Enver Hoxha — Œuvres Choisies

« Les lois qui sont approuvées dans les parlements bourgeois et révisionnistes expriment la volonté de la classe dominante et elles défendent ses intérêts. Ces lois profitent aux partis du capital qui forment la majorité au parlement. Mais les partis prétendument à l'opposition et qui, souvent, représentent les intérêts de l'aristocratie ouvrière et des koulaks, ne manquent pas non plus d'en profiter. Ces partis 'd'opposition', qui sont soi-disant en contradiction avec ceux qui ont obtenu la majorité des sièges et qui appuient le grand capital, mènent grand bruit, ils 'critiquent', etc., mais leur bruit ne guérit ni le chômage, ni l'émigration, ni l'inflation. Quels que soient les cris et les critiques de l'opposition au parlement, les prix montent, la vie se corrompt et dégénère, les assassinats, les hold-ups et les enlèvements dans la rue, de jour et de nuit, deviennent toujours plus inquiétants. Ce chaos et cette confusion, cette liberté des malfaiteurs pour perpétrer leurs crimes, voilà ce que les capitalistes et les révisionnistes appellent 'démocratie véritable' ! »

La démocratie prolétarienne est la démocratie véritable, Tome V, p. 112.

Lire : Extraits Pour le 20ème anniversaire de la mort d’Enver Hoxha

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Ces extraits proviennent des tomes I, III, IV, V et VI des Œuvres choisies d'Enver Hoxha publiées aux éditions 8 Nëntori de Tirana. Les tomes I à V sont publiés intégralement, tandis  que le tome VI est publié en édition numérique sous le titre Textes choisis (1980-1984), les extraits de mémoires (par ailleurs disponibles en intégralité sur le site) n'ayant pas été incorporés. Les extraits présentés ci-dessous sont classés chronologiquement et abordent des thèmes variés reflétant la richesse des analyses d'Enver Hoxha, seul véritable dirigeant marxiste-léniniste après la mort de Staline. Pour prendre connaissance de la contribution inestimable du camarade Enver Hoxha à la lutte contre le révisionnisme moderne — qu'il soit de caractère titiste, khrouchtchévien, eurocommuniste ou maoïste* —, rendez-vous également sur les pages suivantes :

- Téléchargements

- Impérialisme et anti-impérialisme

* A ce sujet, voir le dossier « A propos des divergences sino-albanaises » ainsi qu' « Impérialisme et anti-impérialisme ».

Nous conseillons également fortement la lecture de l' Histoire du Parti du Travail d'Albanie (Seconde Edition, 1982).

 

Extraits :

« Il a été accordé fort peu d'importance à l'instruction, à la promotion et à la bolchévisation des cadres. Aux autres problèmes encore moins. Pour pouvoir nous orienter dans la situation complexe qui est la nôtre aujourd'hui, nous devons être armés de la tactique et de la théorie du prolétariat, des enseignements légués à l'humanité par Marx et Engels, et que Lénine et Staline ont enrichis et développés. Si les cadres ne sont pas à la hauteur requise, ce n'est pas parce que les camarades n'étudient pas ou qu'ils se refusent à cet effort, mais parce que les œuvres dont l'étude est nécessaire à la classe ouvrière et aux cadres communistes n'ont pas été traduites par des camarades compétents. On a bien traduit quelques brochures et opuscules, dont certains d'origine douteuse. Parmi ces livres il en est de bons, mais on a omis de traduire les textes les plus nécessaires : «L'Histoire du Parti communiste (bolchevik) de l'Union soviétique», les «Principes du léninisme», ainsi que le rapport présenté par Dimitrov au VIIe Congrès du Komintern, etc. C'est à cette lacune qu'est imputable le très bas niveau théorique et politique des camarades. » (Enver Hoxha, Rapport présenté à la première conférence consultative des cadres actifs du Parti Communiste d’Albanie (8 avril 1942), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome I, p.15.)

 

« Comme nous l’a conseillé le camarade Staline lors de notre visite à Moscou, nous devons avancer avec le maximum de prudence sur la question de la paysannerie et ne pas l'effrayer par le programme maximal de notre Parti. Mettant en œuvre scrupuleusement les conseils inestimables du camarade Staline sur cette question, nous devons, en ce qui concerne la paysannerie, avancer à la fois avec assurance et prudence, bien connaître les conditions de notre paysan et sa mentalité. La ligne de notre Parti ne doit pas s'écarter un seul instant des principes du marxisme-léninisme. Notre Parti doit accomplir à la campagne un travail très ardu et il nous faudra nous renforcer au cours même de ce travail pour être en mesure de surmonter les difficultés. Dans la lettre du Parti bolchevik adressée au CC du PCY, il est dit :

«Dans les conditions où en Yougoslavie la terre n'est pas nationalisée, où la propriété privée de la terre y existe en même temps que le droit de l'aliéner, où de vastes parcelles de terre se trouvent dans les mains des koulaks, où le travail salarié est toujours en vigueur, etc... , on ne peut éduquer le Parti dans l'esprit de l'extinction de la lutte de classe et de l'aplanissement des contradictions de classe, sans le désarmer face aux principales difficultés de l'édification du socialisme». (Lettre du CC du PC (b) de l'URSS au CC du PCY, 4 mai 1948.)

De ces thèses importantes des lettres du Parti bolchevik nous devons tirer des enseignements pour combattre avec la plus grande opiniâtreté les faiblesses ou les erreurs qui pourraient se manifester. Notre pays est un pays agricole. La paysannerie y représente la majeure partie de la population. Nous devons donc avoir constamment une vision claire du rôle dirigeant de la classe ouvrière. Les lettres du Parti bolchevik nous enseignent :

«Le marxisme-léninisme considère qu'en Europe, y compris les pays de démocratie populaire, c'est la classe ouvrière et non pas la paysannerie qui est la classe d'avant-garde, indéfectiblement révolutionnaire. Pour ce qui est de la paysannerie, sa majeure partie, autrement dit les paysans pauvres et moyens, peut faire ou a déjà fait alliance avec la classe ouvrière, étant bien entendu que le rôle dirigeant dans cette alliance appartient à cette dernière». (Lettre du CC du PC (b) de l'URSS au CC du PCY, 4 mai 1948.)

C'est sur ce point que les dirigeants yougoslaves ont dévié. Les paysans pauvres et moyens de notre pays ont la plus grande confiance dans notre Parti, parce qu'il leur a donné la terre et que grâce à sa juste direction, il a énormément amélioré leurs conditions économiques. Notre paysannerie aime le Parti et elle reconnaît son rôle dirigeant. Cela veut dire que la paysannerie pauvre et moyenne a embrassé l'alliance avec la classe ouvrière et le rôle dirigeant de cette dernière dans cette alliance. Mais notre Parti a maintenant pour tâche, et c'est une tâche importante, de renforcer tous les jours davantage cette alliance. Il y parviendra en appliquant avec fermeté et sagesse les grands principes du marxisme-léninisme, en combattant avec acharnement les théories opportunistes pourries de l'intégration pacifique des éléments capitalistes dans le socialisme et en ne détachant pas l'édification du socialisme à la ville de l'édification du socialisme à la campagne. » (Enver Hoxha, Rapport présenté à la conférence du Parti de Tirana sur l’analyse et les conclusions du XIe plénum  du CC du PTA (4 octobre 1948), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome I, p.348-349.)

 

« Les masses atteindront-elles ce but [de la révolution socialiste] par la violence ou par la voie pacifique et parlementaire ? Cette question était claire. Le camarade Khrouchtchev est venu l'embrouiller inutilement au XXe Congrès, pour la plus grande satisfaction des opportunistes. Pourquoi fallait-il parodier de la sorte les thèses sans équivoque de Lénine et de la Révolution socialiste d'Octobre ? Le Parti du Travail d'Albanie considère toujours les enseignements de Lénine à ce sujet comme parfaitement clairs et il leur est constamment resté fidèle. Jusqu'à présent, aucun peuple, aucun prolétariat, ni aucun parti communiste ou ouvrier ne s'est emparé du pouvoir sans violence et sans effusion de sang. Certains camarades s'écartent en fait de la réalité lorsqu'ils prétendent qu'ils ont pris le pouvoir sans effusion de sang. Ils oublient que la glorieuse Armée soviétique versait des flots de sang pour eux pendant la Seconde Guerre mondiale. Notre Parti estime qu'en cette matière nous devons nous préparer, et avec soin, pour les deux voies, mais surtout pour la prise du pouvoir par la violence : si nous sommes prêts à cette éventualité, nous renforçons nos chances de succès pour le cas où l'autre se présenterait. La bourgeoisie permet bien à chacun de discourir. Mais, à un moment donné, elle monte un coup de force fasciste et vous écrase, si l'on n'a préparé ni des cadres de choc assez fermes, ni le travail clandestin, ni les bases destinées aux luttes illégales, ni les moyens de combat. Nous devons prévenir cette tragique éventualité. » (Enver Hoxha, Discours prononcé au nom du C.C. du P.T.A. à la conférence des 81 partis communistes et ouvriers à Moscou (16 novembre 1960), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.54.)

 

« En octobre de l'année en cours, le camarade Khrouchtchev a déclaré avec le plus grand sérieux aux camarades chinois : «Nous traiterons l'Albanie comme la Yougoslavie». Nous faisons part de ces déclarations à cette réunion du communisme international, afin de montrer jusqu'à quel point on a poussé les choses, de quelle manière on se comporte à l'égard d'un petit pays socialiste. Quel est le «crime» commis par le Parti du Travail d'Albanie pour que notre pays soit traité comme la Yougoslavie titiste ? Aurions-nous trahi le marxisme-léninisme, comme l’a fait la clique Tito ? Ou encore aurions-nous quitté le camp socialiste pour nous mettre à la remorque de l'impérialisme américain, comme s’y est mis le révisionnisme yougoslave ? Non, et tout le mouvement communiste international en témoigne. (…) Alors en quoi consiste notre faute ? Notre seul «crime» est de ne pas avoir accepté, à Bucarest, que soit injustement blâmé un parti communiste frère comme l'est le Parti communiste chinois ; notre seul «crime» est d'avoir ouvertement, dans une réunion communiste internationale (et non en le criant sur les toits), osé nous opposer à l'action injustifiée du camarade Khrouchtchev ; notre seul «crime» est d'être un petit parti, le parti d'un petit peuple, d'un peuple pauvre, qui, selon les conceptions du camarade Khrouchtchev, doit se contenter d'applaudir, d'approuver, mais ne pas exprimer son opinion. Or, cette conception n'est pas marxiste. Elle est inadmissible. Le droit de dire notre mot nous a été conféré par le marxisme-léninisme, et ce droit nul ne peut nous en priver, quelles que soient les pressions politiques ou économiques exercées sur nous, quelles que soient les menaces qu'on nous lance ou les épithètes dont on nous gratifie. » (Enver Hoxha, Discours prononcé au nom du C.C. du P.T.A. à la conférence des 81 partis communistes et ouvriers à Moscou (16 novembre 1960), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.65-66.)

 

« L'expérience même a montré jusqu'à présent que le révisionnisme moderne a trouvé chez les révisionnistes yougoslaves, dans la clique traîtresse de Tito et Cie, ses porte-drapeau, ses représentants les plus agressifs et les plus dangereux. A l'époque où fut approuvée la Déclaration de Moscou, il existait déjà, à notre sens, des données et des faits suffisants pour justifier une dénonciation publique de ce groupe hostile, agent de l'impérialisme américain. Mais, en fait, il ne fut pas dénoncé publiquement. De surcroît, par la suite, lorsque le danger qu'il représentait apparut plus clairement, la lutte contre le révisionnisme yougoslave, la lutte conséquente et ininterrompue pour son démantèlement idéologique et politique, ne fut pas menée avec la vigueur nécessaire. Au contraire. Et ce fut là l'origine de bien des maux et des torts enregistrés dans notre mouvement communiste et ouvrier international. De l'avis de notre Parti, si le groupe de Tito n'a pas été totalement démasqué, si l'on a entretenu l'«espérance» mensongère de voir ces traîtres réaliser une prétendue «amélioration» et un «tournant» positif, c'est parce qu'ont joué dans ce sens la tendance conciliatrice, les conceptions erronées et le jugement faussé du camarade Khrouchtchev et de certains autres dirigeants soviétiques à l'égard du dangereux groupe révisionniste titiste. J.V. Staline, a-t-on dit, s'était trompé dans son jugement sur les révisionnistes yougoslaves, en exacerbant le conflit avec eux. Notre Parti n'a jamais été d'accord avec un tel point de vue : le temps et la pratique ont précisément démontré le contraire. Staline avait très justement apprécié le danger que représentaient les révisionnistes yougoslaves. Il a cherché à régler cette question en temps voulu et par la voie marxiste. Le Bureau d'Information se réunit à l'époque, en tant qu'organe collégial, et après que le groupe titiste eut été démasqué, il fut engagé contre lui une lutte sans merci. Le temps a démontré et ne cesse de démontrer que cette ligne était juste et qu'il était indispensable de l'appliquer. » (Enver Hoxha, Discours prononcé au nom du C.C. du P.T.A. à la conférence des 81 partis communistes et ouvriers à Moscou (16 novembre 1960), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.69.)

 

« Pourquoi alors le «tournant» opéré par le camarade Khrouchtchev et le Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique en 1955 à l'égard des révisionnistes yougoslaves ne donna-t-il pas lieu à une consultation régulière avec les autres partis communistes et ouvriers, mais fut-il conçu et mis en application sans aucun délai et unilatéralement ? C'était là une question qui nous concernait tous. Ou bien les révisionnistes yougoslaves s'étaient dressés contre le marxisme-léninisme et les partis communistes et ouvriers du monde, ou bien ils ne l'avaient pas fait ; ou bien c'est eux qui avaient commis une faute, ou bien c'est nous qui avions commis une grave erreur à leur égard, — nous tous et pas seulement Staline. Et ce point, le camarade Khrouchtchev ne pouvait ni ne devait le résoudre seul, à sa guise. C'est pourtant ce qu'il fit et, lors de son voyage à Belgrade, il effectua un tournant dans ses rapports avec les révisionnistes yougoslaves. Cette initiative fit l'effet d'une bombe au Parti du Travail d'Albanie, qui s'y opposa immédiatement de façon catégorique. Avant le départ, en mai 1955, du camarade Khrouchtchev pour Belgrade, le Comité central du Parti du Travail d'Albanie avait adressé au Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique une lettre dans laquelle il exprimait l'opposition de notre Parti à ce voyage à Belgrade. Il soulignait que la question yougoslave ne pouvait être résolue unilatéralement, mais qu'elle devait être discutée par une réunion du Bureau d'Information, à laquelle le Parti du Travail d'Albanie demandait à être invité. C'est là que cette question aurait du être tranchée après un long débat, sérieux et prolongé. » (Enver Hoxha, Discours prononcé au nom du C.C. du P.T.A. à la conférence des 81 partis communistes et ouvriers à Moscou (16 novembre 1960), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.71.)

 

« Mais dans son attitude inamicale, injuste et sans principes à l'égard de notre Parti et de sa direction, le camarade Khrouchtchev ne s'en tint pas là. Panajot Plaku, un autre agent yougoslave, traître au Parti du Travail d'Albanie et au peuple albanais, s'enfuit en Yougoslavie et se mit au service des Yougoslaves. Il organisait les émissions hostiles de la radio dite «l'Albanie socialiste». Ce traître écrivit au renégat Tito et au camarade Khrouchtchev, demandant notamment à ce dernier d'user de son autorité pour éliminer la direction albanaise, Enver Hoxha en tête, parce qu'elle serait «anti-marxiste, stalinienne». Le camarade Khrouchtchev, loin de s'indigner de la lettre de ce traître, estimait au contraire que celui-ci devait pouvoir rentrer en Albanie sans y être inquiété. A défaut, il serait accueilli comme exilé politique en Union soviétique. En entendant ces propos, nous avons cru voir les murs du Kremlin s'écrouler sur nous ; nous n'aurions jamais pu imaginer que le Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique en arriverait au point de soutenir les agents de Tito et les traîtres à notre Parti, contre notre Parti et notre peuple. Mais nos divergences de principe avec le camarade Khrouchtchev sur la question yougoslave atteignirent leur point culminant au cours des entretiens officiels d'avril 1957 entre nos deux délégations lorsque, devant notre insistance de principe à démasquer l'agence titiste de Belgrade, il s"indigna au point de nous lancer avec colère : «Arrêtons là nos discussions, nous ne pouvons pas nous entendre avec vous. Vous cherchez à nous ramener sur la voie de Staline !». » (Enver Hoxha, Discours prononcé au nom du C.C. du P.T.A. à la conférence des 81 partis communistes et ouvriers à Moscou (16 novembre 1960), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.73-74.)

 

« L'affaire hongroise a été pour nous une précieuse leçon par ce qui s'y est passé, sur la scène comme dans les coulisses. Nous pensions que, après la contre-révolution hongroise, la trahison de Tito et de sa bande était plus qu'évidente. Or nous savons que de nombreux documents sont conservés dans les tiroirs et ne sont pas révélés, des documents qui démasquent l'activité barbare du groupe Tito dans l'affaire hongroise. Nous ne comprenons pas pourquoi l'on agit ainsi. Quels sont les intérêts que recèlent ces documents pour ne pas être rendus publics mais pour être conservés dans des classeurs ? On a recherché et découvert les moindres documents pour condamner après sa mort le camarade Staline et l'on cache au fond des classeurs les documents qui démasqueraient le vil traître qu'est Tito. Toutefois, même après la contre-révolution hongroise, la lutte politique et idéologique contre la bande titiste, au lieu d'aller crescendo, comme le requiert le marxisme-léninisme, s'est éteinte peu à peu, elle a évolué vers la réconciliation, les sourires, les contacts, les amabilités, pour aboutir presque à des embrassades. En fait, grâce à cette attitude opportuniste observée à leur égard, les titistes ont réussi à tirer parfaitement leur épingle du jeu. » (Enver Hoxha, Discours prononcé au nom du C.C. du P.T.A. à la conférence des 81 partis communistes et ouvriers à Moscou (16 novembre 1960), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.75.)

 

« Le révisionnisme serait-il totalement démasqué comme le prétendent les camarades soviétiques ? Aucunement. Le révisionnisme a été et continue d'être le principal danger. Le révisionnisme yougoslave n'est pas liquidé et, par la manière dont on se comporte à son égard, on lui laisse un vaste champ d'action sous toutes les formes.

Et dans les autres partis n'y aurait-il aucun signe inquiétant de révisionnisme moderne ? Qui le nie ne fait que fermer les yeux devant ce péril. Il risque un beau matin d'avoir de mauvaises surprises. Nous sommes marxistes. Il nous faut analyser notre travail comme nous l'enseignait Lénine et comme il le faisait lui-même en pratique. Il ne redoutait pas les erreurs. Il les regardait en face et les corrigeait. C'est ainsi que s'est forgé le Parti bolchevik, c'est ainsi que se sont forgés nos partis également.

Que se passe-t-il au sein de nos partis ? Que se passe-t-il dans notre camp depuis le XXe Congrès ? Le camarade Souslov peut être très optimiste à cet égard. Cet optimisme, il l'a manifesté à la commission réunie au mois d'octobre dernier, quand il accusait le camarade Hysni Kapo, délégué du Parti du Travail d'Albanie, d'entretenir une vision pessimiste des événements. Nous, communistes albanais, n'avons pas été pessimistes même quand notre Parti et notre peuple traversaient les heures les plus sombres de leur histoire et nous ne le deviendrons jamais. Nous entendons rester toujours réalistes.

On parle beaucoup de notre unité. Elle est indispensable et nous devons tout mettre en œuvre pour la renforcer, pour la cimenter. Mais, en fait, sur beaucoup d'importantes questions de principe, cette unité n'existe pas.

Le Parti du Travail d'Albanie estime que les choses doivent être revues à la lumière d'une analyse marxiste-léniniste et que les erreurs doivent être corrigées. Prenons la question de la critique dirigée contre Staline et son œuvre. Notre Parti, en tant que parti marxiste-léniniste, est pleinement conscient que le culte de la personnalité est une manifestation étrangère au socialisme et néfaste pour nos partis et pour le mouvement communiste lui-même. Les partis marxistes ne doivent pas se borner à empêcher le développement du culte de la personnalité, parce qu'il freine l'activité des masses, nie leur rôle et s'oppose au développement de la vie même du parti et des lois qui la régissent. Ils doivent aussi lutter de toutes leurs forces pour extirper ce culte, dès qu'il commence à se manifester ou lorsqu'il est déjà apparu dans un pays. Dans cette optique, nous sommes pleinement d'accord sur le fait qu'il fallait critiquer le culte de la personnalité de Staline comme une manifestation néfaste dans la vie du Parti. A notre avis, le XXe Congrès — et en particulier le rapport «secret» du camarade Khrouchtchev, — n'a pas posé la question du camarade Staline de façon correcte et objective, dans un esprit marxiste-léniniste.

A cet égard, Staline a été gravement et injustement condamné par le camarade Khrouchtchev et le XXe Congrès. Le camarade Staline et son activité n'appartiennent pas seulement au Parti communiste de l'Union soviétique et au peuple soviétique, mais à nous tous. De même que le camarade Khrouchtchev a précisé à Bucarest que les divergences actuelles n'opposent pas le Parti communiste de l'Union soviétique et le Parti communiste chinois, mais le Parti communiste chinois et le communisme international, de même qu'il se complaît à dire que les décisions du XXe et du XXIe Congrès ont été adoptées par tous les partis communistes et ouvriers du monde, de même il aurait dû, montrant sa largeur de vues dans le même sens, faire juger les actes de Staline, en toute conscience, par les partis communistes et ouvriers du monde entier.

Il ne peut y avoir deux poids et deux mesures en ces questions. Alors pourquoi le camarade Staline a-t-il été condamné au XXe Congrès sans que les autres partis communistes et ouvriers du monde entier aient été préalablement consultés ? Comment se fait-il que «l'anathème» ait été soudainement jeté sur Staline devant les partis communistes et ouvriers du monde entier et que bien des partis frères n'aient appris cette dénonciation que lorsque les impérialistes eurent donné la plus large diffusion au rapport «secret» du camarade Khrouchtchev ?

Le monde communiste et le monde progressiste se virent imposer par le camarade Khrouchtchev la condamnation du camarade Staline. Que pouvaient bien faire nos partis dans ces conditions, quand, subitement, usant de la grande autorité de l'Union soviétique, on leur imposait ainsi, en bloc, une pareille question ?

Le Parti du Travail d'Albanie se trouva devant un grand dilemme. Il n'était pas, comme il ne le sera du reste jamais, persuadé du bien-fondé de la condamnation du camarade Staline, de la méthode et des formes utilisées parle camarade Khrouchtchev. Mais si notre Parti souscrivit globalement aux formulations du XXe Congrès sur cette question, il ne s'en tint pas strictement aux limitations fixées par ce congrès, il ne s'inclina pas devant les menées de chantage et d'intimidation dirigées du dehors contre notre pays.

Sur la question de Staline, le Parti du Travail d'Albanie se montrait réaliste, il se montrait juste et reconnaissant à l'égard de ce glorieux marxiste, que, de son vivant, personne de nous n'eut la «bravoure» de critiquer et qu'on couvre de boue après sa mort. Il s'est ainsi créé une situation intolérable, où l'on voit nier le rôle dirigeant de Staline dans toute une époque glorieuse de l'histoire de l'Union soviétique, la glorieuse époque qui vit bâtir le premier Etat socialiste au monde, qui vit l'Union soviétique se renforcer, venir victorieusement à bout des complots impérialistes, écraser les trotskistes, les boukhariniens, les koulaks en tant que classe, mettre triomphalement sur pied son industrie lourde et collectiviser son agriculture ; bref, la période où l'Union soviétique devint une puissance colossale, édifia avec succès le socialisme et, durant la Seconde Guerre mondiale, se battit avec un héroïsme légendaire, écrasa le fascisme, et où fut créé le puissant camp socialiste, etc.

Le Parti du Travail d'Albanie estime qu'il n'est ni juste, ni naturel, ni marxiste, que, de toute cette époque, soient effacés le nom et la grande œuvre de Staline, comme ils le sont à présent. L'œuvre féconde et immortelle de Staline, il nous incombe à nous tous de la sauvegarder ; qui ne la défend pas est un opportuniste et un lâche.

Le camarade Staline, par son rôle personnel et en tant que dirigeant du Parti communiste bolchevik, fut également le guide le plus éminent du communisme international après la mort de Lénine ; il exerça une influence très positive, avec une grande autorité, sur la consolidation et le développement des conquêtes du communisme dans le monde entier. Toutes les œuvres théoriques du camarade Staline sont un ardent témoignage de sa fidélité à son maître génial, le grand Lénine, et au léninisme.

Staline lutta pour les droits de la classe ouvrière et des travailleurs dans le monde entier, il lutta avec un grand esprit de suite jusqu'au bout pour la liberté des peuples de nos pays de démocratie populaire.

Ne fût-ce que sous ces aspects, Staline appartient au monde communiste tout entier et pas seulement aux communistes soviétiques, il appartient à tous les travailleurs du monde et pas seulement aux travailleurs soviétiques.

Si le camarade Khrouchtchev et les camarades soviétiques avaient regardé cette question dans cet esprit, les grandes erreurs commises auraient été évitées. Mais ils ont considéré la question de Staline superficiellement, uniquement du point de vue intérieur de l'Union soviétique. De l'avis du Parti du Travail d'Albanie, ils ont, même dans cette perspective, jugé la question de Staline sous un seul de ses aspects, ils n'ont vu que ses erreurs, ont presque totalement ignoré son immense activité, sa grande contribution au renforcement de l'Union soviétique, à la consolidation du Parti communiste de l'Union soviétique, à la mise sur pied de l'économie, de l'industrie soviétiques, de l'agriculture kolkhozienne, à la conduite du peuple soviétique dans la grande lutte victorieuse contre le fascisme allemand.

Staline a-t-il commis des erreurs ? Il était inévitable qu'une si longue période, remplie d'actes héroïques, de combats, de victoires, comportât aussi des erreurs, non seulement celles de Joseph Staline personnellement, mais aussi celles de la direction en tant qu'organe collectif. Est-il un parti ou un dirigeant qui estime avoir été infaillible dans son travail ? Lorsque des critiques sont soulevées à l'égard de la direction soviétique actuelle, les camarades soviétiques nous conseillent de regarder en avant, de ne pas revenir sur le passé et de mettre un terme à la polémique, mais lorsqu'il s'agit de Staline, non seulement ils ne regardent pas en avant, mais ils reviennent en arrière, pour ne fouiller que dans les faiblesses de l'œuvre de Staline.

Le culte de la personnalité de Staline devait, certes, être surmonté. Mais peut-on dire, comme on l'a dit, que Staline était lui-même l'artisan de ce culte ? Le culte de la personnalité doit assurément être réprouvé, mais pour cela était-il nécessaire et juste que quiconque mentionne le nom de Staline soit immédiatement montré du doigt, que quiconque cite Staline soit regardé de travers ? Certains firent assaut de zèle pour briser les statues de Staline et changer le nom des villes qui portaient le sien. A Bucarest, le camarade Khrouchtchev dit aux camarades chinois : «Vous vous accrochez à un cheval mort». «Si vous en avez envie, vous pouvez même venir prendre ses restes». Et ces propos étaient tenus à l'adresse de Staline. Est-il besoin d'en dire plus long ?

Le Parti du Travail d'Albanie déclare solennellement qu'il est opposé à ces actes et à ces jugements sur l'œuvre et la personne de Joseph Staline.

Mais pourquoi, camarades soviétiques, ces questions ont-elles été posées de cette manière et sous ces formes faussées, alors qu'il était possible de montrer dans la juste voie les erreurs de Staline et celles de la direction, de les corriger sans susciter pour autant un tel choc au cœur des communistes du monde entier, que seuls leur sens de la discipline et l'autorité de l'Union soviétique retinrent d'élever vigoureusement leur voix ?

Le camarade Mikoyan nous a dit que nous n'osions pas critiquer le camarade Staline de son vivant, car il nous aurait supprimés. Nous sommes certains que le camarade Khrouchtchev ne nous fera rien de tel si nous lui adressons de justes critiques.

Le XXe Congrès fut suivi d'une série de faits importants. Ce furent d'abord les événements que l'on sait en Pologne, puis la contre-révolution en Hongrie, ensuite le système soviétique commença à être mis en cause, de nombreux partis communistes et ouvriers furent en proie au désarroi, et finalement voici cette dernière secousse.

Nous demandons qu'on éclairasse pourquoi ces choses-là se sont produites au sein du mouvement communiste international, au sein de notre camp après le XXe Congrès. Serait-ce parce que la direction du Parti du Travail d'Albanie est soi-disant sectaire, dogmatique et pessimiste ?

Un tel état de choses doit nous préoccuper à l'extrême; nous devons déceler l'origine de la maladie et la guérir. Assurément, on ne peut la guérir ni en tapotant l'épaule du renégat Tito, ni en affirmant dans la déclaration que le révisionnisme moderne est définitivement liquidé, comme le prétendent les camarades soviétiques. » (Enver Hoxha, Discours prononcé au nom du C.C. du P.T.A. à la conférence des 81 partis communistes et ouvriers à Moscou (16 novembre 1960), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.78-81.)

 

« L'expérience de l'édification du socialisme dans une série de pays socialistes a prouvé le bien-fondé de la théorie marxiste-léniniste sur l'existence d'un certain nombre de lois générales, infailliblement applicables à tout pays qui s'engage dans la voie du développement socialiste. Notre pays et chaque pays socialiste ont obtenu leurs succès précisément grâce à la correcte application de ces lois générales de l'édification socialiste, en tenant compte de leurs conditions concrètes et de leurs particularités historiques, ainsi que des intérêts du socialisme en général.

Les révisionnistes du marxisme déforment ou nient ces lois. L'Etat socialiste, selon eux, devrait renoncer à ses fonctions économiques et d'organisation, sans quoi il s'y développe des tendances «bureaucratiques», l'Etat se transforme en une force «au-dessus de la société», etc. Pour y parer, ils préconisent la décentralisation de la gestion de l'économie, «l'autogestion des producteurs». En prônant l'affaiblissement continu du rôle économique de l'Etat socialiste, les révisionnistes se dressent contre le principe très important de l'édification socialiste et de l'organisation étatique socialiste — le principe du centralisme démocratique — et cherchent à le remplacer par le développement libre et indépendant des forces économiques, c'est-à-dire par la spontanéité petite-bourgeoise, qui laisse le champ libre à l'anarchie de la production.

La vie, la pratique ont réfuté toutes ces conceptions des révisionnistes actuels, qui servent seulement les ennemis de classe, nuisent gravement à la cause de l'édification du socialisme et créent le danger de restauration du capitalisme. Notre Parti, s'en tenant scrupuleusement aux enseignements du marxisme-léninisme sur la construction du socialisme, a combattu et combattra résolument toutes ces conceptions. » (Enver Hoxha, Rapport d’activité du Comité Central du Parti du Travail d’Albanie présenté au IVe Congrès du P.T.A. (13 février 1961), Œuvres Choisies, Edition numérique, Tome III, p.134.)

 

« Voici quelques jours a pris fin la visite de Khrouchtchev en Yougoslavie. L'appareil de propagande des révisionnistes et la presse occidentale ont été unanimes à souligner de leur mieux «la portée politique internationale» de cette visite. Il est désormais clair pour tout le monde que contrairement à ce qu'on a dit au début, ce n'est pas pour des vacances que Khrouchtchev s'est rendu en Yougoslavie. Il y est allé pour achever le processus de la réhabilitation complète de la clique Tito, pour s'unir ouvertement à cette bande de traîtres depuis longtemps condamnée par tous les partis communistes et ouvriers, pour ourdir de nouveaux complots au détriment du camp socialiste, du mouvement communiste international et de la paix, et pour faire un nouveau pas vers le rapprochement avec l'impérialisme américain.

Ces objectifs de la visite de Khrouchtchev ressortent immédiatement des déclarations ronflantes et sans retenue, qu'il a faites notamment sur «l'édification heureuse du socialisme en Yougoslavie», sur «la juste ligne marxiste-léniniste et les mérites éminents de la direction yougoslave actuelle», avec à sa tête «l'ami et le camarade Tito», sur la contribution de la clique Tito «au développement des principes de la coexistence pacifique», «au renforcement de la communauté socialiste mondiale», «au renforcement de l'unité du mouvement communiste et ouvrier», «au développement créateur du marxisme-léninisme», sur l'apport des dirigeants yougoslaves «au renforcement du front anti-impérialiste», sur «les avantages de la voie yougoslave vers le socialisme», et surtout sur «l'autogestion ouvrière», qui mériterait soi-disant une attention et une étude particulières afin de pouvoir être assimilée par les autres pays socialistes, ainsi que sur «le grand rôle que doit jouer la Yougoslavie dans les Balkans».

De son côté, Tito a souligné que certaines différences qui subsistent encore dans les points de vue, sont en train de s'amenuiser devant le grand but commun ; il a exprimé sa satisfaction pour la haute appréciation que Khrouchtchev a faite de son activité, de sa lutte pour le «socialisme», de la diffusion des idées et de l'esprit «communistes» en Yougoslavie, pour les attaques que Khrouchtchev a entreprises contre le mouvement communiste, contre le Parti communiste chinois, contre le Parti du Travail d'Albanie et les autres partis marxistes-léninistes.

La première conclusion principale à tirer de la visite de Khrouchtchev en Yougoslavie, c'est que le groupe révisionniste de Moscou, en réhabilitant complètement la clique Tito et en se joignant à elle, s'est enfoncé encore plus profondément dans le camp des ennemis du marxisme-léninisme, du socialisme et de la paix, dans le bourbier de la trahison.

Dans le discours qu'il a prononcé à Split le 24 août. Khrouchtchev a déclaré : «Nous constatons avec satisfaction que, sur la plupart des problèmes internationaux, les points de vue de l'U.R.S.S. et de la Yougoslavie sont similaires... L'unité de pensée et d'action de l'U.R.S.S. et de la Yougoslavie sur le plan international est un facteur très important de la politique mondiale. Cette unité contribue au développement des principes de la coexistence pacifique dans les rapports entre tous les États.» Par ces déclarations et beaucoup d'autres du même genre, Khrouchtchev ne se borne pas à exprimer son entière unité de vues avec Tito sur les questions de politique extérieure, il fait même de celui-ci son associé à part entière dans la direction de la politique mondiale. Mais quel rôle Khrouchtchev a-t-il assigné à ses autres partenaires ? Apparemment ils doivent suivre aveuglément, comme des fantoches, «l'étoile yougoslave» qui guide la caravane révisionniste.

Dans le domaine idéologique, Khrouchtchev lui-même a avoué à plusieurs reprises qu'une totale unité de vues avait été réalisée sur les questions fondamentales. «Pour nous, communistes soviétiques, a-t-il souligné, il ne saurait y avoir de contradictions fondamentales avec les communistes yougoslaves.» Par ailleurs, le 28 août, à Brioni, il déclarait aux journalistes étrangers : «Nous avons les mêmes idées et nous nous guidons sur la même théorie.»

On ne peut nier l'évidence. Désormais il est clair pour tout le monde, sans qu'il soit besoin de ces confirmations publiques, que Tito comme Khrouchtchev s'inspirent des mêmes idées profondément révisionnistes qui ont toujours animé les renégats du marxisme-léninisme et que, dans leur activité pratique scissionniste et antimarxiste, ils se guident sur les mêmes buts : l'extinction de l'esprit révolutionnaire dans le mouvement communiste international, l'enterrement du marxisme-léninisme, la liquidation du socialisme et la restauration de la domination de l'impérialisme. » (Enver Hoxha, Khrouchtchev à genoux devant Tito (13 septembre 1963), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.222-223.)

 

« Si, par leurs propos, les socialistes de droite cherchent encore à passer pour de vrais socialistes afin de tromper les ouvriers, par leurs actes, ils se sont transformés en dévoués défenseurs du régime capitaliste. Qu'ils soient dans l'opposition, à la tête des gouvernements bourgeois ou simples membres de ceux-ci, les chefs de file de la social-démocratie, par leurs vues et leurs actes, contribuent au maintien et à la consolidation du régime bourgeois. Toute la démagogie socialiste de la social-démocratie moderne a été balayée par l'expérience. Les socialistes ont été plus d'une fois à la tête du gouvernement bourgeois ; ce fut le cas en Angleterre, en France et ailleurs. Aujourd'hui encore, ils sont à la tête des gouvernements de nombreux pays capitalistes ou font partie de ces gouvernements. Et qu'ont-ils fait pour les travailleurs, pour le socialisme ? Rien, sinon qu'ils ont appliqué les recommandations de Léon Blum selon lesquelles les socialistes au pouvoir doivent être les «gérants loyaux de la société capitaliste».

Arrêtons-nous ne serait-ce que brièvement sur l'activité du Parti socialiste français et de son leader Guy Mollet qui plus d'une fois a fait partie du gouvernement français, qui l'a même présidé et que les révisionnistes présentent maintenant comme un élément de gauche, avec qui ils engagent même des conversations cordiales. Les socialistes français, lorsqu'ils étaient à la tête du gouvernement, ont lâché les chiens contre les ouvriers grévistes, ils ont encouragé la sale guerre d'Indochine, ils ont réprimé les peuples des autres colonies, développé et intensifié la guerre contre le peuple algérien, approuvé le Pacte de l'Atlantique Nord et le réarmement de l'Allemagne occidentale. Le gouvernement de Guy Mollet a signé l'accord sur le «Marché commun» et l’«Euratom», il a été un des organisateurs de l'agression militaire contre l'Égypte ; la trahison de Guy Mollet a frayé la voie à l'instauration en France du pouvoir personnel etc., etc. Évoquant l'activité du gouvernement Guy Mollet, l'hebdomadaire travailliste «Tribune» lui-même écrivait au début de 1957 que «Mollet fait honte tant à la France qu'au socialisme».

Tel est le véritable visage de traître de la social-démocratie moderne. Ce n'est pas pour rien que beaucoup de représentants de la bourgeoisie ont mis l'accent sur le rôle important des partis sociaux-démocrates dans la répression du mouvement révolutionnaire des travailleurs et la défense du régime capitaliste, et ils en ont fait l'éloge. C'est ainsi par exemple que T. Junilla, directeur d'une banque capitaliste en Finlande, a déclaré : «Dans la lutte des communistes pour se gagner l'esprit et l'âme des ouvriers industriels, seuls les sociaux-démocrates peuvent servir de puissant rempart contre eux. Si la social-démocratie perd la bataille, cela pourrait fort bien être la fin de la démocratie en Finlande. Voilà pourquoi, tout en étant un conservateur bourgeois, je suis obligé d'admettre qu'il nous faut un parti social-démocrate uni, combattant et qui soutienne fermement la démocratie nordique.» De même le journal bourgeois anglais «Financial Times» écrivait le 28 juin 1963 que «... les industriels ont moins peur des travaillistes, certains d'entre eux sont même d'avis que le gouvernement travailliste ouvrirait de meilleures perspectives de développement que les tories...»

C'est précisément parce que les sociaux-démocrates sont l'officine de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier, qu'il a toujours été clair pour les marxistes-léninistes, que sans un ferme combat pour démasquer et défaire, idéologiquement et politiquement, la social-démocratie, la classe ouvrière ne peut pas mener sa lutte avec succès ni la conduire jusqu'à la victoire.

«C'est un fait que les «partis ouvriers bourgeois», en tant que phénomène politique — a écrit V.I. Lénine — se sont déjà constitués dans tous les pays capitalistes avancés, et que sans une lutte décisive et implacable, sur toute la ligne, contre ces partis ou, ce qui revient au même, contre ces groupes, ces tendances, etc., il ne saurait être question ni de lutte contre l'impérialisme, ni de marxisme, ni de mouvement ouvrier socialiste.» (V. I. Lénine, Œuvres, éd. alb. t. 23, p. 138.)

Et J. V. Staline en tant que révolutionnaire et marxiste conséquent, a souligné :

«Le social-démocratisme d'aujourd'hui est l'appui idéologique du capitalisme. Lénine avait mille fois raison quand il disait que les politiciens social-démocrates de nos jours sont «les véritables agents de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier, les commis ouvriers de la classe des capitalistes» ; que dans la «guerre civile entre le prolétariat et la bourgeoisie», ils se rangeront inévitablement «du côté des Versaillais contre les communards».

«Il est impossible d'en finir avec le capitalisme sans en avoir fini avec le social-démocratisme dans le mouvement ouvrier. C'est pourquoi l'ère de l'agonie du capitalisme est en même temps celle de l'agonie du social-démocratisme dans le mouvement ouvrier.» (J. V. Staline, Œuvres, éd, alb., t. 10, p. 242.)

De même, la Déclaration de Moscou de 1960, soulignant que «les chefs de file sociaux-démocrates de droite sont ouvertement passés sur les positions de l'impérialisme, défendent le système capitaliste, divisent la classe ouvrière» et qu'ils sont les «ennemis du communisme», demande aux communistes de poursuivre le combat pour les démasquer.

Or les révisionnistes modernes, le groupe de N. Khrouchtchev en tête, en renégats et ennemis du marxisme qu'ils sont, agissent en opposition complète avec les enseignements de Lénine et de Staline, avec les recommandations de la Déclaration de Moscou : ils suivent la voie de l'union et de la fusion avec les chefs de file sociaux-démocrates de droite. Et cela nullement par hasard : la social-démocratie moderne et les révisionnistes modernes ont de nombreux points communs, ils avancent dans une même direction et vers le même but contre-révolutionnaire. » (Enver Hoxha, Les révisionnistes modernes sur la voie de la dégénérescence social-démocrate et de la fusion avec la social-démocratie (7 avril 1964.), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.244-245.)

 

« Rejetant le marxisme-léninisme, les sociaux-démocrates affirment que l'«on ne peut pas résoudre les problèmes de l'heure avec de vieilles conceptions». Suivant leurs traces, les révisionnistes spéculent sur les nouvelles conditions et les nouveaux phénomènes et, sous les masques de la lutte contre le «dogmatisme» et pour le «développement créateur du marxisme», disent qu'à présent il faut considérer beaucoup de choses de façon critique ; selon eux ce qui était vrai il y a 30 ans ne peut plus l'être à présent, les armes atomiques et le danger de la guerre thermonucléaire ont rendu indispensable la révision de nos vues et de nos positions sur de nombreuses questions de stratégie et de tactique ; toujours selon eux, celui qui s'en tient aux thèses fondamentales de Marx et Lénine dans les années 60 du XXe siècle est un dogmatique qui ne tient pas compte des grandes mutations réalisées dans le monde, celui qui se réfère aux ouvrages des classiques du marxisme-léninisme, pour analyser et expliquer le processus historique actuel souffre d'une «manie des citations», etc. Donc, pour les révisionnistes aussi, le marxisme-léninisme n'est plus actuel, il ne répond plus aux conditions nouvelles, il doit être «enrichi» de nouvelles idées et conclusions. Comme tous les opportunistes et réformistes, anciens et nouveaux, les révisionnistes, eux aussi, dépouillent le marxisme de son esprit critique et révolutionnaire, et de cette arme aux mains de la classe ouvrière contre la bourgeoisie ils cherchent à faire une arme de la bourgeoisie contre la classe ouvrière.

«Non pas la lutte de classes, mais la solidarité et l'harmonie de tous ceux qui ont le sens de la responsabilité du sort de la société» — voilà la force motrice de la société moderne, disent les sociaux-démocrates. Et les révisionnistes ont mis une croix sur la lutte de classes pour la remplacer par l'idée de la réconciliation des classes au nom «du maintien de la paix» dans le monde, ils ont renoncé à cette lutte au nom du «salut du monde face au danger de la guerre thermo-nucléaire» et au lieu de la lutte de classes ils prêchent la «coexistence pacifique» comme unique moyen de régler tous les problèmes vitaux qui se posent à la société humaine. «La paix par tous les moyens et à tout prix, la paix avec tous et par-dessus tout», «l'amour chrétien du prochain», «l'humanisme abstrait au-dessus des classes» — voici les idées que les révisionnistes modernes propagent à tout vent. Au nom de cet idéal, les révisionnistes s'unissent à présent aux ennemis de classe, à l'impérialisme et aux réactionnaires des divers pays, à leurs agents et à leurs valets — les chefs de file sociaux-démocrates de droite et la clique titiste, et d'autre part ils combattent furieusement tous ceux qui sont dévoués aux intérêts de la classe ouvrière et à son idéologie marxiste-léniniste — les partis communistes et tous les communistes révolutionnaires.

Les sociaux-démocrates ont depuis longtemps renoncé à la révolution et ils préconisent le passage au socialisme à travers des réformes dans le cadre du régime bourgeois, de la démocratie et de la légalité bourgeoises. Suivant leurs traces, les révisionnistes ont eux aussi abandonné la voie révolutionnaire et ils déclarent que le chemin vers le socialisme est passé par une démocratie toujours plus vaste, par le respect et l'application des constitutions bourgeoises, par les «réformes de structure». Comme les sociaux-démocrates, les révisionnistes également identifient la lutte pour la démocratie avec la lutte pour le socialisme, ils limitent la lutte pour le socialisme à la lutte pour la démocratie. Déterrant les théories de Kautsky et de Bernstein, ils se prononcent seulement pour la voie «pacifique» et «parlementaire». Ils présentent cette voie comme un principe stratégique mondial et concentrent tous leurs efforts sur la lutte électorale afin de gagner la majorité dans les parlements bourgeois.

Les sociaux-démocrates considèrent l'Etat capitaliste comme un Etat au-dessus des classes, qui traduit et défend les intérêts de la société en général, ils sont contre la destruction du vieil appareil d'Etat bourgeois, contre la dictature du prolétariat, qui, selon eux, est la négation de la démocratie, un pouvoir totalitaire, etc. Et les révisionnistes propagent l'illusion que l'Etat capitaliste peut changer son caractère de classe, qu'il peut devenir un Etat exprimant non seulement les intérêts de la bourgeoisie, mais encore ceux du prolétariat et des masses travailleuses ; ils disent que la thèse de Lénine sur la nécessité de détruire l'appareil d'Etat bourgeois doit être corrigée, que la dictature du prolétariat est une idée surannée ou qui en fin de compte ne convient que pour les pays retardataires, qu'elle peut non seulement prendre diverses formes mais encore un contenu tout à fait différent. Comme les sociaux-démocrates, les révisionnistes eux aussi calomnient la dictature du prolétariat, en cherchant à faire croire que la période de sa domination est une période de terreur et d'arbitraire massif, une période de violation brutale de la légalité et de la démocratie socialiste etc. » (Enver Hoxha, Les révisionnistes modernes sur la voie de la dégénérescence social-démocrate et de la fusion avec la social-démocratie (7 avril 1964.), Œuvres Choisies, Edition numérique, Tome III, p.246-247.)

 

« Sous le masque de la lutte contre le «culte de la personnalité et ses conséquences», [N. Khrouchtchev et son groupe] ont liquidé les cadres marxistes-léninistes sains et ont réhabilité les traîtres et les ennemis du socialisme, morts ou vivants. Ils ont ouvert la porte à une large et facile pénétration de l'idéologie bourgeoise dans les pays socialistes, de toutes les tendances et manifestations étrangères au socialisme dans les arts, les lettres et toute la vie du pays au nom de la «liberté de pensée» et d'un «humanisme» abstrait et au-dessus des classes. Ce socialisme «libéral» et «humaniste» des révisionnistes modernes se rapproche toujours plus du prétendu «socialisme démocratique» que professent les chefs de file sociaux-démocrates modernes.

Ainsi tous ces éléments montrent clairement que les révisionnistes modernes suivent la voie de la trahison de la social-démocratie. Les leaders socialistes voient cela d'un bon œil et ils ont exprimé ouvertement leur approbation, leur joie et leurs espoirs à propos de la ligne de trahison du groupe de N. Khrouchtchev et de ses adeptes. Voici quelques-unes de leurs déclarations :

Dans son discours à la dernière session de l'Assemblée générale des Nations unies, P. H. Spaak déclarait que «Khrouchtchev cherche à faire l'expérience de la coexistence pacifique et l'Occident ne doit pas rendre cette expérience plus difficile. Ce serait une erreur terrible et impardonnable que de le décourager. Désormais, la future ligne de démarcation ne sera plus entre communistes et non communistes, entre colonisés et colonisateurs, entre idéologies et races. Nous sommes les témoins du combat que se livrent ceux qui attendent le moment opportun et les doctrinaires inhumains, d'une part, et ceux qui ont eu foi dans le progrès et qui n'ont jamais cessé d'espérer, d'autre part. Ne laissons pas échapper cette grande occasion.» Le chef du Parti travailliste anglais H. Wilson, dans son interview du 24 février 1964, a mis en évidence qu'il était le premier homme politique d'Occident à se rendre en Russie après la mort de Staline et, à son retour de Russie il a rapporté à W. Churchill, alors premier ministre, qu'«un grand changement s'effectue dans la politique soviétique» et «que cela est d'une grande importance pour les rapports entre l'Est et l'Ouest». Il a parfaitement raison de se vanter de ses prévisions clairvoyantes, devenues aujourd'hui une réalité.

Gérard Jaquet, directeur du journal du Parti socialiste français, a déclaré, avant de se rendre avec la délégation socialiste à Moscou pour y entamer des pourparlers avec N. Khrouchtchev et d'autres dirigeants soviétiques : «Nous avons renoncé depuis longtemps à la polémique avec l'Union soviétique et nous admettons que ce pays se trouve en pleine évolution... Les problèmes qui se posent sont ceux de la démocratie et de sa garantie, du parti unique, du rôle du parti socialiste dans la société socialiste, du caractère du régime socialiste et de sa structure. La position prise par le P.C.U.S. dans les divergences entre Moscou et Pékin apporte un éclaircissement positif sur la position de ce parti envers le dogmatisme et le sectarisme politique.»

Le secrétaire général du Parti socialiste français Guy Mollet, de retour à Paris après les entretiens qu'il a eus avec N. Khrouchtchev, a déclaré s'être convaincu «qu'en Union soviétique, se produit une évolution positive» qui, selon ses termes, se résume dans les points suivants : «reconnaissance de la diversité des voies pour l'édification du socialisme», «fin de la dictature du prolétariat», «évolution intérieure», etc. Dans l'interview accordée au journal «Unità» (22 février 1984) Guy Mollet déclarait par ailleurs : «Je suis convaincu que le monde communiste est en cours de transformation.»

Ces déclarations des chefs de file sociaux-démocrates correspondent à celles des chefs de file de l'impérialisme et de leurs porte-parole, qui soutiennent eux aussi la ligne révisionniste de N. Khrouchtchev et considèrent celui-ci comme «le meilleur ami de l'Occident à Moscou», qui affirment que «le Premier ministre soviétique Nikita Khrouchtchev a le comportement d'un politicien américain» et déclarent que des personnalités officielles au Département d'Etat sont d'avis que «jusqu'à un certain point les États-unis doivent faciliter la tâche à Khrouchtchev», etc. » (Enver Hoxha, Les révisionnistes modernes sur la voie de la dégénérescence social-démocrate et de la fusion avec la social-démocratie (7 avril 1964.), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.247-248.)

 

« La liquidation politique de la personne de Khrouchtchev, bien qu'il ait été le chef du révisionnisme moderne, ne veut pas dire que sa ligne politique, idéologique, économique et organisationnelle, qui a causé tant de maux à l'Union soviétique, au marxisme-léninisme, au camp socialiste et au mouvement communiste et ouvrier, à la cause de la révolution, de la liberté et de l'indépendance des peuples et à la cause de la paix, ait été liquidée. L'exclusion de Khrouchtchev de la direction du Parti et de l'Etat soviétiques ne signifie pas la mort du révisionnisme khrouchtchévien, elle ne liquide pas son idéologie et sa politique, exprimées dans la ligne des XXe et XXIIe Congrès du P.C.U.S. Cette ligne a des racines profondes et pour en conjurer le danger, pour supprimer toute possibilité qu'elle ne se renouvelle, il faut extirper le révisionnisme. C'est l'unique remède. » (Enver Hoxha, La chute de Khrouchtchev n’a pas entraîné la disparition du révisionnisme khrouchtchévien (1er novembre 1964), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.304.)

 

« Pourquoi les camarades chinois, qui, en paroles, paraissent être la «patience» incarnée (ils avaient fixé 20 ans pour la chute de Khrouchtchev et en ont fixé 300 pour le triomphe du socialisme en Chine) n'ont pas même attendu un mois que les «camarades soviétiques» disent au moins deux mots de Khrouchtchev et deux mots de leur ligne ? Pourquoi cette impatience à s'embrasser avec les Soviétiques ?! Pourquoi une si grande hâte et un si grand zèle pour aller à Moscou «aider les camarades soviétiques et le peuple soviétique» ?!

Quelques mois avant la chute de Khrouchtchev, et au point culminant de notre lutte contre celui-ci, les camarades chinois ont envoyé un télégramme au «cher camarade Khrouchtchev» et lui ont souhaité «longue vie». «Cela, ont-ils dit, nous l'avons fait au nom de notre amitié pour les peuples soviétiques, du renforcement de cette amitié.» Jolie manière de raffermir l'amitié que de souhaiter longue vie à celui qui a creusé la tombe des peuples soviétiques !!

Aujourd'hui les camarades chinois s'empressent de se rendre à Moscou. Pourquoi ? Pour aider les «chers camarades» révisionnistes, les plus étroits collaborateurs du traître, et «à travers eux aider les forces révolutionnaires en Union soviétique», etc., etc. Étranges conceptions !!!

Pour nous, marxistes, ces raisonnements ne tiennent pas debout. Derrière cela se cachent d'autres buts, des buts malsains, non marxistes.

Ce n'est pas nous qui renversons les dirigeants soviétiques, c'est leur parti et leur peuple qui peuvent le faire ou ne pas le faire. Nos prises de position justes et militantes doivent aider les révolutionnaires soviétiques à adopter de justes décisions.

La question se pose : Est-ce que, en aidant avec tant de zèle les révisionnistes, on aide les révolutionnaires soviétiques ?! Se comporter ainsi, c'est ne pas être révolutionnaire. Ou encore, est-ce un geste révolutionnaire, au moment où les ennemis de la révolution subissent une grave défaite, à un moment donc favorable pour la révolution, que de se hâter d'aller tendre la main aux contre-révolutionnaires pour les aider, alors que non seulement ils ne donnent aucun signe d'amendement, mais au contraire déclarent haut et clair qu'ils poursuivront dans la voie de trahison des XXe et XXIIe Congrès ?! Non, c'est une attitude contre-révolutionnaire, anti-marxiste, révisionniste.

En fin de compte, on ne vous demande pas, camarades chinois, de vous lancer dans de «grandes attaques», car ces attaques polémiques, vous les avez cessées depuis longtemps, mais ne pouviez-vous pas patienter au moins quelques mois pour voir ce que feraient ces «camarades soviétiques» ?!

N'aurait-il pas été juste, légitime et honorable pour votre parti et votre Etat que ce soient les ennemis vaincus qui demandent à venir à vous, qu'ils soient contraints de le faire ? Tout cela est élémentaire.

Pourquoi vous montrez-vous généreux jusqu'à l'opportunisme envers les ennemis, justement maintenant, alors qu'hier encore vous demandiez à l'Union soviétique même «les terres qu'elle vous avait enlevées», et aussi «la Mongolie qu'elle avait arrachée à la Chine», vous donniez raison aux Roumains dans leurs «revendications sur la Bukovine», etc., en disant que «Staline a commis des erreurs sur les frontières», et vous faisiez tout cela, allant même jusqu'à vous réconcilier avec les Roumains, les Polonais, les Allemands et autres révisionnistes du même genre, pour faire pression sur l'Union soviétique et pour l'isoler ? Que sont ces attitudes ? Comment en changez-vous si vite en quelques mois ? Pourquoi vous êtes-vous emportés quand nous vous avons critiqués amicalement pour ces prises de position erronées ? Votre animosité contre nous, parce que nous vous avions dit la vérité, demeure, alors que vos attitudes injustifiées vers «la gauche», vos attitudes sectaires, voire même hostiles à l'égard de l'Union soviétique, ont complètement dévié vers la droite, et vous les qualifiez de marxistes, en même temps que vous nous gardez rancune parce que nous vous disons : «Discutons et ne vous précipitez pas.»

De toute évidence, les camarades chinois sont dans l'erreur, ils n'ont pas une ligne stable ; on y observe des flottements, tant vers la droite que vers la gauche, et leur politique non plus ne peut avoir une stabilité de principe, marxiste-léniniste. » (Enver Hoxha, Les chinois cherchent à nous imposer leurs vues (3 novembre 1964), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.306-307.)

 

« Le «testament» de Togliatti fait apparaître qu'à présent dans le camp révisionniste sont en train de se cristalliser au moins deux lignes tactiques différentes pour la lutte contre le marxisme-léninisme : la ligne monocentriste du groupe Khrouchtchev et la ligne polycentriste de Togliatti. Ces divergences entre les khrouchtchéviens et consorts, d'une part, et les togliattiens et leurs tenants, d'autre part, ne datent pas d'aujourd'hui ; elles ont surgi au grand jour au lendemain du XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique. Le XXe Congrès fut approuvé unanimement par tous les révisionnistes. Mais alors que certains d'entre eux le jugèrent «complet» et «suffisant» pour l'époque, les togliattiens, eux, se posèrent en révisionnistes «plus radicaux», ils voulurent et demandèrent que l’«analyse» fût poussée «plus à fond». De leur côté, les révisionnistes khrouchtchéviens, à des fins de propagande et de démagogie et par crainte d'une scission immédiate et profonde dans le mouvement communiste international, ont agi avec plus de mesure, ils se sont efforcés, sans toutefois réussir à les persuader, de calmer les togliattiens, qui, sans faire de la question un «conflit», ont développé leurs points de vue de droite, naturellement tout en soutenant et en approuvant le XXe Congrès et, plus tard, le XXIIe Congrès du P.C.U.S. Ce «silence» relatif des révisionnistes italiens, ou, en quelque sorte leur ralliement à l'«euphorie» générale des révisionnistes, s'inspirait aussi de leur dessein de consolider au préalable les positions révisionnistes dans les rangs du mouvement communiste international, de lui faire d'abord avaler la «pilule amère», puis de l'enfoncer, dans la théorie et la pratique, dans la voie du révisionnisme et de la dégénérescence.

Il faut dire que la manière dont les renégats khrouchtchéviens ont entamé leur besogne de trahison a été plus réservée, plus mesurée, plus rusée, plus démagogique, tandis que la manière des togliattiens, dans cette même besogne de trahison, a été moins prudente et plus aventureuse. Pour «calmer» Togliatti et ses acolytes, le groupe Khrouchtchev suggéra aux «communistes» français de faire pression sur eux, ce qu'ils ont effectivement fait ; et l'on a même vu parfois jaillir au grand jour quelques «flammèches» de la polémique.

Le groupe traître de Khrouchtchev, qui avait agi en sous main au sein du Parti communiste de l'Union soviétique, conscient que sa trahison finirait bien par être décelée, démasquée et combattue, ne s'en est pas moins montré assez naïf. Les révisionnistes khrouchtchéviens, surtout au début, s'imaginaient que tout marcherait pour eux «comme dans du beurre», et qu'ils n'auraient pas à se heurter à de fortes oppositions ; très confiants dans leur démagogie, ils s'imaginaient que le prestige du Parti communiste de l'Union soviétique couvrirait leur trahison, ils se fondaient sur le grand potentiel économique de l'Union soviétique, sur l'idée que les autres pays dépendaient des crédits économiques soviétiques et des alliances militaires avec eux. Les dirigeants soviétiques, Khrouchtchev en tête, croyaient également que leurs «partenaires», les divers impérialistes et en premier lieu les Américains, se seraient empressés d'aller au-devant de leurs «propositions pacifiques» pour «arranger le monde».

Mais les révisionnistes modernes n'ont pu réaliser à leur guise ces desseins ni d'autres du même genre. La lutte de principe du Parti du Travail d'Albanie, ainsi que celle de tous les marxistes-léninistes et de tous les hommes de progrès dans le monde, leur ont dressé de sérieux obstacles. Et ces obstacles se multiplient et ne cesseront de se multiplier.

Les révisionnistes modernes, khrouchtchéviens en tête, se sont engagés à fond dans la voie de la trahison et ils seront conduits à y pousser toujours plus avant. » (Enver Hoxha, Le « Testament de P. Togliatti, la crise du révisionnisme moderne et la lutte des marxistes-léninistes (13 novembre 1964), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.321-322.)

 

« Khrouchtchev a été renversé. Cet événement fut une victoire pour le marxisme-léninisme, du fait même que c'était une grande défaite pour les révisionnistes. En toute modestie, nous devons reconnaître qu'un grand mérite pour cette victoire revient à nos partis et aux autres partis qui se tiennent sur des positions saines, qui ont mené et qui mènent toujours une juste lutte de principe, inébranlable» acharnée, contre les traîtres au marxisme-léninisme.

Mais qui sont ceux qui ont succédé à Khrouchtchev ? Ce sont les mêmes, les protagonistes de la préparation et de l'accomplissement de la contre-révolution en Union soviétique, ceux qui ont élaboré et mis en œuvre la ligne révisionniste, qui ont attaqué furieusement le marxisme-léninisme dans l'idéologie, la politique, l'organisation, l'économie, la culture et l'art, etc., ceux qui ont attaqué et combattu nos partis marxistes-léninistes, ceux qui se sont liés à l'impérialisme américain et à la bourgeoisie mondiale et qui œuvrent de toutes leurs forces et par tous les moyens pour cimenter cette alliance contre le communisme, le socialisme et les peuples du monde.

Comment un communiste peut-il penser, ne fût-ce qu'un instant, qu'avec la chute de Khrouchtchev, quelque chose ait changé en Union soviétique, comment peut-on fonder quelque espoir sur ces renégats ? Les nouveaux chefs du Kremlin sont plus malfaisants que Khrouchtchev, encore plus roués que lui, et ils le prouvent par leurs agissements. Aussi faut-il continuer de les combattre jusqu'au bout et plus âprement que jamais.

Non seulement nous ne partageons pas l'opinion de certains qui trouvent l'actuelle direction révisionniste de l'Union soviétique «un peu plus positive», et pensent qu'«il faut faire un effort et ne pas se montrer si rigides envers eux», et d'autres sornettes de ce genre, mais nous ne trouvons pas fondés non plus les points de vue de certains autres qui, tout en prétendant s'en tenir à des positions marxistes-léninistes, font des «raisonnements» de ce genre : «Du moment que les révisionnistes soviétiques ne nous ont pas attaqués nommément, nous ne nous en prenons pas nommément à eux. Que les partis qui ont été attaqués nommément par les révisionnistes soviétiques, ripostent, eux, aux khrouchtchéviens et les attaquent nommément». Ou encore cet autre jugement : «Nous nous instruisons de la lutte de vos partis contre le révisionnisme». C'est une bonne chose et nous les remercions de leur sympathie pour nos partis. S'instruire à l'exemple des autres est une chose, mais s'instruire de la lutte même que doit mener son parti, en est une autre. Les deux doivent être liées, coordonnées.

Les révisionnistes, dans l'impossibilité de faire cesser la polémique, s'estiment très satisfaits si l'on ne parle de révisionnisme moderne qu'en principe, sans les citer. Si l'on se borne à cela, ils sont prêts à vous accorder des crédits et des aides. Mais fermer les yeux devant cette grande trahison, comme certains le font pour quelques aides économiques, cela n'a rien de marxiste. » (Enver Hoxha, Le révisionnisme moderne, danger pour le mouvement communiste et ouvrier international et son principal ennemi (6 octobre 1965), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p.374.)

 

« La bourgeoisie et, bien entendu, les révisionnistes modernes parlent beaucoup des prétendues libertés démocratiques et comptent beaucoup sur elles. En fait, juste pour la forme, dans chaque Etat bourgeois dit démocratique, il existe quelques «libertés» démocratiques relatives. Nous disons relatives, parce qu'elles ne dépassent jamais la limite de la conception bourgeoise de la «liberté» et de la «démocratie», parce qu'elles s'étendent juste assez pour ne pas toucher aux intérêts vitaux de la bourgeoisie au pouvoir.

Bien entendu, la classe ouvrière et les hommes progressistes tirent parti de ces conditions pour s'organiser, pour propager leurs conceptions et leur idéologie, pour préparer le renversement des classes exploiteuses et la prise du pouvoir.

Après la Seconde Guerre mondiale, dans beaucoup de pays capitalistes d'Europe, par suite de la victoire sur le fascisme et du rôle joué par les partis communistes dans la guerre antifasciste, certains de ces partis sont allés jusqu'à participer au gouvernement (par exemple, en France, en Italie, en Finlande et ailleurs), à obtenir un grand nombre de députés au Parlement, des postes importants dans l'appareil d'Etat, et jusque dans l'armée.

De même, au cours de ces quinze dernières années, à diverses périodes, des conditions favorables au parti de la classe ouvrière et aux forces progressistes se sont aussi créées dans quelques pays du Moyen-Orient, comme en Iran et en Irak, dans plusieurs pays d'Amérique latine, comme au Guatemala, au Brésil, en Équateur, au Vénézuela et ailleurs. En Asie, une situation assez favorable se créa en Indonésie. Le Parti communiste indonésien grandit rapidement, il faisait partie du gouvernement, il exerçait une grande influence sur la politique intérieure et extérieure du pays.

Mais, même dans les conditions des «libertés démocratiques», une âpre lutte de classes, une lutte à mort, se poursuit entre la révolution et la réaction, entre le prolétariat et la bourgeoisie. Si le prolétariat et son parti œuvrent pour renforcer leurs positions, la réaction et la bourgeoisie, de leur côté, ne dorment pas. Au contraire, se servant de l'appareil d'Etat bourgeois, de la police et des forces armées, pratiquant la corruption et la diversion, et entretenant l'opportunisme et les illusions réformistes et pacifistes au sein de la classe ouvrière, elles se préparent sérieusement pour renforcer leurs positions et défaire les forces révolutionnaires.

Le cours des événements après la Seconde Guerre mondiale témoigne que, dans le cadre des «libertés démocratiques», la bourgeoisie a agi énergiquement et par différents moyens pour liquider le mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière.

Lorsque la bourgeoisie et la réaction eurent consolidé leurs positions, elles exclurent les communistes du gouvernement, des postes importants de l'appareil d'Etat et de l'armée, comme ce fut le cas en Italie, en France et en Finlande. En Angleterre, en Autriche et ailleurs on n'a pas même toléré la présence des communistes au parlement, tandis qu'en Grèce on les a jetés en prison ou combattus par les armes.

Lorsque la bourgeoisie et la réaction constatent que leur pouvoir est menacé du fait de la force et du prestige accrus du parti communiste et du mouvement révolutionnaire des masses, elles jouent leur dernière carte : elles mettent en action les forces armées, organisent des pogroms pour briser et liquider le mouvement révolutionnaire et les partis communistes, comme elles l'ont fait en Iran et en Irak, et, récemment, lors des événements tragiques d'Indonésie. Dans ces cas-là, la réaction et la bourgeoisie du pays concerné ont aussi directement utilisé l'aide de la réaction mondiale et même le soutien de ses forces armées, comme on l'a vu à Saint-Domingue et ailleurs.

Quelles conclusions tirer de cette expérience historique ?

Premièrement, les prétendues «libertés bourgeoises» et «libertés démocratiques» dans les pays capitalistes ne sont pas de nature à permettre aux partis communistes et aux groupes révolutionnaires d'atteindre leurs buts. Non. La bourgeoisie et la réaction ne permettent l'activité des révolutionnaires que dans la mesure où celle-ci ne met pas en péril le pouvoir de classe de la bourgeoisie. Lorsque ce pouvoir est mis en danger, ou lorsque la réaction trouve le moment propice, elle étouffe les libertés démocratiques et recourt à n'importe quel moyen, sans aucun scrupule moral et politique, pour détruire les forces révolutionnaires. Dans tous les pays où l'on permet aux partis communistes de militer ouvertement, la bourgeoisie et la réaction mettent à profit cette situation pour connaître toute l'activité, les hommes, les méthodes de travail et de lutte des partis marxistes-léninistes et des révolutionnaires. Il s'ensuit que les communistes et leurs partis marxistes-léninistes véritables commettraient une erreur fatale s'ils se fiaient aux «libertés» bourgeoises qui leur sont concédées en raison des conjonctures, s'ils affichaient tout ouvertement et s'ils ne gardaient pas le secret de leur organisation et de leurs plans. Les communistes doivent profiter des conditions de l'activité légale, l'utiliser même pour mener un vaste travail de propagande et d'organisation, mais, en même temps, se préparer pour le travail dans la clandestinité.

Deuxièmement, les thèses opportunistes sur «la voie pacifique» de la prise du pouvoir sont un leurre et représentent un grand danger pour le mouvement révolutionnaire. A première vue, le Parti communiste Indonésien semblait pouvoir atteindre plus facilement son but par cette voie. Néanmoins, les communistes indonésiens avaient déclaré plus d'une fois qu'ils ne se faisaient pas d'illusions sur la voie pacifique. Dans les salutations qu'elle a adressées au Congrès du Parti communiste de Nouvelle-Zélande, la délégation du Comité central du Parti communiste indonésien a indiqué que «les événements d'Indonésie ont confirmé une fois de plus qu'il n'y a aucune classe dominante... ni force réactionnaire qui permette aux forces révolutionnaires de remporter la victoire par «la voie pacifique»». Les communistes tirent des événements tragiques d'Indonésie l'enseignement qu'il ne suffit pas seulement de rejeter les illusions opportunistes sur la «voie pacifique», ni de reconnaître que la seule voie pour la prise du pouvoir est la voie révolutionnaire de la lutte armée. Le parti du prolétariat, les marxistes-léninistes et chaque révolutionnaire doivent prendre des mesures efficaces pour préparer la révolution, à commencer par l'éducation des communistes et des masses dans un esprit militant révolutionnaire jusqu'à la préparation concrète pour faire face à la violence contre-révolutionnaire de la réaction par la lutte armée révolutionnaire des masses populaires.

Troisièmement, indépendamment des conditions et des positions favorables dont il peut bénéficier à un moment donné, le parti de la classe ouvrière ne doit pas relâcher un seul instant sa vigilance révolutionnaire, surestimer ses propres forces et celles de ses alliés, ni sous-estimer la force de l'adversaire, de la bourgeoisie et de la réaction. Le Parti communiste indonésien jouissait d'une grande influence dans le pays, mais il semble avoir surestimé en particulier la puissance politique de Sukarno et de la portion de la bourgeoisie qui le soutenait, et lui avoir trop fait confiance. En même temps, il semble avoir sous-estimé la force de la réaction, surtout celle de la réaction dans l'armée. Apparemment, les camarades indonésiens pensaient qu'avoir Sukarno avec soi c'était avoir les clés de l'Indonésie, sans analyser soigneusement en quoi consistait sa force et à quel point cette force était réelle, particulièrement parmi le peuple. Les récents événements d'Indonésie ont clairement montré que le prestige et l'autorité de Sukarno ne reposaient pas sur une solide base sociale, économique et politique. Les généraux réactionnaires ont réussi à neutraliser Sukarno et même, pour autant qu'il leur convient, à l'utiliser pour leurs desseins contre-révolutionnaires.

Quatrièmement, le parti marxiste-léniniste et tout révolutionnaire véritable doivent suivre avec conséquence et fermeté une ligne révolutionnaire et lutter courageusement contre l'opportunisme et sa manifestation la plus odieuse, le révisionnisme moderne, aussi bien khrouchtchévien que titiste. Les opportunistes et les révisionnistes modernes ont choisi comme étendard la lutte pour «les libertés bourgeoises». Ils ont renoncé à la révolution et ils prônent «la voie pacifique» comme la seule voie pour la prise du pouvoir. Précisément la ligne opportuniste et révisionniste, l'influence des révisionnistes khrouchtchéviens et autres, ont eu pour effet de transformer beaucoup de partis communistes, qui représentaient naguère une grande force révolutionnaire, en partis des réformes sociales, en appendices et auxiliaires de la bourgeoisie réactionnaire. Cela a été le cas des partis communistes d'Italie, de France, de Finlande, d'Angleterre, d'Autriche et autres. L'opportunisme et la poursuite de la ligne opportuniste du XXe Congrès des khrouchtchéviens ont conduit le Parti communiste d'Irak, le Parti communiste du Brésil, le Parti communiste d'Algérie et d'autres encore, à la catastrophe et à la liquidation. Le Parti communiste indonésien s'oppose au révisionnisme moderne. Les récents événements d'Indonésie et le rôle de sape que les révisionnistes khrouchtchéviens y ont joué, montrent qu'un vrai parti révolutionnaire, fidèle au marxisme-léninisme, fermement décidé à porter courageusement en avant la révolution, doit adopter une attitude bien nette vis-à-vis de l'opportunisme, vis-à-vis du révisionnisme khrouchtchévien et titiste. Il ne suffit pas de se solidariser avec la lutte des marxistes-léninistes contre le révisionnisme, il faut encore que le parti lutte d'une manière intransigeante et ouverte contre la trahison des révisionnistes, parce que c'est seulement ainsi que les communistes peuvent s'éduquer dans un esprit révolutionnaire et que le parti peut être préservé de tout danger de révisionnisme. Sans lutter avec courage et esprit de suite contre l'opportunisme et le révisionnisme khrouchtchévien, on ne peut combattre l'impérialisme, on ne peut combattre la réaction, on ne peut faire avancer la cause de la révolution et du socialisme. » (Enver Hoxha, Le putsch fasciste en Indonésie et les enseignements qu'en tirent les communistes (11 mai 1966), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome IV, p.15-17.)

 

« Les jugements que nous émettrons plus loin sont fondés sur des faits qui sont entièrement à votre connaissance, depuis les rapports que notre Parti a entretenus avec le Parti communiste chinois pendant plusieurs années de suite jusqu'aux points de vue du Parti communiste chinois sur les grands problèmes internationaux et sur ceux du communisme international, en passant par l'échange d'idées par lettres et par le truchement de délégations, et l'échange d'expérience par la voie des rapports de parti et d'Etat, etc. De même, vous êtes au courant du déroulement de la Révolution culturelle prolétarienne chinoise à travers notre presse et, plus en détail, à travers les volumineux matériaux de l'ATA qui vous sont envoyés chaque jour ; c'est pourquoi je n'en ferai pas l'historique, je vous rappellerai brièvement quelques aspects que j'estime présenter une importance particulière.

1) Les camarades chinois, à leur congrès tenu il y a dix ans, loin d'être persuadés de la trahison de Tito, déclaraient Staline coupable et innocentaient Tito. Nous disposons de faits à propos de cette attitude de leur part, car ils en ont fait le sujet d'entretiens avec nous.

Par la suite, comme vous le savez, ils rectifièrent cette position, mais n'en persistèrent pas moins à sous-estimer le danger titiste face au grand danger du khrouchtchévisme.

2) Les camarades chinois n'ont pas évalué à sa juste mesure ni à sa juste nature le danger que présentaient les khrouchtchéviens. Ils n'ont pas accepté ouvertement les accusations et les calomnies khrouchtchéviennes contre Staline, mais dans leur for intérieur ils ont souscrit à une bonne partie d'entre elles, et les prétendues erreurs de Staline envers la Chine les ont confirmées dans leurs jugements sur lui depuis l'époque du Komintern et par la suite. Ces «erreurs», Chou En-laï lors de sa dernière visite, nous les a développées expressément cour nous «convaincre», mais il n'y est pas parvenu. Même si l'on admet un moment les dires de Chou à propos de Staline, ce ne sont pas là, à notre avis, des fautes ni des erreurs de principes. Ce sont pour la plupart des attitudes tactiques prises dans diverses situations politiques et militaires et, à défaut de documents et sans pouvoir les confronter avec les faits, s'agissant surtout d'événements de longue date, nous jugeons, en ce qui nous concerne du moins, qu'on peut très facilement en faire une interprétation unilatérale.

Par la suite, les camarades chinois s'aperçurent du danger que présentaient les khrouchtchéviens, mais ils adoptèrent une tactique mesurée surtout au début. Même lors du XXIIe Congrès du PCUS, et après celui-ci, quand nous fûmes attaqués ouvertement par les révisionnistes et que ceux-ci dirigeaient leur feu seulement sur notre Parti, le Parti communiste chinois s'efforça d'éteindre la polémique.

Malgré tout, les camarades chinois, au lendemain de la chute de Khrouchtchev, furent quelque peu ébranlés, ils caressèrent certaines illusions et se livrèrent à certains actes injustifiés. Vous connaissez l'épisode de Chou En-laï avec l'ambassadeur albanais et l'attitude de notre Parti. [Les dirigeants chinois qualifièrent la chute de Khrouchtchev de «changement radical», ils saluèrent ce changement dans un télégramme adressé à la nouvelle direction révisionniste soviétique et décidèrent d'envoyer à Moscou une délégation de leur parti et de leur gouvernement pour participer aux festivités du 7 Novembre. Ils tentèrent, par le biais de Chou En-laï, d'imposer cette attitude au PTA également qui demanda à l'ambassadeur de la RP d'Albanie à Pékin d'informer Tirana qu'«il avait proposé aux Soviétiques d'inviter aussi l'Albanie aux festivités du 7 Novembre», insistant pour que les «camarades albanais» y envoient une délégation de leur parti et de leur gouvernement. Le PTA rejeta cette proposition dans une lettre expresse adressée au CC du PCC. «Nous estimons, y disait-il, qu'il ne nous est pas permis... dans ces conditions, alors que le gouvernement soviétique a rompu de sa propre initiative ses relations diplomatiques avec nous et s'est livré à notre encontre à des agissements antimarxistes extrêmes, d'ignorer ces choses-là pour le seul fait que la personne de Khrouchtchev a été écartée». Chou En-laï se rendit à Moscou dans l'intention de s'unir aux nouveaux dirigeants soviétiques, mais il y essuya un honteux échec (Voir Enver Hoxha, «Réflexions sur la Chine», éd. fr.. t. 1. pp. 132-143, 187-190. Tirana, 1979).]

Une autre attitude erronée des Chinois qui n'a pas été sans conséquences, surtout dans certains partis, comme ceux de Corée et du Japon, fut la proposition de «créer un front anti-impérialiste avec les révisionnistes». Nous rejetâmes énergiquement et fermement cette proposition et les camarades chinois opérèrent un retrait. Cette idée a maintenant été reprise comme un drapeau par les Coréens et les Japonais. Vous avez pris connaissance de tout cela dans le document que vous venez de lire.

3) Comme vous le savez, nous avons eu avec les camarades chinois une controverse de principes non pas tant sur la lutte de classes, que «sur l'existence de la classe féodalo-bourgeoise en tant que classe, en tant qu'entité qui nous combat, et même depuis des positions de pouvoir, en un temps où le pouvoir dans nos pays est la dictature du prolétariat». Nous connaissons bien notre thèse et nous la fondons sur la lutte, sur les faits, sur l'analyse marxiste-léniniste.

Les camarades chinois ont prétendu le contraire. Comme vous le savez, nous leur avons dit qu'il peut en être ainsi chez eux, mais non pas chez nous, car la lutte de classe chez nous a été entreprise avec esprit de suite dès l'époque de la Lutte de libération nationale, elle a été poursuivie après la guerre et elle continuera contre les débris de la classe féodalo-bourgeoise, etc. Il n'y a pas chez nous de bourgeoisie au pouvoir. Et les camarades chinois voulaient que nous adhérions à leur façon de voir, le fruit peut-être, d'une analyse de la situation en Chine, mais en vain. Devant notre analyse, ils se virent contraints de baisser le ton. Nous ne les en soupçonnons pas moins de ne pas être convaincus et de continuer de penser que «les Albanais se trompent dans leur analyse». Et voilà que dans la déclaration commune qui devait être émise avec notre délégation, qui s'est récemment rendue en Chine [En mai 1966.], ils ont fait leur dernière tentative pour nous imposer cette conclusion. Mais ils ont à nouveau échoué.

4) A notre sens, l'analyse que les camarades chinois ont faite des causes de l'avènement du révisionnisme en Union soviétique, cette question de grande importance pour le communisme international, n'est pas tout à fait objective. Ils rejettent toute la faute sur Staline. Cela est d'une particulière gravité ; et puis, si je ne me trompe, ils le font avec une certaine prévention. Notre Parti lui, voit les choses différemment. Notre analyse de ce problème important concorde par certains aspects avec celle du Comité central du Parti communiste chinois, mais en diverge et y est même opposée par certains autres. L'échange de vues, les critiques et les observations mutuelles sont des pratiques naturelles, mais elles ne sont constructives que lorsqu'elles se font dans la voie marxiste-léniniste.

Si je viens d'évoquer ces questions, ce n'est pas parce qu'elles se sont érigées en obstacles dans nos rapports avec les camarades chinois, mais afin de nous faire, à travers elles et dans la mesure du possible, une idée plus claire des derniers événements qui se déroulent en Chine, car il peut y avoir, outre ce que je viens d'évoquer, des choses que nous ignorons.

C'est seulement à travers la presse chinoise et l'agence Hsinhua, que nous avons appris et suivons le cours des événements en Chine. Le Parti communiste chinois et son Comité central n'ont, à titre amical, rien confié de particulier à notre Parti et à son Comité central. Nous pensons qu'étant si proche de notre Parti, si étroitement lié au nôtre, il aurait dû, dans un esprit internationaliste, nous mettre au courant du cours des événements, surtout de ces derniers mois. » (Enver Hoxha, Quelques premiers jugements sur la Révolution Culturelle prolétarienne chinoise (14 octobre 1966), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome IV, p.48-50.)

 

« Notre lutte pour l'assimilation des idées marxistes-léninistes, pour l'approfondissement de la révolution idéologique et culturelle ne peut être menée à bien si l'on n'y appelle pas tout le Parti, les communistes comme toutes les masses travailleuses, si l'on n'observe pas dans ce domaine également, avec courage et de manière révolutionnaire, la ligne de masse, la ligne de la profonde démocratisation socialiste. Pour l'application d'une telle ligne, il est nécessaire de livrer une lutte à outrance à la conception intellectualiste bourgeoise et réactionnaire suivant laquelle la théorie, la philosophie, la science et l'art sont difficiles et ne peuvent être compris des masses, qu'ils ne peuvent être saisis que par les cadres et l'intelligentsia, que les masses n'ont pas atteint le niveau nécessaire pour les comprendre ! Cela signifie transformer la théorie et la science en un épouvantail aux yeux des masses. Cela veut dire faire du marxisme-léninisme également un épouvantail pour les masses, car c'est aussi une théorie et une science. Nous devons déclarer une guerre sans merci à cette conception. Le marxisme-léninisme n'est pas un privilège ni le monopole d'un petit nombre de personnes, de quelques «grands cerveaux» capables de le comprendre. Il est l'idéologie scientifique de la classe ouvrière et des larges masses travailleuses, et c'est seulement quand ses idées sont assimilées par ces masses, qu'il cesse de demeurer quelque chose d'abstrait pour devenir une grande force matérielle pour la transformation révolutionnaire du monde. » (Enver Hoxha, Rapport au Ve Congrès du PTA (1er novembre 1966), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome IV, p.85.)

 

« Le système capitaliste décrète la sainteté de la propriété privée, il pratique l'exploitation de l'homme par l'homme, impose un esclavage économique et spirituel. Il a pesé sur tous, mais surtout, et de la manière la plus barbare, sur la femme. La femme a été le premier esclave, avant même que l'esclavagisme n'entre dans l'histoire de l'humanité. Sans remonter jusqu'à la préhistoire, nous trouvons un trait commun à l'époque de la civilisation grecque comme à celle de la domination romaine, au Moyen Age, comme à la Renaissance et aux Temps modernes et dans la prétendue «civilisation raffinée» bourgeoise contemporaine : la femme a toujours été la créature humaine la plus asservie et la plus opprimée. Les lois, les coutumes, la religion, le mâle la tenaient sous leur talon.

«Le premier antagonisme des classes dans l'histoire, dit Engels, coïncide avec le développement de l'antagonisme entre l'homme et la femme dans la monogamie et la première oppression de classe coïncide avec l'asservissement du sexe féminin par le sexe masculin». (K. Marx - F. Engels, Œuvres choisies, éd. alb., t. 2, p. 234, Tirana, 1975.)

«J'ai trouvé la femme plus amère que la mort» dit quelque part l'Ecclésiaste. Et saint Jean Chrysostome emploie d'autres termes : «Parmi les fauves les plus féroces, on ne peut en trouver de plus nuisible que la femme.»

Le théologue Saint Thomas d'Aquin, dont la pensée a dominé l'obscurantisme du Moyen Age, prophétisait que «le sort de la femme est de vivre sous le talon du mari». Pour compléter ces citations barbares, empruntons-en une à Napoléon : «La nature a fait des femmes nos esclaves.»

Tels étaient les jugements de l'Église et de la bourgeoisie sur la femme. Et ils n'ont pas changé.

D'innombrables écrivains et philosophes, en Europe et dans le monde, ont répandu le mythe de la supériorité masculine. Pour eux l'homme est fort. Il fait la guerre. Il est brave, donc plus intelligent, et, par conséquent, prédestiné à la domination, au pouvoir ; tandis que la femme, de par sa nature, est faible, sans défense et sans courage. Donc elle doit être dominée, obéir. Des théoriciens de la bourgeoisie, comme Nietzsche et Freud, défendent eux aussi la théorie selon laquelle le mâle est actif et la femme passive — théorie réactionnaire et antiscientifique, qui mène comme elle l'a fait, en politique, au nazisme et, sur le terrain sexuel, au sadisme.

Nos mères nos grands-mères et nos arrière-grands-mères ont subi ce lourd esclavage, tous ces mauvais traitements, qu'il s'agisse des coups ou des souffrances morales. Après la victoire de la révolution et pendant la construction du socialisme, le Parti nous assigne entre autres une grande tâche : la libération complète et définitive de la femme albanaise.

Le marxisme nous enseigne que la participation de la femme à la production et sa libération de l'exploitation capitaliste sont les deux aspects de son émancipation. Notre Parti, fidèle au marxisme-léninisme, a libéré le peuple par la lutte et la révolution. La femme a été ainsi affranchie de l'exploitation capitaliste. Et le Parti l'a fait activement participer à la production.

On peut donc dire qu'en réalisant ces deux aspects, en extirpant à la racine l'exploitation capitaliste et en développant vigoureusement la participation de la femme à la production, nous avons obtenu de grands succès dans son émancipation, cette émancipation qu'il importe d'approfondir et de pousser plus avant. La femme, force progressiste colossale, participe, en même temps qu'au travail productif, à la grande révolution dans le domaine de l'instruction, de la culture. Elle fait de considérables progrès, renverse tous les obstacles, se défait de tout préjugé, montre dans chaque domaine sa force créatrice physique et intellectuelle, sa qualité spirituelle et morale. Elle prend part, chaque jour davantage, à l'administration du pays, à la direction de l'industrie, de l'agriculture, de l'enseignement et de la culture. La directive de Lénine : «Chaque cuisinière doit apprendre à diriger l'Etat», est appliquée chaque jour et avec succès par notre Parti.

C'est pourquoi, le Parti doit profondément comprendre la question de la participation massive des femmes à la production, à la direction de l'économie et de l'Etat, la question de son instruction et de sa culture, non seulement parce que c'est un facteur économique progressiste important, mais parce qu'elle a une grande importance, idéologique, politique, culturelle et que sans le réveil de la femme, sans sa participation active et consciente, rien ne peut marcher droit et comme il faut. » (Enver Hoxha, De certains aspects du problème de la femme albanaise (15 juin 1967), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome IV, p.124-125.)

 

« Étudiants et enseignants doivent acquérir la connaissance approfondie de la philosophie marxiste-léniniste, du matérialisme dialectique et historique. C'est là un problème qu'il est important pour nous de résoudre, et c'est dans ce sens que nous devons revoir les manuels, les formes et les méthodes de travail. Les sciences, qu'elles soient biologiques, physiques, sociales, bref, tout le contenu de notre enseignement doit reposer sur de justes bases marxistes-léninistes. Revoir à fond les livres scolaires pour les débarrasser des survivances, voilà une de nos tâches les plus sérieuses. Et nous ne devons pas penser que, sans connaître les sciences, les instituteurs peuvent la mener à bien. Le choix des textes scolaires est un acte important parce qu'il met en jeu l'application de la ligne du Parti, sa politique, ses objectifs, son programme actuel, ses perspectives d'avenir. Nous ne pouvons pas concevoir la nouvelle école socialiste comme un lieu d'accueil pour toutes sortes de textes où cohabitent deux conceptions du monde : idéalisme bourgeois et marxisme-léninisme. Nous ne pouvons faire aucune concession à la philosophie idéaliste bourgeoise et à la théologie. » (Enver Hoxha, La révolutionnarisation de notre enseignement (7 mars 1968), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome IV, p.163.)

 

« Sous le système capitaliste, la crainte du chômage et de la faim oblige les ouvriers, qui sont cruellement exploités, à produire des marchandises de bonne qualité, pour que les capitalistes réalisent le maximum de bénéfices et puissent soutenir la concurrence. Sous le socialisme, les ouvriers et les paysans travaillent et produisent pour eux-mêmes, pour leur propre bonheur et celui de leurs enfants. Ici, c'est avant tout leur conscience qui les pousse à accomplir leurs tâches et à produire des biens de bonne qualité et, dans cette société, c'est l'émulation socialiste qui joue et doit jouer un rôle toujours plus important dans ce sens.

Afin d'atteindre à une toujours meilleure exécution des tâches que le Parti nous assigne pour la réalisation des plans économiques, je tiens à indiquer, fût-ce brièvement, comment nos travailleurs doivent comprendre et mettre en œuvre les grands enseignements de Lénine sur l'émulation et les compétitions socialistes.

Le système socialiste engendre de par lui-même une grande émulation parmi les travailleurs. Mais que signifie l'émulation en régime socialiste ? L'émulation socialiste est une méthode d'action autonome, d'initiative hardie et d'activité créatrice des larges masses travailleuses pour l'édification du socialisme et du communisme, pour le renforcement de leur conscience révolutionnaire.

«L'émulation socialiste, enseigne Staline, est une expression de l'autocritique révolutionnaire constructive des masses qui repose sur l'initiative créatrice de millions de travailleurs». (J. V. Staline, Œuvres, éd. alb., t. 12, p. 108.)

L'avènement de la dictature du prolétariat et l'instauration de la propriété sociale des moyens de production, l'élévation incessante de la conscience révolutionnaire, le travail pour la société, le travail pour soi, sont les facteurs essentiels qui donnent naissance à cette émulation dans toutes les sphères de l'activité sociale.

Contrairement à ce qui se passe dans la société socialiste, sous le capitalisme on voit agir une concurrence forcenée et aveugle. En quoi consiste la concurrence en régime capitaliste ? La concurrence est une lutte à mort entre capitalistes pour s'assurer le maximum de profits aux dépens du peuple travailleur. Le principe de la concurrence implique la ruine et la mort de certains, le triomphe et la domination de certains autres. Tous les participants à cette mêlée ont le poignard entre les dents, selon la loi de la jungle : «Les plus forts mangent les plus faibles». Au stade actuel de l'impérialisme, la concurrence s'est exacerbée et étendue dans des proportions inouïes entre diverses branches de l'économie, entre les monopoles nationaux et les monopoles internationaux qui s'opposent les uns aux autres, entre les monopoles et les entreprises non monopolisées, à l'intérieur des unions monopolistiques et même entre les puissances impérialistes avides de se partager les marchés et les sphères d'influence, de dépouiller les peuples et de piller les colonies et les pays dépendants. La concurrence est une loi objective et un compagnon de route inévitable du mode capitaliste de production. Elle découle de la propriété privée et de l'anarchie dans la production.

Dans la lutte concurrentielle, les capitalistes ne reculent devant aucun moyen. Ils intensifient l'oppression et l'exploitation des travailleurs, jettent sur le pavé des millions d'ouvriers ainsi condamnés au chômage, haussent les prix, frelatent les marchandises, organisent des campagnes effrénées d'une publicité abrutissante et mystificatrice, exportent, à des fins d'exploitation, des marchandises et du capital, pour ruiner d'autres pays et en soumettre l'économie, militarisent leur propre économie, se livrent à des spéculations monétaires et financières, et propagent aussi les «inventions» américaines du gangstérisme, des mariages à des fins commerciales, et du dynamitage des biens de l'adversaire, allant jusqu'aux agressions ouvertes contre les peuples. Dans cette lutte, ils utilisent tout l'appareil politique, économique, militaire et de propagande de l'Etat, qui se trouve entre leurs mains.

Cette lutte concurrentielle sauvage et impitoyable a pour effet d'accroître immensément les bénéfices déjà énormes de la bourgeoisie monopoliste, d'accentuer la pauvreté et la misère des larges masses travailleuses, que les capitalistes pressurent tous les jours davantage. Pour cacher aux masses travailleuses leurs profits et leurs opérations anti-populaires, les monopoles recourent à toutes sortes de stratagèmes, depuis la fixation de taux mensongèrement très élevés d'amortissement des moyens de production dans l'ensemble des frais de production, et l'application d'un prétendu «système de rémunération fondé sur la participation des ouvriers aux bénéfices», tant claironné par les laquais de la bourgeoisie, jusqu'à la falsification des écritures comptables, etc.

L'émulation socialiste, par contre, est tout à fait à l'opposé de la concurrence capitaliste.

L'émulation socialiste stimule l'initiative courageuse ; la concurrence, elle, en régime capitaliste, produit l'effet contraire chez les créateurs des valeurs matérielles, qui savent que leur initiative n'apporte de profits qu'aux patrons.

L'émulation socialiste encourage et développe la pensée créatrice des masses, la concurrence capitaliste encourage les spéculations financières.

L'émulation socialiste stimule l'audace des travailleurs, les rend libres de penser et d'agir ; la concurrence capitaliste excite le despotisme, rend l'homme poltron et servile devant ses patrons.

L'émulation socialiste mobilise et met en mouvement les larges masses d'ouvriers, elle permet l'échange libre et fécond de l'expérience de tous dans l'intérêt général, et contribue par là à l'élévation du niveau technique et professionnel de chacun, met au jour de nouveaux talents. La concurrence capitaliste, elle, se situe aux antipodes de tout cela. Elle utilise le talent à des fins de spéculation individuelle et de monopole. Elle excite les sentiments individualistes chez les masses ouvrières, et l'automatisme stéréotypé dans le travail.

L'émulation socialiste crée et trempe chez l'homme la haute conscience de travailler pour l'ensemble de la société, partant, pour lui-même aussi, alors que sous la concurrence capitaliste il a le seul sentiment de travailler pour les capitalistes.

Il ne s'agit pas ici d'exposer en détail toutes les étapes parcourues par l'émulation socialiste chez nous ni d'analyser le contenu et les formes qui l'ont caractérisée, d'une période de l'édification socialiste à la suivante. Il n'en convient pas moins de souligner qu'elle n'a cessé de se développer et qu'elle s'est emparée aujourd'hui des larges masses travailleuses. Notre peuple s'est dressé tout entier, il s'est mobilisé avec un enthousiasme et un élan révolutionnaire sans précédent, prodiguant son énergie et son talent pour réaliser et dépasser les tâches du 4e plan quinquennal. » (Enver Hoxha, Comment comprendre et résoudre correctement certains problèmes de notre économie socialiste (26 février 1969), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome IV, p.241-242.)

 

« Les discours prononcés au congrès pendant dix jours de suite rempliraient des volumes entiers et les chiffres cités sont innombrables. Mais quiconque a pu suivre attentivement les travaux du congrès, n'a pas manqué d'en remarquer le grand vide théorique, l'indigence de pensée et la médiocrité bureaucratique. Les rapports de Brejnev et de Kossyguine sont bourrés de toutes les broutilles de l'économie, qui vont des fers à repasser aux tirages des brochures en passant par le travail des retraités en faveur des services communaux et les machines à coudre. En revanche, les chefs de file soviétiques ont gardé un silence total sur les problèmes cruciaux qui préoccupent le peuple et la société soviétiques et ont eu bien soin de les esquiver. En Union soviétique actuelle, il existe un conflit patent entre l'appareil bureaucratique du parti et celui de l'Etat, d'une part, et les larges masses du peuple, de l'autre ; il y existe de profondes contradictions entre le centralisme bureaucratique au pouvoir et les revendications des masses pour la liberté et la démocratie. Mais de tout cela on n'a soufflé mot. (…)

Brejnev lui-même a été contraint, dans son rapport, d'admettre que l'économie soviétique souffre aujourd'hui de phénomènes tels que les lenteurs dans l'exécution des grands travaux, la non-exploitation des capacités productives, les retards dans l'introduction de techniques nouvelles dans la production, l'insuffisant accroissement de la productivité du travail par rapport aux possibilités réelles, la mauvaise qualité dans la confection de nombreux articles, l'organisation défectueuse de la production, etc., etc. Pour sortir de ces contradictions et difficultés, les révisionnistes khrouchtchéviens, conformément à leurs conceptions politiques et idéologiques, ont entrepris de mettre en œuvre des méthodes capitalistes d'organisation et de gestion de la production et de la répartition. Tout cela a été largement et parfaitement sanctionné par la prétendue réforme économique. Le but de celle-ci était d'adapter l'économie soviétique à la superstructure, bourgeoise révisionniste.

Mais la voie capitaliste de production pour laquelle les révisionnistes ont opté ne pouvait faire sortir l'économie soviétique du bourbier. Les plaies et les maladies propres à la société bourgeoise comme la concurrence, la grande fluctuation de la main-d'œuvre, l'apparition de disproportions entre les différentes branches de production, l'élargissement des rapports de marché jusque dans le domaine des principaux moyens de production etc., ont commencé à se manifester avec plus de force. Les réformes capitalistes ont servi de base à l'émergence d'une grande contradiction sociale entre la classe ouvrière et les masses laborieuses, d'une part, qui créent tous les biens matériels, et la nouvelle classe bourgeoise, qui s'approprie le fruit du labeur du peuple travailleur, d'autre part. La pratique des stimulants matériels et le profit, qui constituent le fondement de la réforme, approfondissent et aggravent davantage cette contradiction.

La propagande révisionniste, et aussi la propagande bourgeoise, considèrent le XXIVe congrès comme celui de la «consommation». Cela est dû aux nombreuses promesses que Brejnev et Kossyguine ont faites d'augmenter, au cours du présent quinquennat, la production des biens de consommation et les salaires de certaines catégories de travailleurs. Certes, les révisionnistes s'efforcent de faire croire que ces mesures, qui sont dictées par leur «souci» d'élever le niveau de vie du peuple, découlent de l'objectif même de la production en Union soviétique. En fait, l'objectif de la production actuelle en Union soviétique est la recherche des plus hauts profits pour la caste bureaucratique au pouvoir. En réalité, les mesures ainsi promises ne sont qu'une concession que la classe dirigeante bourgeoise, pour préserver son pouvoir, est obligée de faire chaque fois que la lutte de classes s'aggrave. De temps en temps, la bourgeoisie des pays capitalistes également est amenée à faire des concessions de ce genre pour apaiser et tromper les travailleurs, les détourner de la lutte révolutionnaire. » (Enver Hoxha, Congrès de la restauration du capitalisme, congrès du social-impérialisme (17 avril 1971), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome IV, p.285-286.)

 

« Le triomphe de la Révolution d'Octobre en Russie a inauguré une grande époque dans l'histoire de l'humanité, celle du passage du capitalisme au socialisme. Depuis lors, le socialisme s'est transformé de théorie scientifique en une réalité vivante, qui, malgré la trahison révisionniste, a démontré sa supériorité indiscutable dans tous les domaines sur le système capitaliste. Toutes les conquêtes du socialisme ont été réalisées sur la base de la théorie scientifique du marxisme-léninisme.

En tant que système social, qui s'édifie dans les conditions d'une lutte de classes acharnée entre le prolétariat et la bourgeoisie à l'échelle nationale et internationale, le socialisme ne peut pas se développer tranquillement, sans difficultés ni contradictions. La lutte entre les deux voies de développement la voie socialiste et la voie capitaliste, est une lutte longue et, tant qu'elle se poursuit, le danger de restauration du capitalisme ne cesse d'exister. Cependant, ce danger n'est pas fatal, comme tentent de le faire croire les idéologues bourgeois. Il est parfaitement évitable si le parti communiste demeure fidèle aux enseignements du marxisme-léninisme, s'il mène avec fermeté et esprit de suite la lutte de classe contre les influences et les pressions du monde ancien, s'il sait surmonter avec succès les difficultés et les contradictions qui surgissent, s'il ferme tous les accès à la possibilité de dégénérescence bourgeoise.

Le retour en arrière de l'Union soviétique et de quelques autres pays est dû précisément au fait que l'on y a abandonné les enseignements du marxisme-léninisme et renoncé aux principes fondamentaux de l'édification socialiste. On y a sapé les victoires de la révolution et ouvert la voie à la restauration du capitalisme. Mais ce n'est pas le seul grand mal que les révisionnistes ont causé au socialisme. Pour frayer la voie à leur trahison, ils ont attaqué violemment la ligne révolutionnaire suivie par le Parti communiste bolchevik ayant à sa tête Staline et toute l'expérience historique de la dictature du prolétariat, ils ont mis en cause la vitalité de la science marxiste-léniniste pour la solution des problèmes de l'heure, la capacité de la classe ouvrière de transformer de manière révolutionnaire la société, ainsi que le rôle dirigeant du parti communiste. Les révisionnistes khrouchtchéviens ont fourni ainsi de puissantes armes aux idéologues bourgeois pour leur propagande anti-communiste. Ils sont devenus un foyer de diffusion de toutes sortes de conceptions anti-marxistes sur le socialisme.

La confusion s'accroît encore davantage du fait que les révisionnistes khrouchtchéviens s'efforcent de faire passer la restauration du capitalisme en Union soviétique et ailleurs pour du socialisme. Cette démagogie désoriente aussi nombre d'hommes honnêtes qui, en critiquant à juste titre de nombreux phénomènes négatifs de la vie en Union soviétique et dans les autres pays révisionnistes, identifient le système social de ceux-ci avec le socialisme et attribuent les conséquences de la restauration du capitalisme au socialisme. Les autres courants révisionnistes qui ont des dissensions avec la direction soviétique, critiquent le «modèle soviétique du socialisme», le taxant de bureaucratique et totalitaire, et préconisent dans leur propagande leur propre modèle «démocratique et humanitaire», qui n'est autre qu'une nouvelle variante du capitalisme. A leur tour, les éléments et les groupes trotskistes s'efforcent de mettre à profit la dégénérescence bourgeoise du socialisme dans les pays où les révisionnistes sont au pouvoir pour répandre contre le socialisme leurs calomnies, que les révisionnistes eux-mêmes ont encouragées par leurs théories et pratiques anti-marxistes. » (Enver Hoxha, Rapport au VIe Congrès du PTA (1er novembre 1971), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome IV, p.339-340.)

 

« Les forces révolutionnaires et progressistes au Chili, ont, pour le moment, essuyé un échec. Cela est grave, mais temporaire. On peut renverser un gouvernement constitutionnel, on peut tuer les gens par milliers et créer des dizaines de camps de concentration, mais on ne peut ni tuer ni emprisonner l'esprit de liberté, l'esprit de révolte du peuple. Le peuple résiste, ce qui prouve que les masses travailleuses ne se résignent pas à la défaite, qu'elles entendent tirer des conclusions de cet échec et aller de l'avant dans la voie révolutionnaire. La lutte de libération contre la réaction et l'impérialisme a ses détours, ses hauts et ses bas. Nul doute que le peuple chilien, qui a fait preuve en tant d'occasions d'un patriotisme élevé, qui est si attaché à la liberté et à la justice, qui hait à un si haut point l'impérialisme et la réaction, saura mobiliser ses forces, se battre à couteaux tirés contre l'ennemi et remporter la victoire finale.

Mais ce qui, pour les Chiliens, est un grand malheur, mais un malheur provisoire, constitue, pour les révisionnistes, une défaite sur toute la ligne, un retentissant échec de leurs théories opportunistes. Les révisionnistes, depuis ceux de Moscou jusqu'aux italiens, français et autres, citaient l'«expérience chilienne» comme un exemple concret de leurs «nouvelles théories» sur «la voie pacifique de la révolution», sur le passage au socialisme sous la direction de plusieurs partis, sur l'adoucissement de la nature de l'impérialisme, sur l'extinction de la lutte de classes dans les conditions de la coexistence pacifique, etc. La presse révisionniste spéculait beaucoup sur «la voie chilienne», comme une illustration des thèses opportunistes du XXe Congrès du PCUS et des programmes réformistes et utopistes du type togliattien.

Dans l'«expérience chilienne» les révisionnistes voyaient aussi bien une démonstration de leurs «théories» sur «la voie parlementaire» que l'exemple «classique» de l'édification du socialisme sous la direction d'une coalition de partis marxistes et bourgeois. Ils s'attendaient à voir prouver qu'on pouvait passer au socialisme par des élections parlementaires et sans révolution, qu'on pouvait édifier le socialisme non seulement sans briser l'ancien appareil d'Etat bourgeois, mais encore avec l'aide de celui-ci, non seulement sans instaurer un pouvoir révolutionnaire populaire, mais même en le niant.

Les théories des révisionnistes soviétiques en premier lieu, et aussi des révisionnistes italiens, français et de leurs tenants, sur «la coexistence pacifique» et «la voie pacifique parlementaire», sont responsables dans une grande mesure de la propagation d'illusions pacifiques et d'attitudes opportunistes envers la bourgeoisie, et de l'abandon de la lutte révolutionnaire.

Dans tous les documents-programmes des partis révisionnistes d'Occident, adoptés après le XXe Congrès du PCUS, la primauté absolue est accordée à «la voie parlementaire» du passage du capitalisme au socialisme. La voie non pacifique est complètement exclue. De ce fait, pratiquement, ces partis ont définitivement renoncé à la lutte révolutionnaire et ils s'appliquent à faire mettre en œuvre des réformes anodines d'un caractère économique ou administratif restreint. Ces partis se sont transformés en partis de l'opposition bourgeoise et ils se sont portés candidats pour assurer la gestion des richesses de la bourgeoisie comme l'ont fait jusqu'à présent les anciens partis sociaux-démocrates.

Le Parti communiste du Chili, une des forces motrices du gouvernement d'Allende, était un chaud partisan des thèses khrouchtchéviennes sur «le passage pacifique» aussi bien dans la théorie que dans la pratique. Suivant à la baguette les instructions de Moscou, il prétendait que la bourgeoisie nationale aussi bien que l'impérialisme sont devenus plus modérés, tolérants, raisonnables, et que, dans les nouvelles conditions de classe créées soi-disant par l'évolution mondiale actuelle, ils ne sont plus en mesure de passer à la contre-révolution.

Or, comme le cas du Chili l'a démontré une fois encore, ces théories, et d'autres qui s'y apparentent, ont pour effet dé rendre les masses travailleuses indécises, de les désorienter, d'affaiblir leur esprit révolutionnaire, de les démobiliser face aux menaces de la bourgeoisie, de paralyser leur capacité d'entreprendre des actions révolutionnaires décisives contre les plans et les actions contre-révolutionnaires de la bourgeoisie. » (Enver Hoxha, Les évènements tragiques du Chili, leçons pour tous les révolutionnaires du monde (2 octobre 1973), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome IV, p.379.)

 

« A leurs fins contre-révolutionnaires, la bourgeoisie et son pouvoir utilisent aussi les syndicats dans lesquels ils ont encadré le prolétariat et les travailleurs de la plupart des pays bourgeois. Ces organisations sont prétendument démocratiques, elles sont soi-disant indépendantes du patronat et des divers partis «démocratiques», «socialistes» et autres. En réalité, ces prétendus syndicats, manipulés ouvertement par les partis bourgeois et qui sont dirigés par l'aristocratie ouvrière, luttent de toutes les manières et par fous les moyens pour désorienter les travailleurs, pour saboter leur lutte révolutionnaire. Même les lois qui concernent l'activité et la lutte des ouvriers pour leurs revendications économiques, sociales, etc., sont connus et dosées par le grand capital de manière que chaque action soit menée dans le cadre toléré par la bourgeoisie, que rien ne vienne léser les intérêts de celle-ci, ni en particulier ne menace les fondements du pouvoir capitaliste. Quant il s'avère impossible de faire face aux révoltes des ouvriers et du peuple sous des formes pseudo-démocratiques ou par le verbiage parlementaire, alors l'Etat bourgeois intervient, par ses lois, par la violence, par la trique. C'est ce qui se produit actuellement dans la plupart des pays, où la crise a exacerbé les contradictions entre le travail et le capital, et où la révolte des travailleurs devant la situation créée gagne toujours en force.

Dans ces circonstances, le danger du fascisme devient toujours plus menaçant. On sait que lorsque le capital s'engage dans une impasse et s'expose aux coups puissants de la classe ouvrière, il est contraint ou bien de faire faillite ou bien d'établir la dictature fasciste et de marcher vers la guerre. Ce danger du fascisme est évident en Espagne, en Italie et dans nombre d'autres pays. Si, aux dernières élections italiennes, le parti fasciste, baptisé Mouvement Social Italien, a perdu des voix, ce n'est pas pour lui une défaite, car il a envoyé de ses forces de choc grossir les rangs du Parti démocrate-chrétien. » (Enver Hoxha, Rapport au VIIe Congrès du PTA (1er novembre 1976), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome IV, p.46-47.)

 

« Le monde capitaliste est plongé dans une grande crise. Contraints par la réalité, les avocats de l'ordre bourgeois, les économistes et les sociologues de la bourgeoisie constatent que les thèses de Marx et de Lénine sur le capitalisme et l'impérialisme ne sont pas périmées, que dans la société capitaliste actuelle s'observe, conformément à leurs prévisions, un processus de putréfaction, mais pour sortir de cette crise ces défenseurs de l'ancien ordre soulèvent à grand bruit la question de la «lutte contre le terrorisme» ; la nécessité d'enrayer les révoltes et la révolution des masses travailleuses contre l'ordre capitaliste ou la lutte contre les «troubles» comme ils appellent ces mouvements. Faute de quoi, avouent avec tristesse ces sociologues et économistes de la bourgeoisie, le capitalisme ne peut sortir de la crise ni «stabiliser» son système.

Les pays capitalistes et révisionnistes, où, prétend-on, l'homme jouit des libertés démocratiques et de tous les autres «bienfaits», bouillonnent des protestations des masses. Si vraiment là-bas les masses, comme on le dit, jouissent de la liberté et de tous les biens matériels, alors pourquoi des millions de gens descendent-ils constamment dans la rue et se heurtent-ils à la police de la bourgeoisie ? Il est clair que si les masses protestent, c'est parce que leurs conditions de vie ne sont pas satisfaisantes, parce qu'elles souffrent économiquement, politiquement et sous maints autres aspects, et, de ce fait, elles cherchent à renverser l'Etat hostile à la véritable démocratie.

L'Etat bourgeois de la période de la domination du capitalisme monopoliste d'Etat cherche à donner l'impression que dans ces pays c'est le parlement, où sont représentés les divers partis, leurs députés élus soi-disant au suffrage universel qui légifèrent. Mais il est notoire que le système électoral et les nombreuses restrictions fixées par la loi font que la majorité au parlement est toujours détenue par les partis politiques qui sont les plus puissants piliers du capital. Le jeu parlementaire dans ces pays est une mascarade, un moyen qui sert au pouvoir de la bourgeoisie à donner l'impression mensongère qu'il y règne la «démocratie» et à faire passer la fausse démocratie pour la vraie. Les organes suprêmes du pouvoir d'Etat et de l'administration capitaliste et révisionniste comprennent des «délégués» de ce pouvoir non sanctionné par la loi, qui se tient formellement en dehors du gouvernement, mais qui gouverne effectivement. C'est le pouvoir des grands capitalistes, qui, usant de la force de l'argent, ont porté au gouvernement ou au parlement leurs factotums aptes à défendre leurs intérêts contre les éléments «turbulents», contre ceux qui lèvent la tête et qui cherchent à conquérir les droits dont ils ont été dépouillés par les capitalistes. Les défenseurs du capitalisme et du révisionnisme ont qualifié toutes ces manigances de «démocratie véritable».

Lénine a indiqué que dans certains cas la tribune du parlement bourgeois peut être utilisée par les révolutionnaires comme une des formes de leur action légale pour démasquer le système capitaliste. Mais il soulignait en même temps que cette action ne doit pas créer chez les communistes et les masses l'illusion que l'on peut s'emparer du pouvoir par la voie parlementaire. » (Enver Hoxha, La démocratie prolétarienne est la démocratie véritable (20 septembre 1978), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.115-116.)

 

« Qu'est-ce que cette «autogestion socialiste» a apporté à la Yougoslavie ? Tous les maux. En premier lieu l'anarchie dans la production. Dans ce pays rien n'est stable, chaque entreprise jette ses produits sur le marché, il s'y développe une concurrence capitaliste, en l'absence de toute action coordonnée et du fait que ce n'est pas l'économie socialiste qui guide la production. Chaque entreprise elle-même lutte, en concurrence avec les autres, pour s'assurer des matières premières, des marchés, une clientèle et tout le reste. Beaucoup d'entreprises ferment en raison du manque de matières premières, des grands déficits que crée ce développement chaotique capitaliste, de l'accroissement des stocks provoqué par le manque de pouvoir d'achat et la saturation du marché en marchandises qui ne sont plus demandées. La situation des services artisanaux en Yougoslavie apparaît aussi très grave. Tito, se référant à cette question devant l'actif dirigeant de Slovénie, ne peut cacher le fait que «aujourd'hui, souvent les gens doivent transpirer pour trouver par exemple un menuisier ou un autre artisan pour une réparation quelconque, et, quand ils le trouvent, celui-ci leur demande un prix qui leur fait hérisser les cheveux sur la tête».

Indépendamment du fait que, comme nous l'avons déjà indiqué, les produits qui sortent de certains combinats modernes sont de bonne qualité, la Yougoslavie voit se créer une situation difficile par suite du manque de débouchés à ces produits; ce qui est à l'origine du déficit de sa balance commerciale. Rien que dans les 5 premiers mois de cette année, ce déficit a été de 2 milliards de dollars. Au XIe Congrès de la Ligue des «communistes» de Yougoslavie, Tito a déclaré que «le déficit sur le marché occidental est devenu quasi intolérable». Près de 3 mois après ce congrès, il a de nouveau déclaré en Slovénie : «Nous avons en particulier de grandes difficultés dans nos échanges commerciaux avec les pays du Marché commun européen. Ici le décalage en notre défaveur est considérable et va sans cesse croissant. Il nous faut donc en discuter sérieusement avec eux. Beaucoup nous promettent que ces choses s'arrangeront, qu'ils augmenteront leurs importations de Yougoslavie, mais de tous ces rapports nous n'avons tiré jusqu'à ce jour que peu d'avantages. Chacun rejette la faute sur l'autre». Et le déficit dans les échanges commerciaux avec l'extérieur, que Tito n'évoque pas dans ce discours, a dépassé en 1977 les quatre milliards de dollars. C'est là une catastrophe pour la Yougoslavie. Tout le pays se trouve dans une crise continue et les larges masses travailleuses vivent dans la pauvreté.

Un grand nombre d'ouvriers yougoslaves sont au chômage, ils sont jetés sur le pavé ou émigrent à l'étranger. Cette émigration économique, phénomène capitaliste, Tito non seulement l'a reconnu, mais il a recommandé de l'encourager. Dans un pays socialiste il ne peut exister de chômage, et l'exemple le plus éclatant en est l'Albanie. Cependant, dans les pays capitalistes, dont fait partie, s'entend, la Yougoslavie, le chômage existe et se crée de tous les côtés. En Yougoslavie il y a plus d'un million de sans travail et plus de 1,3 million d'émigrants économiques qui vendent leur force de travail en Allemagne fédérale, en Belgique, en France, etc., la fortune privée de personnes occupant de hautes fonctions soit au pouvoir, soit dans des entreprises et institutions y augmente rapidement, les prix des marchandises de consommation courante montent de jour en jour, et les faillites d'entreprises et de leurs filiales se comptent par milliers. » (Enver Hoxha, L'«autogestion» yougoslave, théorie et pratique capitalistes (1978), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.135-136.)

 

« A l'heure actuelle, dans le monde capitaliste et révisionniste la concentration et la centralisation de la production et du capital ont été portées au niveau inter-étatique. C'est cette tendance qu'encouragent et mettent en œuvre pratiquement le Marché commun européen, le Comecon et autres, qui représentent l'union de monopoles des diverses puissances impérialistes.

Lénine, en son temps, analysant les formes des monopoles internationaux, traitait des cartels et des syndicats financiers. Dans les conditions actuelles, alors que la concentration de la production et du capital a pris de très grandes proportions, la bourgeoisie monopoliste a conçu de nouvelles formes d'exploitation des travailleurs. Telles sont les sociétés multinationales.

En apparence, ces sociétés tendent à donner l'impression qu'elles sont la propriété commune de capitalistes de plusieurs pays. En fait, les sociétés multinationales, par le capital dont elles disposent comme par le contrôle qu'elles exercent, appartiennent principalement à un pays, mais elles déploient leur activité dans plusieurs États. Elles s'agrandissent toujours plus, en absorbant de petites et grandes sociétés et firmes locales qui ne peuvent soutenir la concurrence sauvage.

Les sociétés multinationales ouvrent des filiales et étendent leurs entreprises dans les pays où la perspective du maximum de profits leur est le mieux assurée. La société américaine multinationale «Ford», par exemple, a implanté dans divers pays une vingtaine de grandes usines qui occupent 109.000 ouvriers de diverses nationalités.

Entre les sociétés multinationales et l'Etat bourgeois existent des liens étroits et une interdépendance fondés sur leur caractère de classe et d'exploitation. L'Etat capitaliste leur sert d'instrument pour réaliser leurs objectifs de domination et d'expansion, sur le plan national comme sur le plan international.

Certaines sociétés multinationales, prises séparément, par leur grand rôle économique et le poids qu'elles ont dans toute la vie de leurs pays, constituent une grande force économique qui atteint ou dépasse, dans bien des cas, le budget ou la production de plusieurs pays capitalistes développés pris ensemble. Une puissante société américaine multinationale, la «General Motors Corporation», dépasse par sa production industrielle celle des Pays-Bas, de la Belgique et de la Suisse, pris ensemble. Ces sociétés interviennent dans les pays où elles opèrent, pour s'assurer des avantages et des privilèges particuliers. C'est ainsi par exemple, qu'en 1975, les patrons de l'industrie électronique des États-unis ont demandé au gouvernement du Mexique de modifier son Code du travail, qui prévoyait certaines mesures de protection, faute de quoi ils transféreraient leur industrie au Costa-Rica, et, pour faire pression sur ce gouvernement, ils ont fermé plusieurs usines qui employaient près de 12.000 ouvriers mexicains.

Les sociétés multinationales sont des leviers de l'impérialisme et l'une des formes principales de son expansion. Elles sont les piliers du néo-colonialisme et elles empiètent sur la souveraineté nationale et l'indépendance des pays où elles opèrent. Pour frayer la voie à leur domination, ces sociétés ne reculent devant aucun crime, depuis l'organisation de complots et la désagrégation de l'économie jusqu'à la simple corruption de hauts fonctionnaires, de dirigeants politiques et syndicaux, et autres. Le scandale Lockheed l'a clairement démontré.

Nombre de sociétés multinationales se sont implantées aussi dans les pays révisionnistes et elles y déploient leur activité. [En Union soviétique se sont implantées ou ont leurs bureaux 17 sociétés américaines multinationales. 18 japonaises, 13 ouest-allemandes, 20 françaises, 7 italiennes, etc. En Pologne opèrent plus de 30 sociétés multinationales, dont 10 américaines, 6 ouest-allemandes, 6 anglaises, 3 japonaises, etc. En Roumanie on en compte 32, en Hongrie 31, en Tchécoslovaquie 30, et il en va de même dans les autres pays révisionnistes. (Ces données sont tirées du livre «Vodka-Kola», de Karl Levinson, 1977, pp. 79-82).] Elles ont commencé à pénétrer aussi en Chine.

La concentration et la centralisation de la production et du capital, qui caractérisent actuellement le monde capitaliste et qui ont conduit à une forte socialisation de la production, n'ont nullement modifié la nature exploiteuse de l'impérialisme. Au contraire, elles ont accru et intensifié l'oppression et la paupérisation des travailleurs. Ces phénomènes démontrent irréfutablement le bien-fondé de la thèse de Lénine, selon laquelle dans les conditions de la concentration de la production et du capital, sous l'impérialisme.

«on assiste à un progrès immense de la socialisation de la production», mais néanmoins «... l'appropriation reste privée. Les moyens de production sociaux restent la propriété privée d'un petit nombre d'individus». (V. Lénine, Œuvres, éd. alb., t. 22. p. 247.)

Les monopoles et les sociétés multinationales demeurent de grands ennemis du prolétariat et des peuples.

L'intensification du processus de concentration de la production et du capital qui se développe à notre époque a exacerbé la contradiction fondamentale du capitalisme, celle entre le caractère social de la production et le caractère privé de l'appropriation, ainsi que toutes les autres contradictions. Aujourd'hui comme par le passé, les revenus et surprofits énormes réalisés à travers l'exploitation féroce des ouvriers sont accaparés par une poignée de magnats capitalistes. Les moyens de production dont sont dotées les branches regroupées de l'industrie, sont aussi la propriété privée des capitalistes, alors que la classe ouvrière reste l'esclave de ces détenteurs des moyens de production, et sa force de travail, une marchandise. A présent, les grandes entreprises capitalistes n'exploitent plus des dizaines ou des centaines d'ouvriers, mais des centaines de milliers. Du fait de la féroce exploitation capitaliste de cette grande armée d'ouvriers, la plus-value soutirée par les grandes sociétés américaines, rien que pour l'année 1976, se montait à plus de 100 milliards de dollars en regard de 44 milliards en 1960.

Lénine a démasqué les opportunistes de la IIe Internationale, qui professaient que les contradictions antagonistes du capitalisme pouvaient être liquidées du fait même de l'apparition des monopoles et de leur développement. Il a démontré scientifiquement que les monopoles, en tant que porteurs de l'oppression, de l'exploitation et de l'appropriation privée des fruits du travail, aggravent encore les contradictions du capitalisme. C'est sur la domination des monopoles que repose la superstructure du régime capitaliste. Cette superstructure défend et représente, sur le plan national comme sur le plan international, les intérêts rapaces des monopoles. Ce sont les monopoles qui dictent la politique intérieure et extérieure, la politique économique, sociale, militaire, etc. » (Enver Hoxha, L'impérialisme et la révolution (1978), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.183-185.)

 

« Les investissements de capitaux américains, la constitution de banques et de ce qu'on appelle les sociétés multinationales, s'accompagnent de l'exportation du mode de vie américain avec la dégénérescence qu'il comporte.

L'exportation de capitaux par les grandes puissances impérialistes crée les colonies, les pays où domine aujourd'hui le néo-colonialisme. Ces pays jouissent soi-disant d'une indépendance, mais celle-ci est purement formelle. En d'autres termes, aujourd'hui comme hier, se développe le même processus d'exportation de capitaux, mais sous des formes différentes, avec des justifications et une propagande «sucrée». L'exploitation des peuples de ces pays jusqu'à la moelle demeure et tend même à devenir encore plus féroce ; le pillage des richesses naturelles se poursuit également. Les États-unis d'Amérique sont la plus grande puissance néo-colonialiste de notre époque. Pendant les trois années 1973-1975, les investissements de base gouvernementaux et privés des États-unis dans les anciennes colonies, dans les pays dépendants ou semi-dépendants, représentaient près de 36 % du total des investissements des pays capitalistes et révisionnistes les plus développés dans ces régions. [Annuaire de statistiques de la R.F.A., 1977.]

Les traités et accords économiques, politiques et militaires entre les puissances impérialistes et les anciennes colonies sont asservissants, ce sont des armes entre les mains de l'impérialisme pour lui permettre de maintenir ces pays dans l'esclavage. Les mots de Lénine à ce propos restent aujourd'hui très actuels. Il indiquait en effet

«... la nécessité d'expliquer et de dénoncer inlassablement aux larges masses laborieuses de tous les pays, et plus particulièrement des pays arriérés, la duperie pratiquée systématiquement par les puissances impérialistes qui, sous le couvert de la création d'États politiquement indépendants, créent en fait des États entièrement sous leur dépendance dans les domaines économique, financier et militaire». (V. Lénine, Œuvres, éd. alb., t. 31, p. 159.)

Afin de maintenir leur domination sur les peuples, l'impérialisme américain, le social-impérialisme soviétique et les autres puissances impérialistes anciennes ou nouvelles, attisent, partout où ils peuvent, les querelles entre États voisins, ou entre divers groupes sociaux à l'intérieur du pays [Par suite de ces différends qui se traduisent souvent par des guerres locales et civiles, 16 millions de personnes ont trouvé la mort depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans tous ces conflits, dont la plupart se sont produits dans les pays sous-développés, ont trempé directement ou indirectement, l'impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique.], pour intervenir ensuite, dans le rôle de juge ou de défenseur de l'une ou de l'autre partie, dans les affaires intérieures d'autrui et justifier leur présence économique, politique et militaire. Les faits montrent que, lorsque les superpuissances se sont immiscées dans les affaires intérieures des autres peuples, les questions sont restées sans solution, ou que cela a abouti à la consolidation des positions de l'impérialisme et du social-impérialisme dans ces pays. En témoignent actuellement les événements du Proche-Orient, le conflit somalo-éthiopien, la guerre vietnamo-cambodgienne, etc.

Les États-unis, l'Union soviétique et tous les autres pays capitalistes, en même temps qu'ils font des investissements, consolident leurs positions dans les pays qui acceptent ces investissements, ils luttent pour des débouchés et des zones d'influence. Cela suscite des frictions entre les divers États capitalistes, entre les grands trusts qui ne sont pas liés et imbriqués entre eux. Ces frictions poussent à des guerres locales et elles risquent de conduire à une guerre générale. De ce fait la guerre, locale ou générale, qui éclate pour ces motifs, revêt, comme nous l'enseigne le léninisme, un caractère de rapine et non pas de libération. C'est seulement lorsque les peuples se dressent contre les occupants étrangers, contre la bourgeoisie capitaliste du pays, qui est étroitement liée à l'impérialisme, au social-impérialisme et au capital mondial, que cette guerre est juste, qu'elle est libératrice.

Les représentants du grand capital mondial parlent beaucoup de la prétendue nécessité de modifier le système des relations économiques internationales actuelles et de la création d'un «nouvel ordre économique mondial», que soutiennent aussi les dirigeants chinois. Selon eux, ce «nouvel ordre économique» servira de «base à la stabilité globale». Les révisionnistes soviétiques, de leur côté, parlent de l'établissement d'une soi-disant nouvelle structure des relations économiques internationales.

Ce sont là des tentatives et des plans des puissances impérialistes et néo-colonialistes pour maintenir sur pied le néo-colonialisme, prolonger son existence, et préserver l'oppression et la spoliation des peuples. Mais les lois de l'évolution du capitalisme et de l'impérialisme n'obéissent ni aux vœux, ni aux élucubrations théoriques de la bourgeoisie et des révisionnistes. Comme l'a dit Lénine, la seule voie pour sortir de ces contradictions est celle de la lutte conséquente contre le colonialisme et le néo-colonialisme, celle de la révolution. » (Enver Hoxha, L'impérialisme et la révolution (1978), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.197-198.)

 

« A présent, nous assistons aux efforts d'un autre grand Etat, la Chine actuelle, pour devenir une superpuissance, car elle aussi avance rapidement dans la voie du capitalisme. Mais la Chine manque de colonies, elle est dépourvue d'une grande industrie développée, d'une forte économie en général et d'un important potentiel thermonucléaire à la mesure de celui des deux autres superpuissances impérialistes.

Pour devenir une superpuissance, il est absolument nécessaire de posséder une économie développée, un armement atomique, il faut s'être assuré des débouchés et des zones d'influence, investir des capitaux à l'étranger, etc. Ces conditions, la Chine cherche à les réaliser au plus tôt. Ce dessein a été exprimé dans le discours que Chou En-laï a prononcé en 1975 devant l'Assemblée populaire et renouvelé au XIe Congrès du Parti communiste chinois, où il a été déclaré qu'avant la fin du siècle la Chine deviendrait un pays puissant et moderne, en ayant pour objectif de rattraper les États-unis et l'Union soviétique. Maintenant, tout ce plan a été amplifié et précisé dans ce qu'on appelle la politique des «quatre modernisations».

Mais quelle voie la Chine a-t-elle choisie pour devenir elle aussi une superpuissance ? Actuellement, les colonies et les marchés dans le monde sont accaparés par les autres puissances. Créer par ses propres forces, dans l'espace de vingt ans, comme y prétendent les dirigeants chinois, un potentiel économique et militaire égal à celui des Américains et des Soviétiques, est impossible.

Dans ces conditions, pour devenir une superpuissance, la Chine devra traverser deux phases principales : d'abord, il lui faudra solliciter des crédits et des investissements à l'impérialisme américain et aux autres pays capitalistes développés, et en même temps acquérir de la technologie moderne pour mettre en valeur les ressources du pays, dont une grande partie passera, à titre de dividendes, aux créditeurs. Ensuite elle investira la plus-value réalisée sur le dos du peuple chinois dans les États de divers continents, comme le font actuellement les impérialistes américains et les social-impérialistes soviétiques.

Les efforts de la Chine pour devenir une superpuissance portent en premier lieu sur le choix de ces alliés et sur la conclusion d'alliances. Actuellement dans le monde il existe deux superpuissances, l'impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique. Les dirigeants chinois ont pensé qu'il leur convient de s'appuyer sur l'impérialisme américain, dont ils espèrent beaucoup qu'il les aidera en matière d'économie, de finances, de technologie, d'organisation, et même sur le plan militaire. Le potentiel économique et militaire des États-unis d'Amérique est en réalité supérieur à celui du social-impérialisme soviétique. Cela, les révisionnistes chinois le savent bien, quoiqu'ils prétendent que l'Amérique est sur son déclin. Dans la voie qu'ils ont choisie, ils ne peuvent se permettre de s'appuyer sur un partenaire faible, dont ils ne pourraient soutirer grand-chose. Et c'est justement parce que les États-unis sont puissants, que les Chinois les ont choisis pour alliés.

L'alliance avec les États-unis, l'accommodement de la politique chinoise avec la politique de l'impérialisme américain tend aussi à d'autres buts. Elle comporte également une menace contre le social-impérialisme soviétique, ce qui s'observe dans la propagande tapageuse et l'activité fébrile menées par les dirigeants chinois contre l'Union soviétique. Par cette politique, la Chine donne à entendre à l'Union soviétique révisionniste que son alliance avec les États-unis constitue une force colossale, qui serait dirigée contre elle, au cas où éclaterait une guerre impérialiste.

La politique actuelle de la Chine vise également à nouer des liens d'amitié et des alliances avec tous les autres pays capitalistes développés dont elle espère tirer quelque profit politique et économique. La Chine souhaite et s'efforce de raffermir l'alliance américaine avec les pays du «second monde», comme elle les appelle. Elle pousse ces pays à s'unir ou, pour mieux dire, à se soumettre à l'impérialisme américain, qu'elle considère comme son partenaire majeur.

C'est ainsi que s'expliquent tous les étroits liens que le gouvernement chinois cherche à établir avec tous les États capitalistes riches, le Japon, l'Allemagne occidentale, l'Angleterre, la France etc. : c'est ainsi que s'expliquent les nombreux voyages en Chine de délégations gouvernementales économiques, culturelles et scientifiques des États-unis et de tous les autres pays capitalistes développés, fût-ce des républiques ou des monarchies, ainsi que les visites des délégations chinoises dans ces pays. » (Enver Hoxha, L'impérialisme et la révolution (1978), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.271-272.)

 

« «La pensée mao-tsétoung» est une variante du révisionnisme, qui a commencé à prendre corps avant la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement après 1935, lorsque Mao Tsétoung accéda à la tête du parti. Pendant cette période, Mao Tsétoung et ses tenants lancèrent une campagne «théorique» sous le mot d'ordre de la lutte contre le «dogmatisme», «les schémas tout prêts», «les stéréotypes étrangers», etc. et il a posé le problème de l'élaboration du marxisme national, niant par là le caractère universel du marxisme-léninisme. Au lieu du marxisme-léninisme, il prônait la «méthode chinoise» de traitement des problèmes, et le style chinois «... vif et plein de fraîcheur, agréable aux oreilles et aux yeux du peuple chinois» (Mao Tsétoung, Œuvres choisies, éd. alb., t. 4, p. 84.), propageant ainsi la thèse révisionniste selon laquelle le marxisme doit avoir dans chaque pays un contenu spécifique particulier.

La «pensée mao-tsétoung» fut proclamée le summum du marxisme-léninisme à l'époque actuelle. Les dirigeants chinois déclarèrent que «Mao Tsétoung a fait plus que Marx, Engels et Lénine...». Dans les statuts du Parti communiste chinois, approuvés à son IXe Congrès, tenu sous la présidence de Mao, il est dit que «la pensée mao-tsétoung constitue le marxisme-léninisme de notre époque...», que Mao Tsétoung «... a continué, sauvegardé et développé le marxisme-léninisme, le faisant accéder à une étape supérieure, toute nouvelle». (IXe Congrès du Parti communiste chinois. Documents, pp. 79-80, Tirana, 1969.)

Le fait que l'activité du Parti communiste chinois a été fondée non pas sur les principes et les normes du marxisme-léninisme, mais sur la «pensée mao-tsétoung», a ouvert encore plus grandes les portes à l'opportunisme et à la lutte fractionnelle dans ses rangs.

La «pensée mao-tsétoung» est un amalgame de conceptions, qui mélange des idées et des thèses empruntées au marxisme avec d'autres principes philosophiques, idéalistes, pragmatistes et révisionnistes. Elle a ses racines dans l'ancienne philosophie chinoise et dans le passé politique et idéologique de la Chine, dans sa pratique étatiste et militariste.

Tous les dirigeants chinois, ceux qui ont accédé actuellement au pouvoir comme ceux qui y ont été et en ont été renversés, mais qui avaient manœuvré pour mettre en œuvre leurs plans contre-révolutionnaires, ont eu et ont pour fondement idéologique la «pensée mao-tsétoung». Mao Tsétoung lui-même a admis que ses idées peuvent être mises à profit par tous, par ceux de gauche comme par ceux de droite, selon les appellations qu'il donne aux divers groupes qui constituent la direction chinoise. Dans une lettre adressée à Kiang Tsing le 8 juillet 1966, Mao Tsétoung reconnaît que «la droite au pouvoir pourrait utiliser mes paroles pour devenir plus puissante pendant quelque temps. Mais la gauche pourrait utiliser d'autres de mes paroles et s'organiser pour renverser la droite». [Le Monde, 2 décembre 1972.] Cela atteste que Mao Tsétoung n'a pas été un marxiste-léniniste, que ses conceptions sont éclectiques. Cela apparaît dans toutes les «œuvres théoriques» de Mao, lesquelles, en dépit de la phraséologie et des slogans «révolutionnaires» dont elles sont camouflées; ne peuvent cacher le fait que la «pensée mao-tsétoung» n'a rien de commun avec le marxisme-léninisme.

Un regard critique, même partiel, sur les écrits de Mao, sur la façon dont il traite les problèmes fondamentaux portant sur le rôle du parti communiste, sur les questions de la révolution, de la construction du socialisme etc., permet de discerner très clairement la différence radicale qui existe entre la «pensée mao-tsétoung» et le marxisme-léninisme. » (Enver Hoxha, L'impérialisme et la révolution (1978), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.289-290.)

 

« Comme il ressort de ses écrits, Mao Tsétoung ne s'est pas fondé sur la théorie marxiste-léniniste pour analyser les problèmes de la révolution chinoise et en définir les tâches. Dans son discours prononcé à la conférence élargie de travail convoquée par le Comité central du Parti communiste chinois en janvier 1962, il reconnaît lui-même : «Nous avons mené notre activité révolutionnaire pendant plusieurs années à l'aveuglette, sans savoir comment doit être accomplie la révolution, contre qui doit être dirigé son fer de lance, sans nous représenter ses étapes, sans savoir qui il faut renverser d'abord, et qui ensuite, etc.». C'est cela qui a rendu le Parti communiste chinois incapable d'assumer la direction du prolétariat pendant la révolution démocratique et de la transformer en révolution socialiste. Tout le développement de la révolution chinoise témoigne de la voie chaotique suivie par le Parti communiste chinois, qui ne se guidait pas sur le marxisme-léninisme mais sur les conceptions antimarxistes de la «pensée mao-tsétoung» à propos du caractère de la révolution, de ses étapes, de ses forces motrices, etc.

Mao Tsétoung n'a jamais pu comprendre ni expliquer correctement les liens étroits existant entre la révolution démocratique-bourgeoise et la révolution prolétarienne. En opposition avec la théorie marxiste-léniniste, qui a démontré scientifiquement qu'entre la révolution démocratique-bourgeoise et la révolution socialiste ne se dresse pas une muraille de Chine, que ces deux révolutions ne doivent pas être séparées l'une de l'autre par de longs intervalles, Mao Tsétoung affirmait que «La transformation de notre révolution en révolution socialiste est une question qui appartient à l'avenir... Quant à savoir quand s'effectuera ce passage... il se peut que cela nécessite une assez longue période. Tant que toutes les conditions politiques et économiques requises ne sont pas réunies pour ce passage, tant que cette transition ne peut profiter, mais seulement nuire à l'immense majorité de notre peuple, il ne doit pas eh être question». (Mao Tsétoung, Œuvres choisies, éd. alb., t. 1, p. 210.)

Mao Tsétoung s'en est tenu, tout au long de la révolution, et même après la libération, à cette conception antimarxiste, qui n'est pas pour la transformation de la révolution démocratique-bourgeoise en révolution socialiste. Ainsi, en 1940, Mao Tsétoung a dit que «La révolution chinoise doit nécessairement traverser... la phase de la nouvelle démocratie et, seulement après, la phase du socialisme. De ces deux phases, la première sera relativement longue...» (Mao Tsétoung, Œuvres choisies, éd. alb., t. 3, p. 169.) En mars 1949, au plénum du Comité central du Parti où il a présenté le programme de développement de la Chine après la libération, Mao Tsétoung a dit : «Durant cette période il faudra admettre tous les éléments du capitalisme, de la ville et de la campagne». Ces vues et ces «théories» ont fait que le Parti communiste chinois et Mao Tsétoung ne luttent pas pour la montée de là révolution en Chiné vers la révolution socialiste mais laissent le champ libre au développement de la bourgeoisie et des rapports sociaux capitalistes.

Dans la question du rapport entre la révolution démocratique et la révolution socialiste, Mao Tsétoung se maintient sur les positions des chefs de file de la IIe Internationale, qui ont été les premiers à attaquer et à déformer la théorie marxiste-léniniste sur la croissance de là révolution et à avancer leur thèse selon laquelle la révolution démocratique-bourgeoise et la révolution socialiste sont séparées par une longue période durant laquelle la bourgeoisie développe le capitalisme et crée les conditions pour le passage à la révolution prolétarienne. Ils jugeaient impossible la transformation de la révolution démocratique-bourgeoise en révolution socialiste, sans permettre au capitalisme de se développer plus avant ; selon eux, ce serait là brûler les étapes. C'est à cette conception que s'en tient entièrement Mao Tsétoung aussi, lorsqu'il écrit : «S'efforcer de construire le socialisme sur les ruines de l'ordre colonial, semi-colonial et semi-féodal, sans un Etat uni de démocratie nouvelle... sans développer l'économie capitaliste privée... serait une pure utopie». (Mao  Tsétoung, Œuvres choisies, éd. alb., t. 4, p. 366.) » (Enver Hoxha, L'impérialisme et la révolution (1978), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.295-296.)

 

« Il y a quelques décennies, Mao Tsétoung et Chou En-laï, les deux principaux leaders du Parti communiste chinois, ont médit de l'Union soviétique dirigée par Staline, ils ont agi contre elle, et ont également médit de Staline lui-même. Mao Tsétoung accusait Staline de subjectivisme en prétendant qu'«il ne voyait pas la liaison entre la lutte des contraires et leur unité» (Mao Tsétoung, Œuvres choisies, éd. fr., t. 5, p. 400. Pékin, 1977.), qu'il aurait commis «un certain nombre d'erreurs au sujet de la Chine, [qu'] il fut à l'origine de l'aventurisme «de gauche» de Wang Ming, vers la fin de la Deuxième guerre civile révolutionnaire, et de son opportunisme de droite, au début de la guerre de Résistance contre le Japon» (Ibid., p. 328.), que les actes de Staline à l'égard de la Yougoslavie et de Tito ont été erronés, etc. [Voir Enver Hoxha, Les Khrouchtchéviens, (Souvenirs), Editions «8 Nëntori», Tirana, 1984, 2e éd. fr., pp. 259-270.]

Bien que, pour les apparences, Mao Tsétoung ait parfois pris la défense de Staline en affirmant que ses erreurs, ne constituent que 30 pour cent de son action, en fait, c'est seulement de ses erreurs qu'il parlait. Ce n'est pas par hasard que Mao, dans sa déclaration à la Conférence des partis communistes et ouvriers, à Moscou en 1957, a dit : «Quand je suis venu chez Staline, je me suis senti comme un élève devant son maître, alors que maintenant avec Khrouchtchev, nous nous sentons entre camarades, nous sommes à l'aise». Par là même, il saluait et approuvait publiquement les calomnies de Khrouchtchev à l'encontre de Staline et défendait la ligne khrouchtchévienne.

De même que les autres révisionnistes, Mao Tsétoung a mis à profit les critiques à l'encontre de Staline pour justifier son écart des principes marxistes-léninistes, que Staline a défendus avec esprit de suite et encore enrichis. Par leur attaque contre Staline, les révisionnistes chinois visaient à ravaler l'oeuvre et l'autorité de Staline, afin d'élever l'autorité de Mao Tsétoung au rang d'un dirigeant de stature mondiale, d'un classique du marxisme-léninisme, qui n'aurait cessé de suivre une ligne juste et infaillible !

Ces critiques traduisaient aussi les rancoeurs accumulées contre Staline à cause des observations et des critiques que celui-ci et le Komintern avaient adressées à la direction du Parti communiste chinois et à Mao Tsétoung pour ne pas avoir appliqué de manière conséquente les principes du marxisme-léninisme sur le rôle dirigeant du prolétariat dans la révolution, sur l'internationalisme prolétarien, la stratégie et la tactique de la lutte révolutionnaire, etc. Ce mécontentement, Mao Tsétoung l'a ouvertement exprimé en disant : «Quand nous eûmes gagné la guerre, Staline soupçonna que c'était là une victoire du genre de celle de Tito et, en 1949 et 1950, il exerça sur nous une très forte pression». (Mao Tsétoung, Œuvres choisies, éd. fr., t. 5, p. 328, Pékin. 1977.) De même, dans les entretiens que nous avons eues ensemble ici à Tirana. Chou En-laï nous a dit : «Staline nous soupçonnait de pencher pour les Américains ou de vouloir suivre la voie yougoslave». Le temps a prouvé que Staline avait parfaitement raison. Ses prévisions sur la révolution chinoise et sur les idées qui la guidaient se sont avérées exactes.

Les divergences entre le Parti communiste chinois, dirigé par Mao Tsétoung, et le Parti communiste de l'Union soviétique, dirigé par Staline, ainsi que celles entre le Parti communiste chinois et le Komintern ont été des contradictions de principe sur des questions fondamentales de la stratégie et de la tactique révolutionnaires marxistes-léninistes. » (Enver Hoxha, L'impérialisme et la révolution (1978), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.302-303.)

 

« [Les luttes des peuples musulmans] ont pour effet non seulement d'accroître la sympathie générale pour ces peuples en révolte, mais aussi de resserrer leur collaboration entre eux, car ce sont tous des peuples musulmans. Si un de ces peuples se dresse contre l'impérialisme et les chefs réactionnaires locaux, qui utilisent la religion pour l'opprimer, sa révolte affaiblit le sentiment religieux même chez ceux qui sont restés croyants. Si un peuple s'insurge contre l'oppression, ses sentiments révolutionnaires s'amplifient et s'approfondissent, et les gens atteignent un niveau de conscience qui les amène à se pencher un peu plus à fond sur la question de la religion. Jusqu'à hier encore, le paysan pauvre d'Iran, pour se consoler, disait seulement «inchallah», mais à présent il a compris que cet «inchallah» ne lui apporte rien. Naguère, on disait chez ces peuples «c'était écrit», mais aujourd'hui les croyants se sont dressés en une masse compacte et ils descendent dans la rue l'arme à la main pour réclamer leurs droits, leur liberté. Et certainement, quand ils demanderont la terre, les paysans de ces pays se heurteront au clergé qui possède des biens immenses. Voilà pourquoi les forces ténébreuses de la réaction, cherchant à discréditer par là la révolution iranienne, font un grand battage sur son aspect fanatique, entre autres sur le rétablissement du voile chez les femmes, même si, en général, l'impérialisme et le capitalisme mondial trouvent dans les forces religieuses un puissant soutien. Il en va de même du Vatican, de la politique de ce grand centre de l'obscurantisme le plus réactionnaire au monde, de la mentalité et de la vision du monde des catholiques. Mais la révolution dissipe les brouillards de la religion. C'est ce qu'elle fera à coup sûr chez les peuples arabes, chez les autres peuples musulmans insurgés et chez les peuples d'autres religions; et l'on ira ainsi vers la suppression des croyances religieuses et du pouvoir du clergé. C'est un grand problème.

Dans les pays musulmans, arabes ou non, on est en présence de peuples entiers qui se dressent en révolte. L'Europe ne connaît pas de pareils mouvements. Sur ce continent agissent des partis et des forces social-démocrates réformistes, les partis marxistes-léninistes y sont encore numériquement petits, alors qu'il y a de grands partis révisionnistes dont l'action va à rencontre des intérêts et des sentiments du peuple, dont ils ont perdu la confiance, car ils soutiennent le capitalisme, l'impérialisme et le social-impérialisme. Les peuples musulmans des pays arabes et autres ne font confiance ni aux impérialistes américains, ni aux social-impérialistes soviétiques. Ils voient en eux de grandes puissances qui cherchent à les opprimer et à les dépouiller; et par ailleurs, en musulmans qu'ils sont, ils ont une attitude de défiance envers les autres religions.

Les insurrections en Iran et en Afghanistan auront donc des retombées dans tout le monde musulman. Si les groupes marxistes-léninistes, nos camarades dans ces pays et d'autres de cette zone, comprennent bien les questions qui concernent les événements d'Iran, d'Afghanistan et d'autres pays musulmans, il leur sera alors possible de déployer une action bénéfique. Mais il va de soi qu'il leur faut être très attentifs. On ne peut supprimer la religion par de simples directives et des slogans extrémistes, ni non plus en se fondant sur des analyses erronées. Pour trouver la juste voie à suivre, nous devons analyser l'action de ces forces dans les conditions concrètes actuelles, car on dit beaucoup de choses, vraies ou fausses, à leur sujet, comme c'est le cas pour l'ayatollah Khomeiny. Certes, c'est un religieux, mais indépendamment de cela, il faut analyser ses positions et son action anti-impérialistes qui, qu'on le veuille ou non, portent de l'eau au moulin de la révolution.

Le cours de ces événements dans leur ensemble est très intéressant. La question religieuse s'imbrique avec les questions politiques pour déterminer la sympathie et la solidarité des peuples entre eux. Je veux dire par là que, si la direction de tel ou tel pays musulman prend position, par exemple, contre la révolte du peuple iranien, elle verra ses positions politiques s'affaiblir dans son propre pays, et son peuple se dresser contre elle, accuser le gouvernement d'être lié aux Etats-Unis, aux «giaours», qui sont les ennemis de l'islam. Et cela tient à ce que, aux yeux des peuples musulmans, l'islam est «progressiste», alors que les Etats-Unis représentent une force d'oppression des peuples non seulement sur le plan social, mais aussi sous l'aspect spirituel. C'est ce qui explique pourquoi on ne voit aucun de ces pays se prononcer ouvertement contre les événements d'Iran. » (Enver Hoxha, Les évènements dans les pays musulmans doivent  être analysés à la lumière du matérialisme dialectique et historique (Janvier 1980) Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.343-344.)

 

« Le «socialisme», tel que l'imaginent les eurocommunistes, est une société où s'entrelacent et coexistent des éléments socialistes et capitalistes en économie et en politique, à la base et à la superstructure. Dans leur «socialisme» il y aura à la fois une «propriété socialiste» et une propriété capitaliste, il y aura donc des classes exploiteuses et des exploités; il y aura, aux côtés du parti de la classe ouvrière, des partis bourgeois; l'idéologie prolétarienne coexistera avec les autres idéologies; l'Etat, dans ce «socialisme», sera un Etat où toutes les classes et tous les partis auront leur part de pouvoir.

Les eurocommunistes peuvent rêver tant qu'ils voudront d'une telle société hybride capitaliste-socialiste, mais la société qu'ils projettent est irréalisable. Le socialisme et le capitalisme sont deux systèmes sociaux différents, qui s'excluent mutuellement. Le capitalisme ne vit que tant qu'il maintient le prolétariat et les masses travailleuses dans l'oppression et l'exploitation, tandis que le socialisme ne s'édifie et n'avance que sur les ruines du capitalisme et après le renversement total de celui-ci.

Afin de justifier leurs conceptions foncièrement opportunistes, les eurocommunistes surestiment le rôle de la technique, des moyens de production dans le développement de la société, glissant ainsi vers la prétendue théorie des forces productives, qui a été la base idéologique de tout l'opportunisme de la IIe Internationale.

Selon eux, la poussée vers le socialisme émane spontanément du développement des forces productives. C'est pourquoi, prétendent-ils, la lutte de classes pas plus que la révolution prolétarienne ne sont nécessaires pour le passage au socialisme. Et même dans les pays où cette révolution a eu lieu et les rapports de production socialistes ont déjà été instaurés, si le niveau des forces productives est relativement bas, il ne peut être question, selon les eurocommunistes, d'un socialisme véritable, réel.

Il n'est que de regarder certaines de leurs thèses fondamentales, qu'ils tambourinent comme si elles étaient «le summum de la pensée progressiste de la société humaine actuelle», pour comprendre à quel point les eurocommunistes se sont écartés de l'idée du socialisme, et quel type de société socialiste ils prétendent devoir construire.

«Afin de réaliser une société socialiste, déclarent les révisionnistes italiens, il n'est pas nécessaire de procéder à une nationalisation intégrale des moyens de production. Parallèlement à un secteur public, ... agira aussi l'initiative privée... La propriété paysanne librement associée, l'artisanat, la petite et la moyenne industrie ainsi que l'initiative privée dans le secteur tertiaire... ont un rôle particulier à jouer... Dans cette conception du processus de la transformation de la société dans le sens socialiste, le système économique doit s'articuler de manière à assurer une intégration entre la programmation et le marché, entre l'initiative publique et l'initiative privée...» (La politica e l'organizzazione dei comunisti italiani, Rome 1979, pp. 12-13.)

C'est à un «socialisme» de ce genre que prétendent également les révisionnistes français. Cette société, déclarent-ils, «exige un ensemble suffisant de nationalisations démocratiques, au côté d'autres formes de propriété sociale et d'un secteur économique fondé sur la propriété privée». (L'Humanité, 13.1.1979.)

Carrillo, quant à lui, dit : «Ce système, qui possédera encore un caractère mixte sur le plan de l'économie, va se traduire par un régime politique dans lequel les propriétaires pourront s'organiser non seulement économiquement, mais aussi dans un ou plusieurs partis politiques représentatifs de leurs intérêts. Cette situation deviendra une des composantes du pluralisme politique et idéologique.» (S. Carrillo, «Eurocommunisme» et Etat, France, 1977, pp. 121-122.)

Même sans une connaissance particulière des lois sociales, on comprend bien que le tableau de la société dite socialiste, que présentent les eurocommunistes, n'est rien d'autre que le tableau exact et le plus typique de la société bourgeoise actuelle. L'élément fondamental qui caractérise un système social, c'est la propriété des moyens de production. Si la propriété des moyens de production est privée, alors il s'agit d'un système caractérisé par l'exploitation de l'homme par l'homme et où, à un pôle, une minorité amasse les richesses entre ses mains et, à l'autre pôle, l'écrasante majorité de la population, vit dans la pauvreté et la misère. Il a déjà été prouvé qu'il ne peut exister de socialisme sans la liquidation de la propriété capitaliste et de l'Etat bourgeois. Il ne peut jamais y avoir de socialisme si la propriété sociale des moyens de production n'est pas établie dans tous les secteurs sans exception, si la dictature du prolétariat n'est pas instaurée. (...)

Pour ce qui est du prétendu «secteur public», dont le «socialisme eurocommuniste» prévoit l'existence, il ne s'agit là que d'une spéculation terminologique pure et simple et d'une vulgaire tentative pour faire passer le secteur du capitalisme d'Etat, qui existe actuellement à des degrés divers dans tous les pays bourgeois, pour un secteur socialiste de l'économie.

On sait comment et pourquoi a été créé le secteur du capitalisme d'Etat, ou «secteur public», comme l'appelle la bourgeoisie.

Le capitalisme d'Etat existait déjà auparavant dans les pays industrialisés d'Europe, mais il a surtout connu un développement marqué après la Seconde Guerre mondiale. Il a été créé sous l'effet d'un certain nombre de facteurs. En Italie, par exemple, il a été mis sur pied par la bourgeoisie à la suite de l'aggravation de la lutte de classes et de la forte pression des masses travailleuses qui exigeaient l'expropriation du grand capital, surtout celle du capital lié au fascisme et qui était responsable de la catastrophe que connut le pays. Pour éviter une radicalisation plus poussée de la lutte des masses travailleuses et prévenir des explosions révolutionnaires, la bourgeoisie italienne, sentant sa faiblesse, procéda à la nationalisation de certaines grandes industries, nationalisation qui satisfaisait les exigences minimales du parti communiste et du parti socialiste, sortis renforcés de la guerre. En Angleterre, la création du «secteur public», comme celui des chemins de fer et du charbon, a été due à l'abandon par le grand capital de certaines branches arriérées et non rentables. Celui-ci a transféré ces branches à l'Etat afin qu'il les subventionne sur son budget, aux frais des contribuables, alors que lui-même a orienté ses investissements vers les secteurs des industries nouvelles et à technologie de pointe, où il pouvait s'assurer de plus rapides et abondants surprofits.

Des nationalisations de ce genre ont été effectuées et continuent de l'être pour une raison ou pour une autre dans d'autres pays, mais elles n'ont pas changé ni ne pourront jamais changer la nature capitaliste du système au pouvoir, elles ne peuvent supprimer l'exploitation capitaliste, le chômage, la pauvreté, le manque de libertés et de droits démocratiques.

Le capitalisme d'Etat, comme l'a désormais prouvé une très longue expérience, est maintenu et développé par la bourgeoisie, non point pour créer les bases de la société socialiste, comme le pensent les révisionnistes, mais pour renforcer les bases de la société capitaliste, de son Etat bourgeois, pour exploiter et opprimer davantage les travailleurs. Ceux qui dirigent le «secteur public» ne sont pas les représentants des ouvriers, mais les gens du grand capital, les hommes qui ont en main les rênes de toute l'économie et de l'Etat. La position sociale de l'ouvrier dans les entreprises du «secteur public» ne diffère en rien de celle de l'ouvrier du secteur privé ; sa position vis-à-vis des moyens de production, de la direction économique de l'entreprise, de la politique d'investissements, des salaires, etc., est la même. Les profits de ces entreprises vont à l'Etat bourgeois, c'est-à-dire à la bourgeoisie. Seuls les révisionnistes peuvent découvrir des différences entre le caractère «socialiste» des entreprises de l'IRI et le caractère «bourgeois» de la Fiat, entre les ouvriers «libres» de Renault et les ouvriers «opprimés» de Citroën.

La société du «socialisme démocratique» que prônent maintenant les eurocommunistes, est l'actuelle société bourgeoise qui existe dans leurs pays. Ils cherchent seulement à apporter certaines retouches à cette société afin que la bourgeoisie européenne décrépite, qui a un pied dans la tombe, prenne l'aspect d'une jeune mariée fraîche et pimpante. Selon les eurocommunistes, il suffirait donc d'opérer quelques retouches, de conserver le secteur du capitalisme d'Etat à côté du secteur privé, de créer quelque conseil consultatif ouvrier auprès des directions d'entreprises, de permettre aux chefs de file syndicalistes de crier sur la place pour demander justice et égalité, d'assurer aux révisionnistes quelques fauteuils au gouvernement, et... le socialisme viendrait de lui-même. » (Enver Hoxha, L'eurocommunisme c'est de l'anticommunisme (1980), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.388-389 et 390-391.)

 

« Depuis longtemps déjà, Togliatti et ses disciples italiens ont élaboré en théorie les «voies» menant à la «nouvelle société socialiste» que prônent les eurocommunistes. Mais actuellement ce sont les révisionnistes français qui tiennent des discours «philosophiques» prétentieux, cherchant à rattraper le temps perdu et à se poser en porte-drapeau, en interprètes et en législateurs de l'eurocommunisme. Et précisément ce rôle qu'ils ont assumé les couvre de ridicule et les démasque toujours plus aux yeux de la classe ouvrière de leur pays et des travailleurs du monde entier.

Georges Marchais a adopté avec zèle les élucubrations de Roger Garaudy qui faisait, idéologiquement, la loi dans le Parti communiste français du temps de Thorez, et qui allait par la suite en être exclu. Garaudy s'efforçait de «démontrer» que le prolétariat n'existe soi-disant plus dans les pays capitalistes développés, qu'il a été porté au niveau des employés de l'administration, des ingénieurs et des techniciens, lesquels, selon lui, sont tous exploités de la même façon. Actuellement, Georges Marchais a fait sienne cette théorie, et il est même allé plus loin. Tout le monde, non seulement la classe ouvrière et tous les travailleurs, mais aussi la bourgeoisie, voire même l'armée et la police, serait pour le «socialisme» qu'il prône. Il ne fait que ressasser dans ses discours qu'ils veulent tous aller au socialisme, mais qu'ils n'en sont empêchés que par les vingt-cinq familles qui constituent la force du capital en France.

«Comment est-il possible, s'étonne Marchais, que nous, la grande force que nous sommes, ne puissions dire notre mot et renverser la caste au pouvoir ?» Et il répond à sa propre question en disant que la France n'a besoin que de réformes économiques et politiques pour aller au socialisme. Il considère la victoire sur le capital comme un objectif facilement accessible, il s'imagine qu'il suffit pour cela de quelques palabres, de gonfler ses joues et de souffler dessus pour le renverser. La voie que prônent les révisionnistes français peut être n'importe quoi sauf la véritable voie au socialisme. » (Enver Hoxha, L'eurocommunisme c'est de l'anticommunisme (1980), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.411.)

 

« Les dirigeants révisionnistes du Parti communiste français s'efforcent de convaincre les ouvriers que l'homme de la société actuelle en France, en Europe et dans le monde, a fini par comprendre que la société industrielle n'est plus une société fondée sur le profit capitaliste. C'est là une théorie absolument fausse, car le capital monopoliste qui domine dans cette société ne recherche plus seulement le profit, mais le maximum de profit. Georges Marchais parle également de l'exportation des capitaux, mais il ne dit pas que cette exportation est un moyen d'exploitation barbare des travailleurs, non seulement des métropoles, mais aussi des pays arriérés ou en développement. L'exportation des capitaux est devenue aujourd'hui le trait fondamental du néo-colonialisme.

Georges Marchais va jusqu'à prétendre que dans la conjoncture actuelle «l'impérialisme est obligé de chercher de nouvelles solutions internationales qui répondent aux besoins des peuples». Comme cet impérialisme est humanitaire, qui s'inspire des besoins des peuples dans son action ! Mais l'impérialisme demeure ce qu’il est, et il ne peut être modifié par des palabres et des analyses de sophistes. En prônant de telles thèses, les révisionnistes eurocommunistes français ne font rien d'autre qu'aider l'impérialisme en le fardant, en propageant et en entretenant l'illusion que celui-ci souhaite recréer un monde nouveau. Au XXIIe Congrès du P.C.F., Marchais, dans toute une tirade, est allé jusqu'à dire que l'accusation portée contre les révisionnistes français comme quoi ils veulent éliminer les riches, est sans fondements. Considérant ces dires comme une calomnie, il affirme ouvertement qu'ils veulent que la propriété privée existe, que la moyenne bourgeoisie avec toutes ses propriétés existe, que la paysannerie pourvue de terre existe ; ils veulent seulement que les richesses communes de l'Etat soient nationalisées et administrées par le peuple lui-même. Et la social-démocratie aussi soutient ces mêmes structures capitalistes que défend Marchais. En l'occurrence, il a raison de se fâcher contre ceux qui l'accusent de ne pas être à cent pour cent fidèle à la bourgeoisie, à l'exemple de ses frères sociaux-démocrates.

Au début de 1979, Georges Marchais écrivait : «Nous voulons une démocratie sociale, une démocratie économique, une démocratie politique, et nous voulons aller plus loin, jusqu'à une transformation radicale des rapports sociaux qui permette au peuple de France de vivre sous un socialisme démocratique, autogestionnaire.» (L'Humanité, 13.2.1979.) Marchais apparaît donc ici comme un successeur de Tito, qui a appliqué en Yougoslavie précisément les théories anarcho-syndicalistes de Proudhon et de Bakounine sur l’«autogestion ouvrière», que Marx et, plus tard, Lénine ont sévèrement critiquées. A présent, Georges Marchais, revêtant l'habit du marxisme «créateur», sans cependant jamais «daigner» évoquer les thèses des grands maîtres du marxisme, n'ose pas soutenir ouvertement les vues anti-marxistes de Proudhon et avouer qu'il est son adepte. Mais en réclamant l’«autogestion», il ne fait rien d'autre que de développer, en en modifiant les termes, la théorie petite-bourgeoise de Proudhon.

Les dirigeants du Parti communiste français parlent beaucoup des salaires et soulèvent le problème de la lutte réformiste à mener pour obtenir leur augmentation. Il faut accroître le pouvoir d'achat des travailleurs et des familles, disent-ils, en donnant plus à ceux qui reçoivent moins. Il faut intensifier les mesures pour réduire les inégalités dans les revenus et les rétributions. Il faut comprimer, de bas en haut, la hiérarchie des salariés. Si les révisionnistes soulèvent ces problèmes, c'est parce qu'à l'époque actuelle l'augmentation des salaires est une revendication générale des masses.

Georges Marchais s'étonne que soit toléré un état de choses où les travailleurs et les personnes âgées n'ont pas les moyens de vivre décemment, de se faire entendre à la radio et à la télévision. Il leur faut à tout prix, affirme-t-il, acquérir tous ces droits. «Mon parti a lutté et lutte pour l'augmentation des salaires, la réduction des impôts, pour un parlement qui ne soit pas ce qu'il est actuellement, c'est-à-dire soumis aux conditions intolérables de fonctionnement qui lui ont été imposées et avec des prérogatives tronquées.» Les révisionnistes français, en réduisant la lutte de la classe ouvrière aux seules revendications quotidiennes, laissent dans l'oubli les enseignements de Marx, qui a expliqué comment le salaire masque l'exploitation des ouvriers par les capitalistes, qui s'approprient une partie du travail des ouvriers et précisément leur travail non rémunéré qui crée la plus-value pour le capitaliste. Intentionnellement, ils n'évoquent pas la pensée de Marx, selon lequel la solution de ce problème ne réside ni dans l'augmentation ni dans le nivellement des salaires, comme le croyait Proudhon, ce réformiste classique. Marx disait que réduire la lutte de la classe ouvrière uniquement à la lutte pour les salaires, c'est seulement chercher à prolonger l'esclavage des salariés. Seule la suppression définitive de l'exploitation des ouvriers salariés, affirme Marx, apporte une solution juste et radicale à ce problème. » (Enver Hoxha, L'eurocommunisme c'est de l'anticommunisme (1980), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome V, p.413-414.)

 

 

 

 

Pour le 20ème anniversaire de la mort d’Enver Hoxha (1985-2005)

Il y a vingt ans, le 11 avril 1985, s’éteignait le camarade Enver Hoxha qui avait guidé pendant un demi siècle les communistes albanais et apporté une immense contribution à la lutte pour la défense du marxisme-léninisme dans les conditions de l’encerclement capitaliste-révisionniste après la mort de Staline.1

I — Formation idéologique et politique.

Enver Hoxha naquit le 16 octobre 1908 à Gjirokaster dans le sud de l’Albanie. En 1924, alors que la révolution démocratique agitait l’Albanie, Enver Hoxha, alors âgé de 16 ans et étudiant au lycée, fonda un cercle d’étudiants démocrates-révolutionnaires qui fût fermé après un an d’existence par le gouvernement. Quittant Gjirokaster pour Korça, il entra au lycée français. Il y apprit les idées progressistes des Lumières et de la Révolution française.

A Korça, il ne tarda pas à lire le Manifeste Communiste qu’un ouvrier nommé Koçi Bako lui avait donné. C’est alors qu’il commença à s’intéresser à la Révolution d’Octobre. En 1930, après avoir obtenu une bourse pour continuer ses études en France, il alla étudier à Montpellier puis à Paris. Il suivit également les cours et les conférences données par le Parti Communiste Français et lut le Capital de Marx et l’Anti-Dühring d’Engels, outre le fait qu’il collabora au journal l’Humanité en donnant des articles sur la situation en Albanie.

Pour son engagement politique, sa bourse d’études lui fût déniée par le gouvernement Zog en 1933. Après avoir tenté de chercher une solution en Belgique pour continuer ses études, sans moyens, il décida finalement de retourner en Albanie durant l’été 1936. C’est à ce moment qu’il entra en contact avec le groupe communiste de Korça.

Professeur au lycée français de Korça, il fût démissionné au printemps 1939 pour ses idées ouvertement révolutionnaires et anti-fascistes, alors que l’Italie occupa l’Albanie.

II — La création du Parti Communiste d’Albanie, la lutte de libération nationale et la fondation de la République Populaire d’Albanie.

Arrivant à Tirana en novembre 1939, Enver Hoxha se donna pour but d’unifier les groupes communistes albanais jusque-là divisés au sein d’un unique Parti Communiste. Condamné à mort par contumace par les fascistes, il se rendit dans diverses villes et régions d’Albanie pour y préparer l’unification des groupes communistes. Le 8 novembre 1941, après avoir réussi à saper l’influence des éléments trotskistes et anarchistes, le Parti Communiste d’Albanie était crée.

Dans le contexte de résistance à l’envahisseur fasciste, Enver Hoxha, qui affirmait la création du PCA comme Parti marxiste-léniniste capable de guider le peuple dans la lutte contre l’occupant, insista dès le début sur l’importance d’une formation marxiste-léniniste solide des cadres :

« Il a été accordé fort peu d'importance à l'instruction, à la promotion et à la bolchévisation des cadres. Aux autres problèmes encore moins. Pour pouvoir nous orienter dans la situation complexe qui est la nôtre aujourd'hui, nous devons être armés de la tactique et de la théorie du prolétariat, des enseignements légués à l'humanité par Marx et Engels, et que Lénine et Staline ont enrichis et développés. (…) On a bien traduit quelques brochures et opuscules, (…) mais on a omis de traduire les textes les plus nécessaires : «L'Histoire du Parti communiste (bolchevik) de l'Union soviétique», les «Principes du léninisme», ainsi que le rapport présenté par Dimitrov au VIIe Congrès du Komintern, etc. C'est à cette lacune qu'est imputable le très bas niveau théorique et politique des camarades. » (Enver Hoxha, Rapport présenté à la première conférence consultative des cadres actifs du Parti Communiste d’Albanie (8 avril 1942), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome I, p.15.)

Au printemps 1942, les premiers conseils de libération nationale furent crées sous la direction du PCA, durant l’été, il s’étendaient à de nombreuses villes et villages où les sections de guérilla opérantes coupaient les moyens de communication de l’ennemi et attaquaient ses convois et ses dépôts de munition. En septembre 1942, conséquemment à la ligne juste suivie par le PCA, le Front de Libération National fût crée à la conférence de Pezë.

Y participèrent, les communistes et des nationalistes qui, luttant activement contre l'occupant, étaient parfois devenus très proches du Parti Communiste dont ils embrassèrent la ligne politique. La conférence adopta à l'unanimité la plateforme de la Lutte de Libération Nationale, telle qu'elle avait été élaborée par le Parti Communiste. Après la conférence, la création des conseils de libération nationale prît encore de l’extension. Chaque section de guérilla comprenait une cellule du Parti et avait à sa tête un commandant et un commissaire politique.

Face à l’essor de la lutte de libération nationale, les fascistes soutenus par les classes les plus réactionnaires du pays, créèrent le Balli kombëtar, une organisation politique s’opposant au Front de Libération Nationale dirigé par le PCA.

Au «Balli kombëtar» adhérèrent principalement des intellectuels bourgeois réactionnaires, de gros propriétaires fonciers et des commerçants, des membres du clergé réactionnaire ainsi que des paysans riches. Anti-communistes farouches, plus soucieux de préserver leurs intérêts de classes que de libérer le pays des fascistes, les ballistes ne tardèrent pas à s’opposer au Front de Libération Nationale et à collaborer avec l’occupant.

Avec la victoire de l’URSS contre les armées nazies à Stalingrad, en février 1943, la lutte de libération du peuple albanais gagna en ampleur et en âpreté. C’est ainsi que dans une lettre adressée à Mussolini en février 1943, Hitler admettait comme une «dure réalité» la «haine sans bornes» que le peuple albanais portait à l'Allemagne et à l'Italie fascistes. Devant l’extension toujours plus grande de la lutte contre le fascisme, le PCA décida en juillet 1943 de procéder à la création de l'Armée de Libération Nationale Albanaise (ALNA). Le Secrétaire Général du PCA, Enver Hoxha, fut élu commissaire politique de l'Etat-major. L’ALNA comptait alors 10 000 combattants organisés en détachements de partisans permanents. Effrayé par l'insurrection qui avait éclaté dans tout le pays, l'occupant fasciste proclama au mois de juillet tout le territoire albanais zone d'opérations.

Quant l’Italie capitula en septembre 1943, les Allemands, nouveaux agresseurs, se substituèrent en Albanie aux occupants italiens et y dépêchèrent environ 70.000 hommes. Autour des envahisseurs nazis se rassemblèrent clairement les forces de la réaction intérieure. Le Balli kombëtar et les autres courants réactionnaires entrèrent en lutte ouverte contre le Front de Libération Nationale. Il fut décidé par le PCA de leur écrasement comme condition de la libération du pays. Parallèlement, en automne 1943, les premières tentatives d’ingérence des anglo-américains se manifestèrent en Albanie, mais le CC du PCA resta ferme face à celles-ci.

Durant l’hiver 1943-1944, la réaction intérieure appuyée par 4 divisions nazies, en tout 45 000 hommes, lança une vaste opération destinée à écraser les forces de l’ALNA, qui comptait alors 20 000 combattants. Les occupants appuyèrent leur grande offensive contre l’ALNA d'une vague de terreur sans précédent : des villages entiers furent pillés et réduits en cendres. Les occupants passés à l’offensive n’en virent pas moins leur opération échouer et subirent des pertes en hommes près de trois fois supérieures à celles des partisans, pourtant moins bien armés. Loin d’affaiblir l’ALNA, l’offensive de la réaction en avait renforcé la cohésion. En mai 1944, l’ALNA comptait 35 000 combattants.

Quatre mois plus tard, au moment de la libération du pays par les propres forces de l’ALNA, le Front de Libération National était transformé en gouvernement démocratique provisoire, avec Enver Hoxha à sa tête. Par son contenu de classe et par les fonctions qu'il exerçait, le pouvoir des conseils de libération nationale représentait une dictature démocratique des forces révolutionnaires sous la conduite directe et exclusive du Parti Communiste.

III — La construction des bases de la société socialiste et l’électrification de la RPA.

« Le communisme, c'est le pouvoir des soviets plus l'électrification du pays. » (Lénine)

Après la libération, Enver Hoxha combattit pour engager l’Albanie sur la voie du socialisme. Le fait que les classes exploiteuses avaient dans leur immense majorité collaboré avec l’occupant avait miné leur influence et renforcé celle du Parti Communiste au sein des masses, unique parti politique constitué n'ayant pas collaboré avec l'occupant. L’Albanie libérée, les communistes albanais devaient donc maintenant s’occuper de la reconstruction du pays.

Pays le plus pauvre d’Europe avant-guerre, l’Albanie avait hérité du passé un lourd retard séculaire. En outre, l’Albanie avait été l’un des pays les plus éprouvés par les destructions de guerre, perdant 7,3 % de sa population et 22 % des habitations. Au lendemain de la guerre l’Albanie était un pays dépourvu d’industrie, doté d’une économie agricole primitive, où la population était illettrée à 85 % et où l’espérance de vie n’atteignait pas 40 ans.

Dès novembre 1944, le contrôle ouvrier était établi sur la production, permettant à la classe ouvrière d’apprendre à gérer les affaires du pays.

En février 1946, le CC du PCA appelait à faire passer tout le pouvoir économique entre les mains des travailleurs. Le commerce extérieur, le commerce de gros, le crédit et les usines furent nationalisées.

En mars 1946, l’Assemblée Constituante élue aux élections de décembre 1945 proclama l’Albanie République populaire, Enver Hoxha assurant la fonction de Premier Ministre. En août 1946, Enver Hoxha participait à la Conférence de la Paix de Paris où, à la tête de la délégation albanaise, il défendit les droits de l’Albanie, comme membre de la coalition anti-fasciste, contre les prétentions territoriales des monarcho-fascistes grecs.

Dans le même temps, en Albanie, on construisait la base économique du socialisme. Fin 1947, le secteur socialiste de l’économie représentait 87 % de la production industrielle. Dans l’agriculture, la réforme agraire avait été achevée en 1946. La base de l’agriculture restait alors la petite exploitation individuelle, mais l’expropriation des propriétaires terriens et des paysans riches, la redistribution de ces terres aux paysans pauvres, ainsi que la nationalisation du sol avaient permis de rattraper le niveau de 1938 dans l’agriculture. Alors que les premières fermes collectives sont crées en 1946, l’essor de la collectivisation ne sera sensible qu’à partir de 1955, après l’achèvement du premier plan quinquennal qui apporta la base matérielle nécessaire à l’agriculture collective. En 1960, 80 % des terres étaient collectivisés.

Dans l’industrie, on mit l’accent sur l’électrification du pays (avec la construction de centrales hydro-électriques) et sur l’industrie lourde (avec l’extraction de houille, le raffinage du pétrole, la mise en exploitation de mines et le traitement du cuivre, du chrome et du ferro-nickel, la mise sur pied d’industries mécanique, chimique et du bâtiment). Entre 1938 et 1970, le revenu national fut multiplié par huit.

Témoignaient de la vitalité de l’ordre socialiste en Albanie les faits suivants :

- Une croissance industrielle moyenne supérieure à 10 % (12,7 % par an en moyenne pour le 4ème plan quinquennal) et donnant la priorité à l’industrie lourde.

- Les efforts en vue de l’émancipation économique et sociale des femmes qui en 1970 représentaient 42 % des membres élus du pouvoir d’Etat.

- L’espérance de vie est passée de 38 ans en 1938 à 68 ans en 1968.

- La réduction des lopins de terre individuels sur l’initiative de la paysannerie et l’achèvement de la collectivisation des campagnes en 1968.

- La création de coopératives agricoles de type supérieur à partir du début des années 70, rapprochant d’un pas la propriété de groupe de celle du peuple tout entier.

- L’achèvement de l’électrification de tous les villages de campagne en décembre 1967 et l’abolition de tous les impôts en novembre 1968.

- La généralisation du cycle d’enseignement de huit ans et l’institutionnalisation de l’athéisme en 1967, illustrations de la révolutionnarisation idéologique.

- La baisse du rapport entre les plus hauts et les plus bas salaires de 2,5 à 2 en 1976.

- En 1984 on consommait en Albanie 4,3 fois plus de produits industriels et 3 fois plus de produits alimentaires par personne qu’en 1950.

En quarante ans de socialisme, l’Albanie s’était transformée de pays féodal le plus arriéré d’Europe en un pays industrialisé et cultivé qui appuyait son développement économique sur ses propres forces (90 % de la production globale était assurée à l’intérieur du pays, et 10 % assurés par le commerce extérieur).

« La reproduction élargie du produit social, en régime socialiste également, se développe conformément à la doctrine de Marx et en particulier selon les schémas connus, qu'il a lui même énoncés, sur la réalisation du processus de reproduction. C'est la raison pour laquelle le Parti du Travail d'Albanie veille constamment à la reproduction socialiste élargie. (…) La norme d'accumulation, de quelque 26-27 % qu'elle était dans les années 1951-1960, s'est élevée graduellement pour atteindre 36 % durant le 5e quinquennat (1971-1975). Au cours de ce processus, le rôle et la part du revenu national créé dans le pays ont augmenté dans l'ensemble des sources de développement. L'expérience de l'Albanie, elle aussi, témoigne qu'un rapide accroissement du revenu national, ainsi qu'une juste politique dans son utilisation, rendent parfaitement possible, de pair avec l'accroissement prioritaire du fonds d'accumulation et le maintien d'une norme relativement élevée de ce fonds, une croissance du revenu réel et du fonds de consommation par tête d'habitant. » (Aspects de l’édification du socialisme en RPS d’Albanie et la crise du capitalisme, Édition numérique, pp. 6-7.)

De 1950 à 1978, la production industrielle et agricole avait augmenté respectivement en moyenne de 15 % et 5,9 % par an, tandis que le revenu national s’était accru en moyenne de 8 à 10 % par an.

Ce développement économique remarquable (si l’on a en vue le niveau de départ et les conditions de l’encerclement capitaliste-révisionniste), démontre que l’Albanie socialiste, qui veillait à maintenir une balance commerciale extérieure excédentaire afin de ne pas se transformer en appendice du système néocolonial, ne devait rien à personne, ni à l’impérialisme, ni aux révisionnistes (tenants du « socialisme de marché »), qui, depuis Tito à Mao en passant par Khrouchtchev, avaient tout fait pour saboter l’économie de la RPS d’Albanie.

L’Albanie socialiste d’Enver Hoxha, cible de tous les ennemis de la révolution, justifiait ainsi pleinement la plus terrible hantise de la bourgeoisie, celle de voir dans la pratique les travailleurs créer un ordre économique et social nouveau, supérieur à l’ordre capitaliste :

« Si nous voulons nous faire peur, au fond de nos fauteuils de capitalistes, nous pouvons nous représenter les communistes de Russie sous les traits de premiers chrétiens qui, menés par Attila, disposeraient de la puissance logistique de la Sainte Inquisition et des missions jésuites pour imposer une économie conforme au Nouveau Testament. » (John Maynard Keynes, Un aperçu de la Russie, 1925)

IV — Le PTA face à la lutte contre le révisionnisme.

En 1947-1948, Tito avait tenté de faire de l’Albanie la septième république de la Fédération Yougoslave, s’ingérant dans les affaires albanaises. Essayant d’inféoder l’économie albanaise et refusant de solutionner la question de Kosove, les albanais montèrent en première ligne pour dénoncer l’ingérence et la voie de développement choisie par les titistes. En juin 1948, le Kominform condamnait Tito comme un anti-marxiste ayant emprunté ses théories à Trotski et Boukharine.

Après la mort de Staline, quand Khrouchtchev amorça le rapprochement avec Tito et le réhabilita unilatéralement en 1955, le PTA signala son désaccord, estimant que l’histoire avait justement prouvé la justesse de la condamnation de Tito par le Kominform.

La rupture est alors amorcée avec les révisionnistes khrouchtchéviens. Après la dénonciation de Staline au XXème Congrès du PCUS et la contre-révolution hongroise, la trahison des khrouchtchéviens devînt claire pour le PTA. Malgré maintes pressions économiques de la part des révisionnistes soviétiques, Enver Hoxha dénonça la voie de trahison empruntée par Khrouchtchev quant les choses eurent atteint leur point de non-retour : en novembre 1960, dans son Discours à la conférence des 81 Partis communistes et ouvriers, Enver Hoxha, résumant sa défense inconditionnelle de Staline, affirma que :

« L'œuvre féconde et immortelle de Staline, il nous incombe à nous tous de la sauvegarder ; qui ne la défend pas est un opportuniste et un lâche. » (Enver Hoxha, Discours prononcé au nom du C.C. du P.T.A. à la conférence des 81 partis communistes et ouvriers à Moscou (16 novembre 1960), Œuvres Choisies, Édition numérique, Tome III, p. 80.)

Dès lors, la rupture était consommée avec les révisionnistes soviétiques. L’accession de Brejnev au pouvoir ne changea rien à ces relations et le PTA ne manqua pas de dénoncer le caractère démagogique du prétendu « retour à Staline » clamé par les Brejnéviens :

« La clique Brejnev-Kossyguine (…) espère aussi arriver à ses fins en faisant de discrètes allusions au «retour à l'époque de Staline», en vue de satisfaire et de duper ainsi les naïfs apolitiques et sentimentaux. (…) La démagogie de la clique dirigeante soviétique sur un prétendu retour aux positions révolutionnaires de l'époque de Staline, doit être démasquée même hors de l'Union soviétique, dans les pays où cette démagogie peut avoir prise et être utilisée par les cliques révisionnistes. » 2

Enver Hoxha dénonça également très tôt le révisionnisme eurocommuniste qui s’était épanoui après le rapport Khrouchtchev et qui essayait de plus en plus ouvertement d’échapper à la tutelle du chef d’orchestre soviétique. Ce dernier s’efforçait de maintenir un semblant d’unité au sein du choeur révisionniste et de calmer les ardeurs des choristes eurocommunistes qui s’efforçait chacun de leur côté de promouvoir leur voie « spécifique » vers le socialisme.

« Les thèses des eurocommunistes sur l'Etat capitaliste au-dessus des classes, sur la démocratie pour tous, sur la voie pacifique, parlementaire, démocratique vers le socialisme, sur les réformes de structure dans le cadre de la constitution bourgeoise, etc., ont pour seul but de saboter la révolution, de défendre et de perpétuer l'ordre capitaliste. Lorsque les révisionnistes italiens, français, espagnols parlent de «compromis historique», de «bloc historique des gauches», etc., ou lorsqu'ils s'efforcent d'entrer dans les gouvernements bourgeois, ils le font non pas pour arracher le pouvoir à la bourgeoisie, non pas pour liquider l'ordre capitaliste, mais pour le préserver de la révolution et pour assumer eux-mêmes la gestion des affaires de la bourgeoisie. Ils cherchent à se substituer dans ce rôle à la social-démocratie, désormais compromise et discréditée aux yeux des masses comme la servante déclarée de la bourgeoisie. » (Enver Hoxha, Rapport présenté au VIIIème Congrès du PTA (1er novembre 1981), Edition numérique, p. 89.)

Enver Hoxha, outre son combat contre toutes ces « espèces » de révisionnisme, mena une lutte ardue contre le révisionnisme maoïste, lequel, plus encore que le révisionnisme khrouchtchévien, s’efforçait de conserver son masque marxiste-léniniste. En 1956-1957, les révisionnistes chinois profitèrent du rapport Khrouchtchev pour prendre quelques distances par rapport à Staline et aider le cheval (Khrouchtchev) à "passer la rivière" révisionniste... Le PCC était alors d'accord avec Khrouchtchev, le « Lénine de notre temps », pour réhabiliter Tito et condamner le groupe "antiparti" Molotov-Malenkov-Kaganovitch. (Ainsi la voie titiste de développement en Chine était légitimée.)

En 1958-1959 vînt le temps des espoirs déçus des chinois car Khrouchtchev ne leur avait pas rendu la pareille : ce fût alors le début des tensions sino-soviétiques. A Bucarest et à Moscou, en 1960, et malgré les efforts déployés par les chinois pour calmer le jeu, les différends sino-soviétiques s'approfondirent : Khrouchtchev refusa de reconnaître la voie socialiste "spécifique" des chinois (illustrée par la politique des 100 fleurs et le grand bond en avant). Les albanais refusèrent la condamnation du PCC comme elle était imposée à tous les partis sans discussion. (Les albanais eux-mêmes émettaient des réserves sur la politique des 100 fleurs et le grand bond en avant). En 1964-1965, le PCC tenta de se réconcilier avec les révisionnistes du PCUS au moment de la chute de Khrouchtchev (et invita les albanais à faire de même...) Le PTA marqua son désaccord avec le PCC (par une lettre officielle du PTA au PCC..., lettre qui resta sans réponse). La réconciliation ayant échoué, le PCC avança des revendications territoriales (au sujet desquelles le PTA mit en garde le PCC par une lettre officielle..., lettre qui demeura à nouveau sans réponse.) et poussèrent les roumains et les polonais à faire de même : d’où « l’anti-maoïsme » de Brejnev.

En 1966-1967, ce fut le début de la révolution culturelle en Chine. Le PCC estima alors que le PTA ne menait pas correctement la lutte des classes (car la bourgeoisie subsistait soi-disant en tant que classe sous le socialisme !!!... certes, en Chine...) Le PTA, commença alors à se méfier sérieusement des thèses anti-marxistes des chinois. (Voir le document officiel interne du PTA d’octobre 1966 : Quelques premiers jugements sur la révolution culturelle prolétarienne chinoise.3)

En 1969, les revendications territoriales des chinois entraînèrent des heurts à la frontière sino-soviétique, notamment après les évènements de Tchécoslovaquie en 1968. Devant ces problèmes, en 1971, Lin Piao, vice président et élément de gauche, entravant le rapprochement sino-américain, fut écarté. Les entretiens sino-américains débutèrent. (Là encore, le PTA envoya une lettre officielle au PCC, qui resta une fois de plus sans réponse...) En 1973, le banquier Rockfeller vînt en Chine... A son VIIème congrès, le PTA dénonça indirectement (non nommément) la théorie des Trois Mondes. Les ultra-droitiers, après la mort de Mao, accélérèrent le rapprochement sino-américain, afin de faire contrepoids aux soviétiques... (en fait, afin de légitimer le développement économique de la Chine à l’aide de crédits extérieurs.) La rupture avec le PCC fut consommée dès 1977.

Comme l’a amplement démontré Enver Hoxha, l’opposition PCC-PCUS était donc une opposition inter-révisionnistes. Aussi longtemps que les chinois faisaient mine de combattre les révisionnistes du PCUS (car ce combat était mené avec des hauts et des bas...) et l'impérialisme, le PCC et le PTA avaient une base commune et la trahison des chinois n'était pas manifeste. La politique du PCC était pragmatiste et changeait à tous vents. Au moment où les albanais se sont persuadés qu'il ne s'agissait pas d'erreurs répétées sur lesquelles il était possible de faire infléchir la direction chinoise par des conseils, mais bien d'une ligne révisionniste dure, le PTA a ouvert ses batteries sur cette forme masquée de révisionnisme qu'est le maoïsme, car c’est bien Mao (représentant des intérêts de la petite paysannerie, et non du prolétariat), qui, avec ces pseudo-théories, a permis à la ligne (impérialiste) de Deng Xiaoping de se renforcer au sein du PCC et de triompher. Les oscillations de Mao étaient typiques de la petite bourgeoisie et en Chine, l'élément paysan dominait à 90%.

Là ou Lénine, Staline et Enver Hoxha avaient réalisé la réforme agraire (par la redistribution des terres seigneuriales à la paysannerie pauvre et leur nationalisation) et engagé la paysannerie sur la voie du collectivisme, Mao, lui, n'avait jamais mené à son terme la réforme démocratique bourgeoise de nationalisation des terres.4 Cela parce qu'il représentait les intérêts de petits propriétaires privés. Or comme l'a montré Marx, le capitalisme de petite propriété privée, en se développant, engendre le monopole. D'où le triomphe en Chine de la ligne impérialiste de Deng Xiaoping, visant à faire de la Chine une superpuissance.

V – L’actualité de l’œuvre du camarade Enver Hoxha

En cette année 2005, durant laquelle nous commémorons le vingtième anniversaire de la mort du camarade Enver Hoxha, nous ne pouvons lui rendre de plus bel hommage qu’en oeuvrant pour le marxisme-léninisme comme il l’a fait lui-même pendant un demi-siècle, défendant résolument l’héritage de Marx, Engels, Lénine et Staline contre tous les renégats du marxisme, et forgeant aux communistes du monde entier des armes acérées dans leur lutte contre la bourgeoisie et ses alliés révisionnistes.

Ces armes, ce sont d’abord les réalisations concrètes du socialisme en Albanie5 ; ce sont ensuite les œuvres marxistes-léninistes géniales qu’il a écrites depuis la fondation de la RPS d’Albanie et durant la dernière période de sa vie, après son attaque cardiaque de 19736. Ces œuvres synthétisent la très riche expérience du PTA dans la lutte contre le révisionnisme moderne et pour la révolution socialiste.

« La question de l'approfondissement et du renforcement de la lutte pour la défense du marxisme-léninisme à l'échelle mondiale a été analysée dans bon nombre de réunions et de documents du CC du PTA. Mais c'est surtout dans les œuvres majeures du camarade Enver Hoxha : L'Impérialisme et la Révolution, L'Autogestion yougoslave, théorie et pratique capitalistes, Réflexions sur la Chine, Avec Staline, L'Eurocommunisme c'est de l'anticommunisme et Les khrouchtchéviens, que l'on en trouve une analyse complète et profondément scientifique, marxiste-léniniste. » (Histoire du Parti du Travail d’Albanie, Tome II, Edition numérique, p.111.)

En guise de conclusion générale, et comme preuve la plus éclatante de l’actualité de l’œuvre du camarade Enver Hoxha, nous pouvons reprendre cette si juste remarque des camarades du Parti Communiste du Togo :

« Quelles que soient ses difficultés réelles, mais passagères, actuelles, la supériorité du système socialiste (prouvée notamment par les expériences, soviétique du temps de LENINE et STALINE et de la République Populaire Socialiste d’Albanie) reste objective et historique sur le système capitaliste-impérialiste. »7

V.G.

11-03-2005

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Notes :

1 – Pour apprécier correctement la portée de l’œuvre d’Enver Hoxha concernant la lutte contre le révisionnisme moderne, la lecture complémentaire des pages suivantes est indispensable : http://www.marxisme.fr/polemique_sino_albanaise_PCC_PTA.htm ; http://www.marxisme.fr/imperialisme_et_antiimperialisme.htm (Retour)

2 – Sur le danger du slogan mystificateur du « retour à Staline » lancé par les Brejnéviens, voir les articles suivants de l’édition numérique de l’ouvrage Discours, entretiens et articles (1969-1970) d’Enver Hoxha : La démagogie des révisionnistes soviétiques ne peut couvrir leur visage de traître – 09/01/1969 (p. 9-10 et 19-21) et Les révisionnistes soviétiques dans un dédale de contradictions insolubles – 15/05/1970 (p. 142-143). (Retour)

3Cf. Enver Hoxha, œuvres choisies, Tome IV. (Retour)

4La réforme agraire n’est en elle-même pas encore du socialisme... Voir à ce sujet la page suivante. La résolution du problème agraire dans les pays à prédominance paysanne n’est nullement un point de détail, puisqu’elle conditionnera l’avenir de la révolution. A travers le mode de résolution du problème agraire, c’est en fait la question suivante qui est posée : « révolution démocratique bourgeoise ou bien révolution socialiste ? » (Retour)

5Réalisations qui sont d’autant plus actuelles que l’Albanie connaît aujourd’hui une crise sans précédent dans son histoire, une crise qui a annulé les réalisations de 50 ans de socialisme et qui a fait de l’Albanie un pays en ruine. Rien d’étonnant à ce que les médias bourgeois soient forcés d’admettre le fait que 64 % des albanais souhaitent en revenir à l’époque d’Enver Hoxha. (Sondage réalisé en 2004 par la télévision albanaise.) (Retour)

6 – A partir de cette attaque cardiaque, l’activité du camarade Enver Hoxha au sein du Parti et de l’Etat déclina fortement, facilitant l’infiltration des ennemis de la RPS d’Albanie au sein de l’appareil d’Etat. (Retour)

7 http://www.pctogo.org/pourquoi.html (Retour)

 

 

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