE ROUGE A MOSCOU (p. 26)

 

MARX ET LE MARXISME

 

LES TROIS SOURCES ET LES TROIS PARTIES CONSTITUTIVES DU MARXISME (p. 27)

LES DESTINÉES HISTORIQUES DE LA DOCTRINE DE KARL MARX (p. 31)

MARXISME ET REVISIONNISME (p. 33)

 

LUTTE POUR LA CRÉATION DU PARTI OUVRIER SOCIAL-DÉMOCRATE DE RUSSIE

 

CE QUE SONT LES « AMIS DU PEUPLE » ET COMMENT ILS LUTTENT CONTRE LES SOCIAL-DÉMOCRATES (Réponse aux articles parus dans la revue Rousskoïé Bogatstvo contre les marxistes) (p. 37)

LES TACHES DES SOCIAL-DÉMOCRATES RUSSES (p. 66)

 

FONDATION DU PARTI OUVRIER SOCIAL-DÉMOCRATE DE RUSSIE. APPARITION DES FRACTIONS BOLCHEVIQUE ET MENCHÉVIQUE DANS LE PARTI

 

QUE FAIRE ? (Les questions brûlantes de notre mouvement) (p. 74)

Préface à la 1ère édition (p. 74)

I. Dogmatisme et « liberté de critique » (p. 75)

a) Que signifie la « liberté de critique »? (p. 75)

b) Les nouveaux défenseurs de la « liberté de critique » (p. 76)

c) La critique en Russie (p. 78)

d) Engels et l'importance de la lutte théorique (p. 81)

II. La spontanéité des masses et la conscience de la social-démocratie (p. 84)

a) Début de l'essor spontané (p. 84)

b) Le culte du spontané. La Rabotchaïa Mysl (p. 86)

c) Le « groupe de l'autolibération » et le Rabotchéïé Diélo (p. 89)

III. Politique trade-unioniste et politique social-démocrate (p. 93)

a) L'agitation politique et son rétrécissement par les économistes (p. 93)

b) Comment Martynov a approfondi Plékhanov (p. 97)

c) Les révélations politiques et « l'éducation de l'activité révolutionnaire » (p. 98)

d) Ce qu'il y a de commun entre l'économisme et le terrorisme (p. 100)

e) La classe ouvrière, combattant d'avant-garde pour la démocratie (p. 102)

f) Encore une fois « calomniateurs », encore une fois « mystificateurs » (p. 108)

IV. Le primitivisme des économistes et l'organisation des révolutionnaires (p. 109)

a) Qu'est-ce que le primitivisme ? (p. 109)

b) Primitivisme et économisme (p. 111)

c) L'organisation des ouvriers et l'organisation des révolutionnaires (p. 113)

d) Ampleur du travail d'organisation (p. 119)

e) L'organisation « conspiratrice » et le « démocratisme » (p. 122)

f) Travail à l'échelle locale et nationale (p. 125)

V. « Plan » d'un journal politique pour toute la Russie (p. 129)

b) Un journal peut-il être un organisateur collectif ? (p. 130)

c)  De quel type d'organisation avons-nous besoin ? (p. 134)

Conclusion (p. 137)

UN PAS EN AVANT, DEUX PAS EN ARRIÈRE (La crise dans notre Parti) (p. 139)

Préface à la 1ère édition (p. 139)

a) La préparation du congrès (p. 140)

b) L'importance des groupements au congrès (p. 140)

c) Début du congrès. L'incident du Comité d'organisation (p. 141)

d) Dissolution du groupe l'Ouvrier du Sud (p. 143)

e) L'incident à propos de l'égalité des langues (p. 144)

f) Le programme agraire (p. 145)

g) Les statuts du Parti (p. 148)

h) Débats sur le centralisme, avant la scission entre iskristes (p. 149)

i) Le paragraphe 1 des statuts (p. 150)

n) Tableau d'ensemble de la lutte au congrès. L'aile révolutionnaire et l'aile opportuniste du Parti (p. 159)

q) La nouvelle Iskra. L'opportunisme dans les problèmes d'organisation (p. 163)

r) Quelques mots sur la dialectique. Deux révolutions (p. 176)

 

PÉRIODE DE LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE ET DE LA PREMIÈRE REVOLUTION RUSSE

 

DEUX TACTIQUES DE LA SOCIAL-DÉMOCRATIE DANS LA RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE (p. 178)

Préf ace (p. 178)

1. Une question politique essentielle (p. 179)

2. Que nous donne la résolution du IIIe congrès du P.O.S.D.R. sur le Gouvernement révolutionnaire provisoire ? (p. 181)

3. Qu'est-ce que la « victoire décisive de la révolution sur le tsarisme » ? (p. 184)

4. Liquidation de la monarchie et république (p. 187)

5. Comment on doit « faire avancer la révolution » (p. 189)

6. De quel côté le prolétariat est-il menacé du danger d'avoir les mains liées dans la lutte contre la bourgeoisie inconséquente ? (p. 190)

7. La tactique de l'« élimination des conservateurs du sein du gouvernement » (p. 196)

8. L'idéologie de l’Osvobojdénié et celle de la nouvelle Iskra (p. 198)

9. Ce que c'est qu'un parti d'extrême opposition pendant la révolution (p. 202)

10. Les « communes révolutionnaires » et la dictature démocratique révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie (p. 203)

11. Comparaison rapide entre certaines résolutions du IIIe congrès du P.O.S.D.R. et de la « conférence » (p. 208)

12. La révolution démocratique perdra-t-elle de son envergure si la bourgeoisie s'en détourne ? (p. 210)

13. Conclusion. Oserons-nous vaincre ? (p. 214)

Postface. Encore une fois l'idéologie de l’Osvobojdénié, encore une fois l'idéologie de la nouvelle Iskra (p. 218)

I. Ce que les réalistes libéraux bourgeois louent chez les « réalistes » social-démocrates (p. 218)

II. Nouvel « approfondissement » de la question par le camarade Martynov (p. 221)

III. La représentation bourgeoise vulgaire de la dictature et la conception de Marx (p. 225)

Note au chapitre 10 de la brochure Deux tactiques (p. 229)

L'ATTITUDE DE LA SOCIAL-DÉMOCRATIE A L'ÉGARD DU MOUVEMENT PAYSAN (p. 230)

LES ENSEIGNEMENTS DE L'INSURRECTION DE MOSCOU (p. 235)

BOYCOTTAGE (p. 239)

LES ENSEIGNEMENTS DE LA RÉVOLUTION (p. 243)

 

PÉRIODE DE LA RÉACTION STOLYPINIENNE LES BOLCHEVIKS

 SE CONSTITUENT EN UN PARTI MARXISTE INDÉPENDANT

 

NOTES POLITIQUES (p. 246)

DE CERTAINES PARTICULARITÉS DU DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DU MARXISME (p. 249)

STOLYPINE ET LA RÉVOLUTION (p. 252)

LE COURANT DE LIQUIDATION ET LE GROUPE DES LIQUIDATEURS (p. 256)

QUESTIONS EN LITIGE. Le Parti légal et les marxistes (p. 257)

I. La décision de 1908 (p. 257)

II. La décision de 1910 (p. 259)

III. L'attitude des liquidateurs devant les décisions de 1908 et 1910 (p. 260)

IV. La signification de classe du courant liquidateur (p. 262)

V. Le mot d'ordre de lutte pour un Parti légal (p. 264)

VI (p. 265)

LA VIOLATION DE L'UNITÉ AUX CRIS DE : VIVE L'UNITÉ ! (p. 268)

I. Du « fractionnisme » (p. 268)

II. De la scission (p. 270)

III.  De la désagrégation du bloc d'août (p. 273)

IV.  Les conseils d'un conciliateur au « groupe des sept » (p. 274)

V. Les conceptions liquidatrices de Trotski (p. 276)

 

LES ANNÉES D'ESSOR DU MOUVEMENT OUVRIER A LA VEILLE

 DE LA PREMIÈRE GUERRE IMPÉRIALISTE

 

A LA MÉMOIRE DE HERZEN (p. 279)

LES PARTIS POLITIQUES EN RUSSIE (p. 282)

L'ESSOR RÉVOLUTIONNAIRE (p. 288)

DEUX UTOPIES (p. 292)

LA GRANDE PROPRIÉTÉ FONCIÈRE SEIGNEURIALE ET LA PETITE PROPRIÉTÉ PAYSANNE EN RUSSIE (p. 295)

L'EUROPE ARRIÉRÉE ET L'ASIE AVANCÉE (p. 296)

DU DROIT DES NATIONS A DISPOSER D'ELLES-MÊMES (p. 297)

1. Qu'est-ce que la libre disposition des nations ? (p. 297)

2. Position historique concrète de la question (p. 299)

3. Les particularités concrètes de la question nationale en Russie et la refonte démocratique bourgeoise de ce pays (p. 301)

4. Le « praticisme » dans la question nationale (p. 303)

5. Bourgeoisie libérale et opportunistes socialistes dans la question nationale (p. 306)

6. La séparation de la Norvège d'avec la Suède (p. 311)

7. La décision du congrès international de Londres de 1896 (p. 314)

8. L'utopiste Karl Marx et la pratique Rosa Luxembourg (p. 316)

9. Le programme de 1903 et ses liquidateurs (p. 319)

10. Conclusion (p. 324)

DONNÉES OBJECTIVES SUR LA FORCE DES DIVERSES TENDANCES DU MOUVEMENT OUVRIER (p. 326)

 

PÉRIODE DE LA GUERRE IMPÉRIALISTE LA DEUXIÈME RÉVOLUTION EN RUSSIE

 

LA GUERRE ET LA SOCIAL-DÉMOCRATIE RUSSE (p. 329)

DE LA FIERTÉ NATIONALE DES GRANDS-RUSSES (p. 333)

DU MOT D'ORDRE DES ÉTATS-UNIS D'EUROPE (p. 335)

L'OPPORTUNISME ET LA FAILLITE DE LA IIe INTERNATIONALE (p. 337)

L'IMPÉRIALISME, STADE SUPRÊME DU CAPITALISME (ESSAI DE VULGARISATION) (p. 343)

Préface (p. 343)

Préface aux éditions française et allemande (p. 343)

I. La concentration de la production et les monopoles (p. 346)

II. Les banques et leur nouveau rôle (p. 352)

III. Le capital financier et l'oligarchie financière (p. 360)

IV. L'exportation des capitaux (p. 366)

V. Le partage du monde entre les groupements capitalistes (p. 369)

VI. Le partage du monde entre les grandes puissances (p. 373)

VII. L'impérialisme, stade particulier du capitalisme (p. 378)

VIII. Le parasitisme et la putréfaction du capitalisme (p. 383)

IX. La critique de l'impérialisme (p. 387)

X. La place de l'impérialisme dans l'histoire (p. 393)

LE PROGRAMME MILITAIRE DE LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE (p. 396)

LETTRES DE LOIN. Lettre première. La première étape de la première révolution (p. 402)

NOTES (p. 407)

 

 

Tome II

PÉRIODE DE PRÉPARATION ET D'ACCOMPLISSEMENT

 DE LA RÉVOLUTION SOCIALISTE D'OCTOBRE

 

DES TACHES DU PROLÉTARIAT DANS LA PRÉSENTE RÉVOLUTION (p. 7)

DE LA DUALITÉ DU POUVOIR (p. 10)

LES TACHES DU PROLÉTARIAT DANS NOTRE RÉVOLUTION. Projet de plate-forme pour le Parti du prolétariat (p. 12)

Le caractère de classe de la révolution accomplie (p. 12)

La politique extérieure du nouveau gouvernement (p. 12)

L'originale dualité du pouvoir et sa signification de classe (p. 13)

Caractère original de la tactique, résultat de ce qui précède (p. 14)

La défense nationale révolutionnaire et sa signification de classe (p. 15)

Comment peut-on terminer la guerre ? (p. 16)

Le nouveau type d'Etat que crée notre révolution (p. 16)

Programmes agraire et national (p. 18)

Nationalisation des banques et des syndicats capitalistes (p. 19)

La situation dans l'Internationale socialiste (p. 19)

La faillite de l'Internationale de Zimmerwald. Il faut fonder la IIIe Internationale (p. 22)

Quelle doit être la dénomination de notre Parti pour être scientifiquement exacte et contribuer à éclairer la conscience politique du prolétariat ? (p. 24)

LA VIIe CONFÉRENCE DU P.O.S.D.R.(b) (DITE CONFÉRENCE D'« AVRIL ») 7-12 MAI (24-29 AVRIL) 1917 (p. 27)

Résolution sur la question agraire adoptée par la conférence le 11 mai (28 avril) (p. 27)

Résolution sur la question nationale adoptée par la conférence le 12 mai (29 avril) (p. 28)

PREMIER CONGRES DES DÉPUTÉS PAYSANS DE RUSSIE. Projet de résolution sur la question agraire (p. 30)

PREMIER CONGRÈS DES SOVIETS DES DÉPUTÉS OUVRIERS ET SOLDATS DE RUSSIE. Discours sur l'attitude envers le gouvernement provisoire (p. 31)

A PROPOS DES MOTS D'ORDRE (p. 36)

LES ENSEIGNEMENTS DE LA RÉVOLUTION (p. 40)

Postface (p. 46)

LA CATASTROPHE IMMINENTE ET LES MOYENS DE LA CONJURER (p. 47)

La famine approche (p. 47)

Inaction totale du gouvernement (p. 47)

Les mesures de contrôle sont universellement connues et faciles à réaliser (p. 49)

Nationalisation des banques (p. 50)

Nationalisation des syndicats capitalistes (p. 52)

Suppression du secret commercial (p. 54)

Le groupement forcé en cartels (p. 56)

Réglementation de la consommation (p. 57)

Sabotage du travail des organisations démocratiques par le gouvernement (p. 59)

La faillite financière et les moyens de la prévenir (p. 61)

Peut-on aller de l'avant si l'on craint de marcher au socialisme ? (p. 63)

La guerre et la lutte contre la ruine économique (p. 64)

Démocratie révolutionnaire et prolétariat révolutionnaire (p. 66)

LE MARXISME ET L'INSURRECTION. Lettre au Comité central du P.O.S.D.R. (p. 68)

LES TACHES DE LA RÉVOLUTION (p. 71)

Ce qu'a de funeste la politique d'entente avec les capitalistes (p. 72)

Le pouvoir aux Soviets (p. 72)

La paix aux peuples (p. 72)

La terre aux travailleurs (p. 73)

Lutte contre la famine et la ruine économique (p. 73)

Lutte avec la contre-révolution des grands propriétaires fonciers et des capitalistes (p. 74)

Développement pacifique de la révolution (p. 74)

CONSEILS D'UN ABSENT (p. 76)

RÉUNION DU COMITÉ CENTRAL DU P.O.S.D.R. (b) 23 (10) octobre 1917. Résolution sur l'insurrection armée (p. 77)

LETTRE AUX MEMBRES DU PARTI BOLCHEVIK (p. 78)

LETTRE AUX MEMBRES DU COMITÉ CENTRAL (p. 80)

L'ETAT ET LA RÉVOLUTION. La doctrine du marxisme sur l'Etat et les tâches du prolétariat dans la révolution (p. 81)

Préface à la première édition (p. 81)

Préface à la deuxième édition (p. 81)

Chapitre I. La Société de classes et l'Etat (p. 82)

1.  L'Etat, produit des antagonismes de classes inconciliables (p. 82)

2.  Détachements spéciaux d'hommes armés, prisons, etc. (p. 83)

3.  L'Etat, instrument d'exploitation de la classe opprimée (p. 84)

4.   « Dépérissement » de l'Etat et révolution violente (p. 86)

Chapitre II. L'Etat et la révolution. L'expérience des années 1848-1851 (p. 89)

1.  A la veille de la révolution (p. 89)

2.  Le bilan d'une révolution (p. 91)

3.  Comment Marx posait la question en 1852 (p. 93)

Chapitre III. L'Etat et la révolution. L'expérience de la Commune de Paris (1871). Analyse de Marx (p. 94)

1.  Ce que la tentative des Communards a d'héroïque (p. 94)

2.  Par quoi remplacer la machine d'Etat démolie ? (p. 96)

3.  Suppression du parlementarisme (p. 98)

4.  Organisation de l'unité nationale (p. 101)

5.  Destruction de l'Etat parasite (p. 102)

Chapitre IV. Suite. Explications complémentaires d'Engels (p. 103)

1.  La « question du logement » (p. 103)

2.  Polémique contre les anarchistes (p. 105)

3.  Lettre à Bebel (p. 106)

4.  Critique du projet de programme d'Erfurt (p. 107)

5.  La préface de 1891 à la Guerre civile de Marx (p. 110)

6.  Engels et la suppression de la démocratie (p. 113)

Chapitre V. Les bases économiques du dépérissement de l'Etat (p. 114)

1.  Comment Marx pose la question (p. 114)

2.  La transition du capitalisme au communisme (p. 115)

3.  Première phase de la société communiste (p. 118)

4.  Phase supérieure de la société communiste (p. 119)

Chapitre VI. L'avilissement du marxisme par les opportunistes (p. 122)

1.  Polémique de Plékhanov contre les anarchistes (p. 123)

2.  Polémique de Kautsky contre les opportunistes (p. 123)

3.  Polémique de Kautsky contre Pannekoek (p. 127)

Postface de la première édition (p. 131)

DEUXIÈME CONGRÈS DES SOVIETS DES DÉPUTÉS OUVRIERS ET SOLDATS DE RUSSIE (p. 132)

1.  Aux ouvriers, aux soldats et aux paysans ! (p. 132)

2.  Rapport sur la paix présenté le 26 octobre 1917 (p. 133)

3.  Rapport sur la paix. Discours de clôture de la discussion, 26 octobre 1917 (p. 135)

4.  Rapport sur la terre présenté le 26 octobre 1917 (p. 137)

PROJET DE RÈGLEMENT SUR LE CONTROLE OUVRIER (p. 140)

APPEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI OUVRIER SOCIAL-DÉMOCRATE (bolchévik) DE RUSSIE. A tous les membres du Parti et à toutes les classes laborieuses de Russie ! (p. 141)

L'ALLIANCE DES OUVRIERS ET DES PAYSANS TRAVAILLEURS ET EXPLOITÉS. Lettre à la rédaction de la Pravda (p. 143)

THÈSES SUR L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE (p. 145)

PROJET DE DÉCRET SUR LA SOCIALISATION DE L'ÉCONOMIE NATIONALE (p. 148)

QUESTIONS POSÉES AUX DÉLÉGUÉS DU Ier CONGRÈS GÉNÉRAL DES ARMÉES POUR LA DÉMOBILISATION DES TROUPES (p. 150)

COMMENT ORGANISER L'ÉMULATION ? (p. 151)

PROJET DE DÉCLARATION DES DROITS DU PEUPLE TRAVAILLEUR ET EXPLOITÉ (p. 155)

PROJET DE DÉCRET SUR LA DISSOLUTION DE L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE (p. 157)

THÈSES SUR LA CONCLUSION IMMÉDIATE D'UNE PAIX SÉPARÉE ET ANNEXIONNISTE (p. 158)

LA PATRIE SOCIALISTE EST EN DANGER ! (p. 162)

CHOSE ÉTRANGE ET MONSTRUEUSE (p. 163)

SUR LE TERRAIN PRATIQUE (p. 167)

LEÇON SÉRIEUSE ET SÉRIEUSE RESPONSABILITÉ (p. 168)

RAPPORT SUR LA GUERRE ET LA PAIX, PRÉSENTÉ AU VIIe CONGRÈS DU P.C.R.(b), le 7 MARS 1918 (p. 171)

LA TACHE PRINCIPALE DE NOS JOURS (p. 180)

LES TACHES IMMÉDIATES DU POUVOIR DES SOVIETS (p. 182)

Situation internationale de la République des Soviets de Russie et tâches essentielles de la révolution socialiste (p. 182)

Le mot d'ordre général de l'heure (p. 183)

Nouvelle phase de la lutte contre la bourgeoisie (p. 184)

Importance de la lutte pour le recensement et le contrôle populaires (p. 188)

Augmentation de la productivité du travail (p. 189)

Organisation de l'émulation (p. 191)

L’« organisation harmonieuse » et la dictature (p. 192)

Le développement de l'organisation soviétique (p. 196)

Conclusion (p. 198)

 

PÉRIODE DE L'INTERVENTION MILITAIRE ÉTRANGÈRE ET DE LA GUERRE CIVILE

 

DE LA FAMINE. Lettre aux ouvriers de Pétrograd (p. 199)

A TOUS LES SOVIETS DES DÉPUTÉS DE PROVINCE ET DE DISTRICT (p. 203)

CAMARADES OUVRIERS ! MARCHONS AU DERNIER, AU DÉCISIF COMBAT ! (p. 204)

DISCOURS PRONONCÉ DANS LA « JOURNÉE DE L'OFFICIER ROUGE », le 24 NOVEMBRE 1918 (p. 206)

LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE ET LE RENÉGAT KAUTSKY (p. 207)

Préface (p. 207)

Comment Kautsky transforme Marx en un vulgaire libéral (p. 208)

Démocratie bourgeoise et démocratie prolétarienne (p. 213)

Peut-il y avoir égalité entre l'exploité et l'exploiteur ? (p. 217)

Défense aux Soviets de se transformer en organisations d'Etat (p. 220)

L'Assemblée constituante et la République soviétique (p. 223)

La Constitution soviétique (p. 227)

Qu'est-ce que l'internationalisme ? (p. 231)

Servilité à l'égard de la bourgeoisie sous couleur d'« analyse économique » (p. 237)

Annexe I. - Thèses sur l'Assemblée constituante (p. 249)

Annexe II. - Un nouveau livre de Vandervelde sur l'Etat (p. 249)

CE QUI A ÉTÉ CONQUIS ET CONSIGNÉ (p. 253)

RAPPORT SUR LE PROGRAMME DU PARTI PRÉSENTÉ AU VIIIe CONGRÈS DU PARTI COMMUNISTE (bolchévik) DE RUSSIE, le 19 MARS 1919 (p. 255)

RAPPORT SUR LE TRAVAIL A LA CAMPAGNE PRÉSENTÉ AU VIIIe CONGRÈS DU PARTI COMMUNISTE (bolchévik) DE RUSSIE, le 23 MARS 1919 (p. 264)

LETTRE AUX OUVRIERS DE PÉTROGRAD SUR L'AIDE A PRÊTER AU FRONT EST (p. 272)

THÈSES DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE (bolchevik) DE RUSSIE A PROPOS DE LA SITUATION SUR LE FRONT EST (p. 273)

MÉFIEZ-VOUS DES ESPIONS (p. 275)

LA IIIe INTERNATIONALE ET SA PLACE DANS L'HISTOIRE (p. 276)

SALUT AUX OUVRIERS HONGROIS (p. 280)

LA GRANDE INITIATIVE, De l'héroïsme des ouvriers à l'arrière. A propos des « samedis communistes » (p. 282)

TOUS A LA LUTTE CONTRE DÉNIKINE ! Lettre du Comité central du Parti communiste (bolchevik) russe aux organisations du Parti (p. 294)

La tâche essentielle du moment (p. 294)

Le peuple doit savoir la vérité sur Koltchak et Dénikine (p. 295)

Le travail parmi les mobilisables (p. 295)

Le travail parmi les déserteurs (p. 296)

Aide directe à l'armée (p. 296)

Réduction du travail non militaire (p. 297)

Le travail dans la zone du front (p. 298)

Attitude envers les spécialistes militaires (p. 299)

La lutte avec la contre-révolution à l'arrière (p. 300)

Toute la population doit être mobilisée pour la guerre (p. 302)

« Le travail sur le mode révolutionnaire » (p. 302)

LETTRE AUX OUVRIERS ET AUX PAYSANS AU SUJET DE LA VICTOIRE REMPORTÉE SUR KOLTCHAK (p. 303)

L'ETAT OUVRIER ET LA SEMAINE DU PARTI (p. 307)

AUX CAMARADES SOLDATS ROUGES (p. 308)

L'ÉCONOMIE ET LA POLITIQUE A L'ÉPOQUE DE LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT (p. 309)

EN AVANT POUR VAINCRE LA CRISE DU COMBUSTIBLE ! (p. 314)

DISCOURS PRONONCÉ AU Ier CONGRÈS DES COMMUNES ET ARTELS AGRICOLES, le 4 DÉCEMBRE 1919 (p. 316)

LETTRE AUX OUVRIERS ET AUX PAYSANS D'UKRAINE A PROPOS DES VICTOIRES REMPORTÉES SUR DÊNIKINE (p. 320)

DE LA DISCIPLINE DU TRAVAIL (p. 323)

IXe CONGRÈS DU PARTI COMMUNISTE (bolchévik) DE RUSSIE, 29 MARS-5 AVRIL 1920. Rapport du Comité central (p. 324)

DE LA DESTRUCTION D'UN ORDRE SÉCULAIRE A LA CRÉATION DE L'ORDRE NOUVEAU (p. 332)

LA MALADIE INFANTILE DU COMMUNISME (LE « GAUCHISME ») (p. 333)

I. Dans quel sens peut-on parler de la portée internationale de la révolution russe ? (p. 333)

II. Une des conditions essentielles du succès des bolchéviks (p. 334)

III. Principales étapes de l'histoire du bolchévisme (p. 335)

IV. Dans la lutte contre quels ennemis au sein du mouvement ouvrier le bolchévisme s'est-il développé, fortifié, aguerri ? (p. 337)

V. Le communisme « de gauche » en Allemagne. Chefs, parti, classe, masse (p. 341)

VI. Les révolutionnaires doivent-ils militer dans les syndicats réactionnaires ? (p. 344)

VII. Faut-il participer aux parlements bourgeois ? (p. 348)

VIII. « Jamais de compromis ? » (p. 352)

IX. Le communisme « de gauche » en Angleterre (p. 357)

X. Quelques conclusions (p. 362)

Annexe

I. La scission des communistes allemands (p. 368)

II. Communistes et indépendants en Allemagne (p. 369)

III. Turati et Cie en Italie (p. 370)

IV. Conclusions fausses de prémisses justes (p. 371)

PREMIÈRE ÉBAUCHE DES THÈSES SUR LA QUESTION AGRAIRE. Pour le IIe congrès de l'Internationale communiste (p. 374)

PREMIÈRE ÉBAUCHE DES THÈSES SUR LES QUESTIONS NATIONALE ET COLONIALE. Pour le IIe congrès de l'Internationale communiste (p. 379)

LE IIe CONGRÈS DE L'INTERNATIONALE COMMUNISTE (p. 382)

LES TACHES DES FÉDÉRATIONS DE LA JEUNESSE. Discours prononcé au IIIe congrès national de la Fédération des jeunesses communistes de Russie, le 2 octobre 1920 (p. 383)

LETTRE AUX CAMARADES DE TOULA (p. 393)

 

PERIODE DE TRANSITION A L'ŒUVRE PACIFIQUE DE RÉTABLISSEMENT DE L'ÉCONOMIE NATIONALE

 

AVANT-PROJET DE LA RÉSOLUTION DU Xe CONGRÈS DU PARTI COMMUNISTE DE RUSSIE SUR L'UNITÉ DU PARTI (p. 394)

AVANT-PROJET DE LA RÉSOLUTION DU Xe CONGRÈS DU PARTI COMMUNISTE DE RUSSIE SUR LA DÉVIATION SYNDICALISTE ET ANARCHISTE DANS NOTRE PARTI (p. 396)

DISCOURS PRONONCÉ AU CONGRÈS DES OUVRIERS DES TRANSPORTS DE RUSSIE le 27 MARS 1921 (p. 398)

AUX CAMARADES COMMUNISTES D'AZERBAÏDJAN, DE GÉORGIE, D'ARMÉNIE, DU DAGHESTAN ET DE LA RÉPUBLIQUE DES MONTAGNARDS (p. 404)

SUR L'IMPOT EN NATURE. Le rôle de la nouvelle politique et ses conditions (p. 406)

En guise d'introduction (p. 406)

Sur l'économie actuelle de la Russie. Extrait de la brochure de 1918 (p. 406)

Sur l'impôt en nature, la liberté de commerce et les concessions (p. 411)

Bilan et conclusions politiques (p. 419)

Conclusion (p. 422)

THÈSES DU RAPPORT SUR LA TACTIQUE DU PARTI COMMUNISTE RUSSE PRÉSENTÉ AU IIIe CONGRÈS DE L'INTERNATIONALE COMMUNISTE (Avant-projet) (p. 424)

1.  La situation internationale de la R.S.F.S.R. (p. 424)

2.  Le rapport des forces de classes à l'échelle internationale (p. 424)

3.  Le rapport des forces de classes en Russie (p. 425)

4.  Le prolétariat et la paysannerie en Russie (p. 425)

5.  L'alliance militaire du prolétariat et de la paysannerie de la R.S.F.S.R. (p. 425)

6.  L'établissement de rapports économiques normaux entre le prolétariat et la paysannerie (p. 425)

7.  Dans quelles conditions et pourquoi le pouvoir des Soviets admet le capitalisme et le système des concessions (p. 426)

8.  Les succès de notre politique du ravitaillement (p. 426)

9.  La base matérielle du socialisme et le plan d'électrification de la Russie (p. 426)

10. Le rôle de la « démocratie pure », de la IIe Internationale et de l'Internationale 21/2, des socialistes-révolutionnaires et des menchéviks alliés du Capital (p. 427)

NOUVEAUX TEMPS, ANCIENNES ERREURS SOUS UNE FORME NOUVELLE (p. 428)

SUR L'ÉPURATION DU PARTI (p. 432)

POUR LE QUATRIÈME ANNIVERSAIRE DE LA RÉVOLUTION D'OCTOBRE (p. 433)

SUR LE ROLE DE L'OR AUJOURD'HUI ET APRES LA VICTOIRE COMPLÈTE DU SOCIALISME (p. 437)

DU ROLE ET DES TACHES DES SYNDICATS DANS LES CONDITIONS DE LA NOUVELLE POLITIQUE ÉCONOMIQUE. Décision du Comité central du Parti communiste russe (bolchévik) du 12 janvier 1922 (p. 441)

1.  La nouvelle politique économique et les syndicats (p. 441)

2.  Le capitalisme d'Etat dans l'Etat prolétarien et les syndicats (p. 441)

3.  Les entreprises d'Etat adoptant le principe dit du rendement commercial et les syndicats (p. 441)

4.  La différence essentielle entre la lutte de classe du prolétariat dans un Etat qui reconnaît la propriété privée du sol, des fabriques, etc. et où le pouvoir politique est aux mains de la classe des capitalistes, et la lutte économique du prolétariat dans l'Etat qui ne reconnaît pas la propriété privée du sol et de la plupart des grosses entreprises, dans l'Etat où le pouvoir politique est aux mains du prolétariat (p. 442)

5.  Le retour à l'adhésion volontaire au syndicat (p. 442)

6. Les syndicats et la gestion des entreprises (p. 443)

7.  Le rôle et la participation des syndicats dans les organismes économiques et administratifs de l'Etat prolétarien (p. 443)

8.  La liaison avec les masses comme condition essentielle de toute activité syndicale (p. 444)

9.  Les contradictions dans la situation même des syndicats sous la dictature du prolétariat (p. 444)

10.  Les syndicats et les spécialistes (p. 445)

11.  Les syndicats et les influences petites-bourgeoises sur la classe ouvrière (p. 445)

RAPPORT POLITIQUE DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE RUSSE (bolchévik) PRÉSENTÉ AU XIe CONGRÈS DU P.C.R.(b) LE 27 MARS 1922 (p. 446)

DISCOURS DE CLOTURE DU XIe CONGRÈS DU PARTI COMMUNISTE RUSSE (bolchévik), 2 AVRIL 1922 (p. 466)

DE LA « DOUBLE » SUBORDINATION ET DE LA LÉGALITÉ. Au camarade Staline pour le Bureau politique (p. 467)

CINQ ANS DE RÉVOLUTION RUSSE ET PERSPECTIVES DE RÉVOLUTION MONDIALE. Rapport présenté au IVe Congrès de l'Internationale communiste, le 13 novembre 1922 (p. 469)

NOTES SUR LES TACHES DE NOTRE DÉLÉGATION A LA HAYE (p. 475)

FEUILLETS DE BLOC-NOTES (p. 477)

DE LA COOPÉRATION (p. 480)

SUR NOTRE RÉVOLUTION. A propos des mémoires de N. Soukhanov (p. 484)

COMMENT RÉORGANISER L'INSPECTION OUVRIÈRE ET PAYSANNE ? Proposition faite au XIIe Congrès du Parti (p. 486)

MIEUX VAUT MOINS, MAIS MIEUX (p. 489)

NOTES (p. 497)

 

 

Extraits :

« Un adage bien connu dit que si les axiomes géométriques heurtaient les intérêts des hommes, on essayerait certainement de les réfuter. Les théories des sciences naturelles, qui heurtaient les vieux préjugés de la théologie, ont suscité et suscitent encore une lutte forcenée. Rien d'étonnant si la doctrine de Marx, qui sert directement à éclairer et à organiser la classe avancée de la société moderne, indique les tâches de cette classe et démontre que par suite du développement économique, le régime actuel sera inévitablement remplacé par un nouvel ordre de choses, rien d'étonnant si cette doctrine a dû conquérir de haute lutte chaque pas fait sur le chemin de la vie. Inutile de parler de la science et de la philosophie bourgeoises qu'enseignent officiellement des professeurs officiels pour abêtir la jeune génération des classes possédantes et la « dresser » contre les ennemis du dedans et du dehors. Cette science-là ne veut même pas entendre parler du marxisme qu'elle proclame réfuté et anéanti. Jeunes érudits, qui se font une carrière à réfuter le socialisme, et vieillards décrépits, gardiens du legs de tous les « systèmes » surannés possibles, attaquent Marx avec un zèle égal. La montée du marxisme, la propagation et l'affirmation de ses idées dans la classe ouvrière rendent nécessairement plus fréquentes et plus aiguës ces attaques de la bourgeoisie contre le marxisme qui, après chaque « exécution » par la science officielle, devient plus ferme, plus trempé et plus vivant que jamais. » (Lénine, Marxisme et révisionnisme, Tome I, p. 33.)

« Aujourd'hui — depuis la parution du Capital — la conception matérialiste de l'histoire n'est plus une hypothèse, mais une doctrine scientifiquement démontrée. Et tant que nous n'enregistrerons pas une autre tentative d'expliquer scientifiquement le fonctionnement et l'évolution d'une formation sociale — d'une formation sociale précisément et non des coutumes et habitudes d'un pays ou d'un peuple, ou même d'une classe, etc. — tentative qui, tout comme le matérialisme, serait capable de mettre de l'ordre dans les « faits correspondants », de tracer un tableau vivant d'une formation, et d'en donner une explication strictement scientifique, — la conception matérialiste de l'histoire sera synonyme de science sociale. Le matérialisme n'est pas « une conception scientifique de l'histoire par excellence», comme le croit M. Mikhaïlovski, mais la seule conception scientifique de l'histoire. Et maintenant pouvez-vous imaginer chose plus plaisante : il s'est trouvé des gens qui, après avoir lu le Capital, ont trouvé le moyen de ne pas y découvrir de matérialisme ! Où est-il ? interroge Mikhaïlovski avec une sincérité déconcertante. Il a lu le Manifeste communiste et n'a pas remarqué que l'explication qu'on y donne des systèmes modernes — juridiques, politiques, familiaux, religieux, philosophiques — est une explication matérialiste ; que même la critique des théories socialistes et communistes cherche et trouve leurs racines dans tels ou tels rapports de production. Il a lu la Misère de la philosophie et n'a pas remarqué que la sociologie de Proudhon y est analysée d'un point de vue matérialiste ; que pour critiquer la solution proposée par Proudhon des divers problèmes historiques, on y prend pour base les principes du matérialisme, et que les indications de l'auteur même quant aux sources où il faut puiser pour trouver la solution de ces problèmes, se réfèrent toutes aux rapports de production. Il a lu le Capital et n'a pas remarqué qu'il avait devant lui un modèle d'analyse scientifique d'une formation sociale — la plus complexe — suivant la méthode matérialiste, modèle reconnu de tous et insurpassé. Et le voilà à méditer et à creuser ce problème profond : « Dans lequel de ses ouvrages Marx a-t-il exposé sa conception matérialiste de l'histoire ? » Quiconque connaît Marx lui répondrait par cette autre question : dans lequel de ses ouvrages Marx n'a-t-il pas exposé sa conception matérialiste de l'histoire ? » (Lénine, Ce que sont les « amis du peuple » et comment ils luttent contre les social-démocrates, Tome I, p. 40-41.)

« « Le dogmatisme, le doctrinarisme », « l'ossification du parti, châtiment inévitable de la compression forcée de la pensée », tels sont les ennemis contre lesquels entrent en lice les champions de la « liberté de critique » du Rabotchéïé Diélo. Nous sommes très heureux que cette question soit mise à l'ordre du jour ; seulement nous proposerions de la compléter par cette autre question : — Mais qui sont les juges ? Nous avons devant nous deux prospectus d'éditions littéraires. Le premier : le « Programme du Rabotchéïé Diélo organe périodique de l'Union des social-démocrates russes » (tirage du n° 1 du Rab. Diélo). Le second : l'annonce de la reprise des éditions du groupe Libération du Travail. Tous deux sont datés de 1899, époque à laquelle la « crise du marxisme » était depuis longtemps déjà à l'ordre du jour. Pourtant, dans le premier ouvrage, on chercherait en vain des indications sur cette question et un exposé précis de la position que compte prendre le nouvel organe à cet égard. Du travail théorique et de ses tâches essentielles à l'heure présente, ce programme non plus que ses compléments adoptés par le IIIe congrès de l'Union (en 1901) ne disent pas un mot (Deux congrès, pp. 15-18). Durant tout ce temps, la rédaction du Rabotchéïé Diélo a laissé de côté les questions théoriques, quoiqu'elles émussent les social-démocrates du monde entier. L'autre prospectus, au contraire, signale tout d'abord un relâchement de l'intérêt pour la théorie au cours de ces dernières années ; il réclame instamment « une attention vigilante pour le côté théorique du mouvement révolutionnaire du prolétariat » et exhorte à la « critique implacable des tendances anti-révolutionnaires, bernsteiniennes et autres », dans notre mouvement. Les numéros parus de la Zaria montrent comment ce programme a été exécuté. Ainsi donc, l'on voit que les grandes phrases contre l'ossification de la pensée, etc., dissimulent l'insouciance et l'impuissance à faire progresser la pensée théorique. L'exemple des social-démocrates russes illustre d'une façon particulièrement frappante ce phénomène commun à l'Europe (et signalé depuis longtemps par les marxistes allemands) que la fameuse liberté de critique ne signifie pas le remplacement d'une théorie par une autre, mais la liberté à l'égard de tout système cohérent et réfléchi ; elle signifie éclectisme et absence de principes. Ceux qui connaissent tant soit peu la situation de fait de notre mouvement ne peuvent pas ne pas voir que la large diffusion du marxisme a été accompagnée d'un certain abaissement du niveau théorique. » (Lénine, Que faire ?, Tome I, p. 81-82.)

« Nul n'osera nier que ce qui caractérise, d'une façon générale, les intellectuels en tant que couche particulière dans les sociétés capitalistes contemporaines, c'est justement l'individualisme et l'inaptitude à la discipline et à l'organisation (voir, par exemple, les articles connus de Kautsky sur les intellectuels). C'est ce qui entre autres distingue désavantageusement cette couche sociale d'avec le prolétariat ; c'est aussi ce qui explique la mollesse et l'instabilité des intellectuels, dont le prolétariat a si souvent à se ressentir. Et cette particularité des intellectuels est intimement liée aux conditions ordinaires de leur vie, à leurs conditions de travail, qui se rapprochent sous bien des rapports des conditions d'existence de la petite bourgeoisie (travail individuel ou en très petites collectivités, etc.). » (Lénine, Un pas en avant, deux pas en arrière, Tome I, p. 154.)

« Le prolétariat n'a pas d'autre arme dans sa lutte pour le pouvoir que l'organisation. Divisé par la concurrence anarchique qui règne dans le monde bourgeois, accablé sous un labeur servile pour le capital, rejeté constamment « dans les bas-fonds » de la misère noire, d'une sauvage inculture et de la dégénérescence, le prolétariat peut devenir — et deviendra inévitablement — une force invincible pour cette seule raison que son union idéologique basée sur les principes du marxisme est cimentée par l'unité matérielle de l'organisation qui groupe les millions de travailleurs en une armée de la classe ouvrière. A cette armée ne pourront résister ni le pouvoir décrépit de l'autocratie russe, ni le pouvoir en décrépitude du capital international. » (Lénine, Un pas en avant, deux pas en arrière, Tome I, p. 177.)

« « Nous soutenons le Zemski Sobor dans la mesure où il combat l'autocratie, et nous le combattons quand il s'accommode de l'autocratie. Par une intervention énergique et par la force nous divisons les députés [Grands dieux ! La voilà, la tactique « approfondie » ! La force nous manque pour nous battre dans la rue, mais nous pouvons « diviser les députés » par la « force ». Ecoutez, camarade de Tiflis, mentir est bien, mais en toute chose il y a un terme à ne pas dépasser...], ralliant les radicaux autour de nous, éliminant du gouvernement les conservateurs et engageant ainsi le Zemski Sobor tout entier dans la voie révolutionnaire. Grâce à cette tactique, le gouvernement restera tout le temps isolé, l'opposition sera forte et l'institution d'un régime démocratique sera facilitée d'autant. »

Parfaitement ! Que l'on vienne dire maintenant que nous exagérons l'évolution des gens de la nouvelle Iskra vers une variété des plus vulgaires de l'économisme. Ils en sont déjà arrivés au mode d'emploi de la fameuse poudre tue-mouches : attrapez la mouche, saupoudrez-la et la voilà qui crève. Diviser par la force les députés du Zemski Sobor, « éliminer du gouvernement les conservateurs », et le Zemski Sobor tout entier s'engagera dans la voie révolutionnaire... Cela sans la moindre insurrection armée « jacobine », mais en tout bien tout honneur, presque parlementairement, en « exerçant une pression » sur les membres du Zemski Sobor. Pauvre Russie ! On a dit qu'elle porte toujours les chapeaux démodés que l'Europe a jetés au rancart. Nous n'avons pas encore de Parlement, Boulyguine lui-même ne nous l'a pas encore promis, mais du crétinisme parlementaire, nous en avons tant et plus. » (Lénine, Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique, Tome I, p. 197-198.)

« Mehring raconte, dans les notes dont il a fait suivre son édition des articles de Marx, parus en 1848 dans la Nouvelle Gazette Rhénane, que les publications bourgeoises adressaient notamment à ce journal le reproche suivant : la Nouvelle Gazette Rhénane aurait exigé l'« institution immédiate de la dictature comme seul moyen de réaliser la démocratie» (Marx, Nachlass, t. III, p. 53). Du point de vue bourgeois vulgaire, les notions de dictature et de démocratie s'excluent l'une l'autre. Ne comprenant pas la théorie de la lutte des classes, accoutumé à voir sur la scène politique les mesquines querelles des divers groupes et coteries de la bourgeoisie, le bourgeois entend par dictature l'abolition de toutes les libertés et de toutes les garanties de la démocratie, l'arbitraire généralisé, l'abus généralisé du pouvoir dans l'intérêt personnel du dictateur. Au fond, c'est cette conception bourgeoise vulgaire qui transparaît également chez notre Martynov, alors que, pour terminer sa « nouvelle campagne » dans la nouvelle Iskra, il explique le penchant de Vpériod et de Prolétari pour le mot d'ordre de dictature par le fait que Lénine « désire passionnément tenter sa chance » (Iskra n° 103, p. 3, 2e colonne). Il ne sera pas inutile de nous arrêter aux conceptions de la Nouvelle Gazette Rhénane afin d'expliquer à Martynov la différence qui existe entre la dictature d'une classe et celle d'un individu, entre les tâches de la dictature démocratique et celles de la dictature socialiste.

« Après la révolution, écrivait la Nouvelle Gazette Rhénane le 14 septembre 1848, toute organisation provisoire de l'Etat exige la dictature, et une dictature énergique. Nous avons dès le début reproché à Camphausen (président du Conseil après le 18 mars 1848) de ne pas avoir agi dictatorialement, ni brisé et liquidé sur-le-champ les restes des anciennes institutions. Et c'est ainsi que, pendant que M. Camphausen se berçait d'illusions constitutionnelles, le parti vaincu (c'est-à-dire le parti de la réaction) renforçait ses positions dans la bureaucratie et dans l'armée, et s'enhardissait même, çà et là, jusqu'à reprendre ouvertement la lutte. »

Ces paroles, dit avec raison Mehring, résument en quelques thèses ce qui a été abondamment développé par la Nouvelle Gazette Rhénane en de longs articles sur le ministère Camphausen. Que nous disent donc ces paroles de Marx ? Que le gouvernement révolutionnaire provisoire doit agir dictatorialement (thèse que n'a jamais pu comprendre l’Iskra, dans sa sainte horreur du mot d'ordre de dictature) ; que la tâche de cette dictature est de détruire les restes des anciennes institutions (justement ce qui est indiqué en toute clarté dans la résolution du IIIe Congrès du P.O.S.D.R. sur la lutte avec la contre-révolution, et ce qui est omis dans la résolution de la conférence, comme nous l'avons montré plus haut. Enfin, troisièmement, il résulte de ces paroles que Marx flagellait les démocrates bourgeois pour leurs « illusions constitutionnelles » à l'époque de la révolution et de la guerre civile déclarée. » (Lénine, Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique, Tome I, p. 225.)

« Il suffit de les signaler pour illustrer ce qui a été dit plus haut sur la gravité de la crise traversée par le marxisme, sur le lien qui la rattache à toute la situation sociale et économique de l'époque présente. On ne peut tourner le dos aux questions soulevées par cette crise. Rien n'est plus néfaste, plus contraire aux principes que de vouloir les éluder avec des phrases. Il n'y a rien de plus important que l'union de tous les marxistes ayant conscience de la profondeur de la crise et de la nécessité de la combattre pour défendre les bases théoriques du marxisme et ses principes fondamentaux, que l'on dénature de toutes parts en propageant l'influence bourgeoise sur les différents « compagnons de route » du marxisme. Le triennat précédent a fait participer consciemment à la vie sociale de larges milieux qui, aujourd'hui, ne font souvent que commencer véritablement à prendre connaissance du marxisme. La presse bourgeoise engendre à ce sujet beaucoup plus d'erreurs qu'avant, et elle les diffuse plus largement. Dès lors, la désagrégation au sein du marxisme devient particulièrement dangereuse. Aussi bien, comprendre ce qui rend cette désagrégation inévitable en ce moment et se grouper pour la combattre avec fermeté, constitue dans l'acception rigoureusement exacte du terme, la tâche imposée aux marxistes par notre époque. » (Lénine, De certaines particularités du développement historique du marxisme, Tome I, p. 250-251.)

« Partout où il existe des parlements, on a constaté dès longtemps et l'on constate toujours que les partis bourgeois jouent à l'opposition ; ce jeu est inoffensif pour eux, puisque aucun gouvernement ne le prend au sérieux ; il leur est quelquefois utile devant l'électeur qu'il est bon d'« amadouer » avec des discours d'opposition. (…) La bourgeoisie démocratique en Russie est représentée par les populistes de toutes nuances, depuis les socialistes-révolutionnaires les plus radicaux jusqu'aux socialistes populaires et les troudoviks. Tous ils emploient volontiers des phrases « socialistes » mais il n'est pas permis à un ouvrier conscient de se tromper sur la signification de ces phrases. En réalité, il n'y a pas une goutte de socialisme dans le « droit à la terre », non plus que dans la « répartition égalitaire » et la « socialisation du sol ». C'est ce que doit comprendre quiconque sait que l'abolition de la propriété privée de la terre et son partage nouveau, fût-il le plus « équitable », loin de compromettre la production marchande, le pouvoir du marché, de l'argent, du capital, les développe au contraire encore plus largement. » (Lénine, Les partis politiques en Russie, Tome I, p. 285-286.)

« Les intérêts de la classe ouvrière et de sa lutte contre le capitalisme exigent la solidarité complète et la plus étroite unité des ouvriers de toutes les nations ; ils exigent qu'une riposte soit infligée à la politique nationaliste de la bourgeoisie de quelque nationalité que ce soit. Aussi, ce serait pour les social-démocrates se soustraire aux tâches de la politique prolétarienne et subordonner les ouvriers à la politique bourgeoise, que de dénier aux nations opprimées le droit de disposer d'elles-mêmes, — c'est-à-dire le droit de se séparer, — aussi bien que d'appuyer toutes les revendications nationales de la bourgeoisie des nations opprimées. Il est indifférent à l'ouvrier salarié que son principal exploiteur soit la bourgeoisie grande-russe, de préférence à l'allogène, ou la polonaise de préférence à la juive, etc. L'ouvrier salarié conscient des intérêts de sa classe, est indifférent aux privilèges d'Etat des capitalistes grands-russes comme aux promesses des capitalistes polonais ou ukrainiens d'instaurer le paradis sur terre lorsqu'ils détiendront des privilèges dans l'Etat. De toute façon, le développement du capitalisme se poursuit et se poursuivra dans un Etat hétérogène unique aussi bien que dans des Etats nationaux distincts. Dans tous les cas l'ouvrier salarié subira l'exploitation, et pour lutter contre elle avec succès, il faut que le prolétariat soit affranchi de tout nationalisme ; que les prolétaires soient, pour ainsi dire, entièrement neutres dans la lutte de la bourgeoisie des différentes nations pour la suprématie. Le moindre appui accordé par le prolétariat d'une nation quelconque aux privilèges de « sa » bourgeoisie nationale provoquera inévitablement la défiance du prolétariat de l'autre nation, affaiblira la solidarité internationale de classe des ouvriers, les désunira pour la plus grande joie de la bourgeoisie. Or, nier le droit de libre disposition ou de séparation signifie nécessairement, dans la pratique, soutenir les privilèges de la nation dominante. » (Lénine, Du droit des nations à disposer d’elles-mêmes, Tome I, p. 310-311.)

« L'époque de l'impérialisme capitaliste est celle où le capitalisme a atteint sa maturité, celle où il l'a dépassée, et se trouve à la veille de son écroulement ; il est mûr au point de devoir céder la place au socialisme. La période qui va de 1789 à 1871 a été l'époque du capitalisme progressif, où le renversement du féodalisme et de l'absolutisme, la libération du joug étranger figuraient à l'ordre du jour de l'histoire. C'est sur cette base, et sur cette base seulement, que l'on pouvait admettre « la défense de la patrie », c'est-à-dire la lutte contre l'oppression Aujourd'hui encore on pourrait appliquer cette idée à la guerre contre les grandes puissances impérialistes, mais il serait absurde de l'appliquer à une guerre entre grandes puissances impérialistes, dans laquelle il s'agit de savoir qui saura spolier davantage les pays balkaniques, l'Asie Mineure, etc. Aussi, rien d'étonnant que les « socialistes », qui admettent « la défense de la patrie » dans la présente guerre, éludent le manifeste de Bâle comme le voleur fuit le lieu où il a volé. C'est que le manifeste démontre qu'ils sont des social-chauvins, c'est-à-dire des socialistes en paroles, des chauvins en fait, qui aident « leur » bourgeoisie à spolier les pays étrangers, à asservir d'autres nations L'essentiel dans la notion de « chauvinisme » est justement de défendre « sa » patrie, même lorsque ses actes tendent à asservir les patries étrangères. Considérer qu'une guerre est une guerre de libération nationale, entraîne une tactique ; considérer qu'elle est impérialiste en implique une autre. Le manifeste indique clairement cette autre tactique. La guerre « amènera une crise économique et politique » qu'il faudra « utiliser » non pour atténuer la crise, non pour défendre la patrie, mais au contraire pour « secouer » les masses, en vue de « hâter le renversement de la domination de la classe capitaliste ». On ne peut hâter ce pour quoi les conditions historiques ne sont pas encore mûres. Le manifeste a reconnu que la révolution sociale est possible, que les prémisses en sont mûres, qu'elle viendra précisément avec la guerre : « les classes dominantes » redoutent « la révolution prolétarienne qui suivra la guerre mondiale », déclare le manifeste en invoquant l'exemple de la Commune de Paris et de la révolution de 1905 en Russie, c'est-à-dire les exemples de grèves de masse et de guerre civile. C'est un mensonge que d'affirmer comme le fait Kautsky, que l'on n'a pas défini quelle devait être l'attitude du socialisme envers cette guerre. Cette question a été non seulement discutée mais tranchée à Bâle, où fut adoptée la tactique de la lutte de masse révolutionnaire et prolétarienne. » (Lénine, L’opportunisme et la faillite de la IIe Internationale, Tome I, p. 337-338.)

« Le propre du capitalisme est, en règle générale, de séparer la propriété du capital de son application à la production ; de séparer le capital-argent du capital industriel ou productif ; de séparer le rentier, qui ne vit que du revenu qu'il tire du capital-argent, de l'industriel, ainsi que de tous ceux qui participent directement à la gestion des capitaux. L'impérialisme, ou la domination du capital financier, est ce stade suprême du capitalisme où cette séparation atteint de vastes proportions. La suprématie du capital financier sur toutes les autres formes du capital signifie l'hégémonie du rentier et de l'oligarchie financière ; elle signifie une situation privilégiée pour un petit nombre d'Etats financièrement « puissants », par rapport à tous les autres. On peut juger de l'échelle de ce processus par la statistique des émissions, c'est-à-dire de la mise en circulation de valeurs de toute sorte. » (Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Tome I, p. 365.)

« Le capital financier a engendré les monopoles. Or, les monopoles introduisent partout leurs méthodes : l'utilisation des « relations » pour des transactions avantageuses se substitue, sur le marché public, à la concurrence. Rien de plus ordinaire que d'exiger, avant d'accorder un emprunt, qu'il soit affecté en partie à des achats de produits dans le pays prêteur, surtout à des commandes d'armements, de bateaux, etc. La France, au cours de ces vingt dernières années (1890-1910), a très souvent recouru à ce procédé. L'exportation des capitaux devient ainsi un moyen d'encourager l'exportation des marchandises. Les transactions entre des entreprises particulièrement importantes revêtent, dans ces circonstances, un caractère tel que, pour employer cet « euphémisme » de Schilder [Schilder, ouvr. cité, pp. 346, 350, 371.], « elles confinent à la corruption ». Krupp en Allemagne, Schneider en France, Armstrong en Angleterre nous offrent le modèle de ces firmes étroitement liées à des banques géantes et au gouvernement, et qu'il n'est pas facile d'y « passer outre » lors de la conclusion d'un emprunt. La France, créditrice de la Russie, a « fait pression » sur elle lors du traité de commerce du 16 septembre 1905, en se faisant accorder certains avantages jusqu'en 1917. Elle fit de même à l'occasion du traité de commerce qu'elle signa avec le Japon le 19 août 1911. La guerre douanière entre l'Autriche et la Serbie, qui dura, sauf une interruption de sept mois, de 1906 à 1911, avait été provoquée en partie par la concurrence entre l'Autriche et la France quant au ravitaillement de la Serbie en matériel de guerre. En janvier 1912, Paul Deschanel déclarait à la Chambre que les firmes françaises avaient, de 1908 à 1911, fourni à la Serbie pour 45 millions de francs de matériel de guerre. » (Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Tome I, p. 368-369.)

« Une classe opprimée qui ne s'efforcerait pas d'apprendre à manier les armes, d'avoir des armes, cette classe opprimée ne mériterait que d'être traitée en esclave. Car enfin nous ne pouvons oublier — à moins de devenir des pacifistes bourgeois ou des opportunistes, — que nous vivons dans une société de classes, dont on ne peut sortir autrement que par la lutte de classes. Dans toute société de classes — qu'elle soit fondée sur l'esclavage, sur le servage, ou, comme aujourd'hui, sur le salariat, — la classe oppressive est armée. Non seulement l'armée permanente moderne, mais aussi la milice de nos jours — même dans les républiques bourgeoises les plus démocratiques comme la Suisse — constituent l'armement de la bourgeoisie contre le prolétariat. C'est là une vérité si élémentaire qu'il n'est guère besoin de s'y arrêter spécialement. Il n'est que de rappeler l'usage de la troupe contre les grévistes, dans tous les pays capitalistes. L'armement de la bourgeoisie contre le prolétariat est un des faits essentiels, les plus considérables et les plus importants, de la société capitaliste moderne. Et devant ce fait, proposer aux social-démocrates révolutionnaires qu'ils formulent la « revendication » du « désarmement » ! Cela équivaut à répudier totalement le point de vue de la lutte de classe, à renier jusqu'à l'idée de révolution. Notre mot d'ordre doit être : armement du prolétariat afin de vaincre, d'exproprier et de désarmer la bourgeoisie. C'est la seule tactique possible pour la classe révolutionnaire, tactique qui découle de tout le développement objectif du militarisme capitaliste et qui est dictée par ce développement. C'est seulement après avoir désarmé la bourgeoisie que le prolétariat peut, sans trahir sa mission historique universelle, jeter à la ferraille toutes les armes en général ; et le prolétariat ne manquera pas de le faire, mais alors seulement et pas avant. Si la guerre actuelle ne provoque chez les socialistes chrétiens réactionnaires, chez les petits bourgeois larmoyants, que l'horreur et l'épouvante, que l'aversion pour tout usage des armes, pour le sang, pour la mort, etc., nous devons dire : la société capitaliste a toujours été et demeure une horreur sans fin. Et si aujourd'hui la guerre, la plus réactionnaire de toutes les guerres, prépare à cette société une fin pleine d'horreur, nous n'avons, nous, aucune raison de tomber dans le désespoir. Or, objectivement, qu'est-ce donc — sinon une manifestation de désespoir — que cette «revendication » de désarmement — ou plus exactement : ce rêve de désarmement, — à une époque où, aux yeux de tous, la bourgeoisie elle-même travaille à la seule guerre qui soit légitime et révolutionnaire : la guerre civile contre la bourgeoisie impérialiste. » (Lénine, Le programme militaire de la révolution prolétarienne, Tome I, p. 397-398.)

« Les chefs de la IIe Internationale (1889-1914), MM. Plékhanov, Kautsky et leurs semblables, ont avili et dénaturé le marxisme. Le marxisme se distingue de l'anarchisme en ce qu'il reconnaît la nécessité d'un Etat pour passer au socialisme, mais (et c'est ce qui le distingue de Kautsky et Cie) non point d'un Etat dans le genre de la république démocratique bourgeoise parlementaire habituelle, mais du type de la Commune de Paris de 1871, ou des Soviets des députés ouvriers de 1905 et 1917. » (Lénine, Les tâches du prolétariat dans notre révolution, Tome II, p. 25.)

« La révolution instruit toutes les classes avec une rapidité et une profondeur inconnues eu temps ordinaire, en temps de paix. Les capitalistes, mieux organisés et plus expérimentés que quiconque dans la lutte de classes et la politique, s'instruisirent plus vite que les autres. Voyant que la situation du gouvernement était intenable, ils eurent recours à un procédé dont avaient usé, durant des décades après 1848, les capitalistes des autres pays, afin de mystifier, de diviser et de débiliter les ouvriers. Ce procédé consiste à former un ministère dit de « coalition », c'est-à-dire réunissant les représentants de la bourgeoisie et les transfuges du socialisme. Dans les pays où la liberté et la démocratie existent depuis plus longtemps qu'ailleurs, à côté du mouvement ouvrier révolutionnaire, en Angleterre et en France, les capitalistes ont maintes fois usé de ce procédé avec grand succès. Les chefs « socialistes » entrés dans un ministère bourgeois ne manquaient pas de se révéler des hommes de paille, des marionnettes, qui servaient de paravent aux capitalistes, d'instrument de mystification des ouvriers. Les capitalistes « démocrates et républicains » de Russie ont eu recours à ce même procédé. Socialistes-révolutionnaires et menchéviks se sont tout de suite laissé jouer ; le 6 mai, le ministère de « coalition », comprenant Tchernov, Tsérétéli et Cie était un fait accompli. Les benêts des partis socialiste-révolutionnaire et menchévik jubilaient, pâmés d'admiration sous les rayons de la gloire ministérielle de leurs chefs. Les capitalistes, ravis, se frottaient les mains ; ils s'étaient assuré contre le peuple le concours des « chefs des Soviets », qui leur avaient promis de soutenir l' « action offensive au front », c'est-à-dire la reprise de la guerre impérialiste de brigandage, un moment arrêtée. Les capitalistes connaissaient bien la présomptueuse impuissance de ces chefs ; ils savaient que les promesses faites par la bourgeoisie — au sujet du contrôle et même de l'organisation de la production, au sujet de la politique de paix, etc. — ne seraient jamais tenues. » (Lénine, Les enseignements de la révolution, Tome II, p. 43-44.)

« Les banques, on le sait, représentent les foyers de la vie économique moderne, les principaux centres nerveux de tout le système capitaliste d'économie nationale. Parler de la « réglementation de la vie économique » et passer sous silence la nationalisation des banques, c'est ou faire preuve de l'ignorance la plus crasse, ou tromper le « bon peuple » avec des paroles pompeuses et des promesses grandiloquentes, que l'on est décidé par avance à ne point tenir. Contrôler et régler les livraisons de blé ou, en général, la production et la répartition des produits, sans contrôler, sans régler les opérations de banque, est un non-sens. C'est faire la chasse à des « copecks » problématiques et fermer les yeux sur des millions de roubles. Les banques modernes se sont si intimement, si indissolublement soudées au commerce (du blé comme de tout autre produit) et à l'industrie que, sans « mettre la main » sur les banques, il est absolument impossible de rien faire de sérieux, de « démocratique révolutionnaire ». Mais peut-être cette « mainmise » de l'Etat sur les banques est-elle une opération très difficile et très compliquée ? C'est précisément par des arguments comme celui-là que l'on cherche d'ordinaire à faire peur aux philistins. Ce sont, bien entendu, les capitalistes et leurs défenseurs qui s'y emploient, car cela leur est avantageux. En réalité, la nationalisation des banques qui n'enlève pas un seul copeck, à aucun « possesseur », ne présente absolument aucune difficulté d'ordre technique ou culturel ; elle est entravée uniquement par la sordide cupidité d'une misérable poignée de richards. Si l'on confond si souvent la nationalisation des banques avec la confiscation des biens privés, la faute en est à la presse bourgeoise qui répand cette confusion, son intérêt étant de tromper le public. » (Lénine, La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer, Tome II, p. 50.)

« Pour de multiples causes historiques — état d'infériorité de la Russie, difficulté particulière pour elle à mener la guerre, décomposition extrême du tsarisme, vivacité singulière des traditions de 1905, — la révolution en Russie a devancé celle des autres pays. La révolution a fait que la Russie, en quelques mois, a rattrape, quant à son régime politique, les pays avancés. Mais cela ne suffit pas. La guerre est inexorable. Elle pose la question avec une âpreté implacable : périr ou rejoindre les pays avancés et les dépasser aussi au point de vue économique. Cela est possible, car nous avons sous les yeux l'expérience toute prête d'un grand nombre de pays avancés, les résultats acquis de leur technique et de leur culture. Nous sommes moralement soutenus par le mouvement de protestation qui grandit en Europe contre la guerre, par l'atmosphère d'une révolution ouvrière qui monte dans tous les pays. Ce qui nous stimule, ce qui nous aiguillonne, c'est une liberté démocratique révolutionnaire exceptionnellement rare en temps de guerre impérialiste. Périr ou s'élancer en avant à toute vapeur. C'est ainsi que l'histoire pose la question. » (Lénine, La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer, Tome II, p. 66.)

« Il convient notamment de mettre le peuple en garde contre une assertion des capitalistes, à laquelle se laissent prendre parfois les éléments les plus intimidés et les philistins, — assertion selon laquelle les capitalistes anglais et autres, en cas de rupture de notre actuelle alliance de brigandage avec eux, seraient capables de porter un sérieux préjudice à la révolution russe. Cette assertion est un pur mensonge, car le « soutien financier des alliés » qui enrichit les banquiers, ne « soutient » les ouvriers et les paysans russes que comme la corde soutient le pendu. La Russie a assez de blé, de charbon, de pétrole, de fer, et il est simplement indispensable de débarrasser le peuple des grands propriétaires fonciers et des capitalistes qui le pillent pour pouvoir assurer une répartition judicieuse de ces produits. » (Lénine, Les tâches de la révolution, Tome II, p. 73.)

« Il arrive aujourd'hui à la doctrine de Marx ce qui est arrivé plus d'une fois dans l'histoire aux doctrines des penseurs révolutionnaires et des chefs des classes opprimées en lutte pour leur affranchissement. Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d'oppresseurs les récompensent par d'incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d'en faire des icônes ; inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d'entourer leur nom d'une certaine auréole afin de « consoler » les classes opprimées ; et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l'avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire. C'est sur cette façon d'« accommoder » le marxisme que se rejoignent aujourd'hui la bourgeoisie et les opportunistes du mouvement ouvrier. On oublie, on refoule, on altère le côté révolutionnaire de la doctrine, son âme révolutionnaire. On met au premier plan, on exalte ce qui est ou paraît être acceptable pour la bourgeoisie. » (Lénine, L’Etat et la révolution, Tome II, p. 82.)

« Mehring a publié en 1907 dans la Neue Zeit (XXV, 2, 164) des extraits d'une lettre de Marx à Weydemeyer, en date du 5 mars 1852. Cette lettre renferme entre autres la remarquable observation que voici :

« En ce qui me concerne, ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert ni l'existence des classes dans la société moderne, ni leur lutte entre elles. Longtemps avant moi, des historiens bourgeois avaient décrit le développement historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient exprimé l'anatomie économique. Ce que je fis de nouveau, ce fut : 1) de démontrer que l'existence des classes n'est liée qu'à des phases du développement historique de la production (historische Entwicklungsphasen der Produktion) ; 2) que la lutte des classes conduit nécessairement à la dictature du prolétariat ; 3) que cette dictature elle-même ne constitue que la transition à l’abolition de toutes les classes et à une société sans classes »...

Dans ce texte, Marx a réussi à exprimer, avec un relief saisissant, d'abord, ce qui distingue principalement et foncièrement sa doctrine de celle des penseurs éclairés et les plus pénétrants de la bourgeoisie et, ensuite, l'essence de sa doctrine de l'Etat. L'essentiel, dans la doctrine de Marx, c'est la lutte des classes. C'est ce qu'on dit et c'est ce qu'on écrit très souvent. Mais c'est inexact. Et, de cette inexactitude, résultent couramment des déformations opportunistes du marxisme, des falsifications tendant à le rendre acceptable pour la bourgeoisie. Car la doctrine de la lutte des classes a été créée non par Marx, mais par la bourgeoisie avant Marx ; et elle est, d'une façon générale, acceptable pour la bourgeoisie. Quiconque reconnaît uniquement la lutte des classes n'est pas pour autant un marxiste ; il peut se faire qu'il ne sorte pas encore du cadre de la pensée bourgeoise et de la politique bourgeoise. Limiter le marxisme à la doctrine de la lutte des classes, c'est le tronquer, le déformer, le réduire à ce qui est acceptable pour la bourgeoisie. Celui-là seul est un marxiste qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu'à la reconnaissance de la dictature du prolétariat. C'est ce qui distingue foncièrement le marxiste du vulgaire petit (et aussi du grand) bourgeois. C'est avec cette pierre de touche qu'il faut éprouver la compréhension et la reconnaissance effectives du marxisme. Il n'est pas étonnant que, lorsque l'histoire de l'Europe eut amené la classe ouvrière à aborder pratiquement cette question, tous les opportunistes et les réformistes, mais aussi tous les « kautskistes » (ceux qui hésitent entre le réformisme et le marxisme) se soient révélés de pitoyables philistins et des démocrates petits-bourgeois, négateurs de la dictature du prolétariat. La brochure de Kautsky la Dictature du prolétariat, parue en août 1918, c'est-à-dire longtemps après la première édition du présent ouvrage, offre un modèle de déformation petite-bourgeoise du marxisme qu'elle répudie lâchement en tait, tout en le reconnaissant hypocritement en paroles (voir ma brochure : La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, Pétrograd et Moscou, 1918).  L'opportunisme contemporain, en la personne de son principal représentant, l'ex-marxiste K. Kautsky, répond entièrement à la caractéristique, donnée par Marx, de l'attitude bourgeoise, car il circonscrit le cadre de la reconnaissance de la lutte des classes à la sphère des rapports bourgeois. (Il n'est pas un seul libéral instruit qui, dans ses limites, ne consente à admettre « en principe » la lutte des classes !) L'opportunisme n'étend pas la reconnaissance de la lutte des classes jusqu'à ce qui est précisément l'essentiel, jusqu'à la période de transition du capitalisme au communisme, jusqu'à la période de renversement et de suppression complète de la bourgeoisie. En réalité, cette période est nécessairement marquée par une lutte des classes d'un acharnement sans précédent, revêtant des formes d'une extrême acuité. L'Etat de cette période-là doit donc nécessairement être démocratique d'une manière nouvelle (pour les prolétaires et les non-possédants en général) et dictatorial d'une manière nouvelle (contre la bourgeoisie). Poursuivons. Ceux-là seuls ont assimilé l'essence de la doctrine de Marx sur l'Etat qui ont compris que la dictature d'une classe est nécessaire non seulement pour toute société de classes en général, non seulement pour le prolétariat qui aura renversé la bourgeoisie, mais encore pour toute la période historique qui sépare le capitalisme de la « société sans classes », du communisme. Les formes d'Etats bourgeois sont extrêmement variées, mais leur essence est une : en dernière analyse, tous ces Etats sont, d'une manière ou d'une autre, mais nécessairement, une dictature de la bourgeoisie. Le passage du capitalisme au communisme ne peut évidemment manquer de fournir une grande abondance et une large diversité de formes politiques, mais leur essence sera nécessairement une : la dictature du prolétariat. » (Lénine, L’Etat et la révolution, Tome II, p. 93-94.)

« Nous avons là ce qu'il y a de plus essentiel dans l'appréciation théorique du capitalisme moderne, c'est-à-dire de l'impérialisme, à savoir que le capitalisme se transforme en capitalisme monopoliste. Ceci est à souligner, car l'erreur la plus répandue est l'affirmation réformiste bourgeoise prétendant que le capitalisme monopoliste ou le capitalisme monopoliste d'Etat n'est déjà plus du capitalisme, qu'il peut dès lors être qualifié de « socialisme d'Etat », etc. Naturellement les trusts n'ont jamais donné, ne donnent pas jusqu'à présent, ni ne peuvent donner une planification intégrale. Ils introduisent pourtant une planification ; les magnats du Capital escomptent par avance le volume de la production à l'échelle nationale ou même internationale et règlent cette production d'après un plan, mais nous restons cependant en régime capitaliste, dans une nouvelle phase, certes, mais indéniablement en régime capitaliste. Le fait que ce capitalisme est « proche » du socialisme doit constituer, pour des représentants véritables du prolétariat, un argument en faveur de la proximité, de la facilité, de la possibilité, de l'urgence de la révolution socialiste, et non point un argument pour tolérer la négation de cette révolution et les tentatives de farder le capitalisme, à quoi s'emploient tous les réformistes. » (Lénine, L’Etat et la révolution, Tome II, p. 108.)

« La révolution ne doit pas aboutir à ce que la classe nouvelle commande et gouverne à l'aide de la vieille machine d'Etat, mais à ceci, qu'après l'avoir brisée, elle commande et gouverne à l'aide d'une machine nouvelle : c'est cette idée fondamentale du marxisme que Kautsky escamote ou qu'il n'a absolument pas comprise. Sa question relative aux fonctionnaires montre de toute évidence qu'il n'a compris ni les enseignements de la Commune ni la doctrine de Marx. « Nous ne nous passons de fonctionnaires ni dans l'organisation du parti, ni dans celle des syndicats... » Nous ne nous passons pas de fonctionnaires en régime capitaliste, sous la domination de la bourgeoisie. Le prolétariat est opprimé, les masses laborieuses sont asservies par le capitalisme. En régime capitaliste, la démocratie est rétrécie, comprimée, tronquée, mutilée par cette ambiance que créent l'esclavage salarié, le besoin et la misère des masses. C'est pour cette raison, et seulement pour cette raison, que dans nos organisations politiques et syndicales les fonctionnaires sont corrompus (ou plus exactement ont tendance à l'être) par l'ambiance capitaliste et manifestent une tendance à se transformer en bureaucrates, c'est-à-dire en personnages privilégiés, coupés des masses et placés au-dessus d'elles. Là est l'essence du bureaucratisme. Et tant que les capitalistes n'auront pas été expropriés, tant que la bourgeoisie n'aura pas été renversée, une certaine « bureaucratisation » des fonctionnaires du prolétariat eux-mêmes est inévitable. Kautsky dit en somme ceci : puisqu'il subsistera des employés publics élus, il y aura donc aussi en régime socialiste des fonctionnaires et une bureaucratie ! C'est précisément ce qui est faux. Précisément par l'exemple de la Commune, Marx a montré que les titulaires des fonctions publiques cessent, en régime socialiste, d'être des « bureaucrates », des « fonctionnaires » au fur et à mesure que, sans parler de leur électivité, on établit en outre leur révocabilité à tout moment, qu'on réduit en outre leur traitement à un salaire moyen d'ouvrier, et qu'en plus on remplace les organismes parlementaires par des corps « agissants », « exécutifs et législatifs à la fois ». » (Lénine, L’Etat et la révolution, Tome II, p. 128-129.)

« Les écrivains bourgeois ont noirci et noircissent des monceaux de papier en faisant l'éloge de la concurrence, de l'initiative privée et autres exploits et charmes magnifiques des capitalistes et de leur régime. On a reproché aux socialistes de ne pas vouloir comprendre la portée de ces exploits et compter avec la « nature humaine ». Mais en réalité le capitalisme a depuis longtemps remplacé la petite production marchande autonome, où la concurrence pouvait, dans des proportions plus ou moins larges, développer l'esprit d'entreprise, l'énergie, l'initiative hardie, par la grande et très grande production industrielle, les sociétés par actions, les syndicats et autres monopoles. La concurrence sous un tel capitalisme signifie l'écrasement féroce sans précédent de l'esprit d'entreprise, de l'énergie, de l'initiative hardie de la masse de la population, de son immense majorité, des quatre-vingt-dix-neuf centièmes des travailleurs ; c'est aussi substituer à l'émulation la filouterie financière, le despotisme, la servilité au sommet de l'échelle sociale. Le socialisme, loin d'éteindre l'émulation, crée au contraire pour la première fois les possibilités de l'appliquer d'une façon vraiment large, en des proportions vraiment massives, de faire entrer réellement la majorité des travailleurs dans l'arène d'une activité où ils pourraient se manifester, déployer leurs capacités, révéler les talents dont le peuple est puissamment doué, et que le capitalisme refoulait, comprimait, étouffait par milliers et par millions. Notre tâche, maintenant qu'un gouvernement socialiste est air pouvoir, est d'organiser l'émulation. Les plats valets et les écornifleurs de la bourgeoisie ont représenté le socialisme sous les espèces d'une caserne grise, uniforme, officielle et monotone. Les laquais du sac d'écus, les larbins des exploiteurs — messieurs les intellectuels bourgeois — ont fait du socialisme un « épouvantail » pour le peuple qui, précisément en régime capitaliste, est condamné au bagne et à la caserne : labeur écrasant et monotone, sous-alimentation, lourde misère. La confiscation des terres seigneuriales, l'application du contrôle ouvrier, la nationalisation des banques constituent le premier pas vers l'émancipation des travailleurs prisonniers de ce bagne. Les mesures ultérieures à prendre seront : nationalisation des fabriques et des usines, organisation obligatoire de la population entière dans les sociétés de consommation, qui seront aussi des sociétés pour la vente des produits, monopole d'Etat sur le commerce du blé et autres articles de première nécessité. » (Lénine, Comment organiser l’émulation ?, Tome II, p. 151.)

« Au nombre des absurdités que la bourgeoisie répand volontiers sur le compte du socialisme, il en est une prétendant que les socialistes contestent l'importance de l'émulation. Or, en réalité, seul le socialisme, qui supprime les classes et, par conséquent, l'asservissement des masses, ouvre pour la première fois la voie à une émulation véritablement massive. Et c'est justement l'organisation soviétique qui, passant de la démocratie toute formelle de la république bourgeoise à la participation effective des masses laborieuses aux tâches de gestion, donne pour la première fois à l'émulation toute son ampleur. Il est beaucoup plus facile de le faire dans le domaine politique que dans le domaine économique. Pour le succès du socialisme, c'est le second qui importe. Prenons la publicité comme un des moyens d'organiser l'émulation. La république bourgeoise ne garantit cette publicité que pour la forme : en réalité, elle subordonne la presse au capital, amuse la « populace » avec de piquantes futilités politiques, et cache ce qui se passe dans les ateliers, ou au cours des transactions commerciales, des livraisons, etc., sous le voile du « secret commercial » qui protège la « sacro-sainte propriété ». Le pouvoir des Soviets a aboli le secret commercial et s'est engagé dans une voie nouvelle, mais nous n'avons encore presque rien fait pour mettre la publicité au service de l'émulation économique. Nous devons fournir un effort méthodique pour qu'à côté de la répression impitoyable dirigée contre la presse bourgeoise, toute pétrie de mensonges et de cyniques calomnies, on s'attache à créer une presse qui n'amuserait pas et ne duperait pas les masses avec de piquantes anecdotes et futilités politiques, mais qui soumettrait à leur jugement les questions économiques quotidiennes et les aiderait à étudier sérieusement ces questions. Chaque fabrique, chaque village est une commune de production et de consommation qui a le droit et le devoir d'appliquer à sa façon les dispositions légales générales des Soviets («à sa façon» non pas dans le sens de leur violation, mais dans celui de la diversité des formes d'application), de résoudre à sa façon le problème du recensement de la production et de la répartition des produits. Sous le régime capitaliste, c'était là une « affaire privée» du capitaliste, du grand propriétaire foncier, du koulak. Sous le pouvoir soviétique, ce n'est plus une affaire privée, mais une affaire d'Etat de la plus haute importance. » (Lénine, Les tâches immédiates du pouvoir des soviets, Tome II, p. 191.)

« La « démocratie pure » n'est qu'une phrase mensongère d'un libéral qui cherche à duper les ouvriers. L'histoire connaît la démocratie bourgeoise qui remplace la féodalité, et la démocratie prolétarienne qui remplace la démocratie bourgeoise. Lorsque Kautsky consacre jusqu'à des dizaines de pages à « prouver » cette vérité que la démocratie bourgeoise marque un progrès par rapport au moyen âge, et que le prolétariat a le devoir impérieux de s'en servir dans sa lutte contre la bourgeoisie, c'est là justement un bavardage libéral destiné à duper les ouvriers. C'est un truisme non seulement dans l'Allemagne civilisée mais aussi dans la Russie inculte. Kautsky jette tout simplement de la poudre « savante » aux yeux des ouvriers, il prend des airs graves pour parler de Weitling, des Jésuites du Paraguay et de bien d'autres choses, à seule fin de ne pas avoir à parler de la nature bourgeoise de la démocratie actuelle, c'est-à-dire de la démocratie capitaliste. Du marxisme, Kautsky prend ce qui est recevable pour les libéraux, pour la bourgeoisie (critique du moyen âge, rôle historique progressif du capitalisme en général et de la démocratie capitaliste en particulier) ; il rejette, il passe sous silence, il estompe ce qui, dans le marxisme, est irrecevable pour la bourgeoisie (violence révolutionnaire du prolétariat contre la bourgeoisie, pour l'anéantissement de cette dernière). Voilà pourquoi, par sa position objective et quelles que puissent être ses convictions subjectives, Kautsky s'avère inévitablement un laquais de la bourgeoisie. La démocratie bourgeoise, tout en constituant un grand progrès historique par rapport au moyen âge, reste toujours, — elle ne peut pas ne pas rester telle en régime capitaliste, — une démocratie étroite, tronquée, fausse, hypocrite, un paradis pour les riches, un piège et un leurre pour les exploités, pour les pauvres. C'est cette vérité, élément constitutif le plus essentiel de la doctrine marxiste, que le « marxiste » Kautsky n'a pas comprise. Dans cette question — fondamentale — Kautsky dispense des « amabilités » à la bourgeoisie, au lieu de présenter une critique scientifique des conditions qui font de toute démocratie bourgeoise une démocratie pour les riches. » (Lénine, La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, Tome II, p. 213.)

« Les impérialistes des pays de l'« Entente » bloquent la Russie, cherchant à isoler du monde capitaliste ce foyer de contagion qu'est pour eux la République soviétique. Ceux qui se vantent du « démocratisme » de leurs institutions sont à ce point aveuglés par leur haine de la République des Soviets, qu'ils ne remarquent pas qu'ils se rendent eux-mêmes ridicules. Songez un peu : les pays les plus avancés, les plus civilisés et les plus « démocratiques », armés jusqu'aux dents, et dont la domination militaire s'exerce sans partage sur tout l'univers, craignent comme le feu la contagion des idées venant d'un pays ruiné, affamé, arriéré, et même comme ils l'assurent, à demi-sauvage ! Cette contradiction à elle seule ouvre les yeux aux masses laborieuses de tous les pays et nous aide à démasquer l'hypocrisie des impérialistes Clemenceau, Lloyd George, Wilson et de leurs gouvernements. » (Lénine, La IIIe Internationale et sa place dans l’histoire, Tome II, p. 276.)

« Aujourd'hui la IIe Internationale en faillite meurt et pourrit sur pied. En réalité elle est passée au service de la bourgeoisie internationale. C'est une véritable Internationale jaune. Ses plus grands chefs idéologiques, tels que Kautsky, exaltent la démocratie bourgeoise qui est pour eux la «démocratie» en général ou — ce qui est encore plus absurde et encore plus fruste — la « démocratie pure ». La démocratie bourgeoise a fait son temps tout comme la IIe Internationale. Elle a accompli une tâche historique nécessaire et utile, à une époque où il s'agissait de préparer les masses ouvrières dans le cadre de cette démocratie bourgeoise. La république bourgeoise la plus démocratique ne fut jamais et ne pouvait être rien qu'une machine servant au capital à écraser les travailleurs, un instrument du pouvoir politique du capital, une dictature de la bourgeoisie. La république démocratique bourgeoise a promis et proclamé le pouvoir de la majorité, mais elle n'a jamais pu le réaliser tant qu'existait la propriété privée du sol et des autres moyens de production. La « liberté » dans la république démocratique bourgeoise n'était en fait que la liberté pour les riches. Les prolétaires et les travailleurs des campagnes pouvaient et devaient s'en servir afin de préparer leurs forces pour renverser le capital, pour venir à bout de la démocratie bourgeoise ; mais en règle générale les masses laborieuses n'ont jamais pu bénéficier réellement de la démocratie en régime capitaliste. Pour la première fois dans le monde, la démocratie soviétique ou prolétarienne a créé la démocratie pour les masses, pour les travailleurs, pour les ouvriers et les petits paysans. On n'avait encore jamais vu dans le monde un pouvoir d'Etat exercé par la majorité de la population, pouvoir réel de cette majorité, comme le pouvoir des Soviets. » (Lénine, La IIIe Internationale et sa place dans l’histoire, Tome II, p. 279.)

« Si la bourgeoisie du monde entier se déchaîne, écume de rage contre le bolchévisme, si elle fomente invasions militaires, complots, etc., contre les bolcheviks, c'est qu'elle comprend à merveille que notre victoire est inévitable dans la refonte de l'économie sociale, à moins que nous ne soyons écrasés par la force militaire. Mais elle ne parvient pas à nous écraser ainsi. » (Lénine, L’économie et la politique à l’époque de la dictature du prolétariat, Tome II, p. 310.)

« Le socialisme, c'est la suppression des classes. La dictature du prolétariat a fait pour cela tout ce qu'elle pouvait. Mais il est impossible de supprimer les classes d'un seul coup. Les classes demeurent et demeureront à l'époque de la dictature du prolétariat. La dictature deviendra inutile lorsque les classes auront disparu. Elles ne disparaîtront pas sans la dictature du prolétariat. Les classes demeurent, mais chacune d'elles s'est modifiée à l'époque de la dictature du prolétariat ; leurs rapports se sont également modifiés. La lutte de classes ne disparaît pas sous la dictature du prolétariat, elle revêt simplement d'autres formes. En régime capitaliste, le prolétariat était une classe opprimée, privée de toute propriété des moyens de production, la seule classe qui fût directement et entièrement opposée à la bourgeoisie et, par conséquent, la seule capable d'être révolutionnaire jusqu'au bout. Après avoir renversé la bourgeoisie et conquis le pouvoir politique, le prolétariat est devenu la classe dominante : il détient le pouvoir d'Etat, il dispose des moyens de production déjà socialisés, il dirige les classes et les éléments hésitants, intermédiaires, il réprime la force de résistance accrue des exploiteurs. Telles sont les tâches particulières de la lutte de classes, tâches que le prolétariat ne posait pas et ne pouvait poser auparavant. La classe des exploiteurs, des propriétaires fonciers et des capitalistes n'a pas disparu et ne peut disparaître d'emblée sous la dictature du prolétariat. Les exploiteurs ont été battus, mais non anéantis. Il leur reste une base internationale, le capital international, dont ils sont une succursale. Il leur reste en partie certains moyens de production ; il leur reste l'argent, il leur reste des relations très étendues dans la société. Leur force de résistance s'est accrue de cent et mille fois justement en raison de leur défaite. L'« art » de gouverner l'Etat, l'armée, l'économie leur donne un grand, un très grand avantage, de sorte que leur rôle est infiniment plus important que leur part dans l'ensemble de la population. La lutte de classe des exploiteurs déchus contre l'avant-garde victorieuse des exploités, c'est-à-dire contre le prolétariat, est devenue incomparablement plus acharnée. Et il ne saurait en être autrement si l'on parle de révolution, si l'on ne substitue pas à cette notion les illusions réformistes (comme le font tous les hérauts de la IIe Internationale). » (Lénine, L’économie et la politique à l’époque de la dictature du prolétariat, Tome II, p. 312-313.)

« Il est certain que presque tout le monde voit déjà aujourd'hui que les bolcheviks ne se seraient pas maintenus au pouvoir, je ne dis pas deux années et demie mais même deux mois et demi, sans la discipline la plus rigoureuse, sans une véritable discipline de fer dans notre parti, sans l'appui total et sans réserve que lui a accordé la masse tout entière de la classe ouvrière, c'est-à-dire tout ce qu'il y a en elle de pensant, d'honnête, de dévoué jusqu'à l'abnégation, d'influent, d'apte à conduire ou à entraîner les couches arriérées. La dictature du prolétariat, c'est la guerre qui exige le plus d'abnégation, la guerre la plus implacable de la nouvelle classe contre un ennemi plus puissant, contre la bourgeoisie dont le renversement (ne fût-ce que dans un seul pays) a décuplé la résistance et dont la puissance ne réside pas seulement dans la force du capital international, dans la force et la solidité des liens internationaux de la bourgeoisie mais encore dans la force de l'habitude, dans la force de la petite production. Car, malheureusement, la petite production subsiste encore dans le monde dans des proportions très, très grandes : or, la petite production engendre le capitalisme et la bourgeoisie constamment, chaque jour, chaque heure, d'une manière spontanée et à une très grande échelle. Pour toutes ces raisons, la dictature du prolétariat est indispensable, et vaincre la bourgeoisie est impossible sans une guerre prolongée, opiniâtre, acharnée, sans une guerre à mort qui exige la maîtrise de soi, la discipline, la fermeté, une volonté une et inflexible. Je le répète, l'expérience de la dictature victorieuse du prolétariat en Russie a montré concrètement à ceux qui ne savent pas penser ou qui n'ont pas eu l'occasion de méditer ce problème qu'une centralisation absolue et la discipline la plus rigoureuse du prolétariat sont une des conditions essentielles de la victoire sur la bourgeoisie. » (Lénine, La maladie infantile du communisme : « le gauchisme », Tome II, p. 334.)

« Nous pouvons (et devons) commencer à construire le socialisme non pas avec du matériel humain imaginaire, du matériel humain que nous aurions spécialement créé mais avec celui que nous a légué le capitalisme. Cela est très « difficile », certes, mais toute autre façon d'aborder le problème est si peu sérieuse qu'elle ne vaut même pas qu'on en parle. Les syndicats ont été un progrès gigantesque de la classe ouvrière au début du développement du capitalisme car ils ont marqué le passage de l'état de dispersion et d'impuissance où se trouvaient les ouvriers aux premières ébauches d'une union de classe. Lorsque commença à se développer la forme suprême de l'union de classe des prolétaires : le parti révolutionnaire du prolétariat (qui ne méritera pas son nom aussi longtemps qu'il ne saura pas lier les dirigeants, la classe et les masses en un tout homogène, indissoluble), les syndicats révélèrent inévitablement certains traits réactionnaires, une certaine étroitesse corporative, une certaine tendance à l'apolitisme, un certain esprit de routine, etc. Mais nulle part au monde le prolétariat ne s'est développé et ne pouvait se développer autrement que par l'intermédiaire des syndicats et leur coopération étroite avec le parti de la classe ouvrière. La conquête du pouvoir politique par le prolétariat est pour celui-ci, en tant que classe, un gigantesque pas en avant, aussi le parti doit davantage encore, d'une manière nouvel-le et pas seulement comme par le passé, éduquer les syndicats, les diriger, sans oublier toutefois qu'ils restent et resteront longtemps l'indispensable « école du communisme » et l'école préparatoire où les prolétaires apprennent à exercer leur dictature, le lieu du regroupement nécessaire des ouvriers, afin que la gestion de toute l'économie du pays passe graduellement d'abord aux mains de la classe ouvrière (et non de telles ou telles professions) puis de l'ensemble des travailleurs. » (Lénine, La maladie infantile du communisme : « le gauchisme », Tome II, p. 345-346.)

« Evidemment, sous la domination de la bourgeoisie, il est très « difficile » de vaincre les habitudes bourgeoises dans notre propre parti, c'est-à-dire dans le parti ouvrier : il est « difficile » de chasser du parti les chefs parlementaires de toujours, irrémédiablement corrompus par les préjugés bourgeois ; il est « difficile » de soumettre à la discipline prolétarienne un nombre strictement nécessaire (même très limité) d'hommes venus de la bourgeoisie ; il est « difficile » de créer dans le parlement bourgeois une fraction communiste parfaitement digne de la classe ouvrière ; il est « difficile » d'obtenir que les parlementaires communistes ne se laissent pas aller aux jeux futiles du parlementarisme bourgeois mais s'emploient à un travail absolument vital de propagande, d'agitation et d'organisation dans les masses. Tout cela est « difficile », c'est certain, c'était difficile en Russie, mais c'est encore incomparablement plus difficile en Europe occidentale et en Amérique, où la bourgeoisie est beaucoup plus forte, plus fortes les traditions démocratiques-bourgeoises, etc. Mais toutes ces « difficultés » ne sont vraiment qu'un jeu d'enfant à côté des problèmes, absolument de même nature, que le prolétariat devra aussi résoudre inévitablement pour assurer sa victoire et pendant la révolution prolétarienne et après la prise du pouvoir par le prolétariat. A côté de ces tâches, en vérité gigantesques, lorsqu'il faudra, sous la dictature du prolétariat, rééduquer des millions de paysans, de petits patrons, des centaines de milliers d’employés, de fonctionnaires, d’intellectuels bourgeois, les soumettre tous à l’Etat prolétarien et à la direction prolétarienne, triompher de leurs habitudes et de leurs traditions bourgeoises, — à côté de ces tâches gigantesques, constituer sous la domination de la bourgeoisie, au sein d’un parlement bourgeois, une fraction réellement communiste d’un véritable parti prolétarien, n’est qu’un jeu d’enfant. » (Lénine, La maladie infantile du communisme : « le gauchisme », Tome II, p. 372.)

« La tâche qui incombe à la Fédération des jeunesses, c'est d'exercer son activité pratique de façon qu'en apprenant, en s'organisant, en se groupant, en combattant, cette jeunesse fasse d'elle-même et de tous ceux qui la reconnaissent comme guide, — qu'elle en fasse des communistes. Il faut que toute l'œuvre d'éducation, d'instruction et d'enseignement de la jeunesse d'aujourd'hui développe en elle la morale communiste. Mais existe-t-il une morale communiste ? Existe-t-il une moralité communiste ? Evidemment oui. On prétend souvent que nous n'avons pas de morale à nous et fort souvent la bourgeoisie nous reproche, à nous autres communistes, de renier toute morale. C'est là une manière de brouiller les idées, de jeter de la poudre aux yeux des ouvriers et des paysans. Dans quel sens nions-nous la morale, nions-nous la moralité ? Dans le sens prêché par la bourgeoisie qui faisait dériver cette moralité des commandements de Dieu. Sur ce point, évidemment, nous disons que nous ne croyons pas en Dieu, et nous savons fort bien que clergé, grands propriétaires fonciers et bourgeoisie parlaient au nom de Dieu, pour assurer leurs intérêts d'exploiteurs. Ou bien, au lieu de faire dériver cette morale des commandements de la moralité, des commandements de Dieu, ils la tiraient de phrases idéalistes ou semi-idéalistes, qui aboutissaient toujours à quelque chose qui ressemble fort aux commandements de Dieu. Toute morale de ce genre empruntée à des conceptions extérieures à l'humanité, extérieures aux classes, nous la nions. Nous disons que c'est là tromper, duper les ouvriers et les paysans, et leur bourrer le crâne pour le profit des grands propriétaires fonciers et des capitalistes. Nous disons que notre morale est entièrement subordonnée aux intérêts de la lutte de classe du prolétariat. Notre morale dérive des intérêts de la lutte de classe du prolétariat. » (Lénine, Les tâches des fédérations de la jeunesse, Tome II, p. 387.)

« Le socialisme est impossible sans la technique de la grosse industrie capitaliste, technique organisée selon le dernier mot de la science moderne ; il est impossible sans une organisation méthodique réglée par l'Etat et qui impose à des dizaines de millions d'hommes la stricte observation d'une norme unique dans la production et la répartition des produits. Nous, marxistes, l'avons toujours dit ; quant aux gens qui n'ont pas compris même cette vérité (tels que les anarchistes et une bonne moitié des socialistes-révolutionnaires de gauche), il ne vaut pas la peine de perdre fût-ce deux secondes à parler avec eux. » (Lénine, Sur l’impôt en nature, Tome II, p. 408.)

« La base matérielle du socialisme ne peut être que la grosse industrie mécanisée, susceptible de réorganiser aussi l'agriculture. Mais on ne saurait se borner à ce principe général. Il importe de le concrétiser. Une grosse industrie de niveau avec la technique moderne et susceptible de réorganiser l'agriculture, c'est l'électrification du pays entier. Il nous fallait entreprendre des recherches scientifiques pour dresser le plan d'électrification de la R.S.F.S.R. : nous l'avons fait. Ces travaux, auxquels ont pris part plus de 200 savants, ingénieurs et agronomes des plus compétents de Russie, ont été exposés dans un ouvrage volumineux et approuvés, dans leurs grandes lignes, par le VIIIe congrès des Soviets de Russie, en décembre 1920. A l'heure actuelle, on a déjà préparé la convocation d'un congrès national des électriciens, qui se réunira en août 1921 et étudiera à fond cet ouvrage. Celui-ci recevra alors la sanction définitive de l'Etat. Les travaux d'électrification — première tranche — sont échelonnés sur dix ans ; ils absorberont près de 370 millions de journées de travail. En 1918 nous avons construit 8 centrales électriques (4.757 kw.) ; en 1919, nous en avons construit 36 (1.648 kw.) et en 1920, 100 (8.699 kw.). Si modeste que soit ce début pour notre immense pays, le travail n'en est pas moins amorcé, il est en train et va s'améliorant. Le paysan russe, après la guerre impérialiste, après qu'un million de prisonniers en Allemagne ont pris connaissance de la technique moderne avancée, après la dure, mais aguerrissante expérience de trois années de guerre civile, le paysan russe n'est plus ce qu'il était autrefois. Chaque mois qui s'écoule lui montre avec toujours plus d'évidence et de netteté, que seule la direction du prolétariat peut affranchir de l'esclavage capitaliste la masse des petits cultivateurs et les amener au socialisme. » (Lénine, Thèses du rapport sur la tactique du Parti Communiste Russe présenté au IIIe Congrès de l’Internationale communiste, Tome II, p. 426-427.)

« Nous travaillons en ce moment à réduire notre budget d'Etat, à comprimer notre appareil d'Etat. Tout à l'heure je dirai encore quelques mots de notre appareil d'Etat. Nous devons, en tout cas, le comprimer, nous devons économiser autant que faire se peut. Nous économisons sur tout, même sur les écoles, cela parce que nous comprenons que, si nous ne sauvons pas l'industrie lourde, si nous ne la rétablissons pas, nous ne pourrons construire aucune industrie, et à défaut de celle-ci, c'en sera fait de nous, en général, comme pays indépendant. Cela, nous le savons bien. Le salut pour la Russie n'est pas seulement dans une bonne récolte de l'économie paysanne, — cela ne suffit pas encore, — et pas seulement dans le bon état de l'industrie légère qui fournit aux paysans les articles de consommation, — cela non plus ne suffit pas encore, — il nous faut également une industrie lourde. Or pour la mettre en état, il faudra bien des années de travail. » (Lénine, Cinq ans de révolution russe et perspectives de la révolution mondiale, Tome II, p. 472.)

« Deux tâches essentielles s'offrent à nous, qui font époque. C'est d'abord de refondre notre appareil administratif qui ne vaut absolument rien et que nous avons hérité entièrement du passé ; en cinq années de lutte, nous n'avons pas eu le temps de le modifier sérieusement, et nous ne pouvions le faire. Notre seconde tâche est d'engager une action culturelle pour la paysannerie. Or, ce travail parmi les paysans a pour objectif économique la coopération. Si nous pouvions les grouper tous dans des coopératives, nous nous tiendrions des deux pieds sur le terrain socialiste. Mais cette condition implique un tel degré de culture de la paysannerie (je dis bien de la paysannerie, puisqu'elle forme une masse immense), que cette organisation généralisée dans les coopératives est impossible sans une véritable révolution culturelle. Nos adversaires nous ont dit maintes fois que nous entreprenions une œuvre insensée, en voulant implanter le socialisme dans un pays insuffisamment cultivé. Mais ils se sont trompés : nous n'avons pas commencé par où il aurait fallu le faire selon la théorie (des pédants de toute sorte) ; la révolution politique et sociale chez nous a précédé la révolution culturelle qui maintenant s'impose à nous. Aujourd'hui, il suffit que nous accomplissions cette révolution culturelle pour devenir un pays pleinement socialiste. Mais elle présente pour nous des difficultés incroyables, d'ordre purement culturel (nous sommes illettrés), aussi bien que d'ordre matériel (car pour pouvoir devenir des hommes cultivés, il faut que les moyens matériels de la production aient acquis un certain développement, il faut posséder une certaine base matérielle). » (Lénine, De la coopération, Tome II, p. 482-483.)

 

 

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